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Malaise, perte de connaissance, crise comitiale chez l'adulte

  • Diagnostiquer un malaise, une perte de connaissance, une crise comitiale chez l’adulte
  • Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge pré-hospitalière et hospitalière

Généralités

Définitions

  • Malaise : sensation pénible souvent vague d’un trouble des fonctions physiologiques / pas un terme médical
  • Perte de connaissance : altération de la conscience avec perte de contact
  • Syncope : trouble de conscience avec HYPOTONIE et PERTE DU TONUS structural / retour rapide à état de conscience normal
  • Lipothymie : SYNCOPE INCOMPLÈTE sans perte de tonus ou de contact
  • Phénomène de Stoke-Adams : syncope d’étiologie cardiaque et rythmique de durée courte (à l'emporte-pièce)
  • Crise comitiale : conséquence de la décharge hypersynchrone d’un groupe de neurones

Distinction entre syncope et crise comitiale

Crise comitiale probableSyncope probable
Avant
Pendant
Après
  • Trauma crânien / perte des urines : pas de spécificité d'une étiologie

Syncopes et lipothymies

≈ 2% des admissions aux urgences pour malaise

10-20% des syncopes sont l'expression d'une pathologie menaçant le pronostic vital

Physiopathologie

Origine : hypoperfusion cérébrale transitoire (substance réticulée activatrice du tronc)

  • Pression artérielle < 60 MMHG
  • OU 6 à 8 secondes d’arrêt circulatoire (ou moins chez le sujet âgé)

Mécanismes possibles

  • Cause électrique
  • Cause mécanique (embolie pulmonaire, thrombose de valve..)
  • Hypotension artérielle profonde et brutale

Conséquences

  • Perte de conscience ± complète
  • Perte du tonus postural ± complète
  • Myoclonies après 30 SECONDES d’hypo-perfusion (brèves, durent < 15 secondes, débutent toujours après la perte de connaissance)

Prévalence vie entière des syncopes : 40% à 70 ans / incidence annuelle ≈ 6%

Examen clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Terrain : âge / antécédents familiaux (mort subite..) / cardiopathie
  • Prises : recherche de tout traitement
  • Caractériser le malaise : interrogatoire des témoins / éventuellement du patient pour les prodromes / effort ou repos / durée…
  • Recherche de signes de gravité : douleur thoracique / dyspnée…
  • Examen cardiovasculaire
  • Examen neurologique
  • Auscultation cardiaque à la recherche de souffle
  • Recherche signes d’une cardiopathie sous-jacente
  • Recherche d’une hypotension orthostatique : test systématique si > 75 ans ou traitement antihypertenseur
  • Recherche de signes de focalisation
  • Recherche d’un syndrome confusionnel

Examens complémentaires

ECG de repos

  • Généralités
  • Drapeaux rouges
  • Examen systématique
  • Bilan cardiologique rapide nécessaire si présence de drapeaux rouges
  • Arythmie atriale soutenue
  • Bradycardie persistante
  • Trouble de la conduction / bloc bi ou tri-fasciculaire…
  • Hypertrophie ventriculaire
  • QT court ou long
  • Onde Q pathologique / Toute anomalie du segment ST
  • Syndrome de préexcitation (Wolf-Parkinson-White)
  • Toute arythmie ventriculaire / Syndrome de Brugada
  • Tout rythme cardiaque entraîné (pacemaker)

cause identifiée dans > 50% des cas avec clinique + ECG

Glycémie capillaire : systématique aux urgences devant tout malaise (même si probabilité très faible chez le sujet non diabétique)

Ionogramme-urée-créatinine si traitement par diurétiques ou diabétique

En l’absence de cause à l’ECG et à l’examen clinique

  • Bilan de seconde intention
  • Bilan de troisième intention
  • Systématiquement : échocardiographie / biologie de routine
  • Selon le contexte
  • Test d’effort : si suspicion de troubles du rythme ou angor d’effort
  • Biologie : troponine / BNP
  • Si anomalie au bilan de seconde intention

En 1e intention : Holter-ECG

Si toujours pas de diagnostic : étude électrophysiologique endocavitaire

  • En cas de syncope non élucidée par holter avec une cardiopathie ou anomalies ECG
  • Inutile si cœur morphologiquement normal à l'ETT et ECG = normal probabilité de trouver anomalie quasi nulle
  • Ponction fémorale / 2-3 sondes / stimulation atriale à fréquence croissante
  • Stimulation ventriculaire programmée (TV : 1e cause de mort subite et syncope = élément annonciateur fréquent)
  • Si TV déclenchée à la stimulation indique la pose d'un défibrillateur
  • Si bilan de seconde intention normal

Tilt test : si syncopes répétées et invalidantes (notamment profession à risque…) / en l'absence de cardiopathie

  • Après 10 min de repos, patient verticalisé à 70° pendant 30 min
  • Faible rendement chez le sujet âgé

Recherche d’hyperréflexie sinocarotidienne : si patient de plus de 40 ans

  • Position couchée puis debout / massage ferme et unilatéral d'une carotide puis l'autre (5-10 secondes)
  • Réponse (+) : reproduction d'une syncope ou lipothymie via bradycardie ou baisse de TA / !! risque d'AVC si athérome
  • Bilan de dernier recours
  • Remarque : en cas de syncope inexpliquée malgré bilan : le pronostic est FAVORABLE en l'absence de cardiopathie décelable et d'anomalies ECG
  • Moniteur ECG implantable sur avis spécialisé / syncope inexpliqué en dernier recours (jusqu'à 18 mois de suivi)

Critères d’hospitalisation en urgence à l’issue du bilan initial

  • Diagnostic de trouble du rythme ventriculaire ou de trouble de la conduction
  • Syncope inexpliquée avec cardiopathie sous-jacente
  • ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX de mort subite
  • Syncope avec traumatisme grave
  • Syncope D’EFFORT / syncope survenue en décubitus

Diagnostic étiologique

Syncopes réflexes (neurocardiogéniques)

= hypotension paradoxale (± bradycardie sinusale associée) / par réflexe neuro-végétatif inhibition sympathique, hyperactivité vagale

+ fréquentes durant la nuit et en postprandial (quel que soit le sous-type)

Syncopes vasovagales

  • Généralités
  • Diagnostic
  • Résulte d'une part de dysfonction sinusale avec réflexe vaso-dilatateur et cardio-inhibiteur (parfois jusqu'à 30 sec d'asystolie !)
  • Causes les plus fréquentes et les plus bénignes
  • Contexte anxieux et émotif
  • Clinique
  • Examens complémentaires
  • Traitement : éducation thérapeutique
  • Survenue : émotions vives / douleur aiguë / station debout prolongée / fin de repas / atmosphère confinée
  • Prodromes (inconstants) : sueurs / nausées / palpitations / vue brouillée / acouphènes / diarrhée…
  • Au décours : asthénie intense pouvant persister plusieurs heures ± intolérance à la station debout
  • Indications : doute avec une origine cardiaque / syncopes répétées et invalidantes
  • Modalité : tilt test
  • S’allonger au moindre malaise
  • Ne se relever que lorsque la lipothymie est passée

Causes plus rares

  • Syncopes sinocarotidiennes = hyperréflectivité sinocarotidienne
  • Syncopes situationnelles
  • Terrain : homme de plus de 60 ans en général
  • Mode de survenue : à la rotation de la tête / lors du rasage
  • Diagnostic positif : massage carotidien
  • Prise en charge : stimulation cardiaque parfois nécessaire
  • Tussive (ictus laryngé) : survient à l’acmé d’une quinte de toux chez le bronchiteux chronique / Valsalva, trompettistes…
  • Mictionnelles : chez l’homme âgé, liées à l’hypotension orthostatique / défécation
  • Instrumentales (ponctions…) / névralgies faciales…

Hypotension artérielle / orthostatique

Etiologies

  • Hypotension post-prandiale
  • Autres causes
  • Définition : dans les 2 heures suivant le repas : (≥ 1)
  • Facteurs favorisants : régime riche en hydrates de carbone / aliments ou atmosphère chauds / vasodilatateurs
  • Chute de ≥ 20 mmHg de la systolique
  • Valeur absolue de la systolique ≤ 90 mmHg
  • Iatrogènes +++ : antihypertenseurs / tricycliques / neuroleptiques / L-dopa
  • Biologiques : déshydratation / anémie / phéochromocytome
  • Dysautonomie : atrophie multiple systématisée / diabète...

Diagnostic

  • Interrogatoire
  • Diagnostic positif
  • Terrain : sujet âgé
  • Mode de survenue : dès les premières secondes ou minutes du lever
  • Caractéristiques de la syncope : identiques aux syncopes vasovagales
  • Technique : après 5-10 minutes du repos / mesure de la pression artérielle couché puis à 1, 3, 5 et 10 minutes
  • Positif si : baisse de ≥ 20 mmHg de la systolique et ≥ 10 mmHg de la diastolique

Traitement

  • Mesures générales
  • Traitement médicamenteux
  • Traitement étiologique / conseils posturaux
  • Port de bas de contention
  • Indication : en cas d’échec des mesures précédentes
  • Molécules
  • Cas général : midodrine / fludrocortisone (hors AMM)
  • Origine neurogénique : droxidopa (ATU)

Syncopes cardiaques

Orientation diagnostique

  • Terrain : > 60 ANS / antécédents cardiovasculaires
  • Type de syncope : à l’emporte-pièce (Stoke-Adams) / parfois précédé de palpitations ou d'un bref malaise
  • Mode de survenue : à l’effort le plus souvent

Etiologies

  • Causes électriques
  • Causes mécaniques
  • Tachycardies ++
  • Autres cas
  • TV : séquelles d'infarctus / au cours du SCA / sur cardiomyopathie dilatée / dysplasie arythmogène du VD
  • Torsades de pointe
  • Rarement au cours des tachycardies supra-ventriculaires (flutter à conduction 1:1 / T. jonction./ Wolff-Parkinson-White)
  • BAV : 3e degré / haut degré / rarement BAV 2e degré type Mobitz I ou II
  • Dysfonction sinusale : syncope si pause de > 4-6 sec chez jeune (> 3 sec chez le sujet âgé) / ± fibrillation atriale associée (maladie de l'oreillette)
  • Défaillance d'un PM / déplacement ou rupture de sonde / usure de la batterie…
  • Fréquentes
  • Rares
  • Rétrécissement aortique (syncope à l'effort ++)
  • Cardiomyopathies hypertrophiques obstructives : hypertrophie prédominant sur septum inter-ventriculaire (ECG : hypertrophie ventriculaire gauche / syncope à l'effort ou post-effort immédiat)
  • Embolie pulmonaire massive
  • Tamponnade
  • Thrombose de valve mécanique (sur endocardite, défaut d'anticoagulation)
  • Myxome de l’oreillette gauche (au changement de position)
  • Ischémie myocardique (exceptionnel)
  • Hypertension pulmonaire sévère

Prise en charge

  • TV + choc cardiogénique : choc électrique externe
  • TdP : sulfate de magnésium IV (± isoprénaline ou sonde d'entraînement)

!! Si syncopes récidivantes : avertir le patient du risque lié à la conduite automobile évaluation par la commission départementale à solliciter par le patient

Crises d'épilepsie et évènements non épileptiques

Crises d’épilepsie généralisées tonico-cloniques (CGTC)

Signes évocateurs

  • Eléments constants
  • Eléments inconstants
  • Mode de survenue : brutal / sans prodromes
  • Durée : > 3 minutes (se réveille dans le camion du SAMU et pas sur le lieu du malaise : différent de la syncope)
  • Evolution stéréotypée : phase tonique / phase clonique / phase résolutive (résolution avec respiration stertoreuse)
  • Morsure de langue : pathognomonique si concerne le bord latéral
  • Prodromes (aura épileptique) : sensation de déjà-vu / hallucinations…

Signes justifiant un avis neurologique sous 2 semaines

  • Morsure de langue (LATÉRALE ++ / pas le BOUT DE LA LANGUE : non spécifique)
  • DÉVIATION DE LA TÊTE lors de la perte de connaissance
  • Amnésie des faits sans perte de connaissance observée
  • POSTURE INHABITUELLE
  • Mouvements des MEMBRES
  • CONFUSION POSTCRITIQUE
  • Aura épileptique

Examens complémentaires

  • Patient épileptique connu avec facteur déclenchant retrouvé : aucun
  • Sinon IMAGERIE CÉRÉBRALE (TDM-IRM) en urgence
  • PL si suspicion d'hémorragie méningée avec TDM normale / EEG : peu d'intérêt en urgence (sauf suspicion d'encéphalite herpétique ou d'état de mal épileptique)

Evénements non épileptiques (pseudo-crises)

Diagnostic

  • Examen clinique
  • Examens complémentaires
  • Terrain
  • Caractéristiques de la « crise »
  • Abus sexuels dans l’enfance / conflit familial ou conjugal
  • Personnalité histrionique / bénéfices secondaires
  • Durée : très prolongée / mouvements anormaux pendant ≥ 10 minutes
  • Symptômes : opisthotonos / mouvements du bassin / cris / mouvements anarchiques
  • Contexte : public quasi-systématiquement présent
  • Au décours : résistance à l’ouverture des yeux / absence de traumatisme ou de pertes d’urines
  • Généralement : aucun
  • Si alternance avec des crises authentiques : vidéo-EEG avec épreuves de suggestion (hyperpnée, lumière…)

Relativement fréquents devant présentation de crise épileptique à rechercher

Traitement

  • A la phase aiguë : BENZODIAZÉPINES
  • A distance : psychothérapie

Autres malaises et pertes de connaissance

Malaises sans perte de connaissance

  • Attaques de panique
  • Ethylisme aigu
  • Hypoglycémie
  • Accident ischémique transitoire vertébro-basilaire
  • Intoxications médicamenteuses / toxicomanie / intoxication au CO
  • Hypoxie-hypercapnie / encéphalopathie hépatique…
  • Trouble factice (simulation) / trouble de conversion
  • En faveur de l'origine psychogène : hyperventilation associée à paresthésies des mains évocatrice
  • Clinique
  • Examens complémentaires
  • Signes positifs : haleine œnolique / agitation / agressivité
  • Pour diagnostic positif : alcoolémie
  • Pour recherche de pathologies associées : glycémie / ± imagerie cérébrale selon le contexte
  • Jamais de syncope vraie mais "malaise hypoglycémique"
  • Concerne le + souvent des sujets diabétiques connus et traités
  • Sensations de malaise possibles mais pas de perte de connaissance isolée
  • Contenu variable

Malaises avec perte de connaissance

  • Traumatisme crânien
  • Narcolepsie-cataplexie
  • Crises d’épilepsie partielles complexes
  • Insuffisance vertébro-basilaire ("vol" sous-clavier) : malaise aux mouvements répétés des bras / DIFFÉRENCE DE TA ou pouls entre les 2 bras
  • Drop-attacks : PERTE DE TONUS POSTURAL isolé sans trouble de conscience
  • Généralités
  • Conduite à tenir
  • Peut causer une syncope ou une crise tonicoclonique
  • Peut aussi être la cause des 2 également
  • Surveillance pendant 24 heures
  • Imagerie cérébrale ± autres explorations en fonction du contexte
  • Brusques accès de sommeil irrépressibles, pluriquotidiens ± chutes par hypotonie (cataplexie)
  • Par exemple crise temporale : 2-3 min / sensation épigastrique ascendante / fixité du regard / mâchonnement ou déglutition

Ictus amnésique

  • Oubli à mesure de plusieurs heures
  • Le sujet pose des questions itératives stéréotypées mais garde un comportement normal