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Troubles psychiques du sujet âgé
- DIAGNOSTIQUER les principaux troubles psychiques du sujet âgé en tenant compte des particularités épidémiologiques
- ARGUMENTER l’attitude thérapeutique spécifique et PLANIFIER le suivi spécifique des principaux troubles psychiques du sujet âgé
Généralités
Définition
- GÉRONTO-PSYCHIATRIE : branche de la psychiatrie qui a pour objectifs généraux de dépister, traiter, évaluer, prévenir tous les types de pathologies PSYCHIATRIQUES DU SUJET ÂGÉ et leurs CONSÉQUENCES (OMS, 96)
- CONCERNE : troubles psycho-comportementaux des DÉMENCES + toute TROUBLE PSYCHIATRIQUE de la personne âgée (> 65 ans par définition) / 2 grandes types :
- Troubles psychiatriques apparus à un âge plus jeune et évolués avec vieillissement
- Troubles psychiatriques déclarés tardivement, à un âge avancé
Particularités du vieillissement
- Vieillissement : expose aux évènements de vie de type DEUIL, perte, FRAGILISATION (psychique et corporelle), PERTE D’AUTONOMIE ± difficultés financières
- Implique évaluation et prise en charge MULTIDISCIPLINAIRE et globale (psychiatre, gériatrie, neurologue..)
- Nécessité de faire la part des choses entre : trouble psychiatrique caractérisé / traits de personnalité / affection médicale générale / neuro-dégénérative / effets iatrogènes / inadaptation du sujet aux modifications de son environnement
étiologies
Dépression du sujet âgé
épidémiologie
- Trouble psychiatrique le + fréquent chez sujet âgé mais sous-dg et sous-traitement ++
- Episode dépressif caractérisé chez 3-4% des sujets > 65 ans / SYMPTÔMES dépressifs chez 13%
- Facteurs de risque fréquents chez le sujet âgé : pathologies GÉNÉRALES / perte d’autonomie / IATROGÉNIE / évènements de vie de type PERTE (décès, séparation…)
- Pas toujours d’expression de tristesse par le sujet âgé / symptômes atypiques
- Mis faussement sur le compte du vieillissement / manque d’expérience des médecins non spécialisés
- Symptômes dépressifs : cause de morbi-mortalité / altère pronostic fonctionnel / pas toujours tous les critères d’épisode dépressif caractérisé mais pourrait être lié à atypicité clinique de l’épisode dépressif caractérisé du sujet âgé / 50% des sujets âgés seraient sous-diagnostiqués
- En EHPAD ou hospitalisation : 15-25% d’épisode dépressif caractérisé / 35% de symptômes dépressifs
L’âge n’est pas un facteur de risque en soi de dépression
- Episode dépressif caractérisé = facteur LE + DÉTERMINANT de suicide / sujets âgés = tranche d’âge LA + EXPOSÉE AU SUICIDE (106/100000 chez l’homme de > 85ans) (intoxication médicamenteuse volontaire chez la femme, pendaison chez l’homme), avec ratio tentative de suicide /suicide très faible (4/1) par rapport population générale (20/1)
- Episode dépressif caractérisé chez le sujet âgé = risque élevé de déclin fonctionnel
Diagnostic
Je rajoute un titre ici
- ÉPISODE DÉPRESSIF CARACTÉRISÉ
- FORME ATYPIQUE d’épisode dépressif caractérisé
- Comorbidités générales de l’épisode dépressif caractérisé
- EDC À DÉBUT TARDIF
- DIAGNOSTIC POSITIF
- Diagnostics différentiels
- Symptômes présents chez sujet jeune et âgé : désespoir, pessimisme, perte de l’anticipation, troubles de l’humeur, anxiété / mésestime de soi / anhédonie / anorexie / amaigrissement / troubles du sommeil / ralentissement psychomoteur
- Rarement plainte de la tristesse ou d’humeur dépressive
- Souvent consultation pour symptômes généraux en rapport avec pathologie non psychiatrique : troubles digestifs / AEG / douleurs (articulaires, musculaires) / troubles cardiovasculaires / troubles du sommeil / altérations de l’appétit / plaintes mnésiques ou difficultés de concentration / amaigrissement / désintérêt pour activités habituelles / irritabilité / changements de comportement
- Autres signes particuliers à personne âgée : instabilité, agressivité, colère, somatisations, hypochondrie, angoisse matinale, confusion, dépendance, ennui
- Parfois tableau dominé par des symptômes cognitifs : fait évoquer trouble neuro-dégénératif, mais épisode dépressif caractérisé sous-jacent possible (améliore ++ pronostic s’il est traité) / épisode dépressif caractérisé + probable si autodépréciation des capacités avec tests quasi normaux
- Episode dépressif caractérisé à caractéristiques psychotiques
- Dépression mélancolique
- Dépression masquée
- Dépression hostile
- Dépression résistante
- Autres formes particulières
- Echelle de Cornell : permet d’évaluer la dépression chez le dément sévère
- Idées délirantes non rares : persécution, jalousie, culpabilité, registre hypocondriaque / syndrome de Cotard (négation de soi + organe + mort)
- Hallucinations plutôt rares
- Remarque : chez personne âgée autonome sans trouble psychiatrique : 2-5% d’idées de préjudice / 4-5% d’hallucinations
- Mise en jeu du pronostic vital / impose hospitalisation
- Présence d’antécédents personnels ou familiaux à rechercher
- Associe : perte de contact avec réalité + prostration majeure + mutisme ± agitation ou anxiété intense
- Perte de poids importante et insomnie de fin de nuit ++
- Symptômes somatiques au 1e plan (douleur ++) / douleur ne répondant pas aux traitement / nomadisme médical / ± échelles de dépistage faussement négatives
- Anxiété / agitation hostile / agressivité dirigée contre entourage
- Notion de modification du comportement doit faire évoquer dépression
- Persistance de la symptomatologie malgré ≥ 2 antidépresseurs sur durée ≥ 6 semaines à posologie efficace / envisager dépression IIre
- Dépression mineure (subsyndromique) : fréquente chez sujet âgé / pas assez de symptômes pour poser le diagnostic d’épisode dépressif caractérisé / risque d’évolution vers épisode dépressif caractérisé vrai
- Dysthymie : humeur dépressive chronique > 2 ans sans critères d’épisode dépressif caractérisé
- Troubles de l’adaptation : réaction émotionnelle (tristesse..) à stress identifié
- Chez le sujet âgé : comorbidités de pathologies générales fréquentes
- Association bidirectionnelle : pathologies générales = facteur d’épisode dépressif caractérisé / épisode dépressif caractérisé : prédispose à pathologies générales (par douleur, handicap, perte d’autonomie..)
- Maladie d’Alzheimer / démence : associés à symptômes dépressifs dans 50% des cas (correspond aux symptômes psycho-comportementaux de la démence) / à différencier de l’apathie fréquente dans la démence : l’apathie manifeste une indifférence émotionnelle (donc ni émotions positives ni négatives : pas de tristesse)
- Maladies fréquemment associées à la dépression
- Episode dépressif caractérisé peut aussi précéder et évoluer vers maladie neuro-dégénérative
- AVC / Alzheimer / Parkinson / hydrocéphalie chronique / infarctus du myocarde / insuffisance cardiaque / déficit androgénique lié à l’âge
- Diabète / hyperparathyroïdie / hyper ou hypothyroïdie / hypercorticisme
- Cancers / douleur chronique
- Traitement par corticoïdes/ clonidine/ L-Dopa/ ß-bloquants/ neuroleptiques
- Episode dépressif caractérisé «vieilli» (épisodes durant l’âge adulte, évolution de la maladie)
- Episode dépressif caractérisé de déclaration tardive : 1e épisode après l’âge de 60 ans (ou 50 ou 65) / forme davantage associée à des troubles cognitifs, anomalies IRM (lésions vasculaires diffuses), avec un risque + élevé d’évolution vers la maladie d’Alzheimer
- Devant tout signe d’appel psychiatrique ou général, rechercher : tristesse de l’humeur / idées de découragement, de mort / idées suicidaires / pertes d’intérêt, de plaisir
- Echelles psychométriques : MADRS / GDS (Geriatric Depression Scale) / Hamilton
- Mêmes critères DSM que l’adulte / attention aux formes frustres du sujet âgé
- Toujours rechercher : ancienneté des symptômes (antécédent personnel ou familial de troubles de l’humeur) / comorbidités générales et psychiatriques / contexte de vie actuel (pertes, deuil..)
- Evaluer tous les facteurs de risque suicidaires ++ = principal signe de gravité (dont présence d’un épisode dépressif caractérisé et son intensité ++)
- Evaluer l’intentionnalité suicidaire (élaboration d’un scénario suicidaire précis) et dangerosité / difficile car sujet âgé parle peu de ses préoccupations suicidaires
- Rechercher des symptômes délirants : idées de ruine / de persécution / syndrome de Cotard
- Evaluer retentissement fonctionnel et général (perte d’autonomie, dénutrition)
- Auto-questionnaires : mini-GDS / GDS / non pertinents si démence ou patient non communiquant / peut être utilisé en hétéro-évaluation
- Intégrer dépistage de la dépression dans toute évaluation gériatrique standardisée du fait de la fréquence
- Humeur triste et/ou perte d’intérêt ou de plaisir + 4 autres critères
- Evolution sur ≥ 2 semaines se manifestant tous les jours ou presque
- Pathologies générales : troubles hydro-électrolytiques / troubles métaboliques / cardio-vasculaire / neurologique
- Troubles psychiatriques : troubles délirants / troubles somatoformes / troubles de l’adaptation
- Deuil : phénomène non pathologique
- Maladie d’Alzheimer et apparentés : symptômes cognitifs (mnésie, langage..) mais aussi psycho-comportementaux
- Selon point d’appel : NFS / ionogramme-Ca / albumine / TSH / B9-B12 / ECG…
- Toujours envisager l’épisode dépressif caractérisé dans ce cas, avec traitement d’épreuve de l’épisode thymique puis exploration cognitive (test fonctionnel, imagerie..)
- Apathie : plutôt symptôme psycho-comportemental de la démence ≠ aboulie : plutôt dans l’épisode dépressif caractérisé (difficiles à distinguer)
DEMENCE | EPISODE DEPRESSIF | |
Etat affectif | Fluctuant, labile | Tristesse, culpabilité, inutilité Symptômes permanents |
Ralentissement psycho-moteur | Sur les activités intellectuelles ou complexes | Toutes activités / mimique |
Anhédonie, perte élan vital | Plaisir préservé pour activités simples | Globale, massive, constante |
Etat émotionnel | Préservé, fluctuant | Emotions négatives très augmentées, permanent |
Perte de poids | Rare, progressive | Précoce, liée à anorexie |
Plaintes somatiques | Rares | Nombreuses |
Troubles du sommeil | Inversion rythme veille-sommeil | Précoces, insomnie matinale |
Complications
- SUICIDE
- PERTE D’INDÉPENDANCE ET SURMORTALITÉ
- Incidence : 50 pour 100 000 chez l’homme / 13 pour 100 000 chez la femme (28% des suicides)
- Dans 90% des suicides : épisode dépressif caractérisé antérieur
- Chez personne âgée : surreprésentation masculine / détermination face au geste (taux de réussite élevé) / moyens utilisés radicaux (pendaison, armes à feu) / idées suicidaires peu verbalisées
- Facteurs de risque : âge élevé / sexe masculin / isolement socio-familial / veuvage (la 1e année++) / personnalité rigide, difficulté d’adaptation aux changements / dépression
- Facteurs protecteurs : vie en famille / enfants / activités physique, associative, loisirs
- Equivalents suicidaires : état d’opposition massive avec mutisme, prostration, refus alimentaire absolu (parfois décès en quelques jours)
- Risque ++ par rapport aux sujets âgés non dépressifs / épisode dépressif caractérisé entraîne diminution de l’activité physique, augmentation de la fréquence des hospitalisations, augmentation du risque d’entrée en institution
- Coexistence de symptômes dépressifs avec autres maladies : surmortalité de 30% dans les 3 ans (par moins bonne observance, facteurs hormonaux…)
Prise en charge
- Orientation
- Objectifs de prise en charge
- Prise en charge du risque suicidaire
- Traitement NON PHARMACOLOGIQUE
- Traitement antidépresseur
- Autres traitements médicamenteux
- Électroconvulsivothérapie
- Hospitalisation si : sévérité de l’épisode dépressif caractérisé / mise en jeu du pronostic vital ou fonctionnel / si risque suicidaire +++ (± hospitalisation sans consentement si vraiment nécessaire) / dépression délirante ou mélancolique / altération de l’état général (amaigrissement…) / prise en charge à domicile impossible (épuisement de l’aidant, maltraitance…)
- Diminuer les symptômes / améliorer la qualité de vie
- Prévenir le risque de suicide / prévenir la perte d’autonomie IIre à dépression
- Hospitalisation / traitement des facteurs de risque (épisode dépressif…) / mise à l’écart du contexte de vie / prise en charge de comorbidités éventuelles (douleurs..) / mobilisation de l’entourage du patient
- Soutien psychologique / psychothérapie : à proposer systématiquement
- Adaptation du contexte de vie du patient pour limiter facteurs stressants
- Lutte contre iatrogénie : limiter les médicaments augmentant les symptômes dépressifs (antalgiques…)
- Nécessite adhésion du patient / thérapeute entraîné
- Thérapie cognitivo-comportementale pour modifier les idées négatives du patient
- Limites : réticence / manque de psychologues formés aux psychothérapies / idées fausses concernant psychologie du sujet âgé / remboursement insuffisant
- Aides à domicile / participation de famille ou voisinage (club de 3e âge)
- Pas d’efficacité prouvée sur dépression mais lutte contre perte d’autonomie et permet surveillance & soutien du patient
- Indication : épisode d’intensité modérée ou sévère d’emblée / intensité légère si pas de rémission après plusieurs semaines des autres moyens de prise en charge
- Modalités : privilégier molécules bien tolérées / ISRS ++
- Introduction à faible posologie / adapté à la fonction rénale / d’augmentation progressive
- Durée selon nombre de récurrences : > 1 an après rémission pour le 1e épisode
- Signes d’amélioration : + tardifs (> 10 jours) / efficacité jugée à partir de 6S de traitement / rémission des signes après 3 mois
- Si non-réponse à 6-8 semaines de traitement efficace : antidépresseur d’une autre famille
- Arrêt de traitement : de façon progressive: sur 3 mois pour traitement de 1 an / sur 6 mois pour traitement de durée supérieure à 1 an / 30% de rechute et 30% de passage à la chronicité des troubles
- Anxiolytique : si anxiété et/ou troubles du sommeil gênants, utiliser antidépresseur à propriétés anxiolytiques (miansérine..) / rarement indication à un traitement hypnotique de courte durée
- Neuroleptiques : si dépression délirante avec délire congruent à l’humeur / de 2e génération ++
- Thymorégulateurs : antiépileptiques utiles dans les dépressions mélancoliques ou résistantes
- Indication : dépression sévère / dépression mélancolique / dépression avec anorexie majeure / dépression résistante à traitement bien conduit
- Efficacité en général après 3-9 séances / au total : 12 séances en général
- Toujours en association à un antidépresseur pour éviter rechutes
Autres troubles de l’humeur et troubles anxieux
- Etiologies
- Diagnostic
- Prise en charge
- > 10% de troubles anxieux
- ≈ 0,1% de trouble bipolaire : 50% de trouble bipolaire vieilli / 20% de trouble bipolaire à début tardif / 30% de trouble dépressif récurrent devenant bipolaire tardivement
- Souvent troubles anxieux associés à épisode dépressif caractérisé du sujet âgé / le + fréquemment : trouble anxieux généralisé, troubles phobiques / peu de différence avec le sujet adulte
- Trouble panique : + rare chez le sujet âgé / toujours évoquer une pathologie générale (infarctus du myocarde, embolie pulmonaire)
- Trouble bipolaire : 15-20% de diagnostic > 55 ans / symptômes maniaques souvent atténués, moins d’épisodes mixtes, moins de symptômes psychotiques, meilleure réponse au lithium
- Mêmes critères diagnostiques chez l’adulte (DSM/CIM)
- Trouble bipolaire tardif : associé à davantage de lésions cérébro-vasculaires
- Troubles anxieux
- Trouble bipolaire
- Hospitalisation si sévérité ou mise en jeu du pronostic fonctionnel ou vital
- Traitement antidépresseur de fond si intensité du trouble / mesures non pharmacologiques (psychothérapie...) en 1e intention sinon
- Hospitalisation si mise en jeu du risque fonctionnel ou vital (manie…)
- Thymorégulateurs : lithium à dose faible = meilleur profil chez le sujet âgé (objectif de lithémie : 0,4-0,7 mEq/L) / antiépileptiques, neuroleptiques : risque d’effets secondaires ++ / antiépileptiques bien tolérés
Troubles psychotiques
Epidémiologie
- Schizophrénie : le + souvent patients déjà schizophrènes à l’âge adulte / prévalence INFÉRIEURE en population âgée qu’en population générale (0,6% contre 1%) car :
- Formes de schizophrénie à DÉBUT TARDIF (> 40 ANS : Late-Onset Schizophrenia (LOS) / > 60 ANS : Very Late-Onset Schizophrenia-Like Psychosis (VLOSLP))
- Autres troubles délirants : non rares / chez les > 40 ans : > 50% de troubles psychotiques sont non schizophréniques : troubles de l’humeur avec symptômes psychotiques, psychose secondaires à pathologie générale, trouble délirant persistant
- Possible rémission complète des symptômes pour certains schizophrènes
- Taux de mortalité prématurée (avant 65 ans) x2-3 (suicide, maladie cardio-vasculaire…)
Diagnostic
- SCHIZOPHRÉNIE vieillie
- SCHIZOPHRÉNIE tardive
- TROUBLES DÉLIRANTS PERSISTANTS
- DIAGNOSTIC POSITIF
- Diagnostic différentiel
- Mêmes critères diagnostiques que chez l’adulte
- Avec l’âge : baisse des idées délirantes / augmentation des troubles cognitifs / symptômes dépressifs + fréquents / > 50% de patients non autonomes à domicile sans aide
- !! Pas de sur-risque d’évolution vers démence retrouvé
- Mêmes critères diagnostiques l’adulte par ailleurs / mais différences cliniques :
- Très tardive (VLOSLP) : associée à déficits sensoriels, contexte d’isolement social
- Prédominance féminine / + d’hallucinations (visuelles, auditives..)
- + d’idées délirante et persécution / moins de syndrome désorganisation et de syndrome négatifs
- Psychose hallucinatoire chronique : équivaut à la schizophrénie tardive dans classification française
- Symptômes affectifs fréquents et antécédents familiaux de troubles de l’humeur (possible terrain commun avec troubles de l’humeur (donc possible utilité d’un traitement par ISRS ?))
- Très rare en pratique, car délires et hallucinations liées à d’autre causes (confusion, neuro-dégénératif, troubles de l’humeur…)
- Fréquents chez le sujet âgé / présence isolée d’idées délirantes non bizarres (notion de non bizarre a disparu du DSM-V : seulement caractère isolé et persistant)
- Pas de désorganisation / pas de symptômes négatifs / pas d’hallucinations
- Repose sur critères DSM-CIM des différents troubles
- Rechercher signes de gravité : présence d’épisode dépressif caractérisé ou risque suicidaire comorbide ++ / retentissement fonctionnel et cognitif à évaluer / comorbidités globales (car patients moins bien suivis sur le plan médical alors que + exposés (par leur traitement, le contexte social...))
- Troubles de l’humeur avec symptômes psychotiques : fréquents / en général signes psychotiques congruents à l’humeur (ruine, grandeur…) / hallucinations auditives peu fréquents dans l’épisode dépressif caractérisé / en général les troubles de l’humeur précédent les signes psychotiques
- Symptômes de la démence: fréquents / idées de persécution et/ou troubles de l’identification, hallucinations visuelles fréquentes / tout type de délire possible / 1e cause de symptômes psychotiques chez le sujet âgé (car prévalence ++)
- Causes générales : confusion associée à symptômes psychotiques ++ (hallucinations visuelles) / pathologies neurologiques, métaboliques, endocriniennes / substances (morphine, psychotropes), sevrage de benzodiazépines ou sevrage alcoolique
Prise en charge
- Traitement médicamenteux
- Prise en charge globale : surveillance des FACTEURS DE RISQUE (cardiovasculaire ++) / prise en charge des conséquences fonctionnelles et cognitives (remédiation cognitive, prise en charge du handicap…)
- Traitement antipsychotique de 2e génération si schizophrénie ou trouble délirant persistant
- Doses modérée (1/4 dose de l’adulte) / risque d’effets extrapyramidaux et anti-cholinergiques ++ (mais moins que les neuroleptiques de 1e génération) / bénéfice même pour schizophrénie vieillie de changement vers neuroleptiques de 2e génération (sur symptômes moteurs et cognitifs)
Symptômes psychiatriques de la démence
Epidémiologie
- Manifestations psychiatriques présentes chez > 80% DES PATIENTS atteints d’Alzheimer ou de troubles apparentés / symptômes affectifs-comportementaux : facteurs PRONOSTIQUES majeurs
- Entraînent ÉPUISEMENT des soignants et proches / déterminant majeur de l’entrée en institution / à l’origine de demandes de soins et COÛTS de prise en charge accrus
- SPCD = symptômes PSYCHO-COMPORTEMENTAUX DE LA DÉMENCE (ensemble des manifestations non cognitives)
- Plusieurs types de SPCD (12 selon échelle psychométrique du NPI)
- Prévalence des symptômes varie selon STADE de la maladie : baisse des idées délirantes et augmentation de l’apathie DANS LES FORMES SÉVÈRES
- Symptômes de retrait (les + fréquents) : apathie (60%) / trouble dépressif (50%)
- Symptômes psychotiques : idées délirantes (20%) / hallucinations (10%)
- Agitation-agressivité (> 30%) / anxiété (40%) / euphorie (5%)
- Désinhibition (> 10%) / irritabilité (30%) / troubles du sommeil
- Comportements moteurs aberrants (20-30%, notamment akathisie)
- Troubles du sommeil (15%) / altérations de l’appétit (> 20%)
Diagnostic
- IDÉES DÉLIRANTES des symptômes PSYCHO-COMPORTEMENTAUX DE LA DÉMENCE
- Les + fréquents : idées de persécution et troubles de l’identification
- Troubles de l’identification : interprétation erronée généralement en lien avec altération mnésique, sous forme délirante (occuper un domicile qui n’est pas sien..)
- Parfois authentique syndrome de Capgras (délire des sosies) : croit qu’une personne familière (conjoint..) a été remplacée par sosie identique physiquement
- Hallucinations
- Symptômes DÉPRESSIFS
- Apathie
- Anxiété
- Diagnostic positif
- Diagnostic différentiel
- Visuelles : les + fréquentes / souvent complexes, mise en scène d’animaux, personnages, participation affective modérée / favorisée par déficits sensoriels
- !! Evoquer confusion ou démence à corps de Lewy devant hallucination visuelle
- Auditives : non rares / cénesthésiques : parfois sous forme de délire d’infestation (syndrome d’Ekbom: impression délirante que la peau est envahie de parasites)
- Rarement forme d’épisode dépressif caractérisé typique / plutôt symptômes dépressifs type tristesse de l’humeur, culpabilité, pessimisme, idées de mort
- Toujours évaluer le risque suicidaire ++
- = perte ou réduction de l’initiation et/ou réponses du patient dans comportement / cognition (baisse de l’intérêt pour les affaires familiales..)/ affect (indifférence émotionnelle)
- Troubles anxieux complet / symptômes d’attaque de panique / ruminations
- Agitation, agressivité, irritabilité : accès de colère avec violence et opposition
- Euphorie : joie excessive, tendance à régression puérile, humour excessif (± difficile à distinguer de l’hypomanie, non rare dans les démences : mais elle est alors associée à une agitation psychomotrice marquée, avec logorrhée, tachypsychie qui sont rares dans l’euphorie simple)
- Désinhibition : tendance à l’impulsivité, la familiarité, la perte des convenances (équivalent d’un syndrome frontal)
- Evaluation des symptômes psycho-comportementaux de la démence systématique dans maladie d’Alzheimer et apparentées :
- Souvent origine multifactorielle (causes médicales générales ++ à rechercher en priorité / iatrogénie fréquente ++)
- Examen clinique général ± paracliniques selon orientation : recherche douleur, fécalome, globe vésical, infection…
- Recherche de troubles psychiatriques ancien / changements environnementaux favorisant les symptômes psycho-comportementaux de la démence
- Identification des SPCD (± aidé par échelles type NPI)
- Appréciation sémiologique précise (distinction aboulie/apathie…)
- Evaluation du contexte cognitif, médical général, environnemental
- Appréciation du degré d’urgence, de dangerosité ou risque fonctionnel
- Retentissement sur les proches du patient
- Général : syndrome confusionnel (brutal, lié à affection générale / désorientation temporo-spatiale marquée ++ / symptômes psychiatriques : agitation et hallucinations visuelles)
- Psychiatriques : troubles de l’humeur, troubles anxieux, troubles psychotiques
Prise en charge
- Hospitalisation si : RISQUE vital / mise en danger du patient ou proches / modifications de traitement envisagées nécessitant surveillance rapprochée / risque de MALTRAITANCE
- Traitement étiologique si possible : traitement d’une DOULEUR, adaptation thérapeutique de médicament en cause, traitement d’une pathologie psychiatrique sous-jacente…
- Traitement spécifique d’Alzheimer (inhibiteurs de l’acétylcholinestérase, antigluatamate) : EFFICACITÉ MODESTE sur les symptômes psycho-comportementaux de la démence
- Prévention des SPCD : ÉDUCATION DES PROCHES et soignants aux techniques de soins / interventions non médicamenteuses via structures d’accueil spécialisées
- Traitement médicamenteux
- Hospitalisation sans consentement et contention physique doivent rester exceptionnelles
- Si SPCD avec retentissement sévère et échec des mesures non pharmacologiques / pas de traitement psychotrope si origine médicale non psychiatrique ou iatrogène ++
- En situation d’urgence : traitement sédatif de courte durée par antipsychiotique de 2e génération (rispéridone 0,5 mg/j) / certains ISRS (citalproam) sont efficaces sur l’agitation du sujet dément
- Hors urgence : ISRS efficaces dans le traitement des symptômes anxieux, dépressifs ou de colère
- Si hallucinations ou délire avec retentissement sévère : traitement par neuroleptique de 2e génération possible quelques jours / pas d’indication des antipsychotiques dans les troubles de l’identification : uniquement si symptômes psychotiques et troubles du comportement sévères
- Les antidépresseurs ne sont pas indiqués dans l’apathie
- Toujours réévaluer le rapport bénéfice/risque / l’arrêt se fait dès que possible car iatrogène majeure ++
Prise en charge
Offre de soins en psychiatrie
- STRUCTURES DISPONIBLES :
- Importance de COORDINATION et entretien du réseau des soins (services gériatriques, centres mémoire, secteurs de psychiatrie adulte) et principalement avec EHPAD et médecins de ville
- Unité d’hospitalisation complète dédiée (unité géronto-psychiatrique..)
- Hôpital de jour / offre de soins ambulatoires (équipes mobiles, de liaison…)
Prescription de psychotropes chez le sujet âgé
- Epidémiologie
- Modifications pharmacologiques chez le sujet âgé
- Recommandations générales de prescription chez la personne âgée
- Surconsommation de psychotropes fréquentes chez sujet âgé : 50% des plus de 70ans
- Signe la forte prévalence des troubles psychiques du sujet âgé, et nécessité de traiter devant un risque réel de complications (altération de la qualité de vie, de l’autonomie, risque suicidaire…)
- Mais prescription souvent inappropriée chez beaucoup de patients : entraîne des coûts et des effets secondaires ++
- Benzodiazépines : prescrites chez > 1/3 des sujets > 65 ans
- Antipsychotiques : 3% des > 65 ans / 6% des > 85 ans / 18% des Alzheimer
- Antidépresseurs : 13% des > 65 ans / 18% des > 85 ans
- Sujets de > 65 ans présentant un épisode dépressif : 1/3 a un traitement antidépresseur / 1/3 avec un traitement anxiolytique seul / 1/3 sans traitement
- Anxiolytiques et hypnotiques : souvent prescrits sans diagnostic psychiatrique établi / dans 2/3 des cas : prescrits pour une durée > 3 mois (au-delà des recommandations)
- Modifications pharmacocinétiques du sujet âgé
- Modifications pharmacodynamiques du sujet âgé
- Comorbidités médicales fréquentes : donc il existe un risque de décompensation par effets secondaires des psychotropes
- Poly-médication : risque d’interactions médicamenteuses (via les cytochromes P450)
- Baisse de l’absorption / baisse de la fixation protéique / augmentation du volume de distribution des médicaments lipophiles
- Baisse du métabolisme hépatique et de l’excrétion rénale
- Activité enzymatique baisse chez les sujets avec diabète ou HTA
- Hypersensibilité du cerveau aux psychotropes
- Elimination + lente & métabolisation moins efficace des psychotropes
- Traitements métabolisés par les cytochromes P450 : antihypertenseurs / statines / AINS / benzodiazépines / antipsychotiques
- Traitements inhibiteurs des cytochromes P450 : inhibiteurs de la pompe à protons / fluoxtéine, paroxétine, fluvoxamine, venlafaxine…
- Traitements inducteurs des cytochromes P450 : moins fréquents (carbamazépine..)
- Début à posologie plus faible que chez l’adulte jeune
- Augmentations posologiques doivent se faire lentement («start low, go slow»)
- Prescription d’un seul psychotrope par classe, éviter association, modifier un seul psychotrope à la fois
- Evaluer régulièrement l’efficacité (via échelles validées chez le sujet âgé) : toujours remettre en cause la pertinence de traitements psychotropes chez le sujet âgé
Particularités selon les classes de psychotropes
Anxiolytiques
- Benzodiazépines : traitement de 1e intention des symptômes anxieux aigus / respecter les recommandations :
- Autres anxiolytiques : risque IATROGÉNIQUE
- Faible posologie / durée de quelques jours uniquement
- Préférer benzodiazépines de ½ vie courte (oxazépam, lorazépam)
- Maximum de 12 semaines pour les anxiolytiques/ 4 semaines pour les hypnotiques
- Risque de la prise au long cours de benzodiazépines
- --> ISRS/IRSNa = traitement de 1e intention des troubles anxieux au long cours
- Somnolence diurne excessive / troubles cognitifs (voire augmentation du risque démence)
- Confusion / risque de chutes / réactions paradoxales / syndromes amnésiques
- Insuffisance respiratoire aiguë / dépendance et symptômes de sevrage
- Hydroxyzine : risque d’effets secondaires anti-cholinergiques / sédation excessive / confusion
Antidépresseurs
- ISRS : traitement de 1e intention de l’épisode dépressif caractérisé (bonne tolérance, effets secondaires modérés)
- IRSNa (venlafaxine, duloxétine..) : EFFICACES, BIEN TOLÉRÉS chez le sujet âgé
- Mirtazapine / miansérine : bien TOLÉRÉS chez le sujet âgé / risque d’hypotension orthostatique, somnolence
- Moclobémide (inhibiteur sélectif de la monoamine oxydase-B): bien toléré chez sujet âgé
- Tricycliques : DÉCONSEILLÉS chez le sujet âgé
- Pas d’hypotension orthostatique / peu d’effets secondaires cognitifs, anti-cholinergiques, cardiovasculaires (qui sont des effets secondaires des tricycliques), mais quelques effets secondaires : sécrétion inappropriée de l’ADH, troubles digestifs ± augmentation du QT
- Début à posologie quotidienne basse puis augmentation progressive (pour atteindre les doses de l’adulte généralement) / réponse thérapeutique souvent + longue que chez l’adulte
- Interactions avec anticoagulants-aspirine (augmente le risque hémorragique)
- Effet secondaire fréquent : syndrome sérotoninerique (agitation, confusion, tachycardie, sueurs)
- Mêmes effets secondaires que les ISRS (mais + de céphalées et nausées / augmentation modeste de la pression artérielle)
- Nombreux effets secondaires (augmentation du QT, effets anticholinergiques ++) / nécessitent surveillance rapprochée
- Peuvent aggraver les troubles cognitifs en cas de démence
Thymorégulateurs
- MÊMES PRINCIPES que chez l’adulte mais risque d’effet secondaires + fréquents
- Traitement de référence : LITHIUM (= adulte)
- Traitement anticonvulsivant : alternative possible / risque d’effet secondaires ++ (encéphalopathies…)
- Mais possible contre-indication si insuffisance rénale évoluée
- Nombreuses interactions avec des médicaments fréquemment prescrits du sujet âgé : diurétiques, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, AINS…
- Utilisation prudente / parfois envisager lithémie inférieure à la cible du sujet jeune
Antipsychotiques
- Préférer ANTIPSYCHOTIQUES DE 2E GÉNÉRATION : moins d’effet secondaires pyramidaux et anti-cholinergiques / mais risque majeur d’effets anti-cholinergiques chez le sujet âgé
- Effet secondaires anti-cholinergiques
- Autres effets secondaires : augmentation du QT (risque de torsades de pointe), augmentation de l’espace PR, sous décalage du segment ST, aplatissement des ondes T / symptômes parkinsoniens
- Risque d’interactions médicamenteuses ++ (et possible sur-risque de syndrome métabolique par neuroleptiques de 2e génération chez le sujet âgé)
- En cas de maladie d’Alzheimer et troubles apparentés
- RISPÉRIDONE = traitement de 1E INTENTION des troubles psychotiques (effets secondaires moindres et ½ vie courte)
- Périphériques : bouche sèche / constipation / rétention urinaire / tachycardie / vision floue / exacerbation de glaucome à angle fermé
- Centraux : confusion / idée délirante / aggravation des altérations cognitives / sédation / hypotension orthostatique / risque de chutes et de fractures
- Comorbidités fréquentes chez sujet âgé : problèmes dentaires / troubles visuels / hypertrophie prostate / constipation --> aggravés par ces différents effets secondaires
- Antipsychotiques de 2e génération pendant > 3 mois associés à surmortalité (par AVC notamment)