- Pneumologie
- UE 11
- Item 356
Important
Insuffisance respiratoire aiguë
Généralités
Insuffisance respiratoire aiguë : altération aiguë de l'hématose avec survenue d'une hypoxie tissulaire, situation clinique de "détresse respiratoire".
Détresse respiratoire aiguë : ensemble des signes respiratoires de gravité d'une affection de l'appareil respiratoire (si association avec signes hémodynamique ou neurologiques = éléments supplémentaires de gravité)
- Inadéquation entre charge imposée à l'appareil respiratoire pour satisfaire au besoin ventilatoire à un instant donné et sa capacité à faire face à cette # de charge
- Devant une dyspnée aiguë › Détresse respiratoire : signe majeur de gravité › Annonce défaillance respiratoire › Arrêt cardio-circulatoire.
Physiopathologie
Atteinte de la fonction d'échange pulmonaire :
6 mécanismes impliqués dans la survenue d'une hypoxémie
- $ PiO2 (altitude)
- Shunt D/G vrai
- Effet shunt par inadéquation V/P
- Trouble diffusion
- Hypoventilation alvéolaire
- $ SvO2 (responsable d'hypoxémie seulement si associée à shunt vrai ou effet shunt)
Atteinte de la fonction pompe pulmonaire :
- Primitive : atteinte de la commande respiratoire, atteinte neuromusculaire respiratoire
- Secondaire +++ : fatigue des muscles respiratoires
Anomalie transport O2.
Diagnostic positif de DRA
Clinique
2 groupes de signes :
- Signes de lutte (compenser le déficit de ventilation) = # anormale du travail respiratoire
- Signes de faillite/fatigue (le corps galère) : défaillance neuro-musculaire du système respiratoire.
Chez tout patient présentant une DRA › Rechercher signes de gravité neurologiques et hémodynamiques.
Signes de lutte
Polypnée superficielle
- # FR > 30/min et $ volume courant (débit expiratoire)*
- Faiblesse de l'amplitude des mouvements ventilatoires thoraco-abdominaux = caractère superficiel (subjectif)
- Difficulté à parler, inefficacité de la toux*
• Bradypnée < 15/min › signe de défaillance neurologique = extrême gravité › Annonce un arrêt respiratoire imminent
Recrutement des groupes musculaires inspiratoires & expiratoires et tirage
- Expiratoires = expiration abdominale active (surtout dans pathologie obstructive ++)
- Inspiratoires (hors diaphragme) :
- Muscles dilatateurs des VAS : battement des ailes du nez = contraction phasique inspiratoire des muscles Alae nasi (dilatateurs des orifices narinaires externes), surtout chez petit enfant ++.
- Pouls inspiratoire : visibilité anormale de la contraction des muscles du cou (scalènes & SCM)
- Tirage : visibilité anormale de la contraction des muscles intercostaux
- Raccourcissement inspiratoire de la trachée extra-thoracique : signe de Campbell
- Fait redouter une défaillance ventilatoire car ces muscles n'ont pas l'équipement enzymatique pour se contracter de façon soutenue sur une période prolongée (≠ diaphragme)
Signes de faillite
Respiration abdominale paradoxale = Faillite de la pompe musculaire ventilatoire
- Recul de la paroi abdominale à l'inspiration, asynchronisme thoraco-abdominal › Traduit défaillance diaphragme
- Risque de défaillance à court terme › Discuter l'assistance ventilatoire immédiate (au minimum admission dans une structure qui en dispose)
Cyanose = Faillite de l'oxygénation
- Coloration bleutée des téguments & muqueuse
- Lorsque Hb réduite > 5 g/dL (dans sang capillaire)
- Traduit une hypoxémie profonde (45 à 50 mmHg)
- Peu Se mais Sp +++
- La SpO2 alerte plus précocement
- Oxygénothérapie immédiate (idem si SpO2 < 90%)
Retentissement neurologique
- Signes évoquant une hypercapnie :
- Suivi de la profondeur d'un coma grâce au score de Glasgow › Si altération marquée de la vigilance (Glasgow < 9) = indication d'assistance respiratoire (IOT) pour protéger d'une inhalation d'origine digestive.
- Asterixis = flapping tremor = abolition transitoire du tonus de posture
- Altération du comportement et de la vigilance = signe majeur de gravité = hypoxie cérébrale ou hypercapnie › Rechercher agitation, confusion, DTS, ralentissement idéo-moteur, obnubilation, troubles de conscience
Appareil circulatoire
4 Signes circulatoires à rechercher systématiquement :
Cœur pulmonaire aigu = Survenue brutale d'une HTP
- Signes d'ICD : TJ, RHJ, HMG douloureuse, signe de Harzer
- Évoque : EP massive, PNO compressif, AAG, tamponnade
Pouls paradoxal
- $ PAS lors de l'inspiration
- Difficile à rechercher (mesure invasive = KT artériel)
- Évoque : AAG, tamponnade
Signes en rapport avec une hypercapnie
- Dus à effet vasodilatateur du CO2 : céphalées, hyper-vascularisation des conjonctives
- Dus à réaction adrénergique "au stress hypercapnique" : tremblements, tachycardie, HTA, hypercrinie (sueurs, hypersialorrhée, encombrement)
Insuffisance circulatoire ou État de choc
Hypoperfusion tissulaire › hypoxie touchant tous les organes › Signes d'hypoperfusion tissulaire périphérique & signes témoignant de l'anoxie :
- Peau froide, marbrures, #TRC
- hTA : PAS < 90 mmHg ou ayant $ de > 50 mmHg
- FC > 120/min
- FR > 25 – 30/min
- Oligurie
- Confusion, altération de la vigilance.
Paraclinique
Systématiquement :
- SpO2 : < 90% › Valeur d'orientation
- GdS (gaz du sang) : orientation étiologique & gravité (pH < 7,35, PaO2 < 60 mmHg, PaCO2 > 45 mmHg)
- Lactates : # (gravité)
- RxT de face
En fonction de l'orientation ou des résultats des examens précédents :
- NFS-Plq :
- Biomarqueurs :
- ECG : TdC, TdR › OAP, EP
- ETT › OAP, EP...
- Fibroscopie bronchique › Prélèvements, obstruction des VA
- Prélèvements microbiologiques › Infection
- TDMt › EP, atteinte parenchymateuse...
- TDM cervical › Obstruction des VA.
- Anémie › DRA liée à hypoxie tissulaire, OAP sur IC à haut débit ou cardiopathie préexistante décompensée par l'anémie
- Polyglobulie › DRA sur insuffisance respiratoire chronique
- Leucocytose › Infection
- Thrombopénie › DRA secondaire à un sepsisExplication : sepsis › sidération médullaire centrale ($$ plaquettes) + consommation plaquettes › risque de CIVD
- #Troponine/BNP/NT-proBNP › OAP cardiogénique, EP, DRA sur insuffisance respiratoire chronique avec décompensation cardiaque Dt,
- PCT › Infection, SIRS non infectieux, polytraumatisme, post-opératoire...
Diagnostic étiologique
DRA hypoxémiques (type I)
Inadéquation V/P Shunt Troubles diffusion PaO2 < 60 mmHg SpO2 < 90% en AA (air ambiant) |
DRA hypercapniques (type II)
Hypoventilation alvéolaire PaCO2 > 45 mmHg pH < 7,35 |
DRA sans hypoxémie avec hypoxie
TaO2 $ Respiration cellulaire › # Lactates = acidose métabolique |
DRA sans hypoxémie, sans hypoxie
- Obstruction VAS, trachée ou bronches (évolution possible vers hypoxémie et/ou hypercapnie si épuisement respiratoire)
- DRA psychogène
- Syndrome d'hyperventilation.
Diagnostic d'une obstruction des VAS
Diagnostic clinique
- Inspection = patient paniqué, mains à son cou, bouge, n'émet aucun son, bradypnée inspiratoire (temps inspiratoire > temps expiratoire), dysphonie, si obstruction totale : mouvements respiratoires ne produisent aucun flux
- Auscultation (seulement si obstruction partielle) = bruit inspiratoire = cornage/stridor.
Principales causes d'obstruction des VAS
- Inhalation de corps étrangers (âges extrêmes +++)
- Laryngite (enfant), épiglottite (rarissime)
- Œdème de Quincke
- Sténoses trachéales (bénignes ou non)
- Tumeur laryngée.
Radiographie thoracique
DRA avec anomalie RxT | DRA sans anomalie RxT |
---|---|
Évoquer en priorité : | |
Évoquer dans un 2nd temps : |
Si probable pathologie respiratoire chronique : une fois le diagnostic de décompensation fait › identifier :
- La pathologie sous-jacente : chercher dans l'ordre
- Le facteur de décompensation.
- BPCO +++
- Affections paroi thoracique : obésité morbide, cyphose, scoliose
- Pathologies neuromusculaires : TC, lésion vasculaire ou tumorale du tronc cérébral/moelle épinière, traumatisme médullaire/rachis +++, SLA, Syndrome de Guillain Barré, neuropathies périphériques, myasthénie, myopathies
3 principaux facteurs de décompensation | Autres facteurs possibles |
---|---|
Prise en charge en urgence
Urgence thérapeutique :
Si en dehors d'une structure hospitalière › Appel du SAMU
Si à l'hôpital › Appel du réanimateur.
Prise en charge pré-hospitalière
- Appel du SAMU
- Libération des VAS
- Oxygénothérapie :
- Pose VVP de gros calibre
- Monitoring : SpO2, ECG, TA
- Traitement étiologique si diagnostic évident & réalisable en pré-hospitalier.
- Indications : SpO2 < 90% ou PAO2 < 60 mmHg
- Objectif : 90 < SpO2 < 95%
- EI : risque d'hypercapnie si DRA hypercapnique ou apparition d'une hypercapnie si exacerbation de BPCO › Risque limité par surveillance
- Explication : hypoventilation par $ stimulus hypoxémique sur centres respiratoires, modification des rapports V/P +++, effet Haldane +++
- Surveillance : SpO2, GdS entre 30min – 2h suivant l'initiation
- Arrêt : lorsque PaO2 > 60 mmHg ou SpO2 > 90% en AA dans DRA hypoxémiques, lorsque les anomalies à l'origine d'une hypoxie tissulaire sans hypoxémie sont corrigées
- Administration : masque simple, masque haute concentration ou Optiflow en 1st intention
Prise en charge hospitalière
- Hospitalisation en réanimation : surveillance continue ou soins intensifs selon gravité & évolution sous oxygénothérapie
- Ventilation mécanique :
- Principe : apporter au patient un support ventilatoire (air + O2) sous pression positive lors de l'inspiration à l'aide d'un respirateur
- Indications :
Ventilation Non-Invasive (VNI) = Masque
Ventilation Non-Invasive (VNI) = Masque | |
---|---|
Intérêt majeur | $$ infections nosocomiales respiratoires (car verrou glottique préservé) |
Indications | Défaillances respiratoires isolées chez patients coopérants Exacerbation aiguë de BPCO en acidose respiratoire OAP avec détresse respiratoire (ou VS-PEP) Insuffisance respiratoire aiguë hypoxémique de l'immunodéprimé Hypoxémie post-opératoire de chirurgie lourde Prophylaxie de l'insuffisance respiratoire aiguë post-extubation Pré-oxygénation avec IOT |
Contre indicationsI | Environnement inadapté, expertise insuffisante de l'équipe Patient non coopérant, agité, opposé à la technique Intubation imminente (sauf VNI en pré-oxygénation) Coma (sauf coma hypercapnique de l’insuffisant respiratoire chronique) Épuisement respiratoire État de choc TdR ventriculaires graves Sepsis sévère Immédiatement après ACR PNO non drainé, plaie thoracique soufflante Obstruction VAS (sauf SAOS, laryngo-trachéomalacie) Vomissements incoercibles Hémorragie digestive haute Traumatisme crânio-facial grave Tétraplégie traumatique aiguë à la phase initiale Asthme aigu grave = risque de barotraumatisme |
Critères d'échec | Inefficacité Apparition d'une CI |
Ventilation Invasive (VI) = Sonde d'intubation trachéale | |
---|---|
indications | D'emblée, chaque fois qu'il ne s'agit pas d'une défaillance respiratoire isolée : |
Syndrome de Détresse Respiratoire Aiguë de l'adulte (SDRA)
Définitions
SDRA : conséquence d'un œdème lésionnel pulmonaire, 4 critères :
- Détresse respiratoire d'évolution aiguë < 7j (exclut les aggravations aiguës des PID)
- RxT : opacités alvéolaires bilatérales diffuses à l'exclusion d'un épanchement, atélectasie, nodules
- Œdème pulmonaire dont la participation hydrostatique n'est pas prédominante
- Hypoxémie avec PaO2/FiO2 :
Gravité | PaO2/FiO2 |
---|---|
Léger | 200 – 300 mmHg(CPAP ou VI) |
Modéré | 100 – 200 mmHg(VI) |
Sévère | ≤ 100 mmHg(VI) |
Avec PEP (si ventilation assistée) ≥ 5cm H2O
Physiopathologie
Atteinte de la membrane alvéolo-capillaire
3 phases successives
- Phase exsudative :
- Hypoxémie :
- PNN activés :
- État pro-coagulant pulmonaire › Micro-thrombus capillaire › HTP & # espace mort alvéolaire
- Phase fibro-proliférative : prolifération des PII + dépôts de collagène dans espaces aériens distaux › Risque de fibrose (vers 7th – 10th j) › # Compliance pulmonaire
- Phase de résolution avec récupération ad integrum
- Lésions cellules épithéliales type I (PI) › Membrane alvéolaire dénudée + tapissée de membranes hyalines › Risque d'exportation de cette réponse inflammatoire dans la circulation systémique (surtout si ventilation mécanique ++) › Risque de défaillance multi-viscérale
- Lésions cellules épithéliales de type II (PII) › $ Production surfactant + altération clairance eau pulmonaire › Risque collapsus & atélectasie + gêne résorption œdème
- Compression ou excès de masse tissulaire lié à l'inflammation ou dénitrogénation des alvéoles › Atélectasie par collapsus des espaces aériens distaux › $ Volume pulmonaire aéré (dé-recrutement) › # Shunt intra-pulmonaire
- Vasoconstriction pulmonaire hypoxique
Les survivants ne recouvrent pas un état normal physique, psychique & fonctionnel pulmonaire.
Diagnostics différentiels
OAP cardiogénique, exacerbation d'une PID ou forme aiguë de PID.
Étiologies
Agression exogène "épithéliale"
- Pneumonie bactérienne, virale (grippe maligne, varicelle), parasitaire, fungique (pneumocystose)
- Fumées toxiques
- Liquide gastrique inhalé
- (Syndrome de Mendelson)
- Noyade
- Traumatisme thoracique
- Ischémie-reperfusion
- Lésions pulmonaires induites par ventilation mécanique
- Excès de volume & pression
Agression endogène "endothéliale"
Toute pathologie accompagnée d'une réponse inflammatoire systémique, qq soit la cause
Traitements
Non ventilatoires
- Action sur l'oxygénation sanguine :
- Apport exogène de surfactant (pas de bénéfice démontré)
- Modulation de la réponse inflammatoire pulmonaire :
- Modification de l'équilibre des fluides de part et d'autre de la membrane :
- NO inhalé
- Décubitus ventral (réduit la mortalité)
- Curares (réduit la mortalité)
- N-acétylcystéine, Kétoconazole, corticostéroïdes (pas de bénéfice démontré)
- Maintien d'un bilan hydrosodé négatif par apport restrictif en soluté de remplissage (une fois l’insuffisance circulatoire initiale contrôlée)
- Albumine (si hypoprotidémie).
Ventilatoires
- Ventilation invasive +++ : intubation trachéale = ventilation protectrice avec des petits volumes courants afin d'éviter le volo-traumatisme & le barotraumatisme
- Ventilation non invasive : si défaillance pulmonaire isolée avec facteur rapidement réversible chez patient coopérant & non encombré (en gros jamais dans le SDRA).
- Indication : tous les SDRA pendant ≥ 2 premières h
- Objectif : PaO2 = 55 – 80 mmHg
Généralités
Insuffisance respiratoire aiguë : altération aiguë de l'hématose avec survenue d'une hypoxie tissulaire, situation clinique de "détresse respiratoire".
Détresse respiratoire aiguë : ensemble des signes respiratoires de gravité d'une affection de l'appareil respiratoire (si association avec signes hémodynamique ou neurologiques = éléments supplémentaires de gravité)
- Inadéquation entre charge imposée à l'appareil respiratoire pour satisfaire au besoin ventilatoire à un instant donné et sa capacité à faire face à cette # de charge
- Devant une dyspnée aiguë › Détresse respiratoire : signe majeur de gravité › Annonce défaillance respiratoire › Arrêt cardio-circulatoire.
Physiopathologie
Atteinte de la fonction d'échange pulmonaire :
6 mécanismes impliqués dans la survenue d'une hypoxémie
- $ PiO2 (altitude)
- Shunt D/G vrai
- Effet shunt par inadéquation V/P
- Trouble diffusion
- Hypoventilation alvéolaire
- $ SvO2 (responsable d'hypoxémie seulement si associée à shunt vrai ou effet shunt)
Atteinte de la fonction pompe pulmonaire :
- Primitive : atteinte de la commande respiratoire, atteinte neuromusculaire respiratoire
- Secondaire +++ : fatigue des muscles respiratoires
Anomalie transport O2.
Diagnostic positif de DRA
Clinique
2 groupes de signes :
- Signes de lutte (compenser le déficit de ventilation) = # anormale du travail respiratoire
- Signes de faillite/fatigue (le corps galère) : défaillance neuro-musculaire du système respiratoire.
Chez tout patient présentant une DRA › Rechercher signes de gravité neurologiques et hémodynamiques.
Signes de lutte
Polypnée superficielle
- # FR > 30/min et $ volume courant (débit expiratoire)*
- Faiblesse de l'amplitude des mouvements ventilatoires thoraco-abdominaux = caractère superficiel (subjectif)
- Difficulté à parler, inefficacité de la toux*
• Bradypnée < 15/min › signe de défaillance neurologique = extrême gravité › Annonce un arrêt respiratoire imminent
Recrutement des groupes musculaires inspiratoires & expiratoires et tirage
- Expiratoires = expiration abdominale active (surtout dans pathologie obstructive ++)
- Inspiratoires (hors diaphragme) :
- Muscles dilatateurs des VAS : battement des ailes du nez = contraction phasique inspiratoire des muscles Alae nasi (dilatateurs des orifices narinaires externes), surtout chez petit enfant ++.
- Pouls inspiratoire : visibilité anormale de la contraction des muscles du cou (scalènes & SCM)
- Tirage : visibilité anormale de la contraction des muscles intercostaux
- Raccourcissement inspiratoire de la trachée extra-thoracique : signe de Campbell
- Fait redouter une défaillance ventilatoire car ces muscles n'ont pas l'équipement enzymatique pour se contracter de façon soutenue sur une période prolongée (≠ diaphragme)
Signes de faillite
Respiration abdominale paradoxale = Faillite de la pompe musculaire ventilatoire
- Recul de la paroi abdominale à l'inspiration, asynchronisme thoraco-abdominal › Traduit défaillance diaphragme
- Risque de défaillance à court terme › Discuter l'assistance ventilatoire immédiate (au minimum admission dans une structure qui en dispose)
Cyanose = Faillite de l'oxygénation
- Coloration bleutée des téguments & muqueuse
- Lorsque Hb réduite > 5 g/dL (dans sang capillaire)
- Traduit une hypoxémie profonde (45 à 50 mmHg)
- Peu Se mais Sp +++
- La SpO2 alerte plus précocement
- Oxygénothérapie immédiate (idem si SpO2 < 90%)
Retentissement neurologique
- Signes évoquant une hypercapnie :
- Suivi de la profondeur d'un coma grâce au score de Glasgow › Si altération marquée de la vigilance (Glasgow < 9) = indication d'assistance respiratoire (IOT) pour protéger d'une inhalation d'origine digestive.
- Asterixis = flapping tremor = abolition transitoire du tonus de posture
- Altération du comportement et de la vigilance = signe majeur de gravité = hypoxie cérébrale ou hypercapnie › Rechercher agitation, confusion, DTS, ralentissement idéo-moteur, obnubilation, troubles de conscience
Appareil circulatoire
4 Signes circulatoires à rechercher systématiquement :
Cœur pulmonaire aigu = Survenue brutale d'une HTP
- Signes d'ICD : TJ, RHJ, HMG douloureuse, signe de Harzer
- Évoque : EP massive, PNO compressif, AAG, tamponnade
Pouls paradoxal
- $ PAS lors de l'inspiration
- Difficile à rechercher (mesure invasive = KT artériel)
- Évoque : AAG, tamponnade
Signes en rapport avec une hypercapnie
- Dus à effet vasodilatateur du CO2 : céphalées, hyper-vascularisation des conjonctives
- Dus à réaction adrénergique "au stress hypercapnique" : tremblements, tachycardie, HTA, hypercrinie (sueurs, hypersialorrhée, encombrement)
Insuffisance circulatoire ou État de choc
Hypoperfusion tissulaire › hypoxie touchant tous les organes › Signes d'hypoperfusion tissulaire périphérique & signes témoignant de l'anoxie :
- Peau froide, marbrures, #TRC
- hTA : PAS < 90 mmHg ou ayant $ de > 50 mmHg
- FC > 120/min
- FR > 25 – 30/min
- Oligurie
- Confusion, altération de la vigilance.
Paraclinique
Systématiquement :
- SpO2 : < 90% › Valeur d'orientation
- GdS (gaz du sang) : orientation étiologique & gravité (pH < 7,35, PaO2 < 60 mmHg, PaCO2 > 45 mmHg)
- Lactates : # (gravité)
- RxT de face
En fonction de l'orientation ou des résultats des examens précédents :
- NFS-Plq :
- Biomarqueurs :
- ECG : TdC, TdR › OAP, EP
- ETT › OAP, EP...
- Fibroscopie bronchique › Prélèvements, obstruction des VA
- Prélèvements microbiologiques › Infection
- TDMt › EP, atteinte parenchymateuse...
- TDM cervical › Obstruction des VA.
- Anémie › DRA liée à hypoxie tissulaire, OAP sur IC à haut débit ou cardiopathie préexistante décompensée par l'anémie
- Polyglobulie › DRA sur insuffisance respiratoire chronique
- Leucocytose › Infection
- Thrombopénie › DRA secondaire à un sepsisExplication : sepsis › sidération médullaire centrale ($$ plaquettes) + consommation plaquettes › risque de CIVD
- #Troponine/BNP/NT-proBNP › OAP cardiogénique, EP, DRA sur insuffisance respiratoire chronique avec décompensation cardiaque Dt,
- PCT › Infection, SIRS non infectieux, polytraumatisme, post-opératoire...
Diagnostic étiologique
DRA hypoxémiques (type I)
Inadéquation V/P Shunt Troubles diffusion PaO2 < 60 mmHg SpO2 < 90% en AA (air ambiant) |
DRA hypercapniques (type II)
Hypoventilation alvéolaire PaCO2 > 45 mmHg pH < 7,35 |
DRA sans hypoxémie avec hypoxie
TaO2 $ Respiration cellulaire › # Lactates = acidose métabolique |
DRA sans hypoxémie, sans hypoxie
- Obstruction VAS, trachée ou bronches (évolution possible vers hypoxémie et/ou hypercapnie si épuisement respiratoire)
- DRA psychogène
- Syndrome d'hyperventilation.
Diagnostic d'une obstruction des VAS
Diagnostic clinique
- Inspection = patient paniqué, mains à son cou, bouge, n'émet aucun son, bradypnée inspiratoire (temps inspiratoire > temps expiratoire), dysphonie, si obstruction totale : mouvements respiratoires ne produisent aucun flux
- Auscultation (seulement si obstruction partielle) = bruit inspiratoire = cornage/stridor.
Principales causes d'obstruction des VAS
- Inhalation de corps étrangers (âges extrêmes +++)
- Laryngite (enfant), épiglottite (rarissime)
- Œdème de Quincke
- Sténoses trachéales (bénignes ou non)
- Tumeur laryngée.
Radiographie thoracique
DRA avec anomalie RxT | DRA sans anomalie RxT |
---|---|
Évoquer en priorité : | |
Évoquer dans un 2nd temps : |
Si probable pathologie respiratoire chronique : une fois le diagnostic de décompensation fait › identifier :
- La pathologie sous-jacente : chercher dans l'ordre
- Le facteur de décompensation.
- BPCO +++
- Affections paroi thoracique : obésité morbide, cyphose, scoliose
- Pathologies neuromusculaires : TC, lésion vasculaire ou tumorale du tronc cérébral/moelle épinière, traumatisme médullaire/rachis +++, SLA, Syndrome de Guillain Barré, neuropathies périphériques, myasthénie, myopathies
3 principaux facteurs de décompensation | Autres facteurs possibles |
---|---|
Prise en charge en urgence
Urgence thérapeutique :
Si en dehors d'une structure hospitalière › Appel du SAMU
Si à l'hôpital › Appel du réanimateur.
Prise en charge pré-hospitalière
- Appel du SAMU
- Libération des VAS
- Oxygénothérapie :
- Pose VVP de gros calibre
- Monitoring : SpO2, ECG, TA
- Traitement étiologique si diagnostic évident & réalisable en pré-hospitalier.
- Indications : SpO2 < 90% ou PAO2 < 60 mmHg
- Objectif : 90 < SpO2 < 95%
- EI : risque d'hypercapnie si DRA hypercapnique ou apparition d'une hypercapnie si exacerbation de BPCO › Risque limité par surveillance
- Explication : hypoventilation par $ stimulus hypoxémique sur centres respiratoires, modification des rapports V/P +++, effet Haldane +++
- Surveillance : SpO2, GdS entre 30min – 2h suivant l'initiation
- Arrêt : lorsque PaO2 > 60 mmHg ou SpO2 > 90% en AA dans DRA hypoxémiques, lorsque les anomalies à l'origine d'une hypoxie tissulaire sans hypoxémie sont corrigées
- Administration : masque simple, masque haute concentration ou Optiflow en 1st intention
Prise en charge hospitalière
- Hospitalisation en réanimation : surveillance continue ou soins intensifs selon gravité & évolution sous oxygénothérapie
- Ventilation mécanique :
- Principe : apporter au patient un support ventilatoire (air + O2) sous pression positive lors de l'inspiration à l'aide d'un respirateur
- Indications :
Ventilation Non-Invasive (VNI) = Masque
Ventilation Non-Invasive (VNI) = Masque | |
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Intérêt majeur | $$ infections nosocomiales respiratoires (car verrou glottique préservé) |
Indications | Défaillances respiratoires isolées chez patients coopérants Exacerbation aiguë de BPCO en acidose respiratoire OAP avec détresse respiratoire (ou VS-PEP) Insuffisance respiratoire aiguë hypoxémique de l'immunodéprimé Hypoxémie post-opératoire de chirurgie lourde Prophylaxie de l'insuffisance respiratoire aiguë post-extubation Pré-oxygénation avec IOT |
Contre indicationsI | Environnement inadapté, expertise insuffisante de l'équipe Patient non coopérant, agité, opposé à la technique Intubation imminente (sauf VNI en pré-oxygénation) Coma (sauf coma hypercapnique de l’insuffisant respiratoire chronique) Épuisement respiratoire État de choc TdR ventriculaires graves Sepsis sévère Immédiatement après ACR PNO non drainé, plaie thoracique soufflante Obstruction VAS (sauf SAOS, laryngo-trachéomalacie) Vomissements incoercibles Hémorragie digestive haute Traumatisme crânio-facial grave Tétraplégie traumatique aiguë à la phase initiale Asthme aigu grave = risque de barotraumatisme |
Critères d'échec | Inefficacité Apparition d'une CI |
Ventilation Invasive (VI) = Sonde d'intubation trachéale | |
---|---|
indications | D'emblée, chaque fois qu'il ne s'agit pas d'une défaillance respiratoire isolée : |
Syndrome de Détresse Respiratoire Aiguë de l'adulte (SDRA)
Définitions
SDRA : conséquence d'un œdème lésionnel pulmonaire, 4 critères :
- Détresse respiratoire d'évolution aiguë < 7j (exclut les aggravations aiguës des PID)
- RxT : opacités alvéolaires bilatérales diffuses à l'exclusion d'un épanchement, atélectasie, nodules
- Œdème pulmonaire dont la participation hydrostatique n'est pas prédominante
- Hypoxémie avec PaO2/FiO2 :
Gravité | PaO2/FiO2 |
---|---|
Léger | 200 – 300 mmHg(CPAP ou VI) |
Modéré | 100 – 200 mmHg(VI) |
Sévère | ≤ 100 mmHg(VI) |
Avec PEP (si ventilation assistée) ≥ 5cm H2O
Physiopathologie
Atteinte de la membrane alvéolo-capillaire
3 phases successives
- Phase exsudative :
- Hypoxémie :
- PNN activés :
- État pro-coagulant pulmonaire › Micro-thrombus capillaire › HTP & # espace mort alvéolaire
- Phase fibro-proliférative : prolifération des PII + dépôts de collagène dans espaces aériens distaux › Risque de fibrose (vers 7th – 10th j) › # Compliance pulmonaire
- Phase de résolution avec récupération ad integrum
- Lésions cellules épithéliales type I (PI) › Membrane alvéolaire dénudée + tapissée de membranes hyalines › Risque d'exportation de cette réponse inflammatoire dans la circulation systémique (surtout si ventilation mécanique ++) › Risque de défaillance multi-viscérale
- Lésions cellules épithéliales de type II (PII) › $ Production surfactant + altération clairance eau pulmonaire › Risque collapsus & atélectasie + gêne résorption œdème
- Compression ou excès de masse tissulaire lié à l'inflammation ou dénitrogénation des alvéoles › Atélectasie par collapsus des espaces aériens distaux › $ Volume pulmonaire aéré (dé-recrutement) › # Shunt intra-pulmonaire
- Vasoconstriction pulmonaire hypoxique
Les survivants ne recouvrent pas un état normal physique, psychique & fonctionnel pulmonaire.
Diagnostics différentiels
OAP cardiogénique, exacerbation d'une PID ou forme aiguë de PID.
Étiologies
Agression exogène "épithéliale"
- Pneumonie bactérienne, virale (grippe maligne, varicelle), parasitaire, fungique (pneumocystose)
- Fumées toxiques
- Liquide gastrique inhalé
- (Syndrome de Mendelson)
- Noyade
- Traumatisme thoracique
- Ischémie-reperfusion
- Lésions pulmonaires induites par ventilation mécanique
- Excès de volume & pression
Agression endogène "endothéliale"
Toute pathologie accompagnée d'une réponse inflammatoire systémique, qq soit la cause
Traitements
Non ventilatoires
- Action sur l'oxygénation sanguine :
- Apport exogène de surfactant (pas de bénéfice démontré)
- Modulation de la réponse inflammatoire pulmonaire :
- Modification de l'équilibre des fluides de part et d'autre de la membrane :
- NO inhalé
- Décubitus ventral (réduit la mortalité)
- Curares (réduit la mortalité)
- N-acétylcystéine, Kétoconazole, corticostéroïdes (pas de bénéfice démontré)
- Maintien d'un bilan hydrosodé négatif par apport restrictif en soluté de remplissage (une fois l’insuffisance circulatoire initiale contrôlée)
- Albumine (si hypoprotidémie).
Ventilatoires
- Ventilation invasive +++ : intubation trachéale = ventilation protectrice avec des petits volumes courants afin d'éviter le volo-traumatisme & le barotraumatisme
- Ventilation non invasive : si défaillance pulmonaire isolée avec facteur rapidement réversible chez patient coopérant & non encombré (en gros jamais dans le SDRA).
- Indication : tous les SDRA pendant ≥ 2 premières h
- Objectif : PaO2 = 55 – 80 mmHg