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Important

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Prurit

Argumenter les PRINCIPALES HYPOTHÈSES DIAGNOSTIQUE et justifier les EXAMENS COMPLÉMENTAIRES PERTINENTS

Argumenter l’ATTITUDE THÉRAPEUTIQUE et planifier le SUIVI DU PATIENT

GéNéRALITéS

Définition

  • SIGNE FONCTIONNEL défini comme «une sensation qui provoque le besoin de se gratter» / localisé ou généralisé / chronique si évolue depuis au moins 1 mois
  • SIGNE SUBJECTIF / atteinte cutanée + certaines muqueuses ou semi-muqueuses
  • PRURIT « PHYSIOLOGIQUE » : phénomène discret / + important le soir ou quand dévêtu
  • Il est pathologique quand il induit des lésions de grattages (ou incite à consulter)

Physiopathologie

Mécanisme encore mal compris qui associe :

  • MÉDIATEURS CHIMIQUES (dont histamine++)
  • SYSTÈME NERVEUX PÉRIPHÉRIQUE ET CENTRAL (fibres C)
  • ORIGINE LE + SOUVENT CUTANÉE / avec gate control à tous les niveaux

ORIENTATION DIAGNOSTIQUE

EXAMEN CLINIQUE

Interrogatoire

  • TERRAIN : dermatose connue / hépatopathie / hémopathie / profession
  • PRISES : médicamenteuse / éthylisme chronique (cholestase)
  • ANAMNÈSE : horaire et circonstances de survenue / contage / voyage récent / éventuel caractère collectif du prurit
  • SIGNES FONCTIONNELS
  • Caractériser le prurit : topographie (diffus ou localisé) / facteurs déclenchant ou aggravant ou apaisant /sévérité (insomnie, troubles du comportement, qualité de vie…) / évolution (aiguë, paroxystique, chronique)
  • Rechercher des signes associés : ictère / fièvre / altération de l’état général

Examen physique

  • EXAMEN CORPS ENTIER / patient dénudé
  • DIAGNOSTIC POSITIF = recherche de lésions de grattage ± compliquées
  • ORIENTATION ÉTIOLOGIQUE CLINIQUE
  • DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS : dysesthésies / paresthésies / douleur
  • Excoriations et stries linéaires / voire ulcérations
  • Prurigo: papulo-vésicules érythémateuses ou papules excoriées ou croûteuses, nodules
  • Lichénification (aspect quadrillés et épaissi, grisâtre, recouverte de fines squames dessinant un quadrillage) / lésions « en coup d’ongle »
  • Lésions de surinfection +++ : impétiginisation / pyodermite
  • Recherche d’une lésion élémentaire d’une dermatose prurigineuse
  • Si absence de dermatose: recherche d’une cause générale de prurit
  • Urticaire = papules érythémato-œdémateuses / mobiles/ fugaces
  • Eczéma=lésions érythémato-vésiculeuses/ contours émiettés/ suintante
  • Gale = sillons scabieux / vésicules perlées / nodules scabieux
  • Dermatophytie = lésions érythémato-squameuses / bordure active
  • Psoriasis = plaques érythémato-squameuses / bien limitées
  • Hémopathie : aires ganglionnaires (adénopathies) / altération de l’état général
  • Cholestase : ictère / d’hépatomégalie

EXAMENS COMPLéMENTAIRES

Indication

PAS SYSTÉMATIQUE : seulement si pas de cause retrouvée à l’examen. Cliniquement, on recherche : dermatose / prise médicamenteuse

Bilan de 1ère intention

Phosphatases alcalines / GGT (recherche de cholestase)NFS / radiographie de thorax (Hodgkin)Créatinine (insuffisance rénale) / TSH (dysthyroïdie) Echographie abdominale (dilatation des voies biliaires)Sérologies VIH, VHB, VHC (après accord du patient)

Bilan de 2nde intention

Examen parasitologique des selles / ferritinémie Biopsie cutanée avec examen en immunofluorescence / anticorps anti-épiderme...

Diagnostic étiologique

Prurit diffus avec lésions dermatologiques spécifiques

Urticaire et dermographisme / mastocytose

  • LÉSION : papules œdémateuses rosées, fugaces, migratrices, récidivantes
  • DERMOGRAPHISME : strie urticarienne induite par le grattage / mis en évidence par le frottement de la peau avec une pointe mousse
  • PRISE EN CHARGE : la même que pour l’urticaire

Eczéma

  • LÉSION : placards érythémato-vésiculeux d’extension progressive
  • Parfois secondaire à un contact avec un allergène ou constitutionnel (dermatite atopique)

Ectoparasitoses

  • GALE : prurit à recrudescence nocturne épargnant le visage / topographie caractéristique / présence de sillons scabieux
  • Pédiculose corporelle des vagabonds

Psoriasis

PRURIT CHEZ PLUS DE 50% DES PATIENTS / remaniées par grattage

Lichen plan

  • LÉSION : papules de couleur brunâtre ou violine / recouvertes de petites stries blanchâtres en réseau / prédominent en face antérieure des poignets, avant-bras, coudes, genoux, région lombaire / symétrique
  • BIOPSIE CUTANÉE : infiltrat cellulaire dermique superficiel caractéristique
  • Association à des lésions muqueuses possible (buccales : plaques leucokératosiques réticulées endo-jugales) / non prurigineuses pour lésions muqueuses

Dermatoses bulleuses auto-immunes (pemphigoïde, dermatite herpétiforme)

PRURIT FRÉQUENT / souvent sévère / précède parfois les lésions cutanées pseudo-urticariennes et bulleuses (pemphigoïde), vésicules ou bulleuses (dermatite herpétiforme)

Mycosis fongoïde

  • LYMPHOME CUTANÉ T ÉPIDERMOTROPE / chez le sujet âgé ++
  • LÉSIONS en placards érythémateux et squameux, prurigineux
  • EVOLUTION : infiltration de la peau avec des squames peu épaisses, un prurit important et insomniant
  • SYNDROME DE SÉRAZY : forme érythrodermique et leucémique du mycosis fongoïde

Dermatites de contact (caustique, irritatives, allergiques) / dermatophytes

Prurit diffus sans lésions cutanées spécifiques = sine materia

+ rares que les prurits dermatologiques Recherche d’affection générale, puis recourir aux examens complémentaires d’orientation en l’absence d’orientation

Cholestase

  • Intra-hépatiques ou extra-hépatiques / avec ou sans ictère / prurit souvent intense et insomniant dans les ictères obstructifs par cancer des voies biliaires ou cancer du pancréas
  • Prurit souvent révélateur dans cirrhose biliaire primitive

Insuffisance rénale chronique

Rarement prurit révélateur / très fréquent chez les hémodialysés

Mais pas de prurit dans l’insuffisance rénale aiguë

Hémopathies

  • LYMPHOMES : tout prurit nu et chronique chez un adulte jeune est une maladie de Hodgkin jusqu’à preuve du contraire.

› PRURIT FRÉQUENT, de pronostic défavorable, parallèle à l’évolution de la maladie

  • MALADIE DE VAQUEZ : prurit après contact de l’eau surtout en bain chaud
  • + RAREMENT : leucémie lymphoïde chronique / anémie ferriprive…

Endocrinopathies

  • HYPERTHYROÏDIE (surtout si Basedow)
  • HYPOTHYROÏDIE (prurit probablement dû à la sécheresse cutanée)

On ne retrouve pas de prurit dans l’hyperuricémie, la goutte ou le diabète (on peut avoir des paresthésies dans le diabète)

Médicaments

MÉCANISMES : direct (comme les opiacés) / par cholestase / allergique

Infections

  • PARASITOSES INTESTINALES avec migration tissulaire et hyperéosinophilie : cysticercose, hydatidose, échinococcose, anguillulose, distomatose
  • En France, on peut voir : ascaridiose, toxocarose, trichinose
  • ± éruptions fugaces, non spécifiques (papules urticariennes, lésions eczématiformes..)

Paranéoplasique 

Très exceptionnel (ne pas rechercher de cancer si prurit inexpliqué)

SIDA / carences vitaminiques ou martiale / grossesse

Prurit psychogène

  • Diagnostic d’élimination / à différencier du prurit idiopathique
  • Pathologie psychiatrique associée ou évènements stressants déclenchants
  • Efficacité du traitement psychiatrique sur le prurit = argument fort en faveur d’une origine psychogène
  • Dont le syndrome d’Eckbaum (délire d’infestation par les parasites)

Facteurs d’environnement

= plutôt des facteurs aggravants

  • AGENTS IRRITANTS : agents végétaux / laine de verre / produits caustiques (antiseptique mal rincé…)
  • PRURIT AQUAGÉNIQUE : survient immédiatement après contact avec de l’eau quelle que soit sa température, sans aucune autre manifestation cutanée que le prurit
  • SÉCHERESSE DE LA PEAU (xérose) : facteur favorisant fréquent, chez le sujet âgé ++
  • ENVIRONNEMENT NATUREL : variations de température, d’humidité…
  • AUTRES CAUSES : maladies du système nerveux central (lésions cérébrales, médullaires...)

Prurit localisé

Mycoses

Candidoses / dermatophytoses très souvent accompagnées de prurit associé aux lésions

Parasitoses

  • ECTOPARASITOSES : prurit localisé avec ou sans lésion élémentaire
  • NUQUE OU CUIR CHEVELU : poux ++ (enfant, sans domicile fixe)
  • PRURIT GÉNÉRALISÉ ± familial, augmentant le soir, avec prédominance de lésions non spécifiques (croûtes, excoriations, vésicules...) / sur les espaces interdigitaux, les poignets, les emmanchures antérieures, les mamelons ou les organes génitaux externes › évoquer la gale ++
  • HELMINTHIASES TROPICALES : après séjour en pays d’endémie / ± hyperéosinophilie associée / en cause : loase, onchocercose, filariose lymphatique, bilharziose, syndrome de larva migrans cutanée (éruption mobile sur des zones cutanées en contact avec le sol : mains, pieds, fesses)
  • PARASITOSES AUTOCHTONES : dermatite des nageurs › macules érythémateuses prurigineuses et disséminées dans les heures suivant un bain en étang (par parasite d’oiseaux : puces de canards..) ou en mer, disparaît en quelques jours

Piqûres d’insectes et par végétaux

Cause fréquente et banale / associé à lésions urticariennes, parfois centrées par un point purpurique ou nécrotique / par des orties, moustiques, puces, punaises…

Prurit du cuir chevelu

  • Rechercher une PÉDICULOSE +++
  • AUTRES CAUSES : Intolérance aux produits cosmétiques et capillaires / état pelliculaire simple / psoriasis et dermatite séborrhéique / névrodermite (lichénification de nuque)

Prurit sur terrains particuliers

Grossesse

  • CHOLESTASE INTRAHÉPATIQUE DE LA GROSSESSE : prurit généralisé, sévère, nu
  • Dermatoses bulleuses auto-immunes spécifiques de la grossesse (pemphigoïde de la grossesse, éruption polymorphe de la grossesse…)

Sujet âgé

  • PRURIT « SÉNILE » FRÉQUENT : par modifications physiologiques liées au vieillissement de la peau et des terminaisons nerveuses / prurit particulier par son intensité et caractère parfois insomniant (contraste avec la discrétion des lésions cutanées)
  • RETENTISSEMENT PSYCHIQUE parfois très important (dépression)

Infection à VIH

  • Signe fréquent dans le SIDA / isolé ou accompagné d’une éruption papuleuse
  • Parfois signe révélateur

TRAITEMENT

Prise en charge

En ambulatoire

éducation du patients / mesures hygiéno-diététiques +++

  • Arrêt de tout médicament potentiellement prurigineux si possible
  • EVITER LES FACTEURS IRRITANTS : pas de laine / porter des vêtements amples / pas de dermocorticoïdes, de savons parfumés ou acides
  • Couper les ongles court / hygiène des mains (éviter surinfections)

Traitement symptomatique

  • Bonne hygrométrie ambiante
  • DERMOCORTICOÏDES : utiles pour les lésions de grattage / inutile si prurit isolé
  • ANTIHISTAMINIQUES: antihistaminiques H1 (cétirizine / hydroxyzine / doxépine) / utile lorsque le prurit est médié par l’histamine (urticaire..) mais pas antiprurigineux / + action psychotrope (réduit le retentissement sur le sommeil)
  • SI XÉROSE CUTANÉE : émollients (cérat de Galien, cold-cream) / savons surgras
  • SI CHOLESTASE CHRONIQUE : cholestyramine (Questran®) / rifampicine
  • A discuter SI PRURIT REBELLE : photothérapie / crénothérapie/ techniques de relaxation…

Traitement étiologique

Le traitement du prurit est celui de sa cause: traitement d’une dermatose…

Mesures associées

SI LÉSIONS DE GRATTAGE : rappel de vaccination antitétanique ± sérothérapie

Surveillance

CLINIQUE : évolution / retentissement socio-psychologique