- Hépato-Gastro-Entérologie
- UE 8
- Item 268
Important
Reflux gastro-oesophagien chez le nourrisson, chez l'enfant et chez l'adulte. Hernie hiatale
- Diagnostiquer un reflux gastro-œsophagien et une hernie hiatale aux différents âges
- Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
REFLUX GASTRO-OESOPHAGIEN CHEZ L’ADULTE
Généralités
Définition
- Le reflux gastro-œsophagien correspond au passage d'une partie du contenu gastrique dans l'œsophage hors vomissement
- Très fréquent: 10% de la population générale avec des symptômes au moins 1 fois par semaine / seule une minorité de patients consulte
Il existe un petit reflux physiologique, le reflux est pathologique seulement s'il est symptomatique
- Principal facteur physiopathologique : défaillance du sphincter inférieur de l'œsophage
Facteurs de risque
Facteurs favorisants
- Age: l'incidence augmente avec l’âge
- Baisse de perméabilité de la barrière oeso-gastrique :
- Augmentation de pression intra-abdominale: obésité / grossesse / constipation / gastroparésie
- Défaut de compensation du reflux physiologique: hyposialorrhée/ trouble moteur œsophagien / ralentissement de la vidange gastrique
- Hernie hiatale par glissement (Mais ni nécessaire ni suffisante pour entraîner un reflux)
- Hypotonie du sphincter inférieur de l'œsophage : aggravée par les médicaments / alimentation (cf infra)
- Asthme: association fréquente +++ (et le reflux aggrave l’asthme)
Facteurs aggravants (par hypotonie du sphincter inférieur de l'œsophage)
- Médicaments: AINS / aspirine / morphine / oestroprogestatifs / théophylline…
- Tabac et aliments: café / graisses / chocolat…
Diagnostic
EXAMEN CLINIQUE
Interrogatoire
- Terrain: facteurs favorisants: hernie hiatale, asthme, obésité…
- Prises: prise médicamenteuse +++ / alimentation / alcool
- Anamnèse: ancienneté / profil évolutif / facteurs déclenchant
Positif : signes fonctionnels de reflux gastro-œsophagien
Suffisent au diagnostic si tableau typique chez le moins de 50 ans (= pas de fibroscopie digestive nécessaire)
- Signes positifs typiques
- Circonstances de survenue
- Signes digestifs moins typiques : éructations, nausées, épigastralgie, dyspepsie
- Pyrosis: brûlure rétro-sternale ascendante, à départ épigastrique
- Régurgitations acides: remontées de liquide gastrique au pharynx
- Syndrome postural: au décubitus (nuit) / à l'antéflexion
- Post-prandial: aggrave les signes fonctionnels
Gravité : signes évoquant un reflux gastro-œsophagien compliqué
- Imposent la réalisation d’une fibroscopie digestive ++
- « Signes d’alarme »
- Dysphagie / odynophagie
- Amaigrissement / Altération de l'état général / adénopathie de Troisier
- Hémorragie digestive
- Anémie
Signes atypiques = EXTRA-DIGESTIFS
- Imposent une fibroscopie digestive puis une pH-métrie si la fibroscopie est normale
- Signes ORL: laryngites à répétition / otalgie réflexe (à droite surtout) / enrouement / hoquet / gingivites ou caries à répétition / dysesthésies bucco-pharyngées / troubles du sommeil
- Respiratoires: bronchites / pneumopathie récidivante / asthme / toux chronique
- Cardiaques: douleur pseudo-angineuse
- Souvent associées aux symptômes digestifs mais parfois isolés
Diagnostic différentiel : syndrome de rumination
- Régurgitation dans la bouche d'aliments récemment ingérés
- Pas de brûlure rétrosternale / pas de nausées / arrêt lorsque le bolus devient acide
EXAMENS COMPLEMENTAIRES
Pour diagnostic positif
- Si tableau non compliqué typique = AUCUN examen
- pH-métrie œsophagienne des 24h
- Impédancemétrie œsophagienne
- Le diagnostic d’un reflux gastro-œsophagien non compliqué est clinique
- patient de moins de 50ans et signes fonctionnels typiques : aucun examen
- patient de plus de 50ans: faire une endoscopie digestive car risque de complications
- Indications = limitées +++
- Modalités
- Critères diagnostiques
- Signes cliniques atypiques avec endoscopie digestive normale
- Reflux atypique résistant au traitement médical/ en préopératoire si l'endoscopie digestive est normale
- Examen le + sensible pour un reflux pathologique
- L'examen permet de quantifier l'acidité / le patient signale repas + épisodes cliniques à l'aide d'un marqueur d'évènements
- Examen ambulatoire / sur 24 heures / après arrêt des inhibiteurs de la pompe à protons depuis au moins 7 jours
- pH inférieur à 4 pendant au moins 5% du temps total dans le bas œsophage
- ou 3 épisodes à pH < 4 pendant au moins 5 minutes
- Seul examen permettant le diagnostic de reflux gastro-œsophagien peu ou non acide
- Indication : en cas de reflux persistant sous traitement antisécrétoire essentiellement
Pour rechercher des complications
Endoscopie oeso-gastroduodénale
- Indications
- Objectifs
- âge > 50ans: même si reflux typique (car l'âge est un fatceur de risque de complication)
- signes d’alarme ou atypiques : car évoquent un reflux compliqué
- Echec du traitement d'un reflux gastro-œsophagien typique reflux gastro-œsophagien évoluant depuis plus de 5 ans jamais exploré
- Recherche d'œsophagite peptique ± d'endobrachyoesophage
- Biopsies systématiques si sténose / aspect d'endobrachyoesophage / suspicion de tumeur
- La fibroscopie est normale hors complication: n'élimine pas le diagnostic
NFS : recherche d'anémie microcytaire ferriprive par hémorragie digestive
Si indication: bilan pré-chirurgical
- pH-métrie des 24h: si endoscopie digestive normale pour certitude diagnostique
- Transit oeso-gastroduodénal : seulement si sténose infranchissable à l'endoscopie digestive (peptique ou hernie hiatale)
- Manométrie: recherche hypotonie du sphincter inférieur de l'œsophage / troubles œsophagiens moteurs (facteurs aggravants de reflux)
- Bilan standard: hémostase / consultation d'anesthésie…
Évolution
évolution naturelle
- Chronique / paroxystique: avec des poussées ± longues / en général sensible au traitement (avec rémission durable possible) / il existe + de rechutes et + de complications chez les patients présentant une œsophagite sévère
- Bénigne: le reflux reste bénin (non compliqué) dans la grande majorité des cas
Complications (6)
OESOPHAGITE PEPTIQUE
- Définition : inflammation de la muqueuse œsophagienne par acidité gastrique
- Clinique : dysphagie / odynophagie (donc faire une endoscopie digestive si signes d’alarme +++)
Aucun parallélisme entre la sévérité des symptômes et l'intensité des lésions
- Paraclinique = vu à l'endoscopie
- Classification de Savary-Miller précise le grade de sévérité de l’œsophagite
- Aspect macroscopique: érosions / rechercher d'ulcérations ± de sténose
- ± biopsies: seulement si: aspect d'endobrachyoesophage (recherche de dysplasies) / patient immunodpérimé
non sévère | grade 1 | Erosions unique ou multiples / non confluentes |
grade 2 | Erosions multiples confluentes/non circonférentielles | |
sévère | grade 3 | Erosions multiples confluentes et circonférentielles |
grade 4 | Œsophagite peptique ulcérée ou sténosante ou endobrachyoesophage |
STENOSE PEPTIQUE
- Définition: diminution du calibre du bas œsophage secondaire au reflux acide
- Clinique: dysphagie ++
- Paraclinique = à l'endoscopie digestive
- Aspect macroscopique : sténose du bas œsophage centrée & régulière
- Biopsies : pour éliminer un cancer même si d'aspect bénin
ENDOBRACHYOESOPHAGE (EBO) = "Muqueuse de Barrett"
- Définition: métaplasie intestinale : remplacement de l’épithélium malpighien œsophagien par de l’épithélium intestinal glandulaire : est un état précancéreux
- Examen complémentaire = à l'endoscopie digestive
- Complications de à l'endobrachyœsophage
- Aspect macroscopique: épithélium orangé (normalement = gris-rose)
- Biopsies: nombreuses/ étagées/ dépistage de foyers carcinomateux / diagnostic histologique parfois difficile, ± aide par des marquages immuno-histochimiques (p53, Ki67 : montre les cellules en cycle) / si diagnostic de dysplasie incertain : on parle de "indéfini pour dysplasie" / si la dysplasie est de haut grade, il faut confirmer diagnostic par 2e lecture si possible
- Ulcérations = ulcère de Barrett ± hémorragies digestives ou sténose peptique
- Transformation maligne ++ : dysplasies › risque d'adénocarcinome de l’œsophage (risque relatif très augmenté)
HEMORRAGIES DIGESTIVES
- Par ulcérations / le plus souvent sur endobrachyœsophage ± sur prise d'AINS
- Rarement massives / plutôt sous forme d'hémorragies digestives occultes, cause d'anémie microcytaire par carence martiale
CANCER DE L’ŒSOPHAGE
Adénocarcinome du 1/3 inférieur de l’œsophage post- endobrachyœsophage (augmentation du risque relatif : x30-40)
COMPLICATIONS EXTRA-DIGESTIVES
- Signes clinique atypiques: ORL / respiratoires (toux) / cardiaques (cf supra)
- Implication du reflux gastro-œsophagien dans ces symptômes probable uniquement si : pH-métrie positive + test thérapeutique (avec traitement par inhibiteurs de la pompe à protons) efficace
Traitement
Prise en charge
- En ambulatoire / suivi au long cours
- Objectifs : soulager les symptômes/ améliorer la qualité de vie/ obtenir la cicatrisation des lésions en cas d'œsophagite / prévenir les récidives sévères
Education du patient et MESURES HYGIENO-DIETETIQUES
- Mesures posturales
- Mesures alimentaires et tabac
- Remarque : leur niveau de preuve est très faible dans l'efficacité contre le reflux
- Surélévation de la tête du lit à 45°
- Eviter décubitus postprandial immédiat (si sieste: attendre au moins 3h)
- Eviter surpression abdominale: pantalon serré / flexion du tronc...
- Arrêt du tabac et de l'alcool
- Perte de poids si surpoids / obésité
- Eviter les aliments favorisant le reflux
Traitement médicamenteux
Antiacides (symptomatiques)
- Indications
- Prescription SYSTEMATIQUE/ en automédication / prise à la demande
Intervalle d'au moins 2 heures avant la prise d’un autre médicament (diminue l'absorption des autres substances)
- Efficacité modérée sur les symptômes / pas d'effet sur la cicatrisation des lésions
- Antiacides d’action locale (tampons) : neutralisation du contenu acide
- Alginates (pansement gastrique) : protection de la muqueuse œsophagienne
- Remarque : pas d'intérêt des prokinétiques dans le reflux gastro-œsophagien
- Hydroxydes d’aluminium ou de magnésium = effet tampon sur l'acidité gastrique
- Ex: Maalox® après repas ± répéter si symptomatique (jusqu’a 6 fois par jour)
- Pansement digestif = forme une pellicule de gel sur liquide gastrique
- Ex: Gaviscon®: 1 sachet après chaque repas ± au coucher
Anti-sécrétoires gastriques
Molécules = 2 possibilités
- Antihistaminiques de tyoe anti H2 (anti-H2)
- Ex: ranitidine (Azantac®) / cimétidine (Tagamet®)
- A "pleine dose" = ranitidine 75-225mg/jour/ efficacité très inférieure aux inhibiteurs de la pompe à protons si œsophagite
- Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP)
- Blocage du transport gastrique d'H+ par l'ATPase
- Ex: oméprazole (Mopral®) / ésoméprazole (Inexium®)
- « pleine dose » = oméprazole 20mg/j / ésoméprazole 40mg/j
- A prendre à jeun avant le petit déjeuner ou 60 minutes avant repas
Prescription initiale = traitement d’attaque (de cicatrisation)
si pas d'endoscopie faite | |
Symptômes moins d'une fois par semaine | Symptômes plus d'une fois par semaine |
anti-H2 1-3 fois par jour | IPP à ½ dose (sauf oméprazole: à pleine dose) |
à la demande | Sur 4 semaines |
si endoscopie réalisée | ||
normale | œsophagite non sévère (grades 1/2) | œsophagite sévère (grades 3/4) |
IPP à ½ dose (sauf oméprazole: à pleine dose) | IPP à pleine dose | |
Sur 4 semaines / pas d'endoscopie de contrôle | Sur 8 semaines / endoscopie de contrôle |
- Si traitement initial non efficace
- si œsophagite non sévère: on refait un traitement par inhibiteurs de la pompe à protons pleine dose (sur 4 semaines) puis endoscopie digestive de contrôle
- si œsophagite sévère: inhibiteurs de la pompe à protons à double dose (sur 4 semaines) puis endoscopie digestive de contrôle
Prévention des récidives = traitement d’entretien
- Si absence d’œsophagite
- Si présence d’œsophagite
- Effets secondaires des inhibiteurs de la pompe à protons au long cours : syndrome confusionnel / néphropathie interstitielle chronique / achlorhydrie (augmente le risque de pneumopathies)
- en 1e intention: essai de traitement par inhibiteurs de la pompe à protons à la demande seulement
- si rechutes fréquentes: inhibiteurs de la pompe à protons au long cours à dose minimale efficace (1/2)
- non sévère: inhibiteurs de la pompe à protons à dose minimale efficace seulement en cas de rechutes fréquentes
- sévère: inhibiteurs de la pompe à protons à dose minimale efficace systématique au long cours
Traitement chirurgical
- But : reconstituer une barrière anti-reflux/ 3 temps : réduction d'une éventuelle hernie hiatale / rapprochement des piliers du diaphragme / confection d'une valve anti-reflux
- Indication: à discuter dès que le traitement d’entretien est nécessaire (par inhibiteurs de la pompe à protons au long cours) / symptômes toujours gênants malgré un traitement médical bien conduit / persistance d'un reflux anormal sous traitement documentée
- Contre-indications : troubles moteurs œsophagiens / comorbidités cardiovasculaires, âge (selon la balance bénéfice/risques)
- Bilan préopératoire: endoscopie digestive + manométrie + bilan standard
- Modalités: FUNDOPLICATURE (de Nissen ou de Toupet) / voie cœlioscopique
- Complications
- Morbidité : 5% des cas (infection de paroi, éventration, perforation œsophagienne...)
- Dysphagie : 25-50% en phase précoce, 1-3% de persistance de plus de 6 semaines
- Impossibilité d'éructer : "gasbloat syndrome"
- Meilleurs résultats chez des patients bon répondeurs au traitement médical / les moins bons résultats s'observent chez les patients résistants au traitement médical (car souvent les symptômes ne sont en fait pas liés au reflux)
Traitement des complications
Manifestations extra-digestives
- Pas de recommandation pour des IPP (pas de preuve)
- Selon certains: inhibiteurs de la pompe à protons à double dose pendant au moins 3 mois si toux
Œsophagite avec sténose peptique
- Inhibiteurs de la pompe à protons à pleine dose (oméprazole 20mg/jour) pendant 8 semaines
- Dilatation endoscopique au ballonnet (plusieurs séances nécessaires)
Endobrachyœsophage ulcéré (muqueuse de Barrett)
- Traitement habituel par inhibiteurs de la pompe à protons au long cours/ surveillance ++ (le traitement ne modifie pas le rythme de surveillance)
- Uniquement si endobrachyoesophage symptomatique ou associé à une œsophagite : sinon pas de traitement nécessaire
Adénocarcinome épidermoïde: prise en charge du cancer (cf. item 302)
Surveillance
Si reflux non compliqué ou œsophagite de grade I/II (peu sévère)
Pas d'endoscopie digestive de contrôle à la 4e semaine
Si œsophagite de grade III/IV (donc sévère avec lésions circonférentielles)
Endoscopie digestive de contrôle à la 8e semaine (fin du traitement) SYSTEMATIQUE pour vérifier la cicatrisation des lésions muqueuses
Si endobrachyœsophage: surveillance rapprochée par endoscopie + biopsies
- Si pas de dysplasie: endoscopie 1x tous les 2 ans si taille de plus de 6cm / 1 fois tous les 3 ans si taille de 3-6 cm / 1 fois tous les 5 ans si moins de 3 cm
- Si dysplasie douteuse: endoscopie de contrôle après 2 mois de traitement inhibiteurs de la pompe à protons double dose
- Si dysplasie de bas grade: endoscopie digestive 1 fois tous les 6 mois pendant 1 an puis 1x/an
- Si dysplasie de haut grade ou adénocarcinome: nouvelle endoscopie digestive 1-à 2 mois après le traitement par inhibiteurs de la pompe à protons double dose puis biopsie des 4 quadrants tous les cm + schéma, recherche d'adénocarcinome
- Remarque : quand on réalise l'endoscopie digestive avec des biopsies pour un endobrachyœsophage de moins < 3 cm) : on fait 2 à 4 biopsies par cm d'endobrachyœsophage / s'il fait plus de 3 cm : on fait des biopsies des 4 quadrants tous les 2 cm
Reflux gastro-œsophagien résistant aux inhibiteurs de la pompe à protons
- Discuter un reflux gastro-œsophagien non acide ou une erreur diagnostique
- Documenter la persistance du reflux acide (10%) ou non acide (30-40%) : par pH-impédancemétrie sous traitement idéalement
- Si un reflux persistant est documenté, la dose d'inhibiteurs de la pompe à protons peut être augmentée ou associée à des anti-acides
- Possibilité d'utiliser du baclofène (agit sur les relaxations transitoires du sphincter inférieur de l'œsophage) à proposer mais souvent mal toléré
- Envisager traitement chirurgical si le reflux persiste ++
REFLUX CHEZ LE NOURISSON ET CHEZ L'ENFANT
Généralités
En grande majorité de "reflux simple" = physiologique, régurgitations banales
Résolution spontanée au cours de la 1ère année dans 80% des cas
Épidémiologie
- Reflux gastro-œsophagien physiologique : concerne 85% des nouveau-nés / 65% des enfants à 4-5 mois / ¼ des enfants à 6-7 mois / moins de 5-10% des enfants à l'âge 1 an
- Reflux gastro-œsophagien pathologique : + rare / pas de diminution des symptômes avec l’âge
Physiopathologie
Les régurgitations sont liées aux quantités de liquides ingérées + l'incompétence fonctionnelle du dispositif anti-reflux (+ position souvent allongée, hyperpression abdominale si port de couches..) / la correction se fait généralement spontanément avant l’âge de 1 an par maturation du sphincter inférieure de l'œsophage, l'introduction des aliments solides, l'acquisition de la position verticale
Terrains à risque de reflux pathologique : encéphalopathies / suites d’interventions pour atrésie de l’œsophage / sténose du pylore / hernie diaphragmatique congénitale
Mécanismes
- Relaxations inappropriées, transitoires du sphincter inférieur de l'œsophage avec épisodes de relaxation de plus de 5 secondes
- Hypotonie ± persistante du sphincter inférieur de l'œsophage
- Autres facteurs :
- Inadéquation faible volume gastrique avec les quantités de lait absorbées (> 120 mL/kg/jour autour de la naissance) / retard à vidange gastrique / augmentation de la pression intra-œsophagienne
- Anomalie anatomique (hernie hiatale, malposition cardio-tubérositaire)
- Toxiques, médicaments (théophylline), distension thoracique, effort respiratoire (asthme) / hyperpression abdominale (couches trop serrées)
- Position allongée / anomalie du péristaltisme œsophagien
- Pression différentielle abdomino-thoracique (pression intra-thoracique positive et pression intra-abdominale négative favorisent la remontée gastrique)
Aggravé par : hypersécrétion acide (mucoviscidose, syndrome du grêle court) / œsophagite peptique (par baisse de la clairance œsophagienne, baisse de la résistance de la muqueuse œsophagienne)
Les complications dépendent de : abondance du reflux, pH, niveau atteint dans l’œsophage, protection des voies aériennes, capacité de réparation de la muqueuse, maturation neurologique
Diagnostic
Formes cliniques
Reflux gastro-œsophagien simple +++
- Régurgitations de lait: non bilieux / non sanglants / non douloureux / sans effort / spontanées ou parfois accompagnées d’éructations ou ± de vomissements (mais absence de contraction musculaire ou abdominale dans les régurgitations ce qui diffère des vomissements)
- En général survient en postprandial immédiat ou en perprandial/ aux changements de position
- Isolé : pas de signes extra-digestifs / pas de retentissement +++
- Douleurs post-prandiales : pleurs après biberon chez le nourrisson / épigastralgie chez l'enfant (pyrosis, brûlures) ± attitude en hyper-extension du rachis
- Chez l’enfant : régurgitations rares / évoquer un diagnostic différentiel (mérycisme, achalasie) / sinon forme proche de l’adulte avec pyrosis / parfois vomissements chroniques / on ne retrouve pas forcément d'antécédent de reflux gastro-œsophagien de quand il était nourrisson
Et toujours éliminer une suralimentation (avant l’âge de 6 mois)
Reflux gastro-œsophagien compliqué: signes de gravité (5)
ŒSOPHAGITE PEPTIQUE
- Régurgitations douloureuses / hématémèse (exceptionnelle)
- Retard staturo-pondéral (possible mais non typique) / stagnation du poids
- Refus des biberons avec pleurs per-prandiaux ou au cours du sommeil
- Complications : anémie ferriprive / sténose œsophagienne / endobrachyœsophage
- Remarque : autres causes d'œsophagite
- Remarque : les pleurs fréquents ++ entre 2 et 4 mois, et sont rarement liés à un reflux gastro-œsophagien acide
- Œsophagite à éosinophiles / maladie de Crohn
- Infections à Candida, herpès virus, cytomégalovirus
- Maladie du greffon contre l'hôte / lésions post-sclérose ou ligature des varices œsophagiennes / caustique / lymphome
- Médicamenteuse / post-radique / maladies auto-immunes / épidermolyse bulleuse / syndrome de Stevens-Johnson
Formes extra-digestives
- INFECTIONS ORL: laryngite / otites / rhinopharyngites à répétition / apnées / dysphonie ± érosions dentaires
- Respiratoire: bronchospasme et pneumopathie interstitielle chronique par inhalation de particules répétée
- MALAISES du nourrisson : reflux gastro-œsophagien = diagnostic d’élimination
- Douleur cervicale (pharyngée), contracture réflexe (avec torticolis: constitue le syndrome de Sandifer)
- Remarque : le reflux gastro-œsophagien est rarement impliqué dans ces symptômes non digestifs / savoir l’évoquer mais en 2e intention
- Toux (nocturne) / bronchites-pneumopathies à répétition / ASTHME non allergique mal contrôlé
- A distinguer d'une forme de reflux gastro-œsophagien secondaire à une maladie respiratoire par distension thoracique et aplatissement des coupoles diaphragmatiques
- Malaise après un biberon par exemple
- Peut être le facteur déclenchant du malaise
Avant 3 ans: évoquer une sténose hypertrophique du pylore devant des vomissements
Selon le terrain
- Enfant opéré d'une atrésie de l'œsophage : compliquée par une œsophagite avec sténose de l'anastomose, trachéomalacie ou manifestations pulmonaires-laryngées
- Encéphalopathes : reflux gastro-œsophagien souvent méconnu, révélé par hémorragie digestive
- Mucoviscidose : le reflux gastro-œsophagien peut aggraver les lésions pulmonaires ± entraîne des douleurs, une absence de prise de poids
Examens complémentaires
En cas de reflux gastro-œsophagien simple isolé = AUCUN examen ++
En cas de reflux gastro-œsophagien compliqué = indications précises
- Endoscopie digestive: seulement en cas de signe évocateur d’œsophagite (hématémèse ++, dysphagie, pleurs incessants, pyrosis)
- pH-métrie des 24 heures: en cas de reflux atypique non extériorisé, avec des symptômes atypiques (malaise, ORL, respiratoire) / sensibilité-spécificités supérieures à 95% pour poser le diagnostic
- Recherche de complications : si présentes, affirme le reflux gastro-œsophagien
- Reflux gastro-œsophagien authentifié si pH < 4 sur au moins 5% du temps (plus de 10% du temps : évoque un reflux pathologique ++)
- Enregistrement sur 20-24h à domicile, noter les évènements (repas, coucher..)
Vérifier la position de la sonde / il n'y a pas de corrélation entre la quantité du reflux et la clinique
- Transit oeso-gastroduodénal: en cas de reflux résistant au traitement en 2e intention (rarement) ou en cas d'indication chirurgicale
- Visualise une éventuelle anomalie anatomique (malrotation intestinale, hernie hiatale par glissement)
- Irradiant / peu sensible (< 50%) / permet analyse de la vidange gastrique
- Manométrie: en cas de reflux gastro-œsophagien sévère résistant au traitement (exceptionnel), de suspicion de troubles moteurs
- Scintigraphie œsophagienne : visualise la vidange gastrique, d'éventuelles inhalations pulmonaires
- Echographie œsophagienne : non indiquée dans le reflux gastro-œsophagien
- Impédancemétrie : explore les reflux acides et non acides (car 50% de reflux gastro-œsophagien non acides / parfois forme compliquées même si non acide)
- Visualise une éventuelle anomalie fonctionnelle (motricité…)
- Apprécie l'anatomie œsophage intra-abdominal + reflux / indiqué en cas de suspicion de sténose hypertrophique du pylore
Stratégie diagnostique
- En cas de malaise du nourrisson: pH-métrie pour affirmer le diagnostic ± enregistrement cardio-respiratoire pour la corrélation des symptômes / transit oeso-gastroduodénal pour éliminer d'autres diagnostics (+ bilan de malaise : électroencéphalogramme, ECG, radiographie thoracique, bilan biologique avec lactates, glycémie…)
- Signes ORL & respiratoires : pHmétrie de longue durée ++ (analyse de la période nocturne ++) / bilan allergologique (tests cutanés ± dosage d'IgE spécifiques), pneumologiques (radiographie thoracique, explorations fonctionnelles respiratoires), immunologiques (dosage des immunoglobulines, typage des lymphocytes), ORL (naso-fibroscopie) › la responsabilité du reflux gastro-œsophagien est jugée en fonction des résultats
- Signes d'œsophagite : faire une endoscopie digestive ++ (d'autant + si enfant à risque : encéphalopathe..)
- Echec du traitement médical : un bilan complet est nécessaire avec pH-métrie, endoscopie digestive, transit oeso-gastroduodénal ± manométrie pour discuter un traitement chirurgical
Traitement
Reflux gastro-œsophagien non compliqué
Objectifs de la prise en charge
Réduire symptomatologie / éviter la survenue de complications
Information et éducation des parents
- Rassurer : très fréquent / bénin / transitoire
- Signes d’œsophagite : hématémèse / refus des biberons
Mesures hygiéno-diététiques: en 1ère intention (4) +++
- Epaissir le lait (lait pré-épaissis ou épaississant exogène: Gumilk® / Magicmix®)
- Fractionner les biberons : diminuer la vitesse et la quantité des biberons
- Verticaliser : ne pas allonger l’enfant juste après le biberon (attendre le rot)
- Lutte contre le tabagisme passif: indispensable si parent fumeur / sevrage
- Chez l’enfant : pas de repas trop gras / éviter les repas liquides le soir
- Autres: éviter toute compression abdominale / position dorsale de sommeil / proclive dorsal à 30° (chez l’enfant surtout, mais discuté chez nourrisson)
Traitement médicamenteux: en 2nde intention seulement
- Doit être très limité en l'absence d’œsophagite: seulement si échec des mesures hygiéno-diététiques
- Pansements gastriques: neutralisent l'acidité gastrique, protègent la muqueuse œsophagienne / sels de magnésium ou d'aluminium (Maalox®) avant repas et alginates après le repas
- Prokinétiques: dompéridone (Motilium®) (intérêt discuté / pourrait améliorer le tonus du sphincter inférieur de l'œsophage) (Pas de métoclopramide avant 18 ans car risque de syndrome extrapyramidal)
Jamais d'inhibiteurs de la pompe à protons sur un reflux non compliqué
Reflux gastro-œsophagien compliqué
Antiacides et mesures hygiéno-diététiques
- Mesures hygiéno-diététiques: [épaissir le lait / fractionner les repas / verticaliser / éviction du tabagisme]
- Anti-acides: gel de Polysilane® / alginates (Gaviscon®)
Si œsophagite prouvée (à l'endoscopie digestive)
Traitement anti-sécrétoire = inhibiteurs de la pompe à protons: oméprazole 1mg/kg/jour pendant 4 à 6 semaines
Inhibiteurs de la pompe à protons
- Action dose-dépendante / plateau d’activité entre le 3e et le 5e jour / administrés en une prise avant le premier repas pour être efficace / pas d’effet sur les régurgitations
- Indications
- Modalités : 4-8 semaines de traitement / traitement d'entretien possible après 12 ans pour prévention des récidives après cicatrisation d'une œsophagite de reflux
- Spécialités
- Œsophagite érosive prouvée par l'endoscopie digestive (y compris chez l'enfant de moins de 1 an)
- Reflux gastro-œsophagien pathologique authentifié acide par une pH-métrie (indication discutée)
- Pyrosis mal toléré résistant aux mesures hygiéno-diététiques (sans nécessité d'examens complémentaire)
- Chez l'enfant de moins de 1 an : antihistaminiques type anti H2 (cimétidine ++, ranitidine) / effets secondaires : leucopénie, thrombopénie, augmentation des transaminases ou de la lipase / en pratique on utilise les inhibiteurs de la pompe à protons hors AMM
- AMM pour les enfants de plus de 1 an : oméprazole (Mopral®) 1 mg/kg/jour / ésoméprazole (Inexium®) / (+ pantoprazole après l’âge de 12 ans)
Si reflux gastro-œsophagien sévère résistant
- Discuter un traitement chirurgical (exceptionnel): fundoplicature de Nissen (manchonnage de l'œsophage abdominal par la grosse tubérosité gastrique / laparoscopie)
- En cas d'œsophagite rebelle au traitement/ de sténose/ de vomissements chroniques de l'enfant
- Complications : échec, dysphagie, gastroparésie, dumping syndrome
- Aussi indiquée si reflux gastro-œsophagien compliqué sur terrain (encéphalopathie, anomalie anatomique)
Surveillance
- Clinique seulement: fréquence et aspect des régurgitations / état général
- Pas de ph-métrie ni d'endoscopie digestive de contrôle +++
- Causes de résistance des symptômes au traitement / réévaluer :
- Compliance au traitement / bien-fondé du choix thérapeutique
- Réalité du diagnostic, existence d’un mérycisme / facteurs intercurrents
- Pertinence de la relation causale entre le reflux gastro-œsophagien et symptômes observés
HERNIE HIATALE
Généralités
Définition
- Protrusion du fundus dans la cavité thoracique à travers le hiatus œsophagien
Très fréquent: touche 5% de la population générale / incidence augmente avec l'âge
- Dans l’immense majorité des cas elle est asymptomatique et bénigne: abstention thérapeutique ++
2 types d’hernies hiatales
- Par GLISSEMENT (85% des cas)
- Par ROULEMENT (15% de cas)
- le cardia remonte en position intra-thoracique
- angle de His ouvert = aggrave un reflux préexistant (mais ni nécessaire ni suffisant)
- le cardia reste en position intra-abdominale
- angle de His fermé = ne favorise pas le reflux
- Risque = étranglement herniaire
Diagnostic
Examen clinique
- Asymptomatique +++
- Si hernie hiatale par roulement importante = compression des organes de voisinage possible:
- Épigastralgies ± douleur basi-thoracique
- Satiété précoce
- Toux / dyspnée / palpitations
- Survient en postprandial
- Cède à la marche ou si manœuvre de contorsion
Examens complémentaires
- Radiographie thoracique
- Découverte fortuite dans la plupart des cas +++
- Poche à air gastrique en position intra-thoracique
Pas d’indication à d’autres examens
Complications
- Reflux gastro-œsophagien
- Etranglement herniaire ± volvulus
- Hémorragie digestive
- Si hernie hiatale par glissement seulement +++
- Si hernie hiatale par roulement seulement +++
- Urgence chirurgicale
- Anémie ferriprive par saignement asymptomatique fréquent
- Rarement: hématémèse, méléna
Traitement
- Hernie hiatale par glissement
- Hernie hiatale par roulement
- Abstention thérapeutique ± traitement d’un reflux gastro-œsophagien
- Si traitement chirurgical du reflux gastro-œsophagien: réaliser un traitement de l’hernie hiatale en simultané
- Traitement seulement si complication ou symptômes invalidants
- Traitement chirurgical: réduction et gastropexie
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- Diagnostiquer un reflux gastro-œsophagien et une hernie hiatale aux différents âges
- Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
REFLUX GASTRO-OESOPHAGIEN CHEZ L’ADULTE
Généralités
Définition
- Le reflux gastro-œsophagien correspond au passage d'une partie du contenu gastrique dans l'œsophage hors vomissement
- Très fréquent: 10% de la population générale avec des symptômes au moins 1 fois par semaine / seule une minorité de patients consulte
Il existe un petit reflux physiologique, le reflux est pathologique seulement s'il est symptomatique
- Principal facteur physiopathologique : défaillance du sphincter inférieur de l'œsophage
Facteurs de risque
Facteurs favorisants
- Age: l'incidence augmente avec l’âge
- Baisse de perméabilité de la barrière oeso-gastrique :
- Augmentation de pression intra-abdominale: obésité / grossesse / constipation / gastroparésie
- Défaut de compensation du reflux physiologique: hyposialorrhée/ trouble moteur œsophagien / ralentissement de la vidange gastrique
- Asthme: association fréquente +++ (et le reflux aggrave l’asthme)
- Hernie hiatale par glissement (Mais ni nécessaire ni suffisante pour entraîner un reflux)
- Hypotonie du sphincter inférieur de l'œsophage : aggravée par les médicaments / alimentation (cf infra)
Facteurs aggravants (par hypotonie du sphincter inférieur de l'œsophage)
- Médicaments: AINS / aspirine / morphine / oestroprogestatifs / théophylline…
- Tabac et aliments: café / graisses / chocolat…
Diagnostic
EXAMEN CLINIQUE
Interrogatoire
- Terrain: facteurs favorisants: hernie hiatale, asthme, obésité…
- Prises: prise médicamenteuse +++ / alimentation / alcool
- Anamnèse: ancienneté / profil évolutif / facteurs déclenchant
Positif : signes fonctionnels de reflux gastro-œsophagien
Suffisent au diagnostic si tableau typique chez le moins de 50 ans (= pas de fibroscopie digestive nécessaire)
- Signes positifs typiques
- Circonstances de survenue
- Signes digestifs moins typiques : éructations, nausées, épigastralgie, dyspepsie
- Pyrosis: brûlure rétro-sternale ascendante, à départ épigastrique
- Régurgitations acides: remontées de liquide gastrique au pharynx
- Syndrome postural: au décubitus (nuit) / à l'antéflexion
- Post-prandial: aggrave les signes fonctionnels
Gravité : signes évoquant un reflux gastro-œsophagien compliqué
- Imposent la réalisation d’une fibroscopie digestive ++
- « Signes d’alarme »
- Dysphagie / odynophagie
- Amaigrissement / Altération de l'état général / adénopathie de Troisier
- Hémorragie digestive
- Anémie
Signes atypiques = EXTRA-DIGESTIFS
- Imposent une fibroscopie digestive puis une pH-métrie si la fibroscopie est normale
- Signes ORL: laryngites à répétition / otalgie réflexe (à droite surtout) / enrouement / hoquet / gingivites ou caries à répétition / dysesthésies bucco-pharyngées / troubles du sommeil
- Respiratoires: bronchites / pneumopathie récidivante / asthme / toux chronique
- Cardiaques: douleur pseudo-angineuse
- Souvent associées aux symptômes digestifs mais parfois isolés
Diagnostic différentiel : syndrome de rumination
- Régurgitation dans la bouche d'aliments récemment ingérés
- Pas de brûlure rétrosternale / pas de nausées / arrêt lorsque le bolus devient acide
EXAMENS COMPLEMENTAIRES
Pour diagnostic positif
- Si tableau non compliqué typique = AUCUN examen
- pH-métrie œsophagienne des 24h
- Impédancemétrie œsophagienne
- Le diagnostic d’un reflux gastro-œsophagien non compliqué est clinique
- patient de moins de 50ans et signes fonctionnels typiques : aucun examen
- patient de plus de 50ans: faire une endoscopie digestive car risque de complications
- Indications = limitées +++
- Modalités
- Critères diagnostiques
- Signes cliniques atypiques avec endoscopie digestive normale
- Reflux atypique résistant au traitement médical/ en préopératoire si l'endoscopie digestive est normale
- Examen le + sensible pour un reflux pathologique
- L'examen permet de quantifier l'acidité / le patient signale repas + épisodes cliniques à l'aide d'un marqueur d'évènements
- Examen ambulatoire / sur 24 heures / après arrêt des inhibiteurs de la pompe à protons depuis au moins 7 jours
- pH inférieur à 4 pendant au moins 5% du temps total dans le bas œsophage
- ou 3 épisodes à pH < 4 pendant au moins 5 minutes
- Seul examen permettant le diagnostic de reflux gastro-œsophagien peu ou non acide
- Indication : en cas de reflux persistant sous traitement antisécrétoire essentiellement
Pour rechercher des complications
Endoscopie oeso-gastroduodénale
- Indications
- Objectifs
- âge > 50ans: même si reflux typique (car l'âge est un fatceur de risque de complication)
- signes d’alarme ou atypiques : car évoquent un reflux compliqué
- Echec du traitement d'un reflux gastro-œsophagien typique reflux gastro-œsophagien évoluant depuis plus de 5 ans jamais exploré
- Recherche d'œsophagite peptique ± d'endobrachyoesophage
- Biopsies systématiques si sténose / aspect d'endobrachyoesophage / suspicion de tumeur
- La fibroscopie est normale hors complication: n'élimine pas le diagnostic
NFS : recherche d'anémie microcytaire ferriprive par hémorragie digestive
Si indication: bilan pré-chirurgical
- pH-métrie des 24h: si endoscopie digestive normale pour certitude diagnostique
- Transit oeso-gastroduodénal : seulement si sténose infranchissable à l'endoscopie digestive (peptique ou hernie hiatale)
- Manométrie: recherche hypotonie du sphincter inférieur de l'œsophage / troubles œsophagiens moteurs (facteurs aggravants de reflux)
- Bilan standard: hémostase / consultation d'anesthésie…
Évolution
évolution naturelle
- Chronique / paroxystique: avec des poussées ± longues / en général sensible au traitement (avec rémission durable possible) / il existe + de rechutes et + de complications chez les patients présentant une œsophagite sévère
- Bénigne: le reflux reste bénin (non compliqué) dans la grande majorité des cas
Complications (6)
OESOPHAGITE PEPTIQUE
- Définition : inflammation de la muqueuse œsophagienne par acidité gastrique
- Clinique : dysphagie / odynophagie (donc faire une endoscopie digestive si signes d’alarme +++)
Aucun parallélisme entre la sévérité des symptômes et l'intensité des lésions
- Paraclinique = vu à l'endoscopie
- Classification de Savary-Miller précise le grade de sévérité de l’œsophagite
- Aspect macroscopique: érosions / rechercher d'ulcérations ± de sténose
- ± biopsies: seulement si: aspect d'endobrachyoesophage (recherche de dysplasies) / patient immunodpérimé
non sévère | grade 1 | Erosions unique ou multiples / non confluentes |
grade 2 | Erosions multiples confluentes/non circonférentielles | |
sévère | grade 3 | Erosions multiples confluentes et circonférentielles |
grade 4 | Œsophagite peptique ulcérée ou sténosante ou endobrachyoesophage |
STENOSE PEPTIQUE
- Définition: diminution du calibre du bas œsophage secondaire au reflux acide
- Clinique: dysphagie ++
- Paraclinique = à l'endoscopie digestive
- Aspect macroscopique : sténose du bas œsophage centrée & régulière
- Biopsies : pour éliminer un cancer même si d'aspect bénin
ENDOBRACHYOESOPHAGE (EBO) = "Muqueuse de Barrett"
- Définition: métaplasie intestinale : remplacement de l’épithélium malpighien œsophagien par de l’épithélium intestinal glandulaire : est un état précancéreux
- Examen complémentaire = à l'endoscopie digestive
- Complications de à l'endobrachyœsophage
- Aspect macroscopique: épithélium orangé (normalement = gris-rose)
- Biopsies: nombreuses/ étagées/ dépistage de foyers carcinomateux / diagnostic histologique parfois difficile, ± aide par des marquages immuno-histochimiques (p53, Ki67 : montre les cellules en cycle) / si diagnostic de dysplasie incertain : on parle de "indéfini pour dysplasie" / si la dysplasie est de haut grade, il faut confirmer diagnostic par 2e lecture si possible
- Ulcérations = ulcère de Barrett ± hémorragies digestives ou sténose peptique
- Transformation maligne ++ : dysplasies › risque d'adénocarcinome de l’œsophage (risque relatif très augmenté)
HEMORRAGIES DIGESTIVES
- Par ulcérations / le plus souvent sur endobrachyœsophage ± sur prise d'AINS
- Rarement massives / plutôt sous forme d'hémorragies digestives occultes, cause d'anémie microcytaire par carence martiale
CANCER DE L’ŒSOPHAGE
Adénocarcinome du 1/3 inférieur de l’œsophage post- endobrachyœsophage (augmentation du risque relatif : x30-40)
COMPLICATIONS EXTRA-DIGESTIVES
- Signes clinique atypiques: ORL / respiratoires (toux) / cardiaques (cf supra)
- Implication du reflux gastro-œsophagien dans ces symptômes probable uniquement si : pH-métrie positive + test thérapeutique (avec traitement par inhibiteurs de la pompe à protons) efficace
Traitement
Prise en charge
- En ambulatoire / suivi au long cours
- Objectifs : soulager les symptômes/ améliorer la qualité de vie/ obtenir la cicatrisation des lésions en cas d'œsophagite / prévenir les récidives sévères
Education du patient et MESURES HYGIENO-DIETETIQUES
- Mesures posturales
- Mesures alimentaires et tabac
- Remarque : leur niveau de preuve est très faible dans l'efficacité contre le reflux
- Surélévation de la tête du lit à 45°
- Eviter décubitus postprandial immédiat (si sieste: attendre au moins 3h)
- Eviter surpression abdominale: pantalon serré / flexion du tronc...
- Arrêt du tabac et de l'alcool
- Perte de poids si surpoids / obésité
- Eviter les aliments favorisant le reflux
Traitement médicamenteux
Antiacides (symptomatiques)
- Indications
- Prescription SYSTEMATIQUE/ en automédication / prise à la demande
Intervalle d'au moins 2 heures avant la prise d’un autre médicament (diminue l'absorption des autres substances)
- Efficacité modérée sur les symptômes / pas d'effet sur la cicatrisation des lésions
- Antiacides d’action locale (tampons) : neutralisation du contenu acide
- Alginates (pansement gastrique) : protection de la muqueuse œsophagienne
- Remarque : pas d'intérêt des prokinétiques dans le reflux gastro-œsophagien
- Hydroxydes d’aluminium ou de magnésium = effet tampon sur l'acidité gastrique
- Ex: Maalox® après repas ± répéter si symptomatique (jusqu’a 6 fois par jour)
- Pansement digestif = forme une pellicule de gel sur liquide gastrique
- Ex: Gaviscon®: 1 sachet après chaque repas ± au coucher
Anti-sécrétoires gastriques
Molécules = 2 possibilités
- Antihistaminiques de tyoe anti H2 (anti-H2)
- Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP)
- Ex: ranitidine (Azantac®) / cimétidine (Tagamet®)
- A "pleine dose" = ranitidine 75-225mg/jour/ efficacité très inférieure aux inhibiteurs de la pompe à protons si œsophagite
- Blocage du transport gastrique d'H+ par l'ATPase
- Ex: oméprazole (Mopral®) / ésoméprazole (Inexium®)
- « pleine dose » = oméprazole 20mg/j / ésoméprazole 40mg/j
- A prendre à jeun avant le petit déjeuner ou 60 minutes avant repas
Prescription initiale = traitement d’attaque (de cicatrisation)
si pas d'endoscopie faite | |
Symptômes moins d'une fois par semaine | Symptômes plus d'une fois par semaine |
anti-H2 1-3 fois par jour | IPP à ½ dose (sauf oméprazole: à pleine dose) |
à la demande | Sur 4 semaines |
si endoscopie réalisée | ||
normale | œsophagite non sévère (grades 1/2) | œsophagite sévère (grades 3/4) |
IPP à ½ dose (sauf oméprazole: à pleine dose) | IPP à pleine dose | |
Sur 4 semaines / pas d'endoscopie de contrôle | Sur 8 semaines / endoscopie de contrôle |
- Si traitement initial non efficace
- si œsophagite non sévère: on refait un traitement par inhibiteurs de la pompe à protons pleine dose (sur 4 semaines) puis endoscopie digestive de contrôle
- si œsophagite sévère: inhibiteurs de la pompe à protons à double dose (sur 4 semaines) puis endoscopie digestive de contrôle
Prévention des récidives = traitement d’entretien
- Si absence d’œsophagite
- Si présence d’œsophagite
- Effets secondaires des inhibiteurs de la pompe à protons au long cours : syndrome confusionnel / néphropathie interstitielle chronique / achlorhydrie (augmente le risque de pneumopathies)
- en 1e intention: essai de traitement par inhibiteurs de la pompe à protons à la demande seulement
- si rechutes fréquentes: inhibiteurs de la pompe à protons au long cours à dose minimale efficace (1/2)
- non sévère: inhibiteurs de la pompe à protons à dose minimale efficace seulement en cas de rechutes fréquentes
- sévère: inhibiteurs de la pompe à protons à dose minimale efficace systématique au long cours
Traitement chirurgical
- But : reconstituer une barrière anti-reflux/ 3 temps : réduction d'une éventuelle hernie hiatale / rapprochement des piliers du diaphragme / confection d'une valve anti-reflux
- Indication: à discuter dès que le traitement d’entretien est nécessaire (par inhibiteurs de la pompe à protons au long cours) / symptômes toujours gênants malgré un traitement médical bien conduit / persistance d'un reflux anormal sous traitement documentée
- Contre-indications : troubles moteurs œsophagiens / comorbidités cardiovasculaires, âge (selon la balance bénéfice/risques)
- Bilan préopératoire: endoscopie digestive + manométrie + bilan standard
- Modalités: FUNDOPLICATURE (de Nissen ou de Toupet) / voie cœlioscopique
- Complications
- Morbidité : 5% des cas (infection de paroi, éventration, perforation œsophagienne...)
- Dysphagie : 25-50% en phase précoce, 1-3% de persistance de plus de 6 semaines
- Impossibilité d'éructer : "gasbloat syndrome"
- Meilleurs résultats chez des patients bon répondeurs au traitement médical / les moins bons résultats s'observent chez les patients résistants au traitement médical (car souvent les symptômes ne sont en fait pas liés au reflux)
Traitement des complications
Manifestations extra-digestives
- Pas de recommandation pour des IPP (pas de preuve)
- Selon certains: inhibiteurs de la pompe à protons à double dose pendant au moins 3 mois si toux
Œsophagite avec sténose peptique
- Inhibiteurs de la pompe à protons à pleine dose (oméprazole 20mg/jour) pendant 8 semaines
- Dilatation endoscopique au ballonnet (plusieurs séances nécessaires)
Endobrachyœsophage ulcéré (muqueuse de Barrett)
- Traitement habituel par inhibiteurs de la pompe à protons au long cours/ surveillance ++ (le traitement ne modifie pas le rythme de surveillance)
- Uniquement si endobrachyoesophage symptomatique ou associé à une œsophagite : sinon pas de traitement nécessaire
Adénocarcinome épidermoïde: prise en charge du cancer (cf. item 302)
Surveillance
Si reflux non compliqué ou œsophagite de grade I/II (peu sévère)
Pas d'endoscopie digestive de contrôle à la 4e semaine
Si œsophagite de grade III/IV (donc sévère avec lésions circonférentielles)
Endoscopie digestive de contrôle à la 8e semaine (fin du traitement) SYSTEMATIQUE pour vérifier la cicatrisation des lésions muqueuses
Si endobrachyœsophage: surveillance rapprochée par endoscopie + biopsies
- Si pas de dysplasie: endoscopie 1x tous les 2 ans si taille de plus de 6cm / 1 fois tous les 3 ans si taille de 3-6 cm / 1 fois tous les 5 ans si moins de 3 cm
- Si dysplasie douteuse: endoscopie de contrôle après 2 mois de traitement inhibiteurs de la pompe à protons double dose
- Si dysplasie de bas grade: endoscopie digestive 1 fois tous les 6 mois pendant 1 an puis 1x/an
- Si dysplasie de haut grade ou adénocarcinome: nouvelle endoscopie digestive 1-à 2 mois après le traitement par inhibiteurs de la pompe à protons double dose puis biopsie des 4 quadrants tous les cm + schéma, recherche d'adénocarcinome
- Remarque : quand on réalise l'endoscopie digestive avec des biopsies pour un endobrachyœsophage de moins < 3 cm) : on fait 2 à 4 biopsies par cm d'endobrachyœsophage / s'il fait plus de 3 cm : on fait des biopsies des 4 quadrants tous les 2 cm
Reflux gastro-œsophagien résistant aux inhibiteurs de la pompe à protons
- Discuter un reflux gastro-œsophagien non acide ou une erreur diagnostique
- Documenter la persistance du reflux acide (10%) ou non acide (30-40%) : par pH-impédancemétrie sous traitement idéalement
- Si un reflux persistant est documenté, la dose d'inhibiteurs de la pompe à protons peut être augmentée ou associée à des anti-acides
- Possibilité d'utiliser du baclofène (agit sur les relaxations transitoires du sphincter inférieur de l'œsophage) à proposer mais souvent mal toléré
- Envisager traitement chirurgical si le reflux persiste ++
REFLUX CHEZ LE NOURISSON ET CHEZ L'ENFANT
Généralités
En grande majorité de "reflux simple" = physiologique, régurgitations banales
Résolution spontanée au cours de la 1ère année dans 80% des cas
Épidémiologie
- Reflux gastro-œsophagien physiologique : concerne 85% des nouveau-nés / 65% des enfants à 4-5 mois / ¼ des enfants à 6-7 mois / moins de 5-10% des enfants à l'âge 1 an
- Reflux gastro-œsophagien pathologique : + rare / pas de diminution des symptômes avec l’âge
Physiopathologie
Les régurgitations sont liées aux quantités de liquides ingérées + l'incompétence fonctionnelle du dispositif anti-reflux (+ position souvent allongée, hyperpression abdominale si port de couches..) / la correction se fait généralement spontanément avant l’âge de 1 an par maturation du sphincter inférieure de l'œsophage, l'introduction des aliments solides, l'acquisition de la position verticale
Terrains à risque de reflux pathologique : encéphalopathies / suites d’interventions pour atrésie de l’œsophage / sténose du pylore / hernie diaphragmatique congénitale
Mécanismes
- Relaxations inappropriées, transitoires du sphincter inférieur de l'œsophage avec épisodes de relaxation de plus de 5 secondes
- Hypotonie ± persistante du sphincter inférieur de l'œsophage
- Autres facteurs :
- Inadéquation faible volume gastrique avec les quantités de lait absorbées (> 120 mL/kg/jour autour de la naissance) / retard à vidange gastrique / augmentation de la pression intra-œsophagienne
- Anomalie anatomique (hernie hiatale, malposition cardio-tubérositaire)
- Toxiques, médicaments (théophylline), distension thoracique, effort respiratoire (asthme) / hyperpression abdominale (couches trop serrées)
- Position allongée / anomalie du péristaltisme œsophagien
- Pression différentielle abdomino-thoracique (pression intra-thoracique positive et pression intra-abdominale négative favorisent la remontée gastrique)
Aggravé par : hypersécrétion acide (mucoviscidose, syndrome du grêle court) / œsophagite peptique (par baisse de la clairance œsophagienne, baisse de la résistance de la muqueuse œsophagienne)
Les complications dépendent de : abondance du reflux, pH, niveau atteint dans l’œsophage, protection des voies aériennes, capacité de réparation de la muqueuse, maturation neurologique
Diagnostic
Formes cliniques
Reflux gastro-œsophagien simple +++
- Régurgitations de lait: non bilieux / non sanglants / non douloureux / sans effort / spontanées ou parfois accompagnées d’éructations ou ± de vomissements (mais absence de contraction musculaire ou abdominale dans les régurgitations ce qui diffère des vomissements)
- En général survient en postprandial immédiat ou en perprandial/ aux changements de position
- Isolé : pas de signes extra-digestifs / pas de retentissement +++
- Douleurs post-prandiales : pleurs après biberon chez le nourrisson / épigastralgie chez l'enfant (pyrosis, brûlures) ± attitude en hyper-extension du rachis
- Chez l’enfant : régurgitations rares / évoquer un diagnostic différentiel (mérycisme, achalasie) / sinon forme proche de l’adulte avec pyrosis / parfois vomissements chroniques / on ne retrouve pas forcément d'antécédent de reflux gastro-œsophagien de quand il était nourrisson
Et toujours éliminer une suralimentation (avant l’âge de 6 mois)
Reflux gastro-œsophagien compliqué: signes de gravité (5)
ŒSOPHAGITE PEPTIQUE
- Régurgitations douloureuses / hématémèse (exceptionnelle)
- Retard staturo-pondéral (possible mais non typique) / stagnation du poids
- Refus des biberons avec pleurs per-prandiaux ou au cours du sommeil
- Complications : anémie ferriprive / sténose œsophagienne / endobrachyœsophage
- Remarque : autres causes d'œsophagite
- Remarque : les pleurs fréquents ++ entre 2 et 4 mois, et sont rarement liés à un reflux gastro-œsophagien acide
- Œsophagite à éosinophiles / maladie de Crohn
- Infections à Candida, herpès virus, cytomégalovirus
- Maladie du greffon contre l'hôte / lésions post-sclérose ou ligature des varices œsophagiennes / caustique / lymphome
- Médicamenteuse / post-radique / maladies auto-immunes / épidermolyse bulleuse / syndrome de Stevens-Johnson
Formes extra-digestives
- INFECTIONS ORL: laryngite / otites / rhinopharyngites à répétition / apnées / dysphonie ± érosions dentaires
- Respiratoire: bronchospasme et pneumopathie interstitielle chronique par inhalation de particules répétée
- MALAISES du nourrisson : reflux gastro-œsophagien = diagnostic d’élimination
- Douleur cervicale (pharyngée), contracture réflexe (avec torticolis: constitue le syndrome de Sandifer)
- Remarque : le reflux gastro-œsophagien est rarement impliqué dans ces symptômes non digestifs / savoir l’évoquer mais en 2e intention
- Toux (nocturne) / bronchites-pneumopathies à répétition / ASTHME non allergique mal contrôlé
- A distinguer d'une forme de reflux gastro-œsophagien secondaire à une maladie respiratoire par distension thoracique et aplatissement des coupoles diaphragmatiques
- Malaise après un biberon par exemple
- Peut être le facteur déclenchant du malaise
Avant 3 ans: évoquer une sténose hypertrophique du pylore devant des vomissements
Selon le terrain
- Enfant opéré d'une atrésie de l'œsophage : compliquée par une œsophagite avec sténose de l'anastomose, trachéomalacie ou manifestations pulmonaires-laryngées
- Encéphalopathes : reflux gastro-œsophagien souvent méconnu, révélé par hémorragie digestive
- Mucoviscidose : le reflux gastro-œsophagien peut aggraver les lésions pulmonaires ± entraîne des douleurs, une absence de prise de poids
Examens complémentaires
En cas de reflux gastro-œsophagien simple isolé = AUCUN examen ++
En cas de reflux gastro-œsophagien compliqué = indications précises
- Endoscopie digestive: seulement en cas de signe évocateur d’œsophagite (hématémèse ++, dysphagie, pleurs incessants, pyrosis)
- pH-métrie des 24 heures: en cas de reflux atypique non extériorisé, avec des symptômes atypiques (malaise, ORL, respiratoire) / sensibilité-spécificités supérieures à 95% pour poser le diagnostic
- Recherche de complications : si présentes, affirme le reflux gastro-œsophagien
- Reflux gastro-œsophagien authentifié si pH < 4 sur au moins 5% du temps (plus de 10% du temps : évoque un reflux pathologique ++)
- Enregistrement sur 20-24h à domicile, noter les évènements (repas, coucher..)
Vérifier la position de la sonde / il n'y a pas de corrélation entre la quantité du reflux et la clinique
- Transit oeso-gastroduodénal: en cas de reflux résistant au traitement en 2e intention (rarement) ou en cas d'indication chirurgicale
- Manométrie: en cas de reflux gastro-œsophagien sévère résistant au traitement (exceptionnel), de suspicion de troubles moteurs
- Scintigraphie œsophagienne : visualise la vidange gastrique, d'éventuelles inhalations pulmonaires
- Echographie œsophagienne : non indiquée dans le reflux gastro-œsophagien
- Impédancemétrie : explore les reflux acides et non acides (car 50% de reflux gastro-œsophagien non acides / parfois forme compliquées même si non acide)
- Visualise une éventuelle anomalie anatomique (malrotation intestinale, hernie hiatale par glissement)
- Irradiant / peu sensible (< 50%) / permet analyse de la vidange gastrique
- Visualise une éventuelle anomalie fonctionnelle (motricité…)
- Apprécie l'anatomie œsophage intra-abdominal + reflux / indiqué en cas de suspicion de sténose hypertrophique du pylore
Stratégie diagnostique
- En cas de malaise du nourrisson: pH-métrie pour affirmer le diagnostic ± enregistrement cardio-respiratoire pour la corrélation des symptômes / transit oeso-gastroduodénal pour éliminer d'autres diagnostics (+ bilan de malaise : électroencéphalogramme, ECG, radiographie thoracique, bilan biologique avec lactates, glycémie…)
- Signes ORL & respiratoires : pHmétrie de longue durée ++ (analyse de la période nocturne ++) / bilan allergologique (tests cutanés ± dosage d'IgE spécifiques), pneumologiques (radiographie thoracique, explorations fonctionnelles respiratoires), immunologiques (dosage des immunoglobulines, typage des lymphocytes), ORL (naso-fibroscopie) › la responsabilité du reflux gastro-œsophagien est jugée en fonction des résultats
- Signes d'œsophagite : faire une endoscopie digestive ++ (d'autant + si enfant à risque : encéphalopathe..)
- Echec du traitement médical : un bilan complet est nécessaire avec pH-métrie, endoscopie digestive, transit oeso-gastroduodénal ± manométrie pour discuter un traitement chirurgical
Traitement
Reflux gastro-œsophagien non compliqué
Objectifs de la prise en charge
Réduire symptomatologie / éviter la survenue de complications
Information et éducation des parents
- Rassurer : très fréquent / bénin / transitoire
- Signes d’œsophagite : hématémèse / refus des biberons
Mesures hygiéno-diététiques: en 1ère intention (4) +++
- Epaissir le lait (lait pré-épaissis ou épaississant exogène: Gumilk® / Magicmix®)
- Fractionner les biberons : diminuer la vitesse et la quantité des biberons
- Verticaliser : ne pas allonger l’enfant juste après le biberon (attendre le rot)
- Lutte contre le tabagisme passif: indispensable si parent fumeur / sevrage
- Chez l’enfant : pas de repas trop gras / éviter les repas liquides le soir
- Autres: éviter toute compression abdominale / position dorsale de sommeil / proclive dorsal à 30° (chez l’enfant surtout, mais discuté chez nourrisson)
Traitement médicamenteux: en 2nde intention seulement
- Doit être très limité en l'absence d’œsophagite: seulement si échec des mesures hygiéno-diététiques
- Pansements gastriques: neutralisent l'acidité gastrique, protègent la muqueuse œsophagienne / sels de magnésium ou d'aluminium (Maalox®) avant repas et alginates après le repas
- Prokinétiques: dompéridone (Motilium®) (intérêt discuté / pourrait améliorer le tonus du sphincter inférieur de l'œsophage) (Pas de métoclopramide avant 18 ans car risque de syndrome extrapyramidal)
Jamais d'inhibiteurs de la pompe à protons sur un reflux non compliqué
Reflux gastro-œsophagien compliqué
Antiacides et mesures hygiéno-diététiques
- Mesures hygiéno-diététiques: [épaissir le lait / fractionner les repas / verticaliser / éviction du tabagisme]
- Anti-acides: gel de Polysilane® / alginates (Gaviscon®)
Si œsophagite prouvée (à l'endoscopie digestive)
Traitement anti-sécrétoire = inhibiteurs de la pompe à protons: oméprazole 1mg/kg/jour pendant 4 à 6 semaines
Inhibiteurs de la pompe à protons
- Action dose-dépendante / plateau d’activité entre le 3e et le 5e jour / administrés en une prise avant le premier repas pour être efficace / pas d’effet sur les régurgitations
- Indications
- Modalités : 4-8 semaines de traitement / traitement d'entretien possible après 12 ans pour prévention des récidives après cicatrisation d'une œsophagite de reflux
- Spécialités
- Œsophagite érosive prouvée par l'endoscopie digestive (y compris chez l'enfant de moins de 1 an)
- Reflux gastro-œsophagien pathologique authentifié acide par une pH-métrie (indication discutée)
- Pyrosis mal toléré résistant aux mesures hygiéno-diététiques (sans nécessité d'examens complémentaire)
- Chez l'enfant de moins de 1 an : antihistaminiques type anti H2 (cimétidine ++, ranitidine) / effets secondaires : leucopénie, thrombopénie, augmentation des transaminases ou de la lipase / en pratique on utilise les inhibiteurs de la pompe à protons hors AMM
- AMM pour les enfants de plus de 1 an : oméprazole (Mopral®) 1 mg/kg/jour / ésoméprazole (Inexium®) / (+ pantoprazole après l’âge de 12 ans)
Si reflux gastro-œsophagien sévère résistant
- Discuter un traitement chirurgical (exceptionnel): fundoplicature de Nissen (manchonnage de l'œsophage abdominal par la grosse tubérosité gastrique / laparoscopie)
- En cas d'œsophagite rebelle au traitement/ de sténose/ de vomissements chroniques de l'enfant
- Complications : échec, dysphagie, gastroparésie, dumping syndrome
- Aussi indiquée si reflux gastro-œsophagien compliqué sur terrain (encéphalopathie, anomalie anatomique)
Surveillance
- Clinique seulement: fréquence et aspect des régurgitations / état général
- Pas de ph-métrie ni d'endoscopie digestive de contrôle +++
- Causes de résistance des symptômes au traitement / réévaluer :
- Compliance au traitement / bien-fondé du choix thérapeutique
- Réalité du diagnostic, existence d’un mérycisme / facteurs intercurrents
- Pertinence de la relation causale entre le reflux gastro-œsophagien et symptômes observés
HERNIE HIATALE
Généralités
Définition
- Protrusion du fundus dans la cavité thoracique à travers le hiatus œsophagien
Très fréquent: touche 5% de la population générale / incidence augmente avec l'âge
- Dans l’immense majorité des cas elle est asymptomatique et bénigne: abstention thérapeutique ++
2 types d’hernies hiatales
- Par GLISSEMENT (85% des cas)
- Par ROULEMENT (15% de cas)
- le cardia remonte en position intra-thoracique
- angle de His ouvert = aggrave un reflux préexistant (mais ni nécessaire ni suffisant)
- le cardia reste en position intra-abdominale
- angle de His fermé = ne favorise pas le reflux
- Risque = étranglement herniaire
Diagnostic
Examen clinique
- Asymptomatique +++
- Si hernie hiatale par roulement importante = compression des organes de voisinage possible:
- Épigastralgies ± douleur basi-thoracique
- Satiété précoce
- Toux / dyspnée / palpitations
- Survient en postprandial
- Cède à la marche ou si manœuvre de contorsion
Examens complémentaires
- Radiographie thoracique
- Découverte fortuite dans la plupart des cas +++
- Poche à air gastrique en position intra-thoracique
Pas d’indication à d’autres examens
Complications
- Reflux gastro-œsophagien
- Etranglement herniaire ± volvulus
- Hémorragie digestive
- Si hernie hiatale par glissement seulement +++
- Si hernie hiatale par roulement seulement +++
- Urgence chirurgicale
- Anémie ferriprive par saignement asymptomatique fréquent
- Rarement: hématémèse, méléna
Traitement
- Hernie hiatale par glissement
- Hernie hiatale par roulement
- Abstention thérapeutique ± traitement d’un reflux gastro-œsophagien
- Si traitement chirurgical du reflux gastro-œsophagien: réaliser un traitement de l’hernie hiatale en simultané
- Traitement seulement si complication ou symptômes invalidants
- Traitement chirurgical: réduction et gastropexie