- Hématologie
- UE 9
- Item 315
Important
Leucémies lymphoïdes chroniques
- Diagnostiquer une leucémie lymphoïde chronique
Généralités
Définition
- Leucémie lymphoïde chronique = prolifération maligne monoclonale de lymphocytes B (population T < 5%) matures (ce qui diffère d'une leucémie aiguë)
Constitue une hémopathie lymphoïde chronique de bas grade
- Responsable d'infiltration médullaire, sanguine et parfois ganglionnaire
épidémiologie
- La + fréquente des hémopathies des pays développés: 3-10 cas/100.000 habitants/an (= incidence du myélome)
- Age médian = 72 ans / pas chez l'enfant / rare avant 50 ans, hémopathie du sujet âgé
- Sex Ratio : homme > femme = x2 / pas de facteur de risque acquis démontré
Diagnostic
EXAMEN CLINIQUE
Interrogatoire
- Terrain : sujet âgé (comorbidités chroniques fréquentes) / antécédents familiaux / performance status
- Anamnèse : date de la 1ère lymphocytose (pour estimer temps de doublement)
- Signes fonctionnels : asymptomatique, découverte sur adénopathies ou fortuite (>50% des cas)
Examen physique
Syndrome tumoral (inconstant)
- Polyadénopathies +++ (schéma daté)
- Splénomégalie ++ (50-75% des cas) rarement isolée
- Hépatomégalie : rare et de mauvais pronostic
- superficielles / multiples / symétriques / mobiles / indolores
- non inflammatoires / non compressives
Syndrome d’insuffisance médullaire
- Absent ou peu important sauf stade avancé
- Si présent, rechercher : tableau d'anémie hémolytique auto-immune / infections récentes-récidivantes / hémorragies
EXAMENS COMPLEMENTAIRES
Pour diagnostic positif
NFS-plaquettes
- Hyperlymphocytose (lymphocytes > 4 G/L) persistante (>6-8 semaines)
- Parfois hyperlymphocytose > 100 G/L
- Recherche cytopénie associée (anémie / thrombopénie / neutropénie)
- Anémie : 30% des patients (25% de patients < 12g/dL, 10% < 10g/dL = facteur pronostique défavorable) / réticulocytes normaux mais parfois augmentés (> 150 G/L)
- Thrombopénie : 15% des patients (si < 100G/L: facteur pronostique péjoratif)
Frottis sanguin
- Lymphocytes matures: petite taille/ peu de cytoplasme/ morphologie normale / chromatine mûre et dense
- « Ombres de Gumprecht » (= lymphocytes éclatés car fragiles)
Immunophénotypage des lymphocytes circulants +++
- Par cytométrie de flux / confirme le diagnostic (et la monoclonalité)
- Caractéristiques en faveur de la leucémie lymphoïde chronique (5)
- Calcul du score de Matutes ou score RMH
- Cryopréservation des cellules tumorales recommandée (facteurs pronostiques)
- Marqueurs B positifs : CD19+ / CD20+
- Monoclonalité : expression d’un seul type de chaîne légère (κ ou λ seul) sur la membrane avec faible intensité d'expression
- Marqueurs augmentés : CD5+ (normalement < 5%) / CD23+
- Expression faible des IgM de surface (d’où le déficit immunitaire associé)
- Le score comprend : faible expression des immunoglobulines de surface / CD5 / CD23 / absence du CD79b / absence de FMC7
- Varie de 0 à 5 selon l'expression de divers antigènes
- Score 4-5 affirme la leucémie lymphoïde chronique / autres causes d'hyperlymphocytose : scores de 0 à 2
Pour évaluation du retentissement / du pronostic
Electrophorèse des protéines plasmatiques (EPP)
- Peut être normale (le + fréquent en début d'évolution)
- Hypo-gamma-globulinémie +++ (60% des cas), observé sur le dosage pondéral des immunoglobulines
- Pic monoclonal en γ (10% des cas), en immunofixation, retrouve une IgM monoclonale et < 5g/L le + souvent
Bilan d’hémolyse : hapto-bilirubine / Coombs direct ± test d’élution
- Recherche d’une anémie hémolytique auto-immune
- Anémie hémolytique auto-immune à anticorps chaud (hémolyse intra-tissulaire) : agglutination à 37°C
- Test d’élution détermine la spécificité des auto-anticorps : anti-Rhésus ++
Dosage LDH / β2-microglobuline
- Pour avoir un taux basal (suivi évolutif et transformation)
Caryotype lymphocytaire
- Pour recherche d’anomalies génétiques (présentes dans > 50% des cas)
- Les plus fréquentes: délétion 11q/ délétion 17p/ délétion 13q/ trisomie 12q
Bilan pré-thérapeutique
Bilan du terrain : ionogramme-créatinine / ECG-échographie transthoracique / bilan hépatique complet, sérologies VHB-VHC
Examens inutiles dans la LLC
- Myélogramme : montrerait une moelle riche avec lymphocytes matures
Mais indispensable dans les formes non leucémiques
- Peut être utile en cas de cytopénies mal expliquées
- Montre : infiltration tumorale par les lymphocytes B d'aspect mature CD20+, CD23+, CD5+
- Biopsie ostéo-médullaire : même résultat que le myélogramme + disparition des adipocytes
- Biopsie ganglionnaire : envahissement diffus par lymphocytes circulants
- Imagerie : TDM thoraco-abdominale ou échographie abdominale sont inutiles : ce sont des adénopathies superficielles ++
DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS = ceux d’une hyperlymphocytose
Toujours recontrôler l'hyperlymphocytose après 6-8 semaines
Hyperlymphocytoses bénignes
- Réactionnelles donc polyclonales
- Hyperlymphocytoses T
- Syndrome mononucléosique : mononucléose infectieuse / CMV / toxoplasmose / VIH (cf item 213)
- Autres infections : tuberculose / VHB-VHC / coqueluche
- Hyperlymphocytoses B
- "Syndrome des lymphocytes binucléés", commun chez femme jeune, fumeuse
Hyperlymphocytoses malignes
Prolifératives donc monoclonales
Lignée T (< 5%)
Leucémie pro-lymphocytaire T, lymphocytose à grands lymphocytes granuleux..
Lignée B
- Lymphome lymphocytique B : même phénotype que / mais adénopathies et absence de lymphocytose : même pronostic et traitement que la leucémie lymphoïde chronique (correspond en fait à une forme non leucémique de leucémie lymphoïde chronique)
- Lymphome non hodgkinien en phase leucémique (folliculaire ou manteau / pas grandes cellules)
- Leucémie pro-lymphocytaire B (forme + agressive que la leucémie lymphoïde chronique)
- Lymphocytose B monoclonale (< 5 G/L)
- Lymphomes à morphologie similaire à la leucémie lymphoïde chronique (score de Matutes de 0-1-2)
- Lymphome de la zone du manteau : forme d'emblée agressive / dissémination sanguine dans 1/3 des cas / immunophénotypage : exprime le CD5 mais pas le CD23 qui est négatif
- Lymphome de la zone marginale, avec ou sans lymphocytes villeux : hyperlymphocytose chronique avec splénomégalie / frottis : membrane externe des lymphocytes présente souvent des villosités
- Lymphome folliculaire : lymphome non hodgkinien très fréquent, avec parfois (5%) dissémination lymphomateuse sanguine / petits lymphocytes, avec noyau à chromatine dense mais cytoplasme quasi-absent & encoche profonde du noyau
évolution
évolution naturelle
Constitue une maladie non curable : évolution toujours défavorable à terme
Mais l'évolution est chronique : le patient peut rester stable pendant de nombreuses années +++
Rémission complète sous traitement correspond à la disparition du syndrome tumoral + NFS normale (mais possibles rechutes...)
Profil d'évolution
- Si Binet A: 50% restent au stade A, avec une survie normale / 50% évoluent vers les stades B ou C
- Si Binet B ou C : survie moyenne < 10 ans
Complications
Complications infectieuses +++
1ère cause de mortalité : infections récurrentes chez 80% des patients
- Hypogammaglobulinémie = déficit humoral, favorise les infections à germes encapsulés (pneumocoque)
- Le plus souvent : pneumopathies, infections ORL, tuberculose, infections opportunistes…
- Immunodépression multifactorielle: déficit humoral/cellulaire + insuffisance médullaire + iatrogénie
Insuffisance médullaire
cf envahissement de la moelle osseuse : pancytopénie : anémie / neutropénie / thrombopénie
Anémie multifactorielle en pratique composantes d'anémie hémolytique auto-immune + insuffisance médullaire + iatrogénie
Complications auto-immunes
- Anémie hémolytique auto-immune (AHAI) : à anticorps chauds / de type anti-Rhésus
- Thrombopénie auto-immune (purpura thrombopénique immunologique), érythoblastie auto-immune…
- Très rarement : érythroblastopénie auto-immune, anémie avec réticulocytes effondrés
- Cryoglobulinémie monoclonale de type I (de type monoclonale)
Transformation : syndrome de Richter
- Chez 5% des patients dans les premières années de maladie
- Transformation en lymphome non hodgkinien (à grandes cellules B)
- Diagnostic : altération de l'état général / fièvre / sueurs nocturnes / adénopathies modifiées (asymétriques, compressives, douloureuses) / augmentation des LDH
- Confirmation : biopsie-exérèse ganglionnaire : l'anatomopathologiste confirme le diagnostic
- Pronostic : sombre : il existe une chimiorésistance, décès rapide
- Une partie en analyse morphologique standard/ une autre partie congelée pour d'éventuelles études moléculaires complémentaires (clonalité lymphocytaire, translocations..)
Augmentation du risque de cancer solide (carcinome baso-cellulaire, pulmonaire, cancer colorectal, rein…)
Hypersplénisme / iatrogénie / décès
Pronostic
Facteurs de mauvais pronostic
- Terrain : âge du patient / comorbidités
- Stade dans la classification de Binet +++
- Doublement de la lymphocytose en < 12 mois +++
- Cytogénétique (FISH) : del 11q22.3 / del 17p13.1
- Présence de mutation du gène suppresseur de tumeur TP53
- Profil non muté des gènes d'immunoglobulines
- Expression de certains antigènes de membrane (ZAP70, CD38…)
Classification de Binet +++
Stades : A | |
Clinique | < 3 sites ganglionnaires |
Hémogramme | Hémoglobine > 10g/dL et plaquettes > 100 G/L |
Survie | 10-12 ans |
Stades : B | |
Clinique | ≥ 3 sites |
Hémogramme | Hb > 10g/dL et Pq > 100 G/L |
Survie | 5-7 ans |
Stades : C | |
Clinique | indifférent |
Hémogramme | Hb < 10g/dL ou P < 100 G/L |
Survie | 2-4 ans |
Remarques
- « Sites ganglionnaires » correspondent à 5 axes = cervical / axillaire / hépatomégalie / splénomégalie / inguinal
- C’est un critère clinique (pas de nécessite de scanner : diffère de la classification de Ann Arbor des lymphomes qui est radio-clinique)
- Si les ganglions sont bilatéraux sur un même site, ça ne compte que comme un seul site (car hématogène)
- Fréquence au diagnostic : stade A (70%) / stade B (20%) / stade C (10%)
Traitement
Prise en charge
- Réunion de concertation pluri-disciplinaire (RCP)
- Bilan du terrain (cf sujet âgé) et pré-thérapeutique si chimiothérapie
Chimiothérapie
- Objectifs : contrôler la maladie et respecter la qualité de vie / augmentation de la survie chez les sujets jeunes
- Si patient stade A
- Si patient stade B ou C
- En cas de complications ou rechutes : possibilité de greffes de cellules souches hématopoïétiques chez patients jeunes
- Abstention thérapeutique +++
- Surveillance (1 fois tous les 3-6 mois) et traitement uniquement si évolutif
- Passage en Binet stade B-C ou doublement de la lymphocytose en < 12 mois
- Chimiothérapie
- Protocole actuel = fludarabine (anti-métabolite) ± associé à anti-CD20 (rituximab)
Tt des complications
Infections
- Prévention (hygiène, prophylaxie…) ± antibiothérapie adaptée au cas par cas
- Si hypogammaglobulinémie et infections répétées: perfusion d’immunglobulines
Anémie
- Corticoïdes oraux 1mg/kg si anémie auto-immune
Associer une supplémentation en folates pour aider la régénération
- Transfusion de concentrés de globules rouges phénotypés uniquement en cas d'anémie mal tolérée (angor-ECG) / sinon inutile +++
- Immunoglobulines IV à doses immunomodulatrices ou anticorps anti-CD20 si érythroblastopénie auto-immune
Syndrome de Richter
- Polychimiothérapie agressive
Mesures associées
- Contre-indications des vaccins vivants / mais faire grippe et pneumocoque
- Prise en charge de la douleur
- Prise en charge psychologique : soutien
- Prise en charge sociale : 100% (ALD)
- Prise en charge palliative
Surveillance
- Clinique : consultation 1 fois tous les 6 mois / syndrome tumoral (recherche d'adénopathies +++) / insuffisance médullaire / altération de l'état général
- Paraclinique : NFS et frottis à chaque consultation / LDH (reflet de la masse tumorale)
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- Diagnostiquer une leucémie lymphoïde chronique
Généralités
Définition
- Leucémie lymphoïde chronique = prolifération maligne monoclonale de lymphocytes B (population T < 5%) matures (ce qui diffère d'une leucémie aiguë)
Constitue une hémopathie lymphoïde chronique de bas grade
- Responsable d'infiltration médullaire, sanguine et parfois ganglionnaire
épidémiologie
- La + fréquente des hémopathies des pays développés: 3-10 cas/100.000 habitants/an (= incidence du myélome)
- Age médian = 72 ans / pas chez l'enfant / rare avant 50 ans, hémopathie du sujet âgé
- Sex Ratio : homme > femme = x2 / pas de facteur de risque acquis démontré
Diagnostic
EXAMEN CLINIQUE
Interrogatoire
- Terrain : sujet âgé (comorbidités chroniques fréquentes) / antécédents familiaux / performance status
- Anamnèse : date de la 1ère lymphocytose (pour estimer temps de doublement)
- Signes fonctionnels : asymptomatique, découverte sur adénopathies ou fortuite (>50% des cas)
Examen physique
Syndrome tumoral (inconstant)
- Polyadénopathies +++ (schéma daté)
- Splénomégalie ++ (50-75% des cas) rarement isolée
- Hépatomégalie : rare et de mauvais pronostic
- superficielles / multiples / symétriques / mobiles / indolores
- non inflammatoires / non compressives
Syndrome d’insuffisance médullaire
- Absent ou peu important sauf stade avancé
- Si présent, rechercher : tableau d'anémie hémolytique auto-immune / infections récentes-récidivantes / hémorragies
EXAMENS COMPLEMENTAIRES
Pour diagnostic positif
NFS-plaquettes
- Hyperlymphocytose (lymphocytes > 4 G/L) persistante (>6-8 semaines)
- Parfois hyperlymphocytose > 100 G/L
- Recherche cytopénie associée (anémie / thrombopénie / neutropénie)
- Anémie : 30% des patients (25% de patients < 12g/dL, 10% < 10g/dL = facteur pronostique défavorable) / réticulocytes normaux mais parfois augmentés (> 150 G/L)
- Thrombopénie : 15% des patients (si < 100G/L: facteur pronostique péjoratif)
Frottis sanguin
- Lymphocytes matures: petite taille/ peu de cytoplasme/ morphologie normale / chromatine mûre et dense
- « Ombres de Gumprecht » (= lymphocytes éclatés car fragiles)
Immunophénotypage des lymphocytes circulants +++
- Par cytométrie de flux / confirme le diagnostic (et la monoclonalité)
- Caractéristiques en faveur de la leucémie lymphoïde chronique (5)
- Calcul du score de Matutes ou score RMH
- Cryopréservation des cellules tumorales recommandée (facteurs pronostiques)
- Marqueurs B positifs : CD19+ / CD20+
- Monoclonalité : expression d’un seul type de chaîne légère (κ ou λ seul) sur la membrane avec faible intensité d'expression
- Marqueurs augmentés : CD5+ (normalement < 5%) / CD23+
- Expression faible des IgM de surface (d’où le déficit immunitaire associé)
- Le score comprend : faible expression des immunoglobulines de surface / CD5 / CD23 / absence du CD79b / absence de FMC7
- Varie de 0 à 5 selon l'expression de divers antigènes
- Score 4-5 affirme la leucémie lymphoïde chronique / autres causes d'hyperlymphocytose : scores de 0 à 2
Pour évaluation du retentissement / du pronostic
Electrophorèse des protéines plasmatiques (EPP)
- Peut être normale (le + fréquent en début d'évolution)
- Hypo-gamma-globulinémie +++ (60% des cas), observé sur le dosage pondéral des immunoglobulines
- Pic monoclonal en γ (10% des cas), en immunofixation, retrouve une IgM monoclonale et < 5g/L le + souvent
Bilan d’hémolyse : hapto-bilirubine / Coombs direct ± test d’élution
- Recherche d’une anémie hémolytique auto-immune
- Anémie hémolytique auto-immune à anticorps chaud (hémolyse intra-tissulaire) : agglutination à 37°C
- Test d’élution détermine la spécificité des auto-anticorps : anti-Rhésus ++
Dosage LDH / β2-microglobuline
- Pour avoir un taux basal (suivi évolutif et transformation)
Caryotype lymphocytaire
- Pour recherche d’anomalies génétiques (présentes dans > 50% des cas)
- Les plus fréquentes: délétion 11q/ délétion 17p/ délétion 13q/ trisomie 12q
Bilan pré-thérapeutique
Bilan du terrain : ionogramme-créatinine / ECG-échographie transthoracique / bilan hépatique complet, sérologies VHB-VHC
Examens inutiles dans la LLC
- Myélogramme : montrerait une moelle riche avec lymphocytes matures
Mais indispensable dans les formes non leucémiques
- Peut être utile en cas de cytopénies mal expliquées
- Montre : infiltration tumorale par les lymphocytes B d'aspect mature CD20+, CD23+, CD5+
- Biopsie ostéo-médullaire : même résultat que le myélogramme + disparition des adipocytes
- Biopsie ganglionnaire : envahissement diffus par lymphocytes circulants
- Imagerie : TDM thoraco-abdominale ou échographie abdominale sont inutiles : ce sont des adénopathies superficielles ++
DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS = ceux d’une hyperlymphocytose
Toujours recontrôler l'hyperlymphocytose après 6-8 semaines
Hyperlymphocytoses bénignes
- Réactionnelles donc polyclonales
- Hyperlymphocytoses T
- Hyperlymphocytoses B
- "Syndrome des lymphocytes binucléés", commun chez femme jeune, fumeuse
- Syndrome mononucléosique : mononucléose infectieuse / CMV / toxoplasmose / VIH (cf item 213)
- Autres infections : tuberculose / VHB-VHC / coqueluche
Hyperlymphocytoses malignes
Prolifératives donc monoclonales
Lignée T (< 5%)
Leucémie pro-lymphocytaire T, lymphocytose à grands lymphocytes granuleux..
Lignée B
- Lymphome lymphocytique B : même phénotype que / mais adénopathies et absence de lymphocytose : même pronostic et traitement que la leucémie lymphoïde chronique (correspond en fait à une forme non leucémique de leucémie lymphoïde chronique)
- Lymphome non hodgkinien en phase leucémique (folliculaire ou manteau / pas grandes cellules)
- Leucémie pro-lymphocytaire B (forme + agressive que la leucémie lymphoïde chronique)
- Lymphocytose B monoclonale (< 5 G/L)
- Lymphomes à morphologie similaire à la leucémie lymphoïde chronique (score de Matutes de 0-1-2)
- Lymphome de la zone du manteau : forme d'emblée agressive / dissémination sanguine dans 1/3 des cas / immunophénotypage : exprime le CD5 mais pas le CD23 qui est négatif
- Lymphome de la zone marginale, avec ou sans lymphocytes villeux : hyperlymphocytose chronique avec splénomégalie / frottis : membrane externe des lymphocytes présente souvent des villosités
- Lymphome folliculaire : lymphome non hodgkinien très fréquent, avec parfois (5%) dissémination lymphomateuse sanguine / petits lymphocytes, avec noyau à chromatine dense mais cytoplasme quasi-absent & encoche profonde du noyau
évolution
évolution naturelle
Constitue une maladie non curable : évolution toujours défavorable à terme
Mais l'évolution est chronique : le patient peut rester stable pendant de nombreuses années +++
Rémission complète sous traitement correspond à la disparition du syndrome tumoral + NFS normale (mais possibles rechutes...)
Profil d'évolution
- Si Binet A: 50% restent au stade A, avec une survie normale / 50% évoluent vers les stades B ou C
- Si Binet B ou C : survie moyenne < 10 ans
Complications
Complications infectieuses +++
1ère cause de mortalité : infections récurrentes chez 80% des patients
- Hypogammaglobulinémie = déficit humoral, favorise les infections à germes encapsulés (pneumocoque)
- Le plus souvent : pneumopathies, infections ORL, tuberculose, infections opportunistes…
- Immunodépression multifactorielle: déficit humoral/cellulaire + insuffisance médullaire + iatrogénie
Insuffisance médullaire
cf envahissement de la moelle osseuse : pancytopénie : anémie / neutropénie / thrombopénie
Anémie multifactorielle en pratique composantes d'anémie hémolytique auto-immune + insuffisance médullaire + iatrogénie
Complications auto-immunes
- Anémie hémolytique auto-immune (AHAI) : à anticorps chauds / de type anti-Rhésus
- Thrombopénie auto-immune (purpura thrombopénique immunologique), érythoblastie auto-immune…
- Très rarement : érythroblastopénie auto-immune, anémie avec réticulocytes effondrés
- Cryoglobulinémie monoclonale de type I (de type monoclonale)
Transformation : syndrome de Richter
- Chez 5% des patients dans les premières années de maladie
- Transformation en lymphome non hodgkinien (à grandes cellules B)
- Diagnostic : altération de l'état général / fièvre / sueurs nocturnes / adénopathies modifiées (asymétriques, compressives, douloureuses) / augmentation des LDH
- Confirmation : biopsie-exérèse ganglionnaire : l'anatomopathologiste confirme le diagnostic
- Pronostic : sombre : il existe une chimiorésistance, décès rapide
- Une partie en analyse morphologique standard/ une autre partie congelée pour d'éventuelles études moléculaires complémentaires (clonalité lymphocytaire, translocations..)
Augmentation du risque de cancer solide (carcinome baso-cellulaire, pulmonaire, cancer colorectal, rein…)
Hypersplénisme / iatrogénie / décès
Pronostic
Facteurs de mauvais pronostic
- Terrain : âge du patient / comorbidités
- Stade dans la classification de Binet +++
- Doublement de la lymphocytose en < 12 mois +++
- Cytogénétique (FISH) : del 11q22.3 / del 17p13.1
- Présence de mutation du gène suppresseur de tumeur TP53
- Profil non muté des gènes d'immunoglobulines
- Expression de certains antigènes de membrane (ZAP70, CD38…)
Classification de Binet +++
Stades : A | |
Clinique | < 3 sites ganglionnaires |
Hémogramme | Hémoglobine > 10g/dL et plaquettes > 100 G/L |
Survie | 10-12 ans |
Stades : B | |
Clinique | ≥ 3 sites |
Hémogramme | Hb > 10g/dL et Pq > 100 G/L |
Survie | 5-7 ans |
Stades : C | |
Clinique | indifférent |
Hémogramme | Hb < 10g/dL ou P < 100 G/L |
Survie | 2-4 ans |
Remarques
- « Sites ganglionnaires » correspondent à 5 axes = cervical / axillaire / hépatomégalie / splénomégalie / inguinal
- C’est un critère clinique (pas de nécessite de scanner : diffère de la classification de Ann Arbor des lymphomes qui est radio-clinique)
- Si les ganglions sont bilatéraux sur un même site, ça ne compte que comme un seul site (car hématogène)
- Fréquence au diagnostic : stade A (70%) / stade B (20%) / stade C (10%)
Traitement
Prise en charge
- Réunion de concertation pluri-disciplinaire (RCP)
- Bilan du terrain (cf sujet âgé) et pré-thérapeutique si chimiothérapie
Chimiothérapie
- Objectifs : contrôler la maladie et respecter la qualité de vie / augmentation de la survie chez les sujets jeunes
- Si patient stade A
- Si patient stade B ou C
- En cas de complications ou rechutes : possibilité de greffes de cellules souches hématopoïétiques chez patients jeunes
- Abstention thérapeutique +++
- Surveillance (1 fois tous les 3-6 mois) et traitement uniquement si évolutif
- Passage en Binet stade B-C ou doublement de la lymphocytose en < 12 mois
- Chimiothérapie
- Protocole actuel = fludarabine (anti-métabolite) ± associé à anti-CD20 (rituximab)
Tt des complications
Infections
- Prévention (hygiène, prophylaxie…) ± antibiothérapie adaptée au cas par cas
- Si hypogammaglobulinémie et infections répétées: perfusion d’immunglobulines
Anémie
- Corticoïdes oraux 1mg/kg si anémie auto-immune
Associer une supplémentation en folates pour aider la régénération
- Transfusion de concentrés de globules rouges phénotypés uniquement en cas d'anémie mal tolérée (angor-ECG) / sinon inutile +++
- Immunoglobulines IV à doses immunomodulatrices ou anticorps anti-CD20 si érythroblastopénie auto-immune
Syndrome de Richter
- Polychimiothérapie agressive
Mesures associées
- Contre-indications des vaccins vivants / mais faire grippe et pneumocoque
- Prise en charge de la douleur
- Prise en charge psychologique : soutien
- Prise en charge sociale : 100% (ALD)
- Prise en charge palliative
Surveillance
- Clinique : consultation 1 fois tous les 6 mois / syndrome tumoral (recherche d'adénopathies +++) / insuffisance médullaire / altération de l'état général
- Paraclinique : NFS et frottis à chaque consultation / LDH (reflet de la masse tumorale)