Retrouvez les fiches par Thématique ou par Unité d’enseignement Universitaire

Important

Seules les personnes ayant un compte et étant connectées peuvent proposer des modifications

Leucémies aiguës

Epidémiologie : 3 500 cas / an, 4-5/100 000/an,  1% des cancers.

Leucémies aiguës myéloïdes (LAM)

Leucémies aiguës myéloïdes (LAM)
Les plus fréquentes des leucémies aiguës de l’adulte
Médiane 65 ans incidence augmente avec l’âge
Rares chez l’enfant, en général < 2 ans ou > 15 ans
Leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL)
Les plus fréquentes des leucémies de l’enfant
surtout entre 2 et 15 ans
Rares chez l’adulte, >50-60ans en général

FDR

  • ATCD de chimiothérapie : 10% des LAM
  • Exposition à des rayonnements ionisants
  • Exposition aux carcinogènes industriels :
  • Maladies génétiques :
  • Virus :
  • Hémopathies pré-éxistantes : (très mauvais pronostic)
  • Alkylants (5-7ans)
  • I topo II : Anthracyclines, Etoposide (< 2ans)
  • Antimétabolites : fludarabine
  • Hydrocarbures benzéniques
  • Amines aromatiques
  • T21
  • NFM I
  • Sd de Li-Fraumeni
  • Maladie de Fanconi
  • DI congénitaux (ataxie télangiectasie)
  • HTLV1 : Leucémies-Lymphomes T du Japon et des Antilles
  • EBV : Certaines leucémies de type Burkitt
  • SMD
  • SMP

Circonstances de découverte

  • Généralement, peu de symptômes, l’hémogramme fait évoquer le diagnostic
  • Moins fréquemment, tableau clinique initial grave

Insuffisance médullaire

  • Syndrome anémique (installation rapide, mal tolérée)
  • Neutropénie : infection classiquement ORL (angine ulcéronécrotique), Infection bactérienne traînante ou grave le + svt
  • Hémorragie (purpura ++) par thrombopénie centrale et/ou par CIVD

Syndrome tumoral

  • Adénopathies, SMG, HMG (LAL ++)
  • Syndrome de leucostase : GB > 100G/L
  • Localisations plus rares (d’emblée ou lors rechute parfois isolée) :
  • Détresse respiratoire, hypoxémie réfractaire, SDRA
  • Troubles de conscience, convulsions
  • Syndrome cave supérieur
  • Douleurs osseuses (LAL enfant)
  • Atteinte neuro-méningée (céphalées, nerfs périphériques, crâniens : diplopie, anesthésie de la houppe du menton)
  • Hypertrophie gingivale (LAM Mono)
  • Nodules dermiques = leucémides (LAM mono)
  • Localisation gonadique (LAL)

Diagnostic positif

Hémogramme (=NFS + Frottis sanguin) ET Ponction médullaire

Hémogramme

TOUJOURS ANORMAL

  • Anémie normochrome normocytaire, ou modérément macrocytaire (LAM avec dysplasie multilignée), arégénérative, dans 90% des cas
  • Thrombopénie, parfois profonde, dans 80-90% des cas
  • Neutropénie, associée à une leucopénie ou hyperleucocytose (30%)
  • Présence de blastes circulants inconstante +/- Présence de corps d’Auer (LAM)
  • Hiatus de maturation

Dès la suspicion diagnostique, contacter un onco-hématologue, organiser l’hospitalisation en milieu spécialisé.

Ponction médullaire 

En urgence dès l’admission en milieu hospitalier, systématique même s’il existe des blastes circulants

Ponction sternale : CI = enfant, ATCD de sternotomie, Ro thoracique › Ponction en crête iliaque, Plateau tibiale chez < 6mois

Myélogramme 

Moelle riche, pauvre en mégacaryocytes en Gal

  • LAL : Blastes de petite taille avec cytoplasme peu abondant
  • LAM : Blastes contenant souvent quelques granulations et par fois 1 ou plusieurs bâtonnets rouges = Corps d’Auer › Corps d’Auer volumineux : LAM2 t(8 ;21) ; Corps d’Auer en fagot : LAM3 t(15 ;17) ; Blastes de grande taille avec cytoplasme abondant : LAM5
  • Burkitt : Blastes de grande taille, avec cytoplasme très basophile contenant vacuoles claires
  • Diagnostic : Pourcentage de blastes médullaires par rapport aux cellules nucléées :
  • ≥ 20 % pour les LAM 
  • ≥25 % pour les LAL

Cytochimie

LAM = MPO+ (>3% Blastes MPO+)

Immunophénotypage 

Marqueurs myéloïdes CD 11/13/33Marqueurs lymphoïdes : B CD 19/22/79a et T CD2/3/4/5/7/8

› Lignée, stade de différenciation, Classement (indispensable pour LAL, utile pour LAM indifférenciés cytologiquement)

Cytogénétique

Conventionnelle et HIS. Anomalies dans 50-60% cas : délétions, translocations. › Classement, Pronostic

Biologie moléculaire :

Classement, Pronostic, Suivi + Cryoconservation des blastes médullaires pour examens ultérieurs (systématique)

Nb : PBO : jamais, sauf si échec médullo (myélofibrose)

Autres examens :

  • Bilan d’hémostase : recherche CIVD systématique (LAM3, LA hyperleucocytaires ++ : risque hémorragique à mise en route Xo !!)
  • Bilan métabolique :
  • PL si : (Trsf Plaquettes avant !!)
  • sd de lyse (iono, urée, créat, Ca/Ph, Uricémie, LDH )
  • Atteinte hépatique (Transa, GGT, PAL)
  • LAL
  • LAM 5 = monoblastique (loca extramédullaire fréquente)
  • Hyperleucocytose (>100 G/L et après réduction de l’hyperleucocytose)
  • Signes d’appel neuro

DD :

  • SD mononucléosique : lymphocytes basophiles à tous les stades de maturation
  • SMD : Blastose <20%

Classifications

Classification FAB (French-American-British) des leucémies aiguës

La classification Franco-americano-britannique (FAB) reconnait :

  • 3 types de leucémies aiguës lymphoblastiques
  • 7 types de leucémies aiguës myéloïdes, auxquels ont été ajoutés secondairement 2 autres types (LAM 0 et LAM 7)
LALLAL 1
LAL 2
LAL 3Leucémie de type Burkitt
LAMLAM 0Indifférenciée
LAM 1Myélobastique sans différenciation
LAM 2Myélobastique avec différenciation
LAM 3Promyélocitaire
LAM 4Myélomonocytaire
LAM 4EoMyélomonocytaire avec éosinophilie
LAM 5Monoblastique
LAM 6Érythroblastique
LAM 7Mégacaroblastique

Classification OMS 2008

  • 1. LAM avec anomalies cytogénétiques récurrentes : 30%
  • 2. LAM avec anomalies associées aux myélodysplasies : 10-15%, mauvais pronostic (SA+)
  • 3. LAM post-chimio ou radiothérapie : 10-15%, mauvais pronostic (caryotype complexe)
  • 4. LAM sans spécification particulière : 40-50%
  • 5. Sarcome granulocytaire
  • 6. Proliférations myéloïdes associées à la trisomie 21 constitutionnelle
  • 7. Tumeur blastique plasmocytoïde dendritique
  • 8. LA / lymphomes lymphoblastiques B
  • 9. LA / lymphome lymphoblastique T
  • 10. LA de lignée ambiguë
  • Bon pronostic
  • Mauvais pronostic
  • LAM Promyélocytaire t(15;17)
  • LAM Myéloblastique t(8;21)
  • LAM Myélomonocytaire inv(16)
  • LAM Monoblastique avec réarrangement MLL 
  • Faisant suite à un SMD ou SMP/D
  • Ou présentant des anomalies cytogénétiques identiques à celles des myélodysplasies
  • Ou présentant une dysplasie sur > 50 % des cellules d’au moins 2 lignées myéloïdes
  • Reprend la classification FAB (M0 à M7 hors M3), en l’absence d’anomalies cytogénétiques ou moléculaires pouvant les classer ailleurs.
  • LAL à chr Philadelphie t(9 ;22) BCR-ABL : >30% LAL adulte, <5% LAL enfant, mauvais pronostic
  • LA type Burkitt (LAL3) = phase leucémique du lymphome : sd de lyse M -> DC, mais bon pronostic sinon chez l’enfant

Bilan pré-thérapeutique

Clinique :

Évaluation de l’état général

Biologie :

  • Iono, fonction rénale, Ca/Ph, uricémie, LDH à la recherche d’un syndrome de lyse
  • BH
  • Bilan d’hémostase à la recherche d’une CIVD
  • PL en cas de signe d’appel neurologique ou d’hyperleucocytose > 100 000 / mm3 et systématique pour une LAL. Elle n’est effectuée qu’après réduction d’une éventuelle hyperleucocytose.
  • Bilan pré-transfusionnel
  • Sérologies VIH, VHB, VHC, CMV, VZV
  • Typage HLA, effectué dès que possible chez :
  • Hémocultures, prélèvements des sites suspects : en cas de fièvre
  • Bilan nutritionnel avec albuminémie : selon les besoins
  • Test de grossesse chez une femme en âge de procréer
  • patients susceptibles de faire l’objet d’une allogreffe de CSH
  • fratrie

Imagerie

  • ECG et ETT ou scintigraphie cardiaque
  • RP voire TDM thoracique en cas de signes d’appel pulmonaires
  • Panoramique dentaire : parfois réalisé pour identifier un foyer dentaire

Préservation de la fertilité :

Conservation de gamètes (CECOS) :

  • chez l’homme : cryoconservation de sperme réalisée en urgence
  • chez la femme : possibilité de cryoconservation de tissu ovarien réalisée dans un second temps en fonction du programme thérapeutique.

Facteurs pronostiques

  • Cytogénétique des LAM 
  • Cytogénétique des LAL 
  • favorable : t(15 ;17) ; t(8 ;21) ; inv(16)
  • intermédiaire : caryotype normal
  • défavorable : caryotypes complexes, anomalies des chr 5 et 7
  • Enfant :
  • Adulte :
  • Bon : hyperdiploïdie (>50 chr)
  • Mauvais : hypodiploïdie (<45chr), t(9 ;22)
  • Globalement moins bon, t(9 ;22) très mauvais
leucémies aiguës myéloïdes(LAM)leucémies aiguës Lymphblastiques (LAL)
Facteurs de mauvais pronostic initiaux
Âge > 60 ansÂge > 60 ans
Cytogénétique défavorableCertaines anomalies moléculairesCytogénétique défavorable
- évolution depuis un syndrome myélodysplasique ou une néoplasie myéloproliférative - Secondaire à à une chimiothérapie antérieureAtteinte méningée
Score de performanceOMS >2Score de performanceOMS >2
Comorbidités préexistantes : diabète, maladie coronarienne, BPCOComorbidités préexistantes : diabète, maladie coronarienne, BPCO
Hyperleucocytose iniitaleHyperleucocytose iniitale(pour les LAL B)
Facteurs de mauvais pronostic initiaux
Corticorésistance
Chimiorésistance
Absence d’obtention de la rémission complète en une cureAbsence d’obtention de la rémission complète en une cure
Maladie résiduelle persistante en biologie moléculaire dans certaines formesMaladie résiduelle persistante en biologie moléculaire dans certaines formes

Prise en charge

Dispositif d’annonce adapté

  • Dans un 1er temps, annonce de l’urgence de la situation et de la mise en route du TTT
  • Dans un 2nd temps, annonce du diagnostic précis avec les résultats biologiques complets et l’avis de la RCP

Contraception

Durant la chimiothérapie et jusqu’à 1 an après la fin pour les femmes en âge de procréer.

  • Retrait stérilet pour éviter le risque de saignements et d’endométrite.
  • Rapports sexuels protégés afin d’éviter le passage de chimiothérapie toxique et de prévenir les IST ( et à but contraceptif).

TTT des LAM

LAM du sujet de moins de 60 ans 

TTT curatif = Chimiothérapie intensive (Anthracycline + Cytarabine), durée 6 mois environ avec Hospitalisation systématique en secteur protégé

  • Phase d’induction = 4 phases :
  • Phase de consolidation adaptée au risque génétique pour prévenir la rechute (chimiothérapie ou greffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH))
  • +/- phase d’entretien
  • Réduction blastique
  • Aplasie liée au traitement (4 à 6 semaines)
  • Régénération
  • Rémission

LAM 3 : Chimiothérapie d’induction = au moins Anthracycline + ATRA puis Chimiothérapie d’entretien  › Guérison 80%.

LAM du sujet âgé de plus de 60 ans

Hormis pour LAM 3 et formes hyperleucocytaires, il est préférable d’attendre les résultats cytogénétiques avant de prendre les décisions thérapeutiques

TTT curatif = Chimiothérapie intensive si : bon score de performance, dysfonctions organiques ou comorbidités minimales, Et cytogénétique favorable ou intermédiaire

TTT palliatif = Chimiothérapie pall + Soins de support ou Essai pour les autres

Rémission complète

  • Amélioration de l’hémogramme : Absence de blastes circulants, PN > 1 G/L, plaquettes > 100 G/L
  • Et frottis médullaire riche, < 5 % de cellules blastiques et ne contenant pas de corps d’Auer
  • Et disparition de tous les autres signes de la maladie

Patients en RC disposant d’un donneur HLA identique, allogreffe systématiquement discutée (sf génétique favorable).

RC > 5ans = guérison

Rechutes

Réapparition de blastes dans le sang ou dans la moelle (= 5 %) chez un RC

Formes réfractaires

Patients ne répondant pas à 1 ou 2 cycles de traitement d’induction = très haut risque d’échec d’un traitement ultérieur.

TTT des LAL 

LAL du sujet de moins de 60 ans :

TTT curatif :

  • Chimiothérapie intensive 6 mois environ = Phase d’induction puis de consolidation
  • Prévention des atteintes neuroméningées par chimiothérapie intrathécale et irradiation encéphalique
  • Chimiothérapie d’entretien ambulatoire pendant 2 ans
  • Pour certains patients, allogreffe de CSH

LAL Philadelphie : Chimiothérapie + ITK (imatinib en 1ère intention, ou dasatinib)

Leucémie de type Burkitt : Urgence vitale : Chimiothérapie initiale progressive (éviter sd de lyse tumorale), puis chimiothérapie séquentielle intensive prolongée.

LAL du sujet âgé de plus de 60 ans 

Approche thérapeutique adaptée à l’âge avec des doses de chimiothérapie réduites

TTT des complications :

Syndrome de lyse tumorale

HUricémie, HK, HPh, hCa, #LDH, IRA

  • Hyperhydratation, Diurèse forcée par furosémide
  • TTT hypo-uricémiant : Allopurinol PO ou uricolytique IVL
  • TTT d’une hyperkaliémie, Arrêt des TTT néphrotoxiques en cas d’IRA ± Epuration extra-rénale

Prévention : Fractionnement des 1ères doses de chimiothérapie + Hyperhydratation ± Allopurinol

CIVD

  • TTT étiologique
  • PFC , Fibrinogène, CP
  • +/- HNF (LAM3)

CI au PPSB !!!

Leucostase

  • Chimiothérapie en urgence
  • Oxygénothérapie
  • Leucaphérèse

CI à transfusion de CGR !!!

Neutropénie fébrile

Surveillance

Examen clinique

A 1 moisPuis tous les 2 à 3 mois pendant au moins 1 anPuis tous les 6 mois, jusqu’à 5 ans après RC

  • Infections +++
  • Complications liées aux TTT
  • Signes évocateurs de rechute = Ceux du début de la maladie
  • 2nd KC : risque augmenté après LAL (pas LAM)
  • Qualité de vie, Réinsertion professionnelle

Examens paracliniques Hémogramme

Tous les 1 à 3 mois pendant 2 ansPuis tous les 3 à 6 mois pendant 3 ans

  • +/- Biologie moléculaire tous les 3 mois pendant 2 ans dans certaines LA
  • + Myélogramme si hémogramme anormal
complicationsdétection / Surveillance
Trouble de la fertilitéChez l’homme : Réalisation d’un spermogramme de contrôle 1 à 2 ans apres la fin de la chimiothérapie Chez la femme : Bilan de Ménopause précoce. Il est possible de recourir à des techniques de PMA
Cardiaques(Anthracyclines)Examen clinique annueléchographie cardiaque tous les 3 à 5 ans.
Fibrose pulmonaireExamen clinique annuelEFR si dyspnée
ArtériscléroseprématuréeSurveillance des facteurs de risque

Résultats

  • LAM : RC 70% (<60ans 80% ; >60ans 50%) ; Rémission prolongée 30-40% (50% si allogreffe, <25% si >60ans)
  • LAL : Enfant RC >90%, Guérison >70% ; Adulte jeune RC 80%, Rémission prolongée 20-30% (50% si allogreffe)

Rechutes le + souvent dans 2 premières années

Epidémiologie : 3 500 cas / an, 4-5/100 000/an,  1% des cancers.

Leucémies aiguës myéloïdes (LAM)

Leucémies aiguës myéloïdes (LAM)
Les plus fréquentes des leucémies aiguës de l’adulte
Médiane 65 ans incidence augmente avec l’âge
Rares chez l’enfant, en général < 2 ans ou > 15 ans
Leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL)
Les plus fréquentes des leucémies de l’enfant
surtout entre 2 et 15 ans
Rares chez l’adulte, >50-60ans en général

FDR

  • ATCD de chimiothérapie : 10% des LAM
  • Exposition à des rayonnements ionisants
  • Exposition aux carcinogènes industriels :
  • Maladies génétiques :
  • Virus :
  • Hémopathies pré-éxistantes : (très mauvais pronostic)
  • Alkylants (5-7ans)
  • I topo II : Anthracyclines, Etoposide (< 2ans)
  • Antimétabolites : fludarabine
  • Hydrocarbures benzéniques
  • Amines aromatiques
  • T21
  • NFM I
  • Sd de Li-Fraumeni
  • Maladie de Fanconi
  • DI congénitaux (ataxie télangiectasie)
  • HTLV1 : Leucémies-Lymphomes T du Japon et des Antilles
  • EBV : Certaines leucémies de type Burkitt
  • SMD
  • SMP

Circonstances de découverte

  • Généralement, peu de symptômes, l’hémogramme fait évoquer le diagnostic
  • Moins fréquemment, tableau clinique initial grave

Insuffisance médullaire

  • Syndrome anémique (installation rapide, mal tolérée)
  • Neutropénie : infection classiquement ORL (angine ulcéronécrotique), Infection bactérienne traînante ou grave le + svt
  • Hémorragie (purpura ++) par thrombopénie centrale et/ou par CIVD

Syndrome tumoral

  • Adénopathies, SMG, HMG (LAL ++)
  • Syndrome de leucostase : GB > 100G/L
  • Localisations plus rares (d’emblée ou lors rechute parfois isolée) :
  • Détresse respiratoire, hypoxémie réfractaire, SDRA
  • Troubles de conscience, convulsions
  • Syndrome cave supérieur
  • Douleurs osseuses (LAL enfant)
  • Atteinte neuro-méningée (céphalées, nerfs périphériques, crâniens : diplopie, anesthésie de la houppe du menton)
  • Hypertrophie gingivale (LAM Mono)
  • Nodules dermiques = leucémides (LAM mono)
  • Localisation gonadique (LAL)

Diagnostic positif

Hémogramme (=NFS + Frottis sanguin) ET Ponction médullaire

Hémogramme

TOUJOURS ANORMAL

  • Anémie normochrome normocytaire, ou modérément macrocytaire (LAM avec dysplasie multilignée), arégénérative, dans 90% des cas
  • Thrombopénie, parfois profonde, dans 80-90% des cas
  • Neutropénie, associée à une leucopénie ou hyperleucocytose (30%)
  • Présence de blastes circulants inconstante +/- Présence de corps d’Auer (LAM)
  • Hiatus de maturation

Dès la suspicion diagnostique, contacter un onco-hématologue, organiser l’hospitalisation en milieu spécialisé.

Ponction médullaire 

En urgence dès l’admission en milieu hospitalier, systématique même s’il existe des blastes circulants

Ponction sternale : CI = enfant, ATCD de sternotomie, Ro thoracique › Ponction en crête iliaque, Plateau tibiale chez < 6mois

Myélogramme 

Moelle riche, pauvre en mégacaryocytes en Gal

  • LAL : Blastes de petite taille avec cytoplasme peu abondant
  • LAM : Blastes contenant souvent quelques granulations et par fois 1 ou plusieurs bâtonnets rouges = Corps d’Auer › Corps d’Auer volumineux : LAM2 t(8 ;21) ; Corps d’Auer en fagot : LAM3 t(15 ;17) ; Blastes de grande taille avec cytoplasme abondant : LAM5
  • Burkitt : Blastes de grande taille, avec cytoplasme très basophile contenant vacuoles claires
  • Diagnostic : Pourcentage de blastes médullaires par rapport aux cellules nucléées :
  • ≥ 20 % pour les LAM 
  • ≥25 % pour les LAL

Cytochimie

LAM = MPO+ (>3% Blastes MPO+)

Immunophénotypage 

Marqueurs myéloïdes CD 11/13/33Marqueurs lymphoïdes : B CD 19/22/79a et T CD2/3/4/5/7/8

› Lignée, stade de différenciation, Classement (indispensable pour LAL, utile pour LAM indifférenciés cytologiquement)

Cytogénétique

Conventionnelle et HIS. Anomalies dans 50-60% cas : délétions, translocations. › Classement, Pronostic

Biologie moléculaire :

Classement, Pronostic, Suivi + Cryoconservation des blastes médullaires pour examens ultérieurs (systématique)

Nb : PBO : jamais, sauf si échec médullo (myélofibrose)

Autres examens :

  • Bilan d’hémostase : recherche CIVD systématique (LAM3, LA hyperleucocytaires ++ : risque hémorragique à mise en route Xo !!)
  • Bilan métabolique :
  • PL si : (Trsf Plaquettes avant !!)
  • sd de lyse (iono, urée, créat, Ca/Ph, Uricémie, LDH )
  • Atteinte hépatique (Transa, GGT, PAL)
  • LAL
  • LAM 5 = monoblastique (loca extramédullaire fréquente)
  • Hyperleucocytose (>100 G/L et après réduction de l’hyperleucocytose)
  • Signes d’appel neuro

DD :

  • SD mononucléosique : lymphocytes basophiles à tous les stades de maturation
  • SMD : Blastose <20%

Classifications

Classification FAB (French-American-British) des leucémies aiguës

La classification Franco-americano-britannique (FAB) reconnait :

  • 3 types de leucémies aiguës lymphoblastiques
  • 7 types de leucémies aiguës myéloïdes, auxquels ont été ajoutés secondairement 2 autres types (LAM 0 et LAM 7)
LALLAL 1
LAL 2
LAL 3Leucémie de type Burkitt
LAMLAM 0Indifférenciée
LAM 1Myélobastique sans différenciation
LAM 2Myélobastique avec différenciation
LAM 3Promyélocitaire
LAM 4Myélomonocytaire
LAM 4EoMyélomonocytaire avec éosinophilie
LAM 5Monoblastique
LAM 6Érythroblastique
LAM 7Mégacaroblastique

Classification OMS 2008

  • 1. LAM avec anomalies cytogénétiques récurrentes : 30%
  • 2. LAM avec anomalies associées aux myélodysplasies : 10-15%, mauvais pronostic (SA+)
  • 3. LAM post-chimio ou radiothérapie : 10-15%, mauvais pronostic (caryotype complexe)
  • 4. LAM sans spécification particulière : 40-50%
  • 5. Sarcome granulocytaire
  • 6. Proliférations myéloïdes associées à la trisomie 21 constitutionnelle
  • 7. Tumeur blastique plasmocytoïde dendritique
  • 8. LA / lymphomes lymphoblastiques B
  • 9. LA / lymphome lymphoblastique T
  • 10. LA de lignée ambiguë
  • Bon pronostic
  • Mauvais pronostic
  • LAM Promyélocytaire t(15;17)
  • LAM Myéloblastique t(8;21)
  • LAM Myélomonocytaire inv(16)
  • LAM Monoblastique avec réarrangement MLL 
  • Faisant suite à un SMD ou SMP/D
  • Ou présentant des anomalies cytogénétiques identiques à celles des myélodysplasies
  • Ou présentant une dysplasie sur > 50 % des cellules d’au moins 2 lignées myéloïdes
  • Reprend la classification FAB (M0 à M7 hors M3), en l’absence d’anomalies cytogénétiques ou moléculaires pouvant les classer ailleurs.
  • LAL à chr Philadelphie t(9 ;22) BCR-ABL : >30% LAL adulte, <5% LAL enfant, mauvais pronostic
  • LA type Burkitt (LAL3) = phase leucémique du lymphome : sd de lyse M -> DC, mais bon pronostic sinon chez l’enfant

Bilan pré-thérapeutique

Clinique :

Évaluation de l’état général

Biologie :

  • Iono, fonction rénale, Ca/Ph, uricémie, LDH à la recherche d’un syndrome de lyse
  • BH
  • Bilan d’hémostase à la recherche d’une CIVD
  • PL en cas de signe d’appel neurologique ou d’hyperleucocytose > 100 000 / mm3 et systématique pour une LAL. Elle n’est effectuée qu’après réduction d’une éventuelle hyperleucocytose.
  • Bilan pré-transfusionnel
  • Sérologies VIH, VHB, VHC, CMV, VZV
  • Typage HLA, effectué dès que possible chez :
  • Hémocultures, prélèvements des sites suspects : en cas de fièvre
  • Bilan nutritionnel avec albuminémie : selon les besoins
  • Test de grossesse chez une femme en âge de procréer
  • patients susceptibles de faire l’objet d’une allogreffe de CSH
  • fratrie

Imagerie

  • ECG et ETT ou scintigraphie cardiaque
  • RP voire TDM thoracique en cas de signes d’appel pulmonaires
  • Panoramique dentaire : parfois réalisé pour identifier un foyer dentaire

Préservation de la fertilité :

Conservation de gamètes (CECOS) :

  • chez l’homme : cryoconservation de sperme réalisée en urgence
  • chez la femme : possibilité de cryoconservation de tissu ovarien réalisée dans un second temps en fonction du programme thérapeutique.

Facteurs pronostiques

  • Cytogénétique des LAM 
  • Cytogénétique des LAL 
  • favorable : t(15 ;17) ; t(8 ;21) ; inv(16)
  • intermédiaire : caryotype normal
  • défavorable : caryotypes complexes, anomalies des chr 5 et 7
  • Enfant :
  • Adulte :
  • Bon : hyperdiploïdie (>50 chr)
  • Mauvais : hypodiploïdie (<45chr), t(9 ;22)
  • Globalement moins bon, t(9 ;22) très mauvais
leucémies aiguës myéloïdes(LAM)leucémies aiguës Lymphblastiques (LAL)
Facteurs de mauvais pronostic initiaux
Âge > 60 ansÂge > 60 ans
Cytogénétique défavorableCertaines anomalies moléculairesCytogénétique défavorable
- évolution depuis un syndrome myélodysplasique ou une néoplasie myéloproliférative - Secondaire à à une chimiothérapie antérieureAtteinte méningée
Score de performanceOMS >2Score de performanceOMS >2
Comorbidités préexistantes : diabète, maladie coronarienne, BPCOComorbidités préexistantes : diabète, maladie coronarienne, BPCO
Hyperleucocytose iniitaleHyperleucocytose iniitale(pour les LAL B)
Facteurs de mauvais pronostic initiaux
Corticorésistance
Chimiorésistance
Absence d’obtention de la rémission complète en une cureAbsence d’obtention de la rémission complète en une cure
Maladie résiduelle persistante en biologie moléculaire dans certaines formesMaladie résiduelle persistante en biologie moléculaire dans certaines formes

Prise en charge

Dispositif d’annonce adapté

  • Dans un 1er temps, annonce de l’urgence de la situation et de la mise en route du TTT
  • Dans un 2nd temps, annonce du diagnostic précis avec les résultats biologiques complets et l’avis de la RCP

Contraception

Durant la chimiothérapie et jusqu’à 1 an après la fin pour les femmes en âge de procréer.

  • Retrait stérilet pour éviter le risque de saignements et d’endométrite.
  • Rapports sexuels protégés afin d’éviter le passage de chimiothérapie toxique et de prévenir les IST ( et à but contraceptif).

TTT des LAM

LAM du sujet de moins de 60 ans 

TTT curatif = Chimiothérapie intensive (Anthracycline + Cytarabine), durée 6 mois environ avec Hospitalisation systématique en secteur protégé

  • Phase d’induction = 4 phases :
  • Phase de consolidation adaptée au risque génétique pour prévenir la rechute (chimiothérapie ou greffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH))
  • +/- phase d’entretien
  • Réduction blastique
  • Aplasie liée au traitement (4 à 6 semaines)
  • Régénération
  • Rémission

LAM 3 : Chimiothérapie d’induction = au moins Anthracycline + ATRA puis Chimiothérapie d’entretien  › Guérison 80%.

LAM du sujet âgé de plus de 60 ans

Hormis pour LAM 3 et formes hyperleucocytaires, il est préférable d’attendre les résultats cytogénétiques avant de prendre les décisions thérapeutiques

TTT curatif = Chimiothérapie intensive si : bon score de performance, dysfonctions organiques ou comorbidités minimales, Et cytogénétique favorable ou intermédiaire

TTT palliatif = Chimiothérapie pall + Soins de support ou Essai pour les autres

Rémission complète

  • Amélioration de l’hémogramme : Absence de blastes circulants, PN > 1 G/L, plaquettes > 100 G/L
  • Et frottis médullaire riche, < 5 % de cellules blastiques et ne contenant pas de corps d’Auer
  • Et disparition de tous les autres signes de la maladie

Patients en RC disposant d’un donneur HLA identique, allogreffe systématiquement discutée (sf génétique favorable).

RC > 5ans = guérison

Rechutes

Réapparition de blastes dans le sang ou dans la moelle (= 5 %) chez un RC

Formes réfractaires

Patients ne répondant pas à 1 ou 2 cycles de traitement d’induction = très haut risque d’échec d’un traitement ultérieur.

TTT des LAL 

LAL du sujet de moins de 60 ans :

TTT curatif :

  • Chimiothérapie intensive 6 mois environ = Phase d’induction puis de consolidation
  • Prévention des atteintes neuroméningées par chimiothérapie intrathécale et irradiation encéphalique
  • Chimiothérapie d’entretien ambulatoire pendant 2 ans
  • Pour certains patients, allogreffe de CSH

LAL Philadelphie : Chimiothérapie + ITK (imatinib en 1ère intention, ou dasatinib)

Leucémie de type Burkitt : Urgence vitale : Chimiothérapie initiale progressive (éviter sd de lyse tumorale), puis chimiothérapie séquentielle intensive prolongée.

LAL du sujet âgé de plus de 60 ans 

Approche thérapeutique adaptée à l’âge avec des doses de chimiothérapie réduites

TTT des complications :

Syndrome de lyse tumorale

HUricémie, HK, HPh, hCa, #LDH, IRA

  • Hyperhydratation, Diurèse forcée par furosémide
  • TTT hypo-uricémiant : Allopurinol PO ou uricolytique IVL
  • TTT d’une hyperkaliémie, Arrêt des TTT néphrotoxiques en cas d’IRA ± Epuration extra-rénale

Prévention : Fractionnement des 1ères doses de chimiothérapie + Hyperhydratation ± Allopurinol

CIVD

  • TTT étiologique
  • PFC , Fibrinogène, CP
  • +/- HNF (LAM3)

CI au PPSB !!!

Leucostase

  • Chimiothérapie en urgence
  • Oxygénothérapie
  • Leucaphérèse

CI à transfusion de CGR !!!

Neutropénie fébrile

Surveillance

Examen clinique

A 1 moisPuis tous les 2 à 3 mois pendant au moins 1 anPuis tous les 6 mois, jusqu’à 5 ans après RC

  • Infections +++
  • Complications liées aux TTT
  • Signes évocateurs de rechute = Ceux du début de la maladie
  • 2nd KC : risque augmenté après LAL (pas LAM)
  • Qualité de vie, Réinsertion professionnelle

Examens paracliniques Hémogramme

Tous les 1 à 3 mois pendant 2 ansPuis tous les 3 à 6 mois pendant 3 ans

  • +/- Biologie moléculaire tous les 3 mois pendant 2 ans dans certaines LA
  • + Myélogramme si hémogramme anormal
complicationsdétection / Surveillance
Trouble de la fertilitéChez l’homme : Réalisation d’un spermogramme de contrôle 1 à 2 ans apres la fin de la chimiothérapie Chez la femme : Bilan de Ménopause précoce. Il est possible de recourir à des techniques de PMA
Cardiaques(Anthracyclines)Examen clinique annueléchographie cardiaque tous les 3 à 5 ans.
Fibrose pulmonaireExamen clinique annuelEFR si dyspnée
ArtériscléroseprématuréeSurveillance des facteurs de risque

Résultats

  • LAM : RC 70% (<60ans 80% ; >60ans 50%) ; Rémission prolongée 30-40% (50% si allogreffe, <25% si >60ans)
  • LAL : Enfant RC >90%, Guérison >70% ; Adulte jeune RC 80%, Rémission prolongée 20-30% (50% si allogreffe)

Rechutes le + souvent dans 2 premières années