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Lymphomes malins

GéNéRALITéS

DéFINITION

Prolifération maligne de cellules lymphoïdes B, T, ou NK d’origine extra-médullaire, aux dépends

  • D’un organe lymphoïde ganglionnaire (le plus souvent)
  • D’un organe lymphoïde extra-ganglionnaire (rate, tube digestif, poumons, sphère ORL…)
  • D’un organe non lymphoïde (peau, estomac…)

éPIDéMIOLOGIE

  • Lymphomes = cancers les plus fréquents en hématologie
  • Peuvent survenir à n’importe quel âge
  • Augmentation constante de l’incidence dans les pays développés
  • Multiplication x2 au cours des 20 dernières années

FORMES

  • Lymphomes de Hodgkin (cellules de Reed-Sternberg)
  • Lymphomes malins non hodgkiniens
  • Certaines formes sont des urgences thérapeutiques : lymphome de Burkitt ++++++

éTIOLOGIES

  • Pas d’étiologie retrouvée le plus souvent
  • Peut être favorisée par contexte d’immunodépression (VIH+++, transplanté d’organe ou de cellules souches)

DIAGNOSTIC

QUAND SUSPECTER MALADIE LYMPHOMATEUSE ?

  • Adénopathie périphérique ++++++ unique ou non
  • +/- accompagnée splénomégalie, hépatomégalie
  • Masse médiastinale +/- syndrome cave supérieur (urgence++++)
  • Fièvre au long cours (> 38°C pendant plus de 3 semaines)
  • Prurit inexpliqué
  • Altération de l’état général, sueurs nocturnes
  • Tumeurs extra-ganglionnaires avec symptomatologie en rapport avec l’organe atteint (syndrome ulcéreux si estomac…)
  • Asymétrique le plus souvent
  • Taille > 2 cm
  • Indolore (sauf exceptionnelle adénopathie douloureuse à l’ingestion d’alcool dans le lymphome de Hodgkin)
  • Ferme, non inflammatoire, non adhérente aux plans superficiels et profonds
  • Non satellite d’une porte d’entrée infectieuse ou d’une lésion tumorale locorégionale (doit être recherchée)
  • Non contemporaine d’un épisode fébrile transitoire
  • Ancienneté > 1 mois

SYNDROME CAVE SUPERIEUR

  • Œdème en pèlerine
  • Circulation veineuse collatérale thoracique
  • Turgescence des jugulaires
  • Orthopnée

MASSE ABDOMINALE RAPIDEMENT PROGRESSIVE

Fait évoquer lymphome de Burkitt

SYNDROME NEUROLOGIQUE DE COMPRESSION RADICULO-MEDULLAIRE

Douleurs radiculaires (augmentées par la toux, effort, décubitus) +/- signes déficitaires en rapport avec nerf lésé (syndrome lésionnel)

Claudication médullaire intermittente +/- troubles sphinctériens

Syndrome sous lésionnel

  • Babinsky bilatéral
  • Paraparésie voire paraplégie
  • Déficit sensitivo-moteur
  • Réflexes ostéo-tendineux vifs, diffus, polycinétiques
  • Hypertonie élastique
  • Troubles sphinctériens

CONDUITE A TENIR DEVANT DES ADENOPATHIES SUSPECTES D’ETRE LYMPHOMATEUSES

ADENOPATHIE(S) SUPERFICIELLE(S)

  • PONCTION GANGLIONNAIRE à l’aiguille fine. Peut rapporter :
  • Pus franc (envoyer pour analyse microbiologique)
  • Cellules métastatiques de cancer solide
  • Cellules lymphomateuses (cellules de Reed-Sternberg d’un lymphome de Hodgkin)
  • Non contributive

Si non contributive ou montre cellules lymphomateuses

  • BIOPSIE EXERESE GANGLIONNAIRE
  • Rapidement +++ et liée à la répétition des sérologies virales / recherche bacille de Koch
  • Choix du ganglion : le plus suspect, le plus facile d’accès, éviter ganglion inguinal (risque lymphoedème)
  • Envoyer le ganglion non fixé à l’anathomopathologie

ADENOPATHIE(S) PROFONDE(S)

PONCTION GUIDEE SOUS SCANNER OU CHIRURGIE

Décision multidisciplinaire impliquant :

  • Hématologiste
  • Radiologue
  • Spécialiste d’organe
  • Chirurgien

ETUDE DU GANGLION PRELEVE

  • EXAMEN MORPHOLOGIQUE (cytologique et histologique)
  • IMMUNOPHENOTYPE
  • +/- CYTOGENETIQUE (étude des chromosomes)
  • +/- BIOLOGIE MOLECULAIRE (étude des gènes)
  • CONGELATION d’un fragment pour étude ultérieure

La cytoponction n’est pas suffisante › il faut preuve histologique ++++

BILAN D’EXTENSION

Recherche étiologie : SEROLOGIE VIH +++ (après accord du patient)

TOPOGRAPHIQUE

Imagerie :

  • RADIOGRAPHIE DE THORAX DE FACE
  • TDM TAP
  • TEP TDM AU 18FDG (si lymphomes agressifs ou lymphome de Hodgkin)
  • NFS (polynucléose neutrophile, lymphopénie, anémie inflammaT, rare forme leucémique ou anémie hémolytique)
  • BIOPSIE OSTEOMEDULLAIRE
  • BILAN RENAL
  • BILAN HEPATIQUE
  • BILAN PHOSPHOCALCIQUE
  • +/- PONCTION LOMBAIRE (si lymphomes agressifs ou localisation testiculaire, ORL, cerveau)
  • Autres en fonction du contexte clinique : fibroscopie, coloscopie, radiographies osseuses…

Au terme de ce bilan › classification d’Ann Arbor

éVOLUTIVITE

  • LDH
  • B2 MICROGLOBULINE
  • VS
  • CRP
  • FIBRINOGENE
  • ELECTROPHORESE DES PROTEINES SERIQUES

IMMUNOFIXATION SI PIC

TERRAIN ET PRE-THERAPEUTIQUE

  • ETUDE DES COMORBIDITES, SCORE GERIATRIQUE, ETAT NUTRITIONNEL
  • CREATININE, GLYCEMIE, IONOGRAMME
  • GROUPE RH RAI (PRE TRANSFUSIONNEL)
  • SEROLOGIES : EBV, VIH, VHB, VHC, HTLV1, HHV8
  • TEST DE COOMBS DIRECT
  • ANTICORPS ANTI NUCLEAIRE, FACTEUR RHUMATOÏDE
  • ECHOGRAPHIE TRANS-THORACIQUE
  • EFR SI CHIMIOTHERAPIE A TOXICITE PULMONAIRE
  • CONGELATION SPERME +/- CONGELATION D’OVAIRE

CLASSIFICATION DE ANN ARBOR

Stade I

1 aire ganglionnaire atteinte (ou site extra-ganglionnaire localisé)

Stade II

Plus de 2 aires ganglionnaires d’un même côté du diaphragme

Stade III

Aires ganglionnaires sus ou sous diaphragmatiques (rate considérée comme un ganglion)

Stade IV

Atteinte viscérale (foie, poumon) ou médullaire

Stade E

Atteinte extra ganglionnaire de contiguïté

  • Présence de signes généraux
  • A : Absence de signe
  • B : Présence de l’un des signes › fièvre, sueurs profuses, amaigrissement > 10% en 6 mois

FACTEURS PRONOSTICS

INITIAUX LIES A LA MALADIE

  • Type anatomopathologique - Pronostic meilleur si :
  • Stade de Ann Arbor
  • Nombre d’atteintes viscérales dans les lymphomes agressifs
  • Nombre d’atteinte ganglionnaire dans les lymphomes de bas grade
  • Masse tumorale volumineuse
  • Anémie
  • LDH élevés
  • Lymphomes folliculaires comparés aux lymphomes diffus
  • Lymphomes à petites cellules (indolents, de bas grade) comparés aux lymphomes à grandes cellules (agressifs)
  • Lymphomes de Hodgkin comparés aux lymphomes non Hodgkiniens

Voir facteurs spécifiques dans chaque type de lymphome

INITIAUX LIES AU MALADE

  • Age > 60 ans
  • AEG avec score OMS > 2 : performance status ECOG
0Absence de symptômes
1Sujet symptomatique mais pouvant poursuivre une activité ambulatoire normale
2Sujet alité moins de 50% de la journée
3Sujet alité > 50% de la journée
4Sujet alité en permanence, aide pour les gestes quotidiens
  • Présence de signes généraux
  • Présence de signes biologiques d’inflammation :
  • Lymphopénie dans la maladie de Hodgkin
  • Comorbidités associées
  • A : Absence de signe
  • B : Présence de l’un des signes › fièvre, sueurs profuses, amaigrissement > 10% en 6 mois
  • a : Absence de signe
  • b : Présence de signes

TYPES DE LYMPHOMES

LYMPHOME DE HODGKIN (LH)

Prolifération maligne lymphoïde ganglionnaire caractérisée par la présence de cellules de Reed-Sternberg au sein d’un infiltrat lymphocytaire polymorphe et variable

éPIDéMIOLOGIE

  • Incidence stable (2,4/100 000) – 1900 nouveaux cas/an en France
  • 2 pics d’incidence
  • Sexe : 55% hommes – 45% femmes
  • Association à EBV dans 40% des cas (facteur favorisant possible mais non prouvé)
  • Sujet jeune (25 ans) +++++++
  • Sujet âgé (>70 ans)

FACTEURS DE RISQUE

Pas d’étiologie retrouvée pour le plus souvent

  • Infection à VIH (moins fréquent que lymphome non Hodgkinien)
  • Prédisposition génétique (fréquence x100 chez le jumeau homozygote d’un malade)

MODE D’EXTENSION

  • Maladie débute au niveau ganglionnaire : adénopathie sus-diaphragmatique (cervicale +++ ou médiastinale)
  • Extension ganglionnaire de proche en proche aux territoires ganglionnaires adjacents : par voie lymphatique (pas comme le lymphome non Hodgkinien)

Dissémination hématogène possible secondairement

Maladie le plus souvent localisée au diagnostique (Stade Ann Arbor)

  • Stade localisé (I/II) : 2/3 des cas (sus diaphragmatiques+++ / sous diaphragmatique dans <5%)
  • Stades étendus (III/IV) : 1/3 des cas

CLINIQUE

Mode de découverte

  • Adénopathie périphérique (80%) : sus-diaphragmatique (cervicale ou sus-claviculaire) +++
  • Adénopathie médiastinales (10%) : découvertes sur imagerie ou révélées par des signes de compression (toux, dyspnée, douleur, très rarement syndrome cave supérieur)
  • Signes généraux (10-20%) : fièvre, sueurs nocturnes, amaigrissement, prurit++, douleurs au niveau du ganglion à l’ingestion d’alcool++ (rare mais spécifique)

Examen clinique

  • Bilan d’extension clinique (schéma daté)
  • Recherche de signes généraux : « Symptômes B » (facteur pronostique)
  • Adénopathies périphériques
  • Examen ORL : anneau de Waldeyer
  • Splénomégalie / hépatomégalie
  • Fièvre >38°C inexpliquée (>8j)
  • Sueurs nocturnes
  • Amaigrissement (>10% du poids en 6 mois)

EXAMENS COMPLEMENTAIRES

Bilan diagnostique

  • Ponction ganglionnaire (=cytoponction) : retrouve parfois cellules de Reed-Sternberg - ne suffit pas à affirmer le diag
  • Biopsie ganglionnaire+++ : nécessaire pour affirmer le diagnostic
  • Examen anatomopathologique + immunophénotype (pas d’analyse cytogénétique car pas d’anomalie cytogénétique spécifique ou récurrente) = précise le sous type histologique (voir classification OMS)

Anatomopathologie/Classification OMS

Cellule de Reed-Sternberg : originaire du centre germinatif des ganglions lymphatiques (CD15+ / CD30+)

  • Cellule avec noyau multilobé, volumineux nucléoles et cytoplasme clair abondant
  • Se trouvant au milieu d’un important infiltrat réactionnel (granulome, sclérose, richesse ou déplétion en lymphocytes) = dont les caractéristiques définissent 4 sous types histologiques

La cellule tumorale est de nature B dans la maladie de Hodgkin (même si marqueurs de surface lignée B ont été perdus = CD20)

2 grands types

LH classique (HC) (95%)

  • 4 sous-types histologiques
  • Scléronodulaire (70%)
  • Cellularité mixte (20-25%)
  • Prédominance lymphocytaire (5%)
  • Déplétion lymphocytaire (<5%)

Immnophénotype :

  • CD30+ / CD15 + / CD45 - / EMA - / CD20 -

LH à prédominance lymphocytaire nodulaire (LHPL) ou paragranulome nodulaire de Poppema et Lennert (5%)

  • Aspect en pop-corn des cellules tumorales
  • Considéré comme un lymphome B indolent

Immunophénotype :

  • CD30 - / CD15 - / CD45 + / EMA+/- / CD20+

Le principal DD est le LNH anaplasique à grandes cellules (CD30+ / CD15- / CD45+ / ALK souvent +)

Bilan étiologique

Sérologie VIH ++ (après accord du patient)

Bilan d’extension

  • NFS : anémie et thrombocytose inflammatoire, hyperleucocytose à PNN avec lymphopnénie et hyperéosinophilie
  • VS+++ (facteur pronostic) / CRP
  • Ionogramme, bilan hépatique, LDH
  • Albuminémie (facteur pronostic)
  • Electrophorèse des protéines sériques
  • Bilan d’hémostase : avant pose DVI
  • Bilan pré-transfusionnel
  • Sérologies VHB / VHC / HTLV (avant cryopréservation de sperme)
  • Echographie trans-thoracique : avant traitement par anthracyclines
  • EFR + DLCO : avant traitement par bléomycine (protocole ABVD)

FACTEURS PRONOSTIQUES

FACTEURS DE MAUVAIS PRONOSTIC / INDEX PRONOSTIC

  • Stade disséminé III/IV (par rapport aux stades localisés)
  • Au sein des stades localisés I/II
  • Au sein des stades disséminés III/IV
  • VS >50mm à la 1ère heure (ou >30mm si présence de symptômes B)
  • Age >50 ans
  • Masse médiastinale >10cm ou index MT >0,35
  • Age ≥ 45 ans
  • Sexe masculin
  • Stade IV
  • Hypoalbuminémie (<40g/L)
  • Anémie (Hb<10,5g/dL)
  • Hyperleucocytose (>15G/L)
  • Lymphopénie (<0,6 G/L ou <8%)

LIES A LA REPONSE AU TRAITEMENT (BON PRONOSTIC)

  • Rémission complète ++++
  • +/- (pas encore vraiment recommandé) : Normalisation précoce du TEP TDM après 2 – 3 cures pour les lymphomes agressifs et les maladies de Hodgkin

TRAITEMENT

But : guérison sans séquelles - Décision en RCP +++

Traitement étiologique

  • Stades localisés (I/II) :
  • Stades étendus (III/IV) :
  • Inclusion dans protocole de recherche clinique si possible+++ / pas de place pour la chirurgie d’exérèse
  • Chimiothérapie : ABVD (3 ou 4 cycles : Adriamycine, Bléomycine, Vinblastine, Dacarbazine)
  • + Radiothérapie (30Gy, irradiation des sites ganglionnaires initialement envahis)
  • Chimiothérapie exclusive ABVD ou BEACOPP : (8 cycles ABVD ou 6 cures BEACOPP)

Si rechutes

  • Brentuximab vedotin : Ac anti-CD30 conjugué à un poison du fuseau (MMAE)
  • Nivolumab : Ac anti-PD1 (inhibiteur de checkpoint)

Mesures associées

  • Arrêt du tabac+++ : risque de second cancer
  • Pose DVI
  • Prise en charge à 100%
  • CECOS chez le garçon / contraception efficace chez la femme non ménopausée
  • Anti-émétiques
  • Bains de bouche
  • Prescription prothèse capillaire
  • Soutien psychologique

éVOLUTION

Surveillance post thérapeutique

  • Varie selon de type de lymphome en cause et inclut
  • EXAMEN CLINIQUE à des périodes rapprochées pendant les 2 premières années puis plus espacées
  • IMAGERIE après la fin du traitement puis à 6 et 12 mois

A court terme

Guérison : environ 90% tous stade confondus

A long terme : pronostic conditionné par le risque de complications tardives

  • Non malignes
  • Cardiaques (dues à la radiothérapie+++ et aux antracyclines) : insuffisance coronarienne par sténose des artères coronaires (risque infarctus du myocarde), péricardite, cardiopathie
  • Hypothyroïdie (après radiothérapie au niveau cervical) : dosages hormonaux
  • Hypofertilité/stérilité (liée aux alkylants, rare avec ABVD)
  • Fibrose pulmonaire (liée à la bléomycine et la radiothérapie)
  • Infections
  • Caries dentaires
  • Malignes : risque de 2nd cancer+++
  • Myélodysplasies et leucémies aigues (post radiothérapie)
  • Lymphomes malins non Hodgkiniens
  • Tumeurs solides
  • Sein (après radiothérapie++) : dépistage recommandé chez les femmes après irradiation
  • Poumon : arrêt du tabac impératif
  • Thyroïde

Complications des chimiothérapies (ABVD et BEACOPP escaladé)

Communes

  • Court terme
  • Long terme
  • Alopécie (réversible)
  • Nausées/vomissements
  • Cytopénies chimio-induites
  • Anorexie, mucite buccale
  • Néoplasies secondaires (tumeurs solides et hémopathies)
  • Hypofertilité

Propres

  • ADRIAMYCINE (anthracycline : agent intercalant)
  • BLEOMYCINE (antibiotique anti-tumoral)
  • VINBLASTINE (alcoïde de pervenche = poison du fuseau)
  • DACARBAZINE (agent alkylant)
  • Nécrose cutanée en cas d’extravasation
  • Toxicité cardiaque cumulée
  • Fièvre et frissons à l’injection
  • Toxicité pulmonaire aigue (pneumopathie immuno-allergique) ou retardée (fibrose pulmonaire)
  • Toxicité cutanée (photosensibilité, traces brunes)
  • Neuropathie périphérique (dont constipation)
  • Réaction pseudo-grippale retardée

LYMPHOME NON HODGKINIEN (LNH)

Prolifération maligne lymphoïde initialement extra-médullaire, touchant préférentiellement les ganglions mais pouvant toucher tous les organes (nombreux types histologiques = sont des maladies différentes)

éPIDéMIOLOGIE

  • Incidence en augmentation (+3,5% par an, largement inexpliquée) : 12 000 nouveaux cas/ an en France
  • 7x plus fréquent que le lymphome de Hodgkin
  • Age médian au diagnostic : 65 ans (tous types histologiques confondus, dépend du type LNH) – aussi chez le sujet jeune
  • Un peu plus fréquent chez l’homme

FACTEURS DE RISQUE

Pas d’étiologie retrouvée le plus souvent

  • Agents infectieux
  • Déficits immunitaires : VIH / Traitement immunosuppresseur / Transplantation
  • Pathologies associées : Leucémie lymphoïde chronique / Maladie de Hodgkin / Maladies auto-immunes
  • Facteurs environnementaux : suspectés (pesticides, dioxine)
  • Virus
  • Bactéries : Helicobacter pylori : Lymphome du MALT gastrique
  • VIH : Lymphome non Hodgkinien agressif
  • EBV : Lymphome de Burkitt endémique (africain) et lymphome de l’immunodéprimé (VIH++)
  • HTLV-1 : Leucémie/Lymphome T de l’adulte
  • VHC : Lymphome de la zone marginale
  • HHV-8 : Lymphome des séreuses (patient VIH+)

CLINIQUE : PRESENTATION VARIABLE

Mode de découverte

  • Syndrome tumoral : atteinte souvent étendue ne suivant pas particulièrement une extension de proche en proche
  • Signes généraux : « symptômes B », asthénie
  • Syndrome compressif (LNH agressifs+++)
  • Syndrome cave supérieur (œdème thoracique en pèlerine)
  • Occlusion digestive (lymphome de Burkitt)
  • Plus rarement : anurie, cholestase, insuffisance rénale obstructive, compression médullaire…

Atteintes extra-ganglionnaires plus fréquentes

Présentation clinique

  • Lymphome non Hodgkinien très agressifs : lymphomes de Burkitt
  • Lymphome non Hodgkinien d’évolution rapide : lymphomes agressifs
  • Lymphome non Hodgkinien d’évolution intermédiaire : lymphome du manteau
  • Lymphome non Hodgkinien d’évolution lente : lymphomes indolents
  • Lymphomes diffus à grandes cellules et la plupart des lymphomes T (sauf les lymphomes T cutanés)
  • Lymphome folliculaire, zone marginale, lymphome lymphocytique, lymphome lymphoplasmocytaire
LNHINDOLENTSAGRESSIFS
PrototypeLymphome folliculaireLymphome B diffus à grandes cellules
CytogénétiQ / biomolt(14;18) / Bcl-2 réarrangé/
EvolutionLente, sur plusieurs mois/annéesRapide en quelques semaines
Etat généralConservé le plus souventSignes généraux fréquents
TraitementPas toujours nécessaire d’emblée Abstention-surveillance si faible masse tumorale RCHOP si forte masse tumoraleToujours nécessaire d’emblée RCHOP + PL prophylactique (injection intratéchale de MTX) +/- autogreffe de cellules souches
Facteurs pronostiquesFLIPIIPI
GuérisonExceptionnelle (mais survie médiane = 10 ans)Possible (50% des cas)
ComplicationsRechutes constantes (de plus en plus rapprochées) Transformation en lymphome agressif (3% par an)Envahissement neuro-méningé Syndrome de lyse sous traitement

LYMPHOME DE BURKITT

Développé aux dépens d’un lymphocyte immature et s’apparentant à une leucémie aigue (portant le même nom)

  • Lymphome non Hodgkinien de Burkitt si envahissement médullaire <20%, sinon leucémie aigue de type Burkitt

Forme endémique : africaine, liée à l’EBV (>95%), touchant le jeune enfant avec une localisation maxillo-faciale préférentielle

Forme sporadique : pays occidentaux, rarement associé à EBV (15%), touchant enfant ou jeune adulte sous forme d’une masse abdominale (risque occlusif++) le plus souvent

Diagnostic

  • t(8;14) (ou variantes t(2;8) ou t(8;22)) et réarrangement c-myc : caractéristiques+++
  • Eviter de démarrer corticothérapie avant prélèvements histologiques
  • Envahissement médullaire et neuro-méningé fréquent
  • Evolution très agressive

Traitement à débuter en urgence+++, très chimiosensible (mais risque de syndrome de lyse++)

EXAMENS COMPLEMENTAIRES

Bilan diagnostique

  • Ponction ganglionnaire : oriente le diagnostic mais ne suffit pas à l’affirmer
  • Biopsie tissulaire (ganglionnaire++ ou extra-ganglionnaire) : nécessaire pour affirmer le diagnostic
  • Examen anatomopathologie + immunophénotype +/- cytogénétique +/- biologie moléculaire = précise le type histologique (voir classification OMS)

Anatomopathologie / Classification OMS

Selon plusieurs critères

  • Morphologie :
  • Immunophénotype : Marqueurs de différenciation lymphocytaire (chaque lymphome correspond à un stade maturation du lymphocyte lui-même associé à un phénotype particulier)
  • Cytogénétique : certains lymphomes sont associés à des anomalies chromosomiques caractéristiques
  • Biologie moléculaire (sur fragment congelé) : certains lymphomes sont associés à des anomalies moléculaires caractéristiques
  • Clinique : localisation tumorale (certains lymphomes touchent préférentiellement certains organes)
  • Architecture (folliculaire ou diffuse)
  • Cytologie (cellules de petite ou grande taille, contours nucléaires, cytoplasme)
  • Petites cellules : lymphome indolent
  • Grandes cellules : lymphome agressif
  • B (85%) : CD20+
  • T (15%) : CD3+
  • t(14;18) : lymphome folliculaire
  • t(11;14) : lymphome du manteau
  • t(8;14) (ou variantes t(2;8) ou t(8;22)) : lymphome de Burkitt
  • Bcl-2 réarrangé = lymphome folliculaire
  • Bcl-1 (cycline D1) = lymphome du manteau
  • C-myc réarrangé = lymphome de Burkitt

Nb types histologiques différents+++ : les +fréquents sont le lymphome diffus à grandes cellules et le lymphome folliculaire++

Bilan étiologique

  • Sérologie VIH dans tous les cas++ (après accord du patient)
  • Selon le type de LNH rechercher : EBV / VHC / HTLV1 / HHV-8 / H. pylori

Bilan d’extension

  • Radiographie pulmonaire (face + profil)
  • TDM (cervico-)TAP +/- échographie abdomino-pelvienne
  • TEP-FGD : systématique en cas de lymphome B diffus à grandes cellules / souhaitables pour d’autres types
  • Biopsie médullaire : recherche envahissement médullaire
  • Ponction lombaire : lymphomes agressifs, recherche envahissement méningé

Le stade est déterminé par la Classification de Ann-Arbor : le plus souvent disséminé

Bilan pré-thérapeutique

  • NFS : cytopénies, cellules lymphomateuses circulantes parfois
  • Ionogramme sanguin, bilan hépatique, LDH+++
  • B2-microglobuline
  • Electrophorèse des protéines sériques : pic monoclonal ou hypogammaglobulinémie
  • Bilan d’hémostase : avant pose DVI
  • Bilan pré-transfusionnel
  • Sérologie VHB / VHC
  • Echographie trans-thoracique : avant traitement par anthracyclines

FACTEURS PRONOSTIQUES

  • Lymphomes T généralement de plus mauvais pronostic que les lymphomes B
  • Index guident la stratégie thérapeutique

INDEX PRONOSTIC INTERNATIONAL (IPI) › LYMPHOMES DIFFUS A GRANDES CELLULES

  • Etabli à partir de 5 facteurs
  • Age > 60 ans
  • Stade clinique (III ou IV)
  • Index de performance (égal ou > 2)
  • Taux de LDH (élevé)
  • Atteinte d’au moins 2 sites extranodaux

GROUPES DE L’INDEX PRONOSTIQUE INTERNATIONAL (IPI)

GROUPENOMBRE DE FACTEURS
FAIBLE RISQUE0 – 1 facteur
FAIBLE RISQUE INTERMEDIAIRE2 facteurs
HAUT RISQUE INTERMEDIAIRE3 facteurs
HAUT RISQUE4 facteurs ou plus

GROUPES DE L’INDEX PRONOSTIQUE INTERNATIONAL REVISE (R-IPI)

GROUPE : TRES BON PRONOSTIC
NOMBRE DE FACTEURS0
SURVIE SANS PROGRESSION A 4 ANS94%
SURVIE GLOBALE A 4 ANS94%
GROUPE : BON PRONOSTIC
NOMBRE DE FACTEURS1 – 2
SURVIE SANS PROGRESSION A 4 ANS80%
SURVIE GLOBALE A 4 ANS80%
GROUPE : MAUVAIS PRONOSTIC
NOMBRE DE FACTEURS3 – 4 – 5
SURVIE SANS PROGRESSION A 4 ANS50%
SURVIE GLOBALE A 4 ANS55%

FLIPI (FOLLICULAR LYMPHOMA INTERNATIONAL PROGNOSTIC INDEX) › LYMPHOMES FOLLICULAIRES

  • Etabli à partir de 5 facteurs
  • Age > 60 ans
  • Stade III – IV
  • LDH (élevés)
  • Atteinte nodale (> 4)
  • Hémoglobine < 12 g/L
RISQUE : FAIBLE
NOMBRE DE FACTEURS PEJORATIFS0 – 1
REPARTITION DES PATIENTS35%
SURVIE GLOBALE A 4 ANS90%
SURVIE GLOBALE A 10 ANS70%
RISQUE : INTERMEDIAIRE
NOMBRE DE FACTEURS PEJORATIFS2
REPARTITION DES PATIENTS35%
SURVIE GLOBALE A 4 ANS77%
SURVIE GLOBALE A 10 ANS50%
RISQUE : HAUT
NOMBRE DE FACTEURS PEJORATIFS3 – 4 – 5
REPARTITION DES PATIENTS27%
SURVIE GLOBALE A 4 ANS52%
SURVIE GLOBALE A 10 ANS35%

LIES A LA REPONSE AU TRAITEMENT (BON PRONOSTIC)

  • Rémission complète ++++
  • Lymphomes non hodgkinien de bas grade de malignité (survie longue de 10 ans mais guérisons exceptionnelles = 50% des lymphomes non hogdkiniens agressifs au prix de traitements lourds)

TRAITEMENT

But : guérison sans séquelles - Décision en RCP +++

Traitement étiologique

  • Surtout chimiothérapie+++ (radiothérapie à visée symptomatique/palliative)
  • Lymphomes non Hodgkinien indolents de faible masse tumorale : abstention-surveillance
  • Pour les autres : chimiothérapie intense : CHOP (Cyclophosphamide, Adriamycine, Vincristine, Prednisone)
  • Pour les lymphomes B : chimiothérapie + immunothérapie : R-CHOP : (ajout Rituximab) : pour les lymphomes B
  • Inclusion dans protocole de recherche clinique si possible+++ / pas de place pour la chirurgie d’exérèse

Si rechute ou progression : +/- autogreffe de CSH périphériques

Mesures associées

  • Pose DVI
  • Prise en charge à 100%
  • CECOS chez le garçon / contraception efficace chez la femme non ménopausée
  • Anti-émétiques
  • Bains de bouche
  • Prescription prothèse capillaire
  • Soutien psychologique

COMPLICATIONS

Surveillance post thérapeutique

  • Varie selon de type de lymphome en cause et inclut
  • Précoces : syndrome compressif, syndrome de lyse (LNH agressifs), infections (aplasie fébrile)
  • Guérison : 50% environ (tous tous histologiques confondus)
  • EXAMEN CLINIQUE à des périodes rapprochées pendant les 2 premières années puis plus espacées
  • IMAGERIE après la fin du traitement puis à 6 et 12 mois
  • Syndrome de lyse à la mise en route de la chimiothérapie pour les lymphomes agressifs (Burkitt++) en cas de forte masse tumorale : traitement préventif et surveillance biologique rapprochée

Rituximab

  • Anticorps monoclonal dirigé contre la molécule CD20 à la surface des lymphocytes B
  • Administration IV lente (>90min)
  • Seul ou associé à la chimiothérapie : en association améliore les résultats chez les patients atteints de lymphome B
  • Principal effet secondaire : immédiat et bénin = « syndrome du relargage des cytokines » (régresse à l’arrêt de la perfusion +/- anti-histaminiques et corticoïdes) et ne CI pas la reprise du traitement)
  • Fièvre, frissons
  • Erythème cutané, prurit
  • Hypo ou hypertension
  • Dyspnée avec parfois bronchospasme

Rares cas d’anaphylaxie vraie

LYMPHOMES CUTANES

  • Proliférations lymphocytaires à point de départ cutané sans atteinte extra-cutanée au moment du diagnostic (à différencier des lymphomes systémiques secondairement cutanés)
  • 3ème type de lymphome après les lymphomes ganglionnaires et digestifs
  • Meilleur pronostic que les formes ganglionnaires de même type histologique
  • Traitement relève au moins initialement d’une équipe hospitalière dermatologique

Mycosis fongoïde

Evolution très lente (année ou décénnies)

Manifestations cutanées isolées

  • Initialement : plaques non infiltrées, de plusieurs cm, érythémato-squameuses, prédominant sur les zones cachées de la lumière : seins, tronc, racine des membres, fesses (en « caleçon »)
  • Puis : lésions s’infiltrent (=épaississent) pouvant recouvrir la totalité de la surface cutanée
  • Lésions fixes, à délimitation nette, aspect figuré, occasionnant un prurit et résistantes au traitement par dermocorticoïdes (très évocateur+++)

Possible évolution vers érythrodermie / tumeurs cutanées (pronostic plus défavorable)

Histologie :

Au début peut être non spécifique, le diagnostic peut nécessiter la répétition de biopsies cutanées

  • Lésions caractéristique : infiltrat de lymphocytes au noyau convoluté au niveau du derme superficiel ascensionnant dans l’épiderme en petits amas (=thèques épidermiques = épidermotropisme)

Stade avancé (tumeurs cutanées) : transformation cytologique peut survenir = lymphocytes de grande taille au noyau cérébriforme

  • Lymphocytes tumoraux sont bien différenciés : CD3+ / CD4+ / CD8-
  • Possible mise en évidence d’un clone T dominant dans la peau par PCR

Pronostic favorable dans la majorité des cas : en fonction de la classification TNM+++

Au stade de plaques localisées : survie identique à la population générale

Traitement en l’absence d’atteinte extra-cutanée = topiques locaux : dermocorticoïdes, badigeons de clorméthine ou de carmustine ou photothérapie

Cas résistants au traitement locaux : interféron alpha, MTX ou bexarotène

Syndrome de Sézary

Beaucoup plus rare

  • Erythrodermie prurigineuse
  • Kératodermie palmoplantaire + anomalies unguéales, alopécie, ectropion des paupières, ADP pathologiques
  • Lymphocytes T à noyaux irréguliers >1000/mm3 : CD3+ / CD4+ / CD8- (bien différenciés, même immunomarquage que mycosis fongoïde)

Réarrangement clonal T identique dans le sang et la peau

  • Cellules de Sézary : retrouvées à la biologie sanguine / biopsie de peau ou des ganglions
  • Etude du phénotype sanguin : CD4/CD8 > 10

Papulose lymphomatoïde

  • Papules érythémateuses en nombre très variable : évoluant vers la nécrose spontanément et disparaissant en laissant une cicatrice atrophique

Peut évoluer sur plusieurs années

  • Dans la majorité des cas c’est une dermatose chronique et bénigne : mais dans 10% des cas association à mycosis fongoïde ou syndrome de Sézary ou LH

Histologiquement : liée à la prolifération dans le derme de grands lymphocytes atypiques CD4+ / CD30+

Autres LT cutanés

Plus rares et plus hétérogènes sur les plans cliniques et pronostiques

  • Papulo-nodules ou tumeurs (uniques ou multiples)

Pronostic variable

  • Excellent dans les lymphomes cutanés lymphoprolifératifs CD30+ (à la différence de leur équivalent ganglionnaire) : parfois spontanément régressif
  • Plus réservé dans les autres formes

Lymphomes B cutanés

A évoquer devant : papulo-nodules, tumeurs ou plaques infiltrées

Examen anatomopathologique permet de porter le diagnostic

DD : pseudo-lymphomes cutanés (=évolution bénigne)

  • Peuvent se présenter de la même façon : nodules ou plaques infiltrées
  • Eléments de différenciation : confrontation anatomoclinique, immunophénotypage (perte d’expression de phénotype en cas de lymphome), mise en évidence d’un clone
  • Peuvent être dus à des piqûres d’insecte, borréliose ou médicaments

Classification des lymphomes (à titre indicatif)

Lymphomes B (95%)

  • B immatures
  • B matures
  • Lymphomes lymphoblastiques B
  • Lymphomes diffus à grandes cellules+++
  • Lymphome folliculaire
  • Lymphome de la zone marginale (MALT – splénique - ganglionnaire)
  • Lymphome du manteau
  • Lymphome lymphocytique
  • Lymphome de Burkitt
  • Lymphome lymphoplasmocytaire / Maladie de Walenström

Lymphomes T (15%)

  • T immatures
  • T matures
  • Lymphomes lymphoblastiques T
  • Formes leucémiques : prolymphocytaire T, à cellules à grains, à cellules NK, de l’adulte (HTLV-1++-
  • Formes ganglionnaires : lymphome T périphérique+++ (+autres)
  • Formes extra-ganglionnaires
  • Cutanés : Mycosis fongoïdes/Sd de Sézary (+autres)
  • Digestives : lymphome T avec entéropathie, hépato-splénique

GéNéRALITéS

DéFINITION

Prolifération maligne de cellules lymphoïdes B, T, ou NK d’origine extra-médullaire, aux dépends

  • D’un organe lymphoïde ganglionnaire (le plus souvent)
  • D’un organe lymphoïde extra-ganglionnaire (rate, tube digestif, poumons, sphère ORL…)
  • D’un organe non lymphoïde (peau, estomac…)

éPIDéMIOLOGIE

  • Lymphomes = cancers les plus fréquents en hématologie
  • Peuvent survenir à n’importe quel âge
  • Augmentation constante de l’incidence dans les pays développés
  • Multiplication x2 au cours des 20 dernières années

FORMES

  • Lymphomes de Hodgkin (cellules de Reed-Sternberg)
  • Lymphomes malins non hodgkiniens
  • Certaines formes sont des urgences thérapeutiques : lymphome de Burkitt ++++++

éTIOLOGIES

  • Pas d’étiologie retrouvée le plus souvent
  • Peut être favorisée par contexte d’immunodépression (VIH+++, transplanté d’organe ou de cellules souches)

DIAGNOSTIC

QUAND SUSPECTER MALADIE LYMPHOMATEUSE ?

  • Adénopathie périphérique ++++++ unique ou non
  • +/- accompagnée splénomégalie, hépatomégalie
  • Masse médiastinale +/- syndrome cave supérieur (urgence++++)
  • Fièvre au long cours (> 38°C pendant plus de 3 semaines)
  • Prurit inexpliqué
  • Altération de l’état général, sueurs nocturnes
  • Tumeurs extra-ganglionnaires avec symptomatologie en rapport avec l’organe atteint (syndrome ulcéreux si estomac…)
  • Asymétrique le plus souvent
  • Taille > 2 cm
  • Indolore (sauf exceptionnelle adénopathie douloureuse à l’ingestion d’alcool dans le lymphome de Hodgkin)
  • Ferme, non inflammatoire, non adhérente aux plans superficiels et profonds
  • Non satellite d’une porte d’entrée infectieuse ou d’une lésion tumorale locorégionale (doit être recherchée)
  • Non contemporaine d’un épisode fébrile transitoire
  • Ancienneté > 1 mois

SYNDROME CAVE SUPERIEUR

  • Œdème en pèlerine
  • Circulation veineuse collatérale thoracique
  • Turgescence des jugulaires
  • Orthopnée

MASSE ABDOMINALE RAPIDEMENT PROGRESSIVE

Fait évoquer lymphome de Burkitt

SYNDROME NEUROLOGIQUE DE COMPRESSION RADICULO-MEDULLAIRE

Douleurs radiculaires (augmentées par la toux, effort, décubitus) +/- signes déficitaires en rapport avec nerf lésé (syndrome lésionnel)

Claudication médullaire intermittente +/- troubles sphinctériens

Syndrome sous lésionnel

  • Babinsky bilatéral
  • Paraparésie voire paraplégie
  • Déficit sensitivo-moteur
  • Réflexes ostéo-tendineux vifs, diffus, polycinétiques
  • Hypertonie élastique
  • Troubles sphinctériens

CONDUITE A TENIR DEVANT DES ADENOPATHIES SUSPECTES D’ETRE LYMPHOMATEUSES

ADENOPATHIE(S) SUPERFICIELLE(S)

  • PONCTION GANGLIONNAIRE à l’aiguille fine. Peut rapporter :
  • Pus franc (envoyer pour analyse microbiologique)
  • Cellules métastatiques de cancer solide
  • Cellules lymphomateuses (cellules de Reed-Sternberg d’un lymphome de Hodgkin)
  • Non contributive

Si non contributive ou montre cellules lymphomateuses

  • BIOPSIE EXERESE GANGLIONNAIRE
  • Rapidement +++ et liée à la répétition des sérologies virales / recherche bacille de Koch
  • Choix du ganglion : le plus suspect, le plus facile d’accès, éviter ganglion inguinal (risque lymphoedème)
  • Envoyer le ganglion non fixé à l’anathomopathologie

ADENOPATHIE(S) PROFONDE(S)

PONCTION GUIDEE SOUS SCANNER OU CHIRURGIE

Décision multidisciplinaire impliquant :

  • Hématologiste
  • Radiologue
  • Spécialiste d’organe
  • Chirurgien

ETUDE DU GANGLION PRELEVE

  • EXAMEN MORPHOLOGIQUE (cytologique et histologique)
  • IMMUNOPHENOTYPE
  • +/- CYTOGENETIQUE (étude des chromosomes)
  • +/- BIOLOGIE MOLECULAIRE (étude des gènes)
  • CONGELATION d’un fragment pour étude ultérieure

La cytoponction n’est pas suffisante › il faut preuve histologique ++++

BILAN D’EXTENSION

Recherche étiologie : SEROLOGIE VIH +++ (après accord du patient)

TOPOGRAPHIQUE

Imagerie :

  • RADIOGRAPHIE DE THORAX DE FACE
  • TDM TAP
  • TEP TDM AU 18FDG (si lymphomes agressifs ou lymphome de Hodgkin)
  • NFS (polynucléose neutrophile, lymphopénie, anémie inflammaT, rare forme leucémique ou anémie hémolytique)
  • BIOPSIE OSTEOMEDULLAIRE
  • BILAN RENAL
  • BILAN HEPATIQUE
  • BILAN PHOSPHOCALCIQUE
  • +/- PONCTION LOMBAIRE (si lymphomes agressifs ou localisation testiculaire, ORL, cerveau)
  • Autres en fonction du contexte clinique : fibroscopie, coloscopie, radiographies osseuses…

Au terme de ce bilan › classification d’Ann Arbor

éVOLUTIVITE

  • LDH
  • B2 MICROGLOBULINE
  • VS
  • CRP
  • FIBRINOGENE
  • ELECTROPHORESE DES PROTEINES SERIQUES

IMMUNOFIXATION SI PIC

TERRAIN ET PRE-THERAPEUTIQUE

  • ETUDE DES COMORBIDITES, SCORE GERIATRIQUE, ETAT NUTRITIONNEL
  • CREATININE, GLYCEMIE, IONOGRAMME
  • GROUPE RH RAI (PRE TRANSFUSIONNEL)
  • SEROLOGIES : EBV, VIH, VHB, VHC, HTLV1, HHV8
  • TEST DE COOMBS DIRECT
  • ANTICORPS ANTI NUCLEAIRE, FACTEUR RHUMATOÏDE
  • ECHOGRAPHIE TRANS-THORACIQUE
  • EFR SI CHIMIOTHERAPIE A TOXICITE PULMONAIRE
  • CONGELATION SPERME +/- CONGELATION D’OVAIRE

CLASSIFICATION DE ANN ARBOR

Stade I

1 aire ganglionnaire atteinte (ou site extra-ganglionnaire localisé)

Stade II

Plus de 2 aires ganglionnaires d’un même côté du diaphragme

Stade III

Aires ganglionnaires sus ou sous diaphragmatiques (rate considérée comme un ganglion)

Stade IV

Atteinte viscérale (foie, poumon) ou médullaire

Stade E

Atteinte extra ganglionnaire de contiguïté

  • Présence de signes généraux
  • A : Absence de signe
  • B : Présence de l’un des signes › fièvre, sueurs profuses, amaigrissement > 10% en 6 mois

FACTEURS PRONOSTICS

INITIAUX LIES A LA MALADIE

  • Type anatomopathologique - Pronostic meilleur si :
  • Stade de Ann Arbor
  • Nombre d’atteintes viscérales dans les lymphomes agressifs
  • Nombre d’atteinte ganglionnaire dans les lymphomes de bas grade
  • Masse tumorale volumineuse
  • Anémie
  • LDH élevés
  • Lymphomes folliculaires comparés aux lymphomes diffus
  • Lymphomes à petites cellules (indolents, de bas grade) comparés aux lymphomes à grandes cellules (agressifs)
  • Lymphomes de Hodgkin comparés aux lymphomes non Hodgkiniens

Voir facteurs spécifiques dans chaque type de lymphome

INITIAUX LIES AU MALADE

  • Age > 60 ans
  • AEG avec score OMS > 2 : performance status ECOG
0Absence de symptômes
1Sujet symptomatique mais pouvant poursuivre une activité ambulatoire normale
2Sujet alité moins de 50% de la journée
3Sujet alité > 50% de la journée
4Sujet alité en permanence, aide pour les gestes quotidiens
  • Présence de signes généraux
  • Présence de signes biologiques d’inflammation :
  • Lymphopénie dans la maladie de Hodgkin
  • Comorbidités associées
  • A : Absence de signe
  • B : Présence de l’un des signes › fièvre, sueurs profuses, amaigrissement > 10% en 6 mois
  • a : Absence de signe
  • b : Présence de signes

TYPES DE LYMPHOMES

LYMPHOME DE HODGKIN (LH)

Prolifération maligne lymphoïde ganglionnaire caractérisée par la présence de cellules de Reed-Sternberg au sein d’un infiltrat lymphocytaire polymorphe et variable

éPIDéMIOLOGIE

  • Incidence stable (2,4/100 000) – 1900 nouveaux cas/an en France
  • 2 pics d’incidence
  • Sexe : 55% hommes – 45% femmes
  • Association à EBV dans 40% des cas (facteur favorisant possible mais non prouvé)
  • Sujet jeune (25 ans) +++++++
  • Sujet âgé (>70 ans)

FACTEURS DE RISQUE

Pas d’étiologie retrouvée pour le plus souvent

  • Infection à VIH (moins fréquent que lymphome non Hodgkinien)
  • Prédisposition génétique (fréquence x100 chez le jumeau homozygote d’un malade)

MODE D’EXTENSION

  • Maladie débute au niveau ganglionnaire : adénopathie sus-diaphragmatique (cervicale +++ ou médiastinale)
  • Extension ganglionnaire de proche en proche aux territoires ganglionnaires adjacents : par voie lymphatique (pas comme le lymphome non Hodgkinien)

Dissémination hématogène possible secondairement

Maladie le plus souvent localisée au diagnostique (Stade Ann Arbor)

  • Stade localisé (I/II) : 2/3 des cas (sus diaphragmatiques+++ / sous diaphragmatique dans <5%)
  • Stades étendus (III/IV) : 1/3 des cas

CLINIQUE

Mode de découverte

  • Adénopathie périphérique (80%) : sus-diaphragmatique (cervicale ou sus-claviculaire) +++
  • Adénopathie médiastinales (10%) : découvertes sur imagerie ou révélées par des signes de compression (toux, dyspnée, douleur, très rarement syndrome cave supérieur)
  • Signes généraux (10-20%) : fièvre, sueurs nocturnes, amaigrissement, prurit++, douleurs au niveau du ganglion à l’ingestion d’alcool++ (rare mais spécifique)

Examen clinique

  • Bilan d’extension clinique (schéma daté)
  • Recherche de signes généraux : « Symptômes B » (facteur pronostique)
  • Adénopathies périphériques
  • Examen ORL : anneau de Waldeyer
  • Splénomégalie / hépatomégalie
  • Fièvre >38°C inexpliquée (>8j)
  • Sueurs nocturnes
  • Amaigrissement (>10% du poids en 6 mois)

EXAMENS COMPLEMENTAIRES

Bilan diagnostique

  • Ponction ganglionnaire (=cytoponction) : retrouve parfois cellules de Reed-Sternberg - ne suffit pas à affirmer le diag
  • Biopsie ganglionnaire+++ : nécessaire pour affirmer le diagnostic
  • Examen anatomopathologique + immunophénotype (pas d’analyse cytogénétique car pas d’anomalie cytogénétique spécifique ou récurrente) = précise le sous type histologique (voir classification OMS)

Anatomopathologie/Classification OMS

Cellule de Reed-Sternberg : originaire du centre germinatif des ganglions lymphatiques (CD15+ / CD30+)

  • Cellule avec noyau multilobé, volumineux nucléoles et cytoplasme clair abondant
  • Se trouvant au milieu d’un important infiltrat réactionnel (granulome, sclérose, richesse ou déplétion en lymphocytes) = dont les caractéristiques définissent 4 sous types histologiques

La cellule tumorale est de nature B dans la maladie de Hodgkin (même si marqueurs de surface lignée B ont été perdus = CD20)

2 grands types

LH classique (HC) (95%)

  • 4 sous-types histologiques
  • Scléronodulaire (70%)
  • Cellularité mixte (20-25%)
  • Prédominance lymphocytaire (5%)
  • Déplétion lymphocytaire (<5%)

Immnophénotype :

  • CD30+ / CD15 + / CD45 - / EMA - / CD20 -

LH à prédominance lymphocytaire nodulaire (LHPL) ou paragranulome nodulaire de Poppema et Lennert (5%)

  • Aspect en pop-corn des cellules tumorales
  • Considéré comme un lymphome B indolent

Immunophénotype :

  • CD30 - / CD15 - / CD45 + / EMA+/- / CD20+

Le principal DD est le LNH anaplasique à grandes cellules (CD30+ / CD15- / CD45+ / ALK souvent +)

Bilan étiologique

Sérologie VIH ++ (après accord du patient)

Bilan d’extension

  • NFS : anémie et thrombocytose inflammatoire, hyperleucocytose à PNN avec lymphopnénie et hyperéosinophilie
  • VS+++ (facteur pronostic) / CRP
  • Ionogramme, bilan hépatique, LDH
  • Albuminémie (facteur pronostic)
  • Electrophorèse des protéines sériques
  • Bilan d’hémostase : avant pose DVI
  • Bilan pré-transfusionnel
  • Sérologies VHB / VHC / HTLV (avant cryopréservation de sperme)
  • Echographie trans-thoracique : avant traitement par anthracyclines
  • EFR + DLCO : avant traitement par bléomycine (protocole ABVD)

FACTEURS PRONOSTIQUES

FACTEURS DE MAUVAIS PRONOSTIC / INDEX PRONOSTIC

  • Stade disséminé III/IV (par rapport aux stades localisés)
  • Au sein des stades localisés I/II
  • Au sein des stades disséminés III/IV
  • VS >50mm à la 1ère heure (ou >30mm si présence de symptômes B)
  • Age >50 ans
  • Masse médiastinale >10cm ou index MT >0,35
  • Age ≥ 45 ans
  • Sexe masculin
  • Stade IV
  • Hypoalbuminémie (<40g/L)
  • Anémie (Hb<10,5g/dL)
  • Hyperleucocytose (>15G/L)
  • Lymphopénie (<0,6 G/L ou <8%)

LIES A LA REPONSE AU TRAITEMENT (BON PRONOSTIC)

  • Rémission complète ++++
  • +/- (pas encore vraiment recommandé) : Normalisation précoce du TEP TDM après 2 – 3 cures pour les lymphomes agressifs et les maladies de Hodgkin

TRAITEMENT

But : guérison sans séquelles - Décision en RCP +++

Traitement étiologique

  • Stades localisés (I/II) :
  • Stades étendus (III/IV) :
  • Inclusion dans protocole de recherche clinique si possible+++ / pas de place pour la chirurgie d’exérèse
  • Chimiothérapie : ABVD (3 ou 4 cycles : Adriamycine, Bléomycine, Vinblastine, Dacarbazine)
  • + Radiothérapie (30Gy, irradiation des sites ganglionnaires initialement envahis)
  • Chimiothérapie exclusive ABVD ou BEACOPP : (8 cycles ABVD ou 6 cures BEACOPP)

Si rechutes

  • Brentuximab vedotin : Ac anti-CD30 conjugué à un poison du fuseau (MMAE)
  • Nivolumab : Ac anti-PD1 (inhibiteur de checkpoint)

Mesures associées

  • Arrêt du tabac+++ : risque de second cancer
  • Pose DVI
  • Prise en charge à 100%
  • CECOS chez le garçon / contraception efficace chez la femme non ménopausée
  • Anti-émétiques
  • Bains de bouche
  • Prescription prothèse capillaire
  • Soutien psychologique

éVOLUTION

Surveillance post thérapeutique

  • Varie selon de type de lymphome en cause et inclut
  • EXAMEN CLINIQUE à des périodes rapprochées pendant les 2 premières années puis plus espacées
  • IMAGERIE après la fin du traitement puis à 6 et 12 mois

A court terme

Guérison : environ 90% tous stade confondus

A long terme : pronostic conditionné par le risque de complications tardives

  • Non malignes
  • Malignes : risque de 2nd cancer+++
  • Cardiaques (dues à la radiothérapie+++ et aux antracyclines) : insuffisance coronarienne par sténose des artères coronaires (risque infarctus du myocarde), péricardite, cardiopathie
  • Hypothyroïdie (après radiothérapie au niveau cervical) : dosages hormonaux
  • Hypofertilité/stérilité (liée aux alkylants, rare avec ABVD)
  • Fibrose pulmonaire (liée à la bléomycine et la radiothérapie)
  • Infections
  • Caries dentaires
  • Myélodysplasies et leucémies aigues (post radiothérapie)
  • Lymphomes malins non Hodgkiniens
  • Tumeurs solides
  • Sein (après radiothérapie++) : dépistage recommandé chez les femmes après irradiation
  • Poumon : arrêt du tabac impératif
  • Thyroïde

Complications des chimiothérapies (ABVD et BEACOPP escaladé)

Communes

  • Court terme
  • Long terme
  • Alopécie (réversible)
  • Nausées/vomissements
  • Cytopénies chimio-induites
  • Anorexie, mucite buccale
  • Néoplasies secondaires (tumeurs solides et hémopathies)
  • Hypofertilité

Propres

  • ADRIAMYCINE (anthracycline : agent intercalant)
  • BLEOMYCINE (antibiotique anti-tumoral)
  • VINBLASTINE (alcoïde de pervenche = poison du fuseau)
  • DACARBAZINE (agent alkylant)
  • Nécrose cutanée en cas d’extravasation
  • Toxicité cardiaque cumulée
  • Fièvre et frissons à l’injection
  • Toxicité pulmonaire aigue (pneumopathie immuno-allergique) ou retardée (fibrose pulmonaire)
  • Toxicité cutanée (photosensibilité, traces brunes)
  • Neuropathie périphérique (dont constipation)
  • Réaction pseudo-grippale retardée

LYMPHOME NON HODGKINIEN (LNH)

Prolifération maligne lymphoïde initialement extra-médullaire, touchant préférentiellement les ganglions mais pouvant toucher tous les organes (nombreux types histologiques = sont des maladies différentes)

éPIDéMIOLOGIE

  • Incidence en augmentation (+3,5% par an, largement inexpliquée) : 12 000 nouveaux cas/ an en France
  • 7x plus fréquent que le lymphome de Hodgkin
  • Age médian au diagnostic : 65 ans (tous types histologiques confondus, dépend du type LNH) – aussi chez le sujet jeune
  • Un peu plus fréquent chez l’homme

FACTEURS DE RISQUE

Pas d’étiologie retrouvée le plus souvent

  • Agents infectieux
  • Déficits immunitaires : VIH / Traitement immunosuppresseur / Transplantation
  • Pathologies associées : Leucémie lymphoïde chronique / Maladie de Hodgkin / Maladies auto-immunes
  • Facteurs environnementaux : suspectés (pesticides, dioxine)
  • Virus
  • Bactéries : Helicobacter pylori : Lymphome du MALT gastrique
  • VIH : Lymphome non Hodgkinien agressif
  • EBV : Lymphome de Burkitt endémique (africain) et lymphome de l’immunodéprimé (VIH++)
  • HTLV-1 : Leucémie/Lymphome T de l’adulte
  • VHC : Lymphome de la zone marginale
  • HHV-8 : Lymphome des séreuses (patient VIH+)

CLINIQUE : PRESENTATION VARIABLE

Mode de découverte

  • Syndrome tumoral : atteinte souvent étendue ne suivant pas particulièrement une extension de proche en proche
  • Signes généraux : « symptômes B », asthénie
  • Syndrome compressif (LNH agressifs+++)
  • Syndrome cave supérieur (œdème thoracique en pèlerine)
  • Occlusion digestive (lymphome de Burkitt)
  • Plus rarement : anurie, cholestase, insuffisance rénale obstructive, compression médullaire…

Atteintes extra-ganglionnaires plus fréquentes

Présentation clinique

  • Lymphome non Hodgkinien très agressifs : lymphomes de Burkitt
  • Lymphome non Hodgkinien d’évolution rapide : lymphomes agressifs
  • Lymphome non Hodgkinien d’évolution intermédiaire : lymphome du manteau
  • Lymphome non Hodgkinien d’évolution lente : lymphomes indolents
  • Lymphomes diffus à grandes cellules et la plupart des lymphomes T (sauf les lymphomes T cutanés)
  • Lymphome folliculaire, zone marginale, lymphome lymphocytique, lymphome lymphoplasmocytaire
LNHINDOLENTSAGRESSIFS
PrototypeLymphome folliculaireLymphome B diffus à grandes cellules
CytogénétiQ / biomolt(14;18) / Bcl-2 réarrangé/
EvolutionLente, sur plusieurs mois/annéesRapide en quelques semaines
Etat généralConservé le plus souventSignes généraux fréquents
TraitementPas toujours nécessaire d’emblée Abstention-surveillance si faible masse tumorale RCHOP si forte masse tumoraleToujours nécessaire d’emblée RCHOP + PL prophylactique (injection intratéchale de MTX) +/- autogreffe de cellules souches
Facteurs pronostiquesFLIPIIPI
GuérisonExceptionnelle (mais survie médiane = 10 ans)Possible (50% des cas)
ComplicationsRechutes constantes (de plus en plus rapprochées) Transformation en lymphome agressif (3% par an)Envahissement neuro-méningé Syndrome de lyse sous traitement

LYMPHOME DE BURKITT

Développé aux dépens d’un lymphocyte immature et s’apparentant à une leucémie aigue (portant le même nom)

  • Lymphome non Hodgkinien de Burkitt si envahissement médullaire <20%, sinon leucémie aigue de type Burkitt

Forme endémique : africaine, liée à l’EBV (>95%), touchant le jeune enfant avec une localisation maxillo-faciale préférentielle

Forme sporadique : pays occidentaux, rarement associé à EBV (15%), touchant enfant ou jeune adulte sous forme d’une masse abdominale (risque occlusif++) le plus souvent

Diagnostic

  • t(8;14) (ou variantes t(2;8) ou t(8;22)) et réarrangement c-myc : caractéristiques+++
  • Eviter de démarrer corticothérapie avant prélèvements histologiques
  • Envahissement médullaire et neuro-méningé fréquent
  • Evolution très agressive

Traitement à débuter en urgence+++, très chimiosensible (mais risque de syndrome de lyse++)

EXAMENS COMPLEMENTAIRES

Bilan diagnostique

  • Ponction ganglionnaire : oriente le diagnostic mais ne suffit pas à l’affirmer
  • Biopsie tissulaire (ganglionnaire++ ou extra-ganglionnaire) : nécessaire pour affirmer le diagnostic
  • Examen anatomopathologie + immunophénotype +/- cytogénétique +/- biologie moléculaire = précise le type histologique (voir classification OMS)

Anatomopathologie / Classification OMS

Selon plusieurs critères

  • Morphologie :
  • Immunophénotype : Marqueurs de différenciation lymphocytaire (chaque lymphome correspond à un stade maturation du lymphocyte lui-même associé à un phénotype particulier)
  • Cytogénétique : certains lymphomes sont associés à des anomalies chromosomiques caractéristiques
  • Biologie moléculaire (sur fragment congelé) : certains lymphomes sont associés à des anomalies moléculaires caractéristiques
  • Clinique : localisation tumorale (certains lymphomes touchent préférentiellement certains organes)
  • Architecture (folliculaire ou diffuse)
  • Cytologie (cellules de petite ou grande taille, contours nucléaires, cytoplasme)
  • Petites cellules : lymphome indolent
  • Grandes cellules : lymphome agressif
  • B (85%) : CD20+
  • T (15%) : CD3+
  • t(14;18) : lymphome folliculaire
  • t(11;14) : lymphome du manteau
  • t(8;14) (ou variantes t(2;8) ou t(8;22)) : lymphome de Burkitt
  • Bcl-2 réarrangé = lymphome folliculaire
  • Bcl-1 (cycline D1) = lymphome du manteau
  • C-myc réarrangé = lymphome de Burkitt

Nb types histologiques différents+++ : les +fréquents sont le lymphome diffus à grandes cellules et le lymphome folliculaire++

Bilan étiologique

  • Sérologie VIH dans tous les cas++ (après accord du patient)
  • Selon le type de LNH rechercher : EBV / VHC / HTLV1 / HHV-8 / H. pylori

Bilan d’extension

  • Radiographie pulmonaire (face + profil)
  • TDM (cervico-)TAP +/- échographie abdomino-pelvienne
  • TEP-FGD : systématique en cas de lymphome B diffus à grandes cellules / souhaitables pour d’autres types
  • Biopsie médullaire : recherche envahissement médullaire
  • Ponction lombaire : lymphomes agressifs, recherche envahissement méningé

Le stade est déterminé par la Classification de Ann-Arbor : le plus souvent disséminé

Bilan pré-thérapeutique

  • NFS : cytopénies, cellules lymphomateuses circulantes parfois
  • Ionogramme sanguin, bilan hépatique, LDH+++
  • B2-microglobuline
  • Electrophorèse des protéines sériques : pic monoclonal ou hypogammaglobulinémie
  • Bilan d’hémostase : avant pose DVI
  • Bilan pré-transfusionnel
  • Sérologie VHB / VHC
  • Echographie trans-thoracique : avant traitement par anthracyclines

FACTEURS PRONOSTIQUES

  • Lymphomes T généralement de plus mauvais pronostic que les lymphomes B
  • Index guident la stratégie thérapeutique

INDEX PRONOSTIC INTERNATIONAL (IPI) › LYMPHOMES DIFFUS A GRANDES CELLULES

  • Etabli à partir de 5 facteurs
  • Age > 60 ans
  • Stade clinique (III ou IV)
  • Index de performance (égal ou > 2)
  • Taux de LDH (élevé)
  • Atteinte d’au moins 2 sites extranodaux

GROUPES DE L’INDEX PRONOSTIQUE INTERNATIONAL (IPI)

GROUPENOMBRE DE FACTEURS
FAIBLE RISQUE0 – 1 facteur
FAIBLE RISQUE INTERMEDIAIRE2 facteurs
HAUT RISQUE INTERMEDIAIRE3 facteurs
HAUT RISQUE4 facteurs ou plus

GROUPES DE L’INDEX PRONOSTIQUE INTERNATIONAL REVISE (R-IPI)

GROUPE : TRES BON PRONOSTIC
NOMBRE DE FACTEURS0
SURVIE SANS PROGRESSION A 4 ANS94%
SURVIE GLOBALE A 4 ANS94%
GROUPE : BON PRONOSTIC
NOMBRE DE FACTEURS1 – 2
SURVIE SANS PROGRESSION A 4 ANS80%
SURVIE GLOBALE A 4 ANS80%
GROUPE : MAUVAIS PRONOSTIC
NOMBRE DE FACTEURS3 – 4 – 5
SURVIE SANS PROGRESSION A 4 ANS50%
SURVIE GLOBALE A 4 ANS55%

FLIPI (FOLLICULAR LYMPHOMA INTERNATIONAL PROGNOSTIC INDEX) › LYMPHOMES FOLLICULAIRES

  • Etabli à partir de 5 facteurs
  • Age > 60 ans
  • Stade III – IV
  • LDH (élevés)
  • Atteinte nodale (> 4)
  • Hémoglobine < 12 g/L
RISQUE : FAIBLE
NOMBRE DE FACTEURS PEJORATIFS0 – 1
REPARTITION DES PATIENTS35%
SURVIE GLOBALE A 4 ANS90%
SURVIE GLOBALE A 10 ANS70%
RISQUE : INTERMEDIAIRE
NOMBRE DE FACTEURS PEJORATIFS2
REPARTITION DES PATIENTS35%
SURVIE GLOBALE A 4 ANS77%
SURVIE GLOBALE A 10 ANS50%
RISQUE : HAUT
NOMBRE DE FACTEURS PEJORATIFS3 – 4 – 5
REPARTITION DES PATIENTS27%
SURVIE GLOBALE A 4 ANS52%
SURVIE GLOBALE A 10 ANS35%

LIES A LA REPONSE AU TRAITEMENT (BON PRONOSTIC)

  • Rémission complète ++++
  • Lymphomes non hodgkinien de bas grade de malignité (survie longue de 10 ans mais guérisons exceptionnelles = 50% des lymphomes non hogdkiniens agressifs au prix de traitements lourds)

TRAITEMENT

But : guérison sans séquelles - Décision en RCP +++

Traitement étiologique

  • Surtout chimiothérapie+++ (radiothérapie à visée symptomatique/palliative)
  • Lymphomes non Hodgkinien indolents de faible masse tumorale : abstention-surveillance
  • Pour les autres : chimiothérapie intense : CHOP (Cyclophosphamide, Adriamycine, Vincristine, Prednisone)
  • Pour les lymphomes B : chimiothérapie + immunothérapie : R-CHOP : (ajout Rituximab) : pour les lymphomes B
  • Inclusion dans protocole de recherche clinique si possible+++ / pas de place pour la chirurgie d’exérèse

Si rechute ou progression : +/- autogreffe de CSH périphériques

Mesures associées

  • Pose DVI
  • Prise en charge à 100%
  • CECOS chez le garçon / contraception efficace chez la femme non ménopausée
  • Anti-émétiques
  • Bains de bouche
  • Prescription prothèse capillaire
  • Soutien psychologique

COMPLICATIONS

Surveillance post thérapeutique

  • Varie selon de type de lymphome en cause et inclut
  • Précoces : syndrome compressif, syndrome de lyse (LNH agressifs), infections (aplasie fébrile)
  • Guérison : 50% environ (tous tous histologiques confondus)
  • EXAMEN CLINIQUE à des périodes rapprochées pendant les 2 premières années puis plus espacées
  • IMAGERIE après la fin du traitement puis à 6 et 12 mois
  • Syndrome de lyse à la mise en route de la chimiothérapie pour les lymphomes agressifs (Burkitt++) en cas de forte masse tumorale : traitement préventif et surveillance biologique rapprochée

Rituximab

  • Anticorps monoclonal dirigé contre la molécule CD20 à la surface des lymphocytes B
  • Administration IV lente (>90min)
  • Seul ou associé à la chimiothérapie : en association améliore les résultats chez les patients atteints de lymphome B
  • Principal effet secondaire : immédiat et bénin = « syndrome du relargage des cytokines » (régresse à l’arrêt de la perfusion +/- anti-histaminiques et corticoïdes) et ne CI pas la reprise du traitement)
  • Fièvre, frissons
  • Erythème cutané, prurit
  • Hypo ou hypertension
  • Dyspnée avec parfois bronchospasme

Rares cas d’anaphylaxie vraie

LYMPHOMES CUTANES

  • Proliférations lymphocytaires à point de départ cutané sans atteinte extra-cutanée au moment du diagnostic (à différencier des lymphomes systémiques secondairement cutanés)
  • 3ème type de lymphome après les lymphomes ganglionnaires et digestifs
  • Meilleur pronostic que les formes ganglionnaires de même type histologique
  • Traitement relève au moins initialement d’une équipe hospitalière dermatologique

Mycosis fongoïde

Evolution très lente (année ou décénnies)

Manifestations cutanées isolées

  • Initialement : plaques non infiltrées, de plusieurs cm, érythémato-squameuses, prédominant sur les zones cachées de la lumière : seins, tronc, racine des membres, fesses (en « caleçon »)
  • Puis : lésions s’infiltrent (=épaississent) pouvant recouvrir la totalité de la surface cutanée
  • Lésions fixes, à délimitation nette, aspect figuré, occasionnant un prurit et résistantes au traitement par dermocorticoïdes (très évocateur+++)

Possible évolution vers érythrodermie / tumeurs cutanées (pronostic plus défavorable)

Histologie :

Au début peut être non spécifique, le diagnostic peut nécessiter la répétition de biopsies cutanées

  • Lésions caractéristique : infiltrat de lymphocytes au noyau convoluté au niveau du derme superficiel ascensionnant dans l’épiderme en petits amas (=thèques épidermiques = épidermotropisme)

Stade avancé (tumeurs cutanées) : transformation cytologique peut survenir = lymphocytes de grande taille au noyau cérébriforme

  • Lymphocytes tumoraux sont bien différenciés : CD3+ / CD4+ / CD8-
  • Possible mise en évidence d’un clone T dominant dans la peau par PCR

Pronostic favorable dans la majorité des cas : en fonction de la classification TNM+++

Au stade de plaques localisées : survie identique à la population générale

Traitement en l’absence d’atteinte extra-cutanée = topiques locaux : dermocorticoïdes, badigeons de clorméthine ou de carmustine ou photothérapie

Cas résistants au traitement locaux : interféron alpha, MTX ou bexarotène

Syndrome de Sézary

Beaucoup plus rare

  • Erythrodermie prurigineuse
  • Kératodermie palmoplantaire + anomalies unguéales, alopécie, ectropion des paupières, ADP pathologiques
  • Lymphocytes T à noyaux irréguliers >1000/mm3 : CD3+ / CD4+ / CD8- (bien différenciés, même immunomarquage que mycosis fongoïde)

Réarrangement clonal T identique dans le sang et la peau

  • Cellules de Sézary : retrouvées à la biologie sanguine / biopsie de peau ou des ganglions
  • Etude du phénotype sanguin : CD4/CD8 > 10

Papulose lymphomatoïde

  • Papules érythémateuses en nombre très variable : évoluant vers la nécrose spontanément et disparaissant en laissant une cicatrice atrophique

Peut évoluer sur plusieurs années

  • Dans la majorité des cas c’est une dermatose chronique et bénigne : mais dans 10% des cas association à mycosis fongoïde ou syndrome de Sézary ou LH

Histologiquement : liée à la prolifération dans le derme de grands lymphocytes atypiques CD4+ / CD30+

Autres LT cutanés

Plus rares et plus hétérogènes sur les plans cliniques et pronostiques

  • Papulo-nodules ou tumeurs (uniques ou multiples)

Pronostic variable

  • Excellent dans les lymphomes cutanés lymphoprolifératifs CD30+ (à la différence de leur équivalent ganglionnaire) : parfois spontanément régressif
  • Plus réservé dans les autres formes

Lymphomes B cutanés

A évoquer devant : papulo-nodules, tumeurs ou plaques infiltrées

Examen anatomopathologique permet de porter le diagnostic

DD : pseudo-lymphomes cutanés (=évolution bénigne)

  • Peuvent se présenter de la même façon : nodules ou plaques infiltrées
  • Eléments de différenciation : confrontation anatomoclinique, immunophénotypage (perte d’expression de phénotype en cas de lymphome), mise en évidence d’un clone
  • Peuvent être dus à des piqûres d’insecte, borréliose ou médicaments

Classification des lymphomes (à titre indicatif)

Lymphomes B (95%)

  • B immatures
  • B matures
  • Lymphomes lymphoblastiques B
  • Lymphomes diffus à grandes cellules+++
  • Lymphome folliculaire
  • Lymphome de la zone marginale (MALT – splénique - ganglionnaire)
  • Lymphome du manteau
  • Lymphome lymphocytique
  • Lymphome de Burkitt
  • Lymphome lymphoplasmocytaire / Maladie de Walenström

Lymphomes T (15%)

  • T immatures
  • T matures
  • Lymphomes lymphoblastiques T
  • Formes leucémiques : prolymphocytaire T, à cellules à grains, à cellules NK, de l’adulte (HTLV-1++-
  • Formes ganglionnaires : lymphome T périphérique+++ (+autres)
  • Formes extra-ganglionnaires
  • Cutanés : Mycosis fongoïdes/Sd de Sézary (+autres)
  • Digestives : lymphome T avec entéropathie, hépato-splénique