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Insuffisance rénale chronique chez l'adulte et l'enfant

Objectifs

  • Définir le stade d’une maladie rénale chronique.
  • Connaître les facteurs de progression des maladies rénales chroniques et les mesures thérapeutiques adaptées.
  • Diagnostiquer les complications des maladies rénales chroniques et connaître le principe de leur traitement.
  • Expliquer les modalités des traitements de suppléance de l’insuffisance rénale terminale.

Point clés

DÉFINITIONS DE L’IRC

Diminution progressive et irréversible du DFG.

ÉPIDÉMIOLOGIE DES MRC

  • Incidence : environ 150/million et par an en France – 2 x plus fréquents chez l’homme.
  • Causes les plus fréquentes : N Vasculaires, diabétiques, glomérulonéphrites

DIAGNOSTIC D’UNE MALADIE RÉNALE CHRONIQUE

Diagnostic de l’IRC

  • Insuffisance rénale diagnostiquée par calcul du DFG (formule MDRD ++).
  • Recherche de signes de néphropathie associés (protéinurie, hématurie…), d’anomalies sur les voies excrétrices (échographie ++).
  • Caractère chronique :
  • insuffisance rénale depuis > 3 mois ;
  • taille des reins diminuée ;
  • critères biologiques : anémie normochrome, normocytaire, arégénérative, hypo- calcémie.

Stades de la MRC

Diagnostic étiologique

  • Rechercher un obstacle.
  • Rechercher un syndrome glomérulaire : maladie générale (diabète, amylose, lupus…) + protéinurie > 1 g/j majoritaire en albumine ± hématurie (Biopsie rénale si possible).
  • Rechercher un syndrome interstitiel : Antécédents urologiques et/ou infectieux, protéinurie < 1 g/24 h, leucocyturie, acidose, absence d’HTA.
  • Rechercher une néphropathie vasculaire : contexte athéromateux, HTA, syndrome urinaire pauvre (écho-doppler des artères rénales ++).
  • Rechercher une néphropathie héréditaire (polykystose, Alport).

Évaluer et prendre en charge les facteurs de progression

  • Facteurs de progression : Protéinurie – HTA.
  • Cibles : protéinurie < 0,5 g/j et PA < 130/80 mmHg. PA < 140/90 mmHg si pas de protéi- nurie.
  • Moyens : blocage du SRA avec IEC (sauf diabète de type 2 = ARA2) – Associé à régime désodé (< 6 g NaCl/j)± diurétiques.
  • Surveillance : clinique (PA) et biologique (créatininémie, K, protéinurie).
  • Autres moyens :
  • restriction protidique modérée (0,8 à 1 g/kg/j) ;
  • éviter les épisodes de néphrotoxicité (PCI, médicaments néphrotoxiques…).

Rechercher et prendre en charge les facteurs de RCV associés (++)

HTA, tabagisme, dyslipidémies, diabète, inactivité physique, obésité…

COMPLICATIONS DE L’IRC ET PRISE EN CHARGE

Les conséquences cardio-vasculaires de l’IRC

  • HTA volodépendante (fréquente ++).
  • Lésions artérielles accélérées : 50 % des décès liés à infarctus du myocarde ++, AVC, ACOMI.
  • Atteinte cardiaque : HVG (HTA, anémie), calcifications valvulaires et coronariennes; cardio- pathie urémique (ischémie, toxines urémiques…) ; péricardite urémique.

Les troubles du métabolisme P-Ca et osseux

  • Hyperparathyroïdie, précoce.
  • Hypocalcémie, hyperphosphatémie.
  • Acidose métabolique aggravant les lésions osseuses :
  • maladie osseuse rénale = ostéomalacie (diminution de la formation osseuse 2aire au déficit en vit. D) et ostéite fibreuse (destruction osseuse accélérée 2aire à HPT) ;
  • prévention et traitement : vitamine D native, apports calciques, complexants du phosphore, dérivés actifs de la vitamine D en l’absence d’hyperphosphorémie ;
  • objectifs de traitement : calcémie et phosphorémie normales, PTH modérément augmentée.

ACIDOSE MÉTABOLIQUE

  • Conséquences : catabolisme protéique musculaire excessif ; aggravation des lésions osseuses, risque d’hyperkaliémie.
  • Prévention : bicarbonatémie > 22 mmol/L ; (bicarbonate de sodium ou eau de Vichy).

Les conséquences métaboliques, endocriniennes et nutritionnelles

  • Dénutrition protéino-énergétique : prise en charge diététique indispensable.
  • Hyperuricémie : souvent asymptomatique – Si crise de goutte, doit être traitée.
  • Hyperlipidémie.
  • Modifications des hormones sexuelles.

Les conséquences hématologiques de l’IRC

  • Anémie normochrome normocytaire arégénérative :
  • Troubles de l’hémostase primaire.
  • Déficit immunitaire.
  • traitement : si hémoglobinémie est ≤ 11 g/dl de façon stable ;
  • corriger une carence martiale (apports en fer per os, ou par voie IV) ;
  • administration d’érythropoïétine, voie S/C ;
  • objectif : hémoglobinémie 1 à 12 g/dl ;
  • indication des transfusions exceptionnelle.

Les troubles hydro-électrolytiques

  • Rétention hydrosodée (HTA volodépendante) d’où éviter :
  • Risque d’hyperkaliémie favorisée par :
  • apports sodés excessifs (supérieurs à 6 g NaCl/jour)
  • apports hydriques excessifs source d’hyperhydratation intracellulaire (hyponatrémie).
  • acidose métabolique ;
  • prise de médicaments : IEC, ARA2, AINS, diurétiques épargneurs de K+ ;
  • des apports excessifs.

Les autres conséquences de l’IRC évoluée

  • Digestives : nausées, vomissements, gastrite et ulcère (IPP).
  • Neuromusculaires : crampes, troublesdusommeil, polynévrites urémiques, encéphalopathie urémique, encéphalopathie hypertensive.

LE TRAITEMENT DE SUPPLÉANCE DE LA FONCTION RÉNALE

Techniques

  • Transplantation rénale (préparation du donneur éligible, QS).
  • Hémodialyse (création précoce d’un abord vasculaire : fistule artério-veineuse).
  • Dialyse péritonéale.

Mise en route du traitement

  • Information (patient et entourage ++), vaccination (anti-hépatite B).
  • Repose sur des critères cliniques (tolérance, qualité de vie, anorexie, surcharge hydrosodée, etc.) et biologiques (toxicité urémique, troubles électrolytiques).
  • Le DFGe est un des éléments de la décision, mais pas le seul.
  • Début en général entre 5 et 10 ml/min/1,73 m2 de DFGe.

Diagnostic

Généralité

Définition

  • IRC : progressive et irréversible du DFG,
  • Maladie rénale chronique :
  • Peut aboutir à l’IRT et au décès
  • Anomalie rénale fonctionnelle ou structurelle évoluant > 3 mois (anomalie morphologique cliniquement significative, histologique ou dans la composition du sang ou de l’urine secondaire à une atteinte rénale) et/ou DFG < 60 ml/min/1,73m2 > 3 mois.

Causes d’IRT

  • Néphropathies vasculaires et hypertensives (25%)
  • Néphropathies diabétiques (30%) essentiellement DT2,
  • GN chroniques (10%),
  • Néphropathies héréditaires (8%) essentiellement polykystose rénale AD,
  • NTIC (< 5%)
  • Néphropathies d’origine indéterminée (20%)

Populations à risque : justifiant un dépistage annuel ++

  • Diabète,
  • HTA traitée ou non,
  • Âge > 60 ans,
  • Obésité : IMC > 30 kg/m2,
  • Insuffisance cardiaque,
  • Maladie de système ou auto-immune (lupus vascularites, PR)
  • ATCD familiaux de maladie rénale,
  • Affection urologique (uropathie obstructive, infections ou lithiases récidivantes)
  • ATCD de néphropathie aiguë,
  • Exposition à des toxiques professionnels (plomb, cadmium, mercure)
  • Traitements néphrotoxiques antérieures (AINS, PCI, CT, RT…)

Étapes diagnostiques

  • Affirmer la MRC
  • Préciser son stade et son rythme évolutif,
  • Faire le diagnostic étiologique,
  • Evaluer et prendre en charge les facteurs de progression,
  • Rechercher le retentissement, si le DFG < 60 ml/min/1,73m2
  • Rechercher les facteurs de risque cardio-vasculaires,

1ère étape : affirmer la MRC

Maladie rénale : pour l’affirmer il faut avoir et savoir s’il existe

  • DFG,
  • Protéinurie (ou albuminurie)
  • Anomalie du sédiment urinaire (hématurie ou leucocyturie)
  • Anomalie morphologique des reins ou des voies excrétrices

DFG

  • Cockcroft et Gault,
  • MDRD,
  • CKD-EPI

Caractère chronique : critères non utilisables pour une IR modérée

Anamnèse

  • ATCD de maladie rénale,
  • Nature de la maladie rénale,
  • Antériorité de créatininémie élevée,
  • Présence ancienne d’une protéinurie ou d’anomalies du sédiment urinaire (hématurie, leucocyturie),

Morphologie : taille des reins

  • Grand axe ≤ 10 cm à l’échographie,
  • ≤ 3 vertèbres sur l’ASP

Biologie

  • Anémie : normochrome normocytaire arégénérative (défaut EPO), parfois profonde, mais bien tolérée car chronique,
  • Hypocalcémie : par carence en vitamine D active (défaut d’hydroxylation 1α rénale)

Exceptions…

  • IRC avec gros rein ou de taille normale :
  • IRC sans hypocalcémie : + IRC sans anémie : PKRAD
  • IRA avec hypocalcémie :
  • IRA avec anémie :
  • Diabète ++
  • Hydronéphrose bilatérale,
  • Polykystose rénale AD,
  • Amylose,
  • HIVAN,
  • Myélome
  • Sarcoïdose et autres granulomatose
  • Rhabdomyolyse,
  • Syndrome de lyse tumorale,
  • Syndrome hémolytique et urémique,
  • Choc hémorragique,

2e étape : préciser le stade la MRC

Stades

StadeDescriptionDFG (ml/min/1,73 m2)
1Maladie rénale chronique* avec fonction rénale normale≥ 90
2Maladie rénale chronique* avec insuffisance rénale légère60-89
3AInsuffisance rénale modérée45-59
3BInsuffisance rénale modérée30-44
4Insuffisance rénale sévère15-29
5Insuffisance rénale terminale< 15
  • MRC 5 ne veut pas dire dialyse +++
  • Malade dialysé = 5D
  • Malade transplanté rénal = stade …R

Déclin annuel : DFG annéen – DFG annéen+1

  • Physiologique après 40 ans : < 2 ml/min/1,73m2/an
  • Modéré : ≥ 2 et < 5 ml/min/1,73m2/an
  • Rapide : ≥ 5 ml/min/1,73m2/an
  • Néphropathie diabétique mal contrôlée : 1 ml/min/mois, soit 12 ml/min/an,
  • Polykystose rénale : 0,5 ml/min/mois, soit 6 ml/min/an,
StadeConduite à tenir
1 et 2
3A
3B
4
5

3e étape : faire le diagnostic étiologique

Démarche : post-rénale, pré-rénale, rénale

  • Anamnèse et examen clinique,
  • Echographie rénale,
  • Protéinurie :
  • Sédiment urinaire
  • Quantifiée sur un recueil d’urine des 24 h, ou avec le rapport protéine / créatinine urinaire sur un échantillon d’urine,
  • Composition : électrophorèse

+ La protéinurie clinique peut-être définie :

– un ratio albuminurie/créatininurie > 300 mg/g ou 30 mg/mmol

– un ratio protéinurie/créatininurie > 500 mg/g ou 50 mg/mmol

– ou une protéinurie des 24 h > 0,5 g

Origine obstructive

  • Toutes causes d’obstacle chronique négligé peuvent aboutir à une IRC.
  • Plus il sera levé tardivement et plus la récupération de la fonction rénale sera incomplète.
  • Examen clinique (touchers pelviens) et échographie des reins et voies excrétrices systématiques.
  • Qualité de la vidange vésicale : résidu vésical postmictionnel

Origine glomérulaire

  • Interrogatoire :
  • Syndrome glomérulaire :
  • Contexte de maladie générale : diabète, lupus…
  • ATCD de protéinurie ou hématurie (médecine scolaire ou du travail, grossesse)
  • Protéinurie, avant tout faite d’albumine (> 50%) ± sd néphrotique,
  • Hématurie microscopique avec hématies déformées et cylindres hématiques,
  • HTA et rétention hydrosodée particulièrement fréquentes,

Origine interstitielle

Interrogatoire :

  • ATCD urologiques : infections urinaires hautes,
  • Médicaments néphrotoxiques : antalgiques,
  • Exposition à des toxiques,

Syndrome interstitielle

  • Protéinurie généralement < 1 g/24h de type tubulaire (sans albuminurie),
  • Leucocyturie aseptique,
  • Acidose hyperchlorémique avec trou anionique normal,
  • HTA et rétention hydrosodée plus tardives,

Étiologies

Infections urinaires hautesFavorisées par une malformation urologique ou des lithiases
Causes toxiquesAnalgésiques, AINS, plomb, lithium
Anomalies métaboliquesHypokaliémie chronique, goutte, oxalose, cystinose Maladies kystiques héréditaires, néphronophtise

Origine vasculaire

Interrogatoire

  • HTA ancienne et mal contrôlée,
  • FdR vasculaire : tabagisme, diabète, hyperchol., ATCD familiaux
  • ATCD CV : AVC, coronaropathie, artérite,
  • Dégradation de la fonction rénale sous IEC / ARAII ++

Examen clinique

  • Abolition de pouls,
  • Souffle sur les trajets vasculaires,
  • Anomalies vasculaires au FO,

Examens complémentaires

  • Echo-Doppler des artères rénales : sténoses des artères rénales, index de résistance vasculaire intrarénale,
  • HVG : ECG, ETT,

Étiologies

  • Sténoses des artères rénales,
  • Néphrangiosclérose,
  • Emboles de cristaux de cholestérol

Origine héréditaire

  • Interrogatoire : ATCD familiaux, arbre généalogique,
  • Etiologies :
  • Polykystose rénale AD,
  • Syndrome d’Alport de transmission en général liée à l’X,

4e étape : évaluer et prendre en charge les facteurs de progression

Généralités : ralentir la progression par

  • Contrôle strict de la PA,
  • Protéinurie,
  • IEC / ARAII,
  • Prévention des épisodes d’IRA et de la néphrotoxicité,
  • Restriction protidique modérée et adaptée au patient,
  • Contrôle métabolique du diabète s’il existe,
  • Arrêt du tabac

Contrôle tensionnel et de la protéinurie

Objectif PA

  • < 130/80 mmHg si MRC et albuminurie ≥ 30 mg/24h,
  • < 140/90 mmHg si MRC et albuminurie < 30 mg/24h,
  • > 110 mmHg de PAS dans tous les cas.

Conditions de mesures

  • Automesure tensionnelle,
  • MAPA,
  • Au cabinet, recherche d’hypoTA orthostatique,

Traitement

  • Restriction sodée :
  • Blocage SRAA :
  • Si protéinurie sans HTA :
  • Eviter association IEC-ARA2 et/ou inhibiteur de la rénine
  • 100 mmol/j (6g NaCl/j) permet une amélioration du contrôle de la PA chez les patients ayant une MRC.
  • Suivi : natriurèse des 24h (1 g d’apport de sel correspondant à 17 mmol de Na éliminé dans les urines)
  • IEC ou ARAII si intolérance, en 1ère intention,
  • Si diabétique dès que albuminurie ≥ 30 mg/24h
  • Si non diabétique dès que albuminurie ≥ 300 mg/24h (soit protéinurie d’environ 0,5 g/24h)
  • Entraine PA et protéinurie (par Pcapillaire glomérulaire)
  • Utiliser un bloqueur du SRAA,
  • Cible : protéinurie < 0,5 g/24h
  • PAS > 110 mmHg

Utilisation des traitements

  • Précautions :
  • Début :
  • Dosage : créatininémie et kaliémie 7 à 15 jours après introduction ou tout changement de posologie,
  • Surveillance : à posologie stable, à 1 mois,
  • Cibles thérapeutiques atteintes ou non :
  • Hypotension à l’introduction ou doses,
  • IRA possible hypovolémie efficace concomitante,
  • Hyperkaliémie,
  • Débuter par une posologie basse,
  • Puis progressivement par paliers de 2 à 4 semaines, Surtout si âgé et fonction rénale altérée,
  • Jusqu’à atteinte des cibles thérapeutiques,
  • créatininémie 10 à 20% = efficacité du traitement,
  • créatininémie > 30% : arrêt temporaire de l’IEC ou ARA2, et réintroduction progressive après avoir écarté une sténose d’artère rénale,
  • Si hyperkaliémie > 6 mmol/L : arrêt temporaire
  • Si kaliémie entre 5 et 6 mmol/L : rechercher écart diététique puis conseiller un traitement diurétique hypokaliémiant,
  • PA,
  • Protéinurie des 24h,
  • Kaliémie et créatininémie,
  • Education +++ à l’arrêt des diurétiques et du bloqueur du SRA en cas de DEH aiguë (ex : gastro-entérite virale), pour éviter une IRA fonctionnelle sévère.
  • Atteinte : poursuite,
  • PA > 130/80 mmHg :
  • Protéinurie > 0,5 g/24h :
  • Vérifier observance et restriction sodée (natriurèse 24h)
  • Au besoin, DIU thiazidique (si DFG > 30 ml/mn) ou de l’anse (si DFG ≤ 30 ml/mn) en complément des IEC
  • Si échec, associer une autre classe thérapeutique (β- bloquant ou AC) et demander un avis spécialisé néphrologique.
  • progressive IEC ou ARAII si bonne tolérance clinique (PA > 110 mmHg)

Prévention des épisodes d’IRA

FacteurCausesCaractéristiques
Déshydratation extracellulaireDiurétiques Vomissements DiarrhéeRéversibilité après apport de sel et d’eau
Médicaments à effets hémodynamiquesAINS IEC ++ ARA 2Hypovolémie associée ++ Sténose des artères rénales, ou lésions vasculaires graves Réversibilité à l’arrêt
ObstacleToutes les causes d’obstacleRéversibilité après lever d’obstacle
Produits toxiquesProduits de contraste iodésNécessité d’une hydratation ++ Peser les indications
Médicaments néphrotoxiquesRespecter les règles de prescription (cf. question 181, chapitre 21)
Pathologie surajoutéePyélonéphrite aiguë Néphropathie vasculaire surajoutéeRéversibilité après traitement spécifique

Restriction protidique

  • Environ 0,8 à 1 g/kg/jour si DFG < 60 ml/min,
  • Apport calorique suffisant : 30 à 35 kcal/kg/j
  • Prise en charge diététique initiale et suivi diététique régulier,
  • Surveillance régulière de l’état nutritionnel

Contrôle métabolique du diabète

  • Contrôle optimal : permet
  • Cibles : HbA1c,
  • Eviter la survenue de l’atteinte rénale,
  • Ralentir la progression de l’atteinte rénale si elle est présente,
  • Nécessite souvent l’utilisation de l’insuline à des stades avancés de MRC (stade 3B, 4 ou 5).
  • 6,5% : sujets jeunes DT1,
  • 7 à 7,5% : sujets âgés fragiles.

Arrêt du tabac : +++

6e étape : rechercher les facteurs de risque CV associés

  • MRC = très haut risque CV ++
  • Mortalité CV d’un patient atteint de MRC est bien supérieur au risque d’IRT

Complications

Généralités

Fonctions du rein

  • Elimination de toxines, notamment dérivées du catabolisme azoté
  • Homéostasie (régulation bilan hydroélectrolytique et équilibre acide-base)
  • Fonction endocrine avec synthèse de rénine, d’EPO et vitamine D active

Complications : liées à l’altération de la fonction rénale

  • HTA et troubles CV,
  • Troubles du métabolisme phosphocalcique,
  • Acidose métabolique,
  • Dénutrition,
  • Anémie,
  • Hyperkaliémie,
  • Autres complications plus tardives, que chez des patients pour qui le traitement de suppléance est débuté trop tard ou inefficace

Conséquences cardio-vasculaires

HTA

  • Précoce, précédant souvent l’IR surtout si néphropathies glomérulaires ou vasculaires et polykystose.
  • Facteurs majeurs de progression de l’IRC,
  • Volo-dépendante, justifiant le régime pauvre en sel et l’utilisation des diurétiques dans l’HTA de l’IRC.

Lésions artérielles accélérées : athérosclérose et artériosclérose

  • FdR communs : HTA, dyslipidémie précoce, tabagisme, diabète, âge,
  • FdR spécifiques de l’IRC :
  • Cardiopathie ischémique, AVC, AOMI…
  • Troubles du métabo. phosphocalcique (médiacalcose),
  • Hyperhomocystéinémie (métabolisme rénal de l’homocystéine)
  • Anémie,
  • Insulino-résistance,
  • Toxines urémiques

Atteinte cardiaque

  • HVG secondaire à l’HTA et anémie,
  • Calcifications valvulaires et coronariennes,
  • Cardiopathie urémique plurifactorielle (ischémie, toxines urémiques…)
  • Péricardite urémique exceptionnellement observée

Troubles du métabolisme phospho-calcique et osseux

Phospho-calcique

  • Hyperparathyroïdie secondaire, précoce,
  • Hypovitaminose D active par 1-α hydroxylase rénale (aussi par placenta)
  • Hypocalcémie, tardive,
  • Hyperphosphatémie, tardive par excrétion rénale des phosphates,
  • Acidose métabolique aggrave les lésions osseuses,

Maladies osseuses rénales

  • Ostéomalacie :
  • Ostéite fibreuse :
  • Douleurs osseuses,
  • Imagerie : déminéralisation, stries de Looser-Milkman ++
  • Concentration de la 1,25 (OH)2 vit D3,
  • Douleurs osseuses, fractures pathologiques,
  • Résorption des extrémités osseuses : phalanges et clavicules,
  • Lacunes au niveau des phalanges des doigts, déminéralisation,
  • PTH > 3 fois la normale.

Prévention

  • Apports calciques suffisants : 1 g/jour,
  • Apports en vitamine D : si carence documentée,
  • Restriction des apports alimentaires en phosphore,
  • Chélateurs du phosphore : rarement nécessaire avant le MRC 5
  • Agoniste CaSR : Cinacalcet, Mimpara®
  • Parathyroïdectomie : si hyperparathyroïdie tertiaire non freinable,
  • Vit D native :
  • 25OH vit D : Calcidiol, Dedrogyl®
  • 1-25 (OH)2 vit D3 : Calcitriol, Rocaltrol®
  • 1-α OH vit D3 : αcalcidiol, Un-Alfa®
  • Métabolites actifs en l’absence d’hyperphosphatémie (MRC 5),
  • Cholécalciférol (D3 animale) : Uvedose®, ZygmaD®
  • Ergocalciférol (D2 végétale) : Stérogyl®
  • Sels de Ca++ :
  • Sels de Mg++
  • Sels d’Al+++ : en courte période et jamais au long cours (démence irréversible et toxicité hématopoïétique)
  • Sevelamer : résine associé au carbonate, Renvela®
  • Lanthane, Fosrenol®
  • Carbonate de calcium : Rocal®
  • Citrate de calcium : Cacit®

Objectifs

  • Calcémie normale,
  • Phosphorémie < 1,5 mmol/L
  • PTH 2 à 9 fois la normale

Troubles de l’équilibre acido-basique : acidose métabolique ++

Acidose métabolique : défaut d’élimination de la charge acide, en général modérée

  • Bicarbonates,
  • Faible du trou anionique,
  • pH conservé jusqu’à un stade évolué des MRC

Acidose métabolique chronique

  • Catabolisme protéique musculaire excessif,
  • Aggravation des lésions d’ostéodystrophie rénale,
  • Majoration du risque d’hyperkaliémie

Traitement : correction de l’acidose métabolique

  • Bicarbonatémie > 22 mmol/L
  • Utilisation d’alcalinisants :
  • Bicarbonate de sodium : gélules de NaHCO3 à 0,5 ou 1g
  • Eau de Vichy : 0,5 à 1L/j, risque de fluorose sur le long terme,

Conséquences métaboliques, endocriniennes et nutritionnelles

Dénutrition protéino-énergétique

  • Spontanée des apports alimentaires proportionnelle au degré de l’IRC,
  • Catabolisme protéique, surtout car acidose,
  • Synthèses protéiques, par résistance périphérique à l’action anabolisante de l’insuline
  • Dénutrition ++ au stade terminal : albumine, pré-albumine…
  • Prise en charge diététique :
  • Apports caloriques suffisants ≥ 30 kcal/kg/jour,
  • Eviter les carences protéiques, notamment dans le cadre de la restriction protéique prescrite pour ralentir la progression de la MRC

Hyperuricémie

  • Très fréquente mais souvent asymptomatique, sans traitement,
  • Peut entraîner des crises de goutte et doit alors être traitée et prévenue (allopurinol)

Hyperlipidémie : 2 profils observés

  • Hypertriglycéridémie avec HDL-cholestérol,
  • Hypercholestérolémie souvent majeure si pathologie glomérulaire,
  • Régime hypolipémiant et statines, avec les précautions d’usage (surveillance de la toxicité musculaire)
  • CI fibrates ++ en association avec statines et si IR

Hormones sexuelles

  • Homme : impuissance, fertilité,
  • Femme :
  • Aménorrhée, fertilité,
  • Risque maternel et fœtal important en cas de grossesse,
  • Mais grossesse non CI

Conséquences hématologiques

Anémie normochrome, normocytaire, arégénérative

Conséquences

  • Asthénie, incapacité à faire des efforts, qualité de vie,
  • Parfois angor fonctionnel,
  • Débit cardiaque avec HVG

Origine rénale

  • Arégénératif : réticulocytes bas,
  • Normochrome, sans carence martiale : CST et ferritinémie normal
  • Normocytaire, sans carence en folates et vitamine B12 :
  • Sans inflammation chronique ou aiguë : CRP normale,
  • VGM normal ± dosages plasmatiques et intra-érythrocytaires,

Traitement

  • Si Hb ≤ 10 g/dL de façon stable, en fonction du contexte (âge, activité physique et sociale, comorbidités)
  • Correction carence martiale avec objectifs :
  • Administration d’EPO recombinante (époïétine) ou d’un dérivé de durée de vie augmentée (darbépoïétine, époïétine pegylée) par voie SC 1 fois /mois ou /semaine,
  • Objectif : Hb entre 10 et 11,5 g/dL sans dépasser 12 g/dL
  • CST > 20%
  • Ferritinémie > 200 ng/mL

Troubles de l’hémostase primaire

  • Hémorragies + fréq si IRC avancée : dig. occultes, règles prolongées,
  • Seule l’hémostase primaire est anormale avec TS allongé, du fait d’un défaut d’agrégation plaquettaire et hématocrite.
  • HBPM CI ++ si DFG < 30 mL/min ++
  • CI Ticagrelor Dabigatran si MRC stade 4 ++

Déficit immunitaire : modéré mais indiscutable

  • Réponse atténuée aux vaccinations,
  • Vaccination :
  • Grippe tous les patients,
  • Hépatite B dès le stade 3B

Troubles hydro-électrolytiques

Eau et sodium

  • Rétention hydrosodée avec HTA dès les stades précoces, mais reste très modérée jusqu’au stade pré-terminal,
  • Si déplétion ou surcharge hydrosodées aiguës, capacité des reins à adapter le bilan hydrosodée,
  • Défaut de concentration des urines : polyurie (mictions nocturnes).
  • Prévention : éviter,
  • Apports sodés excessifs (> 6 g NaCl/jour), sauf dans les rares néphropathies avec perte de sel (NIC),
  • Apports hydriques excessifs : source d’hyperhydratation intracellulaire (hyponatrémie)

Potassium : hyperkaliémie ++

  • Facteurs favorisants :
  • Prévention :
  • Acidose métabolique,
  • Médicaments : IEC, ARAII, AINS, DIU épargneurs de potassium,
  • Apports excessifs,
  • Limitation des apports,
  • Correction de l’acidose métabolique,
  • Résines échangeuses d’ions :
  • Kayexalate® (échange Na+ contre K+ dans la lumière digestive)
  • Resikali® (échange Ca++ contre K+)

Autres conséquences

Digestives

  • Nausées, voire vomissements : si intoxication urémique importante et doit faire envisager le début d’un traitement de suppléance,
  • Gastrite et ulcère majorant l’anémie,

Neurologiques

  • Crampes : problèmes d’hydratation, ou à des anomalies électrolytiques,
  • Troubles du sommeil :
  • Polynévrites urémiques : évolution favorable avec suppléance adaptée
  • Encéphalopathie urémique : IRC majeure, régressive avec la dialyse,
  • Encéphalopathie hypertensive : régressive avec le contrôle tensionnel
  • Acidose métabolique à éliminer en 1er,
  • Dyskaliémies,
  • Hypocalcémie,
  • Hypomagnésémie,
  • Syndrome des jambes sans repos (hyperurémie).
  • Insomnie,

Traitement

Transplantation rénale : meilleure méthode de suppléance,

Hémodialyse

Généralités

  • Technique la + utilisée en France,
  • Durées de vie + longues,
  • La + coûteuse

Principe

  • Transferts diffusifs : › hémodialyse
  • Transferts convectifs : › hémofiltration
  • Association : hémodiafiltration
  • Diffusion des molécules dissoutes, par gradient de concentration, au travers d’une membrane semi-perméable mettant en contact le sang et un bain de dialyse de composition contrôlée,
  • Ultrafiltration résultant de l’application d’une pression hydrostatique positive au travers de la même membrane semi- perméable.
  • Ceci permet d’obtenir une soustraction nette de liquide, nécessaire chez les patients anuriques et l’élimination concomitante par convection des substances dissoutes.

Pratique

  • Séances d’hémodialyse 3 fois / semaine, 4 à 6 heures,
  • Matériel :
  • CEC :
  • Echanges réalisés dans un dialyseur (jetable) en fibres capillaires, dont le principe est d’offrir une surface d’échange importante (1,5 à > 2 m2) pour un volume de sang faible (< 100 ml)
  • Générateur d’hémodialyse :
  • Traitement de l’eau : pour éliminer,
  • Circulation extracorporelle,
  • Générateur d’hémodialyse et dialyseur permettant la réalisation des échanges,
  • Installation de traitement de l’eau
  • Abord vasculaire :
  • Anticoagulation efficace du circuit par HNF ou HBPM,
  • Circuit extracorporel (à usage unique)
  • FAV de préférence ++ (maturation 3 sem. – 1 mois)
  • Anse prothétique artério-veineuse,
  • Cathéter tunnellisé ou non (pose en urgence)
  • Réalisation et contrôle de la CEC,
  • Fabrication du bain de dialyse à partir de l’eau osmosée,
  • Contrôle du débit et du volume d’ultrafiltrat soustrait au patient,
  • Bactéries et toxines,
  • Métaux toxiques (aluminium, plomb…)
  • Calcium et autres ions,

Objectifs

  • Objectifs :
  • Régime alimentaire :
  • Contrôle des volumes liquidiens en ramenant le patient à un poids idéal théorique – dit « poids sec » – correspondant à un état d’hydratation et une pression artérielle normaux,
  • Soustraction des différentes molécules à élimination urinaire : urée, créatinine ou autres toxiques,
  • Correction des différentes anomalies électrolytiques induites par l’IRC terminale : hyperkaliémie, acidose métabolique, hypocalcémie, dysnatrémies,
  • Restriction hydrique : 500 mL + diurèse résiduelle,
  • Alimentation peu salée,
  • Apports protéiques : 1,2 g/kg/j (≠ IRC)
  • Apports caloriques : 30 à 35 kcal/kg/j (idem IRC)

Dialyse péritonéale

Généralités

  • Moins utilisée en France,
  • Traitement à domicile mieux toléré sur le plan hémodynamique,
  • Performances d’épuration moindre,
  • Moins coûteuse

Principe : membrane péritonéale permet les échanges en dialyse péritonéale

  • Transferts diffusifs selon les gradients de concentration transmbR permettent la diffusion des molécules dissoutes,
  • Ultrafiltration réalisée avec des solutions de dialyse péritonéale de forte osmolarité (glucose hypertonique) ou à pression colloïde élevée (polymère de glucose type amidon). Ceci permet d’obtenir une soustraction nette de liquide, nécessaire chez les patients anuriques.

Pratique

  • Matériel :
  • 2 façons :
  • Choix : entre les 2 façons dépend de la nécessité,
  • Cathéter de dialyse péritonéale inséré chirurgicalement, l’extrémité étant dans le cul-de-sac de Douglas, l’autre étant tunnellisée dans un trajet sous cutané latéro-ombilical,
  • Système de connexion : échanges de façon aseptique,
  • Poches de dialysat stérile d’un volume d’environ 1,5 à 2,5 L
  • Technique manuelle permettant 3 à 5 échanges / jour. Une stase de quelques heures (4 en moyenne) permet les échanges diffusifs. Le liquide est ensuite drainé par simple gravité. Le plus souvent 8 à 10 L d’échanges quotidiens sont nécessaires,
  • Technique automatisée, une machine assurant les échanges la nuit,
  • Assurer un volume d’échange + important (fort gabarit),
  • Libérer le patient pendant la journée (activité professionnelle)

Objectifs

  • Objectifs : idem
  • Régime alimentaire :
  • Restriction hydrique : moins stricte +++
  • Alimentation peu salée,
  • Apports protéiques : 1,2 g/kg/j
  • Apports caloriques : 35 kcal/kg/j

Planification du traitement de suppléance

Information du patient

  • Information sur les différentes techniques,
  • Prise en charge ALD 100%
  • Reclassement professionnel éventuel

Précautions

  • Préserver le réseau veineux d’un membre supérieur (pas de ponction veineuse ou de perfusion), de préférence le non dominant, dans la perspective d’un traitement éventuel par l’hémodialyse.
  • Vaccination VHB ++++
  • Tout patient susceptible d’être dialysé pour protéger du risque d’hépatite B nosocomiale en hémodialyse,
  • Dès le stade 3B +++

Début

  • Non estimé sur le DFG ++
  • Préparation de la suppléance dès le stade 4 ++
  • FAV créée plusieurs mois avant l’échéance de l’IRT,
  • Cathéter de dialyse posé 15 jours avant l’hémodialyse,
  • Inscription sur liste de transplantation quand DFG ≤ 20 mL/min +++
  • Symptômes clinique :
  • Toxicité urémique majeure (urée et créatinine élevées),
  • Asthénie, altération de la qualité de vie,
  • Crampes, insomnie,
  • Rétention hydrosodée, HTA,
  • Nausées, dénutrition et perte de poids,
  • Symptômes biologiques :
  • Vitesse de dégradation du DFGe,
  • Troubles électrolytiques et acido-basiques majeurs :
  • hyperphosphorémie,
  • acidose,
  • hypocalcémie,
  • hyperkaliémie

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Objectifs

  • Définir le stade d’une maladie rénale chronique.
  • Connaître les facteurs de progression des maladies rénales chroniques et les mesures thérapeutiques adaptées.
  • Diagnostiquer les complications des maladies rénales chroniques et connaître le principe de leur traitement.
  • Expliquer les modalités des traitements de suppléance de l’insuffisance rénale terminale.

Point clés

DÉFINITIONS DE L’IRC

Diminution progressive et irréversible du DFG.

ÉPIDÉMIOLOGIE DES MRC

  • Incidence : environ 150/million et par an en France – 2 x plus fréquents chez l’homme.
  • Causes les plus fréquentes : N Vasculaires, diabétiques, glomérulonéphrites

DIAGNOSTIC D’UNE MALADIE RÉNALE CHRONIQUE

Diagnostic de l’IRC

  • Insuffisance rénale diagnostiquée par calcul du DFG (formule MDRD ++).
  • Recherche de signes de néphropathie associés (protéinurie, hématurie…), d’anomalies sur les voies excrétrices (échographie ++).
  • Caractère chronique :
  • insuffisance rénale depuis > 3 mois ;
  • taille des reins diminuée ;
  • critères biologiques : anémie normochrome, normocytaire, arégénérative, hypo- calcémie.

Stades de la MRC

Diagnostic étiologique

  • Rechercher un obstacle.
  • Rechercher un syndrome glomérulaire : maladie générale (diabète, amylose, lupus…) + protéinurie > 1 g/j majoritaire en albumine ± hématurie (Biopsie rénale si possible).
  • Rechercher un syndrome interstitiel : Antécédents urologiques et/ou infectieux, protéinurie < 1 g/24 h, leucocyturie, acidose, absence d’HTA.
  • Rechercher une néphropathie vasculaire : contexte athéromateux, HTA, syndrome urinaire pauvre (écho-doppler des artères rénales ++).
  • Rechercher une néphropathie héréditaire (polykystose, Alport).

Évaluer et prendre en charge les facteurs de progression

  • Facteurs de progression : Protéinurie – HTA.
  • Cibles : protéinurie < 0,5 g/j et PA < 130/80 mmHg. PA < 140/90 mmHg si pas de protéi- nurie.
  • Moyens : blocage du SRA avec IEC (sauf diabète de type 2 = ARA2) – Associé à régime désodé (< 6 g NaCl/j)± diurétiques.
  • Surveillance : clinique (PA) et biologique (créatininémie, K, protéinurie).
  • Autres moyens :
  • restriction protidique modérée (0,8 à 1 g/kg/j) ;
  • éviter les épisodes de néphrotoxicité (PCI, médicaments néphrotoxiques…).

Rechercher et prendre en charge les facteurs de RCV associés (++)

HTA, tabagisme, dyslipidémies, diabète, inactivité physique, obésité…

COMPLICATIONS DE L’IRC ET PRISE EN CHARGE

Les conséquences cardio-vasculaires de l’IRC

  • HTA volodépendante (fréquente ++).
  • Lésions artérielles accélérées : 50 % des décès liés à infarctus du myocarde ++, AVC, ACOMI.
  • Atteinte cardiaque : HVG (HTA, anémie), calcifications valvulaires et coronariennes; cardio- pathie urémique (ischémie, toxines urémiques…) ; péricardite urémique.

Les troubles du métabolisme P-Ca et osseux

  • Hyperparathyroïdie, précoce.
  • Hypocalcémie, hyperphosphatémie.
  • Acidose métabolique aggravant les lésions osseuses :
  • maladie osseuse rénale = ostéomalacie (diminution de la formation osseuse 2aire au déficit en vit. D) et ostéite fibreuse (destruction osseuse accélérée 2aire à HPT) ;
  • prévention et traitement : vitamine D native, apports calciques, complexants du phosphore, dérivés actifs de la vitamine D en l’absence d’hyperphosphorémie ;
  • objectifs de traitement : calcémie et phosphorémie normales, PTH modérément augmentée.

ACIDOSE MÉTABOLIQUE

  • Conséquences : catabolisme protéique musculaire excessif ; aggravation des lésions osseuses, risque d’hyperkaliémie.
  • Prévention : bicarbonatémie > 22 mmol/L ; (bicarbonate de sodium ou eau de Vichy).

Les conséquences métaboliques, endocriniennes et nutritionnelles

  • Dénutrition protéino-énergétique : prise en charge diététique indispensable.
  • Hyperuricémie : souvent asymptomatique – Si crise de goutte, doit être traitée.
  • Hyperlipidémie.
  • Modifications des hormones sexuelles.

Les conséquences hématologiques de l’IRC

  • Anémie normochrome normocytaire arégénérative :
  • Troubles de l’hémostase primaire.
  • Déficit immunitaire.
  • traitement : si hémoglobinémie est ≤ 11 g/dl de façon stable ;
  • corriger une carence martiale (apports en fer per os, ou par voie IV) ;
  • administration d’érythropoïétine, voie S/C ;
  • objectif : hémoglobinémie 1 à 12 g/dl ;
  • indication des transfusions exceptionnelle.

Les troubles hydro-électrolytiques

  • Rétention hydrosodée (HTA volodépendante) d’où éviter :
  • Risque d’hyperkaliémie favorisée par :
  • apports sodés excessifs (supérieurs à 6 g NaCl/jour)
  • apports hydriques excessifs source d’hyperhydratation intracellulaire (hyponatrémie).
  • acidose métabolique ;
  • prise de médicaments : IEC, ARA2, AINS, diurétiques épargneurs de K+ ;
  • des apports excessifs.

Les autres conséquences de l’IRC évoluée

  • Digestives : nausées, vomissements, gastrite et ulcère (IPP).
  • Neuromusculaires : crampes, troublesdusommeil, polynévrites urémiques, encéphalopathie urémique, encéphalopathie hypertensive.

LE TRAITEMENT DE SUPPLÉANCE DE LA FONCTION RÉNALE

Techniques

  • Transplantation rénale (préparation du donneur éligible, QS).
  • Hémodialyse (création précoce d’un abord vasculaire : fistule artério-veineuse).
  • Dialyse péritonéale.

Mise en route du traitement

  • Information (patient et entourage ++), vaccination (anti-hépatite B).
  • Repose sur des critères cliniques (tolérance, qualité de vie, anorexie, surcharge hydrosodée, etc.) et biologiques (toxicité urémique, troubles électrolytiques).
  • Le DFGe est un des éléments de la décision, mais pas le seul.
  • Début en général entre 5 et 10 ml/min/1,73 m2 de DFGe.

Diagnostic

Généralité

Définition

  • IRC : progressive et irréversible du DFG,
  • Maladie rénale chronique :
  • Peut aboutir à l’IRT et au décès
  • Anomalie rénale fonctionnelle ou structurelle évoluant > 3 mois (anomalie morphologique cliniquement significative, histologique ou dans la composition du sang ou de l’urine secondaire à une atteinte rénale) et/ou DFG < 60 ml/min/1,73m2 > 3 mois.

Causes d’IRT

  • Néphropathies vasculaires et hypertensives (25%)
  • Néphropathies diabétiques (30%) essentiellement DT2,
  • GN chroniques (10%),
  • Néphropathies héréditaires (8%) essentiellement polykystose rénale AD,
  • NTIC (< 5%)
  • Néphropathies d’origine indéterminée (20%)

Populations à risque : justifiant un dépistage annuel ++

  • Diabète,
  • HTA traitée ou non,
  • Âge > 60 ans,
  • Obésité : IMC > 30 kg/m2,
  • Insuffisance cardiaque,
  • Maladie de système ou auto-immune (lupus vascularites, PR)
  • ATCD familiaux de maladie rénale,
  • Affection urologique (uropathie obstructive, infections ou lithiases récidivantes)
  • ATCD de néphropathie aiguë,
  • Exposition à des toxiques professionnels (plomb, cadmium, mercure)
  • Traitements néphrotoxiques antérieures (AINS, PCI, CT, RT…)

Étapes diagnostiques

  • Affirmer la MRC
  • Préciser son stade et son rythme évolutif,
  • Faire le diagnostic étiologique,
  • Evaluer et prendre en charge les facteurs de progression,
  • Rechercher le retentissement, si le DFG < 60 ml/min/1,73m2
  • Rechercher les facteurs de risque cardio-vasculaires,

1ère étape : affirmer la MRC

Maladie rénale : pour l’affirmer il faut avoir et savoir s’il existe

  • DFG,
  • Protéinurie (ou albuminurie)
  • Anomalie du sédiment urinaire (hématurie ou leucocyturie)
  • Anomalie morphologique des reins ou des voies excrétrices

DFG

  • Cockcroft et Gault,
  • MDRD,
  • CKD-EPI

Caractère chronique : critères non utilisables pour une IR modérée

Anamnèse

  • ATCD de maladie rénale,
  • Nature de la maladie rénale,
  • Antériorité de créatininémie élevée,
  • Présence ancienne d’une protéinurie ou d’anomalies du sédiment urinaire (hématurie, leucocyturie),

Morphologie : taille des reins

  • Grand axe ≤ 10 cm à l’échographie,
  • ≤ 3 vertèbres sur l’ASP

Biologie

  • Anémie : normochrome normocytaire arégénérative (défaut EPO), parfois profonde, mais bien tolérée car chronique,
  • Hypocalcémie : par carence en vitamine D active (défaut d’hydroxylation 1α rénale)

Exceptions…

  • IRC avec gros rein ou de taille normale :
  • IRC sans hypocalcémie : + IRC sans anémie : PKRAD
  • IRA avec hypocalcémie :
  • IRA avec anémie :
  • Diabète ++
  • Hydronéphrose bilatérale,
  • Polykystose rénale AD,
  • Amylose,
  • HIVAN,
  • Myélome
  • Sarcoïdose et autres granulomatose
  • Rhabdomyolyse,
  • Syndrome de lyse tumorale,
  • Syndrome hémolytique et urémique,
  • Choc hémorragique,

2e étape : préciser le stade la MRC

Stades

StadeDescriptionDFG (ml/min/1,73 m2)
1Maladie rénale chronique* avec fonction rénale normale≥ 90
2Maladie rénale chronique* avec insuffisance rénale légère60-89
3AInsuffisance rénale modérée45-59
3BInsuffisance rénale modérée30-44
4Insuffisance rénale sévère15-29
5Insuffisance rénale terminale< 15
  • MRC 5 ne veut pas dire dialyse +++
  • Malade dialysé = 5D
  • Malade transplanté rénal = stade …R

Déclin annuel : DFG annéen – DFG annéen+1

  • Physiologique après 40 ans : < 2 ml/min/1,73m2/an
  • Modéré : ≥ 2 et < 5 ml/min/1,73m2/an
  • Rapide : ≥ 5 ml/min/1,73m2/an
  • Néphropathie diabétique mal contrôlée : 1 ml/min/mois, soit 12 ml/min/an,
  • Polykystose rénale : 0,5 ml/min/mois, soit 6 ml/min/an,
StadeConduite à tenir
1 et 2
3A
3B
4
5

3e étape : faire le diagnostic étiologique

Démarche : post-rénale, pré-rénale, rénale

  • Anamnèse et examen clinique,
  • Echographie rénale,
  • Protéinurie :
  • Sédiment urinaire
  • Quantifiée sur un recueil d’urine des 24 h, ou avec le rapport protéine / créatinine urinaire sur un échantillon d’urine,
  • Composition : électrophorèse

+ La protéinurie clinique peut-être définie :

– un ratio albuminurie/créatininurie > 300 mg/g ou 30 mg/mmol

– un ratio protéinurie/créatininurie > 500 mg/g ou 50 mg/mmol

– ou une protéinurie des 24 h > 0,5 g

Origine obstructive

  • Toutes causes d’obstacle chronique négligé peuvent aboutir à une IRC.
  • Plus il sera levé tardivement et plus la récupération de la fonction rénale sera incomplète.
  • Examen clinique (touchers pelviens) et échographie des reins et voies excrétrices systématiques.
  • Qualité de la vidange vésicale : résidu vésical postmictionnel

Origine glomérulaire

  • Interrogatoire :
  • Syndrome glomérulaire :
  • Contexte de maladie générale : diabète, lupus…
  • ATCD de protéinurie ou hématurie (médecine scolaire ou du travail, grossesse)
  • Protéinurie, avant tout faite d’albumine (> 50%) ± sd néphrotique,
  • Hématurie microscopique avec hématies déformées et cylindres hématiques,
  • HTA et rétention hydrosodée particulièrement fréquentes,

Origine interstitielle

Interrogatoire :

  • ATCD urologiques : infections urinaires hautes,
  • Médicaments néphrotoxiques : antalgiques,
  • Exposition à des toxiques,

Syndrome interstitielle

  • Protéinurie généralement < 1 g/24h de type tubulaire (sans albuminurie),
  • Leucocyturie aseptique,
  • Acidose hyperchlorémique avec trou anionique normal,
  • HTA et rétention hydrosodée plus tardives,

Étiologies

Infections urinaires hautesFavorisées par une malformation urologique ou des lithiases
Causes toxiquesAnalgésiques, AINS, plomb, lithium
Anomalies métaboliquesHypokaliémie chronique, goutte, oxalose, cystinose Maladies kystiques héréditaires, néphronophtise

Origine vasculaire

Interrogatoire

  • HTA ancienne et mal contrôlée,
  • FdR vasculaire : tabagisme, diabète, hyperchol., ATCD familiaux
  • ATCD CV : AVC, coronaropathie, artérite,
  • Dégradation de la fonction rénale sous IEC / ARAII ++

Examen clinique

  • Abolition de pouls,
  • Souffle sur les trajets vasculaires,
  • Anomalies vasculaires au FO,

Examens complémentaires

  • Echo-Doppler des artères rénales : sténoses des artères rénales, index de résistance vasculaire intrarénale,
  • HVG : ECG, ETT,

Étiologies

  • Sténoses des artères rénales,
  • Néphrangiosclérose,
  • Emboles de cristaux de cholestérol

Origine héréditaire

  • Interrogatoire : ATCD familiaux, arbre généalogique,
  • Etiologies :
  • Polykystose rénale AD,
  • Syndrome d’Alport de transmission en général liée à l’X,

4e étape : évaluer et prendre en charge les facteurs de progression

Généralités : ralentir la progression par

  • Contrôle strict de la PA,
  • Protéinurie,
  • IEC / ARAII,
  • Prévention des épisodes d’IRA et de la néphrotoxicité,
  • Restriction protidique modérée et adaptée au patient,
  • Contrôle métabolique du diabète s’il existe,
  • Arrêt du tabac

Contrôle tensionnel et de la protéinurie

Objectif PA

  • < 130/80 mmHg si MRC et albuminurie ≥ 30 mg/24h,
  • < 140/90 mmHg si MRC et albuminurie < 30 mg/24h,
  • > 110 mmHg de PAS dans tous les cas.

Conditions de mesures

  • Automesure tensionnelle,
  • MAPA,
  • Au cabinet, recherche d’hypoTA orthostatique,

Traitement

  • Restriction sodée :
  • Blocage SRAA :
  • Si protéinurie sans HTA :
  • Eviter association IEC-ARA2 et/ou inhibiteur de la rénine
  • 100 mmol/j (6g NaCl/j) permet une amélioration du contrôle de la PA chez les patients ayant une MRC.
  • Suivi : natriurèse des 24h (1 g d’apport de sel correspondant à 17 mmol de Na éliminé dans les urines)
  • IEC ou ARAII si intolérance, en 1ère intention,
  • Si diabétique dès que albuminurie ≥ 30 mg/24h
  • Si non diabétique dès que albuminurie ≥ 300 mg/24h (soit protéinurie d’environ 0,5 g/24h)
  • Entraine PA et protéinurie (par Pcapillaire glomérulaire)
  • Utiliser un bloqueur du SRAA,
  • Cible : protéinurie < 0,5 g/24h
  • PAS > 110 mmHg

Utilisation des traitements

  • Précautions :
  • Début :
  • Dosage : créatininémie et kaliémie 7 à 15 jours après introduction ou tout changement de posologie,
  • Surveillance : à posologie stable, à 1 mois,
  • Cibles thérapeutiques atteintes ou non :
  • Hypotension à l’introduction ou doses,
  • IRA possible hypovolémie efficace concomitante,
  • Hyperkaliémie,
  • Débuter par une posologie basse,
  • Puis progressivement par paliers de 2 à 4 semaines, Surtout si âgé et fonction rénale altérée,
  • Jusqu’à atteinte des cibles thérapeutiques,
  • créatininémie 10 à 20% = efficacité du traitement,
  • créatininémie > 30% : arrêt temporaire de l’IEC ou ARA2, et réintroduction progressive après avoir écarté une sténose d’artère rénale,
  • Si hyperkaliémie > 6 mmol/L : arrêt temporaire
  • Si kaliémie entre 5 et 6 mmol/L : rechercher écart diététique puis conseiller un traitement diurétique hypokaliémiant,
  • PA,
  • Protéinurie des 24h,
  • Kaliémie et créatininémie,
  • Education +++ à l’arrêt des diurétiques et du bloqueur du SRA en cas de DEH aiguë (ex : gastro-entérite virale), pour éviter une IRA fonctionnelle sévère.
  • Atteinte : poursuite,
  • PA > 130/80 mmHg :
  • Protéinurie > 0,5 g/24h :
  • Vérifier observance et restriction sodée (natriurèse 24h)
  • Au besoin, DIU thiazidique (si DFG > 30 ml/mn) ou de l’anse (si DFG ≤ 30 ml/mn) en complément des IEC
  • Si échec, associer une autre classe thérapeutique (β- bloquant ou AC) et demander un avis spécialisé néphrologique.
  • progressive IEC ou ARAII si bonne tolérance clinique (PA > 110 mmHg)

Prévention des épisodes d’IRA

FacteurCausesCaractéristiques
Déshydratation extracellulaireDiurétiques Vomissements DiarrhéeRéversibilité après apport de sel et d’eau
Médicaments à effets hémodynamiquesAINS IEC ++ ARA 2Hypovolémie associée ++ Sténose des artères rénales, ou lésions vasculaires graves Réversibilité à l’arrêt
ObstacleToutes les causes d’obstacleRéversibilité après lever d’obstacle
Produits toxiquesProduits de contraste iodésNécessité d’une hydratation ++ Peser les indications
Médicaments néphrotoxiquesRespecter les règles de prescription (cf. question 181, chapitre 21)
Pathologie surajoutéePyélonéphrite aiguë Néphropathie vasculaire surajoutéeRéversibilité après traitement spécifique

Restriction protidique

  • Environ 0,8 à 1 g/kg/jour si DFG < 60 ml/min,
  • Apport calorique suffisant : 30 à 35 kcal/kg/j
  • Prise en charge diététique initiale et suivi diététique régulier,
  • Surveillance régulière de l’état nutritionnel

Contrôle métabolique du diabète

  • Contrôle optimal : permet
  • Cibles : HbA1c,
  • Eviter la survenue de l’atteinte rénale,
  • Ralentir la progression de l’atteinte rénale si elle est présente,
  • Nécessite souvent l’utilisation de l’insuline à des stades avancés de MRC (stade 3B, 4 ou 5).
  • 6,5% : sujets jeunes DT1,
  • 7 à 7,5% : sujets âgés fragiles.

Arrêt du tabac : +++

6e étape : rechercher les facteurs de risque CV associés

  • MRC = très haut risque CV ++
  • Mortalité CV d’un patient atteint de MRC est bien supérieur au risque d’IRT

Complications

Généralités

Fonctions du rein

  • Elimination de toxines, notamment dérivées du catabolisme azoté
  • Homéostasie (régulation bilan hydroélectrolytique et équilibre acide-base)
  • Fonction endocrine avec synthèse de rénine, d’EPO et vitamine D active

Complications : liées à l’altération de la fonction rénale

  • HTA et troubles CV,
  • Troubles du métabolisme phosphocalcique,
  • Acidose métabolique,
  • Dénutrition,
  • Anémie,
  • Hyperkaliémie,
  • Autres complications plus tardives, que chez des patients pour qui le traitement de suppléance est débuté trop tard ou inefficace

Conséquences cardio-vasculaires

HTA

  • Précoce, précédant souvent l’IR surtout si néphropathies glomérulaires ou vasculaires et polykystose.
  • Facteurs majeurs de progression de l’IRC,
  • Volo-dépendante, justifiant le régime pauvre en sel et l’utilisation des diurétiques dans l’HTA de l’IRC.

Lésions artérielles accélérées : athérosclérose et artériosclérose

  • FdR communs : HTA, dyslipidémie précoce, tabagisme, diabète, âge,
  • FdR spécifiques de l’IRC :
  • Cardiopathie ischémique, AVC, AOMI…
  • Troubles du métabo. phosphocalcique (médiacalcose),
  • Hyperhomocystéinémie (métabolisme rénal de l’homocystéine)
  • Anémie,
  • Insulino-résistance,
  • Toxines urémiques

Atteinte cardiaque

  • HVG secondaire à l’HTA et anémie,
  • Calcifications valvulaires et coronariennes,
  • Cardiopathie urémique plurifactorielle (ischémie, toxines urémiques…)
  • Péricardite urémique exceptionnellement observée

Troubles du métabolisme phospho-calcique et osseux

Phospho-calcique

  • Hyperparathyroïdie secondaire, précoce,
  • Hypovitaminose D active par 1-α hydroxylase rénale (aussi par placenta)
  • Hypocalcémie, tardive,
  • Hyperphosphatémie, tardive par excrétion rénale des phosphates,
  • Acidose métabolique aggrave les lésions osseuses,

Maladies osseuses rénales

  • Ostéomalacie :
  • Ostéite fibreuse :
  • Douleurs osseuses,
  • Imagerie : déminéralisation, stries de Looser-Milkman ++
  • Concentration de la 1,25 (OH)2 vit D3,
  • Douleurs osseuses, fractures pathologiques,
  • Résorption des extrémités osseuses : phalanges et clavicules,
  • Lacunes au niveau des phalanges des doigts, déminéralisation,
  • PTH > 3 fois la normale.

Prévention

  • Apports calciques suffisants : 1 g/jour,
  • Apports en vitamine D : si carence documentée,
  • Restriction des apports alimentaires en phosphore,
  • Chélateurs du phosphore : rarement nécessaire avant le MRC 5
  • Agoniste CaSR : Cinacalcet, Mimpara®
  • Parathyroïdectomie : si hyperparathyroïdie tertiaire non freinable,
  • Vit D native :
  • 25OH vit D : Calcidiol, Dedrogyl®
  • 1-25 (OH)2 vit D3 : Calcitriol, Rocaltrol®
  • 1-α OH vit D3 : αcalcidiol, Un-Alfa®
  • Métabolites actifs en l’absence d’hyperphosphatémie (MRC 5),
  • Cholécalciférol (D3 animale) : Uvedose®, ZygmaD®
  • Ergocalciférol (D2 végétale) : Stérogyl®
  • Sels de Ca++ :
  • Sels de Mg++
  • Sels d’Al+++ : en courte période et jamais au long cours (démence irréversible et toxicité hématopoïétique)
  • Sevelamer : résine associé au carbonate, Renvela®
  • Lanthane, Fosrenol®
  • Carbonate de calcium : Rocal®
  • Citrate de calcium : Cacit®

Objectifs

  • Calcémie normale,
  • Phosphorémie < 1,5 mmol/L
  • PTH 2 à 9 fois la normale

Troubles de l’équilibre acido-basique : acidose métabolique ++

Acidose métabolique : défaut d’élimination de la charge acide, en général modérée

  • Bicarbonates,
  • Faible du trou anionique,
  • pH conservé jusqu’à un stade évolué des MRC

Acidose métabolique chronique

  • Catabolisme protéique musculaire excessif,
  • Aggravation des lésions d’ostéodystrophie rénale,
  • Majoration du risque d’hyperkaliémie

Traitement : correction de l’acidose métabolique

  • Bicarbonatémie > 22 mmol/L
  • Utilisation d’alcalinisants :
  • Bicarbonate de sodium : gélules de NaHCO3 à 0,5 ou 1g
  • Eau de Vichy : 0,5 à 1L/j, risque de fluorose sur le long terme,

Conséquences métaboliques, endocriniennes et nutritionnelles

Dénutrition protéino-énergétique

  • Spontanée des apports alimentaires proportionnelle au degré de l’IRC,
  • Catabolisme protéique, surtout car acidose,
  • Synthèses protéiques, par résistance périphérique à l’action anabolisante de l’insuline
  • Dénutrition ++ au stade terminal : albumine, pré-albumine…
  • Prise en charge diététique :
  • Apports caloriques suffisants ≥ 30 kcal/kg/jour,
  • Eviter les carences protéiques, notamment dans le cadre de la restriction protéique prescrite pour ralentir la progression de la MRC

Hyperuricémie

  • Très fréquente mais souvent asymptomatique, sans traitement,
  • Peut entraîner des crises de goutte et doit alors être traitée et prévenue (allopurinol)

Hyperlipidémie : 2 profils observés

  • Hypertriglycéridémie avec HDL-cholestérol,
  • Hypercholestérolémie souvent majeure si pathologie glomérulaire,
  • Régime hypolipémiant et statines, avec les précautions d’usage (surveillance de la toxicité musculaire)
  • CI fibrates ++ en association avec statines et si IR

Hormones sexuelles

  • Homme : impuissance, fertilité,
  • Femme :
  • Aménorrhée, fertilité,
  • Risque maternel et fœtal important en cas de grossesse,
  • Mais grossesse non CI

Conséquences hématologiques

Anémie normochrome, normocytaire, arégénérative

Conséquences

  • Asthénie, incapacité à faire des efforts, qualité de vie,
  • Parfois angor fonctionnel,
  • Débit cardiaque avec HVG

Origine rénale

  • Arégénératif : réticulocytes bas,
  • Normochrome, sans carence martiale : CST et ferritinémie normal
  • Normocytaire, sans carence en folates et vitamine B12 :
  • Sans inflammation chronique ou aiguë : CRP normale,
  • VGM normal ± dosages plasmatiques et intra-érythrocytaires,

Traitement

  • Si Hb ≤ 10 g/dL de façon stable, en fonction du contexte (âge, activité physique et sociale, comorbidités)
  • Correction carence martiale avec objectifs :
  • Administration d’EPO recombinante (époïétine) ou d’un dérivé de durée de vie augmentée (darbépoïétine, époïétine pegylée) par voie SC 1 fois /mois ou /semaine,
  • Objectif : Hb entre 10 et 11,5 g/dL sans dépasser 12 g/dL
  • CST > 20%
  • Ferritinémie > 200 ng/mL

Troubles de l’hémostase primaire

  • Hémorragies + fréq si IRC avancée : dig. occultes, règles prolongées,
  • Seule l’hémostase primaire est anormale avec TS allongé, du fait d’un défaut d’agrégation plaquettaire et hématocrite.
  • HBPM CI ++ si DFG < 30 mL/min ++
  • CI Ticagrelor Dabigatran si MRC stade 4 ++

Déficit immunitaire : modéré mais indiscutable

  • Réponse atténuée aux vaccinations,
  • Vaccination :
  • Grippe tous les patients,
  • Hépatite B dès le stade 3B

Troubles hydro-électrolytiques

Eau et sodium

  • Rétention hydrosodée avec HTA dès les stades précoces, mais reste très modérée jusqu’au stade pré-terminal,
  • Si déplétion ou surcharge hydrosodées aiguës, capacité des reins à adapter le bilan hydrosodée,
  • Défaut de concentration des urines : polyurie (mictions nocturnes).
  • Prévention : éviter,
  • Apports sodés excessifs (> 6 g NaCl/jour), sauf dans les rares néphropathies avec perte de sel (NIC),
  • Apports hydriques excessifs : source d’hyperhydratation intracellulaire (hyponatrémie)

Potassium : hyperkaliémie ++

  • Facteurs favorisants :
  • Prévention :
  • Acidose métabolique,
  • Médicaments : IEC, ARAII, AINS, DIU épargneurs de potassium,
  • Apports excessifs,
  • Limitation des apports,
  • Correction de l’acidose métabolique,
  • Résines échangeuses d’ions :
  • Kayexalate® (échange Na+ contre K+ dans la lumière digestive)
  • Resikali® (échange Ca++ contre K+)

Autres conséquences

Digestives

  • Nausées, voire vomissements : si intoxication urémique importante et doit faire envisager le début d’un traitement de suppléance,
  • Gastrite et ulcère majorant l’anémie,

Neurologiques

  • Crampes : problèmes d’hydratation, ou à des anomalies électrolytiques,
  • Troubles du sommeil :
  • Polynévrites urémiques : évolution favorable avec suppléance adaptée
  • Encéphalopathie urémique : IRC majeure, régressive avec la dialyse,
  • Encéphalopathie hypertensive : régressive avec le contrôle tensionnel
  • Acidose métabolique à éliminer en 1er,
  • Dyskaliémies,
  • Hypocalcémie,
  • Hypomagnésémie,
  • Syndrome des jambes sans repos (hyperurémie).
  • Insomnie,

Traitement

Transplantation rénale : meilleure méthode de suppléance,

Hémodialyse

Généralités

  • Technique la + utilisée en France,
  • Durées de vie + longues,
  • La + coûteuse

Principe

  • Transferts diffusifs : › hémodialyse
  • Transferts convectifs : › hémofiltration
  • Association : hémodiafiltration
  • Diffusion des molécules dissoutes, par gradient de concentration, au travers d’une membrane semi-perméable mettant en contact le sang et un bain de dialyse de composition contrôlée,
  • Ultrafiltration résultant de l’application d’une pression hydrostatique positive au travers de la même membrane semi- perméable.
  • Ceci permet d’obtenir une soustraction nette de liquide, nécessaire chez les patients anuriques et l’élimination concomitante par convection des substances dissoutes.

Pratique

  • Séances d’hémodialyse 3 fois / semaine, 4 à 6 heures,
  • Matériel :
  • CEC :
  • Echanges réalisés dans un dialyseur (jetable) en fibres capillaires, dont le principe est d’offrir une surface d’échange importante (1,5 à > 2 m2) pour un volume de sang faible (< 100 ml)
  • Générateur d’hémodialyse :
  • Traitement de l’eau : pour éliminer,
  • Circulation extracorporelle,
  • Générateur d’hémodialyse et dialyseur permettant la réalisation des échanges,
  • Installation de traitement de l’eau
  • Abord vasculaire :
  • Anticoagulation efficace du circuit par HNF ou HBPM,
  • Circuit extracorporel (à usage unique)
  • FAV de préférence ++ (maturation 3 sem. – 1 mois)
  • Anse prothétique artério-veineuse,
  • Cathéter tunnellisé ou non (pose en urgence)
  • Réalisation et contrôle de la CEC,
  • Fabrication du bain de dialyse à partir de l’eau osmosée,
  • Contrôle du débit et du volume d’ultrafiltrat soustrait au patient,
  • Bactéries et toxines,
  • Métaux toxiques (aluminium, plomb…)
  • Calcium et autres ions,

Objectifs

  • Objectifs :
  • Régime alimentaire :
  • Contrôle des volumes liquidiens en ramenant le patient à un poids idéal théorique – dit « poids sec » – correspondant à un état d’hydratation et une pression artérielle normaux,
  • Soustraction des différentes molécules à élimination urinaire : urée, créatinine ou autres toxiques,
  • Correction des différentes anomalies électrolytiques induites par l’IRC terminale : hyperkaliémie, acidose métabolique, hypocalcémie, dysnatrémies,
  • Restriction hydrique : 500 mL + diurèse résiduelle,
  • Alimentation peu salée,
  • Apports protéiques : 1,2 g/kg/j (≠ IRC)
  • Apports caloriques : 30 à 35 kcal/kg/j (idem IRC)

Dialyse péritonéale

Généralités

  • Moins utilisée en France,
  • Traitement à domicile mieux toléré sur le plan hémodynamique,
  • Performances d’épuration moindre,
  • Moins coûteuse

Principe : membrane péritonéale permet les échanges en dialyse péritonéale

  • Transferts diffusifs selon les gradients de concentration transmbR permettent la diffusion des molécules dissoutes,
  • Ultrafiltration réalisée avec des solutions de dialyse péritonéale de forte osmolarité (glucose hypertonique) ou à pression colloïde élevée (polymère de glucose type amidon). Ceci permet d’obtenir une soustraction nette de liquide, nécessaire chez les patients anuriques.

Pratique

  • Matériel :
  • 2 façons :
  • Choix : entre les 2 façons dépend de la nécessité,
  • Cathéter de dialyse péritonéale inséré chirurgicalement, l’extrémité étant dans le cul-de-sac de Douglas, l’autre étant tunnellisée dans un trajet sous cutané latéro-ombilical,
  • Système de connexion : échanges de façon aseptique,
  • Poches de dialysat stérile d’un volume d’environ 1,5 à 2,5 L
  • Technique manuelle permettant 3 à 5 échanges / jour. Une stase de quelques heures (4 en moyenne) permet les échanges diffusifs. Le liquide est ensuite drainé par simple gravité. Le plus souvent 8 à 10 L d’échanges quotidiens sont nécessaires,
  • Technique automatisée, une machine assurant les échanges la nuit,
  • Assurer un volume d’échange + important (fort gabarit),
  • Libérer le patient pendant la journée (activité professionnelle)

Objectifs

  • Objectifs : idem
  • Régime alimentaire :
  • Restriction hydrique : moins stricte +++
  • Alimentation peu salée,
  • Apports protéiques : 1,2 g/kg/j
  • Apports caloriques : 35 kcal/kg/j

Planification du traitement de suppléance

Information du patient

  • Information sur les différentes techniques,
  • Prise en charge ALD 100%
  • Reclassement professionnel éventuel

Précautions

  • Préserver le réseau veineux d’un membre supérieur (pas de ponction veineuse ou de perfusion), de préférence le non dominant, dans la perspective d’un traitement éventuel par l’hémodialyse.
  • Vaccination VHB ++++
  • Tout patient susceptible d’être dialysé pour protéger du risque d’hépatite B nosocomiale en hémodialyse,
  • Dès le stade 3B +++

Début

  • Non estimé sur le DFG ++
  • Préparation de la suppléance dès le stade 4 ++
  • FAV créée plusieurs mois avant l’échéance de l’IRT,
  • Cathéter de dialyse posé 15 jours avant l’hémodialyse,
  • Inscription sur liste de transplantation quand DFG ≤ 20 mL/min +++
  • Symptômes clinique :
  • Toxicité urémique majeure (urée et créatinine élevées),
  • Asthénie, altération de la qualité de vie,
  • Crampes, insomnie,
  • Rétention hydrosodée, HTA,
  • Nausées, dénutrition et perte de poids,
  • Symptômes biologiques :
  • Vitesse de dégradation du DFGe,
  • Troubles électrolytiques et acido-basiques majeurs :
  • hyperphosphorémie,
  • acidose,
  • hypocalcémie,
  • hyperkaliémie