- Psychiatrie
- UE 3
- Item 62
Important
Trouble bipolaire de l'adolescent et de l'adulte
Généralités
DéFINITIONS
- TROUBLE BIPOLAIRE = CHANGEMENTS PATHOLOGIQUES DE L’HUMEUR ET DE L’ÉNERGIE qui peuvent être ̂ (la manie) ou ̌ (LA DÉPRESSION) associés à DES TROUBLES PERSISTANTS
- Altération des fonctions cognitives, sommeil, rythmes circadiens, systèmes immuno-inflammatoires, métaboliques, neurodéveloppementales et neurophysiologiques
éPIDéMIOLOGIE
- 1 À 4% › FRÉQUENT ET GRAVE
- CHRONIQUE ++++
- Début entre 15 ET 25 ANS
- AUTANT les femmes que les hommes
- Les patients qui ont un 1er épisode maniaque ont souvent un antécédent d’épisode dépressif caractérisé
- Fait partie des 10 MALADIES LES PLUS INVALIDANTES ET COUTEUSES AU PLAN MONDIAL ++++
CLASSIFICATION = FORMES CLINIQUES
- TROUBLE BIPOLAIRE DE TYPE I = Alternance D’ÉPISODES MANIAQUES et d’épisodes dépressifs caractérisés
- TROUBLE BIPOLAIRE DE TYPE II = Alternance D’ÉPISODES HYPOMANIAQUES et d’épisodes dépressifs caractérisés
- (TROUBLE BIPOLAIRE DE TYPE III = Virage maniaque ou hypomaniaque dans un contexte DE PRISE D’ANTIDÉPRESSEURS UNIQUEMENT)
PSYCHOPHYSIOPATHOLOGIE
Origine ENVIRONNEMENTALE ET GÉNÉTIQUE ++++
DIAGNOSTIC
EXAMEN CLINIQUE
INTERROGATOIRE
+/- aidé de la présence d’un tiers si la personne est d’accord
- ANAMNESE ET HDLM
- ATCD COMPLETS (familiaux et personnels) › PSYCHIATRIQUES / GÉNÉRAUX / ADDICTOLOGIQUES / DE RÉPONSE À UN TRAITEMENT (chez les sujet traités pour troubles de l’humeur)
- Recherche FACTEUR DECLENCHANT
- ÉVALUATION de L’AFFECTIVITÉ / ÉNERGIE / FONCTIONNEMENT PSYCHOMOTEUR / RECHERCHE DE SIGNES ASSOCIÉS (= diagnostic positif de la maladie)
- EVALUER le fonctionnement familial / social et professionnel
- RECHERCHER SYSTEMATIQUEMENT DES IDEES SUICIDAIRES +++
- RECHERCHER LES COMORBIDITES ASSOCIEES (addictions, troubles anxieux, trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité, troubles de la personnalité, troubles des conduites alimentaires, trouble obsessionnel compulsif, syndrome métabolique, pathologies endocrinologiques, neurologiques, tumorales, neuro-dégénératives…)
L’épisode maniaque
DIAGNOSTIC POSITIF D’EPISODE MANIAQUE
Période delimitée durant laquelle on a une augmentation pathologique de l’humeur et de l’energie pendant au moins 1 semaine
Présence tous les jours, la plupart du temps
- L’humeur est ÉLEVÉE, EXPANSIVE OU IRRITABLE de façon ANORMALE ET PERSISTANTE
- AUGMENTATION DE L’ÉNERGIE ou de L’ACTIVITÉ ORIENTÉE VERS UN BUT de manière ANORMALE et PERSISTANTE
Presence de façon concomitante aux perturbations de l’humeur et de l’energie d’au moins 3 symptomes suivants (4 si humeur seulement irritable) representant un changement marque des conduites habituelles
- AUGMENTATION DE L’ESTIME DE SOI ou IDÉES DE GRANDEUR
- RÉDUCTION DU BESOIN DE SOMMEIL
- PLUS GRANDE COMMUNICABILITÉ que d’habitude ou DÉSIR DE PARLER CONSTAMMENT
- FUITES DES IDÉES ou sensations subjectives que les PENSÉES DÉFILENT
- DISTRACTIBILITÉ
- AUGMENTATION DE L’ACTIVITÉ ORIENTÉE VERS UN BUT (social, professionnel, scolaire ou sexuel) ou AGITATION PSYCHOMOTRICE
- ENGAGEMENT EXCESSIF DANS DES ACTIVITÉS AGRÉABLES mais à potentiel élevé de CONSÉQUENCES DOMMAGEABLES
Alteration du fonctionnement ou des activites sociales ou professionnelles / necessite hospitalisation pour prevenir un danger pour soi ou les autres / existence de caracteristiques psychotiques
L’episode ne doit pas etre attribuable aux effets physiologiques directs d’une substance ou d’une affection medicale generale
Utilisation d’échelles ou questionnaires pour aider au dépistage › MDQ
SEMIOLOGIE PSYCHIATRIQUE DE L’EPISODE MANIAQUE
PERTURBATION DE L’AFFECTIVITé
- PERTURBATIONS DE L’HUMEUR
- PSYCHOLOGIE MANIAQUE (VISION DU MONDE)
- PERTURBATION DES EMOTIONS
- Gaie / Elevée / Expansive / Exaltée
- Ou Irritabilité
- Augmentation de l’estime de soi / idées de grandeur / sentiment de toute puissance / mégalomanie
- Ludisme / Contact familier / Désinhibition
- Labilité émotionnelle (émotions versatiles)
- Hyperréactivité ou hyperesthésie (réactivité excessive de l’humeur aux stimuli émotionnels externes)
- Hypersyntonie (participation spontanée et adhésion très rapide à l’ambiance affective du moment)
ACCéLéRATION PSYCHOMOTRICE
- ACCELERATION PSYCHIQUE
- ACCELERATION MOTRICE
- Agitation psychique
- Tachypsychie (accélération des idées)
- Pensée diffluente / fuites des idées
- Coqs à l’âne / Jeux de mots / associations par assonances
- Agitation et hyperactivité motrice / Augmentation des activités à but dirigé
- Logorrhée (augmentation du temps de parole)
- Tachyphémie (augmentation de la vitesse de la parole)
- Hypermimie (augmentation des mimiques)
SIGNES ASSOCIéS
- PERTURBATION DU SOMMEIL ET DES RYTHMES CIRCADIENS
- PERTURBATION DES FONCTIONS COGNITIVES
- PERTURBATION DES CONDUITES ALIMENTAIRES
- AUGMENTATION DE LA LIBIDO (comportement sexuel à risque, hypersexualité)
- RETENTISSEMENT FONCTIONNEL majeur
- AUTRES
- Insomnies / Réduction du besoin de sommeil / Absence de sensation de fatigue
- Hypersthénie
- Anosognosie partielle voire totale (pas conscience de son trouble)
- Hypervigilance / Hyperréactivité
- Distractibilité
- Hypermnésie
- Anorexie ou hyperphagie › Amaigrissement (même en cas de prise alimentaire augmentée !!)
- Possible déshydratation
- Achats pathologiques / dépenses inconsidérées
- Comportement à risque (recherche de sensations fortes, prise de toxiques, conduites sexuelles à risque)
- Possibles actes médico-légaux à prévenir
SEMIOLOGIE PSYCHIATRIQUE DE L’EPISODE HYPOMANIAQUE
- Symptomatologie et retentissement fonctionnel moins importants que lors d’un acces maniaque
- Rupture totale avec l’etat anterieur
- Perturbations pathologiques de l’affectivite / psycho-motrice et signes associes (comme pour le trouble maniaque)
- Tous les jours, > 4 jours
L’épisode dépressif
CRITERES DIAGNOSTICS POUR PORTER LE DIAGNOSTIC D’EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE
Au moins 5 symptomes suivants presents pendant une meme periode d’une duree de 2 semaines avec un changement par rapport a l’etat anterieur
Au moins un des symptômes est soit :
-HUMEUR DEPRESSIVE
-OU UNE PERTE D’INTERET OU DE PLAISIR (ANHEDONIE)
N.B = ne pas inclure des symptômes qui sont imputables à une affection générale
Ces symptômes sont présents tous (ou presque) les jours ; toute la journée
- PERTURBATION DE L’AFFECTIVITE
- RALENTISSEMENT PSYCHOMOTEUR OU AGITATION
- SIGNES ASSOCIES
- HUMEUR DEPRESSIVE › signalée par le sujet (sensation de vide ou de tristesse) ou constaté par les autres (pleurs) // On peut avoir un comportement irritable chez l’enfant ou l’adolescent
- DIMINUTION MARQUEE DE L’INTERET OU DU PLAISIR › ANHEDONIE
- SENTIMENT DE DEVALORISATION OU DE CULPABILITE EXCESSIVE OU INAPPROPRIEE (qui peut être délirante)
- Humeur triste +++
- Sentiment pénible, douloureux, envahissant
- Le matin ++++, tendance à s’améliorer au cours de la journée
- Symptôme majeur +++ / presque toujours présent à des degrés divers / dans tous les domaines
- Dévalorisation = perte de l’estime de soi, doutes, autodépréciation ›sentiment d’incapacité / inutilité
- Culpabilité = reproches pour des actes quotidiens banals ou passés / sentiment d’être un poids pour les siens / auto-accusation
- AGITATION OU RALENTISSEMENT PSYCHOMOTEUR
- Agitation = déambulations permanentes / incapacité à s’asseoir ( état de tension interne)
- Ralentissement psychomoteur -Fonction psychiques › Bradypsychie (ralentissement des idées) / Ruminations (piétinement de la pensée)-Fonctions motrices › Bradykinésie (lenteur des mouvements) / Hypomimie voire amimie (pauvreté des mimiques) / Bradyphémie (lenteur du discours) / Voix monocorde / Clinophilie (rester au lit) / Incurie (faute de soin, négligeance) / Aboulie (incapacité à exécuter les actes pourtant planifiés et difficultés à prendre des décisions)
- PERTE OU GAIN DE POIDS SIGNIFICATIVE (5%) en l’absence de régime ; diminution ou augmentation de l’appétit (chez l’enfant › tenir compte de l’absence d’augmentation de poids attendue pendant la croissance)
- INSOMNIE OU HYPERSOMNIE; difficultés d’endormissement (liées à l’anxiété) //sensation que les nuits ne sont pas réparatrices (altération qualitative du sommeil)
- FATIGUE OU PERTE D’ENERGIE
- DIMINUTION DE L’APTITUDE A PENSER OU A SE CONCENTRER / INDECISION / TROUBLES DE LA MEMOIRE
- PENSEES DE MORT RECURRENTES ; IDEES SUICIDAIRES RECURRENTES sans plan précis ou TS ou plan pour se suicider
Induction d’une detresse cliniquement significative ou une alteration du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants
Symptomes non imputables aux effets psychologiques directs d’une substance ou d’une affection medicale generale
Episode ne repond pas aux criteres du trouble schizoaffectif ; ne se superpose pas a la schizophrenie, a un trouble delirant ou un autre trouble psychotique
SPéCIFICATIONS DéCRIVANT LES CARACTeRISTIQUES DE L’éPISODE (= SYNDROME) ACTUEL
CARACTERISTIQUE PSYCHOTIQUE
Episode maniaque ou dépressif s’accompagnant D’IDEES DELIRANTES
ATTENTION ! Bien différencier les idées de grandeur que l’on peut retrouver dans l’état maniaque qui sont « pseudo délirantes » des un véritable syndrome délirant
- Composition d’un épisode psychotique :
- Idées délirantes congruentes ou pas à l’humeur
- Mécanismes délirants imaginatifs / intuitifs et ou hallucinatoires (moins souvent interprétatif)
- Thèmes : mégalomaniaque, mystique, prophétique, érotomaniaque, persécution, revendication….
- Systématisés mais peu organisés
- Adhésion variable
CARACTERISTIQUE MIXTE
- Apparition de SYMPTOMES DEPRESSIFS AU COURS D’UN EPISODE MANIAQUE pendant QUELQUES MOMENTS/HEURES et réciproquement
- RISQUE SUICIDAIRE AUGMENTÉ ++++
CARACTERISTIQUE ANXIEUSE
- Coexistence de SYMPTOMES ANXIEUX pendant un épisode maniaque/hypomaniaque ou dépressif
- Forme associée à :
- Sensation d’être tendu / énervé / impatient
- Difficultés de concentration à cause de l’inquiétude
- Cognitions catastrophistes › Peur que quelque chose de terrible n’arrive / perte de contrôle de soi même
- Risque augmenté de suicide
- Durée plus longue des troubles
- Non réponse thérapeutique
CARACTERISTIQUE EN DEBUT DE PERI PARTUM
Symptôme apparaissant PENDANT LA GROSSESSE ET JUSQU’A 4 SEMAINES APRES !
CARACTERISTIQUE CATATONIQUE
Syndrome transnosographique qui peut se manifester par :
- Immobilité motrice › CATALEPSIE = stupeur catatonique ou flexibilité cireuse
- ACTIVITÉ MOTRICE EXCESSIVE, non influencée par les stimuli extérieurs et stériles
- NÉGATIVISME OU MUTISME
- MOUVEMENTS VOLONTAIRES PARTICULIERS et POSITIONS CATATONIQUES, mouvements STÉRÉOTYPÉS, MANIÉRISME, GRIMACES
- ECHOLALIE OU ÉCHOPRAXIE
SI EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE (UNIQUEMENT)
CARACTERISTIQUE MELANCOLIQUE
- PERTE COMPLÈTE DE LA SENSATION DE PLAISIR
- Risque suicidaire élevé +++
- Souffrance morale profonde
- Ralentissement moteur majeur (+/-mutisme)
- Signes cliniques positifs
- Anhédonie et/ou manque de réactivité aux stimuli habituellement agréables
- Humeur dépressive marquée par › Découragement profond / sentiment de désespoir voire incurabilité
- Troubles du sommeil avec réveils matinaux précoces
- Agitation ou ralentissement psychomoteur marqué
- Perte d’appétit ou de poids significative
- Culpabilité excessive ou inappropriée
CARACTERISTIQUE ATYPIQUE
- Réactivité de l’humeur et possiblement augmentation du poids / de l’appétit
- Hypersomnie
- Impression de pesanteur / lourdeur des jambes
- Sensibilité aux rejets interpersonnels
SPéCIFICATIONS DéCRIVANT L’éVOLUTION DES éPISODES RéCURRENTS
CARACTERE SAISONNIER
Caractère peut être porté quelque soit la polarité de l’épisode +++++ et se manifeste par :
- Relation temporelle régulière entre la survenue des épisodes et une période de l’année et non liés à des facteurs de stress environnementaux évidemment en lien avec la période
- Rémissions complètes (ou un virement d’un épisode dépressif caractérisé vers un épisode (hypo)maniaque) au cours d’une période de l’année
- Au moins 2 EPISODES SAISONNIERS AU COURS DES 2 DERNIERES ANNEES et en l’absence d’épisode non saisonnier au cours de la même période
- Vie entière du sujet marquée par nettement + d’épisodes maniaques ou épisode dépressif caractérisé que non saisonnier
CYCLES RAPIDES
- Survenue au cours des 12 DERNIERS MOIS D’AU MOINS 4 EPISODES DE L’HUMEUR (toute polarité confondue)
- Pronostic plus sévère / Résistance thérapeutique
CERTAINS ANTECEDENTS DOIVENT FAIRE PENSER AU DIAGNOSTIC DE TROUBLE BIPOLAIRE :
• Antécédents de 3 épisodes dépressifs récurrents ou +
• Hypomanie même brève, souvent passée inaperçue
• Episode atypique déclenché par un antidépresseur
• Début d’un épisode (maniaque, dépressif ou psychotique) durant le post partum
• Antécédents familiaux de troubles bipolaires, troubles dépressifs récurrents, addictions ou suicide
• Antécédents personnels de tentative de suicide
• Antécédents de réponse atypique à un traitement anti dépresseur (non réponse, aggravation des symptômes)
EXAMENS COMPLéMENTAIRES
POUR LE DIAGNOSTIC POSITIF
AUCUN, il est clinique
POUR LE DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
Elimination d’une pathologie médicale générale (comme devant toute pathologie psychiatrique !!!!)
Bilan minimal
- BILAN SANGUIN : Glycémie capillaire (recherche hypoglycémie)/Ionogramme / calcémie (recherche hypercalcémie ++) / Urée-créatininémie/TSHu/ASAT-ALAT-Gamma GT
- GAZ DU SANG
- BILAN URINAIRE : Recherche de toxiques urinaires (cannabis, cocaïne, opiacés, amphétamines)
- IMAGERIE : Cérébrale en urgence +++ (recherche AVC, démence) / Electroencéphalogramme / Electrocardiogramme (bilan pré-thérapeutique des anti psychotiques)
Autres examens en fonction des points d’appels cliniques
DIAGNOSTICS DIFFéRENTIELS
LIéS A UNE AFFECTION MéDICALE GéNéRALE
- NEUROLOGIQUES : TUMEUR CÉRÉBRALE / SCLÉROSE EN PLAQUE / accident vasculaire cérébral / début de DÉMENCE
- ENDOCRINIENNES : troubles thyroïdiens / maladie de Cushing
- METABOLIQUES : HYPOGLYCÉMIE / troubles ioniques
- IATROGENIQUES : médicaments (CORTICOÏDES, antidépresseurs, interféron)
- TOXIQUES : SUBSTANCES PSYCHOACTIVES (diagnostic différentiel le plus fréquent ++++)
LIéS A UNE AFFECTION PSYCHIATRIQUE
- Trouble dépressif récurent (= trouble unipolaire)
- Trouble de personnalité (personnalité état-limite)
- Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité
- Schizophrénie
- Trouble anxieux
- Trouble obsessionnel compulsif (TOC)
- Trouble délirant persistant
COMORBIDITéS
Doivent être systématiquement recherchées +++++++ (impact et fréquence importants !)
- ADDICTIONS (40 à 60%) : alcool, cannabis, cocaïne et psychostimulants, sédatifs
- TROUBLES ANXIEUX (40%) : trouble panique, phobie sociale, phobies simples
- TROUBLES DEFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS HYPERACTIVITE (30%)
- TROUBLES DE LA PERSONNALITE (30%) : personnalité état-limite
- TROUBLES DES CONDUITES ALIMENTAIRES (15 à 30%)
- TROUBLE OBSESSIONNEL COMPULSIF (10 à 30%)
- COMORBIDITES NON PSYCHIATRIQUES : syndrome métabolique, risque cardiovasculaire, syndrome d’apnées obstructives du sommeil, pathologies endocriniennes, maladies inflammatoires chroniques…
PRONOSTIC ET éVOLUTION
Pronostic dépend de la précocité de la prise en charge +++ (et qu’elle soit bien adaptée)
Si bon traitement › Possible rémission symptomatique et fonctionnelle avec excellente insertion familiale, professionnelle et sociale
Parfois symptômes résiduels entre les crises avec un fort retentissement fonctionnel
Complications (si trouble bipolaire non correctement pris en charge)
- EVOLUTION + SÉVÈRE des troubles : cycles rapides / troubles psychiatriques associés (addictions à l’alcool et aux substances psychoactives)
- PATHOLOGIES MÉDICALES NON PSYCHIATRIQUES ASSOCIÉES (cardiovasculaire, diabète…)
- SUICIDE (15%)
- ACTES MÉDICO-LÉGAUX (liés à la désinhibition psycho comportementale)
- DÉSINSERTION FAMILIALE
PRISE EN CHARGE PSYCHIATRIQUE
A la phase aiguë
URGENCE MEDICALE ++++++
HOSPITALISATION EN PSYCHIATRIE EN MILIEU FERME SUR DEMANDE D’UN TIERS (ASPDT OU SDT)
- But › RÉHYDRATATION / ELIMINER UNE CAUSE TOXIQUE OU NON PSYCHIATRIQUE / RECHERCHE DE CONTAGE (maladie sexuellement transmissible)
- Indications
- Troubles du comportement majeurs avec risque auto/hétéro agressif important
- Risque suicidaire élevé
- Forme sévère et/ou résistante au traitement nécessitant une réévaluation diagnostique et thérapeutique
- Comorbidités complexes
- Situation d’isolement ou de soutien socio-familial non adapté
Généralement, pas d’hospitalisation pour les accès HYPOmaniaques
TRAITEMENT MEDICAMENTEUX
THYMOREGULATEURS ++++++
Curatif de l’épisode aigu quelle que soit sa polarité / préventif des récidives / amélioration du pronostic et de la qualité de vie du patient
1ÈRE INTENTION :
LITHIUM (TRAITEMENT DE REFERENCE) = TERALITHE 400 MG LP (LIBERATION PROLONGEE) (1 COMPRIME)
- Contrôle de la lithémie à 12h pour adaptation de la posologie › Equilibre entre 0,8 ET 1,2 MEQ/L
- Seul thymorégulateur PREVENANT LE RISQUE DE SUICIDE › A privilégier lorsque le risque suicidaire est élevé ++++
- Bilan pré thérapeutique
- SURVEILLANCE › bilan rénal et thyroïdien annuels
- NFS-PLAQUETTE
- IONOGRAMME SANGUIN / CREATININEMIE / CLAIRANCE DE LA CREATININE / PROTEINURIE / GLYCOSURIE
- BILAN HEPATIQUE : ASAT-ALAT-Gamma-GT
- BILAN THYROÏDIEN : TSHu
- Electrocardiogramme / Electroencéphalogramme (si antécédent de comitialité)
- B-HCG (si femme en âge de procréer)
ANTICONVULSIVANT = DIVALPROATE DE SODIUM (DEPAKOTE) 750 MG (EN 2 OU 3 PRISES)
- Bilan pré thérapeutique
- SURVEILLANCE › Bilans NFS-Plaquettes et hépatique réguliers pendant l’initiation puis tous les 6 mois
- NFS-PLAQUETTE
- BILAN HEPATIQUE : ASAT-ALAT-Gamma-GT
- BHCG (si femme en âge de procréer)
ANTIPSYCHOTIQUE ATYPIQUE (= 2ND GENERATION)
- Olanzapine, Rispéridone, Aripriprazole, Quatiapine
- Bilan pré thérapeutique = voir Schizophrénie
- ELECTROCARDIOGRAMME (MESURE DU QT)
- IMC (POIDS ET TOUR DE TAILLE A SURVEILLER)
- GLYCEMIE
- BILAN LIPIDIQUE
- BILAN HEPATIQUE
TOUS LES AUTRES THYMORÉGULATEURS › 2ND INTENTION !!!
Possibilité association Lithium ou Valproate + antipsychotique atypique d’emblée si épisode maniaque sévère
TRAITEMENT SEDATIF SYMPTOMATIQUE possible
- BENZODIAZEPINES PER-OS (+++)
- BENZODIAZEPINES INTRA-MUSCULAIRE
- ET/OU NEUROLEPTIQUE SEDATIF
- Diazépam 10mgx4/j
- Lorazepam 2,5mgx4/j
- Diazépam 10 mg
- Clorazépate dipotassique 20 mg
- Loxapine 50 mg IM
DERNIER RECOURS (+++) = contention des 4 membres et isolement du patient (après sédation chimique), si troubles du comportement majeurs et risque auto ou hétéro agressif élevé !
ELECTROCONVULSIVOTHERAPIE
- Indications : Traitement curatif des épisodes
- Patients dont les SYMPTÔMES PEUVENT METTRE EN JEU LE PRONOSTIC VITAL DANS LE CADRE
- But › AMÉLIORATION RAPIDE ET À COURT TERME (en 2 à 3 séances) des symptômes après échec des autres options thérapeutiques
- Troubles dépressifs sévères et/ou réfractaires aux thérapeutiques
- Mauvaise tolérance aux psychotropes, comorbidités médicales non psychiatriques, terrain débilité, risque de décompensation
- Etat catatonique
Prevention et surveillance du risque suicidaire et du risque hetero-agressif
SURVEILLANCE EFFICACITE ET TOLERANCE DU TRAITEMENT
- CLINIQUE › Agitation / Symptômes maniaques / Sommeil
- TOLÉRANCE › Sédation trop profonde / hypotension orthostatique / constipation / dyskinésie aiguë / akathisie / syndrome extra pyramidal
- CONSTANTES › fréquence cardiaque / pression artérielle (debout et couché) / fréquence respiratoire / Température
- Electrocardiogramme / Bilan lipidique / Poids / Tour de taille / Glycémie / Ionogramme sanguin
AUTRES MESURES ASSOCIEES
ALD 30 à 100%
Sauvegarde de justice ++++ (si dépenses ou achats excessifs) pour protection des biens en URGENCE (curatelle et tutelle prennent du temps et ne se font pas en urgence)
Information des proches et liaison avec le médecin traitant ++++++
Prise en charge au long cours
En ambulatoire (centre médico-psychologique (CMP) / hôpitaux de jour / Centre d'accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP))
Multidisciplinaire ++++
TRAITEMENT MEDICAMENTEUX
Poursuite du traitement thymorégulateur (Lithium, anti convulsivant ou antipsychotique)
Pas d’auto-médication
Arrêt des traitements à risque de dépendance (benzodiazépines +++)
PSYCHOTHERAPIE AVEC OBJECTIFS A DEFINIR AVEC LE PATIENT
PSYCHOEDUCATION
AU PATIENT ET/OU À SON ENTOURAGE
OBJECTIFS :
- Amélioration de la compréhension du trouble bipolaire
- Information sur l’utilité des traitements et leurs effets secondaires
- Développer la capacité à détecter les signes précurseurs de rechute
- Encourager une régularité des rythmes de vie (régulation du sommeil, des rythmes sociaux)
- Autosurveillance et meilleure gestion des facteurs de stress
PSYCHOTHERAPIE
EN ASSOCIATION AVEC LE TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX !
De soutien / d’inspiration psychanalytique / comportementales et cognitives / interpersonnelles / familiales et systémiques / hypnose
OBJECTIFS :
- Accepter la maladie
- Améliorer l’observance
- Identifier des prodromes de rechutes
- Lutter contre le découragement et le sentiment d’échec personnel
- Apprendre à gérer les symptômes résiduels
- Identifier des idées de suicide
REMEDIATION COGNITIVE
- PALLIATION DES TROUBLES COGNITIFS
- THÉRAPIE SE FAIT APRÈS BILAN NEURO-PSYCHOLOGIQUE pour définir les objectifs de travail
- Cibles thérapeutiques : troubles
- Attentionnels / Mnésiques / Visuospatiaux/ Exécutifs / Métacognitifs / Cognition sociale
REHABILITATION
MESURES ASSOCIéES
ALD À 100% (ALD 23)
EDUCATION THÉRAPEUTIQUE +++
SURVEILLANCE ET/OU ARRÊT DES TOXIQUES, AIDE AU SEVRAGE (tabac, alcool, cannabis)
PRISE EN CHARGE DU HANDICAP MENTAL (selon le cas) = Dossier MDPH/CADPH en vue des différentes aides possibles (AAH, APL, MVA…)
Curatelle ou tutelle selon les cas (y penser dans toutes les maladies psychiatriques chroniques en général ++++)