- Maladies infectieuses
- UE 6
- Item 158
Important
Infections urinaires de l'enfant et de l'adulte
- Interpréter les résultats des bandelettes urinaires et des examens cytobactériologiques des urines
- Diagnostiquer et traiter une cystite aiguë
- Connaître la conduite à tenir face à une cystite récidivante
- Diagnostiquer et traiter une pyélonéphrite aiguë, identifier les situations nécessitant une hospitalisation
- Diagnostiquer et traiter une prostatite aiguë, identifier les situations nécessitant une hospitalisation
- Expliquer la place de l'antibiothérapie chez un patient porteur d'une sonde urinaire
INFECTIONS URINAIRES CHEZ L'ADULTE
Généralités
Définitions
Infection urinaire à risque de complications
- Anomalie fonctionnelle ou organique de l’arbre urinaire
- Terrain à risque
- Uropathie obstructive : lithiase / sténose / hypertrophie bénigne de la prostate / corps étranger / tumeur
- Autre uropathie : résidu post-mictionnel / vessie neurologique / reflux vésico-urétéral
- Iatrogène : geste chirurgical / endoscopie / sonde
- Homme
- Grossesse
- Âge > 65 ans avec ≥ 3 critères de Fried / ou âge > 75 ans
- Insuffisance rénale chronique < 30 mL/min
- Immunodépression grave (traitement immunomodulateur, transplantation, VIH avec moins de 200 CD4…)
- Note : critères de Fried
- Perte de poids involontaire au cours de la dernière année
- Vitesse de marche lente
- Faible endurance
- Faiblesse / fatigue
- Activité physique réduite
Infection urinaire masculine ou pyélonéphrite avec signes de gravité
- Sepsis grave
- Choc septique
- Indication de drainage chirurgical ou interventionnel (sondage simple exclu)
Infection urinaire simple
- Femme jeune sans facteurs de risque
- Le diabète n’est plus considéré comme un facteur de risque
Infections urinaires masculines
- Toujours à risque de complication
- On considérera toujours que la prostate est potentiellement infectée lors d'une infection urinaire
Microbiologie
Germes
- Origine digestive / généralement monomicrobiennes
- E. coli
- Autres
- Epidémiologie
- Résistances actuelles dans les infections urinaires
- Présente dans 90% des infections urinaires simples / 65% si risque de complication ou récidivantes
- < 5% : fosfomycine-trométamol / nitrofurantoine / aminosides
- 5% : C3G / aztreonam / fluoroquinolones (si infection urinaire simple)
- 10-20% : fluoroquinolones (infection urinaire à risque de complication) / pivmécillinam
- > 20% : amoxicilline / augmentin / cotrimoxazole
- P. mirabillis = 2ème plus fréquente (favorise les lithiases car bactérie à uréase)
- Staphylococcus saprophyticus chez la femme jeune
- Plus rarement P. aeruginosa / C. urealyticum / autres entérobactéries / entérocoques
- + candida albicans, candida tropicalis : infections nosocomiales avec sonde à demeure, diabète, post-antibiothérapie à large spectre
Fluoroquinolones
- Eviter les prescriptions répétées chez le même patient
- Pas en probabiliste si traitement par fluoroquinolones dans les 6 mois précédents
- Pas utilisable si bactérie résistante à l’acide nalidixique ou à la norfloxacine (car constitue un 1e niveau de mutation)
Céphalosporines de 3e génération
- Principal mécanisme de résistance = bêta-lactamases à spectre étendu = BLSE (principal antibiotique actif dans ce cas = carbapénème)
- + résistance aux fluoroquinolones et au cotrimoxazole
- Prendre en compte ce risque de résistance dans le choix du traitement antibiotique probabiliste uniquement en cas d'infection urinaire grave
- Mais ne modifie pas la durée de traitement : les infections urinaires à EBLSE ne sont pas plus graves que les autres
- Signe une résistance à toutes les β-lactamines sauf les carbapénèmes et les céphamycines (C2G type céfoxitine)
- Mais résistance à pipéraclline-tazobactam dans seulement 20% des BLSE parfois utilisé en relais
Physiopathologie
- Urine stérile physiologiquement / réservoir de bactéries : digestif ou vaginal
- Remonte par voie ascendante le long de l'urètre pour atteindre la vessie ± le rein
- Voie hématogène très rare (< 3% des cas, surtout pour des germes de type : S. aureus, salmonelles, Pseudomonas, Candida..)
- Moyens de protection physiologiques : les mictions qui luttent contre les adhésions / pH acide / osmolarité faible de l'urine
- Cystite : réponse inflammatoire à l'adhésion des bactéries à la surface muqueuse
- Pyélonéphrite : état inflammatoire d'origine infectieuse atteignant le rein et sa voie excrétrice, responsable :
- Œdème / afflux leucocytaire / ischémie localisée du parenchyme rénal
Epidémiologie
- 1ère cause d’infection communautaire en France (30 à 50% des femmes sur vie entière)
- 1ère cause d’infection nosocomiale en France (30%)
Facteurs favorisants
- Sexe féminin / en début de vie sexuelle et à la ménopause
- Diabète
- Iatrogénie (sondage, endoscopie) / transplantation rénale
- Toute stase urinaire : HBP / médicaments anticholinergiques, opiacés, neuroleptiques
- Grossesse / infection génitales / troubles du transit / défaut ou excès d’hygiène
Examens des urines
Bandelette urinaire
- Modalités
- Seuils de détection
- Interprétation
- Tremper la bandelette dans les urines du 2e jet fraîchement émises
- Pas de toilette préalable
- Leucocyturie : à partir de 10⁴/mL (détection de la leucocyte estérase)
- Nitrites : à partir de 10⁵ germes/mL (seulement entérobactéries)
- Chez la femme
- Chez l’homme
- Faux négatifs de nitrites
- Faux négatifs de leucocyturie : immunodépression, neutropénie / infections urinaires masculines
- Valeur prédictive négative > 95 % / une BU négative élimine quasiment une infection urinaire (sauf chez l’immunodéprimée)
- La valeur prédictive positive est plus basse / l'ECBU systématique devant une BU positive (sauf cystite simple)
- Valeur prédictive négative moins forte que chez la femme
- Mais la valeur prédictive positive chez l'homme atteint = 90 % (un examen positif signe quasiement l'infection urinaire)
- Bactéries n'exprimant pas de nitrate réductase : S. saprophyticus / streptocoques & entérocoques / Acinetobacter
- Faible bactériurie / pH urinaire acide/ diurétiques et urines diluées / infections urinaires masculines / régime restreint en nitrates
Examen cytobactériologique des urines (ECBU)
Indications
- Toute suspicion clinique d’infection urinaire
- SAUF cystite simple
- Et pas d'ECBU de contrôle dans le suivi des infections urinaires en cas d'évolution clinique favorable
Modalités
- Cas général
- Situations particulières
- S'il y a des cellules épithéliales à l’examen direct signe une contamination
- Réalisé avant toute antibiothérapie / ≥ 4 heures après la miction précédente
- Hygiène au préalable (lavage à l'eau et savon ou friction avec solution hydro-alcoolique)
- Toilette de la région urétrale ou vulvaire / un seul geste d’avant en arrière chez la femme
- Recueil du milieu de jet : éliminer les 20 premiers mL d'urines (flore physiologique de l'urètre distal)
- Ne jamais conserver les urines + de 2h à température ambiante ou + de 24h à 4°C
- Pertes vaginales : mettre un tampon avant
- Incontinence totale : sondage « aller-retour » chez la femme / collecteur pénien chez l’homme
- Patient sondé : ponction après désinfection sur le site de sondage / JAMAIS réalisée à partir du sac
Examens réalisés
- Examen direct / examen cytologique
- Culture / antibiogramme / compte des bactéries
Résultats
- Seuils de bactériurie chez un patient symptomatique avec leucocyturie ≥ 10⁴ / mL (10/mm3 )
- Bactériurie avec leucocyturie < 10⁴ / mL
- Chez l’homme : ≥ 10³ quelle que soit la bactérie
- Chez la femme
- Remarque : si tableau clinique fort avec leucocyturie/bactériurie inférieure au seuil : la clinique prime
- ≥ 10³ si E. Coli / S. saprophyticus
- ≥ 10⁴ sinon (≥ 105 chez la femme enceinte pour colonisation)
- Evoque une contamination refaire l’examen dans de meilleures conditions si suspicion forte
Colonisation urinaire
Définition
- Micro-organisme dans les urines sans symptômes associés / quel que soit le niveau de leucocyturie associé
- Pas d’ECBU sauf chez la femme enceinte / en pré-chirurgie des voies urinaires
Physiopathologie
- ± rôle protecteur vis-à-vis des souches invasives
- Evolution très rare vers les infections urinaires / pas d’atteinte de la fonction rénale
Epidémiologie
- Chez la femme
- Chez l’homme : prévalence augmente après 60 ans (25% après 80 ans)
- Chez le sujet sondé à demeure : 100% d'infection après 1 mois
- Chez les institutionnalisés : 20-50% des personnes
- La prévalence augmente avec l’activité sexuelle et l’âge / 1-5% chez la femme jeune / 20-50% après 80 ans
- Plus élevée chez les diabétiques / pas d’influence de la grossesse
Traitement
- Jamais indiqué
- Sauf chez la femme enceinte / en pré-chirurgical
Leucocyturie aseptique
Définition
Leucocyturie avec bactériurie < 10⁴ / mL
Etiologies
- Infection urinaire décapitée
- Urétrite / vaginite / période péri-menstruelle (hématurie associée)
- Cystites non bactériennes : tumeur / corps étranger / radiothérapie / lithiase / médicament…
- BK urogénitale (+ infection à Chlamydia trachomatis, Mycoplasma hominis)
- Néphropathies interstitielles chroniques / néo-vessies iléales ou coliques
Education du patient devant toute infection urinaire
- Apport hydriques > 1,5 L / j
- Suppression des mictions retenues / encourager les mictions fréquentes
- Régularisation du transit intestinal / essuyage d'avant en arrière
- Uriner après les rapports sexuels / arrêt de spermicides éventuels
Sonde vésicale
Généralités
- Tous les porteurs de sonde sont bactériuriques avec une leucocyturie
- Absence d’intérêt de la BU / signes fonctionnels urinaires sans valeur diagnostique
- Infection urinaire sur sonde presque toujours conséquence d’un dysfonctionnement obstruction / arrachement
- Signes évocateurs atypiques : fièvre ou hypothermie / hypotension / malaise général, léthargie, altération de l'état général
Prise en charge d’une suspicion d’infection urinaire sur sonde (signe = fièvre ++)
- Examens complémentaires
- Si infection confirmée
- ECBU sur l'opercule de prélèvement (jamais d'ECBU systématique en l'absence de signe clinique) / jamais de BU
- ± hémocultures
- Antibiothérapie selon l’antibiogramme si possible pour 10 jours
- ± si besoin avant résultats d'ECBU : pipéracilline-tazobactam ou céphalosporines de 3e génération injectable (+ amikacine si sepsis sévère)
- Retrait ou changement de sonde indispensable (dans les < 24h)
- Si allergie : aminoside seul chez la femme / fluoroquinolones ou cotrimoxazole chez l'homme
Principe de l'antibiothérapie
- En probabiliste : ABT avec taux de résistance de E. coli < 20% si cystite simple / < 10% dans les autres cas
- Impact sur le microbiote
- Donc jamais d'amoxicilline / Augmentin / cotrimoxazole en probabiliste
- Faible : fosfomycine / nitrofurantoïne / pivmécillinam
- Important : Augmentin / cotrimoxazole
- Très important : fluoroquinolones / céphalosporines de 3e génération
Cystite
Diagnostic positif
Interrogatoire
- Anamnèse
- Signes fonctionnels urinaires
- Signes associés à rechercher
- Nombre d’épisodes par an
- Date du dernier épisode
- Brûlures mictionnelles / pollakiurie / impériosités / gêne sus-pubienne
- Dysurie (pour éliminer une cystite à risque de complication)
- Urines troubles / hématurie (30% des cas, pas un signe de gravité)
Examen physique
- Recherche d’une pyélonéphrite : signes négatifs à rechercher
- Bandelette urinaire
- Apyrexie
- Pas de douleur à l’ébranlement lombaire, spontanée ou provoquée
- Systématique devant toute suspicion d’infection urinaire
Examens complémentaires
Pour diagnostic positif : examen cytobactériologique des urines
- Indications
- Modalités : les mêmes que décrites au-dessus
- Inutile si : cystite aiguë simple / non récidivante
- Systématique si : cystite à risque de complication / premiers épisodes de cystite récidivante
- Si rechute à la même bactérie = recherche cystite à risque de complication
Pour rechercher une uropathie sous-jacente
- Indications
- Modalités
- Cystite récidivante / ± suspicion de rétention aiguë d'urines
- Au cas par cas / PAS chez la femme non ménopausée sans facteur de risque de complication avec examen clinique normal
- Echographie rénale et des voies urinaires systématique
- ± mesure du résidu post-mictionnel / cystoscopie / cystographie / uroscanner / débit-métrie…
Formes cliniques
Cystite aiguë simple
Terrain sans particularité / pas d’uropathie suspectée / pas de récidives
Cystite récidivante
- Définition
- Facteurs favorisants
- ≥ 4 épisodes par an
- Les épisodes peuvent être simples ou à risque de complication
- Généraux
- Chez la femme ménopausée
- Recherche de ces facteurs à l'interrogatoire et à l'examen physique
- Activité sexuelle / spermicides
- Première infection urinaire < 15 ans
- Antécédent au premier degré (mère, sœur, fille)
- Obésité
- Prolapsus vésical
- Incontinence urinaire / résidu post-mictionnelle
- Déficit en œstrogènes
Diagnostics différentiels
- Pyélonéphrite aiguë
- Autres causes d’irritation vésicale
- Colonisation / leucocyturie aseptique : voir différences au-dessus
- A éliminer systématiquement
- Compression extrinsèque : utérus gravide / tumeur pelvienne
- Inflammation de voisinage : appendicite / sigmoïdite / salpingite
- Calcul : lithiase urétérale ou vésicale
- Néoplasique : tumeur vésicale
Evolution
- Histoire naturelle
- Evolution favorable sous traitement en 2 à 4 jours
- Evolution favorable même sans traitement (dans 25-45% des cas)
- Complications
- Causes d’échec thérapeutique
- Pyélonéphrite aiguë : rare sauf en cas de grossesse
- Evolution défavorable : persistance ou aggravation des symptômes > 72h après début du traitement
- Récidives : 20-30 % des cas / 50 % sont dues au même germe
- Mauvaise observance du traitement initial
- Recontamination
- Résistance bactérienne
Traitement
Prise en charge : en ambulatoire dans tous les cas
Antibiothérapie
Cystite aiguë simple
- Objectifs
- Molécules en probabiliste
- Amélioration symptomatique
- Ce n'est PAS en prévention de la pyélonéphrite
- 1ère intention : fosfomycine-trométamol dose unique
- 2ème intention : pivmécillinam 5 jours
- 3ème intention : fluoroquinolones dose unique / nitrofurantoïne 5 jours
Cystite à risque de complication
- Modalités
- Molécules
- Cas général
- Indications du traitement probabiliste
- Traitement d’emblée adapté à l’antibiogramme (dans les 48h)
- Car la cystite récidivante est le terrain le + à risque de résistance
- Patiente très symptomatique
- Antécédents d’évolution vers une pyélonéphrite
- Comorbidités importantes
- Traitement adapté à l'antibiogramme (dans l’ordre)
- Traitement probabiliste (5-7J)
- Amoxicilline 7 jours > pivmécillinam 7 jours > nitrofurantoïne 7 jours > [cotrimoxazole 5 jours / Augmentin 7 jours / céfixime 7 jours / fluoroquinolones 5 jours]
- En dernier recours : fosfomycine-trométamol sur avis d'expert (1 dose ou 3 doses J1/J3/J5)
- 1ère intention : nitrofurantoïne
- 2ème intention : céfixime / fluoroquinolone
Cystite récidivante
- Traitement de l’épisode
- Automédication
- Prophylaxie non antibiotique
- Antibiothérapie prophylactique
- Comme pour une cystite simple / éviter nitrofurantoïne car risque allergique, hépatique et pulmonaire si prises répétées
- Possible après éducation de la patiente bandelette urinaire puis antibiothérapie si positive
- Réévaluer 2 fois par an la prescription
- Règles d’hygiène : voir plus haut (pas d'efficacité démontrée)
- Canneberge : si cystites récidivantes à Escherichia Coli, à 36 mg/j (non remboursé)
- Œstrogènes : en application locale si femmes ménopausées / après avis gynécologique
- Indications
- Modalités
- ≥ 1 cystite par mois / avec un retentissement important
- Echec de toute autre mesure
- Traitement au coup-par-coup difficilement accepté
- Début de l'antibioprophylaxie après un ECBU négatif / permet uniquement de diminuer de la fréquence, effet seulement suspensif
- En cas de survenue d'une cystite sous antibioprophylaxie : interrompre l'antibioprophylaxie et prescrire une antibiothérapie curative sur documentation
- Durée : au moins 6 mois / réévaluation au moins 2 fois par an
- Cystite post-coïtale : cotrimoxazole ou fosfomycine-trométamol 2 h avant à 2 h après l’acte
- Autres : cotrimoxazole le soir au coucher / fosfomycine-trométamol 1x/7-10 jours
Mesures hygiéno-diététiques
Voir mesures classiques des infections urinaires plus haut
Traitement étiologique
- Si cystite compliquée : rechercher et traiter une uropathie sous-jacente
- Si cystite récidivante : rechercher et traiter un facteur favorisant
Surveillance
- Indications de l’ECBU de contrôle
- Si persistance après antibiothérapie conventionnelle
- Evolution défavorable à 72 heures sous antibiothérapie
- Récidive dans les 2 semaines
- Bilan urinaire à la recherche d’une étiologie
Pyélonéphrite aiguë
Diagnostic
Examen clinique
- Interrogatoire
- Examen physique
- Terrain : antécédents de cystites / de pyélonéphrite / uropathie
- Anamnèse : ancienneté / évolution
- Signes fonctionnels
- Douleur lombaire : unilatérale / irradiant vers les organes génitaux externes / spontanée et/ou provoquée / ± empâtement de la fosse lombaire
- Signes associés : signes digestifs / hématurie / urines troubles
- Signes de cystite : 50 % des cas / discrets / parfois prodromiques
- Signes positifs : douleur provoquée à l’ébranlement lombaire / fièvre ± frissons (parfois fièvre isolée chez diabétique ou sujet âgé)
- Signes de gravité : voir supra
Examens complémentaires
Pour diagnostic positif
BU + ECBU : systématiques
Pour rechercher un obstacle sur les voies urinaires
- Echographie rénale et des voies urinaires
- Uroscanner
- Signes positifs
- Pour évaluer le retentissement
- Œdème-néphromégalie / épaississement des parois
- Hypotonie des cavités pyélo-calicielles, hypovascularisé au Doppler (néphrite)
- Dédifférenciation cortico-médullaire
- Recherche une dilatation des cavités pyélo-calicielles
- Recherche un abcès rénal
- Signes positifs
- Au décours
- Hypodensité parenchymateuse triangulaire à base corticale après injection
- Néphromégalie (par œdème inflammatoire)
- ± abcès rénaux et péri-rénaux / lithiase…
- Cicatrice corticale irréversible possible (ou atrophie)
Pour évaluation du retentissement
- NFS-CRP : hyperleucocytose neutrophile / syndrome inflammatoire
- Ionogramme-urée-créatinine : recherche d'insuffisance rénale aiguë / de troubles hydro-électriques
- Hémocultures : positives dans 30-50 % des cas
- La présence d'une bactériémie à entérobactérie ne modifie ni le pronostic, ni le choix, ni la durée du traitement antibiotique
Stratégie diagnostique
Pyélonéphrite aiguë simple
- Hémocultures : seulement si doute diagnostique
- NFS / CRP / bilan rénal : non systématiques
- Imagerie
- Echographie rénale
- Uroscanner
- Si pyélonéphrite hyperalgique / sous 24 heures (recherche d'un obstacle)
- Non recommandée sinon
- Si évolution défavorable à 72 heures
Pyélonéphrite aiguë à risque de complications (mêmes critères que la cystite)
- Hémocultures : seulement si doute diagnostique
- NFS / CRP / bilan rénal : systématiques
- Imagerie : uroscanner systématique sous 24 heures / échographie si contre-indiqué
Pyélonéphrite aiguë grave
- Hémocultures : systématiques
- NFS / CRP / bilan rénal : systématique
- Imagerie : uroscanner systématique sous 24 heures
Evolution
Histoire naturelle sous traitement
Evolution le plus souvent favorable en 48-72 heures
Complications
- Locales : abcès rénal / phlegmon péri-néphrétique / pyélonéphrite emphysémateuse
- Générales : bactériémie / sepsis / choc septique
- Récidives : ± pyélonéphrite chronique néphropathie interstitielle fibrosante ± insuffisance rénale chronique
- Abcès : complication rare / diagnostic par TDM / drainage percutané ou chirurgical / antibiothérapie prolongée
- Pyélonéphrite emphysémateuse : présence de gaz dans le rein au TDM / terrain : diabète, immunodéprimé.. / le traitement antibiotique est + prolongé
- Discuter drainage chirurgical ou en radio interventionnelle / pronostic rénal engagé (risque de néphrectomie)
- Pyélonéphrite xanthogranulomateuse : rare, diagnostic histologique
- Inflammation subaiguë souvent due à une obstruction / formes focales pseudo-tumorales ou diffuses
- ECBU stérile dans 50% des cas / destruction progressive du rein
- Chez la transplanté rénal : fréquente / transplant souvent indolore, signes fonctionnels urinaires inconstants, fièvre isolée / risque de dégradation de la fonction rénale
Traitement
Prise en charge
- Critères d’hospitalisation
- Signes de gravité (voir plus haut)
- Pyélonéphrite hyperalgique / doute diagnostique
- Vomissements rendant impossible un traitement per os
- Conditions socio-économiques défavorables
- Observance du traitement difficile
- Décompensation de comorbidités
Antibiothérapie
Modalités : probabiliste avec adaptation secondaire / voie orale si possible
- A bonne diffusion rénale (donc pas de fosfomycine-trométamol / de nitrofurantoïne / de pivmécillinam)
- Amikacine : utilisée dans la pyélonéphrite grave / bactéricidie rapide / synergie avec β-lactamines / élargit le spectre (notamment aux entérobactéries à bêta-lactamases à spectre étendu ++)
Si pyélonéphrite simple ambulatoire
- Modalités
- Molécules
- Si contre-indication ou allergie aux C3G/fluoroquinolones : traitement par aminoside (amikacine, gentamicine, tobramycine) ou aztréonam
- Antibiothérapie probabiliste après l'ECBU
- 1ère intention : fluoroquinolones (ofloxacine, ciprofloxacine, lévofloxacine) par voie orale si pas de traitement par fluoroquinolones dans les 6 derniers mois
- 2ème intention : C3G parentérale (céfotaxime, ceftriaxone)
Si pyélonéphrite à risque de complication
- Modalités
- Molécules
- Si contre-indication ou allergie C3G/fluoroquinolones: traitement par un aminoside (amikacine, gentamicine, tobramycine) ou aztréonam
- Antibiothérapie probabiliste après ECBU
- 1ère intention : C3G parentérale si hospitalisation
- 2ème intention : fluoroquinolones sauf traitement par des fluoroquinolones dans les 6 derniers mois
Pyélonéphrite grave
- Cas général
- Sepsis grave ou geste urologique et [antécédent d’infection urinaire ou colonisation à EBLSE dans les 6 derniers mois]
- Choc septique et facteur de risque d’EBLSE
- 1ère intention : C3G intraveineuse + amikacine
- Si allergie : aztréonam + amikacine
- 1ère intention : carbapénème (imipénème, méropénème) + amikacine
- Si allergie : aztréonam + amikacine
- 1ère intention : carbapénème + amikacine
- Si allergie : aztréonam + amikacine
- Note : facteurs de risque d’entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre étendu
- Infection urinaire ou colonisation à EBLSE dans les 6 mois
- Antibiothérapie par Augmentin / pipéracilline-tazobactam / C2G / C3G / fluoroquinolones pendant les 6 derniers mois
- Voyage récent en zone d’endémie EBLSE
- Hospitalisation il y a moins de 3 mois
- Vie en établissement de long séjour
Adaptation secondaire
- Antibiotiques à privilégier dans l’ordre
- Durées
- Cas général : amoxicilline > Augmentin > fluoroquinolones > céfixime > cotrimoxazole
- Pyélonéphrite grave : arrêt des carbapénèmes dès que possible / pas de relais per os si la gravité persiste / relais classique PO sinon
- Pyélonéphrite simple : 7 jours si fluoroquinolone ou bêtalactamine parentérale / 10-14 jour dans les autres cas
- Pyélonéphrite à risque de complication : 10-14 jours
- Pyélonéphrite grave : 10-14 jours
- Si aminosides nécessaires durant tout le traitement : 5-7 jours
Traitement symptomatique
- Rééquilibration hydroélectrique : adaptée au ionogramme / per os ou IV selon la clinique
- Antalgiques-antipyrétiques : paracétamol per os ou IV
- Selon le contexte : antiémétiques / antispasmodique
Dérivation des urines
- Indication: dilatation des cavités pyélo-calicielles à l’échographie
- Modalités
- Chez la femme : drainage par sonde urétérale
- Chez l’homme ou après échec chez la femme : néphrostomie percutanée
Mesures associées
Mesures classiques de toute infection urinaire
Surveillance
- Clinique : consultation à J3
- ECBU de contrôle
- Fièvre à 72h d'antibiothérapie efficace : ECBU + uroscanner quel que soit le grade de la pyélonéphrite
- Indispensable si prise en charge ambulatoire
- Adaptation secondaire à l’antibiogramme
- Pas recommandé si évolution favorable
Prostatite aiguë / infections urinaires masculines
Généralités
Définition
- Infection du parenchyme prostatique
- Fréquente : 20-50% des hommes au cours de leur vie
Physiopathologie
- Contamination
- Germes
- Facteurs favorisants
- Par voie ascendante le plus souvent
- Rarement par voie hématogène
- Urinaires : entérobactéries
- Infections sexuellement transmissibles (rarement) : Chlamydia / gonocoque
- Hypertrophie bénigne de la prostate : favorise la stase et donc la colonisation
- Autres : âge > 50 ans / antécédents personnels / lithiase / sténose urétrale
Diagnostic
Examen clinique
Interrogatoire
- Terrain : hypertrophie bénigne de prostate connue / antécédents d’infections urinaires
- Signes fonctionnels
- Signes urinaires
- Signes associés
- Signes irritatifs : brûlures / pollakiurie / impériosités
- Signes obstructifs : dysurie / jet faible
- Fièvre élevée de survenue brutale / sueurs / douleur pelvienne / syndrome rectal
Examen physique
- Signe positif : toucher rectal
- Evaluation du retentissement
- Douleur exquise
- Volume augmenté / régulière / chaude / tendue
- Recherche d'une rétention aiguë d'urines ++
- Bourse chaude, rouge, douloureuse en cas d'orchi-épididymite…
- Recherche de signes de gravité
Tableaux atypiques
- Forme peu ou pas fébrile / toucher rectal normal
- Tableau de cystite / tableau de pyélonéphrite…
Examens complémentaires
Pour diagnostic positif
- BU / ECBU : systématiques (BU : bonne valeur prédictive positive donc la faire mais le diagnostic est fait sur l'ECBU)
- Aucun examen clinique ni paraclinique ne permet d'éliminer l'infection prostatique : toujours prendre en compte cette possibilité dans la prise en charge d'une infection urinaire de l'homme ++
Pour recherche de complications
- Echographie des voies urinaires par voie sus-pubienne
- Objectif : recherche d’un obstacle sur les voies urinaires
- Indications : douleur lombaire / suspicion de rétention aiguë d'urines / antécédents de lithiase / sepsis grave, à faire dans les 24h
- Pas d'échographie endo-rectale en phase aiguë car très douloureuse
- IRM prostatique (échographie endorectale à défaut / uro-TDM si les autres sont non disponibles)
- Objectif : recherche d’un abcès prostatique
- Indication : en cas d'évolution défavorable à 72 heures
Pour évaluation du retentissement
- NFS-CRP : hyperleucocytose / syndrome inflammatoire
- Hémocultures : systématiques dès que température ≥ 38,5 °C
- Ionogramme-urée-créatinine : recherche d'une insuffisance rénale aiguë / troubles hydroélectriques
Pour diagnostic étiologiqu
- Indications
- Modalités (à distance)
- 2ème épisode
- Suspicion d’uropathie (notamment après 50 ans)
- Echographie des voies urinaires : recherche d’un résidu post-mictionnel
- Orientation vers une consultation d’urologie / débit-métrie urinaire
Complications
Aiguës
- Rétention aiguë d’urine
- Abcès prostatique : signes infectieux persistants à 48h / zone fluctuante très douloureuse au toucher rectal
- (Orchi-)épididymite
- Bactériémie et ses complications
Chroniques
- Récidives
- Prostatite chronique : poussées aiguës / fibrome du parenchyme avec nodules ± calcifiés où les antibiotiques pénètrent difficilement
Traitement
Critères d’hospitalisation
- Idem que les critères de la pyélonéphrite +
- Rétention aiguë d’urines
- Immunodépression profonde
Antibiothérapie
Pharmacocinétique
- Antibiotiques à bonne diffusion prostatique
- Antibiotiques à diffusion insuffisante (à ne pas utiliser)
- Antibiotiques possible si antibiogramme concordant : amoxicilline / C3G IV
- Fluoroquinolones : à privilégier +++
- Cotrimoxazole
- Céfixime
- Augmentin
- Fosfomycine-trométamol / Nitrofurantoïne
En probabiliste
- Sepsis grave / choc septique / indication de drainage
- Rétention aiguë d'urines / immunodépression profonde
- Fièvre / mauvaise tolérance des signes fonctionnels urinaires
- Autres cas
- Même schéma que la pyélonéphrite grave
- Même schéma que la pyélonéphrite à risque de complication en hospitalisation (antibiothérapie probabiliste)
- Même schéma que la pyélonéphrite à risque de complication en ambulatoire (antibiothérapie probabiliste)
- Différer le traitement jusqu’à l’antibiogramme
Adaptation secondaire
- Molécules
- Durée
- 1ère intention : fluoroquinolones ou cotrimoxazole à privilégier si souche sensible
- 2ème intention si souche non sensible ou contre-indication : amoxicilline / C3G parentérales / sur avis spécialisé
- 14 jours : cas général
- 21 jours à discuter si :
- Uropathie sous-jacente non corrigée par l’antibiothérapie
- Lithiase urinaire / immunodépression profonde
- Molécule autre que fluoroquinolone ou cotrimoxazole
Traitement symptomatique
- Rééquilibration hydroélectrique : selon ionogramme / IV ou per os
- Antalgiques-antipyrétiques : paracétamol IV ou per os
- α-bloquant : si dysurie sévère
Traitement des complications
- Rétention aiguë d’urine (au choix)
- Abcès prostatique
- En cas de prostatite iatrogène post-biopsies de prostate
- Sondage vésical (pas de contre-indication formelle malgré la prostatite)
- Drainage des urines en urgence par cathétérisme sus-pubien
- Antibiothérapie souvent suffisante
- Discuter drainage chirurgical si persistance
- Bi-antibiothérapie IV probabiliste associant C3G IV + aminoside (car sélection des germes par antibio-prophylaxie avec les fluoroquinolones)
Mesures associées
- Celles des infections urinaires ou des infections sexuellement transmissibles selon le cas
- Traitement préventif lors de biopsies prostatiques transrectales ± certains gestes endoscopiques par voie urétrale rétrograde
Surveillance
- Clinique : réévaluation indispensable à J3 si prise en charge ambulatoire
- ECBU de contrôle : seulement si évolution défavorable à 72 heures
- + examen d'imagerie prostatique dans ce cas (par IRM prostatique / échographie endo-rectale >> TDM)
- Causes d'échec du traitement : antibiothérapie inadaptée (molécule inappropriée, durée de traitement trop courte) / non-prise en charge d'un trouble urologique sous-jacent
Particularités chez le sujet âgé
Généralités
Epidémiologie
- 2ème cause d’infection après les infections respiratoires
- Colonisation très fréquente / augmente avec l'âge
Physiopathologie
- Germes
- Facteurs favorisants
- E. coli < 50% des cas
- Plus de bactéries à Gram Positif
- Taux de résistance élevés
- Apports hydriques insuffisants
- Pathologie prostatique
- Ménopause
- Incontinence / sondage à demeure
- Vessie neurologique / alitement
- Anticholinergiques
Diagnostic
Examen clinique
- Tableau atypique chez le > 75 ans ou > 65 ans fragile (> 3 critères de Fried)
- Signes urinaires : ± absents / si présents, pas forcément rattachables à une infection urinaire / douleur abdominale plutôt que pelvienne
- Signes extra-urinaires fréquents : syndrome confusionnel / perte d’autonomie / chutes / décompensation d'organes…
- Signes évocateurs plutôt si modification de signes déjà présents : pollakiurie, incontinence…
Bandelette urinaire / examen cytobactériologique des urines
- 1/3 de contamination des prélèvements
- Colonisations fréquentes
- Leucocyturie non spécifique d’une infection chez le vieux
Complications + fréquentes
- Infectieuses (abcès) / déshydratation / perte d'autonomie
- Décompensation de comorbidités
Prise en charge
- Comme l'infection urinaire à risque de complication si fragile ou > 75 ans
- Adapter les traitements à la clairance de la créatinine
INFECTIONS URINAIRES CHEZ L'ENFANT
Généralités
Définitions
Cystite récidivantes: ≥ 3 épisodes de cystites / an
Reflux vésico-urétéral: fréquent chez le nourrisson/enfant
- Primitif : anomalie congénitale de la jonction urétéro-vésicale
- Secondaire : par augmentation de la pression vésicale (trouble mictionnel sur hyperactivité vésicale fonctionnelle le plus souvent : associe des fuites urinaires, des urgences mictionnelles, une dysurie et une miction en deux temps / favorisé par la rétention stercorale ou la prise de mauvaises habitudes mictionnelles), souvent reflux vésico-urétéral de faible grade
- Facteur de transmission haute de la colonisation / toute pyélonéphrite de l'enfant est à priori reliée à un reflux vésico-urétéral, intermittent ou permanent (possible pyélonéphrite sans reflux vésico-urétéral sur E. coli uropathogènes très adhésifs)
- Puis croissance avec maturation du fonctionnement vésico-sphinctérien (reflux vésico-urétéral fonctionnel) + allongement du trajet intramural (système antireflux naturel) de l'uretère (reflux vésico-urétéral organique) › disparition spontanée vers 1 an le plus souvent
Physiopathologie de l'infection
- Colonisation ascendante par des germes digestifs le plus souvent (rarement il s'agit d'une pyélonéphrite hématogène)
- Mécanisme ascendant favorisé par adhésivité bactérienne à l'épithélium des parois des voies urinaires de certains E. coli (uropathogènes) du fait de la présence de pili (adhésines bactériennes ayant une structure microfibrillaire capable de se fixer à des récepteurs glycoprotéiques)
- Facteurs favorisants
- Chez le nourrisson: couche / immaturité vésicale / prépuce étroit
- Chez l’enfant: troubles mictionnels / vulvite / rétention stercorale / oxyurose / hygiène
- Anomalie fonctionnelle (dysfonctionnement vésico-sphinctérien) ou organique (lésion anatomique, congénitale ou acquise)
Epidémiologie
- Infection urinaire fréquente en pédiatrie : concerne 1% des enfants < 2 ans
- Dépistage des uropathies anténatal : diminution de l'incidence, parfois antibioprophylaxie possible
- Premiers mois : chez le garçon +++ / puis filles > garçons ensuite
- < 1 an : pyélonéphrite dans 95% des cas ( & pyélonéphrite : constitue 10% des fièvres isolées)
Etiologies
- E. Coli +++ (80%) / Proteus mirabilis (10%, germe favorisant les lithiases)
- Rarement: entérocoques / klebsielles
- Très rares pyélonéphrites fongiques chez le nourrisson / cystites virale du jeune enfant et interstitielle de l'enfant plus âgé
- Résistances bactériennes
- 50% d'E. coli résistants à l'amoxicilline / 20-30% au cotrimoxazole
- E. coli BLSE (bêtalactamases à spectre étendu) : en augmentation mais moins de 10% en 2014
Diagnostic
Examen clinique
Terrain
- Rechercher antécédents d'infections urinaires +++ (et nombre d'épisodes/an)
- Rechercher des facteurs favorisants d’infection urinaire / existence d'uropathie
L’hypothèse d’une infection urinaire doit être systématiquement évoquée devant
- Toute fièvre chez un nourrisson de moins de 3 mois
- Une fièvre isolée (sans point d’appel) depuis plus de 4 jours quel que soit l’âge
- Des symptômes aspécifiques ou trompeurs : altération de l'état général, troubles digestifs…
Tableau de cystite
- Terrain : enfant (rarement le nourrisson) / filles de plus de 3 ans ++
- Signes généraux : APYRETIQUE (ou fébricule < 38,5°C) / pas d’altération de l'état général
- Douleurs : abdomino-pelviennes / fosses lombaires indolores
- Signes urinaires intenses : brûlures mictionnelles (ou pleurs lors des urines) / impériosités / pollakiurie / dysurie / douleurs hypogastriques / hématurie macroscopique / fuites urinaires (tableau souvent pauvre chez le nourrisson)
- Bandelette urinaire = hématurie ++ / protéinurie +
Tableau de pyélonéphrite aiguë
- Terrain: à tout âge / infection urinaire chez le nourrisson = pyélonéphrite ++ (nouveau-né : rechercher anomalies de la région périnéale : hypospadias, épispadias, malposition anale...)
- Signes généraux : fièvre élevée (température > 39°C) / altération de l'état général / vérifier tolérance
- Douleurs : abdominales ++ / lombaire (ébranlement des fosses lombaires)
- Signes urinaires : peu marqués en général (surtout si très jeune)
- Signes associés : ictère cholestatique fréquent chez nourrisson
- Tableaux spécifiques :
- Bandelette urinaire = hématurie + / protéinurie ++
- Nouveau-né : syndrome infectieux, troubles digestifs ± ictère / déshydratation aiguë + troubles ioniques ± insuffisance rénale aiguë (si atteinte bilatérale) / à toujours évoquer (sauf contexte d'infection materno-fœtale)
- Nourrisson : fièvre inexpliquée + troubles hémodynamiques + douleurs abdominales
- Grand enfant : fièvre élevée, frissons, douleurs abdominales ou lombaires ± signes fonctionnels urinaires (pollakiurie, mictions impérieuses, fuites d'urines)
- Signes atypiques : douleur abdominale vague / asthénie / fièvre isolée / vomissements..
- Chez le <3 mois : tableau souvent trompeur / germes spécifiques / risque de septicémie et d'essaimage méningé ++
Critères de gravité d'une pyélonéphrite chez l'enfant
- Facteurs de risque de complication
- Facteurs de sévérité
- 1 seul de ces critères justifie l'hospitalisation + traitement probabiliste
- Age < 3 mois / uropathie sous-jacente / immunodépression
- Lithiase (cause ou conséquence de l'infection urinaire)
- Sepsis (fièvre mal tolérée, troubles hémodynamiques)
- Signes de déshydratation / altération de l'état général
Devant une cystite récidivante : rechercher des facteurs favorisants
Fuites urinaires diurnes / encoprésie-constipation / jet anormal
Résultats de la bandelette urinaire
- Moins sensible si âge < 3 mois / qualité du recueil essentielle ++
- Techniques de recueil : (objectif : éviter contamination par flore commensale)
- Résultats :
- Prélèvement par collecteur adhésif (avec désinfection soigneuse et temps de pose ≤ 30 min) le + souvent utilisé, mais résultats médiocres et valeur prédictive positive d'infection urinaire faible (intérêt lorsque suspicion d'infection urinaire forte : leucocytes + nitrites en grande quantité)
- Prélèvement d'urines en milieu de jet : à privilégier ++ / difficile chez petite fille
- Cathétérisme urétral "aller-retour" par sonde souple : bonne méthode chez le < 2 ans (fille surtout) en intra-hospitalier pour éviter contamination périnéale
- Ponction sus-pubienne échoguidée : indications très limitées
- Détecte leucocytes (si > 10⁴) et nitrites (pour Escherichia coli, Klebsielle, Proteus Mirabilis)
- Si négatif : valeur prédictive négative = 97% donc élimine quasiment l'infection (sauf chez l'enfant de moins de 1-3 mois) / causes de faux négatifs :
- Leucocytes : leucopénie
- Nitrites : pas de nitrate réductase (entérocoque) / alimentation pauvre en nitrates (allaitement maternel exclusif) / urine ayant séjourné trop peu de temps dans la vessie (pollakiurie, sonde à demeure)
Examens complémentaires
Pour diagnostic positif = ECBU +++
Indications
- Systématique devant toute fièvre chez le nouveau-né ou nourrisson < 3 mois
- Seulement si bandelette urinaire positive chez le nourrisson > 3 mois et l'enfant
Modalités (4)
- Examen direct : effectué dans un délai ≤ 1 heure
- Culture : systématique
- Quantifie leucocyturie / caractérise bactérie (morphologie, Gram)
- Coloration de Gram oriente (bacilles négatifs : Escherichia coli / cocci gram positif : entérocoque)
- Identifie l'espèce bactérienne (24h) / quantification, antibiogramme (48h)
- Plusieurs espèces bactériennes retrouvées : signe une contamination le + souvent › répéter l'examen dans de meilleurs conditions (examen du milieu de jet, sondage)
Résultat : infection urinaire si associe :
- Bactériurie > 10⁵ UFC/ml (sur collecteur ou milieu de jet / 104 sur cathétérisme vésical)
- Leucocyturie > 10⁴/ml = significative (Elle peut être absente chez le nouveau-né)
Remarques sur l’interprétation
- L’absence de leucocyturie et de bactérie à l’examen direct des urines a une excellente valeur prédictive négative proche de 100% et permet d’éliminer une infection urinaire
- Absence de leucocyturie : valeur prédictive négative d'environ 97% pour éliminer l'infection urinaire
- Causes de leucocyturie sans germes (valeur prédictive positive d'infection urinaire si isolée : moins de 50%)
- Causes de bactériurie sans leucocyturie
- Infection urinaire décapitée / maladie inflammatoire (Kawasaki)
- Infection génitales (vulvovaginite / posthite)
- Pyélonéphrite et cystite d'origine non bactérienne
- Contamination du prélèvement / Infection urinaire débutante
- Colonisation urinaire (bactériurie asymptomatique)
Pour évaluation du retentissement
- Autres examens : indiqués uniquement en cas de pyélonéphrite (cystite : faire juste ECBU)
- NFS-CRP-PCT / urée-ionogramme-créatinine : systématiques si pyélonéphrite
- Hémocultures : systématique si nourrisson < 3 mois ou sepsis
- Ponction lombaire : largement indiquée si âge < 6 semaines (± tout enfant de moins de 3 mois) car risque de méningite associée ++ à la pyélonéphrite à hémocultures positives
- CRP normal après 24-48h d'évolution : doit faire remettre en question une éventuelle pyélonéphrite
- Positives dans 30% des cas si âge < 1 mois / 15% si âgé entre 1-2 mois / 5% si âgé entre 2 et 3 mois
Pour diagnostic étiologique = rechercher une uropathie
- Echographie rénale et des voies urinaires
- Cystographie rétrograde et mictionnelle
- Indiquée si infections urinaires récidivantes, hypoplasie, dysplasie rénale
- ± indiquée sur tout épisode de pyélonéphrite (mais l'échographie anténatale élimine normalement déjà une uropathie grave..)
- Pyélonéphrite : on retrouve des reins oedématiés / augmentation du volume rénal / épaississement des parois pyéliques (signe spécifique mais inconstant) / recherche de dilatation pyélo-calicielle +++
- Cystite : échographie indiquée si épisodes récidivants
- Peut retrouver des signes de reflux vésico-urétéral / uropathie obstructive / exceptionnellement : abcès, lithiase, tumeur
- Mais une échographie normale n'élimine pas le diagnostic de pyélonéphrite
- Indiquée si anomalies échographiques ou épisodes répétés de pyélonéphrite en dehors de contexte évident d'instabilité vésicale / non systématique / pas sur un 1e épisode sauf autres arguments d'uropathie
À distance (≥ 3 semaines) de l’infection : ECBU stérile indispensable
- Objective un reflux vésico-urétéral (et détermine le grade)
- Autres examens
- Scintigraphie rénale au DMSA / uro-TDM/IRM : ne sont pas indiqués en pratique courante chez l'enfant
Evolution
Pyélonéphrites récidivantes
- A partir du 3e épisode de pyélonéphrite
- Risque : cicatrices parenchymateuses, protéinurie, hypertension artérielle, réduction néphronique…
- ± recherche d'anomalie fonctionnelle ou organique au 1e épisode de pyélonéphrite par échographie (examen proposé mais non systématique…)
- Cystographie : proposée si pyélonéphrites récidivantes (généralement normale ou reflux vésico-urétéral faible)
Cystites récidivantes
- A partir du 3e épisode de cystite
- Dysfonctionnement vésico-sphinctérien › rétention stercorale › infection (et auto-entretien) / échographie nécessaire mais n'objective souvent qu'un simple épaississement de la paroi vésicale (compression vésicale par le contenu rectal)
Pronostic
- Lié aux risques d'apparition de cicatrices parenchymateuses
- Peuvent induire protéinurie / hypertension artérielle / réduction néphronique
- Surtout en cas de pyélonéphrites répétées, traitées tardivement, avec une antibiothérapie inadaptée
Traitement
Prise en charge
- Traitement ambulatoire en cas de cystite ou pyélonéphrite sans signe de gravité
- Critères d’hospitalisation devant une pyélonéphrite
- Nourrisson < 3 mois : systématique
- Signes de gravité clinique (cf supra)
- Risque de non-observance ou d'accès difficile à un traitement rapide
Traitement symptomatique
- Antipyrétique : paracétamol 60mg/kg/J en 4 prises orales
- Réhydratation : si perte de poids / solution de réhydratation orale : 1 sachet-200ml / fractionné / à volonté / encourager mictions régulières et fréquentes si enfant en âge de comprendre
Antibiothérapie
Cystite simple
ECBU systématique pour une cystite du nourrisson/ de l'enfant
- Cotrimoxazole (Bactrim® oral) en 2 prises sans dépasser la dose adulte
- Ou Céfixime (Oroken®) 8 mg/kg/j en 2 prises : ± réservée aux souches résistantes au cotrimoxazole
- Ou Augmentin® (excellente concentration urinaire, efficace y compris pour les BLSE) : 80 mg/kg/j (< 3 g/j) en 3 prises
- Durée totale de 5 jours / pas de traitement antibiotique minute validé chez l'enfant
Pyélonéphrite aiguë
Objectifs
- Eviter dissémination bactérienne / limiter risque de cicatrices rénales
- Probabiliste initialement puis adaptée au choix de l'antibiogramme
Traitement d’attaque (SPILF 14)
Pyélonéphrite hospitalière: ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection IV sur 30 minutes (< 2g au total) ou céfotaxime 50 mg/kg/8h IV (sans dépasser 6g / à privilégier car moins d'impact écologique) + amikacine 30 mg/kg/j en 1 injection IV sur 30 minutes
Chez l'enfant de moins de 1 mois: ne pas administrer de ceftriaxone avec du calcium (risque de précipitation)
Enfant de plus 3 mois consultant aux urgences sans nécessité d'hospitalisation :
- Si traitement IV envisagé pendant 2-4 jours : amikacine 30 mg/kg/j en 1 injection sur 30 min ou ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection sur 30 min (total < 2g)
- Si traitement intramusculaire envisagé : ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection (total < 2g)
- Traitement oral (nécessite toutes les conditions suivantes : âge de plus de 3 mois + fièvre d'installation récente + absence d'altération de l'état général + absence d'antécédent d'infection urinaire ou d'uropathie + pas d'antibiothérapie récente): céfixime 4 mg/kg toutes les 12h
Enfant de plus 3 mois consultant au cabinet médical sans nécessité d'hospitalisation :
- Traitement par voie intramusculaire : ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection (total < 2g)
- Traitement oral (mêmes critères : âge de plus de 3 mois + fièvre d'installation récente + absence d'altération de l'état général + absence d'antécédent d'infection urinaire ou d'uropathie + pas d'antibiothérapie récente) : céfixime 4 mg/kg toutes les 12h
Relais oral : dans tous les cas à 48h (et adaptée aux résultats de l'ECBU)
Par ordre de préférence : amoxicilline (sauf pour Escherichia coli) > cotrimoxazole > céfixime (AMM après 6 mois mais fait plus tôt en pratique) > ciprofloxacine (après la fin de la croissance / si souche non résistante à l'acide nalidixique) > Augmentin + céfixime (si céfixime résistant mais CMI < 1 mg/L) > aminosides, pipéracilline-tazobactam.. / pour durée totale d'environ 10 jours
Remarques
- Si Escherichia coli sensible à l'Augmentin à l'antibiogramme : ne pas l'utiliser (concentrations minimales inhibitrices toujours élevées)
- Allergie aux bêta-lactamines : utiliser un aminoside monothérapie IV seul
- Infection urinaire à entérocoque : antibiothérapie par amoxicilline ± aminoside
- A l'avenir : traitement par aminoside intramusculaire seul pour toute pyélonéphrite ? Possible si couvre les BLSE (amikacine ++), n'induit pas de résistance (par rapport aux C3G)
- Risque d'augmentation des pyélonéphrites à entérobactéries multi-résistantes BLSE (résistance à toutes bêta-lactamines sauf les carbapénèmes / mais souches à carbapénémases apparues récemment également donc le traitement par carbapénème non recommandé)
En cas d’allergie aux bêta-lactamines
Hospitalisation + aminosides seuls 48h puis relais cotrimoxazole oral
En cas d'infection urinaire récidivante
Cystite récidivante
- Si infections urinaires répétées : antibioprophylaxie parfois indiquée (modalités : comme les pyélonéphrites récidivantes)
- Mesures associées : prise en charge de la rétention stercorale (laxatifs osmotiques) ± dysfonctionnement vésico-sphinctérien par un traitement anticholinergique (Ditropan®) ++
Pyélonéphrite récidivante
- Traitement des facteurs favorisants ++
- Antibioprophylaxie (pour diminuer la fréquence et limiter les lésions rénales) peut être proposée mais efficacité discutée :
- Laxatifs osmotiques si rétention stercorale
- Anticholinergiques (oxybutynine) si instabilité vésicale
- Rééducation vésico-sphinctérienne (si trouble urinaire plus complexe)
- Modalités : cotrimoxazole sur quelques mois ou jusqu'à suppression des couches si propreté des selles non acquise / faible dose (au 1/3 de la posologie curative) en 1 fois au coucher
Mesures associées
- CARNET DE SANTE +++
- Education des parents : mesures d’hygiène / informations sur signes nécessitant consultation en urgence
- Traitement d’une constipation associée
Surveillance
- Clinique : consultation de contrôle à +48H systématique si pyélonéphrite ambulatoire (recherche de fièvre, de signes fonctionnels urinaires, faire une bandelette urinaire si fièvre…) / fièvre-tolérance
- Paraclinique : ECBU de contrôle dans la pyélonéphrite à 48-72h si évolution inhabituelle ou résistance à l'antibiothérapie initiale / échographie en l'absence d'argument bactériologique pour un échec du traitement (recherche de complications : abcès rénal…)
- Risque à long terme des pyélonéphrites discuté : infection urinaire dans l'enfance pourrait augmenter le risque de pyélonéphrite gravidique / risque d'hypertension artérielle, micro-albuminurie, insuffisance rénale chronique en cas de reflux vésico-urétéral dans l'enfance (par cicatrices rénales)
- Conseils généraux de lutte contre facteurs de risque cardio-vasculaire / éviter excès de sel-protéines / mesure de la pression artérielle régulière
Uropathies de l'enfant
Indications à une exploration spécialisée
- Mictions très nombreuses avec fuites urinaires / mauvais jet urinaire (goutte à goutte…)
- Infections urinaires à répétition / anomalies de l'échographie rénale
Reflux vésico-urétéral ++
- Uropathie malformative la + fréquente de l'enfant = anomalie de la jonction urétéro-vésicale, qui ne peut s'opposer au reflux de l'urine de la vessie vers l'uretère
- Fréquent (50% des infections urinaires) / filles > garçons (sex ratio x5)
REFLUX VESICO-URETERAL FONCTIONNEL | REFLUX VESICO-URETERAL MALFORMATIF | |
Fréquence | +++ | + |
Age | Enfant | Nouveau-né, nourrisson |
Sexe | Fille ++ | Garçon ++ |
Révélation | Pyélonéphrites (souvent répétées) | Pyélonéphrites (ou de diagnostic anténatal) |
Troubles mictionnels | Très fréquents | Peu |
Reflux | Intermittent | Permanent |
Echographie | Souvent normale ++ | Souvent anormale ++ |
Grade (cystographie) | Faible (0-2) | Elevé (3-5) |
Jonction urétéro-vésicale | Normale | Anormale |
Risque rénal | + (faible) | +++ (élevé) |
Antibioprophylaxie | Souvent indiquée | Peu indiquée |
Traitement chirurgical | Jamais | A discuter |
Exploration par cystographie : réalisée après pose d'une sonde vésicale
Evolution
- Disparition spontanée (maturation anatomique) dans la majorité des reflux vésico-urétéraux fonctionnels
- Pyélonéphrite chronique : infection urinaire asymptomatique › risque de cicatrices rénales ++
- A terme : risque de néphropathie de reflux (néphropathie tubulo-interstitielle) puis insuffisance rénale terminale
Traitement
Indications chirurgicales controversées : surtout pour pyélonéphrites répétées sur reflux vésico-urétéral malformatif de grade élevé
- Modalités : chirurgie anti-reflux de Cohen, traitement endoscopique : réimplantation urétéro-vésicale par abord direct ou injection sous-méatique d'une substance inerte créant un socle sur lequel vient s'appuyer sur l'uretère pour s'opposer au reflux
- Mais pas d'influence sur le risque de cicatrices parenchymateuses ou d'hypertension artérielle / insuffisance rénale chronique au long cours (mais baisse le risque de récidives de pyélonéphrite)
- Sinon traitement conservateur / ± circoncision pour diminuer le risque de récidive
Autres anomalies urétéro-vésicales
Mégauretère primitif (non refluant) : dilatation urétéro-pyélo-calicielle sus-jacente à un obstacle significatif au niveau de la jonction urétéro-vésicale
- Echographie : dilatation uretère généralement > 10-15 mm (+ dilatation des cavités pyélo-calicielles)
- Cystographie : élimine un reflux vésico-urétéral de haut grade, vérifie l'urètre chez le garçon
- Infection urinaire dans ce contexte souvent difficile à traiter / faire une dérivation urinaire externe par néphrostomie ou interne par sonde double J parfois nécessaire / scintigraphie 2-3 semaines après l'infection urianire évalue le retentissement et oriente la prise en charge
- Traitement : néphro-urétérectomie si rein dilaté non fonctionnel ou très altéré
- Autres cas : réimplantation vésico-urétérale + modelage urétéral après résection de la partie terminale de l'uretère chez le plus de 1 an généralement, à distance d'une infection urinaire
- Chez le nourrisson : drainage temporaire par JJ (idéalement posée sous cystoscopie), évite la réimplantation dans 70% des cas
- Circoncision chez le garçon : diminue le risque de récidive d'infection urinaire en supprimant le réservoir bactérien préputial
Urétérocèles : dilatation pseudo-kystique de l'uretère terminal en portion sous-muqueuse
- Différentes formes anatomiques : urétérocèle ectopique ou extra-vésical sur duplication urétérale = la + fréquente (60%) / chez la fille > garçon (sex-ratio x 4) / bilatéral dans 10% des cas
- Dépistage anténatal généralement : kyste intra-vésical / à la naissance, se révèle par une infection urinaire fébrile / très rarement diagnostic sur une masse lombaire secondaire à la dilatation du calice supérieur, une rétention aiguë d'urines par obstruction du col vésical…
- Echographie : permet d'apprécier la taille de l'urétérocèle = image kystique dans la vessie à parois généralement fines et régulières / dilatation des voies excrétrices d'amont / état du parenchyme rénal (généralement dysplasique)
- Cystographie rétrograde : précise l'anatomie / recherche de reflux vésico-urétéral dans l'uretère polaire inférieur / si dilatation importante ou obstacle à la vidange vésicale avec menace sur parenchyme fonctionnel : réaliser une décompression endoscopique (sous anesthésie générale, par perforation par sonde bug bee ou section déclive à lame froide)
- Autres examens :
- Pour enfant asymptomatique sans retentissement : traitement conservateur
- Sinon : traitement chirurgical (surtout si antécédents d'infections urinaires ++)
- Urétérocèle sur système simple + rare (toujours orthotopique) ± obstructive, dilatation urétéro-pyélo-calicielle ± lésions rénales de dysplasie
- Echographie à 1 mois postopératoire ± cystrographie (recherche d'un reflux vésico-urétéral dans l'uretère polaire supérieur)
- Scintigraphie (fonction du pôle supérieur du rein dupliqué)
- Modalités : selon la fonction du pôle supérieur, néphrectomie partielle / ablation de l'urétérocèle, reconstruction du trigone et réimplantation urétéro-vésicale des 2 uretères sinon / anastomoses pyélo-pyéliques ou pyélo-urétérales ± hautes aussi faisables
Autres uropathies
Syndrome de jonction pyélo-urétérale
- Dilatation isolée du bassinet et des calices sans dilatation des uretères
- Risque de complications : infection urinaire fébrile avec dilatation majeure du bassinet (> 30-40mm) ou sepsis mal contrôlé, indique un drainage urinaire (néphrostomie per-cutanée ou double J)
- Scintigraphie: 2-3 semaines post-néphrostomie pour évaluer fonction des 2 reins
- Rechercher d'artère polaire inférieure possiblement responsable de l'obstacle chez le grand enfant
- Prise en charge
- Si rein dilaté non fonctionnel (ou < 5-10% de fonction) : proposer une néphrectomie
- Sinon résection anastomose de la jonction pyélo-urétérale ± pyéloplastie
- Suivi échographique ++
Anomalies vésico-urétrales
- Valves de l'urètre postérieur (VUP) : uniquement chez le garçon
- Autres uropathies (atrésies de l'urètre, mégalourètre, sinus uro-génitaux) : exceptionnelles
- Diagnostic échographie anténatal ++ (rares formes vues + tardivement sur infection urinaire fébrile)
- Echographie : dilatation urétéro-pyélo-calicielle uni ou bilatérale / vessie à parois épaissies ± diverticule / dilatation de l'urètre postérieur en amont des valves
- Cystographie : confirme le diagnostic (paroi irrégulière de la vessie multi-diverticules / disparité de calibre entre uretère postérieur et uretère bulbaire)
- Urgence médico-chirurgicale : sonde urétrale mise en place jusqu'au geste chirurgical de résection / si échec : cathéter sus-pubien posé sous anesthésie locale
- Suivi chirurgical + néphrologique (pression artérielle, créatinine, suivi écho…)
- Bilan biologique : recherche de troubles hydro-électrolytiques
- Traitement chirurgical avec résection endoscopique des valves par résecteur pédiatrique ou section lame froide / drainage laissé en place généralement 48h
- Autres techniques chirurgicales : électrode gainée bug-bee / laser YAG..
Renforcez votre apprentissage au quotidien avec les ressources audio de l’application ECNA.
- Interpréter les résultats des bandelettes urinaires et des examens cytobactériologiques des urines
- Diagnostiquer et traiter une cystite aiguë
- Connaître la conduite à tenir face à une cystite récidivante
- Diagnostiquer et traiter une pyélonéphrite aiguë, identifier les situations nécessitant une hospitalisation
- Diagnostiquer et traiter une prostatite aiguë, identifier les situations nécessitant une hospitalisation
- Expliquer la place de l'antibiothérapie chez un patient porteur d'une sonde urinaire
INFECTIONS URINAIRES CHEZ L'ADULTE
Généralités
Définitions
Infection urinaire à risque de complications
- Anomalie fonctionnelle ou organique de l’arbre urinaire
- Terrain à risque
- Uropathie obstructive : lithiase / sténose / hypertrophie bénigne de la prostate / corps étranger / tumeur
- Autre uropathie : résidu post-mictionnel / vessie neurologique / reflux vésico-urétéral
- Iatrogène : geste chirurgical / endoscopie / sonde
- Homme
- Grossesse
- Âge > 65 ans avec ≥ 3 critères de Fried / ou âge > 75 ans
- Insuffisance rénale chronique < 30 mL/min
- Immunodépression grave (traitement immunomodulateur, transplantation, VIH avec moins de 200 CD4…)
- Note : critères de Fried
- Perte de poids involontaire au cours de la dernière année
- Vitesse de marche lente
- Faible endurance
- Faiblesse / fatigue
- Activité physique réduite
Infection urinaire masculine ou pyélonéphrite avec signes de gravité
- Sepsis grave
- Choc septique
- Indication de drainage chirurgical ou interventionnel (sondage simple exclu)
Infection urinaire simple
- Femme jeune sans facteurs de risque
- Le diabète n’est plus considéré comme un facteur de risque
Infections urinaires masculines
- Toujours à risque de complication
- On considérera toujours que la prostate est potentiellement infectée lors d'une infection urinaire
Microbiologie
Germes
- Origine digestive / généralement monomicrobiennes
- E. coli
- Autres
- Epidémiologie
- Résistances actuelles dans les infections urinaires
- Présente dans 90% des infections urinaires simples / 65% si risque de complication ou récidivantes
- < 5% : fosfomycine-trométamol / nitrofurantoine / aminosides
- 5% : C3G / aztreonam / fluoroquinolones (si infection urinaire simple)
- 10-20% : fluoroquinolones (infection urinaire à risque de complication) / pivmécillinam
- > 20% : amoxicilline / augmentin / cotrimoxazole
- P. mirabillis = 2ème plus fréquente (favorise les lithiases car bactérie à uréase)
- Staphylococcus saprophyticus chez la femme jeune
- Plus rarement P. aeruginosa / C. urealyticum / autres entérobactéries / entérocoques
- + candida albicans, candida tropicalis : infections nosocomiales avec sonde à demeure, diabète, post-antibiothérapie à large spectre
Fluoroquinolones
- Eviter les prescriptions répétées chez le même patient
- Pas en probabiliste si traitement par fluoroquinolones dans les 6 mois précédents
- Pas utilisable si bactérie résistante à l’acide nalidixique ou à la norfloxacine (car constitue un 1e niveau de mutation)
Céphalosporines de 3e génération
- Principal mécanisme de résistance = bêta-lactamases à spectre étendu = BLSE (principal antibiotique actif dans ce cas = carbapénème)
- + résistance aux fluoroquinolones et au cotrimoxazole
- Prendre en compte ce risque de résistance dans le choix du traitement antibiotique probabiliste uniquement en cas d'infection urinaire grave
- Mais ne modifie pas la durée de traitement : les infections urinaires à EBLSE ne sont pas plus graves que les autres
- Signe une résistance à toutes les β-lactamines sauf les carbapénèmes et les céphamycines (C2G type céfoxitine)
- Mais résistance à pipéraclline-tazobactam dans seulement 20% des BLSE parfois utilisé en relais
Physiopathologie
- Urine stérile physiologiquement / réservoir de bactéries : digestif ou vaginal
- Remonte par voie ascendante le long de l'urètre pour atteindre la vessie ± le rein
- Voie hématogène très rare (< 3% des cas, surtout pour des germes de type : S. aureus, salmonelles, Pseudomonas, Candida..)
- Moyens de protection physiologiques : les mictions qui luttent contre les adhésions / pH acide / osmolarité faible de l'urine
- Cystite : réponse inflammatoire à l'adhésion des bactéries à la surface muqueuse
- Pyélonéphrite : état inflammatoire d'origine infectieuse atteignant le rein et sa voie excrétrice, responsable :
- Œdème / afflux leucocytaire / ischémie localisée du parenchyme rénal
Epidémiologie
- 1ère cause d’infection communautaire en France (30 à 50% des femmes sur vie entière)
- 1ère cause d’infection nosocomiale en France (30%)
Facteurs favorisants
- Sexe féminin / en début de vie sexuelle et à la ménopause
- Diabète
- Iatrogénie (sondage, endoscopie) / transplantation rénale
- Toute stase urinaire : HBP / médicaments anticholinergiques, opiacés, neuroleptiques
- Grossesse / infection génitales / troubles du transit / défaut ou excès d’hygiène
Examens des urines
Bandelette urinaire
- Modalités
- Seuils de détection
- Interprétation
- Tremper la bandelette dans les urines du 2e jet fraîchement émises
- Pas de toilette préalable
- Leucocyturie : à partir de 10⁴/mL (détection de la leucocyte estérase)
- Nitrites : à partir de 10⁵ germes/mL (seulement entérobactéries)
- Chez la femme
- Chez l’homme
- Faux négatifs de nitrites
- Faux négatifs de leucocyturie : immunodépression, neutropénie / infections urinaires masculines
- Valeur prédictive négative > 95 % / une BU négative élimine quasiment une infection urinaire (sauf chez l’immunodéprimée)
- La valeur prédictive positive est plus basse / l'ECBU systématique devant une BU positive (sauf cystite simple)
- Valeur prédictive négative moins forte que chez la femme
- Mais la valeur prédictive positive chez l'homme atteint = 90 % (un examen positif signe quasiement l'infection urinaire)
- Bactéries n'exprimant pas de nitrate réductase : S. saprophyticus / streptocoques & entérocoques / Acinetobacter
- Faible bactériurie / pH urinaire acide/ diurétiques et urines diluées / infections urinaires masculines / régime restreint en nitrates
Examen cytobactériologique des urines (ECBU)
Indications
- Toute suspicion clinique d’infection urinaire
- SAUF cystite simple
- Et pas d'ECBU de contrôle dans le suivi des infections urinaires en cas d'évolution clinique favorable
Modalités
- Cas général
- Situations particulières
- S'il y a des cellules épithéliales à l’examen direct signe une contamination
- Réalisé avant toute antibiothérapie / ≥ 4 heures après la miction précédente
- Hygiène au préalable (lavage à l'eau et savon ou friction avec solution hydro-alcoolique)
- Toilette de la région urétrale ou vulvaire / un seul geste d’avant en arrière chez la femme
- Recueil du milieu de jet : éliminer les 20 premiers mL d'urines (flore physiologique de l'urètre distal)
- Ne jamais conserver les urines + de 2h à température ambiante ou + de 24h à 4°C
- Pertes vaginales : mettre un tampon avant
- Incontinence totale : sondage « aller-retour » chez la femme / collecteur pénien chez l’homme
- Patient sondé : ponction après désinfection sur le site de sondage / JAMAIS réalisée à partir du sac
Examens réalisés
- Examen direct / examen cytologique
- Culture / antibiogramme / compte des bactéries
Résultats
- Seuils de bactériurie chez un patient symptomatique avec leucocyturie ≥ 10⁴ / mL (10/mm3 )
- Bactériurie avec leucocyturie < 10⁴ / mL
- Chez l’homme : ≥ 10³ quelle que soit la bactérie
- Chez la femme
- Remarque : si tableau clinique fort avec leucocyturie/bactériurie inférieure au seuil : la clinique prime
- ≥ 10³ si E. Coli / S. saprophyticus
- ≥ 10⁴ sinon (≥ 105 chez la femme enceinte pour colonisation)
- Evoque une contamination refaire l’examen dans de meilleures conditions si suspicion forte
Colonisation urinaire
Définition
- Micro-organisme dans les urines sans symptômes associés / quel que soit le niveau de leucocyturie associé
- Pas d’ECBU sauf chez la femme enceinte / en pré-chirurgie des voies urinaires
Physiopathologie
- ± rôle protecteur vis-à-vis des souches invasives
- Evolution très rare vers les infections urinaires / pas d’atteinte de la fonction rénale
Epidémiologie
- Chez la femme
- Chez l’homme : prévalence augmente après 60 ans (25% après 80 ans)
- Chez le sujet sondé à demeure : 100% d'infection après 1 mois
- Chez les institutionnalisés : 20-50% des personnes
- La prévalence augmente avec l’activité sexuelle et l’âge / 1-5% chez la femme jeune / 20-50% après 80 ans
- Plus élevée chez les diabétiques / pas d’influence de la grossesse
Traitement
- Jamais indiqué
- Sauf chez la femme enceinte / en pré-chirurgical
Leucocyturie aseptique
Définition
Leucocyturie avec bactériurie < 10⁴ / mL
Etiologies
- Infection urinaire décapitée
- Urétrite / vaginite / période péri-menstruelle (hématurie associée)
- Cystites non bactériennes : tumeur / corps étranger / radiothérapie / lithiase / médicament…
- BK urogénitale (+ infection à Chlamydia trachomatis, Mycoplasma hominis)
- Néphropathies interstitielles chroniques / néo-vessies iléales ou coliques
Education du patient devant toute infection urinaire
- Apport hydriques > 1,5 L / j
- Suppression des mictions retenues / encourager les mictions fréquentes
- Régularisation du transit intestinal / essuyage d'avant en arrière
- Uriner après les rapports sexuels / arrêt de spermicides éventuels
Sonde vésicale
Généralités
- Tous les porteurs de sonde sont bactériuriques avec une leucocyturie
- Absence d’intérêt de la BU / signes fonctionnels urinaires sans valeur diagnostique
- Infection urinaire sur sonde presque toujours conséquence d’un dysfonctionnement obstruction / arrachement
- Signes évocateurs atypiques : fièvre ou hypothermie / hypotension / malaise général, léthargie, altération de l'état général
Prise en charge d’une suspicion d’infection urinaire sur sonde (signe = fièvre ++)
- Examens complémentaires
- Si infection confirmée
- ECBU sur l'opercule de prélèvement (jamais d'ECBU systématique en l'absence de signe clinique) / jamais de BU
- ± hémocultures
- Antibiothérapie selon l’antibiogramme si possible pour 10 jours
- ± si besoin avant résultats d'ECBU : pipéracilline-tazobactam ou céphalosporines de 3e génération injectable (+ amikacine si sepsis sévère)
- Retrait ou changement de sonde indispensable (dans les < 24h)
- Si allergie : aminoside seul chez la femme / fluoroquinolones ou cotrimoxazole chez l'homme
Principe de l'antibiothérapie
- En probabiliste : ABT avec taux de résistance de E. coli < 20% si cystite simple / < 10% dans les autres cas
- Impact sur le microbiote
- Donc jamais d'amoxicilline / Augmentin / cotrimoxazole en probabiliste
- Faible : fosfomycine / nitrofurantoïne / pivmécillinam
- Important : Augmentin / cotrimoxazole
- Très important : fluoroquinolones / céphalosporines de 3e génération
Cystite
Diagnostic positif
Interrogatoire
- Anamnèse
- Signes fonctionnels urinaires
- Signes associés à rechercher
- Nombre d’épisodes par an
- Date du dernier épisode
- Brûlures mictionnelles / pollakiurie / impériosités / gêne sus-pubienne
- Dysurie (pour éliminer une cystite à risque de complication)
- Urines troubles / hématurie (30% des cas, pas un signe de gravité)
Examen physique
- Recherche d’une pyélonéphrite : signes négatifs à rechercher
- Bandelette urinaire
- Apyrexie
- Pas de douleur à l’ébranlement lombaire, spontanée ou provoquée
- Systématique devant toute suspicion d’infection urinaire
Examens complémentaires
Pour diagnostic positif : examen cytobactériologique des urines
- Indications
- Modalités : les mêmes que décrites au-dessus
- Inutile si : cystite aiguë simple / non récidivante
- Systématique si : cystite à risque de complication / premiers épisodes de cystite récidivante
- Si rechute à la même bactérie = recherche cystite à risque de complication
Pour rechercher une uropathie sous-jacente
- Indications
- Modalités
- Cystite récidivante / ± suspicion de rétention aiguë d'urines
- Au cas par cas / PAS chez la femme non ménopausée sans facteur de risque de complication avec examen clinique normal
- Echographie rénale et des voies urinaires systématique
- ± mesure du résidu post-mictionnel / cystoscopie / cystographie / uroscanner / débit-métrie…
Formes cliniques
Cystite aiguë simple
Terrain sans particularité / pas d’uropathie suspectée / pas de récidives
Cystite récidivante
- Définition
- Facteurs favorisants
- ≥ 4 épisodes par an
- Les épisodes peuvent être simples ou à risque de complication
- Généraux
- Chez la femme ménopausée
- Recherche de ces facteurs à l'interrogatoire et à l'examen physique
- Activité sexuelle / spermicides
- Première infection urinaire < 15 ans
- Antécédent au premier degré (mère, sœur, fille)
- Obésité
- Prolapsus vésical
- Incontinence urinaire / résidu post-mictionnelle
- Déficit en œstrogènes
Diagnostics différentiels
- Pyélonéphrite aiguë
- Autres causes d’irritation vésicale
- Colonisation / leucocyturie aseptique : voir différences au-dessus
- A éliminer systématiquement
- Compression extrinsèque : utérus gravide / tumeur pelvienne
- Inflammation de voisinage : appendicite / sigmoïdite / salpingite
- Calcul : lithiase urétérale ou vésicale
- Néoplasique : tumeur vésicale
Evolution
- Histoire naturelle
- Evolution favorable sous traitement en 2 à 4 jours
- Evolution favorable même sans traitement (dans 25-45% des cas)
- Complications
- Causes d’échec thérapeutique
- Pyélonéphrite aiguë : rare sauf en cas de grossesse
- Evolution défavorable : persistance ou aggravation des symptômes > 72h après début du traitement
- Récidives : 20-30 % des cas / 50 % sont dues au même germe
- Mauvaise observance du traitement initial
- Recontamination
- Résistance bactérienne
Traitement
Prise en charge : en ambulatoire dans tous les cas
Antibiothérapie
Cystite aiguë simple
- Objectifs
- Molécules en probabiliste
- Amélioration symptomatique
- Ce n'est PAS en prévention de la pyélonéphrite
- 1ère intention : fosfomycine-trométamol dose unique
- 2ème intention : pivmécillinam 5 jours
- 3ème intention : fluoroquinolones dose unique / nitrofurantoïne 5 jours
Cystite à risque de complication
- Modalités
- Molécules
- Cas général
- Indications du traitement probabiliste
- Traitement d’emblée adapté à l’antibiogramme (dans les 48h)
- Car la cystite récidivante est le terrain le + à risque de résistance
- Patiente très symptomatique
- Antécédents d’évolution vers une pyélonéphrite
- Comorbidités importantes
- Traitement adapté à l'antibiogramme (dans l’ordre)
- Traitement probabiliste (5-7J)
- Amoxicilline 7 jours > pivmécillinam 7 jours > nitrofurantoïne 7 jours > [cotrimoxazole 5 jours / Augmentin 7 jours / céfixime 7 jours / fluoroquinolones 5 jours]
- En dernier recours : fosfomycine-trométamol sur avis d'expert (1 dose ou 3 doses J1/J3/J5)
- 1ère intention : nitrofurantoïne
- 2ème intention : céfixime / fluoroquinolone
Cystite récidivante
- Traitement de l’épisode
- Automédication
- Prophylaxie non antibiotique
- Antibiothérapie prophylactique
- Comme pour une cystite simple / éviter nitrofurantoïne car risque allergique, hépatique et pulmonaire si prises répétées
- Possible après éducation de la patiente bandelette urinaire puis antibiothérapie si positive
- Réévaluer 2 fois par an la prescription
- Règles d’hygiène : voir plus haut (pas d'efficacité démontrée)
- Canneberge : si cystites récidivantes à Escherichia Coli, à 36 mg/j (non remboursé)
- Œstrogènes : en application locale si femmes ménopausées / après avis gynécologique
- Indications
- Modalités
- ≥ 1 cystite par mois / avec un retentissement important
- Echec de toute autre mesure
- Traitement au coup-par-coup difficilement accepté
- Début de l'antibioprophylaxie après un ECBU négatif / permet uniquement de diminuer de la fréquence, effet seulement suspensif
- En cas de survenue d'une cystite sous antibioprophylaxie : interrompre l'antibioprophylaxie et prescrire une antibiothérapie curative sur documentation
- Durée : au moins 6 mois / réévaluation au moins 2 fois par an
- Cystite post-coïtale : cotrimoxazole ou fosfomycine-trométamol 2 h avant à 2 h après l’acte
- Autres : cotrimoxazole le soir au coucher / fosfomycine-trométamol 1x/7-10 jours
Mesures hygiéno-diététiques
Voir mesures classiques des infections urinaires plus haut
Traitement étiologique
- Si cystite compliquée : rechercher et traiter une uropathie sous-jacente
- Si cystite récidivante : rechercher et traiter un facteur favorisant
Surveillance
- Indications de l’ECBU de contrôle
- Si persistance après antibiothérapie conventionnelle
- Evolution défavorable à 72 heures sous antibiothérapie
- Récidive dans les 2 semaines
- Bilan urinaire à la recherche d’une étiologie
Pyélonéphrite aiguë
Diagnostic
Examen clinique
- Interrogatoire
- Examen physique
- Terrain : antécédents de cystites / de pyélonéphrite / uropathie
- Anamnèse : ancienneté / évolution
- Signes fonctionnels
- Douleur lombaire : unilatérale / irradiant vers les organes génitaux externes / spontanée et/ou provoquée / ± empâtement de la fosse lombaire
- Signes associés : signes digestifs / hématurie / urines troubles
- Signes de cystite : 50 % des cas / discrets / parfois prodromiques
- Signes positifs : douleur provoquée à l’ébranlement lombaire / fièvre ± frissons (parfois fièvre isolée chez diabétique ou sujet âgé)
- Signes de gravité : voir supra
Examens complémentaires
Pour diagnostic positif
BU + ECBU : systématiques
Pour rechercher un obstacle sur les voies urinaires
- Echographie rénale et des voies urinaires
- Uroscanner
- Signes positifs
- Pour évaluer le retentissement
- Œdème-néphromégalie / épaississement des parois
- Hypotonie des cavités pyélo-calicielles, hypovascularisé au Doppler (néphrite)
- Dédifférenciation cortico-médullaire
- Recherche une dilatation des cavités pyélo-calicielles
- Recherche un abcès rénal
- Signes positifs
- Au décours
- Hypodensité parenchymateuse triangulaire à base corticale après injection
- Néphromégalie (par œdème inflammatoire)
- ± abcès rénaux et péri-rénaux / lithiase…
- Cicatrice corticale irréversible possible (ou atrophie)
Pour évaluation du retentissement
- NFS-CRP : hyperleucocytose neutrophile / syndrome inflammatoire
- Ionogramme-urée-créatinine : recherche d'insuffisance rénale aiguë / de troubles hydro-électriques
- Hémocultures : positives dans 30-50 % des cas
- La présence d'une bactériémie à entérobactérie ne modifie ni le pronostic, ni le choix, ni la durée du traitement antibiotique
Stratégie diagnostique
Pyélonéphrite aiguë simple
- Hémocultures : seulement si doute diagnostique
- NFS / CRP / bilan rénal : non systématiques
- Imagerie
- Echographie rénale
- Uroscanner
- Si pyélonéphrite hyperalgique / sous 24 heures (recherche d'un obstacle)
- Non recommandée sinon
- Si évolution défavorable à 72 heures
Pyélonéphrite aiguë à risque de complications (mêmes critères que la cystite)
- Hémocultures : seulement si doute diagnostique
- NFS / CRP / bilan rénal : systématiques
- Imagerie : uroscanner systématique sous 24 heures / échographie si contre-indiqué
Pyélonéphrite aiguë grave
- Hémocultures : systématiques
- NFS / CRP / bilan rénal : systématique
- Imagerie : uroscanner systématique sous 24 heures
Evolution
Histoire naturelle sous traitement
Evolution le plus souvent favorable en 48-72 heures
Complications
- Locales : abcès rénal / phlegmon péri-néphrétique / pyélonéphrite emphysémateuse
- Générales : bactériémie / sepsis / choc septique
- Récidives : ± pyélonéphrite chronique néphropathie interstitielle fibrosante ± insuffisance rénale chronique
- Chez la transplanté rénal : fréquente / transplant souvent indolore, signes fonctionnels urinaires inconstants, fièvre isolée / risque de dégradation de la fonction rénale
- Abcès : complication rare / diagnostic par TDM / drainage percutané ou chirurgical / antibiothérapie prolongée
- Pyélonéphrite emphysémateuse : présence de gaz dans le rein au TDM / terrain : diabète, immunodéprimé.. / le traitement antibiotique est + prolongé
- Discuter drainage chirurgical ou en radio interventionnelle / pronostic rénal engagé (risque de néphrectomie)
- Pyélonéphrite xanthogranulomateuse : rare, diagnostic histologique
- Inflammation subaiguë souvent due à une obstruction / formes focales pseudo-tumorales ou diffuses
- ECBU stérile dans 50% des cas / destruction progressive du rein
Traitement
Prise en charge
- Critères d’hospitalisation
- Signes de gravité (voir plus haut)
- Pyélonéphrite hyperalgique / doute diagnostique
- Vomissements rendant impossible un traitement per os
- Conditions socio-économiques défavorables
- Observance du traitement difficile
- Décompensation de comorbidités
Antibiothérapie
Modalités : probabiliste avec adaptation secondaire / voie orale si possible
- A bonne diffusion rénale (donc pas de fosfomycine-trométamol / de nitrofurantoïne / de pivmécillinam)
- Amikacine : utilisée dans la pyélonéphrite grave / bactéricidie rapide / synergie avec β-lactamines / élargit le spectre (notamment aux entérobactéries à bêta-lactamases à spectre étendu ++)
Si pyélonéphrite simple ambulatoire
- Modalités
- Molécules
- Si contre-indication ou allergie aux C3G/fluoroquinolones : traitement par aminoside (amikacine, gentamicine, tobramycine) ou aztréonam
- Antibiothérapie probabiliste après l'ECBU
- 1ère intention : fluoroquinolones (ofloxacine, ciprofloxacine, lévofloxacine) par voie orale si pas de traitement par fluoroquinolones dans les 6 derniers mois
- 2ème intention : C3G parentérale (céfotaxime, ceftriaxone)
Si pyélonéphrite à risque de complication
- Modalités
- Molécules
- Si contre-indication ou allergie C3G/fluoroquinolones: traitement par un aminoside (amikacine, gentamicine, tobramycine) ou aztréonam
- Antibiothérapie probabiliste après ECBU
- 1ère intention : C3G parentérale si hospitalisation
- 2ème intention : fluoroquinolones sauf traitement par des fluoroquinolones dans les 6 derniers mois
Pyélonéphrite grave
- Cas général
- Sepsis grave ou geste urologique et [antécédent d’infection urinaire ou colonisation à EBLSE dans les 6 derniers mois]
- Choc septique et facteur de risque d’EBLSE
- 1ère intention : C3G intraveineuse + amikacine
- Si allergie : aztréonam + amikacine
- 1ère intention : carbapénème (imipénème, méropénème) + amikacine
- Si allergie : aztréonam + amikacine
- 1ère intention : carbapénème + amikacine
- Si allergie : aztréonam + amikacine
- Note : facteurs de risque d’entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre étendu
- Infection urinaire ou colonisation à EBLSE dans les 6 mois
- Antibiothérapie par Augmentin / pipéracilline-tazobactam / C2G / C3G / fluoroquinolones pendant les 6 derniers mois
- Voyage récent en zone d’endémie EBLSE
- Hospitalisation il y a moins de 3 mois
- Vie en établissement de long séjour
Adaptation secondaire
- Antibiotiques à privilégier dans l’ordre
- Durées
- Cas général : amoxicilline > Augmentin > fluoroquinolones > céfixime > cotrimoxazole
- Pyélonéphrite grave : arrêt des carbapénèmes dès que possible / pas de relais per os si la gravité persiste / relais classique PO sinon
- Pyélonéphrite simple : 7 jours si fluoroquinolone ou bêtalactamine parentérale / 10-14 jour dans les autres cas
- Pyélonéphrite à risque de complication : 10-14 jours
- Pyélonéphrite grave : 10-14 jours
- Si aminosides nécessaires durant tout le traitement : 5-7 jours
Traitement symptomatique
- Rééquilibration hydroélectrique : adaptée au ionogramme / per os ou IV selon la clinique
- Antalgiques-antipyrétiques : paracétamol per os ou IV
- Selon le contexte : antiémétiques / antispasmodique
Dérivation des urines
- Indication: dilatation des cavités pyélo-calicielles à l’échographie
- Modalités
- Chez la femme : drainage par sonde urétérale
- Chez l’homme ou après échec chez la femme : néphrostomie percutanée
Mesures associées
Mesures classiques de toute infection urinaire
Surveillance
- Clinique : consultation à J3
- ECBU de contrôle
- Fièvre à 72h d'antibiothérapie efficace : ECBU + uroscanner quel que soit le grade de la pyélonéphrite
- Indispensable si prise en charge ambulatoire
- Adaptation secondaire à l’antibiogramme
- Pas recommandé si évolution favorable
Prostatite aiguë / infections urinaires masculines
Généralités
Définition
- Infection du parenchyme prostatique
- Fréquente : 20-50% des hommes au cours de leur vie
Physiopathologie
- Contamination
- Germes
- Facteurs favorisants
- Par voie ascendante le plus souvent
- Rarement par voie hématogène
- Urinaires : entérobactéries
- Infections sexuellement transmissibles (rarement) : Chlamydia / gonocoque
- Hypertrophie bénigne de la prostate : favorise la stase et donc la colonisation
- Autres : âge > 50 ans / antécédents personnels / lithiase / sténose urétrale
Diagnostic
Examen clinique
Interrogatoire
- Terrain : hypertrophie bénigne de prostate connue / antécédents d’infections urinaires
- Signes fonctionnels
- Signes urinaires
- Signes associés
- Signes irritatifs : brûlures / pollakiurie / impériosités
- Signes obstructifs : dysurie / jet faible
- Fièvre élevée de survenue brutale / sueurs / douleur pelvienne / syndrome rectal
Examen physique
- Signe positif : toucher rectal
- Evaluation du retentissement
- Douleur exquise
- Volume augmenté / régulière / chaude / tendue
- Recherche d'une rétention aiguë d'urines ++
- Bourse chaude, rouge, douloureuse en cas d'orchi-épididymite…
- Recherche de signes de gravité
Tableaux atypiques
- Forme peu ou pas fébrile / toucher rectal normal
- Tableau de cystite / tableau de pyélonéphrite…
Examens complémentaires
Pour diagnostic positif
- BU / ECBU : systématiques (BU : bonne valeur prédictive positive donc la faire mais le diagnostic est fait sur l'ECBU)
- Aucun examen clinique ni paraclinique ne permet d'éliminer l'infection prostatique : toujours prendre en compte cette possibilité dans la prise en charge d'une infection urinaire de l'homme ++
Pour recherche de complications
- Echographie des voies urinaires par voie sus-pubienne
- Objectif : recherche d’un obstacle sur les voies urinaires
- Indications : douleur lombaire / suspicion de rétention aiguë d'urines / antécédents de lithiase / sepsis grave, à faire dans les 24h
- Pas d'échographie endo-rectale en phase aiguë car très douloureuse
- IRM prostatique (échographie endorectale à défaut / uro-TDM si les autres sont non disponibles)
- Objectif : recherche d’un abcès prostatique
- Indication : en cas d'évolution défavorable à 72 heures
Pour évaluation du retentissement
- NFS-CRP : hyperleucocytose / syndrome inflammatoire
- Hémocultures : systématiques dès que température ≥ 38,5 °C
- Ionogramme-urée-créatinine : recherche d'une insuffisance rénale aiguë / troubles hydroélectriques
Pour diagnostic étiologiqu
- Indications
- Modalités (à distance)
- 2ème épisode
- Suspicion d’uropathie (notamment après 50 ans)
- Echographie des voies urinaires : recherche d’un résidu post-mictionnel
- Orientation vers une consultation d’urologie / débit-métrie urinaire
Complications
Aiguës
- Rétention aiguë d’urine
- Abcès prostatique : signes infectieux persistants à 48h / zone fluctuante très douloureuse au toucher rectal
- (Orchi-)épididymite
- Bactériémie et ses complications
Chroniques
- Récidives
- Prostatite chronique : poussées aiguës / fibrome du parenchyme avec nodules ± calcifiés où les antibiotiques pénètrent difficilement
Traitement
Critères d’hospitalisation
- Idem que les critères de la pyélonéphrite +
- Rétention aiguë d’urines
- Immunodépression profonde
Antibiothérapie
Pharmacocinétique
- Antibiotiques à bonne diffusion prostatique
- Antibiotiques à diffusion insuffisante (à ne pas utiliser)
- Antibiotiques possible si antibiogramme concordant : amoxicilline / C3G IV
- Fluoroquinolones : à privilégier +++
- Cotrimoxazole
- Céfixime
- Augmentin
- Fosfomycine-trométamol / Nitrofurantoïne
En probabiliste
- Sepsis grave / choc septique / indication de drainage
- Rétention aiguë d'urines / immunodépression profonde
- Fièvre / mauvaise tolérance des signes fonctionnels urinaires
- Autres cas
- Même schéma que la pyélonéphrite grave
- Même schéma que la pyélonéphrite à risque de complication en hospitalisation (antibiothérapie probabiliste)
- Même schéma que la pyélonéphrite à risque de complication en ambulatoire (antibiothérapie probabiliste)
- Différer le traitement jusqu’à l’antibiogramme
Adaptation secondaire
- Molécules
- Durée
- 1ère intention : fluoroquinolones ou cotrimoxazole à privilégier si souche sensible
- 2ème intention si souche non sensible ou contre-indication : amoxicilline / C3G parentérales / sur avis spécialisé
- 14 jours : cas général
- 21 jours à discuter si :
- Uropathie sous-jacente non corrigée par l’antibiothérapie
- Lithiase urinaire / immunodépression profonde
- Molécule autre que fluoroquinolone ou cotrimoxazole
Traitement symptomatique
- Rééquilibration hydroélectrique : selon ionogramme / IV ou per os
- Antalgiques-antipyrétiques : paracétamol IV ou per os
- α-bloquant : si dysurie sévère
Traitement des complications
- Rétention aiguë d’urine (au choix)
- Abcès prostatique
- En cas de prostatite iatrogène post-biopsies de prostate
- Sondage vésical (pas de contre-indication formelle malgré la prostatite)
- Drainage des urines en urgence par cathétérisme sus-pubien
- Antibiothérapie souvent suffisante
- Discuter drainage chirurgical si persistance
- Bi-antibiothérapie IV probabiliste associant C3G IV + aminoside (car sélection des germes par antibio-prophylaxie avec les fluoroquinolones)
Mesures associées
- Celles des infections urinaires ou des infections sexuellement transmissibles selon le cas
- Traitement préventif lors de biopsies prostatiques transrectales ± certains gestes endoscopiques par voie urétrale rétrograde
Surveillance
- Clinique : réévaluation indispensable à J3 si prise en charge ambulatoire
- ECBU de contrôle : seulement si évolution défavorable à 72 heures
- + examen d'imagerie prostatique dans ce cas (par IRM prostatique / échographie endo-rectale >> TDM)
- Causes d'échec du traitement : antibiothérapie inadaptée (molécule inappropriée, durée de traitement trop courte) / non-prise en charge d'un trouble urologique sous-jacent
Particularités chez le sujet âgé
Généralités
Epidémiologie
- 2ème cause d’infection après les infections respiratoires
- Colonisation très fréquente / augmente avec l'âge
Physiopathologie
- Germes
- Facteurs favorisants
- E. coli < 50% des cas
- Plus de bactéries à Gram Positif
- Taux de résistance élevés
- Apports hydriques insuffisants
- Pathologie prostatique
- Ménopause
- Incontinence / sondage à demeure
- Vessie neurologique / alitement
- Anticholinergiques
Diagnostic
Examen clinique
- Tableau atypique chez le > 75 ans ou > 65 ans fragile (> 3 critères de Fried)
- Signes urinaires : ± absents / si présents, pas forcément rattachables à une infection urinaire / douleur abdominale plutôt que pelvienne
- Signes extra-urinaires fréquents : syndrome confusionnel / perte d’autonomie / chutes / décompensation d'organes…
- Signes évocateurs plutôt si modification de signes déjà présents : pollakiurie, incontinence…
Bandelette urinaire / examen cytobactériologique des urines
- 1/3 de contamination des prélèvements
- Colonisations fréquentes
- Leucocyturie non spécifique d’une infection chez le vieux
Complications + fréquentes
- Infectieuses (abcès) / déshydratation / perte d'autonomie
- Décompensation de comorbidités
Prise en charge
- Comme l'infection urinaire à risque de complication si fragile ou > 75 ans
- Adapter les traitements à la clairance de la créatinine
INFECTIONS URINAIRES CHEZ L'ENFANT
Généralités
Définitions
Cystite récidivantes: ≥ 3 épisodes de cystites / an
Reflux vésico-urétéral: fréquent chez le nourrisson/enfant
- Primitif : anomalie congénitale de la jonction urétéro-vésicale
- Secondaire : par augmentation de la pression vésicale (trouble mictionnel sur hyperactivité vésicale fonctionnelle le plus souvent : associe des fuites urinaires, des urgences mictionnelles, une dysurie et une miction en deux temps / favorisé par la rétention stercorale ou la prise de mauvaises habitudes mictionnelles), souvent reflux vésico-urétéral de faible grade
- Facteur de transmission haute de la colonisation / toute pyélonéphrite de l'enfant est à priori reliée à un reflux vésico-urétéral, intermittent ou permanent (possible pyélonéphrite sans reflux vésico-urétéral sur E. coli uropathogènes très adhésifs)
- Puis croissance avec maturation du fonctionnement vésico-sphinctérien (reflux vésico-urétéral fonctionnel) + allongement du trajet intramural (système antireflux naturel) de l'uretère (reflux vésico-urétéral organique) › disparition spontanée vers 1 an le plus souvent
Physiopathologie de l'infection
- Colonisation ascendante par des germes digestifs le plus souvent (rarement il s'agit d'une pyélonéphrite hématogène)
- Mécanisme ascendant favorisé par adhésivité bactérienne à l'épithélium des parois des voies urinaires de certains E. coli (uropathogènes) du fait de la présence de pili (adhésines bactériennes ayant une structure microfibrillaire capable de se fixer à des récepteurs glycoprotéiques)
- Facteurs favorisants
- Chez le nourrisson: couche / immaturité vésicale / prépuce étroit
- Chez l’enfant: troubles mictionnels / vulvite / rétention stercorale / oxyurose / hygiène
- Anomalie fonctionnelle (dysfonctionnement vésico-sphinctérien) ou organique (lésion anatomique, congénitale ou acquise)
Epidémiologie
- Infection urinaire fréquente en pédiatrie : concerne 1% des enfants < 2 ans
- Dépistage des uropathies anténatal : diminution de l'incidence, parfois antibioprophylaxie possible
- Premiers mois : chez le garçon +++ / puis filles > garçons ensuite
- < 1 an : pyélonéphrite dans 95% des cas ( & pyélonéphrite : constitue 10% des fièvres isolées)
Etiologies
- E. Coli +++ (80%) / Proteus mirabilis (10%, germe favorisant les lithiases)
- Rarement: entérocoques / klebsielles
- Très rares pyélonéphrites fongiques chez le nourrisson / cystites virale du jeune enfant et interstitielle de l'enfant plus âgé
- Résistances bactériennes
- 50% d'E. coli résistants à l'amoxicilline / 20-30% au cotrimoxazole
- E. coli BLSE (bêtalactamases à spectre étendu) : en augmentation mais moins de 10% en 2014
Diagnostic
Examen clinique
Terrain
- Rechercher antécédents d'infections urinaires +++ (et nombre d'épisodes/an)
- Rechercher des facteurs favorisants d’infection urinaire / existence d'uropathie
L’hypothèse d’une infection urinaire doit être systématiquement évoquée devant
- Toute fièvre chez un nourrisson de moins de 3 mois
- Une fièvre isolée (sans point d’appel) depuis plus de 4 jours quel que soit l’âge
- Des symptômes aspécifiques ou trompeurs : altération de l'état général, troubles digestifs…
Tableau de cystite
- Terrain : enfant (rarement le nourrisson) / filles de plus de 3 ans ++
- Signes généraux : APYRETIQUE (ou fébricule < 38,5°C) / pas d’altération de l'état général
- Douleurs : abdomino-pelviennes / fosses lombaires indolores
- Signes urinaires intenses : brûlures mictionnelles (ou pleurs lors des urines) / impériosités / pollakiurie / dysurie / douleurs hypogastriques / hématurie macroscopique / fuites urinaires (tableau souvent pauvre chez le nourrisson)
- Bandelette urinaire = hématurie ++ / protéinurie +
Tableau de pyélonéphrite aiguë
- Terrain: à tout âge / infection urinaire chez le nourrisson = pyélonéphrite ++ (nouveau-né : rechercher anomalies de la région périnéale : hypospadias, épispadias, malposition anale...)
- Signes généraux : fièvre élevée (température > 39°C) / altération de l'état général / vérifier tolérance
- Douleurs : abdominales ++ / lombaire (ébranlement des fosses lombaires)
- Signes urinaires : peu marqués en général (surtout si très jeune)
- Signes associés : ictère cholestatique fréquent chez nourrisson
- Tableaux spécifiques :
- Bandelette urinaire = hématurie + / protéinurie ++
- Nouveau-né : syndrome infectieux, troubles digestifs ± ictère / déshydratation aiguë + troubles ioniques ± insuffisance rénale aiguë (si atteinte bilatérale) / à toujours évoquer (sauf contexte d'infection materno-fœtale)
- Nourrisson : fièvre inexpliquée + troubles hémodynamiques + douleurs abdominales
- Grand enfant : fièvre élevée, frissons, douleurs abdominales ou lombaires ± signes fonctionnels urinaires (pollakiurie, mictions impérieuses, fuites d'urines)
- Signes atypiques : douleur abdominale vague / asthénie / fièvre isolée / vomissements..
- Chez le <3 mois : tableau souvent trompeur / germes spécifiques / risque de septicémie et d'essaimage méningé ++
Critères de gravité d'une pyélonéphrite chez l'enfant
- Facteurs de risque de complication
- Facteurs de sévérité
- 1 seul de ces critères justifie l'hospitalisation + traitement probabiliste
- Age < 3 mois / uropathie sous-jacente / immunodépression
- Lithiase (cause ou conséquence de l'infection urinaire)
- Sepsis (fièvre mal tolérée, troubles hémodynamiques)
- Signes de déshydratation / altération de l'état général
Devant une cystite récidivante : rechercher des facteurs favorisants
Fuites urinaires diurnes / encoprésie-constipation / jet anormal
Résultats de la bandelette urinaire
- Moins sensible si âge < 3 mois / qualité du recueil essentielle ++
- Techniques de recueil : (objectif : éviter contamination par flore commensale)
- Résultats :
- Prélèvement par collecteur adhésif (avec désinfection soigneuse et temps de pose ≤ 30 min) le + souvent utilisé, mais résultats médiocres et valeur prédictive positive d'infection urinaire faible (intérêt lorsque suspicion d'infection urinaire forte : leucocytes + nitrites en grande quantité)
- Prélèvement d'urines en milieu de jet : à privilégier ++ / difficile chez petite fille
- Cathétérisme urétral "aller-retour" par sonde souple : bonne méthode chez le < 2 ans (fille surtout) en intra-hospitalier pour éviter contamination périnéale
- Ponction sus-pubienne échoguidée : indications très limitées
- Détecte leucocytes (si > 10⁴) et nitrites (pour Escherichia coli, Klebsielle, Proteus Mirabilis)
- Si négatif : valeur prédictive négative = 97% donc élimine quasiment l'infection (sauf chez l'enfant de moins de 1-3 mois) / causes de faux négatifs :
- Leucocytes : leucopénie
- Nitrites : pas de nitrate réductase (entérocoque) / alimentation pauvre en nitrates (allaitement maternel exclusif) / urine ayant séjourné trop peu de temps dans la vessie (pollakiurie, sonde à demeure)
Examens complémentaires
Pour diagnostic positif = ECBU +++
Indications
- Systématique devant toute fièvre chez le nouveau-né ou nourrisson < 3 mois
- Seulement si bandelette urinaire positive chez le nourrisson > 3 mois et l'enfant
Modalités (4)
- Examen direct : effectué dans un délai ≤ 1 heure
- Culture : systématique
- Quantifie leucocyturie / caractérise bactérie (morphologie, Gram)
- Coloration de Gram oriente (bacilles négatifs : Escherichia coli / cocci gram positif : entérocoque)
- Identifie l'espèce bactérienne (24h) / quantification, antibiogramme (48h)
- Plusieurs espèces bactériennes retrouvées : signe une contamination le + souvent › répéter l'examen dans de meilleurs conditions (examen du milieu de jet, sondage)
Résultat : infection urinaire si associe :
- Bactériurie > 10⁵ UFC/ml (sur collecteur ou milieu de jet / 104 sur cathétérisme vésical)
- Leucocyturie > 10⁴/ml = significative (Elle peut être absente chez le nouveau-né)
Remarques sur l’interprétation
- L’absence de leucocyturie et de bactérie à l’examen direct des urines a une excellente valeur prédictive négative proche de 100% et permet d’éliminer une infection urinaire
- Absence de leucocyturie : valeur prédictive négative d'environ 97% pour éliminer l'infection urinaire
- Causes de leucocyturie sans germes (valeur prédictive positive d'infection urinaire si isolée : moins de 50%)
- Causes de bactériurie sans leucocyturie
- Infection urinaire décapitée / maladie inflammatoire (Kawasaki)
- Infection génitales (vulvovaginite / posthite)
- Pyélonéphrite et cystite d'origine non bactérienne
- Contamination du prélèvement / Infection urinaire débutante
- Colonisation urinaire (bactériurie asymptomatique)
Pour évaluation du retentissement
- Autres examens : indiqués uniquement en cas de pyélonéphrite (cystite : faire juste ECBU)
- NFS-CRP-PCT / urée-ionogramme-créatinine : systématiques si pyélonéphrite
- Hémocultures : systématique si nourrisson < 3 mois ou sepsis
- Ponction lombaire : largement indiquée si âge < 6 semaines (± tout enfant de moins de 3 mois) car risque de méningite associée ++ à la pyélonéphrite à hémocultures positives
- CRP normal après 24-48h d'évolution : doit faire remettre en question une éventuelle pyélonéphrite
- Positives dans 30% des cas si âge < 1 mois / 15% si âgé entre 1-2 mois / 5% si âgé entre 2 et 3 mois
Pour diagnostic étiologique = rechercher une uropathie
- Echographie rénale et des voies urinaires
- Cystographie rétrograde et mictionnelle
- Indiquée si infections urinaires récidivantes, hypoplasie, dysplasie rénale
- ± indiquée sur tout épisode de pyélonéphrite (mais l'échographie anténatale élimine normalement déjà une uropathie grave..)
- Pyélonéphrite : on retrouve des reins oedématiés / augmentation du volume rénal / épaississement des parois pyéliques (signe spécifique mais inconstant) / recherche de dilatation pyélo-calicielle +++
- Cystite : échographie indiquée si épisodes récidivants
- Peut retrouver des signes de reflux vésico-urétéral / uropathie obstructive / exceptionnellement : abcès, lithiase, tumeur
- Mais une échographie normale n'élimine pas le diagnostic de pyélonéphrite
- Indiquée si anomalies échographiques ou épisodes répétés de pyélonéphrite en dehors de contexte évident d'instabilité vésicale / non systématique / pas sur un 1e épisode sauf autres arguments d'uropathie
À distance (≥ 3 semaines) de l’infection : ECBU stérile indispensable
- Objective un reflux vésico-urétéral (et détermine le grade)
- Autres examens
- Scintigraphie rénale au DMSA / uro-TDM/IRM : ne sont pas indiqués en pratique courante chez l'enfant
Evolution
Pyélonéphrites récidivantes
- A partir du 3e épisode de pyélonéphrite
- Risque : cicatrices parenchymateuses, protéinurie, hypertension artérielle, réduction néphronique…
- ± recherche d'anomalie fonctionnelle ou organique au 1e épisode de pyélonéphrite par échographie (examen proposé mais non systématique…)
- Cystographie : proposée si pyélonéphrites récidivantes (généralement normale ou reflux vésico-urétéral faible)
Cystites récidivantes
- A partir du 3e épisode de cystite
- Dysfonctionnement vésico-sphinctérien › rétention stercorale › infection (et auto-entretien) / échographie nécessaire mais n'objective souvent qu'un simple épaississement de la paroi vésicale (compression vésicale par le contenu rectal)
Pronostic
- Lié aux risques d'apparition de cicatrices parenchymateuses
- Peuvent induire protéinurie / hypertension artérielle / réduction néphronique
- Surtout en cas de pyélonéphrites répétées, traitées tardivement, avec une antibiothérapie inadaptée
Traitement
Prise en charge
- Traitement ambulatoire en cas de cystite ou pyélonéphrite sans signe de gravité
- Critères d’hospitalisation devant une pyélonéphrite
- Nourrisson < 3 mois : systématique
- Signes de gravité clinique (cf supra)
- Risque de non-observance ou d'accès difficile à un traitement rapide
Traitement symptomatique
- Antipyrétique : paracétamol 60mg/kg/J en 4 prises orales
- Réhydratation : si perte de poids / solution de réhydratation orale : 1 sachet-200ml / fractionné / à volonté / encourager mictions régulières et fréquentes si enfant en âge de comprendre
Antibiothérapie
Cystite simple
ECBU systématique pour une cystite du nourrisson/ de l'enfant
- Cotrimoxazole (Bactrim® oral) en 2 prises sans dépasser la dose adulte
- Ou Céfixime (Oroken®) 8 mg/kg/j en 2 prises : ± réservée aux souches résistantes au cotrimoxazole
- Ou Augmentin® (excellente concentration urinaire, efficace y compris pour les BLSE) : 80 mg/kg/j (< 3 g/j) en 3 prises
- Durée totale de 5 jours / pas de traitement antibiotique minute validé chez l'enfant
Pyélonéphrite aiguë
Objectifs
- Eviter dissémination bactérienne / limiter risque de cicatrices rénales
- Probabiliste initialement puis adaptée au choix de l'antibiogramme
Traitement d’attaque (SPILF 14)
Pyélonéphrite hospitalière: ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection IV sur 30 minutes (< 2g au total) ou céfotaxime 50 mg/kg/8h IV (sans dépasser 6g / à privilégier car moins d'impact écologique) + amikacine 30 mg/kg/j en 1 injection IV sur 30 minutes
Chez l'enfant de moins de 1 mois: ne pas administrer de ceftriaxone avec du calcium (risque de précipitation)
Enfant de plus 3 mois consultant aux urgences sans nécessité d'hospitalisation :
- Si traitement IV envisagé pendant 2-4 jours : amikacine 30 mg/kg/j en 1 injection sur 30 min ou ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection sur 30 min (total < 2g)
- Si traitement intramusculaire envisagé : ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection (total < 2g)
- Traitement oral (nécessite toutes les conditions suivantes : âge de plus de 3 mois + fièvre d'installation récente + absence d'altération de l'état général + absence d'antécédent d'infection urinaire ou d'uropathie + pas d'antibiothérapie récente): céfixime 4 mg/kg toutes les 12h
Enfant de plus 3 mois consultant au cabinet médical sans nécessité d'hospitalisation :
- Traitement par voie intramusculaire : ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection (total < 2g)
- Traitement oral (mêmes critères : âge de plus de 3 mois + fièvre d'installation récente + absence d'altération de l'état général + absence d'antécédent d'infection urinaire ou d'uropathie + pas d'antibiothérapie récente) : céfixime 4 mg/kg toutes les 12h
Relais oral : dans tous les cas à 48h (et adaptée aux résultats de l'ECBU)
Par ordre de préférence : amoxicilline (sauf pour Escherichia coli) > cotrimoxazole > céfixime (AMM après 6 mois mais fait plus tôt en pratique) > ciprofloxacine (après la fin de la croissance / si souche non résistante à l'acide nalidixique) > Augmentin + céfixime (si céfixime résistant mais CMI < 1 mg/L) > aminosides, pipéracilline-tazobactam.. / pour durée totale d'environ 10 jours
Remarques
- Si Escherichia coli sensible à l'Augmentin à l'antibiogramme : ne pas l'utiliser (concentrations minimales inhibitrices toujours élevées)
- Allergie aux bêta-lactamines : utiliser un aminoside monothérapie IV seul
- Infection urinaire à entérocoque : antibiothérapie par amoxicilline ± aminoside
- A l'avenir : traitement par aminoside intramusculaire seul pour toute pyélonéphrite ? Possible si couvre les BLSE (amikacine ++), n'induit pas de résistance (par rapport aux C3G)
- Risque d'augmentation des pyélonéphrites à entérobactéries multi-résistantes BLSE (résistance à toutes bêta-lactamines sauf les carbapénèmes / mais souches à carbapénémases apparues récemment également donc le traitement par carbapénème non recommandé)
En cas d’allergie aux bêta-lactamines
Hospitalisation + aminosides seuls 48h puis relais cotrimoxazole oral
En cas d'infection urinaire récidivante
Cystite récidivante
- Si infections urinaires répétées : antibioprophylaxie parfois indiquée (modalités : comme les pyélonéphrites récidivantes)
- Mesures associées : prise en charge de la rétention stercorale (laxatifs osmotiques) ± dysfonctionnement vésico-sphinctérien par un traitement anticholinergique (Ditropan®) ++
Pyélonéphrite récidivante
- Traitement des facteurs favorisants ++
- Antibioprophylaxie (pour diminuer la fréquence et limiter les lésions rénales) peut être proposée mais efficacité discutée :
- Laxatifs osmotiques si rétention stercorale
- Anticholinergiques (oxybutynine) si instabilité vésicale
- Rééducation vésico-sphinctérienne (si trouble urinaire plus complexe)
- Modalités : cotrimoxazole sur quelques mois ou jusqu'à suppression des couches si propreté des selles non acquise / faible dose (au 1/3 de la posologie curative) en 1 fois au coucher
Mesures associées
- CARNET DE SANTE +++
- Education des parents : mesures d’hygiène / informations sur signes nécessitant consultation en urgence
- Traitement d’une constipation associée
Surveillance
- Clinique : consultation de contrôle à +48H systématique si pyélonéphrite ambulatoire (recherche de fièvre, de signes fonctionnels urinaires, faire une bandelette urinaire si fièvre…) / fièvre-tolérance
- Paraclinique : ECBU de contrôle dans la pyélonéphrite à 48-72h si évolution inhabituelle ou résistance à l'antibiothérapie initiale / échographie en l'absence d'argument bactériologique pour un échec du traitement (recherche de complications : abcès rénal…)
- Risque à long terme des pyélonéphrites discuté : infection urinaire dans l'enfance pourrait augmenter le risque de pyélonéphrite gravidique / risque d'hypertension artérielle, micro-albuminurie, insuffisance rénale chronique en cas de reflux vésico-urétéral dans l'enfance (par cicatrices rénales)
- Conseils généraux de lutte contre facteurs de risque cardio-vasculaire / éviter excès de sel-protéines / mesure de la pression artérielle régulière
Uropathies de l'enfant
Indications à une exploration spécialisée
- Mictions très nombreuses avec fuites urinaires / mauvais jet urinaire (goutte à goutte…)
- Infections urinaires à répétition / anomalies de l'échographie rénale
Reflux vésico-urétéral ++
- Uropathie malformative la + fréquente de l'enfant = anomalie de la jonction urétéro-vésicale, qui ne peut s'opposer au reflux de l'urine de la vessie vers l'uretère
- Fréquent (50% des infections urinaires) / filles > garçons (sex ratio x5)
REFLUX VESICO-URETERAL FONCTIONNEL | REFLUX VESICO-URETERAL MALFORMATIF | |
Fréquence | +++ | + |
Age | Enfant | Nouveau-né, nourrisson |
Sexe | Fille ++ | Garçon ++ |
Révélation | Pyélonéphrites (souvent répétées) | Pyélonéphrites (ou de diagnostic anténatal) |
Troubles mictionnels | Très fréquents | Peu |
Reflux | Intermittent | Permanent |
Echographie | Souvent normale ++ | Souvent anormale ++ |
Grade (cystographie) | Faible (0-2) | Elevé (3-5) |
Jonction urétéro-vésicale | Normale | Anormale |
Risque rénal | + (faible) | +++ (élevé) |
Antibioprophylaxie | Souvent indiquée | Peu indiquée |
Traitement chirurgical | Jamais | A discuter |
Exploration par cystographie : réalisée après pose d'une sonde vésicale
Evolution
- Disparition spontanée (maturation anatomique) dans la majorité des reflux vésico-urétéraux fonctionnels
- Pyélonéphrite chronique : infection urinaire asymptomatique › risque de cicatrices rénales ++
- A terme : risque de néphropathie de reflux (néphropathie tubulo-interstitielle) puis insuffisance rénale terminale
Traitement
Indications chirurgicales controversées : surtout pour pyélonéphrites répétées sur reflux vésico-urétéral malformatif de grade élevé
- Modalités : chirurgie anti-reflux de Cohen, traitement endoscopique : réimplantation urétéro-vésicale par abord direct ou injection sous-méatique d'une substance inerte créant un socle sur lequel vient s'appuyer sur l'uretère pour s'opposer au reflux
- Mais pas d'influence sur le risque de cicatrices parenchymateuses ou d'hypertension artérielle / insuffisance rénale chronique au long cours (mais baisse le risque de récidives de pyélonéphrite)
- Sinon traitement conservateur / ± circoncision pour diminuer le risque de récidive
Autres anomalies urétéro-vésicales
Mégauretère primitif (non refluant) : dilatation urétéro-pyélo-calicielle sus-jacente à un obstacle significatif au niveau de la jonction urétéro-vésicale
- Echographie : dilatation uretère généralement > 10-15 mm (+ dilatation des cavités pyélo-calicielles)
- Cystographie : élimine un reflux vésico-urétéral de haut grade, vérifie l'urètre chez le garçon
- Infection urinaire dans ce contexte souvent difficile à traiter / faire une dérivation urinaire externe par néphrostomie ou interne par sonde double J parfois nécessaire / scintigraphie 2-3 semaines après l'infection urianire évalue le retentissement et oriente la prise en charge
- Traitement : néphro-urétérectomie si rein dilaté non fonctionnel ou très altéré
- Autres cas : réimplantation vésico-urétérale + modelage urétéral après résection de la partie terminale de l'uretère chez le plus de 1 an généralement, à distance d'une infection urinaire
- Chez le nourrisson : drainage temporaire par JJ (idéalement posée sous cystoscopie), évite la réimplantation dans 70% des cas
- Circoncision chez le garçon : diminue le risque de récidive d'infection urinaire en supprimant le réservoir bactérien préputial
Urétérocèles : dilatation pseudo-kystique de l'uretère terminal en portion sous-muqueuse
- Différentes formes anatomiques : urétérocèle ectopique ou extra-vésical sur duplication urétérale = la + fréquente (60%) / chez la fille > garçon (sex-ratio x 4) / bilatéral dans 10% des cas
- Dépistage anténatal généralement : kyste intra-vésical / à la naissance, se révèle par une infection urinaire fébrile / très rarement diagnostic sur une masse lombaire secondaire à la dilatation du calice supérieur, une rétention aiguë d'urines par obstruction du col vésical…
- Echographie : permet d'apprécier la taille de l'urétérocèle = image kystique dans la vessie à parois généralement fines et régulières / dilatation des voies excrétrices d'amont / état du parenchyme rénal (généralement dysplasique)
- Cystographie rétrograde : précise l'anatomie / recherche de reflux vésico-urétéral dans l'uretère polaire inférieur / si dilatation importante ou obstacle à la vidange vésicale avec menace sur parenchyme fonctionnel : réaliser une décompression endoscopique (sous anesthésie générale, par perforation par sonde bug bee ou section déclive à lame froide)
- Autres examens :
- Pour enfant asymptomatique sans retentissement : traitement conservateur
- Sinon : traitement chirurgical (surtout si antécédents d'infections urinaires ++)
- Urétérocèle sur système simple + rare (toujours orthotopique) ± obstructive, dilatation urétéro-pyélo-calicielle ± lésions rénales de dysplasie
- Echographie à 1 mois postopératoire ± cystrographie (recherche d'un reflux vésico-urétéral dans l'uretère polaire supérieur)
- Scintigraphie (fonction du pôle supérieur du rein dupliqué)
- Modalités : selon la fonction du pôle supérieur, néphrectomie partielle / ablation de l'urétérocèle, reconstruction du trigone et réimplantation urétéro-vésicale des 2 uretères sinon / anastomoses pyélo-pyéliques ou pyélo-urétérales ± hautes aussi faisables
Autres uropathies
Syndrome de jonction pyélo-urétérale
- Dilatation isolée du bassinet et des calices sans dilatation des uretères
- Risque de complications : infection urinaire fébrile avec dilatation majeure du bassinet (> 30-40mm) ou sepsis mal contrôlé, indique un drainage urinaire (néphrostomie per-cutanée ou double J)
- Scintigraphie: 2-3 semaines post-néphrostomie pour évaluer fonction des 2 reins
- Rechercher d'artère polaire inférieure possiblement responsable de l'obstacle chez le grand enfant
- Prise en charge
- Si rein dilaté non fonctionnel (ou < 5-10% de fonction) : proposer une néphrectomie
- Sinon résection anastomose de la jonction pyélo-urétérale ± pyéloplastie
- Suivi échographique ++
Anomalies vésico-urétrales
- Valves de l'urètre postérieur (VUP) : uniquement chez le garçon
- Autres uropathies (atrésies de l'urètre, mégalourètre, sinus uro-génitaux) : exceptionnelles
- Diagnostic échographie anténatal ++ (rares formes vues + tardivement sur infection urinaire fébrile)
- Echographie : dilatation urétéro-pyélo-calicielle uni ou bilatérale / vessie à parois épaissies ± diverticule / dilatation de l'urètre postérieur en amont des valves
- Cystographie : confirme le diagnostic (paroi irrégulière de la vessie multi-diverticules / disparité de calibre entre uretère postérieur et uretère bulbaire)
- Urgence médico-chirurgicale : sonde urétrale mise en place jusqu'au geste chirurgical de résection / si échec : cathéter sus-pubien posé sous anesthésie locale
- Suivi chirurgical + néphrologique (pression artérielle, créatinine, suivi écho…)
- Bilan biologique : recherche de troubles hydro-électrolytiques
- Traitement chirurgical avec résection endoscopique des valves par résecteur pédiatrique ou section lame froide / drainage laissé en place généralement 48h
- Autres techniques chirurgicales : électrode gainée bug-bee / laser YAG..