Retrouvez les fiches par Thématique ou par Unité d’enseignement Universitaire

Important

Seules les personnes ayant un compte et étant connectées peuvent proposer des modifications

Thrombopénie chez l'adulte et l'enfant

Devant une thrombopénie, argumenter les principales hypothèses diagnostique et justifier les examens complémentaires pertinents

GéNéRALITéS

Définitions

  • Thrombopénie: plaquettes < 150 G/L
  • En pratique, risque hémorragique si < 30 G/L sauf en cas de thrombopathie associée

Réflexe devant toute thrombopénie

éliminer une fausse thrombopénie induite par l’EDTA (anticoagulant du tube)

  • Faire frottis sanguin: éliminer des amas plaquettaires
  • Faire prélèvement de contrôle sur tube citraté (autre anticoagulant)

étiologies

Thombopénies centrales

Thrombopénies acquises

  • Si insuffisance médullaire globale
  • Si atteinte mégacaryocytaire sélective
  • Envahissement : leucémie / lymphome / myélome / métastase
  • Aplasie médullaire ou myélofibrose (BOM) / myélodysplasie
  • Carence en B9 ou B12 (thrombopoïèse inefficace)
  • Médicaments : sulfamides / AINS / thiazidiques / cotrimoxazole
  • Alcool : intoxication éthylique aiguë

Thrombopénies constitutionnelles (rares)

  • Rares / à distinguer des thrombopénies néonatales par sepsis ou allo-immunisation
  • Habituellement modérées / peuvent être diagnostiquées à tout âge
  • Signes en faveur : thrombopénie familiale / altération des fonctions des plaquettes associée / association à un contexte polymalformatif
  • Principaux cadres : amégacaryocytose congénitale / syndrome de Wiskott-Aldrich / maladie de May-Hegglin / maladie de Fanconi / autres maladies dites du groupe de thrombopénies MYH9 / syndrome vélo-cardio-facial (dysmorphie), de DiGeorge

Thrombopénies périphériques

Par destruction plaquettaire (immunologique ++)

Tous caractérisés par la présence d’anticorps anti-plaquettes

Purpuras thrombopéniques d'origine auto-immune

  • Purpura thrombopénique immunologique (PTI)
  • Maladies auto-immunes : lupus (syndrome d’Evans) / SAPL
  • Leucémie lymphoïde chronique (cf item 315)
  • Associée à déficit immunitaire commun variable dans contexte d'hypo-γ-globulinémie primitive + auto-anticorps
  • Diagnostic d'exclusion / devant thrombopénie isolée
  • Myélogramme peu contributif
  • Forme classique : de l'enfant, apparition brutale et évolution favorable/ hémorragies rares/ passage à chronicité possible (adulte)

Toute infection virale : VIH-VHC (chronique ++) / mononucléose.. Chez l'enfant : thrombopénie transitoire après CMV, EBV, parvovirus..

Thrombopénies immuno-allergiques (complexes immuns)

  • Thrombopénie immuno-allergique à l'héparine (TIAH)
  • Thrombopénies par allo-anticorps
  • Anticorps anti-plaquettes, héparine-dépendants, reconnaissant complexe héparine-FP4 / complexes immuns se fixent par fragment Fc des immunoglobulines sur surface des plaquettes › activation plaquettaire (thrombose) ou destruction (hémorragie)
  • Autres : quinine / thiazidiques/ sulfamides/ antiépileptiques/ digoxine / AINS / pénicillines (rôle d'haptène) / IPP..
  • En général traitement introduit 1-2 semaines avant thrombopénie (rarement sur traitement chronique)
  • Thrombopénies post-transfusionnelles (allo-anticorps anti-PLA1)
  • Néonatale : allo-immunisation fœto-maternelle (transmission passive)

Par hyperconsommation plaquettaire (infectieuse ++)

Peut associer thromboses et hémorragies

Coagulation intra-vasculaire disséminée (CIVD)

1ère étiologie à éliminer devant toute thrombopénie

  • Bilan : TCA augmentés – TP diminué / augmentation des D-dimères – baisse du fibrinogène / baisse des facteurs V, VIII
  • Etiologies : infection (sepsis sévère) / cancer (LAM3 ++) / traumatismes sévères / pathologie obstétricale / accident transfusionnel / morsures de serpent (rare)

Thrombopénies infectieuses

Bactériemie à pyogènes (modérée jusqu'à CIVD) / paludisme (voyage)

Micro-angiopathies thrombotiques (MAT)

  • Association avec anémie hémolytique + schizocytes au frottis
  • Syndrome hémolytique urémique (SHU, typique chez l'enfant)
  • Purpura thrombotique thrombocytémique (PTT) = syndrome de Moschowitz
  • HTA maligne / HELLP syndrome…

Par anomalie de répartition (séquestration ++)

  • Souvent associée à neutropénie ± anémie modérées
  • Hypersplénisme : quelle que soit la cause de la splénomégalie (cf item 272)
  • Hypertension portale sur hépatopathie : ± thrombopénie ± augmentation de l'élimination / défaut de production de la TPO
  • + syndrome d'activation macrophagique (hémophagocytose) : phagocytose par les macrophages des cellules hématopoïétiques dans la moelle osseuse

ORIENTATION DIAGNOSTIQUE

EXAMEN CLINIQUE

Interrogatoire

  • Terrain : antécédents hémorragiques (personnels et familiaux) / maladie auto-immune / VIH / hémopathie
  • Prises : médicamenteuse / alcool / antécédent de transfusion
  • Anamnèse : notion de voyage < 3 mois / infection virale récente
  • Signes fonctionnels
  • Circonstances de découverte en l'absence de syndrome hémorragique
  • Syndrome hémorragique : purpura / muqueuses
  • Signes associés : fièvre / AEG / dyspnée..
  • Fortuite
  • Dans circonstances favorisantes : maladies auto-immunes, sepsis, grossesse, traitement par héparine..
  • Rarement : manifestations thrombotiques (SAPL…)

Examen physique

Syndrome hémorragique thrombopénique

  • Purpura de type plaquettaire (plaquettes souvent < 20 G/L)
  • Monomorphe : pétéchial (++) (isolé ou ecchymotique)
  • Diffus : cutané et muqueux / poussée unique
  • Parfois associé à de larges hématomes

Signes négatifs (différent du purpura vasculaire)Non infiltré / non nécrotique / non déclive

Hémorragie des muqueuses

  • Epistaxis / gingivorragies / hématuries..
  • Hémorragies digestives / hémorragies méningées…

Si hématomes non provoqués et confluents, hémorragie continues au point de ponction, hémorragies viscérales : évoquer troubles de la coagulation (type CIVD)

Rechercher des signes de gravité :

Accidents hémorragiques rares (≈ 2%)

  • Présence d'un purpura cutanéo-muqueux extensif, surtout si nécrotique
  • Bulles hémorragiques endobuccales / gingivorragies spontanées importantes
  • Recherche d’autres localisations hémorragiques
  • cérébro-méningée : céphalées intenses et persistantes
  • hémorragies rétiniennes au fond d'œil

Facteurs aggravants

  • Age avancé (> 65ans) / lésions viscérales associées (ulcère gastro-duodénal, anévrisme..)
  • Nécessité ou antécédent de geste chirurgical ou d'exploration invasive
  • Pathologie ou traitement associé : anticoagulant, antiagrégant, HTA…

Score hémorragique

(utilisable dans le PTI de l'adulte) : sévère si score > 8

  • Age : > 65 ans (2) / > 75A ans (5)
  • Saignement cutané : purpura pétéchial localisé (1) / purpura ecchymotique (2) / purpura pétéchial avec localisations multiples (3) / purpura pétéchial généralisé (3) / purpura ecchymotique généralisé (4)
  • Saignement muqueux : épistaxis unilatérale (2) / bilatérale (3) / bulles hémorragiques ou gingivorragies spontanées (5)
  • Saignement gastro-intestinal : Sans anémie (4)/ avec anémie (baisse de > 2g) et/ou choc (15)
  • Saignement urinaire : Hématurie macroscopie sans anémie (4) / avec (10)
  • Saignement du système nerveux central Saignement avec mise en jeu du pronostic vital (15)

Pour orientation étiologique

  • Rechercher fièvre / syndrome infectieux et/ou méningé
  • Adénopathies / hépatomégalie / splénomégalie (hémopathie)
  • Arthralgies, éruption cutanée évoquant une maladie auto-immune

EXAMENS COMPLéMENTAIRES

Pour diagnostic positif

Numération plaquettaire

  • Thrombopénie si plaquettes < 150 G/L
  • > 50 G/L : asymptomatique ++ / 20-50 G/L : pas de signe sauf facteur surajouté (antiplaquettaire, hémopathie, troubles de coagulation…)
  • Signe de gravité si plaquettes < 20 G/L (risque d’hémorragie cérébrale)

éliminer une fausse thrombopénie

  • Frottis : absence d'agrégats plaquettaires sur lame
  • Prélèvement de contrôle sur tube citraté

Pour diagnostic étiologique

En 1ère intention

  • NFS-Réticulocytes
  • TP-TCA : recherche de signes de gravité (CIVD…)
  • Bilan biologique : rechercher les diagnostics urgents
  • Ponction médullaire pour myélogramme
  • Oriente vers une cause centrale (arégénératif) ou périphérique
  • Recherche des cytopénies associées (oriente vers cause centrale)
  • Frottis : anomalies des plaquettes (macro, micro), des leucocytes (granulations toxiques : sepsis / Döhle : myélodysplasie, infections sévères / syndrome mononucléosique : EBV / blastes : leucémie aiguë), des hématies (schziocytes : micro-angiopathie thrombotique, CIVD… / dacryocytes ou hématies en larmes: myélodysplasie, myélofibrose Ire)
  • CIVD : TP + fibrinogène + D-Dimères
  • MAT (SHU ou PTT) : frottis pour schizocytes

Ne doit pas être systématique / si suspicion de thrombopénie centrale surtout ++

  • Systématique si thrombopénie non isolée / en l'absence d'orientation étiologique évidente (pas de CIVD, etc…)
  • Thrombopénie centrale › mégacaryocytes rares ou absents
  • Thrombopénie périphérique › mégacaryocytes nombreux
  • Autres : richesse de la moelle / dysmyélopoïèse / cellules tumorales

Myélogramme jamais contre-indiqué par la thrombopénie / en cas de sternotomie ou d'antécédents d'irradiation thoracique : préférer ponction iliaque / sous anesthésie locale

En 2nde intention

  • Si thrombopénie périphérique
  • Bilan infectieux
  • Bilan hépatiqueEchographie abdominale / bilan hépatique
  • Bilan si suspicion de déficit immunitaire
  • Bilan immunologique
  • Anticorps anti-plaquettes : inutile en pratique
  • Test de Coombs / anticorps anti-PF4 (héparine)
  • Anticorps anti-nucléaires et anticorps anti-DNA natifs (lupus) / anticorps du SAPL
  • Test de Coombs / anti-ENA / anticorps anti-TPO et TRAK
  • ± recherche des anticorps anti GP IIb –IIIa ou GP Ib-IX
  • VIH / VHB-VHC : ± associées au PTI (VIH-VHC)
  • EBV/ CMV / parvovirus B19 / dengue : thrombopénie aiguë, selon contexte
  • Hémocultures si fièvre / breath-test à l'uréase ou recherche d'antigène bactérien dans les selles (H. pylori)
  • EPP / dosage pondéral des immunoglobulines
  • Immunophénotypage des lymphocytes circulants si dosage pondéral normal

Si thrombopénie centrale

  • Biopsie ostéo-médullaire
  • Systématique si moelle osseuse pauvre au myélogramme
  • Recherche d'aplasie médullaire ou de myélofibrose

Plaquettes doivent être > 50G/L avant le geste (faite sous transfusion sinon)

  • Suspicion de thrombopénie constitutionnelle : bilan en milieu spécialisé (volume plaquettaire, corps de Döhle, facteur Willebrand pour maladie de Willebrand de type IIb..)

Pour bilan pré-thérapeutique

  • Bilan pré-transfusionnel
  • Groupe ABO / rhésus / RAI
  • Recherche d’anticorps anti-HLA si possible

Diagnostics différentiels

Purpura de type vasculaire

Polymorphe / non muqueux / infiltré : maculo-papuleux / déclive ± nécrotique

Fausse thrombopénie

Par agrégation plaquettaire à l’EDTA / activation induite par difficultés de prélèvement / prélèvement sur tube inapproprié

A toujours éliminer par frottis + tube citraté : facteur de dilution de 10% dans cette technique (sous-estimation de l'automate par rapport à la valeur réelle)

Cadres diagnostiques particuliers

Nouveau-né

Thrombopénie auto-immune

  • Symptomatologie hémorragique avec thrombopénie sévère (< 20 G/L)
  • Anticorps (anti-HPA1a le + souvent) traversant la barrière placentaire / dure 2-4 semaines / diagnostic : anticorps anti-PLT chez la mère positifs, dirigés contre un antigène paternel

Infections congénitales

(CMV, toxoplasmose), périnatales (E. coli, haemophilus…)

  • Thrombopénie associée parfois très sévère
  • Diagnostic par prélèvements adaptés

Autres causes de thrombopénie modérée, inconstante :

Asphyxie / hypothermie (± CIVD) / insuffisance placentaire (retard de croissance intra-utérin, pré-éclampsie, diabète), mère avec maladie auto-immune (lupus, …) ou prise médicamenteuse

Femme enceinte

Causes multiples :

PTI (au 1e trimestre ++), maladie auto-immune (lupus), infections virales (VIH, CMV, EBV)…

Causes spécifiques à la grossesse :

  • Thrombopénie gestationnelle : 1e cause
  • 5-7% Des grossesses normales
  • Baisse progressive des plaquettes à T2-T3
  • Par hémodilution + consommation / disparait en quelques semaines du post-partum
  • Généralement 90-140 G/L (si < 70G/L : chercher autre étiologie)
  • Pas de risque de thrombopénie fœtale-néonatale / pas de traitement nécessaire
  • Surveillance : recherche d'HTA, d'anticorps anti-DNA, anti-phospholipides

PTI :

2e cause la + fréquenteSurvenue dès le 1e trimestre ou marquée < 50G/L en faveur d'un PTI par rapport à une thrombopénie gestationnelle

HTA et pré-éclampsie

  • Thrombopénie dans 1/3 des cas
  • Après 5e mois de grossesse le + souvent
  • Terrain : primipares < 20 ans ou > 30 ans

HELLP syndrome

(hemolysis, elevated liver enzymes, low platelets)

  • Au T3 : associe anémie hémolytique, thrombopénie, augmentation des transaminases, augmentation des LDH

Stéatose hépatique aiguë gravidique

Contexte de transfusions sanguines

  • Thrombopénie de dilution : en cas de transfusions massives (> 10 CGR)
  • Accident transfusionnel immédiat : simple inefficacité à forme grave avec état de choc ± CIVD
  • Purpura transfusionnel : accident retardé de transfusion (vers +5-7 jours) / peu fréquent, lié à des anticorps anti-plaquettes (anti-HPA1a) apparus lors d'une transfusion ancienne ou grossesse

Thrombopénie constitutionnelle : quand la suspecter ?

  • Thrombopénie familiale : rechercher antécédents de leucémies dans la famille (certaines thrombopénies familiales sont associées à un risque augmenté de leucémie) et récupérer NFS de la famille
  • Ancienneté de la thrombopénie : élément fondamental ++
  • Présence d'anomalies morphologiques du frottis : micro-plaquettes (< 7fl) ou macro-plaquettes (> 11fl) en faveur (même s'il existe une augmentation modérée du volume plaquettaire moyen dans le PTI)
  • Présence de signes extra-hématologiques (surdité, atteinte rénale..), d'anomalies morphologiques (dysmorphie faciale..) ou déficit immunitaire : syndrome MYH9 (macro-plaquettes + cataracte + glomérulopathie + surdité + corps de Döhle dans les polynucléaires neutrophiles)
  • Mauvaise réponse plaquettaire après traitement de 1e ligne du PTI : absence de réponse même transitoire au traitement est en faveur d'une cause constitutionnelle (mais 10-20% des PTI sont véritablement réfractaires au traitement)
  • Discordance entre profondeur de la thrombopénie et importance du syndrome hémorragique : parfois associées à thrombopathies / syndrome hémorragique avec plaquettes > 50G/L doit faire évoquer cette possibilité

Traitement

Prise en charge

Prise en charge ambulatoire si asymptomatique (le plus souvent)

  • Hospitalisation systématique et en urgence si :
  • Thrombopénie périphérique : jamais de transfusion plaquettaire ++ (sauf exceptionnel saignement mettant en jeu le pronostic vital)
  • Conduite à tenir en urgence (avec uniquement la NFS)
  • Traitement étiologique d'un saignement (suture chirurgicale d'ulcère…) à discuter
  • Arrêt de tout médicament (en priorité ceux d'introduction récente)
  • Syndrome hémorragique clinique
  • Et/ou Plaquettes < 20 G/L
  • Thrombopénie profonde + anomalies autres lignées › centrale / transfusion plaquettaire à envisager
  • Signes de consommation (CIVD, micro-angiopathie thrombotique) : urgence hématologique (soins intensifs ou réanimation) / traitement adapté (traitement étiologique d'une CIVD, échanges plasmatiques…)
  • Hypersplénisme : généralement pas de traitement
  • Thrombopénie isolée : possible PTI, pas de transfusion de plaquettes

En cas de thrombopénie CENTRALE importante

Transfusion de concentrés plaquettaires Seuil généralement admis : plaquettes < 20 G/L /Modalités : 1 concentré plaquettaire pour 10kg de poids

Contre-indiquée si thrombopénie périphérique (destruction des plaquettes)

Mesures associées

Mesures associées aux troubles de l’hémostase

  • Pas d’anti-thrombotiques : AINS / aspirine / héparine / anti-vitamines K
  • Gestes à éviter en cas de thrombopénie :
  • < 100 G/L : neurochirurgie majeure / chirurgie ophtalmologique complexe
  • < 80 G/L : rachianesthésie / chirurgie majeure
  • < 50 G/L : chirurgie mineure / ponction et biopsies transcutanées / ponction lombaire (à discuter au cas par cas selon urgence) / activité sportive ou professionnelle à risque de traumatismes / injections intra-musculaires / biopsies percutanées
  • < 30 G/L : anesthésie dentaire régionale / extraction dentaire
  • < 20 G/L : détartrage dentaire

Surveillance

  • Clinique : syndrome hémorragique / toucher rectal / neurologique…
  • Paraclinique : numération plaquettaire quotidienne

Purpura thrombopénique immunologique

PTI de l'enfant

Généralités

  • 1e cause de thrombopénie & 1e maladie auto-immune de l’enfant / pic = 2-5 ans
  • Mécanisme immunologique périphérique : auto-anticorps anti-glycoprotéines des plaquettes › destruction

Diagnostic

Examen clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Terrain : antécedents familiaux auto-immuns / pas de thrombopénie
  • Facteur déclenchant : épisode viral ORL/ vaccination récente…
  • Apparition rapide (24-48h) / diagnostic d'élimination
  • Syndrome hémorragique
  • Examen normal : signes négatifs
  • Evaluation de la gravité (4)
  • Score de Buchanan (sévérité du syndrome hémorragique)
  • Cutané : purpura plaquettaire – pétéchie – ecchymose
  • Muqueux : épistaxis/ gingivorragie/ hématurie/ métrorragies
  • Pas de syndrome tumoral (hépato-splénomégalie, adénopathies…) / absence d'antécédent familial
  • Pas d’HTA / pas de diarrhée ni protéinurie (syndrome hémolytique et urémique)
  • Surface / bulles intra-buccales / purpura du voile du palais
  • Hémorragie viscérale grave: examen neurologique / abdominal / bandelette urinaire
  • 0 : asymptomatique
  • 1 : <100 pétéchies, < 5 ecchymoses
  • 2 : >100 pétéchies, > 5 ecchymoses
  • 3 : saignement muqueux
  • 4 : nécessité d’un geste
  • 5 : saignement intracrânienne ou vital

Examens complémentaires

  • Indispensables
  • Recommandés
  • NFS-réticulocytes : thrombopénie isolée/ pas d'atteinte des autres lignée
  • Frottis : plaquettes normales / pas de schizocytes / pas de blastes
  • Gp-Rh-RAI (bilan pré-transfusionnel)
  • Imagerie cérébrale (si céphalées ou signes neurologiques)
  • Echographie abdominale (si douleurs, anomalie clinique, hématurie)
  • Myélogramme : si doute diagnostique / dès que corticothérapie envisagée (pour exclure hémopathie maligne)
  • Coagulation : TP-TCA / fibrinogène / D-dimères (éliminer CIVD)
  • Haptoglobine / bilirubine / test de Coombs (si hémolyse)
  • BU et créatininémie (syndrome hémolytique et urémique)
  • Sérologie VIH si facteurs de risque
  • Facteurs antinucléaires (surtout si > 8ans) / fond d'œil (si céphalées)
  • Possible d'y surseoir si clinicien senior + cytologiste confirment normalité clinique + NFS / décision notée dans dossier médical
  • Non contre-indiquée par la thrombopénie / antalgiques + prémédication
  • Aspect : moelle riche / mégacarycoytes en quantité normale ou augmentée / absence de blastes

Non indiqués

Anticorps anti-plaquettes inutiles si typique / anticorps anti-ADN

Diagnostics différentiels

Ceux d’un purpura chez l’enfant +++ Purpura fulminans / leucémie aiguë, CIVD / purpura rhumatoïde…

évolution

Forme aiguë dans 90% des cas: guérison spontanée en quelques jours à mois (< 6 mois) / forme chronique : > 6 mois dans 10%, avec risque de rechutes ++

Mortalité < 1% : par hémorragie cérébrale ou méningée

Traitement

Traitement médicamenteux du PTI aigu

Indications

  • Abstention thérapeutique si pas de signes de gravité (score 0-2) et plaquettes > 10 G/L
  • Traitement si signes de gravité (Buchanan ≥ 3: muqueuses) et/ou plaquettes < 10 G/L

Modalités

  • Corticothérapie : PO ou bolus IV selon gravité
  • Immunoglobulines : perfusion d'Ig polyclonales en IVL

Si sévérité (Buchanan > 3) :

  • Perfusion IV d'Ig polyvalentes + corticoïdes IV / sévérité modérée : corticoïdes PO ou Ig IV

Transfusion de plaquettes

Uniquement si hémorragie neurologique sévère, intra-abdominale, extériorisée abondante ou urgence chirurgicale à risque / à éviter ++ sinon

Transfusion de CGR

Si anémie mal tolérée et/ou hémorragie sévère

Traitement médicamenteux du PTI chronique

Prise en charge spécialisée par immuno-pédiatre

Mesures associées

  • Contre-indiqués : gestes invasifs / intra-musculaires / aspirine-AINS (± vaccins = contre-indication temporaire)
  • éducation des parents : signes de gravité hémorragique 
  • Hygiène dentaire avec brosses souples / prévention des chutes du lit / pas de contre-indication au sport sauf syndrome hémorragique clinique / projet d'accueil individualisé pour l'école / éviter prise de température intra-rectale

Surveillance +++

  • Clinique : recherche de syndrome hémorragique
  • NFS de contrôle 1x / 3-6 mois pour affirmer guérison = numération normale pendant 1 an
  • Si persistance du syndrome hémorragique : dosage des plaquettes à J2 puis à J21 du diagnostic de PTI aigu / + contrôle des plaquettes lors des situations à risque (gestes, chirurgie, voyage…)

Chez l'adulte

Généralités

Définition : maladie auto-immune, caractérisée par thrombopénie isolée < 100 G/L

Maladie "rare" (incidence : 2-6,6/100000), augmente après 60A / F > H (sauf après 60 ans : ratio s'inverse) / maladie bénigne mais altérant la qualité de vie

  • 2% d'hémorragies graves mais en pratique quasi-toujours précédée d'hémorragies cutanéo-muqueuses = signe d'alerte (ecchymoses, pétéchies, bulles intra-buccales..)
  • Physiopathologie : associe destruction périphérique des plaquettes + production médullaire inadaptée
  • Phases de la maladie
  • PTI nouvellement diagnostiqué : < 3 mois
  • PTI persistant : 3-12 mois / PTI chronique : > 12 mois
  • PTI sévère : manifestations hémorragiques au diagnostic nécessitant un traitement ou nouvelles manifestations hémorragiques en cours d'évolution nécessitant un traitement supplémentaire ou à + forte dose
  • PTI réfractaire : absence de réponse ou rechute après splénectomie avec PTI sévère ou risque de saignement nécessitant un traitement

Etiologies

  • Primaire
  • Sur infection VIH : à tout stade / parfois révélateur
  • Sur infection VHC : très rare / thrombopénie le + souvent liée à hypersplénisme (fibrose ou cirrhose) dans ce cadre
  • Maladies auto-immunes : lupus (± associé à anémie hémolytique auto-immune = syndrome d'Evans) / SAPL / Gougerot-Sjögren
  • Hémopathie lymphoïde : leucémie lymphoïde chronique / lymphome non hodgkinien ± hypogammaglobulinémie / rarement : syndrome lymphoprolifératif auto-immun (ALPS)
  • Toxique médicamenteux+ thrombopénies par allo-anticorps (purpura post-transfusionnel, thrombopénie fœtale par allo-immunisation fœto-maternelle) : exceptionnelles

Diagnostic positif

Poser le diagnostic de PTI nécessite d'éliminer : thrombopénie centrale (syndrome myélodysplasique ++) / séquestration splénique / consommation (CIVD, micro-angiopathie thrombotique)

Aucun examen ne permet de confirmer le diagnostic ++

Examens systématiques devant un PTI (protocole PNDS)

  • NFS / frottis / EPP (ou dosage pondéral des immunoglobulines)
  • Sérologies VIH-VHC + VHB (pour prévention de réactivation sous corticoïdes ou Rituximab) / groupage-RAI (pour formes sévères)
  • Bilan hépatique complet / anticorps antinucléaires
  • TSH et anticorps anti-thyroïde / TP-TCA-fibrinogène / créatinine
  • A discuter : myélogramme (± caryotype) / recherche anticoagulant circulant / anticorps anti-cardiolipines / recherche infection H. pylori / échographie abdominale (si splénectomie envisagée ++) / immunophénotypage des lymphocytes circulants / immunoélectrophorèse des protéines plasmatiques / durée de vie isotopique des plaquettes / anticorps anti-plaquettes par MAIPA
  • Examens inutiles : temps de saignement / complément / dosage de la TPO

Recherche des auto-Ac

  • Cible : complexes glycoprotéiques GPIIb/IIIa et GPIb/IX le + souvent
  • Mis en évidence par test MAIPA (≈ test de Coombs pour les hématies)
  • Autre test : épreuve isotopique utilisant des plaquettes autologues marquées
  • Recherche présence d'auto-anticorps à la surface des plaquettes du malade (MAIPA direct) ou sérum (MAIPA indirect) / peu disponible : donc peu réalisé en pratique
  • Dans PTI : destruction des plaquettes rapide (< 24h) alors que la durée de vie normale est de 7 jours
  • Evalue la production médullaire / couplage à imagerie scintigraphique permet de confirmer le site d'hyper-destruction (rate ++)

L'absence d'auto-anticorps n'élimine pas le PTI / leur présence n'affirme pas le PTI ++

Myélogramme

Indications :

  • Age > 60 ans (pour éliminer syndrome myélodysplasique ++)
  • Présence d'une organomégalie (splénomégalie, adénopathies)
  • Anomalie sur autre lignée de NFS (même si discrète : macrocytose, leucopénie) / patient réfractaire au traitement de 1e ligne ++
  • ± avant splénectomie ou traitement par rituximab

Diagnostic d'élimination / permet d'éliminer une thrombopénie centrale

Traitement

Traitement de 1e ligne

  • Si plaquettes > 30 G/L : aucun traitement nécessaire, sauf :
  • Si plaquettes < 30G/L ou autre cas : corticothérapie par voie orale (1 mg/kg/j) pendant 2-3 semaines en 1e ligne
  • Traitement antiagrégant-anticoagulant
  • Chez sujet âgé (surtout si comorbidités)
  • Lésion susceptible de saigner / en cas de signes hémorragiques
  • Si syndrome hémorragique sévère (score hémorragique > 8) : immunoglobulines IV 0,8-1 g/kg pouvant être répétée une fois dans les 3 jours selon sévérité et évolution associée aux corticoïdes

Jamais de transfusion plaquettaire (sauf mise en jeu pronostic vital)

Traitement de 2e ligne / PTI chronique

  • Indication : PTI persistant (3-12 mois) ou chronique (> 12 mois) et plaquettes < 30 G/L (ou saignements, risque hémorragique) et inefficacité de l'utilisation séquentielle de corticoïdes ou d'immunoglobulines
  • Objectif : plaquettes > 30 (voire 50 G/L) selon le terrain, les traitements associées, la prévision d'un traitement chirurgical…
  • Modalités : splénectomie = traitement de référence des formes chroniques (succès : 60-70% des cas) / si contre-indication : traitement par agoniste du récepteur de TPO (Revolade®) ou rituximab
  • TPI persistant : risque de rechute de 50-80% / traitement mal codifié, par dapsone ou danazol / place du rituximab ou des agonistes de TPO discutée / aucun traitement n'a l'AMM (et pas de place pour la corticothérapie au long cours)
  • Mesures associées après splénectomie (cf. item 272)
  • Rituximab : déplétion lymphocytaire B, donc effectuer les vaccins avant
  • Autres traitements possibles : antibiotique type dapsone (Disulone®) / dérivés hormonaux type danazol (Danatrol®) / immunosuppresseurs type azathioprine (Imurel®) ou cyclophsophamide (Endoxan®)
  • Education du patient : consultation en urgence si fièvre / carte de splénectomisé
  • Vaccinations : grippe / pneumocoque / haemophilus
  • Antibioprophylaxie : oracilline per os pendant 2 à 5 ans

Devant une thrombopénie, argumenter les principales hypothèses diagnostique et justifier les examens complémentaires pertinents

GéNéRALITéS

Définitions

  • Thrombopénie: plaquettes < 150 G/L
  • En pratique, risque hémorragique si < 30 G/L sauf en cas de thrombopathie associée

Réflexe devant toute thrombopénie

éliminer une fausse thrombopénie induite par l’EDTA (anticoagulant du tube)

  • Faire frottis sanguin: éliminer des amas plaquettaires
  • Faire prélèvement de contrôle sur tube citraté (autre anticoagulant)

étiologies

Thombopénies centrales

Thrombopénies acquises

  • Si insuffisance médullaire globale
  • Si atteinte mégacaryocytaire sélective
  • Envahissement : leucémie / lymphome / myélome / métastase
  • Aplasie médullaire ou myélofibrose (BOM) / myélodysplasie
  • Carence en B9 ou B12 (thrombopoïèse inefficace)
  • Médicaments : sulfamides / AINS / thiazidiques / cotrimoxazole
  • Alcool : intoxication éthylique aiguë

Thrombopénies constitutionnelles (rares)

  • Rares / à distinguer des thrombopénies néonatales par sepsis ou allo-immunisation
  • Habituellement modérées / peuvent être diagnostiquées à tout âge
  • Signes en faveur : thrombopénie familiale / altération des fonctions des plaquettes associée / association à un contexte polymalformatif
  • Principaux cadres : amégacaryocytose congénitale / syndrome de Wiskott-Aldrich / maladie de May-Hegglin / maladie de Fanconi / autres maladies dites du groupe de thrombopénies MYH9 / syndrome vélo-cardio-facial (dysmorphie), de DiGeorge

Thrombopénies périphériques

Par destruction plaquettaire (immunologique ++)

Tous caractérisés par la présence d’anticorps anti-plaquettes

Purpuras thrombopéniques d'origine auto-immune

  • Purpura thrombopénique immunologique (PTI)
  • Maladies auto-immunes : lupus (syndrome d’Evans) / SAPL
  • Leucémie lymphoïde chronique (cf item 315)
  • Associée à déficit immunitaire commun variable dans contexte d'hypo-γ-globulinémie primitive + auto-anticorps
  • Diagnostic d'exclusion / devant thrombopénie isolée
  • Myélogramme peu contributif
  • Forme classique : de l'enfant, apparition brutale et évolution favorable/ hémorragies rares/ passage à chronicité possible (adulte)

Toute infection virale : VIH-VHC (chronique ++) / mononucléose.. Chez l'enfant : thrombopénie transitoire après CMV, EBV, parvovirus..

Thrombopénies immuno-allergiques (complexes immuns)

  • Thrombopénie immuno-allergique à l'héparine (TIAH)
  • Thrombopénies par allo-anticorps
  • Anticorps anti-plaquettes, héparine-dépendants, reconnaissant complexe héparine-FP4 / complexes immuns se fixent par fragment Fc des immunoglobulines sur surface des plaquettes › activation plaquettaire (thrombose) ou destruction (hémorragie)
  • Autres : quinine / thiazidiques/ sulfamides/ antiépileptiques/ digoxine / AINS / pénicillines (rôle d'haptène) / IPP..
  • En général traitement introduit 1-2 semaines avant thrombopénie (rarement sur traitement chronique)
  • Thrombopénies post-transfusionnelles (allo-anticorps anti-PLA1)
  • Néonatale : allo-immunisation fœto-maternelle (transmission passive)

Par hyperconsommation plaquettaire (infectieuse ++)

Peut associer thromboses et hémorragies

Coagulation intra-vasculaire disséminée (CIVD)

1ère étiologie à éliminer devant toute thrombopénie

  • Bilan : TCA augmentés – TP diminué / augmentation des D-dimères – baisse du fibrinogène / baisse des facteurs V, VIII
  • Etiologies : infection (sepsis sévère) / cancer (LAM3 ++) / traumatismes sévères / pathologie obstétricale / accident transfusionnel / morsures de serpent (rare)

Thrombopénies infectieuses

Bactériemie à pyogènes (modérée jusqu'à CIVD) / paludisme (voyage)

Micro-angiopathies thrombotiques (MAT)

  • Association avec anémie hémolytique + schizocytes au frottis
  • Syndrome hémolytique urémique (SHU, typique chez l'enfant)
  • Purpura thrombotique thrombocytémique (PTT) = syndrome de Moschowitz
  • HTA maligne / HELLP syndrome…

Par anomalie de répartition (séquestration ++)

  • Souvent associée à neutropénie ± anémie modérées
  • Hypersplénisme : quelle que soit la cause de la splénomégalie (cf item 272)
  • Hypertension portale sur hépatopathie : ± thrombopénie ± augmentation de l'élimination / défaut de production de la TPO
  • + syndrome d'activation macrophagique (hémophagocytose) : phagocytose par les macrophages des cellules hématopoïétiques dans la moelle osseuse

ORIENTATION DIAGNOSTIQUE

EXAMEN CLINIQUE

Interrogatoire

  • Terrain : antécédents hémorragiques (personnels et familiaux) / maladie auto-immune / VIH / hémopathie
  • Prises : médicamenteuse / alcool / antécédent de transfusion
  • Anamnèse : notion de voyage < 3 mois / infection virale récente
  • Signes fonctionnels
  • Circonstances de découverte en l'absence de syndrome hémorragique
  • Syndrome hémorragique : purpura / muqueuses
  • Signes associés : fièvre / AEG / dyspnée..
  • Fortuite
  • Dans circonstances favorisantes : maladies auto-immunes, sepsis, grossesse, traitement par héparine..
  • Rarement : manifestations thrombotiques (SAPL…)

Examen physique

Syndrome hémorragique thrombopénique

  • Purpura de type plaquettaire (plaquettes souvent < 20 G/L)
  • Monomorphe : pétéchial (++) (isolé ou ecchymotique)
  • Diffus : cutané et muqueux / poussée unique
  • Parfois associé à de larges hématomes

Signes négatifs (différent du purpura vasculaire)Non infiltré / non nécrotique / non déclive

Hémorragie des muqueuses

  • Epistaxis / gingivorragies / hématuries..
  • Hémorragies digestives / hémorragies méningées…

Si hématomes non provoqués et confluents, hémorragie continues au point de ponction, hémorragies viscérales : évoquer troubles de la coagulation (type CIVD)

Rechercher des signes de gravité :

Accidents hémorragiques rares (≈ 2%)

  • Présence d'un purpura cutanéo-muqueux extensif, surtout si nécrotique
  • Bulles hémorragiques endobuccales / gingivorragies spontanées importantes
  • Recherche d’autres localisations hémorragiques
  • cérébro-méningée : céphalées intenses et persistantes
  • hémorragies rétiniennes au fond d'œil

Facteurs aggravants

  • Age avancé (> 65ans) / lésions viscérales associées (ulcère gastro-duodénal, anévrisme..)
  • Nécessité ou antécédent de geste chirurgical ou d'exploration invasive
  • Pathologie ou traitement associé : anticoagulant, antiagrégant, HTA…

Score hémorragique

(utilisable dans le PTI de l'adulte) : sévère si score > 8

  • Age : > 65 ans (2) / > 75A ans (5)
  • Saignement cutané : purpura pétéchial localisé (1) / purpura ecchymotique (2) / purpura pétéchial avec localisations multiples (3) / purpura pétéchial généralisé (3) / purpura ecchymotique généralisé (4)
  • Saignement muqueux : épistaxis unilatérale (2) / bilatérale (3) / bulles hémorragiques ou gingivorragies spontanées (5)
  • Saignement gastro-intestinal : Sans anémie (4)/ avec anémie (baisse de > 2g) et/ou choc (15)
  • Saignement urinaire : Hématurie macroscopie sans anémie (4) / avec (10)
  • Saignement du système nerveux central Saignement avec mise en jeu du pronostic vital (15)

Pour orientation étiologique

  • Rechercher fièvre / syndrome infectieux et/ou méningé
  • Adénopathies / hépatomégalie / splénomégalie (hémopathie)
  • Arthralgies, éruption cutanée évoquant une maladie auto-immune

EXAMENS COMPLéMENTAIRES

Pour diagnostic positif

Numération plaquettaire

  • Thrombopénie si plaquettes < 150 G/L
  • > 50 G/L : asymptomatique ++ / 20-50 G/L : pas de signe sauf facteur surajouté (antiplaquettaire, hémopathie, troubles de coagulation…)
  • Signe de gravité si plaquettes < 20 G/L (risque d’hémorragie cérébrale)

éliminer une fausse thrombopénie

  • Frottis : absence d'agrégats plaquettaires sur lame
  • Prélèvement de contrôle sur tube citraté

Pour diagnostic étiologique

En 1ère intention

  • NFS-Réticulocytes
  • TP-TCA : recherche de signes de gravité (CIVD…)
  • Bilan biologique : rechercher les diagnostics urgents
  • Ponction médullaire pour myélogramme
  • Oriente vers une cause centrale (arégénératif) ou périphérique
  • Recherche des cytopénies associées (oriente vers cause centrale)
  • Frottis : anomalies des plaquettes (macro, micro), des leucocytes (granulations toxiques : sepsis / Döhle : myélodysplasie, infections sévères / syndrome mononucléosique : EBV / blastes : leucémie aiguë), des hématies (schziocytes : micro-angiopathie thrombotique, CIVD… / dacryocytes ou hématies en larmes: myélodysplasie, myélofibrose Ire)
  • CIVD : TP + fibrinogène + D-Dimères
  • MAT (SHU ou PTT) : frottis pour schizocytes

Ne doit pas être systématique / si suspicion de thrombopénie centrale surtout ++

  • Systématique si thrombopénie non isolée / en l'absence d'orientation étiologique évidente (pas de CIVD, etc…)
  • Thrombopénie centrale › mégacaryocytes rares ou absents
  • Thrombopénie périphérique › mégacaryocytes nombreux
  • Autres : richesse de la moelle / dysmyélopoïèse / cellules tumorales

Myélogramme jamais contre-indiqué par la thrombopénie / en cas de sternotomie ou d'antécédents d'irradiation thoracique : préférer ponction iliaque / sous anesthésie locale

En 2nde intention

  • Si thrombopénie périphérique
  • Bilan infectieux
  • Bilan hépatiqueEchographie abdominale / bilan hépatique
  • Bilan si suspicion de déficit immunitaire
  • Bilan immunologique
  • Anticorps anti-plaquettes : inutile en pratique
  • Test de Coombs / anticorps anti-PF4 (héparine)
  • Anticorps anti-nucléaires et anticorps anti-DNA natifs (lupus) / anticorps du SAPL
  • Test de Coombs / anti-ENA / anticorps anti-TPO et TRAK
  • ± recherche des anticorps anti GP IIb –IIIa ou GP Ib-IX
  • VIH / VHB-VHC : ± associées au PTI (VIH-VHC)
  • EBV/ CMV / parvovirus B19 / dengue : thrombopénie aiguë, selon contexte
  • Hémocultures si fièvre / breath-test à l'uréase ou recherche d'antigène bactérien dans les selles (H. pylori)
  • EPP / dosage pondéral des immunoglobulines
  • Immunophénotypage des lymphocytes circulants si dosage pondéral normal

Si thrombopénie centrale

  • Biopsie ostéo-médullaire
  • Systématique si moelle osseuse pauvre au myélogramme
  • Recherche d'aplasie médullaire ou de myélofibrose

Plaquettes doivent être > 50G/L avant le geste (faite sous transfusion sinon)

  • Suspicion de thrombopénie constitutionnelle : bilan en milieu spécialisé (volume plaquettaire, corps de Döhle, facteur Willebrand pour maladie de Willebrand de type IIb..)

Pour bilan pré-thérapeutique

  • Bilan pré-transfusionnel
  • Groupe ABO / rhésus / RAI
  • Recherche d’anticorps anti-HLA si possible

Diagnostics différentiels

Purpura de type vasculaire

Polymorphe / non muqueux / infiltré : maculo-papuleux / déclive ± nécrotique

Fausse thrombopénie

Par agrégation plaquettaire à l’EDTA / activation induite par difficultés de prélèvement / prélèvement sur tube inapproprié

A toujours éliminer par frottis + tube citraté : facteur de dilution de 10% dans cette technique (sous-estimation de l'automate par rapport à la valeur réelle)

Cadres diagnostiques particuliers

Nouveau-né

Thrombopénie auto-immune

  • Symptomatologie hémorragique avec thrombopénie sévère (< 20 G/L)
  • Anticorps (anti-HPA1a le + souvent) traversant la barrière placentaire / dure 2-4 semaines / diagnostic : anticorps anti-PLT chez la mère positifs, dirigés contre un antigène paternel

Infections congénitales

(CMV, toxoplasmose), périnatales (E. coli, haemophilus…)

  • Thrombopénie associée parfois très sévère
  • Diagnostic par prélèvements adaptés

Autres causes de thrombopénie modérée, inconstante :

Asphyxie / hypothermie (± CIVD) / insuffisance placentaire (retard de croissance intra-utérin, pré-éclampsie, diabète), mère avec maladie auto-immune (lupus, …) ou prise médicamenteuse

Femme enceinte

Causes multiples :

PTI (au 1e trimestre ++), maladie auto-immune (lupus), infections virales (VIH, CMV, EBV)…

Causes spécifiques à la grossesse :

  • Thrombopénie gestationnelle : 1e cause
  • 5-7% Des grossesses normales
  • Baisse progressive des plaquettes à T2-T3
  • Par hémodilution + consommation / disparait en quelques semaines du post-partum
  • Généralement 90-140 G/L (si < 70G/L : chercher autre étiologie)
  • Pas de risque de thrombopénie fœtale-néonatale / pas de traitement nécessaire
  • Surveillance : recherche d'HTA, d'anticorps anti-DNA, anti-phospholipides

PTI :

2e cause la + fréquenteSurvenue dès le 1e trimestre ou marquée < 50G/L en faveur d'un PTI par rapport à une thrombopénie gestationnelle

HTA et pré-éclampsie

  • Thrombopénie dans 1/3 des cas
  • Après 5e mois de grossesse le + souvent
  • Terrain : primipares < 20 ans ou > 30 ans

HELLP syndrome

(hemolysis, elevated liver enzymes, low platelets)

  • Au T3 : associe anémie hémolytique, thrombopénie, augmentation des transaminases, augmentation des LDH

Stéatose hépatique aiguë gravidique

Contexte de transfusions sanguines

  • Thrombopénie de dilution : en cas de transfusions massives (> 10 CGR)
  • Accident transfusionnel immédiat : simple inefficacité à forme grave avec état de choc ± CIVD
  • Purpura transfusionnel : accident retardé de transfusion (vers +5-7 jours) / peu fréquent, lié à des anticorps anti-plaquettes (anti-HPA1a) apparus lors d'une transfusion ancienne ou grossesse

Thrombopénie constitutionnelle : quand la suspecter ?

  • Thrombopénie familiale : rechercher antécédents de leucémies dans la famille (certaines thrombopénies familiales sont associées à un risque augmenté de leucémie) et récupérer NFS de la famille
  • Ancienneté de la thrombopénie : élément fondamental ++
  • Présence d'anomalies morphologiques du frottis : micro-plaquettes (< 7fl) ou macro-plaquettes (> 11fl) en faveur (même s'il existe une augmentation modérée du volume plaquettaire moyen dans le PTI)
  • Présence de signes extra-hématologiques (surdité, atteinte rénale..), d'anomalies morphologiques (dysmorphie faciale..) ou déficit immunitaire : syndrome MYH9 (macro-plaquettes + cataracte + glomérulopathie + surdité + corps de Döhle dans les polynucléaires neutrophiles)
  • Mauvaise réponse plaquettaire après traitement de 1e ligne du PTI : absence de réponse même transitoire au traitement est en faveur d'une cause constitutionnelle (mais 10-20% des PTI sont véritablement réfractaires au traitement)
  • Discordance entre profondeur de la thrombopénie et importance du syndrome hémorragique : parfois associées à thrombopathies / syndrome hémorragique avec plaquettes > 50G/L doit faire évoquer cette possibilité

Traitement

Prise en charge

Prise en charge ambulatoire si asymptomatique (le plus souvent)

  • Hospitalisation systématique et en urgence si :
  • Thrombopénie périphérique : jamais de transfusion plaquettaire ++ (sauf exceptionnel saignement mettant en jeu le pronostic vital)
  • Conduite à tenir en urgence (avec uniquement la NFS)
  • Traitement étiologique d'un saignement (suture chirurgicale d'ulcère…) à discuter
  • Arrêt de tout médicament (en priorité ceux d'introduction récente)
  • Syndrome hémorragique clinique
  • Et/ou Plaquettes < 20 G/L
  • Thrombopénie profonde + anomalies autres lignées › centrale / transfusion plaquettaire à envisager
  • Signes de consommation (CIVD, micro-angiopathie thrombotique) : urgence hématologique (soins intensifs ou réanimation) / traitement adapté (traitement étiologique d'une CIVD, échanges plasmatiques…)
  • Hypersplénisme : généralement pas de traitement
  • Thrombopénie isolée : possible PTI, pas de transfusion de plaquettes

En cas de thrombopénie CENTRALE importante

Transfusion de concentrés plaquettaires Seuil généralement admis : plaquettes < 20 G/L /Modalités : 1 concentré plaquettaire pour 10kg de poids

Contre-indiquée si thrombopénie périphérique (destruction des plaquettes)

Mesures associées

Mesures associées aux troubles de l’hémostase

  • Pas d’anti-thrombotiques : AINS / aspirine / héparine / anti-vitamines K
  • Gestes à éviter en cas de thrombopénie :
  • < 100 G/L : neurochirurgie majeure / chirurgie ophtalmologique complexe
  • < 80 G/L : rachianesthésie / chirurgie majeure
  • < 50 G/L : chirurgie mineure / ponction et biopsies transcutanées / ponction lombaire (à discuter au cas par cas selon urgence) / activité sportive ou professionnelle à risque de traumatismes / injections intra-musculaires / biopsies percutanées
  • < 30 G/L : anesthésie dentaire régionale / extraction dentaire
  • < 20 G/L : détartrage dentaire

Surveillance

  • Clinique : syndrome hémorragique / toucher rectal / neurologique…
  • Paraclinique : numération plaquettaire quotidienne

Purpura thrombopénique immunologique

PTI de l'enfant

Généralités

  • 1e cause de thrombopénie & 1e maladie auto-immune de l’enfant / pic = 2-5 ans
  • Mécanisme immunologique périphérique : auto-anticorps anti-glycoprotéines des plaquettes › destruction

Diagnostic

Examen clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Terrain : antécedents familiaux auto-immuns / pas de thrombopénie
  • Facteur déclenchant : épisode viral ORL/ vaccination récente…
  • Apparition rapide (24-48h) / diagnostic d'élimination
  • Syndrome hémorragique
  • Examen normal : signes négatifs
  • Evaluation de la gravité (4)
  • Score de Buchanan (sévérité du syndrome hémorragique)
  • Cutané : purpura plaquettaire – pétéchie – ecchymose
  • Muqueux : épistaxis/ gingivorragie/ hématurie/ métrorragies
  • Pas de syndrome tumoral (hépato-splénomégalie, adénopathies…) / absence d'antécédent familial
  • Pas d’HTA / pas de diarrhée ni protéinurie (syndrome hémolytique et urémique)
  • Surface / bulles intra-buccales / purpura du voile du palais
  • Hémorragie viscérale grave: examen neurologique / abdominal / bandelette urinaire
  • 0 : asymptomatique
  • 1 : <100 pétéchies, < 5 ecchymoses
  • 2 : >100 pétéchies, > 5 ecchymoses
  • 3 : saignement muqueux
  • 4 : nécessité d’un geste
  • 5 : saignement intracrânienne ou vital

Examens complémentaires

  • Indispensables
  • Recommandés
  • NFS-réticulocytes : thrombopénie isolée/ pas d'atteinte des autres lignée
  • Frottis : plaquettes normales / pas de schizocytes / pas de blastes
  • Gp-Rh-RAI (bilan pré-transfusionnel)
  • Imagerie cérébrale (si céphalées ou signes neurologiques)
  • Echographie abdominale (si douleurs, anomalie clinique, hématurie)
  • Myélogramme : si doute diagnostique / dès que corticothérapie envisagée (pour exclure hémopathie maligne)
  • Coagulation : TP-TCA / fibrinogène / D-dimères (éliminer CIVD)
  • Haptoglobine / bilirubine / test de Coombs (si hémolyse)
  • BU et créatininémie (syndrome hémolytique et urémique)
  • Sérologie VIH si facteurs de risque
  • Facteurs antinucléaires (surtout si > 8ans) / fond d'œil (si céphalées)
  • Possible d'y surseoir si clinicien senior + cytologiste confirment normalité clinique + NFS / décision notée dans dossier médical
  • Non contre-indiquée par la thrombopénie / antalgiques + prémédication
  • Aspect : moelle riche / mégacarycoytes en quantité normale ou augmentée / absence de blastes

Non indiqués

Anticorps anti-plaquettes inutiles si typique / anticorps anti-ADN

Diagnostics différentiels

Ceux d’un purpura chez l’enfant +++ Purpura fulminans / leucémie aiguë, CIVD / purpura rhumatoïde…

évolution

Forme aiguë dans 90% des cas: guérison spontanée en quelques jours à mois (< 6 mois) / forme chronique : > 6 mois dans 10%, avec risque de rechutes ++

Mortalité < 1% : par hémorragie cérébrale ou méningée

Traitement

Traitement médicamenteux du PTI aigu

Indications

  • Abstention thérapeutique si pas de signes de gravité (score 0-2) et plaquettes > 10 G/L
  • Traitement si signes de gravité (Buchanan ≥ 3: muqueuses) et/ou plaquettes < 10 G/L

Modalités

  • Corticothérapie : PO ou bolus IV selon gravité
  • Immunoglobulines : perfusion d'Ig polyclonales en IVL

Si sévérité (Buchanan > 3) :

  • Perfusion IV d'Ig polyvalentes + corticoïdes IV / sévérité modérée : corticoïdes PO ou Ig IV

Transfusion de plaquettes

Uniquement si hémorragie neurologique sévère, intra-abdominale, extériorisée abondante ou urgence chirurgicale à risque / à éviter ++ sinon

Transfusion de CGR

Si anémie mal tolérée et/ou hémorragie sévère

Traitement médicamenteux du PTI chronique

Prise en charge spécialisée par immuno-pédiatre

Mesures associées

  • Contre-indiqués : gestes invasifs / intra-musculaires / aspirine-AINS (± vaccins = contre-indication temporaire)
  • éducation des parents : signes de gravité hémorragique 
  • Hygiène dentaire avec brosses souples / prévention des chutes du lit / pas de contre-indication au sport sauf syndrome hémorragique clinique / projet d'accueil individualisé pour l'école / éviter prise de température intra-rectale

Surveillance +++

  • Clinique : recherche de syndrome hémorragique
  • NFS de contrôle 1x / 3-6 mois pour affirmer guérison = numération normale pendant 1 an
  • Si persistance du syndrome hémorragique : dosage des plaquettes à J2 puis à J21 du diagnostic de PTI aigu / + contrôle des plaquettes lors des situations à risque (gestes, chirurgie, voyage…)

Chez l'adulte

Généralités

Définition : maladie auto-immune, caractérisée par thrombopénie isolée < 100 G/L

Maladie "rare" (incidence : 2-6,6/100000), augmente après 60A / F > H (sauf après 60 ans : ratio s'inverse) / maladie bénigne mais altérant la qualité de vie

  • 2% d'hémorragies graves mais en pratique quasi-toujours précédée d'hémorragies cutanéo-muqueuses = signe d'alerte (ecchymoses, pétéchies, bulles intra-buccales..)
  • Physiopathologie : associe destruction périphérique des plaquettes + production médullaire inadaptée
  • Phases de la maladie
  • PTI nouvellement diagnostiqué : < 3 mois
  • PTI persistant : 3-12 mois / PTI chronique : > 12 mois
  • PTI sévère : manifestations hémorragiques au diagnostic nécessitant un traitement ou nouvelles manifestations hémorragiques en cours d'évolution nécessitant un traitement supplémentaire ou à + forte dose
  • PTI réfractaire : absence de réponse ou rechute après splénectomie avec PTI sévère ou risque de saignement nécessitant un traitement

Etiologies

  • Primaire
  • Sur infection VIH : à tout stade / parfois révélateur
  • Sur infection VHC : très rare / thrombopénie le + souvent liée à hypersplénisme (fibrose ou cirrhose) dans ce cadre
  • Maladies auto-immunes : lupus (± associé à anémie hémolytique auto-immune = syndrome d'Evans) / SAPL / Gougerot-Sjögren
  • Hémopathie lymphoïde : leucémie lymphoïde chronique / lymphome non hodgkinien ± hypogammaglobulinémie / rarement : syndrome lymphoprolifératif auto-immun (ALPS)
  • Toxique médicamenteux+ thrombopénies par allo-anticorps (purpura post-transfusionnel, thrombopénie fœtale par allo-immunisation fœto-maternelle) : exceptionnelles

Diagnostic positif

Poser le diagnostic de PTI nécessite d'éliminer : thrombopénie centrale (syndrome myélodysplasique ++) / séquestration splénique / consommation (CIVD, micro-angiopathie thrombotique)

Aucun examen ne permet de confirmer le diagnostic ++

Examens systématiques devant un PTI (protocole PNDS)

  • NFS / frottis / EPP (ou dosage pondéral des immunoglobulines)
  • Sérologies VIH-VHC + VHB (pour prévention de réactivation sous corticoïdes ou Rituximab) / groupage-RAI (pour formes sévères)
  • Bilan hépatique complet / anticorps antinucléaires
  • TSH et anticorps anti-thyroïde / TP-TCA-fibrinogène / créatinine
  • A discuter : myélogramme (± caryotype) / recherche anticoagulant circulant / anticorps anti-cardiolipines / recherche infection H. pylori / échographie abdominale (si splénectomie envisagée ++) / immunophénotypage des lymphocytes circulants / immunoélectrophorèse des protéines plasmatiques / durée de vie isotopique des plaquettes / anticorps anti-plaquettes par MAIPA
  • Examens inutiles : temps de saignement / complément / dosage de la TPO

Recherche des auto-Ac

  • Cible : complexes glycoprotéiques GPIIb/IIIa et GPIb/IX le + souvent
  • Mis en évidence par test MAIPA (≈ test de Coombs pour les hématies)
  • Autre test : épreuve isotopique utilisant des plaquettes autologues marquées
  • Recherche présence d'auto-anticorps à la surface des plaquettes du malade (MAIPA direct) ou sérum (MAIPA indirect) / peu disponible : donc peu réalisé en pratique
  • Dans PTI : destruction des plaquettes rapide (< 24h) alors que la durée de vie normale est de 7 jours
  • Evalue la production médullaire / couplage à imagerie scintigraphique permet de confirmer le site d'hyper-destruction (rate ++)

L'absence d'auto-anticorps n'élimine pas le PTI / leur présence n'affirme pas le PTI ++

Myélogramme

Indications :

  • Age > 60 ans (pour éliminer syndrome myélodysplasique ++)
  • Présence d'une organomégalie (splénomégalie, adénopathies)
  • Anomalie sur autre lignée de NFS (même si discrète : macrocytose, leucopénie) / patient réfractaire au traitement de 1e ligne ++
  • ± avant splénectomie ou traitement par rituximab

Diagnostic d'élimination / permet d'éliminer une thrombopénie centrale

Traitement

Traitement de 1e ligne

  • Si plaquettes > 30 G/L : aucun traitement nécessaire, sauf :
  • Si plaquettes < 30G/L ou autre cas : corticothérapie par voie orale (1 mg/kg/j) pendant 2-3 semaines en 1e ligne
  • Traitement antiagrégant-anticoagulant
  • Chez sujet âgé (surtout si comorbidités)
  • Lésion susceptible de saigner / en cas de signes hémorragiques
  • Si syndrome hémorragique sévère (score hémorragique > 8) : immunoglobulines IV 0,8-1 g/kg pouvant être répétée une fois dans les 3 jours selon sévérité et évolution associée aux corticoïdes

Jamais de transfusion plaquettaire (sauf mise en jeu pronostic vital)

Traitement de 2e ligne / PTI chronique

  • Indication : PTI persistant (3-12 mois) ou chronique (> 12 mois) et plaquettes < 30 G/L (ou saignements, risque hémorragique) et inefficacité de l'utilisation séquentielle de corticoïdes ou d'immunoglobulines
  • Objectif : plaquettes > 30 (voire 50 G/L) selon le terrain, les traitements associées, la prévision d'un traitement chirurgical…
  • Modalités : splénectomie = traitement de référence des formes chroniques (succès : 60-70% des cas) / si contre-indication : traitement par agoniste du récepteur de TPO (Revolade®) ou rituximab
  • TPI persistant : risque de rechute de 50-80% / traitement mal codifié, par dapsone ou danazol / place du rituximab ou des agonistes de TPO discutée / aucun traitement n'a l'AMM (et pas de place pour la corticothérapie au long cours)
  • Mesures associées après splénectomie (cf. item 272)
  • Rituximab : déplétion lymphocytaire B, donc effectuer les vaccins avant
  • Autres traitements possibles : antibiotique type dapsone (Disulone®) / dérivés hormonaux type danazol (Danatrol®) / immunosuppresseurs type azathioprine (Imurel®) ou cyclophsophamide (Endoxan®)
  • Education du patient : consultation en urgence si fièvre / carte de splénectomisé
  • Vaccinations : grippe / pneumocoque / haemophilus
  • Antibioprophylaxie : oracilline per os pendant 2 à 5 ans