Important
Seules les personnes ayant un compte et étant connectées peuvent proposer des modifications
Troubles de la miction chez l'enfant
Argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents
Généralités
Miction normale
Miction normale chez l’enfant
- 2 phases : REMPLISSAGE + MICTIONNELLE
- Phase mictionnelle nécessite une coordination musculaire / caractérisée par la contraction vésicale (détrusor) + le RELÂCHEMENT sphinctérien
- 5-6 URINES PAR JOUR chez un enfant normal
- Interrogatoire souvent DIFFICILE de l’enfant concernant les troubles urinaires et masquant les signes les moins visibles
Acquisition de la continence
- CHEZ LE NOURRISSON : stade de «vessie infantile» (> 20 mictions/jour à la naissance)
- CHEZ L’ENFANT : stade de «VESSIE IMMATURE» :
- CHEZ LE GRAND ENFANT : stade de «VESSIE ADULTE»
- CAPACITÉ VÉSICALE AUGMENTE au cours de la croissance (nouveau-né : 30 mL / adulte : 300 mL)
- Fonctionnement vésico-sphinctérien automatique / remplissage vésical faible : miction par contraction de la vessie + relâchement sphinctérien
- Miction par stimulus proprioceptif (distension) ou extéroceptif (cutanée périnéale)
- Conscience du besoin d’uriner + nécessité d’acquisition de la propreté
- Apprentissage de l’inhibition de la miction par contraction sphinctérienne
- › acquiert propreté diurne et augmente la capacité vésicale
- Connexion avec les centres corticaux / capacité d’inhiber ou de déclencher volontairement la miction / acquiert la propreté nocturne
- Formule de Koff pour calcul de la capacité vésicale (valable chez les enfants de moins de 12 ans) : (30 x âge) + 30 mL
Chronologie du développement
- CONTINENCE DIURNE : acquise entre 18 ET 30 MOIS (habituellement 24 mois)
- CONTINENCE NOCTURNE : vers 36 MOIS (imparfaite jusqu’à 5-6 ans)
Epidémiologie des troubles mictionnels
- Motif fréquent de consultation / 10-16% des enfants de 6-8 ans
Orientation diagnostique
EXAMEN CLINIQUE
Interrogatoire
- TERRAIN : ANTÉCÉDENTS familiaux (uropathie, énurésie nocturne..) / ANTÉCÉDENTS PERSONNELS : grossesse, anomalie des voies urinaires prénatale, prématurité, anoxie périnatale / acquisition de la CONTINENCE (âge, erreurs..) / DIABÈTE, maladies métaboliques / antécédents d’infections urinaires / troubles du fonctionnement ano-rectal
- CARNET DE SANTÉ : naissance/ PSYCHOMOTEUR ++/ staturo-pondéral/antécédents
- ANAMNÈSE : recherche de TROUBLES URINAIRES
- Symptômes de la PHASE DE REMPLISSAGE
- Symptômes de la PHASE MICTIONNELLE
- AUTRES SYMPTÔMES
- Caractère récent ou ancien / évolution dans le temps
- Régime hydrique quotidien / retentissement psychosocial
- Troubles du sommeil (profondeur & durée, difficultés d’éveil, apnées…)
- Enurésie : miction nocturne, complète involontaire chez enfant > 5 ans
- Pollakiurie : augmentation de la fréquence des mictions (≥ 8 mictions/jour)
- Incontinence diurne avec fuites : abondance, fréquence, perception ou non..
- Urgenturie ou impériosité mictionnelle : urgence du besoin
- Primaire / secondaire : apparition après au moins 6 mois de propreté, sans trouble diurne
- Permanent ou intermittent, début ou fin de nuit
- Dysurie : gêne à l’écoulement des urines en cours de miction
- Rétention aiguë d’urines : impossibilité douloureuse d’uriner (rare chez enfant)
- Polyurie: augmentation des quantités diurnes d’urine
- Faiblesse du jet / jet hésitant / jet haché (physiologique jusqu’à 3 ans)
- Besoin ressenti, difficulté à initier la miction, nécessité de poussées
- Difficile à mettre en évidence surtout si primaire
- Toujours évoquer un fécalome
- Evoquer causes métaboliques ++ (diabète de type 1..) si polyuro-polydipsie
- Sensation de vidange vésicale incomplète / gouttes retardataires
- Douleurs des voies génitales et urinaires
Toujours rechercher un trouble du fonctionnement anorectal associé
Examen physique (au décours)
- EXAMEN GÉNÉRAL
- EXAMEN ABDOMINO-PELVIEN
- EXAMEN UROGÉNITAL
- EXAMEN NEURO-RACHIDIEN
- Température / hydratation / hémodynamique
- Signes de gravité : fréquence respiratoire-SpO2 / tension artérielle – fréquence cardiaque / diurèse
- Recherche globe vésical/ masse tumorale / stase stercorale dans cadre colique
- Toucher rectal si intérêt (avec accord des parents)
- Examens des fosses lombaires / aspect du jet urinaire
- Faire une bandelette urinaire ++
- Chez le garçon : recherche du méat urétral en place/ hypospadias/ autre malformation de verge
- Chez la fille : méat urétral / vulve
- Anomalie cutanée en lombosacré : touffe de poils / angiome / fossette / appendice / dérivation du pli inter-fessier / lipome…
- Déformation osseuse : scoliose / gibbosité / inégalité de longueur des membres inférieurs
- Examen neurologique : sensibilité périnéale / syndrome pyramidal
Calendrier mictionnel
- COMPLÈTE L’ANAMNÈSE / caractérise le trouble urinaire
- Rempli par l’enfant avec ses parents sur ≥ 2 JOURS CONSÉCUTIFS : boissons, nombre de mictions, volume de miction, existence de fuites et abondance, selles…
Diagnostics différentiels (faux trb mictionnels)
- Perte d’urine après miction normale : miction VAGINALE chez la femme / miction PRÉPUCIALE chez le garçon (phimosis) ou verge «coincée» dans les sous-vêtements
- Pollakiurie avec 20-30 mictions/jour : plutôt trouble réactionnel du COMPORTEMENT (émotivité, excès d’acides type jus d’orange, thé…)
EXAMENS COMPLEMENTAIRES
En cas de pathologie fonctionnelle
- En cas D’ÉNURÉSIE NOCTURNE PRIMAIRE ISOLÉE ou syndrome clinique typique d’hyperactivité vésicale : PAS D’EXAMEN PARACLINIQUE
- Indiqués dans les AUTRES CAS (surtout si résistance après traitement d’épreuve)
- En 2e intention : si DIAGNOSTIC DIFFICILE
- Echographie rénale et vésicale (étude du résidu post-mictionnel, des parois vésicales, du haut appareil…)
- Débit-métrie ± couplée à un électromyogramme du périnée par des électrodes collées (surtout en cas de suspicion de dyssynergie vésico-sphinctérienne)
- Cystographie : si infections urinaires associées / recherche de reflux vésico-urétéral
- Bilan urodynamique : évalue le fonctionnement vésico-sphinctérien
En cas d’uropathie malformative ou de vessie neurologique
- EXAMENS À VISÉE MORPHOLOGIQUE ET FONCTIONNELLE
- BILAN URO-DYNAMIQUE
- Echographie des voies urinaires / cystographie / uro-IRM : précise l’anatomie de la malformation
- Ionogramme-urée-créatinine (recherche d’insuffisance rénale) / scintigraphie au DMSA (évaluation de la masse fonctionnelle parenchymateuse) : évalue retentissement sur haut appareil
- Débit-métrie : évalue fonctionnement vésico-sphinctérien
- Non systématique, à discuter
- Permet analyse de la phase de remplissage (capacité fonctionnelle, compliance, recherche instabilité vésicale et/ou urétrale…) et phase mictionnelle (synergie vésico-sphinctérienne..)
étiologies
Causes fonctionnelles = le + fréquent
- A différencier d’une simple INDISCIPLINE DE CONDUITES (fuites urinaires car refus de contrainte d’uriner, préfère jouer…) › alors révélée par l’interrogatoire (fuites uniquement diurnes, mictions rares)
- TROUBLES DU BAS APPAREIL URINAIRE DIURNE DE L’ENFANT : comprend les anomalies du remplissage (hyperactivité vésicale) et de la vidange (hypertonie sphinctérienne)
- ENURÉSIE NOCTURNE PRIMAIRE ISOLÉE (mono-symptomatique)
- Diagnostic : anamnèse / calendrier mictionnel / débit-métrie avec mesure du résidu post-mictionnel ++ / échographie vésicale / ± bilan uro-dynamique, cystographie, IRM lombaire si forme grave ou persistante
- Syndrome clinique d’hyperactivité vésicale
- Dyssynergie vésico-sphinctérienne
- C° : si sévère, vessie de lutte (diverticules), dégradation du haut appareil urinaire avec reflux vésico-urétral voire insuffisance rénale (syndrome de Hinman)
- Prise en charge
- Persistance anormale du stade «vessie immature» après l’âge de 5 ans si forme primaire / ou forme secondaire sur inflammation : lithiases, hypercalciurie…
- A évoquer devant : pollakiurie (capacité vésicale faible) / impériosités mictionnelles / fuites urinaires / souvent énurésie associée
- Souvent miction «explosive» avec de forts débits (hypertonie vésicale réactionnelle)
- Etiologies sphinctériennes : instabilité urétrale par chute brutale de pression urétrale › contraction détrusor réflexe et fuite urinaire / favorisé par l’hyperémotivité ++
- Pathologie de la phase mictionnelle : absence de relâchement sphinctérien au moment de la miction, génératrice de résidu post-mictionnel
- Souvent isolée, sur mauvaises habitudes / peut survenir dans le cadre d’une immaturité vésicale (contraction pour éviter les fuites que l’enfant n’arrive plus à relâcher) / parfois primitive dans contexte de perturbations psychologiques (abus sexuel) / souvent associés à des troubles ano-rectaux (constipation, douleurs..)
- A évoquer devant : dysurie / fuites / infection urinaire chronique (car résidu post-mictionnel engendré)
- Mesures hygiéno-diététiques efficaces dans 80% des cas : régularisation des habitudes hydriques et alimentaires, amélioration des postures mictionnelles, information des parents & enfant
- «Urothérapie» : traitement médicamenteux rarement proposé (anticholinergiques / alpha-bloquants / antispasmodiques) ou autres : rééducation abdomino-périnéale, alarmes, neurostimulation transcutanée…
- Enurésie : miction nocturne (jamais diurne), involontaire, inconsciente et complète chez l’enfant de plus de 5 ans / pas de période de propreté > 6 mois
- Concerne ≈ 20% des enfants de plus de 5 ans / amélioration spontanée avec âge (≈ 15% par an) / intérêt du calendrier mictionnel ++
- Classification de sévérité
- Trouble multifactoriel : génétique (30-60% d’antécédents familiaux) / sommeil / hormonal (déficit nocturne de sécrétion d’ADH) / obstructions des voies aériennes supérieures…
- Prise en charge :
- Modérée : < 1 épisode/semaine / Moyenne : 1-2 épisodes/semaine
- Sévère : ≥ 3 épisodes par semaine
- Trouble de déficit de l’attention/hyperactivité : est un facteur de risque (20% des patients souffrant de troubles de l’attention/hyperactivité sont atteints, 10% des énurésies primaires sont des patients avec troubles de l’attention/hyperactivité)
- Forme polyurique pure : inversion du rythme nycthéméral de l’ADH
- Forme à faible capacité vésicale: baisse de plus de 70% de la capacité vésicale fonctionnelle
- Forme liée aux perturbations de la maturation du sommeil : altération du dialogue entre vessie et système nerveux
- Mesures hygiéno-diététiques en 1e intention : régularité des boissons (à éviter après 18h), mictions à heures régulières / correction en 6-8 semaines dans 20% des cas
- Traitement par analogue de l’ADH (Minirin Melt®) à doses progressivement croissantes en 2e intention dans les formes avec polyurie nocturne
- Oxybutinine si hyperactivité vésicale / conditionnement par alarme dans les formes à capacité vésicale réduite (réveille l’enfant si énurésie)
- Autres traitements de 2e intention : tricycliques hors AMM / acupuncture / hypnose..
Uropathie malformative
- Implantation ECTOPIQUE D’URETÈRE (CHEZ LA FILLE)
- Valves de L’URÈTRE POSTÉRIEUR (CHEZ LE GARÇON)
- Uretère s’implantant en dehors de la vessie et court-circuitant système sphinctérien / abouchement dans la vulve ou le vagin ou l’urètre
- Fuites urinaires permanentes mais entrecoupées de mictions normales (vessie de fonctionnement normal) / l’imagerie précise la disposition anatomique
- Valves de l’uretère postérieur formant une obstruction urétrale : replis muqueux situés sous le veru montanum macroscopiquement
- Concerne 1/4000 naissances
- Tableaux selon l’âge :
- Diagnostic anténatal souvent par dilatation des voies urinaires
- Traitement
- Anténatal : méga-vessie / dilatation urétéro-pyélo-calicielle
- Néonatal : globe vésical / jet faible, mictions par regorgements
- 1e années : fuites urinaires / infections urinaires à répétition / distension abdominale / retard de croissance staturo-pondéral
- Adolescent : troubles mictionnels / douleurs génitales
- Echographie urinaire : paroi vésicale épaissie / dilatation des cavités pyélo-calicielles / ± dédifférenciation cortico-médullaire, urètre postérieur dilaté
- Cystographie mictionnelle : confirme le diagnostic (urètre postérieur très dilaté)
- Bilan uro-dynamique : systématique en pré-thérapeutique (contractions, pressions de remplissage, pression de fuite et vidange..) › oriente sur le traitement à réaliser
- Résection des valves par voie endoscopique en 1e intention
- Puis suivi à long terme (car risque d’insuffisance rénale terminale de 10% à 10 ans)
Causes neurologiques (très rares)
- ÉTIOLOGIES
- SIGNES: incontinence urinaire sévère/ anomalies du besoin/ dysurie › de survenue secondaire / miction avec POUSSÉE ABDOMINALE typiquement / INCONTINENCE ANALE souvent associée / pieds creux / troubles de SENSIBILITÉ périnéale, membres inférieurs / ANOMALIES LOMBO-SACRÉES
- IMAGERIE peut montrer une vessie «neurologique» (grande, irrégulière, diverticulaire..)
- DÉBITMÉTRIE + ÉLECTROMYOGRAMME DU PÉRINÉE: dyscoordination vésico-sphinctérienne / bilan uro-dynamique pour bilan initial et suivi (analyse des résistances sphinctériennes / le seuil de fuite détermine le seuil au-delà duquel le haut appareil urinaire peut se dégrader) / prise en charge MÉDICO-CHIRURGICALE
- Congénitales = dysraphismes spinaux (ouverts : spina bifida / fermés : lipome du cône médullaire / diastématomyélie / agénésie sacrée / filum terminal…)
- Acquises : causes tumorales (astrocytome, sarcome d’Ewing, ostéosarcome..) / rarement spondylodiscite, traumatisme rachidien…