- Maladies infectieuses
- UE 6
- Item 167
Important
Paludisme
GENERALITES
Fardeau pour les populations des zones d’endémie mais également une menace pour les voyageurs se rendant dans les zones impaludées.
Agent pathogène
Paludisme (ou malaria) : parasitose due à des protozoaires hématozoaires du genre Plasmodium
5 espèces chez l’homme = toutes de réservoir humain (sauf P. knowlesi › aussi chez le macaque)
Ces 5 espèces se différencient par : manifestations cliniques et biologiques, répartition géographique et capacité à développer des résistances aux antipaludéens.
P. falciparum est d’emblée à différencier car : le plus fréquent, celui qui développe le plus de résistances aux antipaludéens et responsable de formes cliniques potentiellement mortelles
AGENT PATHOGENE : P. FALCIPARUM | |
LOCALISATION GEOGRAPHIQUE | Zones équatoriales et sub-tropicales |
TRANSMISSION | Zones équatoriales = toute l’année (avec recrudescence saisonnière) Zones sub-tropicales = périodes chaudes et humides Pas de transmission en dessous de 18°C |
EVOLUTION | En 1 seul tenant Incubation : 7 – 12 jours Généralement, pas de rechute tardive (contrairement aux autres espèces) 90% des accès de palustre surviennent dans les 2 mois qui suivent retour |
FORMES CLINIQUES | Graves +++ (neuropaludisme) Espèce la plus fréquente en France 80% des paludismes « d’importation » (contracté en zone d’endémie mais révélé en France après retour) |
AGENT PATHOGENE : P. VIVAX | |
LOCALISATION GEOGRAPHIQUE | Amérique du Sud Asie Rarement en Afrique (Afrique de l’est et océan indien) |
TRANSMISSION | Pas de transmission en dessous de 15°C GR Duffy négatif (+++ en Afrique) › facteur protecteur car pas de Rc membranaire pour infection par P. vivax |
EVOLUTION | Incubation : 11 – 15 jours Rechutes possibles pendant 3 – 4 ans (dues aux réveils d’hypnozoïtes) |
FORMES CLINIQUES | Bénigne : fièvre tierce (cycle érythrocytaire de 48h) En zone d’endémie : répercussions graves possibles sur l‘état de santé des populations à cause des anémies chez l’enfant Apparition de résistances médicamenteuses à la chloroquine |
AGENT PATHOGENE : P. OVALE | |
LOCALISATION GEOGRAPHIQUE | Afrique intertropicale du Centre et de l’Ouest |
TRANSMISSION | |
EVOLUTION | Incubation : 15 jours minimum (mais peut aller jusqu’à 4 ans) Rechutes tardives possibles (5 ans) |
FORMES CLINIQUES | Bénigne : Fièvre tierce bénigne (cycle érythrocytaire 48h) Un peu l’équivalent de P. vivax où il n’existe pas |
AGENT PATHOGENE : P. MALARIAE | |
LOCALISATION GEOGRAPHIQUE | Afrique Asie Amérique du Sud |
TRANSMISSION | De façon plus sporadique |
EVOLUTION | Incubation longue : 15 – 21 jours Reviviscence (rechute) très tardive possible en l’absence de traitement initial : jusqu’à 20 ans |
FORMES CLINIQUES | Périodicité différente de la fièvre : fièvre quarte (cycle érythrocytaire de 72h) Généralement bénigne mais peut entrainer complications rénales |
AGENT PATHOGENE : P. KNOWLESI | |
LOCALISATION GEOGRAPHIQUE | Asie du Sud Est (Malaisie à Bornéo++) |
TRANSMISSION | En zone forestière +++ car lié à la répartition des signes macaques (son hôte habituel) Morphologiquement proche de P. malariae |
EVOLUTION | |
FORMES CLINIQUES | Fièvre quotidienne (Cycle érythrocytaire de 24h) Formes graves mortelles rares (10% avec 1 – 2% de mortalité) avec forte parasitémie Sensibilité réduite méfloquine (variable pour chloroquine) Pas de chimiorésistance |
Vecteur
Transmission par piqûre d’un moustique culicidé du genre Anopheles au moment de son repas sanguin › seule la femelle hématophage transmet la maladie
Elle ne pique qu’à partir du coucher du soleil avec maximum d’activité entre 23h et 6h du matin (c’est pourquoi, utilisation des moustiquaires est le moyen de prévention individuel le plus efficace)
Anophèle
Développement dans les collections d’eau non polluées
Développement et longévité dépendant de la température avec optimum entre 20 – 30°C (durée de vie de 30 jours)
Ne fait pas de bruit ; piqûre indolore
Il existe de nombreuses espèces d’anophèles › toutes ne sont pas capables de transmettre le paludisme
Les espèces les plus dangereuses sont
- Les ESPECES ANTHROPOPHILES (préfèrent effectuer leur repas sanguin sur l’Homme)
- Les ESPECES ENDOPHILES (qui se reposent à l’intérieur des maisons)
Résistances sont apparues ce qui limite les moyens de lutte
Cycle
Cycle se déroule successivement :
- Chez l’homme (phase asexuée chez l’hôte intermédiaire) avec 2 phases :
- Chez l’anophèle (phase sexuée chez l’hôte définitif)
- HEPATIQUE OU PRE-ERYTHROCYTAIRE (exo-érythrocytaire) : phase d’incubation, cliniquement asymptomatique
- PHASE SANGUINE OU ERYTHROCYTAIRE : phase clinique de la maladie
Chez l’homme
SCHIZOGONIE PRE-ERYTHROCYTAIRE
Sporozoïtes inoculés par anophèle femelle lors de son repas sanguin (< 100) › restent pendant 30 min maximum dans la peau, lymphe et sang
Certains parviennent à gagner les hépatocytes
Une fois dans les hépatocytes › parasite toujours mononuclée prend le nom de trophozoïte
- Lors de la schizogonie › noyau du parasite amplifie son ADN et se divise de façon binaire alors que cytoplasme ne se divise pas = Transformation en schizontes pré-érythrocytaires (ou corps bleus = forme multinucléées)
- 7 – 15 jours de maturation
- Puis ils éclatent et libèrent de milliers de mérozoïtes uninucléés (de 1ère génération) dans le sang (10 000 à 30 000)
NB : la schizogonie hépatique est unique dans le cycle › la cellule hépatique ne peut être infectée par des sporozoïtes
Dans les infections à P. vivax et P. ovale
- Certains sporozoïtes intra hépatiques restent quiescent (hypnozoïtes) et sont responsables d’une schizogonie hépatique retardée › libération de mérozoïtes plusieurs mois après piqûre de moustique (reviviscence tardive)
SCHIZOGONIE ERYTHROCYTAIRE
Mérozoïtes pénètrent dans les GR
Maturation en trophozoïte puis en schizonte en 24-72h (en fonction de l’espèce) conduisant à la destruction du GR hôte et libération de 4 à 32 nouveaux mérozoïtes
Ces nouveaux mérozoïtes vont pénétrer d’autres GR › début d’un nouveau cycle de réplication
C’est la PHASE CLINIQUE = parasitémie s’élève, sujet dévient fébrile › c’est l’accès de palustre
- DANS L’ACCES DE PRIMO-INFECTION : le développement des parasites est asynchrone (tous les schizontes n’arrivent pas à maturation au même moment) › donne une fièvre continue, anarchique
- EN L’ABSENCE DE TRAITEMENT : tous les parasites évoluent progressivement au même rythme (= ils deviennent synchrones)
- Tous les schizontes érythrocytaires arrivent à maturation au même moment › entrainent la destruction d’un grand nombre de GR de manière périodique :
- Toutes les 24h : P. knowlesi
- Toutes les 48h : P. falciparum, P. vivax ou P. ovale (fièvre tierce, mais bon en pratique rarement synchrone pour P. falciparum)
- Toutes les 72h : P. malariae (fièvre quarte)
Certains trophozoïtes › maturation 10aine de jours dans le compartiment médullaire sans division nucléaire accompagnée différenciation sexuée = transformation en gamétocytes à potentiel mâle ou femelle
Gamétocytes matures › restent en circulation dans le sang pendant quelques semaines (15 jours)
Chez l’anophèle femelle
Gamétocytes ingérés par le moustique lors d’un repas sanguin sur un sujet infecté › transformation en gamètes mâles et femelles › fusion en 1 œuf libre mobile appelé ookinète
- Ookinète › quitte la lumière du TD › fixation sur la paroi externe de l’estomac › transformation en oocyste
- Cellules parasitaires se multiplient à l’intérieur de l’oocyste › production de centaines de sporozoïtes qui migrent vers glandes salivaires du moustique
- Sporozoïtes = formes infectantes prêtes à être inoculées avec la salive du moustique lors d’un repas sanguin sur un hôte vertébré
Durée de développement sporogonique variable en fonction des conditions climatiques : 9 – 20 jours entre 20 – 30°C pour P. falciparum (plus rapide pour P. vivax (et température plus basses : 18°C), plus long pour P. malariae)
Modalités de transmission
Transmission la nuit par piqûre de moustique (l’anophèle femelle)
La phase sanguine rend possible d’autres modes de contamination (exceptionnel ne modifie pas épidémiologie de la maladie) :
Transmission congénitale
Transmission transfusionnelle, par greffe d’organe ou accidentelle chez des professionnels de santé manipulant du sang contaminé
Répartition géographique
Epidémiologie du paludisme très variable d’une région géographique à une autre. Hétérogénécité sous la dépendance :
- Distribution des anophèles et capacité vectorielle
- Caractéristiques biologiques des parasites
- Rôle de l’immunité (la mortalité est faible (<1%) par rapport au nombre présumé d’accès de palustres survenant sur une même période, même si on est d’accord ça entraine bcp de décès quand même)
On peut définir des zones épidémiologiques
ZONE : Holoendémique | |
TRANSMISSION | Intense toute l'année |
IMMUNITÉ CHEZ L'ADULTE | Solide |
TYPE DE PALUDISME | Paludisme stable |
ZONE : Hyperendémique | |
TRANSMISSION | Intense avec variation saisonnière |
IMMUNITÉ CHEZ L'ADULTE | Significative |
TYPE DE PALUDISME | Paludisme stable |
ZONE : Mésoendémique | |
TRANSMISSION | Variable |
IMMUNITÉ CHEZ L'ADULTE | Non significative |
TYPE DE PALUDISME | Paludisme instable |
ZONE : Mésoendémique | |
TRANSMISSION | Variable |
IMMUNITÉ CHEZ L'ADULTE | Non significative |
TYPE DE PALUDISME | Paludisme instable |
EUROPE | Officiellement éradiqué Mais attention surveillance de la Fédération de Russie (dont partie européenne comprenant Moscou) car il y persisterait une transmission paludisme dû à P. vivax P. vivax réapparu en Grèce (cas autochtones) en 2011 Parfois paludisme d’aéroport (en lien avec importation de moustiques infestés dans les bagages ou cabines des avions venant de zones d’endémie) |
AFRIQUE | Transmission homogène Très largement répandu dans toute l’Afrique sub-saharienne où coexistent : P. falciparum (+++++), P. ovale, P. malariae (plus sporadique), P. vivax (Afrique de l’Est) Transmission faible en Afrique du nord (Algérie) + Cap Vert et Ile Maurice › essentiellement due à P. vivax Autres : Comores (dont Mayotte) et Madagascar › coexistence de 4 espèces Ile de la Réunion › INDEMNE |
AMERIQUE | AMERIQUE DU NORD : éradication du paludisme AMERIQUE CENTRALE : transmission P. vivax (Caraïbes indemnes à l’exception d’Haïti et d’une partie de la République Dominicaine) Pas de paludisme dans les 2 départements d’Outre-Mer français (Martinique et Guadeloupe) AMERIQUE DU SUD : P. falciparum ++++ (souches très résistance) et P. vivax Paludisme sévit aussi en Guyane française Attention plus de transmission au delà de 2500m |
ASIE | Transmission sous forme de foyers disséminés en milieu rural dans les zones de colline boisées Toute les grandes villes asiatiques sont indemnes (sauf les villes indiennes) Toute l’Asie du Sud Est : transmission P. falciparum (avec parfois souches multirésistantes), P. vivax et P. knowlesi Autres régions de la péninsule indienne : P. vivax et P. falciparum (mais pas de résistances) |
OCEANIE | Transmission hétérogène Certaines îles atteintes (Nouvelle Guinée, Iles Salomon, Vanuatu) D’autres totalement dépourvues (Polynésie Française, Nouvelle Calédonie, Hawaï, Wallis et Futana, Fidji…) Australie et Nouvelle Zélande sont indemnes |
PROCHE ET MOYEN ORIENT | Côte ouest de la péninsule arabique et Yémen : P. falciparum |
Particularités épidémiologiques
1ère endémie parasitaire mondiale : près de la moitié de la population mondiale vit en zone d’endémie
Diminution de la mortalité depuis l’apparition de mesures préventives et de traitements :
- Diminution de 30% et de 47% de la mortalité au niveau mondial
- Prévalence de l’infection chez les enfants entre 2 – 10 ans a diminué de 46%
Groupes de population particulièrement à risque :
- Jeunes enfants vivant dans zones de transmission stable sans immunité les protégeant contre formes sévères de la maladie
- Femmes enceintes non immunisées (fausses couches et décès maternels)
- Femmes enceintes semi-immunisées dans les régions de forte transmission (fausses couches, faible poids de naissance surtout pendant 1ère et 2nd grossesse)
- Femmes enceintes semi-immunisées infectées par VIH dans les zones de transmission stable (risque accru de contracter paludisme pendant la grossesse ; si infection palustre du placenta › risque augmenté de transmettre VIH à leur enfant)
- Personnes avec VIH/sida
- Voyageurs internationaux en provenance de régions exemptes de paludisme (ne sont pas immunisés)
- Migrants venus de région d’endémie et leurs enfants qui vivent dans des zones exemptes de paludisme qui retournent dans leur pays d’origine (immunité a diminué ou disparue)
Protection naturelle
Facteurs génétiques conférant à certains sujets une immunité naturelle au moins partielle
- Facteurs érythrocytaires : Trait drépanocytaire (sujet hétérozygote AS), Groupe sanguin Duffy négatif
- Facteurs non érythrocytaires : groupe HLA, polymorphisme de la réponse immune, facteurs ethniques
Immunité acquise
Elle s’acquiert progressivement en situation d’exposition continue
Immunité n’est pas stérilisante (n’empêche pas de nouvelles contaminations+++) et ne permet pas de se débarrasser totalement du parasite !
Mais empêche les formes cliniques graves +++
Dans les zones de transmission intense :
- Enfants à partir de 4 – 6 mois (fin de la protection maternelle) : payent le plus lourd tribut de la maladie
- Enfants à partir de 4 – 6 ans : risque d’accès grave diminue, le sujet tolère des parasitémies de + en + importantes
Elle se développe après longue période d’exposition ininterrompue et est transmissible aux NNé
Jamais totale et jamais définitive › un sujet transplanté en zone tempérée pendant 2 – 3 ans perd progressivement sa protection = c’est une prémunition vis-à-vis du palustre plutôt qu’une immunité.
Un sujet n’ayant jamais rencontré le paludisme de sa vie est exposé à des formes graves
CLINIQUE
Manifestations du paludisme
Leur gravité dépend :
- DE L’ESPECE DE PLASMODIUM
- DE LA PARASITEMIE
- DE L’IMMUNITE DE L’HOTE
Accès de palustre simple chez l’adulte
Forme clinique la plus souvent observée en France (due à P. falciparum dans 80% des cas) chez un patient en retour de voyage
Face à une suspicion d’accès palustre › rechercher immédiatement des signes cliniques de gravité (notamment neurologiques = plus fréquents et faciles à mettre en évidence)
Si signe neurologique (quel qu’il soit) = hospitalisation immédiate
INCUBATION | Durée de la phase hépatocytaire Totalement asymptomatique |
INVASION | Début de la phase érythrocytaire ; tableau aspécifique Marquée par : |
EVOLUTION | Le malade peut à tout moment et en quelques heures évoluer de l’accès simple vers un accès grave rapidement mortel (si pas de prise en charge adaptée) lors d’une infection à P. falciparum Pas d’argument pronostic permettant de prévoir cette évolution › paludisme est une URGENCE MEDICALE « toute fièvre, toute symptomatologie chez un patient de retour d’une zone d’endémie palustre est un paludisme jusqu’à preuve du contraire » |
Accès de palustre simple à fièvre périodique
Forme clinique correspond à la triade classique de l’accès palustre : « frissons, chaleur, sueurs » survenant tous les 2 – 3 jours
En pratique observée dans les infestations à P. vivax, P. ovale et P. malariae suivant un accès de PRIMO-INFECTION NON TRAITEE (mais pouvant survenir à distance de l’épisode fébrile initial (hypnozoïtes de P. vivax ou P. ovale ; ou accès tardifs de P. malariae)
Accès précédé phase prodromique (lassitude et troubles digestifs)
Quelque soit espèce en cause : accompagnée d’une anémie + splénomégalie progressivement croissante
- SMG peut se compliquer parfois de rupture ou infarctus de la rate
Caract. | |
FRISSONS | Violents Malade se blottit sous les draps |
CHALEUR | Température peut dépasser 40°C Malade rejette les draps |
SUEURS | Profuses |
FIEVRE | Avec clocher thermique survenant : |
Autres signes | |
FRISSONS | Rate augmente de volume PA diminue |
CHALEUR | Peau sèche et brûlante Céphalées et douleurs abdominales |
SUEURS | Urines foncées Diminution brutale de la température PA remonte Sensation de bien être au décours de cette phase |
FIEVRE | Avec clocher thermique survenant : |
Durée | |
FRISSONS | 1 heure |
CHALEUR | 3 – 4 heures |
SUEURS | 2 – 4 heures |
FIEVRE | Avec clocher thermique survenant : |
Accès grave
Paludisme à P. falciparum du sujet non immun est potentiellement mortel +++ › décès secondaire à la défaillance aiguë d’une ou de plusieurs grandes fonctions (et même si les traitements parasitologiques s’avèrent efficaces)
Conduite à tenir pour sauver le malade :
- Instauration traitement médicamenteux efficace
- Réanimation adaptée
- L’atteinte la plus redoutable est l’atteinte neurologique +++ : troubles de la conscience, prostration, convulsions
DEBUT PROGRESSIF OU BRUTAL
NEUROPALUDISME A DEBUT PLUS PROGRESSIF CHEZ L’ADULTE
Fièvre irrégulière avec syndrome algique diffus + troubles digestifs
Examen clinique : peut montrer des signes neurologiques faisant évoquer évolution vers paludisme grave
«tout malade présentant une atteinte de la conscience ou tout autre signe de dysfonctionnement cérébral au retour d’une zone d’endémie palustre doit être traité dans la plus grande urgence comme un neuropaludisme »
NEUROPALUDISME A DEBUT BRUTAL
- Triade symptomatique : fièvre, coma, convulsions
- Souvent associée à une détresse respiratoire
Fréquence chez le jeune enfant en zone d’endémie (< 5 ans) et peut entrainer la mort en quelques heures
PHASE D’ETAT
Fièvre élevée et tableau neurologique se complète et peut associer
TROUBLES DE LA CONSCIENCE
Constants mais intensité variable (simple obnubilation au coma profond)
- Pas de rigidité de nuque
- Coma calme
- Pas de photophobie
- Abolition réflexe cornéen
CONVULSIONS
Enfant +++
- Peuvent être inaugurales
- Généralisées ou localisées
- Espacées dans le temps ou état de mal
- Parfois paucisymptomatiques
Doivent être différenciées des convulsions hyperthermiques : > 2 / 24h avec phase post critique de troubles de conscience > 15 min
TROUBLES DU TONUS
- Hypotonie
- Raideur et opisthotonos (dans les formes évoluées, mauvais pronostic +++)
- ROT variables : très vifs ou abolis exceptionnellement (mauvais pronostic)
Autres signes cliniques : signes neurologiques peuvent dominer le tableau ou être en association à d’autres manifestations viscérales :
- Reins : IR anurique, poumons : œdème pulmonaire, foie, tableau parfois de défaillance multiviscérale
- Parfois sans signe neurologique évident, formes graves avec anémie profonde (enfant+++) ou insuffisance rénale aiguë (adulte)
EVOLUTION
- Non traité, neuropaludisme est mortel en 2 – 3 jours
- Si prise en charge adaptée : mortalité préoccupante (5 – 10%)
- Guérison sans séquelle chez l’adulte // 5 – 10% de séquelles neurologiques chez l’enfant
- Pronostic global repose sur rapidité diagnostique et de prise en charge
Connaître les critères de gravité pour orientation en réanimation et prise en charge adaptée+++++
Définition paludisme grave d’importation à P. falciparum :
- Positivité du frottis-goutte épaisse à P. falciparum avec présence de formes asexuées
- Au moins un des critères cliniques ou biologiques suivant
CRITERES CLINIQUES OU BIOLOGIQUES
Toute défaillance neurologique incluant :
- Obnubilation, confusion, somnolence, prostration
- Coma avec GSW < 11
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
+++ | +++ |
Toute défaillance respiratoire incluant :
- Si VM ou VNI : PaO2/FiO2 < 300 mmHg
- Si non ventilé : PaO2 < 60 mmHg et/ou SpO2 < 90% en AA et/ou polypnée > 32/min
- Signes radiologiques : images interstitielles et/ou alvéolaires
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
+++ | + |
Toute défaillance cardiocirculatoire incluant :
- PAS < 80 mmHg (< 60 mmHg avant âge de 5 ans) en présence de signes périphériques d’insuffisance circulatoire
- Patient recevant médicament vasoactif (quelque soit chiffre de la PA)
- Signes périphériques d’insuffisance circulatoire sans hypotension
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
++++ | ++ |
Convulsions répétées > 2/24h
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
++ | + |
Hémorragie (définition clinique)
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
++ | + |
Ictère : clinique ou bilirubine totale > 50 umol/L
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
+ | +++ |
Hémoglobinurie macroscopique
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
+ | + |
Acidose
- Bicarbonates plasmatiques < 15 mmol/L
- Acidémie avec pH < 7,35
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
+++ | ++ |
Toute hyperlactatémie
- Dès la limite supérieure dépassée
- A fortiori si lactate plasmatique > 5 mmol/L
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
+++ | ++ |
Hyperparasitémie > 4% (sujet non immun +++) : peut varier entre 4 – 20% selon les contextes
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
+ | +++ |
Insuffisance rénale
- Créatinémie chez adulte > 265 umol/L ou urée sanguine > 17 mmol/L
- Diurèse < 400 mL/24h (< 12mL/kg/24h chez enfant) malgré réhydratation
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
++ | +++ |
Tout adulte avec un accès à P. falciparum et qui présente un critère de gravite avec un pronostic côté ++ ou +++ › évaluation le plus tôt possible par REANIMATEUR sans pour autant retarder mise en route traitement spécifique et symptomatique !
Terrains à risque : enfant, femme enceinte, sujet âgé, immunodéprimé, sujet avec comorbidités
Formes cliniques particulières
Paludisme chez la femme enceinte
Grave (importante cause de surmortalité maternelle et infantile +++) avec double risque :
AUGMENTATION DE LA MORTALITE MATERNELLE
- Femmes enceintes (primigestes surtout) plus exposées au risque d’accès palustre répétés et d’accès graves que le reste de la population (dans une même région épidémiologique)
- Accès palustres majorent considérablement les anémies déjà fréquentes dans ces populations (augmentation risque mort maternelle à l’accouchement)
RISQUE POUR FŒTUS OU NOUVEAU NE
- Anémie, avortement spontané, accouchement prématuré, petit poids de naissance
- Mais paludisme congénital reste rare (barrière placentaire, hémoglobine fœtale moins favorable au développement du parasite, transfert des Ac maternels si immunisée)
TRAITEMENT EN URGENCE tout accès de palustre chez la femme enceinte en hospitalisation
NB : risque d’hypoglycémie au cours de l’accès à P. falciparum (majoré par la quinine) plus fréquent chez femme enceinte
Paludisme chez l’enfant
GENERALITES
Critères de gravité de l’OMS n’ont pas été évalués chez l’enfant voyageur
- En pratique, signes de gravité les + importants sont neurologiques : convulsions et troubles de conscience
- Autres critères de gravité chez l’enfant : hypoglycémie et acidose métabolique (pouvant entrainer détresse respiratoire), anémie sévère, ictère
- Autres signes de gravité beaucoup moins retrouvés que chez l’adulte
- Toute convulsion fébrile chez un enfant au retour d’une zone endémie palustre doit faire évoquer accès palustre grave (dans les 15 jours mais peut aller jusqu’à 3 mois)
Spécificités pédiatriques :
- Formes trompeuses chez l’enfant ++++ : inconstance de la fièvre, troubles digestifs dominant tableau clinique, tableau abdominal pseudo chirurgical
- Risque d’évolution vers accès grave
- Caractère souvent inadapté des formes galéniques des antipaludéens
CLINIQUE
En pratique ; manifestations de l’accès palustre chez l’enfant :
- Fièvre (90% des cas) : constatée ou ressentie par les parents +/- associée parfois à une infection bactérienne ou virale (ORL, digestive) pouvant entrainer une errance diagnostique
- HSMG inconstante
- Complications (parfois)
- AEG
- Neurologiques : prostration, convulsions fébriles
- Pulmonaires : détresse respiratoire aiguë
- Autres : syndrome anémique sévère, ictère
En zone d’endémie les 2 formes les plus souvent observées sont : anémie grave (< 2ans) et neuropaludisme (2 – 5 ans). Diminution des accès graves à partir de 5 ans
PARACLINIQUE
CONFIRMATION DIAGNOSTIQUE (COMME ADULTE)
- FROTTIS SANGUIN : recherche de trophozoïtes de P. falciparum
- GOUTTE EPAISSE
- TESTS DE DIAGNOSTIC RAPIDE SUR BANDELETTE (détection des Ag de palustre › indispensable en urgence en attendant confirmation du diagnostic microscopique)
SITUATION D’URGENCE
- NFS, CRP
- IONOGRAMME SANGUIN, UREE, CREATININE
- GLYCEMIE
- BILAN HEPATIQUE COMPLET
- +/- GAZ DU SANG ET LACTATES
ECG avant de mettre en place traitement antipaludéen (recherche QT long ou troubles du rythme)
Paludisme viscéral évolutif
GENERALITES
Manifestation chronique du paludisme atteignant +++
- Enfant vivant en zone d’endémie en phase d’acquisition de la prémunition
- Adulte non prémuni soumis à des inoculations parasitaires répétées et mal traitées
CLINIQUE
- Anémie : dyspnée, pâleur, asthénie, souffle anorganique et œdèmes
- SMG importante
- Température : normale ou fébricule 38°C avec poussées thermiques
- Retard staturo-pondéral chez l’enfant
BIOLOGIE
Parasite circule dans le sang mais parasitémie peut être très faible et diagnostic difficile = intérêt de la PCR
SEROLOGIE DU PALUDISME est positive mais avec taux d’Ac moins élevé qu’en présence d’une splénomégalie palustre hyperréactive = taux d’IgG élevé mais taux IgM normal
EVOLUTION
Sous traitement antipaludique prolongé = évolution spectaculaire
Paludisme sous chimioprophylaxie
Attention : chimioprophylaxie antipalustre, même correctement prise n’élimine pas totalement le risque ++++ › dans ce cas le tableau est souvent trompeur +++ et diagnostic biologique difficile (faible parasitémie, anomalies morphologiques)
Envisageable et peut être conséquence : chimioprophylaxie inadaptée à la zone géographique, chimioprophylaxie mal suivie (prise de manière irrégulière ou arrêtée trop tôt après retour)
Paludisme transfusionnel et post-transplantation
POST TRANSFUSIONNEL
Possible car les hématozoaires peuvent résister température > 4°C pendant 3 semaines
Dépistage sérologique SYSTEMATIQUE si voyage en zone d’endémie
POST-TRANSPLANTATION
Dépistage SYSTEMATIQUE est réalisé en cas de don d’organes
Si + : greffe n’est pas formellement exclue et suivant le cas donneur ou receveur sera traité
Splénomégalie palustre hyperréactive « splénomégalie tropicale idiopathique »
Surtout chez autochtone vivant en zone impaludée +++ ; différent paludisme viscéral = s’observe plus volontiers chez adulte
- Maladie à complexes immuns provoquée par › réaction démesurée de la rate à une stimulation prolongée des phagocytes mononuclées par des complexes immuns circulants
- Conséquence : splénomégalie avec hypersplénisme avec chute des 3 lignées sanguines + production d’IgG et IgM en quantité exagérée
Examens complémentaires
- SEROLOGIE PALUDISME : fortement positive pour pouvoir retenir diagnostic qui face à une SMG doit rester un diagnostic d’exclusion
- PCR : intérêt majeur // EXAMEN EN MO : presque toujours négatif
Evolution : très lentement favorable sous traitement antipaludique
Fièvre bilieuse hémoglobinurique
Exceptionnelle ; ce n’est pas une manifestation du paludisme mais seulement un syndrome d’étiologie immunoallergique suite à la prise itérative d’antipaludique
- Hémolyse intravasculaire disséminée
- Début brutal : lombalgies violentes, état de prostration, fièvre, vomissements alimentaires puis bilieux
- Ictère hémolytique avec anémie, collapsus, oligurie (ou oligo-anurie) faite d’urines « porto »
- Facteurs déclenchants : exposition au froid, nouvelle prise d’antipaludique
C’est un DD de l’accès grave avec une PEC totalement différente = pronostic est fonction de la rapidité à porter le diagnostic, corriger l’anémie et obtenir une reprise de la diurèse avant évolution vers insuffisance rénale
BIOLOGIE
ORIENTATION
- Thrombopénie variable quasi-constante (plaquettes < 150 G/L) : fréquente et précoce au cours du paludisme (indépendant de l’espèce et du tableau clinique)
- Anémie hémolytique (mais peut manquer surtout au début primo-invasion ; plus fréquent dans les rechutes ou reviviscence) › augmentation bilirubine, LDH, diminution haptoglobine
- Leucocytes : normaux ou leucopénie, pas d’HE
- Cytolyse hépatique (prédominant ALAT) < 10N
CONFIRMATION AVEC DELAI < 2HEURES ++++
DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE DIRECT
Prélèvement :
- Zone d’endémie : 1 – 2 gouttes de sang par piqûre (doigt, lobe oreille, talon) et faire immédiatement les étalements (frottis minces-goutte épaisse)
- France : 2 tubes de sang par ponction veineuse sur anticoagulant (EDTA)
Techniques références (sans attendre pic fébrile) :
- FROTTIS – GOUTTE EPAISSE : mise en évidence hématozoaire (diagnostic positif, identification espèce, parasitémie)
Si mise en évidence d’hématies parasitées sans voyage : évoquer paludisme d’aéroport, accidents de transfusion ou babésiose par piqûre de tique chez splénectomisé
Autres :
- TESTS DE DIAGNOSTIC RAPIDE INMMUNOCHROMATOGRAPHIQUE SUR BANDELETTE ANTIGENIQUE
- Détection protéines spécifiques de Plasmodium (antigène HRP-2, enzymes parasitaires, LDH ou aldolase)
- Sensibilité peut atteindre 95% mais corrélée à la parasitémie (très bonne pour P. falciparum et P. vivax ; moins pour P. ovale et P. malariae)
- Ne permet pas de mesurer la parasitémie
- Pas besoin d’expertise particulière
- Diagnostic rapide sur sang total
- Test utilisant HRP-2 peut rester positif 2 – 3 semaines après paludisme › ne peut pas être utilisé pour diagnostic de rechute après traitement
DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE INDIRECT
SEROLOGIE
Aucun apport pour le diagnostic d’urgence
Sérologie + signe uniquement contact préalable avec le parasite
Indications sérologie :
- Diagnostic rétrospectif accès palustre
- Diagnostic paludisme viscéral évolutif ou d’une splénomégalie palustre hyperréactive
- Contrôle donneurs de sang à risque
- Enquêtes épidémiologiques
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
Face à une fièvre au retour de zone d’endémie palustre : le paludisme est le 1er diagnostic à évoquer en urgence +++
Après avoir éliminé paludisme par négativité de la recherche de Plasmodium dans le sang périphérique du patient que l’on peut envisager autre diagnostic ! (voir chapitre fièvre au retour zone d’endémie)
PHYSIOPATHOLOGIE
Conséquences de l’infection palustre sur les organes
SANG
PHASE SCHIZOGONIE ERYTHROCYTAIRE : hémolyse responsable en partie anémie d’installation progressive (grave chez femmes enceintes et enfants)
Hémoglobine libérée entraine surcharge rénale + transformation en bilirubine dans le foie › excès éliminé dans les urines entraine hémoglobinurie
UTILISATION DE L’HEMOGLOBINE PAR LE PARASITE (pour son développement) : précipitation de granules de pigment dans son cytoplasme = hémozoïne ; composé : hème, toxique pour le parasite, enrobé de protéines du parasite pour le rendre inactif › libération lors de l’éclatement du GR responsable en partie de la fièvre
SEQUESTRATION DES PLAQUETTES (on sait pas trop pourquoi) : thrombopénie
RATE
Séquestration et destruction des hématies parasitées et celles sensibilisées aux Ag plasmodiaux (destruction plus efficace des hématies contenant des espèces matures plutôt que des formes jeunes trophozoïtes jeunes de P. falciparum)
Devient molle, hypertrophique et congestive
FOIE
SCHIZOGONIE EXO-ERYTHROCYTAIRE : aucune lésion inflammatoire (< 100 cellules hépatiques parasitées = destruction de la schizogonie hépatique passe inaperçue)
Physiopathologie de l’accès grave
Complications majeures du paludisme à P. falciparum : anémie grave et neuropaludisme
Théories retenues : séquestration d’hématies parasitées par des formes matures de Plasmodium adhérant aux cellules endothéliales des micro-vaisseaux et intervention de cytokines (ou autres médiateurs)
CYTOADHERENCE Primum movens) ET PHENOMENES INFLAMMATOIRES
Adhérence entre les GR parasités par les stades asexués « matures » à P. falciparum (trophozoïtes âgés, schizontes) et les cellules endothéliales vasculaires. Ces formes matures sont donc absentes de la circulation périphérique. Cette séquestration est responsable :
- RALENTISSEMENT MECANIQUE FLUX SANGUIN dans les capillaires (phénomène mécanique) prédominant +++ provoquant : hypoxie tissulaire avec acidose lactique et dysfonction d’organes
- REACTION INFLAMMATOIRE TISSULAIRE CYTOKINIQUE (phénomène inflammatoire)
- Si évolution de l’accès non maitrisé (par traitement ou réponse immune adaptée) › évolution défavorable non réversible avec phénomènes (décès, séquelles) :
- Amplification par : moindre déformabilité des hématies parasitées + formation de rosettes (agrégats composés hématie parasitée et hématies non parasitées adhérentes)
- Apoptose des cellules endothéliales
- Micro-hémorragies tissulaires
ANEMIE
Facteurs contribuant à l’anémie :
- Eclatement des hématies parasitées par les schizontes matures
- Hémolyse d’hématies non parasitées mais recouvertes d’Ag plasmodiaux
- Séquestration et destruction dans la rate d’hématies parasitées ou non
PARASITEMIE
Reflet indirect de la charge parasitaire globale (on n’observe pas les stades séquestrés) = marqueur facilement accessible du risque d’évolution rapide vers des dysfonctionnements organiques pour un patient
TRAITEMENT CURATIF
Généralités
CRITERES D’HOSPITALISATION
CRITERES CLINIQUES / PARACLINIQUES
Tout signe de gravité
Plaquettes < 50 G/L
Hb < 10 g/dl
Créatinémie > 150 umol/L
Parasitémie > 2%
Décompensation de comorbidité
Grossesse, enfant, splénectomie
CRITERES DIAGNOSTICS
Impossibilité d’avoir un diagnostic parasitologique fiable et rapide
CRITERES THERAPEUTIQUES
Troubles digestifs empêchant traitement PO
- Impossibilité de traitement ambulatoire :
- Facteurs socioculturels compromettant observance
- Personne vivant seule
- Eloignement d’un centre hospitalier
- Impossibilité de suivi (J3, J7, J28)
- Absence de médicament disponible en pharmacie
Echec d’un premier traitement
Ne pas confondre avec les critères de gravité ++++
Les conditions permettant prise en charge en ambulatoire sont rarement remplies : hospitaliser en cas de doute. HOSPITALISATION EN REANIMATION : si paludisme à P. falciparum et au moins un des critères de gravité +++++
ANTIPALUDEENS DISPONIBLES
MOLECULES : ATOVAQUONE-PROGUANIL | |
VOIE | PO sur 3 jours (4 cp en 1 prise) Avec aliment riche en lipides |
PRECAUTIONS | Contre indication : grossesse (relative) |
EFFETS SECONDAIRES | Digestifs, rash |
REMARQUE | Diminution lente parasitémie |
MOLECULES : DIHYDRO ARTEMISININE-PIPERAQUINE (A BASE D’ARTEMISINE) | |
VOIE | PO sur 3 jours (3 – 4 cp en 1 prise en fonction du poids) A distance repas (>3h) |
PRECAUTIONS | Contre indications : 1er trimestre grossesse, allongement QT |
EFFETS SECONDAIRES | Rares |
REMARQUE | A utiliser en l’absence d’ATCD cardiaques ! (allongement QT possible) Si parasitémie > 1% |
MOLECULES : ARTEMETHER-LUMEFANTRINE (A BASE D’ARTEMISINE) | |
VOIE | PO sur 3 jours (4 cp en 6 prises : à H0, H8, H24, H36, H48, H72) Avec aliment riche en lipides |
PRECAUTIONS | Contre indications : 1er trimestre grossesse, allongement QT |
EFFETS SECONDAIRES | Rares |
REMARQUE | A utiliser en l’absence d’ATCD cardiaques ! Si parasitémie > 1% Prescription hospitalière |
MOLECULES : QUININE | |
VOIE | PO ou IV en 3 prises/j pendant 7 jours Jamais IM ½ vie courte |
PRECAUTIONS | Index thérapeutique étroit : surveiller les taux sériques |
EFFETS SECONDAIRES | Acouphènes et vertiges fréquents Rarement : hypoglycémie, veinite Surdosage : toxicité cardiovasculaire (hypotension, troubles de conduction) |
MOLECULES : MEFLOQUINE (AMINO-ALCOOL) | |
VOIE | PO en 1 jour (2 cp toutes les 8h) ½ longue 1ère prise au moins 10 jours avant départ (tester tolérance) |
PRECAUTIONS | Contre indications : Allaitement Enfant < 15 ans / < 5kg (prophylaxie/curatif) Troubles psychiatriques Valproate de sodium Déconseillé si pratique de plongée |
EFFETS SECONDAIRES | Assez fréquents (surtout curatif) Digestifs (nausées, vomissements, douleurs, diarrhées) Neuro-psy (cauchemars, sensations ébrieuses, dépression, vertiges, céphalées, insomnies) |
MOLECULES : CHLOROQUINE | |
VOIE | PO |
EFFETS SECONDAIRES | Rares et bénins Rétinopathie si forte dose cumulée |
MOLECULES : DOXYCYCLINE | |
VOIE | PO |
PRECAUTIONS | Contre indication : enfant < 8ans, grossesse |
EFFETS SECONDAIRES | Phototoxicité, ulcérations œsophagiennes, troubles digestifs |
MOLECULES : CHLOROQUINE + PROGUANIL | |
VOIE | PO |
EFFETS SECONDAIRES | Ceux des constituants |
MOLECULES : ARTESUNATE | |
VOIE | IV |
EFFETS SECONDAIRES | Anémie hémolytique retardée |
MOLECULES : ARTEMETHER-LUMEFANTRINE (A BASE D’ARTEMISINE) | |
VOIE | PO en 1 seul jour (6 cp en 3 prises espacées de 6h) à distance des repas |
EFFETS SECONDAIRES | PO en 1 seul jour (6 cp en 3 prises espacées de 6h) à distance des repas |
REMARQUE | 2nd cure nécessaire 7 jours plus tard (demi-dose) pour réduire rechute |
Délivrance uniquement sur prescription médicale
Grossesse et contres indications :
- Absolue : HALOFANTRINE ET DOXYCYCLINE
- Relative : ATOVAQUONE-PROGUANIL (peuvent être utiliser si nécessaire)
Prise en charge d’un accès simple
ACCES PALUSTRE A P. FALCIPARUM
URGENCE (évolution vers une forme grave peut être rapide +++)
Principal problème des traitements antipaludéens est la progression des résistances de P. falciparum (surtout chloroquine +++)
ADULTE
VOMISSEMENTS ? NON
1ère intention :
- DIHYDROARTEMISINE-PIPERAQUINE PO ou
- ARTEMETHER-LUMEFANTRINE PO ou
- ATOVAQUONE-PROGUANIL PO
2nd intention :
- MEFLOQUINE PO OU
- QUININE PO
VOMISSEMENTS ? oui
- QUININE IV LENTE sur 4h toutes les 8h (24mg/kg) ou IVSE dans sérum G5%
- Dès arrêt des vomissements : relais PO par
- QUININE PO ou
- UN DES 3 ANTIPALUDIQUE DE 1ERE INTENTION PO
Alternative possible : QUININE IV + CLINDAMYCINE IV pendant 3 jours
ENFANT
VOMISSEMENTS ? NON
1ère intention :
- ARTHEMETHER-LUMEFANTRINE (6 prises sur 3 jours)
- DIHYDROARTEMISININE PIPERAQUINE (1 prise 3 jours de suite)
- ATOVAQUONE-PROGUANIL (1 prise pendant 3 jours)
- MEFLOQUINE (3 prises pendant 1 jour)
2nd intention :
- Contrairement à l’adulte (risque toxicité cardiaque) HALOFANTRINE peut être utilisée en 2nd ligne par équipes spécialisées › seul antipaludique ayant une galénique adaptée à l’enfant (solution buvable)
- QUININE
AVANT 6 ANS : écraser les comprimés
SI VOMISSEMENTS DANS L’HEURE SUIVANT LA PRISE : réadministrer le médicament (si persistance des vomissements › mettre en place traitement IV)
SI ECHEC, RECHUTE : changer d’antipaludéen ou traitement IV
VOMISSEMENTS ? oui
(Comme si critère de gravité)
- ARTESUNATE IV +++ en ATU (2,4 mg/kg H0, H12, H24 puis 2,4/kg/j jusqu’à J3 minimum et maximum J7)
- Relais PO dès arrêt des vomissements (ou à 72h) par : ARTHEMETHER-LUMEFANTRINE
Surveillance étroite :
- Monitoring cardiorespiratoire
- ECG (éliminer QT long)
- NFS, réticulocytes, LDH et haptoglobine à J3, J7, J14 et J28
Hospitalisation systématique de l’enfant +++ car risque évolution vers un accès grave
- HOSPITALISATION DE COURTE DUREE : accès simple
- REANIMATION : accès grave
- UNITE DE SURVEILLANCE CONTINUE : accès simple avec intolérance digestive (ttt voie IV)
FEMME ENCEINTE
QUININE ++++ (même si méfloquine n’est plus contre indiquée et que l’atovaquone-proguanil soit utilisable en cas de nécessité)
ARTEMETHER-LUMEFANTRINE : utilisable à T2 et T3
ACCÈS PALUSTRE A P. VIVAX, P. OVALE, P. MALARIAE
EN L’ABSENCE DE VOMISSEMENTS | SI VOMISSEMENTS | |
CURATIF | CHLOROQUINE PO sur 3 jours (6 cp les 1er et 2ème jour et 3 cp le 3ème) ou 5 cp/j pendant 5j Atovaquone-proguanil, Artéméther-luméfantrine et Dihydroartémisine-pipéraquine semblent efficaces | QUININE IV |
PREVENTION DES REVIVISCENCE | Pour P. vivax et P. ovale : PRIMAQUINE (active sur les hypnozoïtes) en ATU en l’absence de contre indication (déficit en G6PD) |
ACCES PALUSTRE A P. KNOWLESI
Comme un accès de palustre à P. falciparum
- PO : combinaison à BASE D’ARTEMETHER (si absence de signe de gravité)
- Si grave : ARTESUNATE IV
Prise en charge d’un accès grave
- Identification des signes de gravité
- Hospitalisation en service de réanimation
- Mise en route immédiate d’un traitement
CURATIF
ARTESUNATE IV (empêche cytoadhérence et active plus rapidement que la quinine) › flacons disponibles en ATU dans les pharmacies hospitalières
- 7 jours maximum (relais PO possible avant)
- Posologies
- Relais PO possible après 3 jours Artésunate par
- Adulte et enfant > 20kg : 2,4 mg/kg à H0, H12, H24 puis toutes les 24h (en IVL ou seringue électrique)
- Enfant < 20 kg : 3 mg/kg (et après pareil)
- Adulte : ARTEMETHER-LUMEFANTRINE ou DIHYDROARTEMISINE-PIPERAQUINE (de préférence) ou ATOVAQUONE-PROGUANIL (en parasito)
- Enfant : ARTHEMETHER-LUMEFANTRINE
Alternative si artésunate IV non disponible immédiatement (ou contre indication) : QUININE IV
- Relais possible par artésunate si quinine IV < 24h (anémie hémolytique est fréquente et ne remet pas en cause utilisation artésunate
- Modalités : dose de charge puis entretien en perfusion continue ou de 4h dans du sérum glucosé
- Surveillance : QUININEMIE A H72, SURVEILLANCE ECG ET GLYCEMIE
- Attention : chez femme enceinte et enfant risque majoré d’hypoglycémie (les doses de charge sont interdites chez l’enfant +++)
Pas de méfloquine après un coma ++++
SYMPTOMATIQUE
- Hypoglycémie
- Apports hydroélectriques modérés (risque OAP)
- Transfusion de culots globulaires si Hb < 7g/dL ou selon terrain
- Traitement antibiotique si acidose, de sepsis grave ou choc (co-infections fréquentes)
- Oxygénothérapie, assistance ventilatoire, épuration extra-rénale si besoin
SURVEILLANCE
- MONITORING CARDIORESPIRATOIRE
- ECG (éliminer QT long)
Surveillance
SURVEILLANCE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE : température, troubles digestifs
FROTTIS-GOUTTE EPAISSE
- J3 : parasitémie doit être < 25% de la valeur initiale
- J7 : si parasitémie encore élevée à J3 (doit être négative là)
- J28 : recherche d’une rechute liée à une résistance du parasite
SURVEILLANCE HEMATOLOGIQUE après traitement par Artésunate IV (risque hémolyse retardée) : NFS, RETICULOCYTES, LDH ET HAPTOGLOBINE à J3, J7, J14 et J28
Mesures associées
Déclaration obligatoire des cas autochtones en métropole, à la Réunion et aux Antilles
PROPHYLAXIE = PROTECTION PIQURES MOUSTIQUES + CHIMIOPROPHYLAXIE
Protection contre les piqûres d’anophèles
Principale mesure préventive ++++ qui doit être appliquée strictement dès la tombée du jour et pour toute la durée de la nuit
- Vêtements amples et couvrants si possibles imprégnés d’insecticides
- Répulsifs sur les parties découvertes
- Utiliser des tortillons fumigènes
- Moustiquaires, imprégnées de répulsif rémanent (perméthrine) aux portes d’entrée et fenêtres et/ou dormir sous une moustiquaire imprégnée
- Insecticides domestiques
Chimioprophylaxie
Pour les voyageurs +++ (prennent en compte risque d’infection par P. falciparum)
- SYSTEMATIQUE pour tout sujet se rendant en zone impaludée
- Bien expliquer que la chimioprophylaxie ne protège pas à 100%, principaux symptômes du paludisme, nécessité de recherche du paludisme en urgence en cas de fièvre lors du voyage et dans les mois suivant le retour
Médicaments disponibles
ANTIPALUDIQUE | PERIODICITE DES PRISES | DUREE |
CHOLOROQUINE | Quotidienne | Séjour + 4 semaines |
CHLOROQUINE-PROGUANIL | Quotidienne | Séjour + 4 semaines |
ATOVAQUONE-PROGUANIL | Quotidienne | Séjour + 1 semaine |
DOXYCYCLINE | Quotidienne | Séjour + 4 semaines |
MEFLOQUINE | Hebdomadaire | 10 jours avant + séjour + 3 semaines |
La plupart des antimalariques (choloroquine, méfloquine, doxycycline) n’agissent que sur les formes érythrocytaires › pour couvrir incubation des sporozoïtes et schizontes hépatiques = poursuite du traitement au retour
Seule association atovaquone-proguanil agit sur les formes hépatiques de P. falciparum (diminution du traitement préventif)
Indications
Choix antipaludique doit tenir compte :
- Zones visitées (selon les résistances aux médicaments antipaludiques)
- Intensité de la transmission
- Conditions, durée et période du séjour
- Age et poids du voyageur
- ATCD pathologiques
- Possible interaction avec d’autres médicaments
- Précédente intolérance à un antipaludique
- Grossesse en cours ou envisagée
- Evaluation de l’observances en fonction des modalités de prise
- Capacités financières du voyageur
Précisions sur intensité de la transmission (définition de terme à connaître en parasito)
ABSENCE DE TRANSMISSION DE PALUDISME | Absence de transmission active de paludisme = pas de chimioprophylaxie recommandée mais protection personnelle antivectorielle peut être recommandée si région déclarée indemne de paludisme < 3 ans |
TRANSMISSION LOCALISEE | Limitée à certaines zones ou foyers définis |
TRANSMISSION SAISONNIERE | Transmission durant certaines périodes de l’année (indépendante de la notion d’intensité de la transmission et de la notion de résistance aux antipaludiques) |
TRANSMISSION SPORADIQUE | Irrégulière |
RISQUE DE PALUDISME | OMS définit des zones géographiques de |
Cas particuliers
EN CAS DE SEJOUR COURT (< 7 JOURS) ET/OU REPETES : pas de chimioprophylaxie sous réserve d’une consultation médicale rapide en cas de fièvre en précisant le(s) séjour(s) en zone(s) d’endémie palustre
SEJOUR > 3 MOIS : chimioprophylaxie les 6 premiers mois
GROSSESSE : éviter le voyage et si ce n’est pas possible on peut donner MEFLOQUINE OU ATOVAQUONE-PROGUANIL
TRAITEMENT DE RESERVE (PRESCRIPTION EXCEPTIONNELLE) : traitement curatif de réserve prescrit avant le départ et à prendre si impossibilité de prise en charge dans les 12h et voyageur informé de la nécessité de consulter un médecin dès que possible au décours du traitement d’épreuve (traitement ne doit jamais être pris en France !!). Molécules utilisables : ATOVAQUONE-PROGUANIL OU ARTEMETHER-LUMEFANTRINE OU DIHYDROARTEMISINE-PIPERAQUINE
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GENERALITES
Fardeau pour les populations des zones d’endémie mais également une menace pour les voyageurs se rendant dans les zones impaludées.
Agent pathogène
Paludisme (ou malaria) : parasitose due à des protozoaires hématozoaires du genre Plasmodium
5 espèces chez l’homme = toutes de réservoir humain (sauf P. knowlesi › aussi chez le macaque)
Ces 5 espèces se différencient par : manifestations cliniques et biologiques, répartition géographique et capacité à développer des résistances aux antipaludéens.
P. falciparum est d’emblée à différencier car : le plus fréquent, celui qui développe le plus de résistances aux antipaludéens et responsable de formes cliniques potentiellement mortelles
AGENT PATHOGENE : P. FALCIPARUM | |
LOCALISATION GEOGRAPHIQUE | Zones équatoriales et sub-tropicales |
TRANSMISSION | Zones équatoriales = toute l’année (avec recrudescence saisonnière) Zones sub-tropicales = périodes chaudes et humides Pas de transmission en dessous de 18°C |
EVOLUTION | En 1 seul tenant Incubation : 7 – 12 jours Généralement, pas de rechute tardive (contrairement aux autres espèces) 90% des accès de palustre surviennent dans les 2 mois qui suivent retour |
FORMES CLINIQUES | Graves +++ (neuropaludisme) Espèce la plus fréquente en France 80% des paludismes « d’importation » (contracté en zone d’endémie mais révélé en France après retour) |
AGENT PATHOGENE : P. VIVAX | |
LOCALISATION GEOGRAPHIQUE | Amérique du Sud Asie Rarement en Afrique (Afrique de l’est et océan indien) |
TRANSMISSION | Pas de transmission en dessous de 15°C GR Duffy négatif (+++ en Afrique) › facteur protecteur car pas de Rc membranaire pour infection par P. vivax |
EVOLUTION | Incubation : 11 – 15 jours Rechutes possibles pendant 3 – 4 ans (dues aux réveils d’hypnozoïtes) |
FORMES CLINIQUES | Bénigne : fièvre tierce (cycle érythrocytaire de 48h) En zone d’endémie : répercussions graves possibles sur l‘état de santé des populations à cause des anémies chez l’enfant Apparition de résistances médicamenteuses à la chloroquine |
AGENT PATHOGENE : P. OVALE | |
LOCALISATION GEOGRAPHIQUE | Afrique intertropicale du Centre et de l’Ouest |
TRANSMISSION | |
EVOLUTION | Incubation : 15 jours minimum (mais peut aller jusqu’à 4 ans) Rechutes tardives possibles (5 ans) |
FORMES CLINIQUES | Bénigne : Fièvre tierce bénigne (cycle érythrocytaire 48h) Un peu l’équivalent de P. vivax où il n’existe pas |
AGENT PATHOGENE : P. MALARIAE | |
LOCALISATION GEOGRAPHIQUE | Afrique Asie Amérique du Sud |
TRANSMISSION | De façon plus sporadique |
EVOLUTION | Incubation longue : 15 – 21 jours Reviviscence (rechute) très tardive possible en l’absence de traitement initial : jusqu’à 20 ans |
FORMES CLINIQUES | Périodicité différente de la fièvre : fièvre quarte (cycle érythrocytaire de 72h) Généralement bénigne mais peut entrainer complications rénales |
AGENT PATHOGENE : P. KNOWLESI | |
LOCALISATION GEOGRAPHIQUE | Asie du Sud Est (Malaisie à Bornéo++) |
TRANSMISSION | En zone forestière +++ car lié à la répartition des signes macaques (son hôte habituel) Morphologiquement proche de P. malariae |
EVOLUTION | |
FORMES CLINIQUES | Fièvre quotidienne (Cycle érythrocytaire de 24h) Formes graves mortelles rares (10% avec 1 – 2% de mortalité) avec forte parasitémie Sensibilité réduite méfloquine (variable pour chloroquine) Pas de chimiorésistance |
Vecteur
Transmission par piqûre d’un moustique culicidé du genre Anopheles au moment de son repas sanguin › seule la femelle hématophage transmet la maladie
Elle ne pique qu’à partir du coucher du soleil avec maximum d’activité entre 23h et 6h du matin (c’est pourquoi, utilisation des moustiquaires est le moyen de prévention individuel le plus efficace)
Anophèle
Développement dans les collections d’eau non polluées
Développement et longévité dépendant de la température avec optimum entre 20 – 30°C (durée de vie de 30 jours)
Ne fait pas de bruit ; piqûre indolore
Il existe de nombreuses espèces d’anophèles › toutes ne sont pas capables de transmettre le paludisme
Les espèces les plus dangereuses sont
- Les ESPECES ANTHROPOPHILES (préfèrent effectuer leur repas sanguin sur l’Homme)
- Les ESPECES ENDOPHILES (qui se reposent à l’intérieur des maisons)
Résistances sont apparues ce qui limite les moyens de lutte
Cycle
Cycle se déroule successivement :
- Chez l’homme (phase asexuée chez l’hôte intermédiaire) avec 2 phases :
- Chez l’anophèle (phase sexuée chez l’hôte définitif)
- HEPATIQUE OU PRE-ERYTHROCYTAIRE (exo-érythrocytaire) : phase d’incubation, cliniquement asymptomatique
- PHASE SANGUINE OU ERYTHROCYTAIRE : phase clinique de la maladie
Chez l’homme
SCHIZOGONIE PRE-ERYTHROCYTAIRE
Sporozoïtes inoculés par anophèle femelle lors de son repas sanguin (< 100) › restent pendant 30 min maximum dans la peau, lymphe et sang
Certains parviennent à gagner les hépatocytes
Une fois dans les hépatocytes › parasite toujours mononuclée prend le nom de trophozoïte
- Lors de la schizogonie › noyau du parasite amplifie son ADN et se divise de façon binaire alors que cytoplasme ne se divise pas = Transformation en schizontes pré-érythrocytaires (ou corps bleus = forme multinucléées)
- 7 – 15 jours de maturation
- Puis ils éclatent et libèrent de milliers de mérozoïtes uninucléés (de 1ère génération) dans le sang (10 000 à 30 000)
NB : la schizogonie hépatique est unique dans le cycle › la cellule hépatique ne peut être infectée par des sporozoïtes
Dans les infections à P. vivax et P. ovale
- Certains sporozoïtes intra hépatiques restent quiescent (hypnozoïtes) et sont responsables d’une schizogonie hépatique retardée › libération de mérozoïtes plusieurs mois après piqûre de moustique (reviviscence tardive)
SCHIZOGONIE ERYTHROCYTAIRE
Mérozoïtes pénètrent dans les GR
Maturation en trophozoïte puis en schizonte en 24-72h (en fonction de l’espèce) conduisant à la destruction du GR hôte et libération de 4 à 32 nouveaux mérozoïtes
Ces nouveaux mérozoïtes vont pénétrer d’autres GR › début d’un nouveau cycle de réplication
C’est la PHASE CLINIQUE = parasitémie s’élève, sujet dévient fébrile › c’est l’accès de palustre
- DANS L’ACCES DE PRIMO-INFECTION : le développement des parasites est asynchrone (tous les schizontes n’arrivent pas à maturation au même moment) › donne une fièvre continue, anarchique
- EN L’ABSENCE DE TRAITEMENT : tous les parasites évoluent progressivement au même rythme (= ils deviennent synchrones)
- Tous les schizontes érythrocytaires arrivent à maturation au même moment › entrainent la destruction d’un grand nombre de GR de manière périodique :
- Toutes les 24h : P. knowlesi
- Toutes les 48h : P. falciparum, P. vivax ou P. ovale (fièvre tierce, mais bon en pratique rarement synchrone pour P. falciparum)
- Toutes les 72h : P. malariae (fièvre quarte)
Certains trophozoïtes › maturation 10aine de jours dans le compartiment médullaire sans division nucléaire accompagnée différenciation sexuée = transformation en gamétocytes à potentiel mâle ou femelle
Gamétocytes matures › restent en circulation dans le sang pendant quelques semaines (15 jours)
Chez l’anophèle femelle
Gamétocytes ingérés par le moustique lors d’un repas sanguin sur un sujet infecté › transformation en gamètes mâles et femelles › fusion en 1 œuf libre mobile appelé ookinète
- Ookinète › quitte la lumière du TD › fixation sur la paroi externe de l’estomac › transformation en oocyste
- Cellules parasitaires se multiplient à l’intérieur de l’oocyste › production de centaines de sporozoïtes qui migrent vers glandes salivaires du moustique
- Sporozoïtes = formes infectantes prêtes à être inoculées avec la salive du moustique lors d’un repas sanguin sur un hôte vertébré
Durée de développement sporogonique variable en fonction des conditions climatiques : 9 – 20 jours entre 20 – 30°C pour P. falciparum (plus rapide pour P. vivax (et température plus basses : 18°C), plus long pour P. malariae)
Modalités de transmission
Transmission la nuit par piqûre de moustique (l’anophèle femelle)
La phase sanguine rend possible d’autres modes de contamination (exceptionnel ne modifie pas épidémiologie de la maladie) :
Transmission congénitale
Transmission transfusionnelle, par greffe d’organe ou accidentelle chez des professionnels de santé manipulant du sang contaminé
Répartition géographique
Epidémiologie du paludisme très variable d’une région géographique à une autre. Hétérogénécité sous la dépendance :
- Distribution des anophèles et capacité vectorielle
- Caractéristiques biologiques des parasites
- Rôle de l’immunité (la mortalité est faible (<1%) par rapport au nombre présumé d’accès de palustres survenant sur une même période, même si on est d’accord ça entraine bcp de décès quand même)
On peut définir des zones épidémiologiques
ZONE : Holoendémique | |
TRANSMISSION | Intense toute l'année |
IMMUNITÉ CHEZ L'ADULTE | Solide |
TYPE DE PALUDISME | Paludisme stable |
ZONE : Hyperendémique | |
TRANSMISSION | Intense avec variation saisonnière |
IMMUNITÉ CHEZ L'ADULTE | Significative |
TYPE DE PALUDISME | Paludisme stable |
ZONE : Mésoendémique | |
TRANSMISSION | Variable |
IMMUNITÉ CHEZ L'ADULTE | Non significative |
TYPE DE PALUDISME | Paludisme instable |
ZONE : Mésoendémique | |
TRANSMISSION | Variable |
IMMUNITÉ CHEZ L'ADULTE | Non significative |
TYPE DE PALUDISME | Paludisme instable |
EUROPE | Officiellement éradiqué Mais attention surveillance de la Fédération de Russie (dont partie européenne comprenant Moscou) car il y persisterait une transmission paludisme dû à P. vivax P. vivax réapparu en Grèce (cas autochtones) en 2011 Parfois paludisme d’aéroport (en lien avec importation de moustiques infestés dans les bagages ou cabines des avions venant de zones d’endémie) |
AFRIQUE | Transmission homogène Très largement répandu dans toute l’Afrique sub-saharienne où coexistent : P. falciparum (+++++), P. ovale, P. malariae (plus sporadique), P. vivax (Afrique de l’Est) Transmission faible en Afrique du nord (Algérie) + Cap Vert et Ile Maurice › essentiellement due à P. vivax Autres : Comores (dont Mayotte) et Madagascar › coexistence de 4 espèces Ile de la Réunion › INDEMNE |
AMERIQUE | AMERIQUE DU NORD : éradication du paludisme AMERIQUE CENTRALE : transmission P. vivax (Caraïbes indemnes à l’exception d’Haïti et d’une partie de la République Dominicaine) Pas de paludisme dans les 2 départements d’Outre-Mer français (Martinique et Guadeloupe) AMERIQUE DU SUD : P. falciparum ++++ (souches très résistance) et P. vivax Paludisme sévit aussi en Guyane française Attention plus de transmission au delà de 2500m |
ASIE | Transmission sous forme de foyers disséminés en milieu rural dans les zones de colline boisées Toute les grandes villes asiatiques sont indemnes (sauf les villes indiennes) Toute l’Asie du Sud Est : transmission P. falciparum (avec parfois souches multirésistantes), P. vivax et P. knowlesi Autres régions de la péninsule indienne : P. vivax et P. falciparum (mais pas de résistances) |
OCEANIE | Transmission hétérogène Certaines îles atteintes (Nouvelle Guinée, Iles Salomon, Vanuatu) D’autres totalement dépourvues (Polynésie Française, Nouvelle Calédonie, Hawaï, Wallis et Futana, Fidji…) Australie et Nouvelle Zélande sont indemnes |
PROCHE ET MOYEN ORIENT | Côte ouest de la péninsule arabique et Yémen : P. falciparum |
Particularités épidémiologiques
1ère endémie parasitaire mondiale : près de la moitié de la population mondiale vit en zone d’endémie
Diminution de la mortalité depuis l’apparition de mesures préventives et de traitements :
- Diminution de 30% et de 47% de la mortalité au niveau mondial
- Prévalence de l’infection chez les enfants entre 2 – 10 ans a diminué de 46%
Groupes de population particulièrement à risque :
- Jeunes enfants vivant dans zones de transmission stable sans immunité les protégeant contre formes sévères de la maladie
- Femmes enceintes non immunisées (fausses couches et décès maternels)
- Femmes enceintes semi-immunisées dans les régions de forte transmission (fausses couches, faible poids de naissance surtout pendant 1ère et 2nd grossesse)
- Femmes enceintes semi-immunisées infectées par VIH dans les zones de transmission stable (risque accru de contracter paludisme pendant la grossesse ; si infection palustre du placenta › risque augmenté de transmettre VIH à leur enfant)
- Personnes avec VIH/sida
- Voyageurs internationaux en provenance de régions exemptes de paludisme (ne sont pas immunisés)
- Migrants venus de région d’endémie et leurs enfants qui vivent dans des zones exemptes de paludisme qui retournent dans leur pays d’origine (immunité a diminué ou disparue)
Protection naturelle
Facteurs génétiques conférant à certains sujets une immunité naturelle au moins partielle
- Facteurs érythrocytaires : Trait drépanocytaire (sujet hétérozygote AS), Groupe sanguin Duffy négatif
- Facteurs non érythrocytaires : groupe HLA, polymorphisme de la réponse immune, facteurs ethniques
Immunité acquise
Elle s’acquiert progressivement en situation d’exposition continue
Immunité n’est pas stérilisante (n’empêche pas de nouvelles contaminations+++) et ne permet pas de se débarrasser totalement du parasite !
Mais empêche les formes cliniques graves +++
Dans les zones de transmission intense :
- Enfants à partir de 4 – 6 mois (fin de la protection maternelle) : payent le plus lourd tribut de la maladie
- Enfants à partir de 4 – 6 ans : risque d’accès grave diminue, le sujet tolère des parasitémies de + en + importantes
Elle se développe après longue période d’exposition ininterrompue et est transmissible aux NNé
Jamais totale et jamais définitive › un sujet transplanté en zone tempérée pendant 2 – 3 ans perd progressivement sa protection = c’est une prémunition vis-à-vis du palustre plutôt qu’une immunité.
Un sujet n’ayant jamais rencontré le paludisme de sa vie est exposé à des formes graves
CLINIQUE
Manifestations du paludisme
Leur gravité dépend :
- DE L’ESPECE DE PLASMODIUM
- DE LA PARASITEMIE
- DE L’IMMUNITE DE L’HOTE
Accès de palustre simple chez l’adulte
Forme clinique la plus souvent observée en France (due à P. falciparum dans 80% des cas) chez un patient en retour de voyage
Face à une suspicion d’accès palustre › rechercher immédiatement des signes cliniques de gravité (notamment neurologiques = plus fréquents et faciles à mettre en évidence)
Si signe neurologique (quel qu’il soit) = hospitalisation immédiate
INCUBATION | Durée de la phase hépatocytaire Totalement asymptomatique |
INVASION | Début de la phase érythrocytaire ; tableau aspécifique Marquée par : |
EVOLUTION | Le malade peut à tout moment et en quelques heures évoluer de l’accès simple vers un accès grave rapidement mortel (si pas de prise en charge adaptée) lors d’une infection à P. falciparum Pas d’argument pronostic permettant de prévoir cette évolution › paludisme est une URGENCE MEDICALE « toute fièvre, toute symptomatologie chez un patient de retour d’une zone d’endémie palustre est un paludisme jusqu’à preuve du contraire » |
Accès de palustre simple à fièvre périodique
Forme clinique correspond à la triade classique de l’accès palustre : « frissons, chaleur, sueurs » survenant tous les 2 – 3 jours
En pratique observée dans les infestations à P. vivax, P. ovale et P. malariae suivant un accès de PRIMO-INFECTION NON TRAITEE (mais pouvant survenir à distance de l’épisode fébrile initial (hypnozoïtes de P. vivax ou P. ovale ; ou accès tardifs de P. malariae)
Accès précédé phase prodromique (lassitude et troubles digestifs)
Quelque soit espèce en cause : accompagnée d’une anémie + splénomégalie progressivement croissante
- SMG peut se compliquer parfois de rupture ou infarctus de la rate
Caract. | |
FRISSONS | Violents Malade se blottit sous les draps |
CHALEUR | Température peut dépasser 40°C Malade rejette les draps |
SUEURS | Profuses |
FIEVRE | Avec clocher thermique survenant : |
Autres signes | |
FRISSONS | Rate augmente de volume PA diminue |
CHALEUR | Peau sèche et brûlante Céphalées et douleurs abdominales |
SUEURS | Urines foncées Diminution brutale de la température PA remonte Sensation de bien être au décours de cette phase |
FIEVRE | Avec clocher thermique survenant : |
Durée | |
FRISSONS | 1 heure |
CHALEUR | 3 – 4 heures |
SUEURS | 2 – 4 heures |
FIEVRE | Avec clocher thermique survenant : |
Accès grave
Paludisme à P. falciparum du sujet non immun est potentiellement mortel +++ › décès secondaire à la défaillance aiguë d’une ou de plusieurs grandes fonctions (et même si les traitements parasitologiques s’avèrent efficaces)
Conduite à tenir pour sauver le malade :
- Instauration traitement médicamenteux efficace
- Réanimation adaptée
- L’atteinte la plus redoutable est l’atteinte neurologique +++ : troubles de la conscience, prostration, convulsions
DEBUT PROGRESSIF OU BRUTAL
NEUROPALUDISME A DEBUT PLUS PROGRESSIF CHEZ L’ADULTE
Fièvre irrégulière avec syndrome algique diffus + troubles digestifs
Examen clinique : peut montrer des signes neurologiques faisant évoquer évolution vers paludisme grave
«tout malade présentant une atteinte de la conscience ou tout autre signe de dysfonctionnement cérébral au retour d’une zone d’endémie palustre doit être traité dans la plus grande urgence comme un neuropaludisme »
NEUROPALUDISME A DEBUT BRUTAL
- Triade symptomatique : fièvre, coma, convulsions
- Souvent associée à une détresse respiratoire
Fréquence chez le jeune enfant en zone d’endémie (< 5 ans) et peut entrainer la mort en quelques heures
PHASE D’ETAT
Fièvre élevée et tableau neurologique se complète et peut associer
TROUBLES DE LA CONSCIENCE
Constants mais intensité variable (simple obnubilation au coma profond)
- Pas de rigidité de nuque
- Coma calme
- Pas de photophobie
- Abolition réflexe cornéen
CONVULSIONS
Enfant +++
- Peuvent être inaugurales
- Généralisées ou localisées
- Espacées dans le temps ou état de mal
- Parfois paucisymptomatiques
Doivent être différenciées des convulsions hyperthermiques : > 2 / 24h avec phase post critique de troubles de conscience > 15 min
TROUBLES DU TONUS
- Hypotonie
- Raideur et opisthotonos (dans les formes évoluées, mauvais pronostic +++)
- ROT variables : très vifs ou abolis exceptionnellement (mauvais pronostic)
Autres signes cliniques : signes neurologiques peuvent dominer le tableau ou être en association à d’autres manifestations viscérales :
- Reins : IR anurique, poumons : œdème pulmonaire, foie, tableau parfois de défaillance multiviscérale
- Parfois sans signe neurologique évident, formes graves avec anémie profonde (enfant+++) ou insuffisance rénale aiguë (adulte)
ÉVOLUTION
- Non traité, neuropaludisme est mortel en 2 – 3 jours
- Si prise en charge adaptée : mortalité préoccupante (5 – 10%)
- Guérison sans séquelle chez l’adulte // 5 – 10% de séquelles neurologiques chez l’enfant
- Pronostic global repose sur rapidité diagnostique et de prise en charge
Connaître les critères de gravité pour orientation en réanimation et prise en charge adaptée+++++
Définition paludisme grave d’importation à P. falciparum :
- Positivité du frottis-goutte épaisse à P. falciparum avec présence de formes asexuées
- Au moins un des critères cliniques ou biologiques suivant
CRITERES CLINIQUES OU BIOLOGIQUES
Toute défaillance neurologique incluant :
- Obnubilation, confusion, somnolence, prostration
- Coma avec GSW < 11
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
+++ | +++ |
Toute défaillance respiratoire incluant :
- Si VM ou VNI : PaO2/FiO2 < 300 mmHg
- Si non ventilé : PaO2 < 60 mmHg et/ou SpO2 < 90% en AA et/ou polypnée > 32/min
- Signes radiologiques : images interstitielles et/ou alvéolaires
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
+++ | + |
Toute défaillance cardiocirculatoire incluant :
- PAS < 80 mmHg (< 60 mmHg avant âge de 5 ans) en présence de signes périphériques d’insuffisance circulatoire
- Patient recevant médicament vasoactif (quelque soit chiffre de la PA)
- Signes périphériques d’insuffisance circulatoire sans hypotension
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
++++ | ++ |
Convulsions répétées > 2/24h
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
++ | + |
Hémorragie (définition clinique)
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
++ | + |
Ictère : clinique ou bilirubine totale > 50 umol/L
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
+ | +++ |
Hémoglobinurie macroscopique
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
+ | + |
Acidose
- Bicarbonates plasmatiques < 15 mmol/L
- Acidémie avec pH < 7,35
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
+++ | ++ |
Toute hyperlactatémie
- Dès la limite supérieure dépassée
- A fortiori si lactate plasmatique > 5 mmol/L
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
+++ | ++ |
Hyperparasitémie > 4% (sujet non immun +++) : peut varier entre 4 – 20% selon les contextes
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
+ | +++ |
Insuffisance rénale
- Créatinémie chez adulte > 265 umol/L ou urée sanguine > 17 mmol/L
- Diurèse < 400 mL/24h (< 12mL/kg/24h chez enfant) malgré réhydratation
PRONOSTIC PEJORATIF | FREQUENCE |
++ | +++ |
Tout adulte avec un accès à P. falciparum et qui présente un critère de gravite avec un pronostic côté ++ ou +++ › évaluation le plus tôt possible par REANIMATEUR sans pour autant retarder mise en route traitement spécifique et symptomatique !
Terrains à risque : enfant, femme enceinte, sujet âgé, immunodéprimé, sujet avec comorbidités
Formes cliniques particulières
Paludisme chez la femme enceinte
Grave (importante cause de surmortalité maternelle et infantile +++) avec double risque :
AUGMENTATION DE LA MORTALITE MATERNELLE
- Femmes enceintes (primigestes surtout) plus exposées au risque d’accès palustre répétés et d’accès graves que le reste de la population (dans une même région épidémiologique)
- Accès palustres majorent considérablement les anémies déjà fréquentes dans ces populations (augmentation risque mort maternelle à l’accouchement)
RISQUE POUR FŒTUS OU NOUVEAU NE
- Anémie, avortement spontané, accouchement prématuré, petit poids de naissance
- Mais paludisme congénital reste rare (barrière placentaire, hémoglobine fœtale moins favorable au développement du parasite, transfert des Ac maternels si immunisée)
TRAITEMENT EN URGENCE tout accès de palustre chez la femme enceinte en hospitalisation
NB : risque d’hypoglycémie au cours de l’accès à P. falciparum (majoré par la quinine) plus fréquent chez femme enceinte
Paludisme chez l’enfant
GENERALITES
Critères de gravité de l’OMS n’ont pas été évalués chez l’enfant voyageur
- En pratique, signes de gravité les + importants sont neurologiques : convulsions et troubles de conscience
- Autres critères de gravité chez l’enfant : hypoglycémie et acidose métabolique (pouvant entrainer détresse respiratoire), anémie sévère, ictère
- Autres signes de gravité beaucoup moins retrouvés que chez l’adulte
- Toute convulsion fébrile chez un enfant au retour d’une zone endémie palustre doit faire évoquer accès palustre grave (dans les 15 jours mais peut aller jusqu’à 3 mois)
Spécificités pédiatriques :
- Formes trompeuses chez l’enfant ++++ : inconstance de la fièvre, troubles digestifs dominant tableau clinique, tableau abdominal pseudo chirurgical
- Risque d’évolution vers accès grave
- Caractère souvent inadapté des formes galéniques des antipaludéens
CLINIQUE
En pratique ; manifestations de l’accès palustre chez l’enfant :
- Fièvre (90% des cas) : constatée ou ressentie par les parents +/- associée parfois à une infection bactérienne ou virale (ORL, digestive) pouvant entrainer une errance diagnostique
- HSMG inconstante
- Complications (parfois)
- AEG
- Neurologiques : prostration, convulsions fébriles
- Pulmonaires : détresse respiratoire aiguë
- Autres : syndrome anémique sévère, ictère
En zone d’endémie les 2 formes les plus souvent observées sont : anémie grave (< 2ans) et neuropaludisme (2 – 5 ans). Diminution des accès graves à partir de 5 ans
PARACLINIQUE
CONFIRMATION DIAGNOSTIQUE (COMME ADULTE)
- FROTTIS SANGUIN : recherche de trophozoïtes de P. falciparum
- GOUTTE EPAISSE
- TESTS DE DIAGNOSTIC RAPIDE SUR BANDELETTE (détection des Ag de palustre › indispensable en urgence en attendant confirmation du diagnostic microscopique)
SITUATION D’URGENCE
- NFS, CRP
- IONOGRAMME SANGUIN, UREE, CREATININE
- GLYCEMIE
- BILAN HEPATIQUE COMPLET
- +/- GAZ DU SANG ET LACTATES
ECG avant de mettre en place traitement antipaludéen (recherche QT long ou troubles du rythme)
Paludisme viscéral évolutif
GENERALITES
Manifestation chronique du paludisme atteignant +++
- Enfant vivant en zone d’endémie en phase d’acquisition de la prémunition
- Adulte non prémuni soumis à des inoculations parasitaires répétées et mal traitées
CLINIQUE
- Anémie : dyspnée, pâleur, asthénie, souffle anorganique et œdèmes
- SMG importante
- Température : normale ou fébricule 38°C avec poussées thermiques
- Retard staturo-pondéral chez l’enfant
BIOLOGIE
Parasite circule dans le sang mais parasitémie peut être très faible et diagnostic difficile = intérêt de la PCR
SEROLOGIE DU PALUDISME est positive mais avec taux d’Ac moins élevé qu’en présence d’une splénomégalie palustre hyperréactive = taux d’IgG élevé mais taux IgM normal
EVOLUTION
Sous traitement antipaludique prolongé = évolution spectaculaire
Paludisme sous chimioprophylaxie
Attention : chimioprophylaxie antipalustre, même correctement prise n’élimine pas totalement le risque ++++ › dans ce cas le tableau est souvent trompeur +++ et diagnostic biologique difficile (faible parasitémie, anomalies morphologiques)
Envisageable et peut être conséquence : chimioprophylaxie inadaptée à la zone géographique, chimioprophylaxie mal suivie (prise de manière irrégulière ou arrêtée trop tôt après retour)
Paludisme transfusionnel et post-transplantation
POST TRANSFUSIONNEL
Possible car les hématozoaires peuvent résister température > 4°C pendant 3 semaines
Dépistage sérologique SYSTEMATIQUE si voyage en zone d’endémie
POST-TRANSPLANTATION
Dépistage SYSTEMATIQUE est réalisé en cas de don d’organes
Si + : greffe n’est pas formellement exclue et suivant le cas donneur ou receveur sera traité
Splénomégalie palustre hyperréactive « splénomégalie tropicale idiopathique »
Surtout chez autochtone vivant en zone impaludée +++ ; différent paludisme viscéral = s’observe plus volontiers chez adulte
- Maladie à complexes immuns provoquée par › réaction démesurée de la rate à une stimulation prolongée des phagocytes mononuclées par des complexes immuns circulants
- Conséquence : splénomégalie avec hypersplénisme avec chute des 3 lignées sanguines + production d’IgG et IgM en quantité exagérée
Examens complémentaires
- SEROLOGIE PALUDISME : fortement positive pour pouvoir retenir diagnostic qui face à une SMG doit rester un diagnostic d’exclusion
- PCR : intérêt majeur // EXAMEN EN MO : presque toujours négatif
Evolution : très lentement favorable sous traitement antipaludique
Fièvre bilieuse hémoglobinurique
Exceptionnelle ; ce n’est pas une manifestation du paludisme mais seulement un syndrome d’étiologie immunoallergique suite à la prise itérative d’antipaludique
- Hémolyse intravasculaire disséminée
- Début brutal : lombalgies violentes, état de prostration, fièvre, vomissements alimentaires puis bilieux
- Ictère hémolytique avec anémie, collapsus, oligurie (ou oligo-anurie) faite d’urines « porto »
- Facteurs déclenchants : exposition au froid, nouvelle prise d’antipaludique
C’est un DD de l’accès grave avec une PEC totalement différente = pronostic est fonction de la rapidité à porter le diagnostic, corriger l’anémie et obtenir une reprise de la diurèse avant évolution vers insuffisance rénale
BIOLOGIE
ORIENTATION
- Thrombopénie variable quasi-constante (plaquettes < 150 G/L) : fréquente et précoce au cours du paludisme (indépendant de l’espèce et du tableau clinique)
- Anémie hémolytique (mais peut manquer surtout au début primo-invasion ; plus fréquent dans les rechutes ou reviviscence) › augmentation bilirubine, LDH, diminution haptoglobine
- Leucocytes : normaux ou leucopénie, pas d’HE
- Cytolyse hépatique (prédominant ALAT) < 10N
CONFIRMATION AVEC DELAI < 2HEURES ++++
DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE DIRECT
Prélèvement :
- Zone d’endémie : 1 – 2 gouttes de sang par piqûre (doigt, lobe oreille, talon) et faire immédiatement les étalements (frottis minces-goutte épaisse)
- France : 2 tubes de sang par ponction veineuse sur anticoagulant (EDTA)
Techniques références (sans attendre pic fébrile) :
- FROTTIS – GOUTTE EPAISSE : mise en évidence hématozoaire (diagnostic positif, identification espèce, parasitémie)
Si mise en évidence d’hématies parasitées sans voyage : évoquer paludisme d’aéroport, accidents de transfusion ou babésiose par piqûre de tique chez splénectomisé
Autres :
- TESTS DE DIAGNOSTIC RAPIDE INMMUNOCHROMATOGRAPHIQUE SUR BANDELETTE ANTIGENIQUE
- Détection protéines spécifiques de Plasmodium (antigène HRP-2, enzymes parasitaires, LDH ou aldolase)
- Sensibilité peut atteindre 95% mais corrélée à la parasitémie (très bonne pour P. falciparum et P. vivax ; moins pour P. ovale et P. malariae)
- Ne permet pas de mesurer la parasitémie
- Pas besoin d’expertise particulière
- Diagnostic rapide sur sang total
- Test utilisant HRP-2 peut rester positif 2 – 3 semaines après paludisme › ne peut pas être utilisé pour diagnostic de rechute après traitement
DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE INDIRECT
SEROLOGIE
Aucun apport pour le diagnostic d’urgence
Sérologie + signe uniquement contact préalable avec le parasite
Indications sérologie :
- Diagnostic rétrospectif accès palustre
- Diagnostic paludisme viscéral évolutif ou d’une splénomégalie palustre hyperréactive
- Contrôle donneurs de sang à risque
- Enquêtes épidémiologiques
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
Face à une fièvre au retour de zone d’endémie palustre : le paludisme est le 1er diagnostic à évoquer en urgence +++
Après avoir éliminé paludisme par négativité de la recherche de Plasmodium dans le sang périphérique du patient que l’on peut envisager autre diagnostic ! (voir chapitre fièvre au retour zone d’endémie)
PHYSIOPATHOLOGIE
Conséquences de l’infection palustre sur les organes
SANG
PHASE SCHIZOGONIE ERYTHROCYTAIRE : hémolyse responsable en partie anémie d’installation progressive (grave chez femmes enceintes et enfants)
Hémoglobine libérée entraine surcharge rénale + transformation en bilirubine dans le foie › excès éliminé dans les urines entraine hémoglobinurie
UTILISATION DE L’HEMOGLOBINE PAR LE PARASITE (pour son développement) : précipitation de granules de pigment dans son cytoplasme = hémozoïne ; composé : hème, toxique pour le parasite, enrobé de protéines du parasite pour le rendre inactif › libération lors de l’éclatement du GR responsable en partie de la fièvre
SEQUESTRATION DES PLAQUETTES (on sait pas trop pourquoi) : thrombopénie
RATE
Séquestration et destruction des hématies parasitées et celles sensibilisées aux Ag plasmodiaux (destruction plus efficace des hématies contenant des espèces matures plutôt que des formes jeunes trophozoïtes jeunes de P. falciparum)
Devient molle, hypertrophique et congestive
FOIE
SCHIZOGONIE EXO-ERYTHROCYTAIRE : aucune lésion inflammatoire (< 100 cellules hépatiques parasitées = destruction de la schizogonie hépatique passe inaperçue)
Physiopathologie de l’accès grave
Complications majeures du paludisme à P. falciparum : anémie grave et neuropaludisme
Théories retenues : séquestration d’hématies parasitées par des formes matures de Plasmodium adhérant aux cellules endothéliales des micro-vaisseaux et intervention de cytokines (ou autres médiateurs)
CYTOADHERENCE Primum movens) ET PHENOMENES INFLAMMATOIRES
Adhérence entre les GR parasités par les stades asexués « matures » à P. falciparum (trophozoïtes âgés, schizontes) et les cellules endothéliales vasculaires. Ces formes matures sont donc absentes de la circulation périphérique. Cette séquestration est responsable :
- RALENTISSEMENT MECANIQUE FLUX SANGUIN dans les capillaires (phénomène mécanique) prédominant +++ provoquant : hypoxie tissulaire avec acidose lactique et dysfonction d’organes
- REACTION INFLAMMATOIRE TISSULAIRE CYTOKINIQUE (phénomène inflammatoire)
- Si évolution de l’accès non maitrisé (par traitement ou réponse immune adaptée) › évolution défavorable non réversible avec phénomènes (décès, séquelles) :
- Amplification par : moindre déformabilité des hématies parasitées + formation de rosettes (agrégats composés hématie parasitée et hématies non parasitées adhérentes)
- Apoptose des cellules endothéliales
- Micro-hémorragies tissulaires
ANEMIE
Facteurs contribuant à l’anémie :
- Eclatement des hématies parasitées par les schizontes matures
- Hémolyse d’hématies non parasitées mais recouvertes d’Ag plasmodiaux
- Séquestration et destruction dans la rate d’hématies parasitées ou non
PARASITEMIE
Reflet indirect de la charge parasitaire globale (on n’observe pas les stades séquestrés) = marqueur facilement accessible du risque d’évolution rapide vers des dysfonctionnements organiques pour un patient
TRAITEMENT CURATIF
Généralités
CRITERES D’HOSPITALISATION
CRITERES CLINIQUES / PARACLINIQUES
Tout signe de gravité
Plaquettes < 50 G/L
Hb < 10 g/dl
Créatinémie > 150 umol/L
Parasitémie > 2%
Décompensation de comorbidité
Grossesse, enfant, splénectomie
CRITERES DIAGNOSTICS
Impossibilité d’avoir un diagnostic parasitologique fiable et rapide
CRITERES THERAPEUTIQUES
Troubles digestifs empêchant traitement PO
- Impossibilité de traitement ambulatoire :
- Facteurs socioculturels compromettant observance
- Personne vivant seule
- Eloignement d’un centre hospitalier
- Impossibilité de suivi (J3, J7, J28)
- Absence de médicament disponible en pharmacie
Echec d’un premier traitement
Ne pas confondre avec les critères de gravité ++++
Les conditions permettant prise en charge en ambulatoire sont rarement remplies : hospitaliser en cas de doute. HOSPITALISATION EN REANIMATION : si paludisme à P. falciparum et au moins un des critères de gravité +++++
ANTIPALUDEENS DISPONIBLES
MOLECULES : ATOVAQUONE-PROGUANIL | |
VOIE | PO sur 3 jours (4 cp en 1 prise) Avec aliment riche en lipides |
PRECAUTIONS | Contre indication : grossesse (relative) |
EFFETS SECONDAIRES | Digestifs, rash |
REMARQUE | Diminution lente parasitémie |
MOLECULES : DIHYDRO ARTEMISININE-PIPERAQUINE (A BASE D’ARTEMISINE) | |
VOIE | PO sur 3 jours (3 – 4 cp en 1 prise en fonction du poids) A distance repas (>3h) |
PRECAUTIONS | Contre indications : 1er trimestre grossesse, allongement QT |
EFFETS SECONDAIRES | Rares |
REMARQUE | A utiliser en l’absence d’ATCD cardiaques ! (allongement QT possible) Si parasitémie > 1% |
MOLECULES : ARTEMETHER-LUMEFANTRINE (A BASE D’ARTEMISINE) | |
VOIE | PO sur 3 jours (4 cp en 6 prises : à H0, H8, H24, H36, H48, H72) Avec aliment riche en lipides |
PRECAUTIONS | Contre indications : 1er trimestre grossesse, allongement QT |
EFFETS SECONDAIRES | Rares |
REMARQUE | A utiliser en l’absence d’ATCD cardiaques ! Si parasitémie > 1% Prescription hospitalière |
MOLECULES : QUININE | |
VOIE | PO ou IV en 3 prises/j pendant 7 jours Jamais IM ½ vie courte |
PRECAUTIONS | Index thérapeutique étroit : surveiller les taux sériques |
EFFETS SECONDAIRES | Acouphènes et vertiges fréquents Rarement : hypoglycémie, veinite Surdosage : toxicité cardiovasculaire (hypotension, troubles de conduction) |
MOLECULES : MEFLOQUINE (AMINO-ALCOOL) | |
VOIE | PO en 1 jour (2 cp toutes les 8h) ½ longue 1ère prise au moins 10 jours avant départ (tester tolérance) |
PRECAUTIONS | Contre indications : Allaitement Enfant < 15 ans / < 5kg (prophylaxie/curatif) Troubles psychiatriques Valproate de sodium Déconseillé si pratique de plongée |
EFFETS SECONDAIRES | Assez fréquents (surtout curatif) Digestifs (nausées, vomissements, douleurs, diarrhées) Neuro-psy (cauchemars, sensations ébrieuses, dépression, vertiges, céphalées, insomnies) |
MOLECULES : CHLOROQUINE | |
VOIE | PO |
EFFETS SECONDAIRES | Rares et bénins Rétinopathie si forte dose cumulée |
MOLECULES : DOXYCYCLINE | |
VOIE | PO |
PRECAUTIONS | Contre indication : enfant < 8ans, grossesse |
EFFETS SECONDAIRES | Phototoxicité, ulcérations œsophagiennes, troubles digestifs |
MOLECULES : CHLOROQUINE + PROGUANIL | |
VOIE | PO |
EFFETS SECONDAIRES | Ceux des constituants |
MOLECULES : ARTESUNATE | |
VOIE | IV |
EFFETS SECONDAIRES | Anémie hémolytique retardée |
MOLECULES : ARTEMETHER-LUMEFANTRINE (A BASE D’ARTEMISINE) | |
VOIE | PO en 1 seul jour (6 cp en 3 prises espacées de 6h) à distance des repas |
EFFETS SECONDAIRES | PO en 1 seul jour (6 cp en 3 prises espacées de 6h) à distance des repas |
REMARQUE | 2nd cure nécessaire 7 jours plus tard (demi-dose) pour réduire rechute |
Délivrance uniquement sur prescription médicale
Grossesse et contres indications :
- Absolue : HALOFANTRINE ET DOXYCYCLINE
- Relative : ATOVAQUONE-PROGUANIL (peuvent être utiliser si nécessaire)
Prise en charge d’un accès simple
ACCES PALUSTRE A P. FALCIPARUM
URGENCE (évolution vers une forme grave peut être rapide +++)
Principal problème des traitements antipaludéens est la progression des résistances de P. falciparum (surtout chloroquine +++)
ADULTE
VOMISSEMENTS ? NON
1ère intention :
- DIHYDROARTEMISINE-PIPERAQUINE PO ou
- ARTEMETHER-LUMEFANTRINE PO ou
- ATOVAQUONE-PROGUANIL PO
2nd intention :
- MEFLOQUINE PO OU
- QUININE PO
VOMISSEMENTS ? oui
- QUININE IV LENTE sur 4h toutes les 8h (24mg/kg) ou IVSE dans sérum G5%
- Dès arrêt des vomissements : relais PO par
- QUININE PO ou
- UN DES 3 ANTIPALUDIQUE DE 1ERE INTENTION PO
Alternative possible : QUININE IV + CLINDAMYCINE IV pendant 3 jours
ENFANT
VOMISSEMENTS ? NON
1ère intention :
- ARTHEMETHER-LUMEFANTRINE (6 prises sur 3 jours)
- DIHYDROARTEMISININE PIPERAQUINE (1 prise 3 jours de suite)
- ATOVAQUONE-PROGUANIL (1 prise pendant 3 jours)
- MEFLOQUINE (3 prises pendant 1 jour)
2nd intention :
- Contrairement à l’adulte (risque toxicité cardiaque) HALOFANTRINE peut être utilisée en 2nd ligne par équipes spécialisées › seul antipaludique ayant une galénique adaptée à l’enfant (solution buvable)
- QUININE
AVANT 6 ANS : écraser les comprimés
SI VOMISSEMENTS DANS L’HEURE SUIVANT LA PRISE : réadministrer le médicament (si persistance des vomissements › mettre en place traitement IV)
SI ECHEC, RECHUTE : changer d’antipaludéen ou traitement IV
VOMISSEMENTS ? oui
(Comme si critère de gravité)
- ARTESUNATE IV +++ en ATU (2,4 mg/kg H0, H12, H24 puis 2,4/kg/j jusqu’à J3 minimum et maximum J7)
- Relais PO dès arrêt des vomissements (ou à 72h) par : ARTHEMETHER-LUMEFANTRINE
Surveillance étroite :
- Monitoring cardiorespiratoire
- ECG (éliminer QT long)
- NFS, réticulocytes, LDH et haptoglobine à J3, J7, J14 et J28
Hospitalisation systématique de l’enfant +++ car risque évolution vers un accès grave
- HOSPITALISATION DE COURTE DUREE : accès simple
- REANIMATION : accès grave
- UNITE DE SURVEILLANCE CONTINUE : accès simple avec intolérance digestive (ttt voie IV)
FEMME ENCEINTE
QUININE ++++ (même si méfloquine n’est plus contre indiquée et que l’atovaquone-proguanil soit utilisable en cas de nécessité)
ARTEMETHER-LUMEFANTRINE : utilisable à T2 et T3
ACCÈS PALUSTRE A P. VIVAX, P. OVALE, P. MALARIAE
EN L’ABSENCE DE VOMISSEMENTS | SI VOMISSEMENTS | |
CURATIF | CHLOROQUINE PO sur 3 jours (6 cp les 1er et 2ème jour et 3 cp le 3ème) ou 5 cp/j pendant 5j Atovaquone-proguanil, Artéméther-luméfantrine et Dihydroartémisine-pipéraquine semblent efficaces | QUININE IV |
PREVENTION DES REVIVISCENCE | Pour P. vivax et P. ovale : PRIMAQUINE (active sur les hypnozoïtes) en ATU en l’absence de contre indication (déficit en G6PD) |
ACCES PALUSTRE A P. KNOWLESI
Comme un accès de palustre à P. falciparum
- PO : combinaison à BASE D’ARTEMETHER (si absence de signe de gravité)
- Si grave : ARTESUNATE IV
Prise en charge d’un accès grave
- Identification des signes de gravité
- Hospitalisation en service de réanimation
- Mise en route immédiate d’un traitement
CURATIF
ARTESUNATE IV (empêche cytoadhérence et active plus rapidement que la quinine) › flacons disponibles en ATU dans les pharmacies hospitalières
- 7 jours maximum (relais PO possible avant)
- Posologies
- Relais PO possible après 3 jours Artésunate par
- Adulte et enfant > 20kg : 2,4 mg/kg à H0, H12, H24 puis toutes les 24h (en IVL ou seringue électrique)
- Enfant < 20 kg : 3 mg/kg (et après pareil)
- Adulte : ARTEMETHER-LUMEFANTRINE ou DIHYDROARTEMISINE-PIPERAQUINE (de préférence) ou ATOVAQUONE-PROGUANIL (en parasito)
- Enfant : ARTHEMETHER-LUMEFANTRINE
Alternative si artésunate IV non disponible immédiatement (ou contre indication) : QUININE IV
- Relais possible par artésunate si quinine IV < 24h (anémie hémolytique est fréquente et ne remet pas en cause utilisation artésunate
- Modalités : dose de charge puis entretien en perfusion continue ou de 4h dans du sérum glucosé
- Surveillance : QUININEMIE A H72, SURVEILLANCE ECG ET GLYCEMIE
- Attention : chez femme enceinte et enfant risque majoré d’hypoglycémie (les doses de charge sont interdites chez l’enfant +++)
Pas de méfloquine après un coma ++++
SYMPTOMATIQUE
- Hypoglycémie
- Apports hydroélectriques modérés (risque OAP)
- Transfusion de culots globulaires si Hb < 7g/dL ou selon terrain
- Traitement antibiotique si acidose, de sepsis grave ou choc (co-infections fréquentes)
- Oxygénothérapie, assistance ventilatoire, épuration extra-rénale si besoin
SURVEILLANCE
- MONITORING CARDIORESPIRATOIRE
- ECG (éliminer QT long)
Surveillance
SURVEILLANCE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE : température, troubles digestifs
FROTTIS-GOUTTE EPAISSE
- J3 : parasitémie doit être < 25% de la valeur initiale
- J7 : si parasitémie encore élevée à J3 (doit être négative là)
- J28 : recherche d’une rechute liée à une résistance du parasite
SURVEILLANCE HEMATOLOGIQUE après traitement par Artésunate IV (risque hémolyse retardée) : NFS, RETICULOCYTES, LDH ET HAPTOGLOBINE à J3, J7, J14 et J28
Mesures associées
Déclaration obligatoire des cas autochtones en métropole, à la Réunion et aux Antilles
PROPHYLAXIE = PROTECTION PIQURES MOUSTIQUES + CHIMIOPROPHYLAXIE
Protection contre les piqûres d’anophèles
Principale mesure préventive ++++ qui doit être appliquée strictement dès la tombée du jour et pour toute la durée de la nuit
- Vêtements amples et couvrants si possibles imprégnés d’insecticides
- Répulsifs sur les parties découvertes
- Utiliser des tortillons fumigènes
- Moustiquaires, imprégnées de répulsif rémanent (perméthrine) aux portes d’entrée et fenêtres et/ou dormir sous une moustiquaire imprégnée
- Insecticides domestiques
Chimioprophylaxie
Pour les voyageurs +++ (prennent en compte risque d’infection par P. falciparum)
- SYSTEMATIQUE pour tout sujet se rendant en zone impaludée
- Bien expliquer que la chimioprophylaxie ne protège pas à 100%, principaux symptômes du paludisme, nécessité de recherche du paludisme en urgence en cas de fièvre lors du voyage et dans les mois suivant le retour
Médicaments disponibles
ANTIPALUDIQUE | PERIODICITE DES PRISES | DUREE |
CHOLOROQUINE | Quotidienne | Séjour + 4 semaines |
CHLOROQUINE-PROGUANIL | Quotidienne | Séjour + 4 semaines |
ATOVAQUONE-PROGUANIL | Quotidienne | Séjour + 1 semaine |
DOXYCYCLINE | Quotidienne | Séjour + 4 semaines |
MEFLOQUINE | Hebdomadaire | 10 jours avant + séjour + 3 semaines |
La plupart des antimalariques (choloroquine, méfloquine, doxycycline) n’agissent que sur les formes érythrocytaires › pour couvrir incubation des sporozoïtes et schizontes hépatiques = poursuite du traitement au retour
Seule association atovaquone-proguanil agit sur les formes hépatiques de P. falciparum (diminution du traitement préventif)
Indications
Choix antipaludique doit tenir compte :
- Zones visitées (selon les résistances aux médicaments antipaludiques)
- Intensité de la transmission
- Conditions, durée et période du séjour
- Age et poids du voyageur
- ATCD pathologiques
- Possible interaction avec d’autres médicaments
- Précédente intolérance à un antipaludique
- Grossesse en cours ou envisagée
- Evaluation de l’observances en fonction des modalités de prise
- Capacités financières du voyageur
Précisions sur intensité de la transmission (définition de terme à connaître en parasito)
ABSENCE DE TRANSMISSION DE PALUDISME | Absence de transmission active de paludisme = pas de chimioprophylaxie recommandée mais protection personnelle antivectorielle peut être recommandée si région déclarée indemne de paludisme < 3 ans |
TRANSMISSION LOCALISEE | Limitée à certaines zones ou foyers définis |
TRANSMISSION SAISONNIERE | Transmission durant certaines périodes de l’année (indépendante de la notion d’intensité de la transmission et de la notion de résistance aux antipaludiques) |
TRANSMISSION SPORADIQUE | Irrégulière |
RISQUE DE PALUDISME | OMS définit des zones géographiques de |
Cas particuliers
EN CAS DE SEJOUR COURT (< 7 JOURS) ET/OU REPETES : pas de chimioprophylaxie sous réserve d’une consultation médicale rapide en cas de fièvre en précisant le(s) séjour(s) en zone(s) d’endémie palustre
SEJOUR > 3 MOIS : chimioprophylaxie les 6 premiers mois
GROSSESSE : éviter le voyage et si ce n’est pas possible on peut donner MEFLOQUINE OU ATOVAQUONE-PROGUANIL
TRAITEMENT DE RESERVE (PRESCRIPTION EXCEPTIONNELLE) : traitement curatif de réserve prescrit avant le départ et à prendre si impossibilité de prise en charge dans les 12h et voyageur informé de la nécessité de consulter un médecin dès que possible au décours du traitement d’épreuve (traitement ne doit jamais être pris en France !!). Molécules utilisables : ATOVAQUONE-PROGUANIL OU ARTEMETHER-LUMEFANTRINE OU DIHYDROARTEMISINE-PIPERAQUINE