- Néphrologie
- UE 8
- Item 256
Important
Protéinurie et syndrome néphrotique de chez l'l'adulte et de l'enfant
Objectifs
- Devant la découverte d’une protéinurie, argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents.
- Devant un syndrome néphrotique chez l’enfant ou chez l'adulte, argumenter les hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents.
- Argumenter les principes du traitement symptomatique et de la surveillance du syndrome néphrotique et de ses complications.
Point clés
Définition du syndrome néphrotique
Protéinurie > 3 g/j (50 mg/kg/j chez l’enfant) et albuminémie < 30 g/L.
Complications aiguës et leur traitement
- 1. La rétention hydrosodée, caractérisée par une prise de poids, des œdèmes déclives, éventuellement une anasarque.
- 2. L’insuffisance rénale aiguë
- 3. Les thromboses vasculaires
- 4. Les infections bactériennes à germes encapsulés (pneumocoques, streptocoques ou BGN) : pneumopathie, péritonite, érysipèle ; pas d’indication à une antibioprophylaxie.
- Traitement : régime sans sel ± diurétique.
- Fonctionnelle par hypovolémie :
- Organique :
- due à la baisse de la volémie par fuite d’albumine vers le secteur interstitiel (rare) ;
- ou déplétion hydrosodée brutale par diurétique.
- par nécrose tubulaire aiguë ;
- par thrombose veineuse rénale.
- Thrombose veineuse ou artérielle chez l’enfant
- Maladie thromboembolique veineuse chez l’adulte
- Thrombose de veine rénale au cours de la glomérulonéphrite extra-membraneuse
- Traitement curatif :
- Prophylaxie :
• anticoagulant en cas de thrombose veineuse, prolongé aussi longtemps que le SN persiste, avec un objectif d’INR entre 2 et 3 ;
• anticoagulant et/ou aspirine si thrombose artérielle ;
• éviter l’immobilisation prolongée ;
• éviter la déplétion hydrosodée brutale (> 1 kg/j chez l’adulte) ;
• discuter un AVK si hypoalbuminémie profonde (< 20 g/L) et durable.
Complications chroniques et leur traitement
- 1. L’insuffisance rénale chronique, favorisée par l’hypertension artérielle et une protéinurie massive persistante par échec ou absence de traitement spécifique
- 2. La dyslipidémie athérogène (LDL-C élevé, hyperTG) :
- 3. Retard de croissance : chez l’enfant si SN chronique ou si corticothérapie autour du pic de croissance pubertaire :
- Traitement «néphroprotecteur » :
- Objectif tensionnel : PA < 130/80 ; moyens : IEC + diurétique ;
- Réduire la protéinurie : objectif < 0,5 g/j ; moyens : abaisser la PA + IEC (ou ARAII chez le diabétique de type 2) + régime peu salé + diurétique.
- Traitement par régime (peu efficace) et statine si SN durable (> 6 mois).
- Prévention :
- Régime normal en protéine : 1-1,5 g/kg/j ;
- Réduire la corticothérapie en lui substituant un immunosuppresseur autour de la puberté.
Protéinurie
Protéinurie physiologique :
100 à 150 mg/24h soit < 0,2g/24h
- 10 à 15 kg / jour de protéines sériques traversent le rein,
- Seulement 100 à 150 mg excrétés dans l’urine des 24h,
- Paroi du capillaire glomérulaire s’oppose à la filtration de la majorité,
- Tubule proximal réabsorbe la majorité des protéines physiologiquement filtrées en raison de leur faible poids moléculaire (< 70 kD)
- À l’état normal : proviennent pour
- 60% filtration des protéines du plasma : principalement bas PM (lysozyme, β2-microglobuline et chaînes légères κ et λ)
- 40% sécrétion tubulaire d’uromoduline (protéine de Tamm-Horsfall) ou de l’urothélium des voies urinaires,
évaluation de la protéinurie
Semi-quantitative : bandelette urinaire
- Détecte albuminurie > 50-100 mg/L
- Ne détecte pas les chaînes légères d’Ig, ni les protéines de bas PM,
- Normal ou non significatif : en fonction de la concentration des urines
- Anormaux
- Absence de protéinurie,
- Traces ou 1+ (< 0,3 g/L),
- 2+ (environ 1 g/L)
- 3+ (environ 3 g/L)
Quantitative : dosage pondéral
- Rend compte de la quasi-totalité des protéines, y compris les chaînes légères d’Ig
- En g / 24h :
- Rapport protéinurie / créatininurie :
- Normal < 0,15 g/j
- Protéinurie anormale > 0,3 g/24h
- Normal < 0,15 g/j
- Protéinurie anormale > 0,5 g/24h
Chez un même individu, recueil à la même heure, préférentiellement sur les 1ères urines du matin
- Hématurie / pyurie
- Peut gêner l’interprétation de la protéinurie
- Hématurie macroscopique (et non microscopique) à l’origine d’une protéinurie abondante (1-2 g/j) par hémolyse des hématies dans les urines,
Qualitative : électrophorèse des protéines urinaires
Protéinurie glomérulaire sélective :
- Albumine > 80%
- Suggère une néphropathie glomérulaire sans lésion décelable au microscope optique (SN à LGM ou néphrose lipoïdique)
Protéinurie glomérulaire non sélective :
- Albumine < 80%
- Toutes les classes de globulines du sérum,
- Peut être tout type de néphropathie,
Protéinurie tubulaire :
- Trouble de réabsorption tubulaire proximale,
- 2 protéines de bas PM:
- Protéinuries tubulaires isolées rares et accompagnent le syndrome de Fanconi des tubulopathies d’origine génétique ou toxique (métaux lourds)
- Protéinurie tubulaire accompagne (et est souvent masquée par) la plupart des protéinuries glomérulaires non sélectives,
- Lysozymurie (15 kD)
- β2-microglobulinurie (12kD)
Protéinurie de « surcharge » :
- Protéine anormale :
- Protéine normalement absente du sérum :
- Chaîne légère κ et λ au cours des dysglobulinémies, myélome multiple, amylose AL,
- Immunoélectrophorèse ou l’immunoblot des protéines urinaires nécessaire pour caractériser la protéine monoclonale en cause,
- Hémoglobine si hémolyse intravasculaire,
- Myoglobine au cours d’une rhabdomyolyse,
Microalbuminurie pathologique :
- Excrétion urinaire d’albumine de 30 à 300 mg / 24h
- Spécifique d’une atteinte glomérulaire,
- Marqueur de glomérulop. diabétique débutante à doser annuellement si DT1 ou DT2 (ano. de l’hémodynamique glomé. avec hyperfiltration)
- Marqueur indépendant de risque CV élevé,
- et disparaît parfois après la mise en route d’un IEC ou ARAII,
Albuminurie normale | < 30 mg / 24 h |
Microalbuminurie | 30-300 mg / 24 h ou 3-30 mg /mmol créatininurie ou 30-300 mg / g créatininurie |
Albuminurie | > 300 mg / 24 h |
Protéinurie clinique | > 500 mg / 24 h ou rapport protéinurie/créatininurie > 0,5 g / g |
Situations cliniques
Protéinuries intermittentes (ou transitoires)
Circonstances : physiologiques ou pathologiques,
- Protéinurie orthostatique,
- Protéinurie d’effort : exercice physique intense et prolongé,
- Fièvre élevée,
- Infections de l’appareil urinaire,
- IC droite,
- Polyglobulie
Protéinurie orthostatique : non pathologique
- En période pubertaire (12-16 ans)
- Disparaît spontanément à la fin de la puberté, avant 20 ans.
- Disparition de la protéinurie en clinostatisme (urines recueillies après 2H de repos en décubitus dorsal
Protéinurie permanante :
- Absence de SN malgré une protéinurie abondante :
- Débit de la protéinurie souvent quand DFG < 50 ml/min
- Maladie glomérulaire peut se surajouter à une néphropathie interstitielle ou vasculaire,
- Néphropathies sans protéinurie :
- Protéinurie constituée essentiellement d’une chaîne légère d’Ig,
- Néphropathie glomérulaire d’installation très récente
- Tubulaires,
- Interstitielles, notamment d’origine métabolique,
- Vasculaires,
- IR sans protéinurie doit faire rechercher un obstacle sur les voies excrétrices
Syndrome néphrotique
Généralités
Définition :
- Définition biologique :
- SN pur :
- SN impur : si un ou plrs des signes précédents sont présents,
- Protéinurie > 3 g / 24h chez l’adulte (> 50 mg / kg / jour chez l’enfant)
- Hypoalbuminémie < 30 g/L
- Sans hématurie microscopique,
- Sans HTA
- Sans IR organique, qui peut être initialement difficile à distinguer d’une IR fonctionnelle.
Physiopathologie
- Trouble de la perméabilité capillaire glomérulaire lié à
- Protéinurie essentiellement faite d’albumine :
- Anomalie de la structure de la MBG,
- Perte des charges électronégatives de la MBG : comme dans la néphrose idiopathique,
- Anomalies des cellules glomérulaires ou dépôts de protéines isolés ou combinés dans les glomérules,
- Fuite urinaire d’albumine dépasse les capacités de synthèse hépatique, provoquant ainsi une hypoalbuminémie,
- Syndrome œdémateux
Œdèmes
Clinique :
- Mous, blancs, prenant le godet,
- Dans les territoires déclives :
- Régions où la pression extravasculaire faible : orbite de l’œil,
- Epanchement des séreuses (plèvre, péricarde, péritoine) voire anasarque,
- OAP exceptionnel en l’absence d’IC,
- Prise de poids à chiffrer
- Chevilles et jambes en position debout,
- Lombes et dos chez en décubitus dorsal,
Mécanisme :
Traitement :
- Restriction sodée < 2 g de NaCl / jour (soit 34 mEq de sodium)
- Repos transitoire au lit (pour faciliter la mobilisation des œdèmes)
- DIU de l’anse : Furosémide (Lasilix®) ou Bumétanide (Burinex®)
- Si résistance : DIU agissant sur
- Réponse natriurétique doit être progressive pour éviter hypovolémie et thromboses veineuses (dues à l’hémoconcentration)
- Perfusions d’albumine réservées aux situations exceptionnelles d’hypotension symptomatique,
- 2 à 3 prises / jour
- Utilisé à posologie croissante selon la réponse obtenue, appréciée sur le poids (viser une perte d’1 kg/jour) la diurèse et la natriurèse / 24h
- Tubule collecteur : amiloride (Modamide®)
- Tube contourné distal : thiazidique (hydrochlorothiazide, Esidrex®)
Complications aiguës
IRA : 3 mécanismes possibles
- IR fonctionnelle :
- Nécrose tubulaire aiguë : ± oligoanurie,
- Thrombose veine rénale : uni ou bilatéral,
- Discrète, banale à la phase initiale d’un syndrome néphrotique.
- Natriurèse < 5 mmol/L
- Si hypovolémie sévère associée,
- Chez l’enfant ou du sujet âgé,
- PBR : nécrose tubulaire en plus des lésions glomérulaires,
- Récupération peut être différée à 2-3 mois,
- Au cours des GEM ou amylose,
- Douleur lombaire uni ou bilatérale,
- Hématurie macroscopique,
- IR inconstante,
- Δg : doppler, TDM ou angio-IRM,
- Thrombose peut s’étendre à la VCI
Thromboses vasculaires : et anomalies de la coagulation
Mécanisme :
- Pertes urinaires de certains facteurs de coagulation largement compensées par synthèse hépatique,
- Fuite urinaire d’un anticoagulant naturel, antithrombine III, possi.
- Situation d’hypercoagulabilité responsable d’une fréquence des thromboses,
Clinique :
- Thromboses vasculaires de tous les territoires,
- + fréquentes chez l’adulte que chez l’enfant,
- Oblitérations artérielles souvent à l’installation du SN,
- TVP peuvent se compliquer d’EP
- Thromboses particulières :
- Sinus veineux cérébral,
- Veine rénale,
Traitement :
- HBPM puis AVK avec INR entre 2 et 3 si SN persiste,
- Equilibration AVK difficile (liaison à l’albumine, forme libre)
- Thrombose artérielle : embolectomie ou héparine + aspirine,
Prévention :
- Eviter l’immobilisation prolongée,
- Eviter la déplétion hydrosodée brutale (< 1 kg / jour chez l’adulte)
- Discuter AVK si hypoalbuminémie profonde (< 20 g / L) et durable,
Infections :
- IgG et IgA, ainsi que immunité cellulaire,
- Risque d’infections à bactéries encapsulées,
- Infections cutanées : peut prendre très vite l’aspect de cellulite avec sepsis grave, notamment chez les patients avec un syndrome œdémateux majeur.
- Péritonite primitive : chez les enfants,
- Efficacité de la vaccination anti-pneumococcique non prouvée,
- ATB prophylaxie non indiquée,
- Corticothérapie et IS contre- indiquent les vaccins vivants,
- Douleur abdominale aiguë fébrile,
- Δg : ponction d’ascite.
Complications chroniques :
Hyperlipidémie :
- Type mixte le + souvent,
- Hypercholestérolémie :
- Liée à production des lipoprotéines au niveau du foie (VLDL et LDL) et catabolisme,
- Directement corrélée à l’importance de la protéinurie,
- Hyperlipidémie sévère risque CV,
- Traitement :
- Peut être très importante (> 10 mmol/L)
- Athérogène avec LDL-C,
- Uniquement si SN durable > 6 mois,
- Si résistant au traitement spécifique (HSF, GEM)
- Statines sous contrôle strict des CPK (risque accru de rhabdomyolyse) et à posologie progressivement croissante.
HTA :
- Très fréquente au cours des GN chroniques,
- Objectif tensionnel < 130/80 mmHg
- Traitement en première ligne : IEC ou ARA2, puis diurétique.
IRC :
- Risque lié :
- Traitement : néphroprotecteur
- Type de GN,
- Effet néphrotoxique direct en cas de protéinurie prolongée,
- HTA non contrôlée,
- PA < 130/80 mmHg et protéinurie < 0,5 g/24h
- Régime limité en sel : 6 g/j
- IEC ou ARAII,
Autres :
Dénutrition et troubles de croissance :
- Malnutrition protidique fréquente,
- Atrophie musculaire à la disparition des œdèmes,
- Régime normal : 1-1,5 g/kg/j de protéines,
- Chez l’enfant, retard de croissance surtout par la corticothérapie,
- fraction libre plasmatique des médicaments liés à l’albumine, pour AVK, statines, AINS…
- Syndrome néphrotique prolongée :
- métaux éléments : fer, cuivre, zinc,
- protéines porteuses : céruléoplasmine, transferrine,
Diagnostic
Clinique
- Œdèmes,
- Epanchements des séreuses transsudatifs,
- Prise de poids,
± Oligurie, si installation brutale,
Biologie urinaire :
- Protéinurie > 3 g/24h permanante et abondante,
- EPU : sélective avec albuminurie > 80%
- Sédiment urinaire : associée ou non à une hématurie microscopique,
- Culot urinaire : cylindres hématiques (origine glomérulaire ++)
- Ionogramme urinaire : natriurèse (< 20 mEq/24h)
Biologie sanguine :
- Hypoprotidémie < 60 g/L
- Hypoalbuminémie < 30 g/L
- EPS :
- Hyperlipidémie fréquente,
- VS (hypoprotidémie) et fausse hypocalcémie (hypoalbuminémie)
- α2-globulines, β-globulines, fibrinogène,
- gammaglobulines,
Conduite à tenir :
- Caractère pur ou impur,
- Installation et ancienneté,
- Facteurs déclenchants :
- Signes extra-rénaux :
- Médicaments : AINS, lithium, interféron…
- Vaccination,
- Piqûres d’insecte,
- Syndrome infectieux récent,
- Angine,
- Purpura, lésions cutanées,
- Arthralgies,
Orientation diagnostique :
Biopsie rénale : toujours utile sauf :
- Enfant :
- Entre 1 et 10 ans,
- SN pur, sans signes extra-rénaux,
SN à LGM (néphrose lipoïdique)
- Diabétique : DT1 non récent (> 5 ans), pas de durée pour le DT2,
- Avec rétinopathie diabétique,
- SN pur, sans hématurie,
SN par GN diabétique,
- Amylose : BGSA,
- Hérédité : si déjà identifier dans la famille et aucun traitement,
- Médicament : imputabilité évidente,
Anamnèse : utile pour l’analyse des résultats de la PBR
- Âge,
- Installation du syndrome œdémateux,
- Episode viral ou manifestation allergique,
- ATCD personnels extra-rénaux : maladies de système,
- Médicaments : AINS, sels d’ors, D-pénicillamine, lithium
- Caractère pur ou impur,
- ATCD familiaux de néphropathie glomérulaire : Alport…
- Echographie rénale : uropathie malformative,
- Biologie :
- Brutal : LGM, prolifération intraglomérulaire,
- Progressive : dépôt sans prolifération (diabète, GEM, amylose)
- Glycémie,
- CH50, C3 et C4,
- AAN,
- Sérologie VHB et VHC,
- Après 45 ans, EPS et EPU,
- ANCA et MBG non indiqué d’emblée,
SN primaire : ou idiopathique, si enquête étiologique négative
- LGM ou néphrose lipoïdique,
- GEM,
SN secondaire : conséquence d’une maladie générale
Maladies de système | Diabète Lupus érythémateux disséminé Vascularite nécrosante (rare) Purpura rhumatoïde Cryoglobulinémie Amylose AL primitive, ou au cours d’un myélome Amylose AA secondaire à une maladie inflammatoire chronique |
Infections | Infection par le virus de l’hépatite B ou de l’hépatite C Infection par le VIH Glomérulonéphrite aiguë post-infectieuse (streptocoque, pneumocoque) Infection d’un shunt atrio-ventriculaire Autres : paludisme, syphilis |
Cancers et hémopathies | Tumeurs solides (cancer bronchique) Hémopathies (myélome multiple, lymphome non-hodgkininen) Gammapathie monoclonale isolée Cryoglobulinémie |
Médicaments | Anti-inflammatoires non stéroïdiens Lithium Sels d’or D-pénicillamine |
Autres causes | Transplantation rénale Pré-éclampsie |
Objectifs
- Devant la découverte d’une protéinurie, argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents.
- Devant un syndrome néphrotique chez l’enfant ou chez l'adulte, argumenter les hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents.
- Argumenter les principes du traitement symptomatique et de la surveillance du syndrome néphrotique et de ses complications.
Point clés
Définition du syndrome néphrotique
Protéinurie > 3 g/j (50 mg/kg/j chez l’enfant) et albuminémie < 30 g/L.
Complications aiguës et leur traitement
- 1. La rétention hydrosodée, caractérisée par une prise de poids, des œdèmes déclives, éventuellement une anasarque.
- 2. L’insuffisance rénale aiguë
- 3. Les thromboses vasculaires
- 4. Les infections bactériennes à germes encapsulés (pneumocoques, streptocoques ou BGN) : pneumopathie, péritonite, érysipèle ; pas d’indication à une antibioprophylaxie.
- Traitement : régime sans sel ± diurétique.
- Fonctionnelle par hypovolémie :
- Organique :
- due à la baisse de la volémie par fuite d’albumine vers le secteur interstitiel (rare) ;
- ou déplétion hydrosodée brutale par diurétique.
- par nécrose tubulaire aiguë ;
- par thrombose veineuse rénale.
- Thrombose veineuse ou artérielle chez l’enfant
- Maladie thromboembolique veineuse chez l’adulte
- Thrombose de veine rénale au cours de la glomérulonéphrite extra-membraneuse
- Traitement curatif :
- Prophylaxie :
• anticoagulant en cas de thrombose veineuse, prolongé aussi longtemps que le SN persiste, avec un objectif d’INR entre 2 et 3 ;
• anticoagulant et/ou aspirine si thrombose artérielle ;
• éviter l’immobilisation prolongée ;
• éviter la déplétion hydrosodée brutale (> 1 kg/j chez l’adulte) ;
• discuter un AVK si hypoalbuminémie profonde (< 20 g/L) et durable.
Complications chroniques et leur traitement
- 1. L’insuffisance rénale chronique, favorisée par l’hypertension artérielle et une protéinurie massive persistante par échec ou absence de traitement spécifique
- 2. La dyslipidémie athérogène (LDL-C élevé, hyperTG) :
- 3. Retard de croissance : chez l’enfant si SN chronique ou si corticothérapie autour du pic de croissance pubertaire :
- Traitement «néphroprotecteur » :
- Objectif tensionnel : PA < 130/80 ; moyens : IEC + diurétique ;
- Réduire la protéinurie : objectif < 0,5 g/j ; moyens : abaisser la PA + IEC (ou ARAII chez le diabétique de type 2) + régime peu salé + diurétique.
- Traitement par régime (peu efficace) et statine si SN durable (> 6 mois).
- Prévention :
- Régime normal en protéine : 1-1,5 g/kg/j ;
- Réduire la corticothérapie en lui substituant un immunosuppresseur autour de la puberté.
Protéinurie
Protéinurie physiologique :
100 à 150 mg/24h soit < 0,2g/24h
- 10 à 15 kg / jour de protéines sériques traversent le rein,
- Seulement 100 à 150 mg excrétés dans l’urine des 24h,
- Paroi du capillaire glomérulaire s’oppose à la filtration de la majorité,
- Tubule proximal réabsorbe la majorité des protéines physiologiquement filtrées en raison de leur faible poids moléculaire (< 70 kD)
- À l’état normal : proviennent pour
- 60% filtration des protéines du plasma : principalement bas PM (lysozyme, β2-microglobuline et chaînes légères κ et λ)
- 40% sécrétion tubulaire d’uromoduline (protéine de Tamm-Horsfall) ou de l’urothélium des voies urinaires,
évaluation de la protéinurie
Semi-quantitative : bandelette urinaire
- Détecte albuminurie > 50-100 mg/L
- Ne détecte pas les chaînes légères d’Ig, ni les protéines de bas PM,
- Normal ou non significatif : en fonction de la concentration des urines
- Anormaux
- Absence de protéinurie,
- Traces ou 1+ (< 0,3 g/L),
- 2+ (environ 1 g/L)
- 3+ (environ 3 g/L)
Quantitative : dosage pondéral
- Rend compte de la quasi-totalité des protéines, y compris les chaînes légères d’Ig
- En g / 24h :
- Rapport protéinurie / créatininurie :
- Normal < 0,15 g/j
- Protéinurie anormale > 0,3 g/24h
- Normal < 0,15 g/j
- Protéinurie anormale > 0,5 g/24h
Chez un même individu, recueil à la même heure, préférentiellement sur les 1ères urines du matin
- Hématurie / pyurie
- Peut gêner l’interprétation de la protéinurie
- Hématurie macroscopique (et non microscopique) à l’origine d’une protéinurie abondante (1-2 g/j) par hémolyse des hématies dans les urines,
Qualitative : électrophorèse des protéines urinaires
Protéinurie glomérulaire sélective :
- Albumine > 80%
- Suggère une néphropathie glomérulaire sans lésion décelable au microscope optique (SN à LGM ou néphrose lipoïdique)
Protéinurie glomérulaire non sélective :
- Albumine < 80%
- Toutes les classes de globulines du sérum,
- Peut être tout type de néphropathie,
Protéinurie tubulaire :
- Trouble de réabsorption tubulaire proximale,
- 2 protéines de bas PM:
- Protéinuries tubulaires isolées rares et accompagnent le syndrome de Fanconi des tubulopathies d’origine génétique ou toxique (métaux lourds)
- Protéinurie tubulaire accompagne (et est souvent masquée par) la plupart des protéinuries glomérulaires non sélectives,
- Lysozymurie (15 kD)
- β2-microglobulinurie (12kD)
Protéinurie de « surcharge » :
- Protéine anormale :
- Protéine normalement absente du sérum :
- Chaîne légère κ et λ au cours des dysglobulinémies, myélome multiple, amylose AL,
- Immunoélectrophorèse ou l’immunoblot des protéines urinaires nécessaire pour caractériser la protéine monoclonale en cause,
- Hémoglobine si hémolyse intravasculaire,
- Myoglobine au cours d’une rhabdomyolyse,
Microalbuminurie pathologique :
- Excrétion urinaire d’albumine de 30 à 300 mg / 24h
- Spécifique d’une atteinte glomérulaire,
- Marqueur de glomérulop. diabétique débutante à doser annuellement si DT1 ou DT2 (ano. de l’hémodynamique glomé. avec hyperfiltration)
- Marqueur indépendant de risque CV élevé,
- et disparaît parfois après la mise en route d’un IEC ou ARAII,
Albuminurie normale | < 30 mg / 24 h |
Microalbuminurie | 30-300 mg / 24 h ou 3-30 mg /mmol créatininurie ou 30-300 mg / g créatininurie |
Albuminurie | > 300 mg / 24 h |
Protéinurie clinique | > 500 mg / 24 h ou rapport protéinurie/créatininurie > 0,5 g / g |
Situations cliniques
Protéinuries intermittentes (ou transitoires)
Circonstances : physiologiques ou pathologiques,
- Protéinurie orthostatique,
- Protéinurie d’effort : exercice physique intense et prolongé,
- Fièvre élevée,
- Infections de l’appareil urinaire,
- IC droite,
- Polyglobulie
Protéinurie orthostatique : non pathologique
- En période pubertaire (12-16 ans)
- Disparaît spontanément à la fin de la puberté, avant 20 ans.
- Disparition de la protéinurie en clinostatisme (urines recueillies après 2H de repos en décubitus dorsal
Protéinurie permanante :
- Absence de SN malgré une protéinurie abondante :
- Débit de la protéinurie souvent quand DFG < 50 ml/min
- Maladie glomérulaire peut se surajouter à une néphropathie interstitielle ou vasculaire,
- Néphropathies sans protéinurie :
- Protéinurie constituée essentiellement d’une chaîne légère d’Ig,
- Néphropathie glomérulaire d’installation très récente
- Tubulaires,
- Interstitielles, notamment d’origine métabolique,
- Vasculaires,
- IR sans protéinurie doit faire rechercher un obstacle sur les voies excrétrices
Syndrome néphrotique
Généralités
Définition :
- Définition biologique :
- SN pur :
- SN impur : si un ou plrs des signes précédents sont présents,
- Protéinurie > 3 g / 24h chez l’adulte (> 50 mg / kg / jour chez l’enfant)
- Hypoalbuminémie < 30 g/L
- Sans hématurie microscopique,
- Sans HTA
- Sans IR organique, qui peut être initialement difficile à distinguer d’une IR fonctionnelle.
Physiopathologie
- Trouble de la perméabilité capillaire glomérulaire lié à
- Protéinurie essentiellement faite d’albumine :
- Anomalie de la structure de la MBG,
- Perte des charges électronégatives de la MBG : comme dans la néphrose idiopathique,
- Anomalies des cellules glomérulaires ou dépôts de protéines isolés ou combinés dans les glomérules,
- Fuite urinaire d’albumine dépasse les capacités de synthèse hépatique, provoquant ainsi une hypoalbuminémie,
- Syndrome œdémateux
Œdèmes
Clinique :
- Mous, blancs, prenant le godet,
- Dans les territoires déclives :
- Régions où la pression extravasculaire faible : orbite de l’œil,
- Epanchement des séreuses (plèvre, péricarde, péritoine) voire anasarque,
- OAP exceptionnel en l’absence d’IC,
- Prise de poids à chiffrer
- Chevilles et jambes en position debout,
- Lombes et dos chez en décubitus dorsal,
Mécanisme :
Traitement :
- Restriction sodée < 2 g de NaCl / jour (soit 34 mEq de sodium)
- Repos transitoire au lit (pour faciliter la mobilisation des œdèmes)
- DIU de l’anse : Furosémide (Lasilix®) ou Bumétanide (Burinex®)
- Si résistance : DIU agissant sur
- Réponse natriurétique doit être progressive pour éviter hypovolémie et thromboses veineuses (dues à l’hémoconcentration)
- Perfusions d’albumine réservées aux situations exceptionnelles d’hypotension symptomatique,
- 2 à 3 prises / jour
- Utilisé à posologie croissante selon la réponse obtenue, appréciée sur le poids (viser une perte d’1 kg/jour) la diurèse et la natriurèse / 24h
- Tubule collecteur : amiloride (Modamide®)
- Tube contourné distal : thiazidique (hydrochlorothiazide, Esidrex®)
Complications aiguës
IRA : 3 mécanismes possibles
- IR fonctionnelle :
- Nécrose tubulaire aiguë : ± oligoanurie,
- Thrombose veine rénale : uni ou bilatéral,
- Discrète, banale à la phase initiale d’un syndrome néphrotique.
- Natriurèse < 5 mmol/L
- Si hypovolémie sévère associée,
- Chez l’enfant ou du sujet âgé,
- PBR : nécrose tubulaire en plus des lésions glomérulaires,
- Récupération peut être différée à 2-3 mois,
- Au cours des GEM ou amylose,
- Douleur lombaire uni ou bilatérale,
- Hématurie macroscopique,
- IR inconstante,
- Δg : doppler, TDM ou angio-IRM,
- Thrombose peut s’étendre à la VCI
Thromboses vasculaires : et anomalies de la coagulation
Mécanisme :
- Pertes urinaires de certains facteurs de coagulation largement compensées par synthèse hépatique,
- Fuite urinaire d’un anticoagulant naturel, antithrombine III, possi.
- Situation d’hypercoagulabilité responsable d’une fréquence des thromboses,
Clinique :
- Thromboses vasculaires de tous les territoires,
- + fréquentes chez l’adulte que chez l’enfant,
- Oblitérations artérielles souvent à l’installation du SN,
- TVP peuvent se compliquer d’EP
- Thromboses particulières :
- Sinus veineux cérébral,
- Veine rénale,
Traitement :
- HBPM puis AVK avec INR entre 2 et 3 si SN persiste,
- Equilibration AVK difficile (liaison à l’albumine, forme libre)
- Thrombose artérielle : embolectomie ou héparine + aspirine,
Prévention :
- Eviter l’immobilisation prolongée,
- Eviter la déplétion hydrosodée brutale (< 1 kg / jour chez l’adulte)
- Discuter AVK si hypoalbuminémie profonde (< 20 g / L) et durable,
Infections :
- IgG et IgA, ainsi que immunité cellulaire,
- Risque d’infections à bactéries encapsulées,
- Infections cutanées : peut prendre très vite l’aspect de cellulite avec sepsis grave, notamment chez les patients avec un syndrome œdémateux majeur.
- Péritonite primitive : chez les enfants,
- Efficacité de la vaccination anti-pneumococcique non prouvée,
- ATB prophylaxie non indiquée,
- Corticothérapie et IS contre- indiquent les vaccins vivants,
- Douleur abdominale aiguë fébrile,
- Δg : ponction d’ascite.
Complications chroniques :
Hyperlipidémie :
- Type mixte le + souvent,
- Hypercholestérolémie :
- Liée à production des lipoprotéines au niveau du foie (VLDL et LDL) et catabolisme,
- Directement corrélée à l’importance de la protéinurie,
- Hyperlipidémie sévère risque CV,
- Traitement :
- Peut être très importante (> 10 mmol/L)
- Athérogène avec LDL-C,
- Uniquement si SN durable > 6 mois,
- Si résistant au traitement spécifique (HSF, GEM)
- Statines sous contrôle strict des CPK (risque accru de rhabdomyolyse) et à posologie progressivement croissante.
HTA :
- Très fréquente au cours des GN chroniques,
- Objectif tensionnel < 130/80 mmHg
- Traitement en première ligne : IEC ou ARA2, puis diurétique.
IRC :
- Risque lié :
- Traitement : néphroprotecteur
- Type de GN,
- Effet néphrotoxique direct en cas de protéinurie prolongée,
- HTA non contrôlée,
- PA < 130/80 mmHg et protéinurie < 0,5 g/24h
- Régime limité en sel : 6 g/j
- IEC ou ARAII,
Autres :
Dénutrition et troubles de croissance :
- Malnutrition protidique fréquente,
- Atrophie musculaire à la disparition des œdèmes,
- Régime normal : 1-1,5 g/kg/j de protéines,
- Chez l’enfant, retard de croissance surtout par la corticothérapie,
- fraction libre plasmatique des médicaments liés à l’albumine, pour AVK, statines, AINS…
- Syndrome néphrotique prolongée :
- métaux éléments : fer, cuivre, zinc,
- protéines porteuses : céruléoplasmine, transferrine,
Diagnostic
Clinique
- Œdèmes,
- Epanchements des séreuses transsudatifs,
- Prise de poids,
± Oligurie, si installation brutale,
Biologie urinaire :
- Protéinurie > 3 g/24h permanante et abondante,
- EPU : sélective avec albuminurie > 80%
- Sédiment urinaire : associée ou non à une hématurie microscopique,
- Culot urinaire : cylindres hématiques (origine glomérulaire ++)
- Ionogramme urinaire : natriurèse (< 20 mEq/24h)
Biologie sanguine :
- Hypoprotidémie < 60 g/L
- Hypoalbuminémie < 30 g/L
- EPS :
- Hyperlipidémie fréquente,
- VS (hypoprotidémie) et fausse hypocalcémie (hypoalbuminémie)
- α2-globulines, β-globulines, fibrinogène,
- gammaglobulines,
Conduite à tenir :
- Caractère pur ou impur,
- Installation et ancienneté,
- Facteurs déclenchants :
- Signes extra-rénaux :
- Médicaments : AINS, lithium, interféron…
- Vaccination,
- Piqûres d’insecte,
- Syndrome infectieux récent,
- Angine,
- Purpura, lésions cutanées,
- Arthralgies,
Orientation diagnostique :
Biopsie rénale : toujours utile sauf :
- Enfant :
- Entre 1 et 10 ans,
- SN pur, sans signes extra-rénaux,
SN à LGM (néphrose lipoïdique)
- Diabétique : DT1 non récent (> 5 ans), pas de durée pour le DT2,
- Avec rétinopathie diabétique,
- SN pur, sans hématurie,
SN par GN diabétique,
- Amylose : BGSA,
- Hérédité : si déjà identifier dans la famille et aucun traitement,
- Médicament : imputabilité évidente,
Anamnèse : utile pour l’analyse des résultats de la PBR
- Âge,
- Installation du syndrome œdémateux,
- Episode viral ou manifestation allergique,
- ATCD personnels extra-rénaux : maladies de système,
- Médicaments : AINS, sels d’ors, D-pénicillamine, lithium
- Caractère pur ou impur,
- ATCD familiaux de néphropathie glomérulaire : Alport…
- Echographie rénale : uropathie malformative,
- Biologie :
- Brutal : LGM, prolifération intraglomérulaire,
- Progressive : dépôt sans prolifération (diabète, GEM, amylose)
- Glycémie,
- CH50, C3 et C4,
- AAN,
- Sérologie VHB et VHC,
- Après 45 ans, EPS et EPU,
- ANCA et MBG non indiqué d’emblée,
SN primaire : ou idiopathique, si enquête étiologique négative
- LGM ou néphrose lipoïdique,
- GEM,
SN secondaire : conséquence d’une maladie générale
Maladies de système | Diabète Lupus érythémateux disséminé Vascularite nécrosante (rare) Purpura rhumatoïde Cryoglobulinémie Amylose AL primitive, ou au cours d’un myélome Amylose AA secondaire à une maladie inflammatoire chronique |
Infections | Infection par le virus de l’hépatite B ou de l’hépatite C Infection par le VIH Glomérulonéphrite aiguë post-infectieuse (streptocoque, pneumocoque) Infection d’un shunt atrio-ventriculaire Autres : paludisme, syphilis |
Cancers et hémopathies | Tumeurs solides (cancer bronchique) Hémopathies (myélome multiple, lymphome non-hodgkininen) Gammapathie monoclonale isolée Cryoglobulinémie |
Médicaments | Anti-inflammatoires non stéroïdiens Lithium Sels d’or D-pénicillamine |
Autres causes | Transplantation rénale Pré-éclampsie |