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Infections urinaires de l'enfant et de l'adulte

  • Interpréter les résultats des bandelettes urinaires et des examens cytobactériologiques des urines
  • Diagnostiquer et traiter une cystite aiguë
  • Connaître la conduite à tenir face à une cystite récidivante
  • Diagnostiquer et traiter une pyélonéphrite aiguë, identifier les situations nécessitant une hospitalisation
  • Diagnostiquer et traiter une prostatite aiguë, identifier les situations nécessitant une hospitalisation
  • Expliquer la place de l'antibiothérapie chez un patient porteur d'une sonde urinaire

INFECTIONS URINAIRES CHEZ L'ADULTE

Généralités

Définitions

Infection urinaire à risque de complications

  • Anomalie fonctionnelle ou organique de l’arbre urinaire
  • Terrain à risque
  • Uropathie obstructive : lithiase / sténose / hypertrophie bénigne de la prostate / corps étranger / tumeur
  • Autre uropathie : résidu post-mictionnel / vessie neurologique / reflux vésico-urétéral
  • Iatrogène : geste chirurgical / endoscopie / sonde
  • Homme
  • Grossesse
  • Âge > 65 ans avec ≥ 3 critères de Fried / ou âge > 75 ans
  • Insuffisance rénale chronique < 30 mL/min
  • Immunodépression grave (traitement immunomodulateur, transplantation, VIH avec moins de 200 CD4…)
  • Note : critères de Fried
  • Perte de poids involontaire au cours de la dernière année
  • Vitesse de marche lente
  • Faible endurance
  • Faiblesse / fatigue
  • Activité physique réduite

Infection urinaire masculine ou pyélonéphrite avec signes de gravité

  • Sepsis grave
  • Choc septique
  • Indication de drainage chirurgical ou interventionnel (sondage simple exclu)

Infection urinaire simple

  • Femme jeune sans facteurs de risque
  • Le diabète n’est plus considéré comme un facteur de risque

Infections urinaires masculines

  • Toujours à risque de complication
  • On considérera toujours que la prostate est potentiellement infectée lors d'une infection urinaire

Microbiologie

Germes

  • Origine digestive / généralement monomicrobiennes
  • E. coli
  • Autres
  • Epidémiologie
  • Résistances actuelles dans les infections urinaires
  • Présente dans 90% des infections urinaires simples / 65% si risque de complication ou récidivantes
  • < 5% : fosfomycine-trométamol / nitrofurantoine / aminosides
  • 5% : C3G / aztreonam / fluoroquinolones (si infection urinaire simple)
  • 10-20% : fluoroquinolones (infection urinaire à risque de complication) / pivmécillinam
  • > 20% : amoxicilline / augmentin / cotrimoxazole
  • P. mirabillis = 2ème plus fréquente (favorise les lithiases car bactérie à uréase)
  • Staphylococcus saprophyticus chez la femme jeune
  • Plus rarement P. aeruginosa / C. urealyticum / autres entérobactéries / entérocoques
  • + candida albicans, candida tropicalis : infections nosocomiales avec sonde à demeure, diabète, post-antibiothérapie à large spectre

Fluoroquinolones

  • Eviter les prescriptions répétées chez le même patient
  • Pas en probabiliste si traitement par fluoroquinolones dans les 6 mois précédents
  • Pas utilisable si bactérie résistante à l’acide nalidixique ou à la norfloxacine (car constitue un 1e niveau de mutation)

Céphalosporines de 3e génération

  • Principal mécanisme de résistance = bêta-lactamases à spectre étendu = BLSE (principal antibiotique actif dans ce cas = carbapénème)
  • + résistance aux fluoroquinolones et au cotrimoxazole
  • Prendre en compte ce risque de résistance dans le choix du traitement antibiotique probabiliste uniquement en cas d'infection urinaire grave
  • Mais ne modifie pas la durée de traitement : les infections urinaires à EBLSE ne sont pas plus graves que les autres
  • Signe une résistance à toutes les β-lactamines sauf les carbapénèmes et les céphamycines (C2G type céfoxitine)
  • Mais résistance à pipéraclline-tazobactam dans seulement 20% des BLSE parfois utilisé en relais

Physiopathologie

  • Urine stérile physiologiquement / réservoir de bactéries : digestif ou vaginal
  • Remonte par voie ascendante le long de l'urètre pour atteindre la vessie ± le rein
  • Voie hématogène très rare (< 3% des cas, surtout pour des germes de type : S. aureus, salmonelles, Pseudomonas, Candida..)
  • Moyens de protection physiologiques : les mictions qui luttent contre les adhésions / pH acide / osmolarité faible de l'urine
  • Cystite : réponse inflammatoire à l'adhésion des bactéries à la surface muqueuse
  • Pyélonéphrite : état inflammatoire d'origine infectieuse atteignant le rein et sa voie excrétrice, responsable :
  • Œdème / afflux leucocytaire / ischémie localisée du parenchyme rénal

Epidémiologie

  • 1ère cause d’infection communautaire en France (30 à 50% des femmes sur vie entière)
  • 1ère cause d’infection nosocomiale en France (30%)

Facteurs favorisants

  • Sexe féminin / en début de vie sexuelle et à la ménopause
  • Diabète
  • Iatrogénie (sondage, endoscopie) / transplantation rénale
  • Toute stase urinaire : HBP / médicaments anticholinergiques, opiacés, neuroleptiques
  • Grossesse / infection génitales / troubles du transit / défaut ou excès d’hygiène

Examens des urines

Bandelette urinaire

  • Modalités
  • Seuils de détection
  • Interprétation
  • Tremper la bandelette dans les urines du 2e jet fraîchement émises
  • Pas de toilette préalable
  • Leucocyturie : à partir de 10⁴/mL (détection de la leucocyte estérase)
  • Nitrites : à partir de 10⁵ germes/mL (seulement entérobactéries)
  • Chez la femme
  • Chez l’homme
  • Faux négatifs de nitrites
  • Faux négatifs de leucocyturie : immunodépression, neutropénie / infections urinaires masculines
  • Valeur prédictive négative > 95 % / une BU négative élimine quasiment une infection urinaire (sauf chez l’immunodéprimée)
  • La valeur prédictive positive est plus basse / l'ECBU systématique devant une BU positive (sauf cystite simple)
  • Valeur prédictive négative moins forte que chez la femme
  • Mais la valeur prédictive positive chez l'homme atteint = 90 % (un examen positif signe quasiement l'infection urinaire)
  • Bactéries n'exprimant pas de nitrate réductase : S. saprophyticus / streptocoques & entérocoques / Acinetobacter
  • Faible bactériurie / pH urinaire acide/ diurétiques et urines diluées / infections urinaires masculines / régime restreint en nitrates

Examen cytobactériologique des urines (ECBU)

Indications

  • Toute suspicion clinique d’infection urinaire
  • SAUF cystite simple
  • Et pas d'ECBU de contrôle dans le suivi des infections urinaires en cas d'évolution clinique favorable

Modalités

  • Cas général
  • Situations particulières
  • S'il y a des cellules épithéliales à l’examen direct signe une contamination
  • Réalisé avant toute antibiothérapie / ≥ 4 heures après la miction précédente
  • Hygiène au préalable (lavage à l'eau et savon ou friction avec solution hydro-alcoolique)
  • Toilette de la région urétrale ou vulvaire / un seul geste d’avant en arrière chez la femme
  • Recueil du milieu de jet : éliminer les 20 premiers mL d'urines (flore physiologique de l'urètre distal)
  • Ne jamais conserver les urines + de 2h à température ambiante ou + de 24h à 4°C
  • Pertes vaginales : mettre un tampon avant
  • Incontinence totale : sondage « aller-retour » chez la femme / collecteur pénien chez l’homme
  • Patient sondé : ponction après désinfection sur le site de sondage / JAMAIS réalisée à partir du sac

Examens réalisés

  • Examen direct / examen cytologique
  • Culture / antibiogramme / compte des bactéries

Résultats

  • Seuils de bactériurie chez un patient symptomatique avec leucocyturie ≥ 10⁴ / mL (10/mm3 )
  • Bactériurie avec leucocyturie < 10⁴ / mL
  • Chez l’homme : ≥ 10³ quelle que soit la bactérie
  • Chez la femme
  • Remarque : si tableau clinique fort avec leucocyturie/bactériurie inférieure au seuil : la clinique prime
  • ≥ 10³ si E. Coli / S. saprophyticus
  • ≥ 10⁴ sinon (≥ 105 chez la femme enceinte pour colonisation)
  • Evoque une contamination refaire l’examen dans de meilleures conditions si suspicion forte

Colonisation urinaire

Définition

  • Micro-organisme dans les urines sans symptômes associés / quel que soit le niveau de leucocyturie associé
  • Pas d’ECBU sauf chez la femme enceinte / en pré-chirurgie des voies urinaires

Physiopathologie

  • ± rôle protecteur vis-à-vis des souches invasives
  • Evolution très rare vers les infections urinaires / pas d’atteinte de la fonction rénale

Epidémiologie

  • Chez la femme
  • Chez l’homme : prévalence augmente après 60 ans (25% après 80 ans)
  • Chez le sujet sondé à demeure : 100% d'infection après 1 mois
  • Chez les institutionnalisés : 20-50% des personnes
  • La prévalence augmente avec l’activité sexuelle et l’âge / 1-5% chez la femme jeune / 20-50% après 80 ans
  • Plus élevée chez les diabétiques / pas d’influence de la grossesse

Traitement

  • Jamais indiqué
  • Sauf chez la femme enceinte / en pré-chirurgical

Leucocyturie aseptique

Définition

Leucocyturie avec bactériurie < 10⁴ / mL

Etiologies

  • Infection urinaire décapitée
  • Urétrite / vaginite / période péri-menstruelle (hématurie associée)
  • Cystites non bactériennes : tumeur / corps étranger / radiothérapie / lithiase / médicament…
  • BK urogénitale (+ infection à Chlamydia trachomatis, Mycoplasma hominis)
  • Néphropathies interstitielles chroniques / néo-vessies iléales ou coliques

Education du patient devant toute infection urinaire

  • Apport hydriques > 1,5 L / j
  • Suppression des mictions retenues / encourager les mictions fréquentes
  • Régularisation du transit intestinal / essuyage d'avant en arrière
  • Uriner après les rapports sexuels / arrêt de spermicides éventuels

Sonde vésicale

Généralités

  • Tous les porteurs de sonde sont bactériuriques avec une leucocyturie
  • Absence d’intérêt de la BU / signes fonctionnels urinaires sans valeur diagnostique
  • Infection urinaire sur sonde presque toujours conséquence d’un dysfonctionnement obstruction / arrachement
  • Signes évocateurs atypiques : fièvre ou hypothermie / hypotension / malaise général, léthargie, altération de l'état général

Prise en charge d’une suspicion d’infection urinaire sur sonde (signe = fièvre ++)

  • Examens complémentaires
  • Si infection confirmée
  • ECBU sur l'opercule de prélèvement (jamais d'ECBU systématique en l'absence de signe clinique) / jamais de BU
  • ± hémocultures
  • Antibiothérapie selon l’antibiogramme si possible pour 10 jours
  • ± si besoin avant résultats d'ECBU : pipéracilline-tazobactam ou céphalosporines de 3e génération injectable (+ amikacine si sepsis sévère)
  • Retrait ou changement de sonde indispensable (dans les < 24h)
  • Si allergie : aminoside seul chez la femme / fluoroquinolones ou cotrimoxazole chez l'homme

Principe de l'antibiothérapie

  • En probabiliste : ABT avec taux de résistance de E. coli < 20% si cystite simple / < 10% dans les autres cas
  • Impact sur le microbiote
  • Donc jamais d'amoxicilline / Augmentin / cotrimoxazole en probabiliste
  • Faible : fosfomycine / nitrofurantoïne / pivmécillinam
  • Important : Augmentin / cotrimoxazole
  • Très important : fluoroquinolones / céphalosporines de 3e génération

Cystite

Diagnostic positif

Interrogatoire

  • Anamnèse
  • Signes fonctionnels urinaires
  • Signes associés à rechercher
  • Nombre d’épisodes par an
  • Date du dernier épisode
  • Brûlures mictionnelles / pollakiurie / impériosités / gêne sus-pubienne
  • Dysurie (pour éliminer une cystite à risque de complication)
  • Urines troubles / hématurie (30% des cas, pas un signe de gravité)

Examen physique

  • Recherche d’une pyélonéphrite : signes négatifs à rechercher
  • Bandelette urinaire
  • Apyrexie
  • Pas de douleur à l’ébranlement lombaire, spontanée ou provoquée
  • Systématique devant toute suspicion d’infection urinaire

Examens complémentaires

Pour diagnostic positif : examen cytobactériologique des urines

  • Indications
  • Modalités : les mêmes que décrites au-dessus
  • Inutile si : cystite aiguë simple / non récidivante
  • Systématique si : cystite à risque de complication / premiers épisodes de cystite récidivante
  • Si rechute à la même bactérie = recherche cystite à risque de complication

Pour rechercher une uropathie sous-jacente

  • Indications
  • Modalités
  • Cystite récidivante / ± suspicion de rétention aiguë d'urines
  • Au cas par cas / PAS chez la femme non ménopausée sans facteur de risque de complication avec examen clinique normal
  • Echographie rénale et des voies urinaires systématique
  • ± mesure du résidu post-mictionnel / cystoscopie / cystographie / uroscanner / débit-métrie…

Formes cliniques

Cystite aiguë simple

Terrain sans particularité / pas d’uropathie suspectée / pas de récidives

Cystite récidivante

  • Définition
  • Facteurs favorisants
  • ≥ 4 épisodes par an
  • Les épisodes peuvent être simples ou à risque de complication
  • Généraux
  • Chez la femme ménopausée
  • Recherche de ces facteurs à l'interrogatoire et à l'examen physique
  • Activité sexuelle / spermicides
  • Première infection urinaire < 15 ans
  • Antécédent au premier degré (mère, sœur, fille)
  • Obésité
  • Prolapsus vésical
  • Incontinence urinaire / résidu post-mictionnelle
  • Déficit en œstrogènes

Diagnostics différentiels

  • Pyélonéphrite aiguë
  • Autres causes d’irritation vésicale
  • Colonisation / leucocyturie aseptique : voir différences au-dessus
  • A éliminer systématiquement
  • Compression extrinsèque : utérus gravide / tumeur pelvienne
  • Inflammation de voisinage : appendicite / sigmoïdite / salpingite
  • Calcul : lithiase urétérale ou vésicale
  • Néoplasique : tumeur vésicale

Evolution

  • Histoire naturelle
  • Evolution favorable sous traitement en 2 à 4 jours
  • Evolution favorable même sans traitement (dans 25-45% des cas)
  • Complications
  • Causes d’échec thérapeutique
  • Pyélonéphrite aiguë : rare sauf en cas de grossesse
  • Evolution défavorable : persistance ou aggravation des symptômes > 72h après début du traitement
  • Récidives : 20-30 % des cas / 50 % sont dues au même germe
  • Mauvaise observance du traitement initial
  • Recontamination
  • Résistance bactérienne

Traitement

Prise en charge : en ambulatoire dans tous les cas

Antibiothérapie

Cystite aiguë simple

  • Objectifs
  • Molécules en probabiliste
  • Amélioration symptomatique
  • Ce n'est PAS en prévention de la pyélonéphrite
  • 1ère intention : fosfomycine-trométamol dose unique
  • 2ème intention : pivmécillinam 5 jours
  • 3ème intention : fluoroquinolones dose unique / nitrofurantoïne 5 jours

Cystite à risque de complication

  • Modalités
  • Molécules
  • Cas général
  • Indications du traitement probabiliste
  • Traitement d’emblée adapté à l’antibiogramme (dans les 48h)
  • Car la cystite récidivante est le terrain le + à risque de résistance
  • Patiente très symptomatique
  • Antécédents d’évolution vers une pyélonéphrite
  • Comorbidités importantes
  • Traitement adapté à l'antibiogramme (dans l’ordre)
  • Traitement probabiliste (5-7J)
  • Amoxicilline 7 jours > pivmécillinam 7 jours > nitrofurantoïne 7 jours > [cotrimoxazole 5 jours / Augmentin 7 jours / céfixime 7 jours / fluoroquinolones 5 jours]
  • En dernier recours : fosfomycine-trométamol sur avis d'expert (1 dose ou 3 doses J1/J3/J5)
  • 1ère intention : nitrofurantoïne
  • 2ème intention : céfixime / fluoroquinolone

Cystite récidivante

  • Traitement de l’épisode
  • Automédication
  • Prophylaxie non antibiotique
  • Antibiothérapie prophylactique
  • Comme pour une cystite simple / éviter nitrofurantoïne car risque allergique, hépatique et pulmonaire si prises répétées
  • Possible après éducation de la patiente bandelette urinaire puis antibiothérapie si positive
  • Réévaluer 2 fois par an la prescription
  • Règles d’hygiène : voir plus haut (pas d'efficacité démontrée)
  • Canneberge : si cystites récidivantes à Escherichia Coli, à 36 mg/j (non remboursé)
  • Œstrogènes : en application locale si femmes ménopausées / après avis gynécologique
  • Indications
  • Modalités
  • ≥ 1 cystite par mois / avec un retentissement important
  • Echec de toute autre mesure
  • Traitement au coup-par-coup difficilement accepté
  • Début de l'antibioprophylaxie après un ECBU négatif / permet uniquement de diminuer de la fréquence, effet seulement suspensif
  • En cas de survenue d'une cystite sous antibioprophylaxie : interrompre l'antibioprophylaxie et prescrire une antibiothérapie curative sur documentation
  • Durée : au moins 6 mois / réévaluation au moins 2 fois par an
  • Cystite post-coïtale : cotrimoxazole ou fosfomycine-trométamol 2 h avant à 2 h après l’acte
  • Autres : cotrimoxazole le soir au coucher / fosfomycine-trométamol 1x/7-10 jours

Mesures hygiéno-diététiques

Voir mesures classiques des infections urinaires plus haut

Traitement étiologique

  • Si cystite compliquée : rechercher et traiter une uropathie sous-jacente
  • Si cystite récidivante : rechercher et traiter un facteur favorisant

Surveillance

  • Indications de l’ECBU de contrôle
  • Si persistance après antibiothérapie conventionnelle
  • Evolution défavorable à 72 heures sous antibiothérapie
  • Récidive dans les 2 semaines
  • Bilan urinaire à la recherche d’une étiologie

Pyélonéphrite aiguë

Diagnostic

Examen clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Terrain : antécédents de cystites / de pyélonéphrite / uropathie
  • Anamnèse : ancienneté / évolution
  • Signes fonctionnels
  • Douleur lombaire : unilatérale / irradiant vers les organes génitaux externes / spontanée et/ou provoquée / ± empâtement de la fosse lombaire
  • Signes associés : signes digestifs / hématurie / urines troubles
  • Signes de cystite : 50 % des cas / discrets / parfois prodromiques
  • Signes positifs : douleur provoquée à l’ébranlement lombaire / fièvre ± frissons (parfois fièvre isolée chez diabétique ou sujet âgé)
  • Signes de gravité : voir supra

Examens complémentaires

Pour diagnostic positif

BU + ECBU : systématiques

Pour rechercher un obstacle sur les voies urinaires

  • Echographie rénale et des voies urinaires
  • Uroscanner
  • Signes positifs
  • Pour évaluer le retentissement
  • Œdème-néphromégalie / épaississement des parois
  • Hypotonie des cavités pyélo-calicielles, hypovascularisé au Doppler (néphrite)
  • Dédifférenciation cortico-médullaire
  • Recherche une dilatation des cavités pyélo-calicielles
  • Recherche un abcès rénal
  • Signes positifs
  • Au décours
  • Hypodensité parenchymateuse triangulaire à base corticale après injection
  • Néphromégalie (par œdème inflammatoire)
  • ± abcès rénaux et péri-rénaux / lithiase…
  • Cicatrice corticale irréversible possible (ou atrophie)

Pour évaluation du retentissement

  • NFS-CRP : hyperleucocytose neutrophile / syndrome inflammatoire
  • Ionogramme-urée-créatinine : recherche d'insuffisance rénale aiguë / de troubles hydro-électriques
  • Hémocultures : positives dans 30-50 % des cas
  • La présence d'une bactériémie à entérobactérie ne modifie ni le pronostic, ni le choix, ni la durée du traitement antibiotique

Stratégie diagnostique

Pyélonéphrite aiguë simple

  • Hémocultures : seulement si doute diagnostique
  • NFS / CRP / bilan rénal : non systématiques
  • Imagerie
  • Echographie rénale
  • Uroscanner
  • Si pyélonéphrite hyperalgique / sous 24 heures (recherche d'un obstacle)
  • Non recommandée sinon
  • Si évolution défavorable à 72 heures

Pyélonéphrite aiguë à risque de complications (mêmes critères que la cystite)

  • Hémocultures : seulement si doute diagnostique
  • NFS / CRP / bilan rénal : systématiques
  • Imagerie : uroscanner systématique sous 24 heures / échographie si contre-indiqué

Pyélonéphrite aiguë grave

  • Hémocultures : systématiques
  • NFS / CRP / bilan rénal : systématique
  • Imagerie : uroscanner systématique sous 24 heures

Evolution

Histoire naturelle sous traitement

Evolution le plus souvent favorable en 48-72 heures

Complications

  • Locales : abcès rénal / phlegmon péri-néphrétique / pyélonéphrite emphysémateuse
  • Générales : bactériémie / sepsis / choc septique
  • Récidives : ± pyélonéphrite chronique néphropathie interstitielle fibrosante ± insuffisance rénale chronique
  • Abcès : complication rare / diagnostic par TDM / drainage percutané ou chirurgical / antibiothérapie prolongée
  • Pyélonéphrite emphysémateuse : présence de gaz dans le rein au TDM / terrain : diabète, immunodéprimé.. / le traitement antibiotique est + prolongé
  • Discuter drainage chirurgical ou en radio interventionnelle / pronostic rénal engagé (risque de néphrectomie)
  • Pyélonéphrite xanthogranulomateuse : rare, diagnostic histologique
  • Inflammation subaiguë souvent due à une obstruction / formes focales pseudo-tumorales ou diffuses
  • ECBU stérile dans 50% des cas / destruction progressive du rein
  • Chez la transplanté rénal : fréquente / transplant souvent indolore, signes fonctionnels urinaires inconstants, fièvre isolée / risque de dégradation de la fonction rénale

Traitement

Prise en charge

  • Critères d’hospitalisation
  • Signes de gravité (voir plus haut)
  • Pyélonéphrite hyperalgique / doute diagnostique
  • Vomissements rendant impossible un traitement per os
  • Conditions socio-économiques défavorables
  • Observance du traitement difficile
  • Décompensation de comorbidités

Antibiothérapie

Modalités : probabiliste avec adaptation secondaire / voie orale si possible

  • A bonne diffusion rénale (donc pas de fosfomycine-trométamol / de nitrofurantoïne / de pivmécillinam)
  • Amikacine : utilisée dans la pyélonéphrite grave / bactéricidie rapide / synergie avec β-lactamines / élargit le spectre (notamment aux entérobactéries à bêta-lactamases à spectre étendu ++)

Si pyélonéphrite simple ambulatoire

  • Modalités
  • Molécules
  • Si contre-indication ou allergie aux C3G/fluoroquinolones : traitement par aminoside (amikacine, gentamicine, tobramycine) ou aztréonam
  • Antibiothérapie probabiliste après l'ECBU
  • 1ère intention : fluoroquinolones (ofloxacine, ciprofloxacine, lévofloxacine) par voie orale si pas de traitement par fluoroquinolones dans les 6 derniers mois
  • 2ème intention : C3G parentérale (céfotaxime, ceftriaxone)

Si pyélonéphrite à risque de complication

  • Modalités
  • Molécules
  • Si contre-indication ou allergie C3G/fluoroquinolones: traitement par un aminoside (amikacine, gentamicine, tobramycine) ou aztréonam
  • Antibiothérapie probabiliste après ECBU
  • 1ère intention : C3G parentérale si hospitalisation
  • 2ème intention : fluoroquinolones sauf traitement par des fluoroquinolones dans les 6 derniers mois

Pyélonéphrite grave

  • Cas général
  • Sepsis grave ou geste urologique et [antécédent d’infection urinaire ou colonisation à EBLSE dans les 6 derniers mois]
  • Choc septique et facteur de risque d’EBLSE
  • 1ère intention : C3G intraveineuse + amikacine
  • Si allergie : aztréonam + amikacine
  • 1ère intention : carbapénème (imipénème, méropénème) + amikacine
  • Si allergie : aztréonam + amikacine
  • 1ère intention : carbapénème + amikacine
  • Si allergie : aztréonam + amikacine
  • Note : facteurs de risque d’entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre étendu
  • Infection urinaire ou colonisation à EBLSE dans les 6 mois
  • Antibiothérapie par Augmentin / pipéracilline-tazobactam / C2G / C3G / fluoroquinolones pendant les 6 derniers mois
  • Voyage récent en zone d’endémie EBLSE
  • Hospitalisation il y a moins de 3 mois
  • Vie en établissement de long séjour

Adaptation secondaire

  • Antibiotiques à privilégier dans l’ordre
  • Durées
  • Cas général : amoxicilline > Augmentin > fluoroquinolones > céfixime > cotrimoxazole
  • Pyélonéphrite grave : arrêt des carbapénèmes dès que possible / pas de relais per os si la gravité persiste / relais classique PO sinon
  • Pyélonéphrite simple : 7 jours si fluoroquinolone ou bêtalactamine parentérale / 10-14 jour dans les autres cas
  • Pyélonéphrite à risque de complication : 10-14 jours
  • Pyélonéphrite grave : 10-14 jours
  • Si aminosides nécessaires durant tout le traitement : 5-7 jours

Traitement symptomatique

  • Rééquilibration hydroélectrique : adaptée au ionogramme / per os ou IV selon la clinique
  • Antalgiques-antipyrétiques : paracétamol per os ou IV
  • Selon le contexte : antiémétiques / antispasmodique

Dérivation des urines

  • Indication: dilatation des cavités pyélo-calicielles à l’échographie
  • Modalités
  • Chez la femme : drainage par sonde urétérale
  • Chez l’homme ou après échec chez la femme : néphrostomie percutanée

Mesures associées

Mesures classiques de toute infection urinaire

Surveillance

  • Clinique : consultation à J3
  • ECBU de contrôle
  • Fièvre à 72h d'antibiothérapie efficace : ECBU + uroscanner quel que soit le grade de la pyélonéphrite
  • Indispensable si prise en charge ambulatoire
  • Adaptation secondaire à l’antibiogramme
  • Pas recommandé si évolution favorable

Prostatite aiguë / infections urinaires masculines

Généralités

Définition

  • Infection du parenchyme prostatique
  • Fréquente : 20-50% des hommes au cours de leur vie

Physiopathologie

  • Contamination
  • Germes
  • Facteurs favorisants
  • Par voie ascendante le plus souvent
  • Rarement par voie hématogène
  • Urinaires : entérobactéries
  • Infections sexuellement transmissibles (rarement) : Chlamydia / gonocoque
  • Hypertrophie bénigne de la prostate : favorise la stase et donc la colonisation
  • Autres : âge > 50 ans / antécédents personnels / lithiase / sténose urétrale

Diagnostic

Examen clinique

Interrogatoire

  • Terrain : hypertrophie bénigne de prostate connue / antécédents d’infections urinaires
  • Signes fonctionnels
  • Signes urinaires
  • Signes associés
  • Signes irritatifs : brûlures / pollakiurie / impériosités
  • Signes obstructifs : dysurie / jet faible
  • Fièvre élevée de survenue brutale / sueurs / douleur pelvienne / syndrome rectal

Examen physique

  • Signe positif : toucher rectal
  • Evaluation du retentissement
  • Douleur exquise
  • Volume augmenté / régulière / chaude / tendue
  • Recherche d'une rétention aiguë d'urines ++
  • Bourse chaude, rouge, douloureuse en cas d'orchi-épididymite…
  • Recherche de signes de gravité

Tableaux atypiques

  • Forme peu ou pas fébrile / toucher rectal normal
  • Tableau de cystite / tableau de pyélonéphrite…

Examens complémentaires

Pour diagnostic positif

  • BU / ECBU : systématiques (BU : bonne valeur prédictive positive donc la faire mais le diagnostic est fait sur l'ECBU)
  • Aucun examen clinique ni paraclinique ne permet d'éliminer l'infection prostatique : toujours prendre en compte cette possibilité dans la prise en charge d'une infection urinaire de l'homme ++

Pour recherche de complications

  • Echographie des voies urinaires par voie sus-pubienne
  • Objectif : recherche d’un obstacle sur les voies urinaires
  • Indications : douleur lombaire / suspicion de rétention aiguë d'urines / antécédents de lithiase / sepsis grave, à faire dans les 24h
  • Pas d'échographie endo-rectale en phase aiguë car très douloureuse
  • IRM prostatique (échographie endorectale à défaut / uro-TDM si les autres sont non disponibles)
  • Objectif : recherche d’un abcès prostatique
  • Indication : en cas d'évolution défavorable à 72 heures

Pour évaluation du retentissement

  • NFS-CRP : hyperleucocytose / syndrome inflammatoire
  • Hémocultures : systématiques dès que température ≥ 38,5 °C
  • Ionogramme-urée-créatinine : recherche d'une insuffisance rénale aiguë / troubles hydroélectriques

Pour diagnostic étiologiqu

  • Indications
  • Modalités (à distance)
  • 2ème épisode
  • Suspicion d’uropathie (notamment après 50 ans)
  • Echographie des voies urinaires : recherche d’un résidu post-mictionnel
  • Orientation vers une consultation d’urologie / débit-métrie urinaire

Complications

Aiguës

  • Rétention aiguë d’urine
  • Abcès prostatique : signes infectieux persistants à 48h / zone fluctuante très douloureuse au toucher rectal
  • (Orchi-)épididymite
  • Bactériémie et ses complications

Chroniques

  • Récidives
  • Prostatite chronique : poussées aiguës / fibrome du parenchyme avec nodules ± calcifiés où les antibiotiques pénètrent difficilement

Traitement

Critères d’hospitalisation

  • Idem que les critères de la pyélonéphrite +
  • Rétention aiguë d’urines
  • Immunodépression profonde

Antibiothérapie

Pharmacocinétique

  • Antibiotiques à bonne diffusion prostatique
  • Antibiotiques à diffusion insuffisante (à ne pas utiliser)
  • Antibiotiques possible si antibiogramme concordant : amoxicilline / C3G IV
  • Fluoroquinolones : à privilégier +++
  • Cotrimoxazole
  • Céfixime
  • Augmentin
  • Fosfomycine-trométamol / Nitrofurantoïne

En probabiliste

  • Sepsis grave / choc septique / indication de drainage
  • Rétention aiguë d'urines / immunodépression profonde
  • Fièvre / mauvaise tolérance des signes fonctionnels urinaires
  • Autres cas
  • Même schéma que la pyélonéphrite grave
  • Même schéma que la pyélonéphrite à risque de complication en hospitalisation (antibiothérapie probabiliste)
  • Même schéma que la pyélonéphrite à risque de complication en ambulatoire (antibiothérapie probabiliste)
  • Différer le traitement jusqu’à l’antibiogramme

Adaptation secondaire

  • Molécules
  • Durée
  • 1ère intention : fluoroquinolones ou cotrimoxazole à privilégier si souche sensible
  • 2ème intention si souche non sensible ou contre-indication : amoxicilline / C3G parentérales / sur avis spécialisé
  • 14 jours : cas général
  • 21 jours à discuter si :
  • Uropathie sous-jacente non corrigée par l’antibiothérapie
  • Lithiase urinaire / immunodépression profonde
  • Molécule autre que fluoroquinolone ou cotrimoxazole

Traitement symptomatique

  • Rééquilibration hydroélectrique : selon ionogramme / IV ou per os
  • Antalgiques-antipyrétiques : paracétamol IV ou per os
  • α-bloquant : si dysurie sévère

Traitement des complications

  • Rétention aiguë d’urine (au choix)
  • Abcès prostatique
  • En cas de prostatite iatrogène post-biopsies de prostate
  • Sondage vésical (pas de contre-indication formelle malgré la prostatite)
  • Drainage des urines en urgence par cathétérisme sus-pubien
  • Antibiothérapie souvent suffisante
  • Discuter drainage chirurgical si persistance
  • Bi-antibiothérapie IV probabiliste associant C3G IV + aminoside (car sélection des germes par antibio-prophylaxie avec les fluoroquinolones)

Mesures associées

  • Celles des infections urinaires ou des infections sexuellement transmissibles selon le cas
  • Traitement préventif lors de biopsies prostatiques transrectales ± certains gestes endoscopiques par voie urétrale rétrograde

Surveillance

  • Clinique : réévaluation indispensable à J3 si prise en charge ambulatoire
  • ECBU de contrôle : seulement si évolution défavorable à 72 heures
  • + examen d'imagerie prostatique dans ce cas (par IRM prostatique / échographie endo-rectale >> TDM)
  • Causes d'échec du traitement : antibiothérapie inadaptée (molécule inappropriée, durée de traitement trop courte) / non-prise en charge d'un trouble urologique sous-jacent

Particularités chez le sujet âgé

Généralités

Epidémiologie

  • 2ème cause d’infection après les infections respiratoires
  • Colonisation très fréquente / augmente avec l'âge

Physiopathologie

  • Germes
  • Facteurs favorisants
  • E. coli < 50% des cas
  • Plus de bactéries à Gram Positif
  • Taux de résistance élevés
  • Apports hydriques insuffisants
  • Pathologie prostatique
  • Ménopause
  • Incontinence / sondage à demeure
  • Vessie neurologique / alitement
  • Anticholinergiques

Diagnostic

Examen clinique

  • Tableau atypique chez le > 75 ans ou > 65 ans fragile (> 3 critères de Fried)
  • Signes urinaires : ± absents / si présents, pas forcément rattachables à une infection urinaire / douleur abdominale plutôt que pelvienne
  • Signes extra-urinaires fréquents : syndrome confusionnel / perte d’autonomie / chutes / décompensation d'organes…
  • Signes évocateurs plutôt si modification de signes déjà présents : pollakiurie, incontinence…

Bandelette urinaire / examen cytobactériologique des urines

  • 1/3 de contamination des prélèvements
  • Colonisations fréquentes
  • Leucocyturie non spécifique d’une infection chez le vieux

Complications + fréquentes

  • Infectieuses (abcès) / déshydratation / perte d'autonomie
  • Décompensation de comorbidités

Prise en charge

  • Comme l'infection urinaire à risque de complication si fragile ou > 75 ans
  • Adapter les traitements à la clairance de la créatinine

INFECTIONS URINAIRES CHEZ L'ENFANT

Généralités

Définitions

Cystite récidivantes: ≥ 3 épisodes de cystites / an

Reflux vésico-urétéral: fréquent chez le nourrisson/enfant

  • Primitif : anomalie congénitale de la jonction urétéro-vésicale
  • Secondaire : par augmentation de la pression vésicale (trouble mictionnel sur hyperactivité vésicale fonctionnelle le plus souvent : associe des fuites urinaires, des urgences mictionnelles, une dysurie et une miction en deux temps / favorisé par la rétention stercorale ou la prise de mauvaises habitudes mictionnelles), souvent reflux vésico-urétéral de faible grade
  • Facteur de transmission haute de la colonisation / toute pyélonéphrite de l'enfant est à priori reliée à un reflux vésico-urétéral, intermittent ou permanent (possible pyélonéphrite sans reflux vésico-urétéral sur E. coli uropathogènes très adhésifs)
  • Puis croissance avec maturation du fonctionnement vésico-sphinctérien (reflux vésico-urétéral fonctionnel) + allongement du trajet intramural (système antireflux naturel) de l'uretère (reflux vésico-urétéral organique) › disparition spontanée vers 1 an le plus souvent

Physiopathologie de l'infection

  • Colonisation ascendante par des germes digestifs le plus souvent (rarement il s'agit d'une pyélonéphrite hématogène)
  • Mécanisme ascendant favorisé par adhésivité bactérienne à l'épithélium des parois des voies urinaires de certains E. coli (uropathogènes) du fait de la présence de pili (adhésines bactériennes ayant une structure microfibrillaire capable de se fixer à des récepteurs glycoprotéiques)
  • Facteurs favorisants
  • Chez le nourrisson: couche / immaturité vésicale / prépuce étroit
  • Chez l’enfant: troubles mictionnels / vulvite / rétention stercorale / oxyurose / hygiène
  • Anomalie fonctionnelle (dysfonctionnement vésico-sphinctérien) ou organique (lésion anatomique, congénitale ou acquise)

Epidémiologie

  • Infection urinaire fréquente en pédiatrie : concerne 1% des enfants < 2 ans
  • Dépistage des uropathies anténatal : diminution de l'incidence, parfois antibioprophylaxie possible
  • Premiers mois : chez le garçon +++ / puis filles > garçons ensuite
  • < 1 an : pyélonéphrite dans 95% des cas ( & pyélonéphrite : constitue 10% des fièvres isolées)

Etiologies

  • E. Coli +++ (80%) / Proteus mirabilis (10%, germe favorisant les lithiases)
  • Rarement: entérocoques / klebsielles
  • Très rares pyélonéphrites fongiques chez le nourrisson / cystites virale du jeune enfant et interstitielle de l'enfant plus âgé
  • Résistances bactériennes
  • 50% d'E. coli résistants à l'amoxicilline / 20-30% au cotrimoxazole
  • E. coli BLSE (bêtalactamases à spectre étendu) : en augmentation mais moins de 10% en 2014

Diagnostic

Examen clinique

Terrain

  • Rechercher antécédents d'infections urinaires +++ (et nombre d'épisodes/an)
  • Rechercher des facteurs favorisants d’infection urinaire / existence d'uropathie

L’hypothèse d’une infection urinaire doit être systématiquement évoquée devant

  • Toute fièvre chez un nourrisson de moins de 3 mois
  • Une fièvre isolée (sans point d’appel) depuis plus de 4 jours quel que soit l’âge
  • Des symptômes aspécifiques ou trompeurs : altération de l'état général, troubles digestifs…

Tableau de cystite

  • Terrain : enfant (rarement le nourrisson) / filles de plus de 3 ans ++
  • Signes généraux : APYRETIQUE (ou fébricule < 38,5°C) / pas d’altération de l'état général
  • Douleurs : abdomino-pelviennes / fosses lombaires indolores
  • Signes urinaires intenses : brûlures mictionnelles (ou pleurs lors des urines) / impériosités / pollakiurie / dysurie / douleurs hypogastriques / hématurie macroscopique / fuites urinaires (tableau souvent pauvre chez le nourrisson)
  • Bandelette urinaire = hématurie ++ / protéinurie +

Tableau de pyélonéphrite aiguë

  • Terrain: à tout âge / infection urinaire chez le nourrisson = pyélonéphrite ++ (nouveau-né : rechercher anomalies de la région périnéale : hypospadias, épispadias, malposition anale...)
  • Signes généraux : fièvre élevée (température > 39°C) / altération de l'état général / vérifier tolérance
  • Douleurs : abdominales ++ / lombaire (ébranlement des fosses lombaires)
  • Signes urinaires : peu marqués en général (surtout si très jeune)
  • Signes associés : ictère cholestatique fréquent chez nourrisson
  • Tableaux spécifiques :
  • Bandelette urinaire = hématurie + / protéinurie ++
  • Nouveau-né : syndrome infectieux, troubles digestifs ± ictère / déshydratation aiguë + troubles ioniques ± insuffisance rénale aiguë (si atteinte bilatérale) / à toujours évoquer (sauf contexte d'infection materno-fœtale)
  • Nourrisson : fièvre inexpliquée + troubles hémodynamiques + douleurs abdominales
  • Grand enfant : fièvre élevée, frissons, douleurs abdominales ou lombaires ± signes fonctionnels urinaires (pollakiurie, mictions impérieuses, fuites d'urines)
  • Signes atypiques : douleur abdominale vague / asthénie / fièvre isolée / vomissements..
  • Chez le <3 mois : tableau souvent trompeur / germes spécifiques / risque de septicémie et d'essaimage méningé ++

Critères de gravité d'une pyélonéphrite chez l'enfant

  • Facteurs de risque de complication
  • Facteurs de sévérité
  • 1 seul de ces critères justifie l'hospitalisation + traitement probabiliste
  • Age < 3 mois / uropathie sous-jacente / immunodépression
  • Lithiase (cause ou conséquence de l'infection urinaire)
  • Sepsis (fièvre mal tolérée, troubles hémodynamiques)
  • Signes de déshydratation / altération de l'état général

Devant une cystite récidivante : rechercher des facteurs favorisants

Fuites urinaires diurnes / encoprésie-constipation / jet anormal

Résultats de la bandelette urinaire

  • Moins sensible si âge < 3 mois / qualité du recueil essentielle ++
  • Techniques de recueil : (objectif : éviter contamination par flore commensale)
  • Résultats :
  • Prélèvement par collecteur adhésif (avec désinfection soigneuse et temps de pose ≤ 30 min) le + souvent utilisé, mais résultats médiocres et valeur prédictive positive d'infection urinaire faible (intérêt lorsque suspicion d'infection urinaire forte : leucocytes + nitrites en grande quantité)
  • Prélèvement d'urines en milieu de jet : à privilégier ++ / difficile chez petite fille
  • Cathétérisme urétral "aller-retour" par sonde souple : bonne méthode chez le < 2 ans (fille surtout) en intra-hospitalier pour éviter contamination périnéale
  • Ponction sus-pubienne échoguidée : indications très limitées
  • Détecte leucocytes (si > 10⁴) et nitrites (pour Escherichia coli, Klebsielle, Proteus Mirabilis)
  • Si négatif : valeur prédictive négative = 97% donc élimine quasiment l'infection (sauf chez l'enfant de moins de 1-3 mois) / causes de faux négatifs :
  • Leucocytes : leucopénie
  • Nitrites : pas de nitrate réductase (entérocoque) / alimentation pauvre en nitrates (allaitement maternel exclusif) / urine ayant séjourné trop peu de temps dans la vessie (pollakiurie, sonde à demeure)

Examens complémentaires

Pour diagnostic positif = ECBU +++

Indications

  • Systématique devant toute fièvre chez le nouveau-né ou nourrisson < 3 mois
  • Seulement si bandelette urinaire positive chez le nourrisson > 3 mois et l'enfant

Modalités (4)

  • Examen direct : effectué dans un délai ≤ 1 heure
  • Culture : systématique
  • Quantifie leucocyturie / caractérise bactérie (morphologie, Gram)
  • Coloration de Gram oriente (bacilles négatifs : Escherichia coli / cocci gram positif : entérocoque)
  • Identifie l'espèce bactérienne (24h) / quantification, antibiogramme (48h)
  • Plusieurs espèces bactériennes retrouvées : signe une contamination le + souvent › répéter l'examen dans de meilleurs conditions (examen du milieu de jet, sondage)

Résultat : infection urinaire si associe :

  • Bactériurie > 10⁵ UFC/ml (sur collecteur ou milieu de jet / 104 sur cathétérisme vésical)
  • Leucocyturie > 10⁴/ml = significative (Elle peut être absente chez le nouveau-né)

Remarques sur l’interprétation

  • L’absence de leucocyturie et de bactérie à l’examen direct des urines a une excellente valeur prédictive négative proche de 100% et permet d’éliminer une infection urinaire
  • Absence de leucocyturie : valeur prédictive négative d'environ 97% pour éliminer l'infection urinaire
  • Causes de leucocyturie sans germes (valeur prédictive positive d'infection urinaire si isolée : moins de 50%)
  • Causes de bactériurie sans leucocyturie
  • Infection urinaire décapitée / maladie inflammatoire (Kawasaki)
  • Infection génitales (vulvovaginite / posthite)
  • Pyélonéphrite et cystite d'origine non bactérienne
  • Contamination du prélèvement / Infection urinaire débutante
  • Colonisation urinaire (bactériurie asymptomatique)

Pour évaluation du retentissement

  • Autres examens : indiqués uniquement en cas de pyélonéphrite (cystite : faire juste ECBU)
  • NFS-CRP-PCT / urée-ionogramme-créatinine : systématiques si pyélonéphrite
  • Hémocultures : systématique si nourrisson < 3 mois ou sepsis
  • Ponction lombaire : largement indiquée si âge < 6 semaines (± tout enfant de moins de 3 mois) car risque de méningite associée ++ à la pyélonéphrite à hémocultures positives
  • CRP normal après 24-48h d'évolution : doit faire remettre en question une éventuelle pyélonéphrite
  • Positives dans 30% des cas si âge < 1 mois / 15% si âgé entre 1-2 mois / 5% si âgé entre 2 et 3 mois

Pour diagnostic étiologique = rechercher une uropathie

  • Echographie rénale et des voies urinaires
  • Cystographie rétrograde et mictionnelle
  • Indiquée si infections urinaires récidivantes, hypoplasie, dysplasie rénale
  • ± indiquée sur tout épisode de pyélonéphrite (mais l'échographie anténatale élimine normalement déjà une uropathie grave..)
  • Pyélonéphrite : on retrouve des reins oedématiés / augmentation du volume rénal / épaississement des parois pyéliques (signe spécifique mais inconstant) / recherche de dilatation pyélo-calicielle +++
  • Cystite : échographie indiquée si épisodes récidivants
  • Peut retrouver des signes de reflux vésico-urétéral / uropathie obstructive / exceptionnellement : abcès, lithiase, tumeur
  • Mais une échographie normale n'élimine pas le diagnostic de pyélonéphrite
  • Indiquée si anomalies échographiques ou épisodes répétés de pyélonéphrite en dehors de contexte évident d'instabilité vésicale / non systématique / pas sur un 1e épisode sauf autres arguments d'uropathie

À distance (≥ 3 semaines) de l’infection : ECBU stérile indispensable

  • Objective un reflux vésico-urétéral (et détermine le grade)
  • Autres examens
  • Scintigraphie rénale au DMSA / uro-TDM/IRM : ne sont pas indiqués en pratique courante chez l'enfant

Evolution

Pyélonéphrites récidivantes

  • A partir du 3e épisode de pyélonéphrite
  • Risque : cicatrices parenchymateuses, protéinurie, hypertension artérielle, réduction néphronique…
  • ± recherche d'anomalie fonctionnelle ou organique au 1e épisode de pyélonéphrite par échographie (examen proposé mais non systématique…)
  • Cystographie : proposée si pyélonéphrites récidivantes (généralement normale ou reflux vésico-urétéral faible)

Cystites récidivantes

  • A partir du 3e épisode de cystite
  • Dysfonctionnement vésico-sphinctérien › rétention stercorale › infection (et auto-entretien) / échographie nécessaire mais n'objective souvent qu'un simple épaississement de la paroi vésicale (compression vésicale par le contenu rectal)

Pronostic

  • Lié aux risques d'apparition de cicatrices parenchymateuses
  • Peuvent induire protéinurie / hypertension artérielle / réduction néphronique
  • Surtout en cas de pyélonéphrites répétées, traitées tardivement, avec une antibiothérapie inadaptée

Traitement

Prise en charge

  • Traitement ambulatoire en cas de cystite ou pyélonéphrite sans signe de gravité
  • Critères d’hospitalisation devant une pyélonéphrite
  • Nourrisson < 3 mois : systématique
  • Signes de gravité clinique (cf supra)
  • Risque de non-observance ou d'accès difficile à un traitement rapide

Traitement symptomatique

  • Antipyrétique : paracétamol 60mg/kg/J en 4 prises orales
  • Réhydratation : si perte de poids / solution de réhydratation orale : 1 sachet-200ml / fractionné / à volonté / encourager mictions régulières et fréquentes si enfant en âge de comprendre

Antibiothérapie

Cystite simple

ECBU systématique pour une cystite du nourrisson/ de l'enfant

  • Cotrimoxazole (Bactrim® oral) en 2 prises sans dépasser la dose adulte
  • Ou Céfixime (Oroken®) 8 mg/kg/j en 2 prises : ± réservée aux souches résistantes au cotrimoxazole
  • Ou Augmentin® (excellente concentration urinaire, efficace y compris pour les BLSE) : 80 mg/kg/j (< 3 g/j) en 3 prises
  • Durée totale de 5 jours / pas de traitement antibiotique minute validé chez l'enfant

Pyélonéphrite aiguë

Objectifs

  • Eviter dissémination bactérienne / limiter risque de cicatrices rénales
  • Probabiliste initialement puis adaptée au choix de l'antibiogramme

Traitement d’attaque (SPILF 14)

Pyélonéphrite hospitalière: ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection IV sur 30 minutes (< 2g au total) ou céfotaxime 50 mg/kg/8h IV (sans dépasser 6g / à privilégier car moins d'impact écologique) + amikacine 30 mg/kg/j en 1 injection IV sur 30 minutes

Chez l'enfant de moins de 1 mois: ne pas administrer de ceftriaxone avec du calcium (risque de précipitation)

Enfant de plus 3 mois consultant aux urgences sans nécessité d'hospitalisation :

  • Si traitement IV envisagé pendant 2-4 jours : amikacine 30 mg/kg/j en 1 injection sur 30 min ou ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection sur 30 min (total < 2g)
  • Si traitement intramusculaire envisagé : ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection (total < 2g)
  • Traitement oral (nécessite toutes les conditions suivantes : âge de plus de 3 mois + fièvre d'installation récente + absence d'altération de l'état général + absence d'antécédent d'infection urinaire ou d'uropathie + pas d'antibiothérapie récente): céfixime 4 mg/kg toutes les 12h

Enfant de plus 3 mois consultant au cabinet médical sans nécessité d'hospitalisation :

  • Traitement par voie intramusculaire : ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection (total < 2g)
  • Traitement oral (mêmes critères : âge de plus de 3 mois + fièvre d'installation récente + absence d'altération de l'état général + absence d'antécédent d'infection urinaire ou d'uropathie + pas d'antibiothérapie récente) : céfixime 4 mg/kg toutes les 12h

Relais oral : dans tous les cas à 48h (et adaptée aux résultats de l'ECBU)

Par ordre de préférence : amoxicilline (sauf pour Escherichia coli) > cotrimoxazole > céfixime (AMM après 6 mois mais fait plus tôt en pratique) > ciprofloxacine (après la fin de la croissance / si souche non résistante à l'acide nalidixique) > Augmentin + céfixime (si céfixime résistant mais CMI < 1 mg/L) > aminosides, pipéracilline-tazobactam.. / pour durée totale d'environ 10 jours

Remarques

  • Si Escherichia coli sensible à l'Augmentin à l'antibiogramme : ne pas l'utiliser (concentrations minimales inhibitrices toujours élevées)
  • Allergie aux bêta-lactamines : utiliser un aminoside monothérapie IV seul
  • Infection urinaire à entérocoque : antibiothérapie par amoxicilline ± aminoside
  • A l'avenir : traitement par aminoside intramusculaire seul pour toute pyélonéphrite ? Possible si couvre les BLSE (amikacine ++), n'induit pas de résistance (par rapport aux C3G)
  • Risque d'augmentation des pyélonéphrites à entérobactéries multi-résistantes BLSE (résistance à toutes bêta-lactamines sauf les carbapénèmes / mais souches à carbapénémases apparues récemment également donc le traitement par carbapénème non recommandé)

En cas d’allergie aux bêta-lactamines

Hospitalisation + aminosides seuls 48h puis relais cotrimoxazole oral

En cas d'infection urinaire récidivante

Cystite récidivante

  • Si infections urinaires répétées : antibioprophylaxie parfois indiquée (modalités : comme les pyélonéphrites récidivantes)
  • Mesures associées : prise en charge de la rétention stercorale (laxatifs osmotiques) ± dysfonctionnement vésico-sphinctérien par un traitement anticholinergique (Ditropan®) ++

Pyélonéphrite récidivante

  • Traitement des facteurs favorisants ++
  • Antibioprophylaxie (pour diminuer la fréquence et limiter les lésions rénales) peut être proposée mais efficacité discutée :
  • Laxatifs osmotiques si rétention stercorale
  • Anticholinergiques (oxybutynine) si instabilité vésicale
  • Rééducation vésico-sphinctérienne (si trouble urinaire plus complexe)
  • Modalités : cotrimoxazole sur quelques mois ou jusqu'à suppression des couches si propreté des selles non acquise / faible dose (au 1/3 de la posologie curative) en 1 fois au coucher

Mesures associées

  • CARNET DE SANTE +++
  • Education des parents : mesures d’hygiène / informations sur signes nécessitant consultation en urgence
  • Traitement d’une constipation associée

Surveillance

  • Clinique : consultation de contrôle à +48H systématique si pyélonéphrite ambulatoire (recherche de fièvre, de signes fonctionnels urinaires, faire une bandelette urinaire si fièvre…) / fièvre-tolérance
  • Paraclinique : ECBU de contrôle dans la pyélonéphrite à 48-72h si évolution inhabituelle ou résistance à l'antibiothérapie initiale / échographie en l'absence d'argument bactériologique pour un échec du traitement (recherche de complications : abcès rénal…)
  • Risque à long terme des pyélonéphrites discuté : infection urinaire dans l'enfance pourrait augmenter le risque de pyélonéphrite gravidique / risque d'hypertension artérielle, micro-albuminurie, insuffisance rénale chronique en cas de reflux vésico-urétéral dans l'enfance (par cicatrices rénales)
  • Conseils généraux de lutte contre facteurs de risque cardio-vasculaire / éviter excès de sel-protéines / mesure de la pression artérielle régulière

Uropathies de l'enfant

Indications à une exploration spécialisée

  • Mictions très nombreuses avec fuites urinaires / mauvais jet urinaire (goutte à goutte…)
  • Infections urinaires à répétition / anomalies de l'échographie rénale

Reflux vésico-urétéral ++

  • Uropathie malformative la + fréquente de l'enfant = anomalie de la jonction urétéro-vésicale, qui ne peut s'opposer au reflux de l'urine de la vessie vers l'uretère
  • Fréquent (50% des infections urinaires) / filles > garçons (sex ratio x5)
REFLUX VESICO-URETERAL FONCTIONNELREFLUX VESICO-URETERAL MALFORMATIF
Fréquence++++
AgeEnfantNouveau-né, nourrisson
SexeFille ++Garçon ++
RévélationPyélonéphrites (souvent répétées)Pyélonéphrites (ou de diagnostic anténatal)
Troubles mictionnelsTrès fréquentsPeu
RefluxIntermittentPermanent
EchographieSouvent normale ++Souvent anormale ++
Grade (cystographie)Faible (0-2)Elevé (3-5)
Jonction urétéro-vésicaleNormaleAnormale
Risque rénal+ (faible)+++ (élevé)
AntibioprophylaxieSouvent indiquéePeu indiquée
Traitement chirurgicalJamaisA discuter

Exploration par cystographie : réalisée après pose d'une sonde vésicale

Evolution

  • Disparition spontanée (maturation anatomique) dans la majorité des reflux vésico-urétéraux fonctionnels
  • Pyélonéphrite chronique : infection urinaire asymptomatique › risque de cicatrices rénales ++
  • A terme : risque de néphropathie de reflux (néphropathie tubulo-interstitielle) puis insuffisance rénale terminale

Traitement

Indications chirurgicales controversées : surtout pour pyélonéphrites répétées sur reflux vésico-urétéral malformatif de grade élevé

  • Modalités : chirurgie anti-reflux de Cohen, traitement endoscopique : réimplantation urétéro-vésicale par abord direct ou injection sous-méatique d'une substance inerte créant un socle sur lequel vient s'appuyer sur l'uretère pour s'opposer au reflux
  • Mais pas d'influence sur le risque de cicatrices parenchymateuses ou d'hypertension artérielle / insuffisance rénale chronique au long cours (mais baisse le risque de récidives de pyélonéphrite)
  • Sinon traitement conservateur / ± circoncision pour diminuer le risque de récidive

Autres anomalies urétéro-vésicales

Mégauretère primitif (non refluant) : dilatation urétéro-pyélo-calicielle sus-jacente à un obstacle significatif au niveau de la jonction urétéro-vésicale

  • Echographie : dilatation uretère généralement > 10-15 mm (+ dilatation des cavités pyélo-calicielles)
  • Cystographie : élimine un reflux vésico-urétéral de haut grade, vérifie l'urètre chez le garçon
  • Infection urinaire dans ce contexte souvent difficile à traiter / faire une dérivation urinaire externe par néphrostomie ou interne par sonde double J parfois nécessaire / scintigraphie 2-3 semaines après l'infection urianire évalue le retentissement et oriente la prise en charge
  • Traitement : néphro-urétérectomie si rein dilaté non fonctionnel ou très altéré
  • Autres cas : réimplantation vésico-urétérale + modelage urétéral après résection de la partie terminale de l'uretère chez le plus de 1 an généralement, à distance d'une infection urinaire
  • Chez le nourrisson : drainage temporaire par JJ (idéalement posée sous cystoscopie), évite la réimplantation dans 70% des cas
  • Circoncision chez le garçon : diminue le risque de récidive d'infection urinaire en supprimant le réservoir bactérien préputial

Urétérocèles : dilatation pseudo-kystique de l'uretère terminal en portion sous-muqueuse

  • Différentes formes anatomiques : urétérocèle ectopique ou extra-vésical sur duplication urétérale = la + fréquente (60%) / chez la fille > garçon (sex-ratio x 4) / bilatéral dans 10% des cas
  • Dépistage anténatal généralement : kyste intra-vésical / à la naissance, se révèle par une infection urinaire fébrile / très rarement diagnostic sur une masse lombaire secondaire à la dilatation du calice supérieur, une rétention aiguë d'urines par obstruction du col vésical…
  • Echographie : permet d'apprécier la taille de l'urétérocèle = image kystique dans la vessie à parois généralement fines et régulières / dilatation des voies excrétrices d'amont / état du parenchyme rénal (généralement dysplasique)
  • Cystographie rétrograde : précise l'anatomie / recherche de reflux vésico-urétéral dans l'uretère polaire inférieur / si dilatation importante ou obstacle à la vidange vésicale avec menace sur parenchyme fonctionnel : réaliser une décompression endoscopique (sous anesthésie générale, par perforation par sonde bug bee ou section déclive à lame froide)
  • Autres examens :
  • Pour enfant asymptomatique sans retentissement : traitement conservateur
  • Sinon : traitement chirurgical (surtout si antécédents d'infections urinaires ++)
  • Urétérocèle sur système simple + rare (toujours orthotopique) ± obstructive, dilatation urétéro-pyélo-calicielle ± lésions rénales de dysplasie
  • Echographie à 1 mois postopératoire ± cystrographie (recherche d'un reflux vésico-urétéral dans l'uretère polaire supérieur)
  • Scintigraphie (fonction du pôle supérieur du rein dupliqué)
  • Modalités : selon la fonction du pôle supérieur, néphrectomie partielle / ablation de l'urétérocèle, reconstruction du trigone et réimplantation urétéro-vésicale des 2 uretères sinon / anastomoses pyélo-pyéliques ou pyélo-urétérales ± hautes aussi faisables

Autres uropathies

Syndrome de jonction pyélo-urétérale

  • Dilatation isolée du bassinet et des calices sans dilatation des uretères
  • Risque de complications : infection urinaire fébrile avec dilatation majeure du bassinet (> 30-40mm) ou sepsis mal contrôlé, indique un drainage urinaire (néphrostomie per-cutanée ou double J)
  • Scintigraphie: 2-3 semaines post-néphrostomie pour évaluer fonction des 2 reins
  • Rechercher d'artère polaire inférieure possiblement responsable de l'obstacle chez le grand enfant
  • Prise en charge
  • Si rein dilaté non fonctionnel (ou < 5-10% de fonction) : proposer une néphrectomie
  • Sinon résection anastomose de la jonction pyélo-urétérale ± pyéloplastie
  • Suivi échographique ++

Anomalies vésico-urétrales

  • Valves de l'urètre postérieur (VUP) : uniquement chez le garçon
  • Autres uropathies (atrésies de l'urètre, mégalourètre, sinus uro-génitaux) : exceptionnelles
  • Diagnostic échographie anténatal ++ (rares formes vues + tardivement sur infection urinaire fébrile)
  • Echographie : dilatation urétéro-pyélo-calicielle uni ou bilatérale / vessie à parois épaissies ± diverticule / dilatation de l'urètre postérieur en amont des valves
  • Cystographie : confirme le diagnostic (paroi irrégulière de la vessie multi-diverticules / disparité de calibre entre uretère postérieur et uretère bulbaire)
  • Urgence médico-chirurgicale : sonde urétrale mise en place jusqu'au geste chirurgical de résection / si échec : cathéter sus-pubien posé sous anesthésie locale
  • Suivi chirurgical + néphrologique (pression artérielle, créatinine, suivi écho…)
  • Bilan biologique : recherche de troubles hydro-électrolytiques
  • Traitement chirurgical avec résection endoscopique des valves par résecteur pédiatrique ou section lame froide / drainage laissé en place généralement 48h
  • Autres techniques chirurgicales : électrode gainée bug-bee / laser YAG..

Renforcez votre apprentissage au quotidien avec les ressources audio de l’application ECNA.

  • Interpréter les résultats des bandelettes urinaires et des examens cytobactériologiques des urines
  • Diagnostiquer et traiter une cystite aiguë
  • Connaître la conduite à tenir face à une cystite récidivante
  • Diagnostiquer et traiter une pyélonéphrite aiguë, identifier les situations nécessitant une hospitalisation
  • Diagnostiquer et traiter une prostatite aiguë, identifier les situations nécessitant une hospitalisation
  • Expliquer la place de l'antibiothérapie chez un patient porteur d'une sonde urinaire

INFECTIONS URINAIRES CHEZ L'ADULTE

Généralités

Définitions

Infection urinaire à risque de complications

  • Anomalie fonctionnelle ou organique de l’arbre urinaire
  • Terrain à risque
  • Uropathie obstructive : lithiase / sténose / hypertrophie bénigne de la prostate / corps étranger / tumeur
  • Autre uropathie : résidu post-mictionnel / vessie neurologique / reflux vésico-urétéral
  • Iatrogène : geste chirurgical / endoscopie / sonde
  • Homme
  • Grossesse
  • Âge > 65 ans avec ≥ 3 critères de Fried / ou âge > 75 ans
  • Insuffisance rénale chronique < 30 mL/min
  • Immunodépression grave (traitement immunomodulateur, transplantation, VIH avec moins de 200 CD4…)
  • Note : critères de Fried
  • Perte de poids involontaire au cours de la dernière année
  • Vitesse de marche lente
  • Faible endurance
  • Faiblesse / fatigue
  • Activité physique réduite

Infection urinaire masculine ou pyélonéphrite avec signes de gravité

  • Sepsis grave
  • Choc septique
  • Indication de drainage chirurgical ou interventionnel (sondage simple exclu)

Infection urinaire simple

  • Femme jeune sans facteurs de risque
  • Le diabète n’est plus considéré comme un facteur de risque

Infections urinaires masculines

  • Toujours à risque de complication
  • On considérera toujours que la prostate est potentiellement infectée lors d'une infection urinaire

Microbiologie

Germes

  • Origine digestive / généralement monomicrobiennes
  • E. coli
  • Autres
  • Epidémiologie
  • Résistances actuelles dans les infections urinaires
  • Présente dans 90% des infections urinaires simples / 65% si risque de complication ou récidivantes
  • < 5% : fosfomycine-trométamol / nitrofurantoine / aminosides
  • 5% : C3G / aztreonam / fluoroquinolones (si infection urinaire simple)
  • 10-20% : fluoroquinolones (infection urinaire à risque de complication) / pivmécillinam
  • > 20% : amoxicilline / augmentin / cotrimoxazole
  • P. mirabillis = 2ème plus fréquente (favorise les lithiases car bactérie à uréase)
  • Staphylococcus saprophyticus chez la femme jeune
  • Plus rarement P. aeruginosa / C. urealyticum / autres entérobactéries / entérocoques
  • + candida albicans, candida tropicalis : infections nosocomiales avec sonde à demeure, diabète, post-antibiothérapie à large spectre

Fluoroquinolones

  • Eviter les prescriptions répétées chez le même patient
  • Pas en probabiliste si traitement par fluoroquinolones dans les 6 mois précédents
  • Pas utilisable si bactérie résistante à l’acide nalidixique ou à la norfloxacine (car constitue un 1e niveau de mutation)

Céphalosporines de 3e génération

  • Principal mécanisme de résistance = bêta-lactamases à spectre étendu = BLSE (principal antibiotique actif dans ce cas = carbapénème)
  • + résistance aux fluoroquinolones et au cotrimoxazole
  • Prendre en compte ce risque de résistance dans le choix du traitement antibiotique probabiliste uniquement en cas d'infection urinaire grave
  • Mais ne modifie pas la durée de traitement : les infections urinaires à EBLSE ne sont pas plus graves que les autres
  • Signe une résistance à toutes les β-lactamines sauf les carbapénèmes et les céphamycines (C2G type céfoxitine)
  • Mais résistance à pipéraclline-tazobactam dans seulement 20% des BLSE parfois utilisé en relais

Physiopathologie

  • Urine stérile physiologiquement / réservoir de bactéries : digestif ou vaginal
  • Remonte par voie ascendante le long de l'urètre pour atteindre la vessie ± le rein
  • Voie hématogène très rare (< 3% des cas, surtout pour des germes de type : S. aureus, salmonelles, Pseudomonas, Candida..)
  • Moyens de protection physiologiques : les mictions qui luttent contre les adhésions / pH acide / osmolarité faible de l'urine
  • Cystite : réponse inflammatoire à l'adhésion des bactéries à la surface muqueuse
  • Pyélonéphrite : état inflammatoire d'origine infectieuse atteignant le rein et sa voie excrétrice, responsable :
  • Œdème / afflux leucocytaire / ischémie localisée du parenchyme rénal

Epidémiologie

  • 1ère cause d’infection communautaire en France (30 à 50% des femmes sur vie entière)
  • 1ère cause d’infection nosocomiale en France (30%)

Facteurs favorisants

  • Sexe féminin / en début de vie sexuelle et à la ménopause
  • Diabète
  • Iatrogénie (sondage, endoscopie) / transplantation rénale
  • Toute stase urinaire : HBP / médicaments anticholinergiques, opiacés, neuroleptiques
  • Grossesse / infection génitales / troubles du transit / défaut ou excès d’hygiène

Examens des urines

Bandelette urinaire

  • Modalités
  • Seuils de détection
  • Interprétation
  • Tremper la bandelette dans les urines du 2e jet fraîchement émises
  • Pas de toilette préalable
  • Leucocyturie : à partir de 10⁴/mL (détection de la leucocyte estérase)
  • Nitrites : à partir de 10⁵ germes/mL (seulement entérobactéries)
  • Chez la femme
  • Chez l’homme
  • Faux négatifs de nitrites
  • Faux négatifs de leucocyturie : immunodépression, neutropénie / infections urinaires masculines
  • Valeur prédictive négative > 95 % / une BU négative élimine quasiment une infection urinaire (sauf chez l’immunodéprimée)
  • La valeur prédictive positive est plus basse / l'ECBU systématique devant une BU positive (sauf cystite simple)
  • Valeur prédictive négative moins forte que chez la femme
  • Mais la valeur prédictive positive chez l'homme atteint = 90 % (un examen positif signe quasiement l'infection urinaire)
  • Bactéries n'exprimant pas de nitrate réductase : S. saprophyticus / streptocoques & entérocoques / Acinetobacter
  • Faible bactériurie / pH urinaire acide/ diurétiques et urines diluées / infections urinaires masculines / régime restreint en nitrates

Examen cytobactériologique des urines (ECBU)

Indications

  • Toute suspicion clinique d’infection urinaire
  • SAUF cystite simple
  • Et pas d'ECBU de contrôle dans le suivi des infections urinaires en cas d'évolution clinique favorable

Modalités

  • Cas général
  • Situations particulières
  • S'il y a des cellules épithéliales à l’examen direct signe une contamination
  • Réalisé avant toute antibiothérapie / ≥ 4 heures après la miction précédente
  • Hygiène au préalable (lavage à l'eau et savon ou friction avec solution hydro-alcoolique)
  • Toilette de la région urétrale ou vulvaire / un seul geste d’avant en arrière chez la femme
  • Recueil du milieu de jet : éliminer les 20 premiers mL d'urines (flore physiologique de l'urètre distal)
  • Ne jamais conserver les urines + de 2h à température ambiante ou + de 24h à 4°C
  • Pertes vaginales : mettre un tampon avant
  • Incontinence totale : sondage « aller-retour » chez la femme / collecteur pénien chez l’homme
  • Patient sondé : ponction après désinfection sur le site de sondage / JAMAIS réalisée à partir du sac

Examens réalisés

  • Examen direct / examen cytologique
  • Culture / antibiogramme / compte des bactéries

Résultats

  • Seuils de bactériurie chez un patient symptomatique avec leucocyturie ≥ 10⁴ / mL (10/mm3 )
  • Bactériurie avec leucocyturie < 10⁴ / mL
  • Chez l’homme : ≥ 10³ quelle que soit la bactérie
  • Chez la femme
  • Remarque : si tableau clinique fort avec leucocyturie/bactériurie inférieure au seuil : la clinique prime
  • ≥ 10³ si E. Coli / S. saprophyticus
  • ≥ 10⁴ sinon (≥ 105 chez la femme enceinte pour colonisation)
  • Evoque une contamination refaire l’examen dans de meilleures conditions si suspicion forte

Colonisation urinaire

Définition

  • Micro-organisme dans les urines sans symptômes associés / quel que soit le niveau de leucocyturie associé
  • Pas d’ECBU sauf chez la femme enceinte / en pré-chirurgie des voies urinaires

Physiopathologie

  • ± rôle protecteur vis-à-vis des souches invasives
  • Evolution très rare vers les infections urinaires / pas d’atteinte de la fonction rénale

Epidémiologie

  • Chez la femme
  • Chez l’homme : prévalence augmente après 60 ans (25% après 80 ans)
  • Chez le sujet sondé à demeure : 100% d'infection après 1 mois
  • Chez les institutionnalisés : 20-50% des personnes
  • La prévalence augmente avec l’activité sexuelle et l’âge / 1-5% chez la femme jeune / 20-50% après 80 ans
  • Plus élevée chez les diabétiques / pas d’influence de la grossesse

Traitement

  • Jamais indiqué
  • Sauf chez la femme enceinte / en pré-chirurgical

Leucocyturie aseptique

Définition

Leucocyturie avec bactériurie < 10⁴ / mL

Etiologies

  • Infection urinaire décapitée
  • Urétrite / vaginite / période péri-menstruelle (hématurie associée)
  • Cystites non bactériennes : tumeur / corps étranger / radiothérapie / lithiase / médicament…
  • BK urogénitale (+ infection à Chlamydia trachomatis, Mycoplasma hominis)
  • Néphropathies interstitielles chroniques / néo-vessies iléales ou coliques

Education du patient devant toute infection urinaire

  • Apport hydriques > 1,5 L / j
  • Suppression des mictions retenues / encourager les mictions fréquentes
  • Régularisation du transit intestinal / essuyage d'avant en arrière
  • Uriner après les rapports sexuels / arrêt de spermicides éventuels

Sonde vésicale

Généralités

  • Tous les porteurs de sonde sont bactériuriques avec une leucocyturie
  • Absence d’intérêt de la BU / signes fonctionnels urinaires sans valeur diagnostique
  • Infection urinaire sur sonde presque toujours conséquence d’un dysfonctionnement obstruction / arrachement
  • Signes évocateurs atypiques : fièvre ou hypothermie / hypotension / malaise général, léthargie, altération de l'état général

Prise en charge d’une suspicion d’infection urinaire sur sonde (signe = fièvre ++)

  • Examens complémentaires
  • Si infection confirmée
  • ECBU sur l'opercule de prélèvement (jamais d'ECBU systématique en l'absence de signe clinique) / jamais de BU
  • ± hémocultures
  • Antibiothérapie selon l’antibiogramme si possible pour 10 jours
  • ± si besoin avant résultats d'ECBU : pipéracilline-tazobactam ou céphalosporines de 3e génération injectable (+ amikacine si sepsis sévère)
  • Retrait ou changement de sonde indispensable (dans les < 24h)
  • Si allergie : aminoside seul chez la femme / fluoroquinolones ou cotrimoxazole chez l'homme

Principe de l'antibiothérapie

  • En probabiliste : ABT avec taux de résistance de E. coli < 20% si cystite simple / < 10% dans les autres cas
  • Impact sur le microbiote
  • Donc jamais d'amoxicilline / Augmentin / cotrimoxazole en probabiliste
  • Faible : fosfomycine / nitrofurantoïne / pivmécillinam
  • Important : Augmentin / cotrimoxazole
  • Très important : fluoroquinolones / céphalosporines de 3e génération

Cystite

Diagnostic positif

Interrogatoire

  • Anamnèse
  • Signes fonctionnels urinaires
  • Signes associés à rechercher
  • Nombre d’épisodes par an
  • Date du dernier épisode
  • Brûlures mictionnelles / pollakiurie / impériosités / gêne sus-pubienne
  • Dysurie (pour éliminer une cystite à risque de complication)
  • Urines troubles / hématurie (30% des cas, pas un signe de gravité)

Examen physique

  • Recherche d’une pyélonéphrite : signes négatifs à rechercher
  • Bandelette urinaire
  • Apyrexie
  • Pas de douleur à l’ébranlement lombaire, spontanée ou provoquée
  • Systématique devant toute suspicion d’infection urinaire

Examens complémentaires

Pour diagnostic positif : examen cytobactériologique des urines

  • Indications
  • Modalités : les mêmes que décrites au-dessus
  • Inutile si : cystite aiguë simple / non récidivante
  • Systématique si : cystite à risque de complication / premiers épisodes de cystite récidivante
  • Si rechute à la même bactérie = recherche cystite à risque de complication

Pour rechercher une uropathie sous-jacente

  • Indications
  • Modalités
  • Cystite récidivante / ± suspicion de rétention aiguë d'urines
  • Au cas par cas / PAS chez la femme non ménopausée sans facteur de risque de complication avec examen clinique normal
  • Echographie rénale et des voies urinaires systématique
  • ± mesure du résidu post-mictionnel / cystoscopie / cystographie / uroscanner / débit-métrie…

Formes cliniques

Cystite aiguë simple

Terrain sans particularité / pas d’uropathie suspectée / pas de récidives

Cystite récidivante

  • Définition
  • Facteurs favorisants
  • ≥ 4 épisodes par an
  • Les épisodes peuvent être simples ou à risque de complication
  • Généraux
  • Chez la femme ménopausée
  • Recherche de ces facteurs à l'interrogatoire et à l'examen physique
  • Activité sexuelle / spermicides
  • Première infection urinaire < 15 ans
  • Antécédent au premier degré (mère, sœur, fille)
  • Obésité
  • Prolapsus vésical
  • Incontinence urinaire / résidu post-mictionnelle
  • Déficit en œstrogènes

Diagnostics différentiels

  • Pyélonéphrite aiguë
  • Autres causes d’irritation vésicale
  • Colonisation / leucocyturie aseptique : voir différences au-dessus
  • A éliminer systématiquement
  • Compression extrinsèque : utérus gravide / tumeur pelvienne
  • Inflammation de voisinage : appendicite / sigmoïdite / salpingite
  • Calcul : lithiase urétérale ou vésicale
  • Néoplasique : tumeur vésicale

Evolution

  • Histoire naturelle
  • Evolution favorable sous traitement en 2 à 4 jours
  • Evolution favorable même sans traitement (dans 25-45% des cas)
  • Complications
  • Causes d’échec thérapeutique
  • Pyélonéphrite aiguë : rare sauf en cas de grossesse
  • Evolution défavorable : persistance ou aggravation des symptômes > 72h après début du traitement
  • Récidives : 20-30 % des cas / 50 % sont dues au même germe
  • Mauvaise observance du traitement initial
  • Recontamination
  • Résistance bactérienne

Traitement

Prise en charge : en ambulatoire dans tous les cas

Antibiothérapie

Cystite aiguë simple

  • Objectifs
  • Molécules en probabiliste
  • Amélioration symptomatique
  • Ce n'est PAS en prévention de la pyélonéphrite
  • 1ère intention : fosfomycine-trométamol dose unique
  • 2ème intention : pivmécillinam 5 jours
  • 3ème intention : fluoroquinolones dose unique / nitrofurantoïne 5 jours

Cystite à risque de complication

  • Modalités
  • Molécules
  • Cas général
  • Indications du traitement probabiliste
  • Traitement d’emblée adapté à l’antibiogramme (dans les 48h)
  • Car la cystite récidivante est le terrain le + à risque de résistance
  • Patiente très symptomatique
  • Antécédents d’évolution vers une pyélonéphrite
  • Comorbidités importantes
  • Traitement adapté à l'antibiogramme (dans l’ordre)
  • Traitement probabiliste (5-7J)
  • Amoxicilline 7 jours > pivmécillinam 7 jours > nitrofurantoïne 7 jours > [cotrimoxazole 5 jours / Augmentin 7 jours / céfixime 7 jours / fluoroquinolones 5 jours]
  • En dernier recours : fosfomycine-trométamol sur avis d'expert (1 dose ou 3 doses J1/J3/J5)
  • 1ère intention : nitrofurantoïne
  • 2ème intention : céfixime / fluoroquinolone

Cystite récidivante

  • Traitement de l’épisode
  • Automédication
  • Prophylaxie non antibiotique
  • Antibiothérapie prophylactique
  • Comme pour une cystite simple / éviter nitrofurantoïne car risque allergique, hépatique et pulmonaire si prises répétées
  • Possible après éducation de la patiente bandelette urinaire puis antibiothérapie si positive
  • Réévaluer 2 fois par an la prescription
  • Règles d’hygiène : voir plus haut (pas d'efficacité démontrée)
  • Canneberge : si cystites récidivantes à Escherichia Coli, à 36 mg/j (non remboursé)
  • Œstrogènes : en application locale si femmes ménopausées / après avis gynécologique
  • Indications
  • Modalités
  • ≥ 1 cystite par mois / avec un retentissement important
  • Echec de toute autre mesure
  • Traitement au coup-par-coup difficilement accepté
  • Début de l'antibioprophylaxie après un ECBU négatif / permet uniquement de diminuer de la fréquence, effet seulement suspensif
  • En cas de survenue d'une cystite sous antibioprophylaxie : interrompre l'antibioprophylaxie et prescrire une antibiothérapie curative sur documentation
  • Durée : au moins 6 mois / réévaluation au moins 2 fois par an
  • Cystite post-coïtale : cotrimoxazole ou fosfomycine-trométamol 2 h avant à 2 h après l’acte
  • Autres : cotrimoxazole le soir au coucher / fosfomycine-trométamol 1x/7-10 jours

Mesures hygiéno-diététiques

Voir mesures classiques des infections urinaires plus haut

Traitement étiologique

  • Si cystite compliquée : rechercher et traiter une uropathie sous-jacente
  • Si cystite récidivante : rechercher et traiter un facteur favorisant

Surveillance

  • Indications de l’ECBU de contrôle
  • Si persistance après antibiothérapie conventionnelle
  • Evolution défavorable à 72 heures sous antibiothérapie
  • Récidive dans les 2 semaines
  • Bilan urinaire à la recherche d’une étiologie

Pyélonéphrite aiguë

Diagnostic

Examen clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Terrain : antécédents de cystites / de pyélonéphrite / uropathie
  • Anamnèse : ancienneté / évolution
  • Signes fonctionnels
  • Douleur lombaire : unilatérale / irradiant vers les organes génitaux externes / spontanée et/ou provoquée / ± empâtement de la fosse lombaire
  • Signes associés : signes digestifs / hématurie / urines troubles
  • Signes de cystite : 50 % des cas / discrets / parfois prodromiques
  • Signes positifs : douleur provoquée à l’ébranlement lombaire / fièvre ± frissons (parfois fièvre isolée chez diabétique ou sujet âgé)
  • Signes de gravité : voir supra

Examens complémentaires

Pour diagnostic positif

BU + ECBU : systématiques

Pour rechercher un obstacle sur les voies urinaires

  • Echographie rénale et des voies urinaires
  • Uroscanner
  • Signes positifs
  • Pour évaluer le retentissement
  • Œdème-néphromégalie / épaississement des parois
  • Hypotonie des cavités pyélo-calicielles, hypovascularisé au Doppler (néphrite)
  • Dédifférenciation cortico-médullaire
  • Recherche une dilatation des cavités pyélo-calicielles
  • Recherche un abcès rénal
  • Signes positifs
  • Au décours
  • Hypodensité parenchymateuse triangulaire à base corticale après injection
  • Néphromégalie (par œdème inflammatoire)
  • ± abcès rénaux et péri-rénaux / lithiase…
  • Cicatrice corticale irréversible possible (ou atrophie)

Pour évaluation du retentissement

  • NFS-CRP : hyperleucocytose neutrophile / syndrome inflammatoire
  • Ionogramme-urée-créatinine : recherche d'insuffisance rénale aiguë / de troubles hydro-électriques
  • Hémocultures : positives dans 30-50 % des cas
  • La présence d'une bactériémie à entérobactérie ne modifie ni le pronostic, ni le choix, ni la durée du traitement antibiotique

Stratégie diagnostique

Pyélonéphrite aiguë simple

  • Hémocultures : seulement si doute diagnostique
  • NFS / CRP / bilan rénal : non systématiques
  • Imagerie
  • Echographie rénale
  • Uroscanner
  • Si pyélonéphrite hyperalgique / sous 24 heures (recherche d'un obstacle)
  • Non recommandée sinon
  • Si évolution défavorable à 72 heures

Pyélonéphrite aiguë à risque de complications (mêmes critères que la cystite)

  • Hémocultures : seulement si doute diagnostique
  • NFS / CRP / bilan rénal : systématiques
  • Imagerie : uroscanner systématique sous 24 heures / échographie si contre-indiqué

Pyélonéphrite aiguë grave

  • Hémocultures : systématiques
  • NFS / CRP / bilan rénal : systématique
  • Imagerie : uroscanner systématique sous 24 heures

Evolution

Histoire naturelle sous traitement

Evolution le plus souvent favorable en 48-72 heures

Complications

  • Locales : abcès rénal / phlegmon péri-néphrétique / pyélonéphrite emphysémateuse
  • Générales : bactériémie / sepsis / choc septique
  • Récidives : ± pyélonéphrite chronique néphropathie interstitielle fibrosante ± insuffisance rénale chronique
  • Chez la transplanté rénal : fréquente / transplant souvent indolore, signes fonctionnels urinaires inconstants, fièvre isolée / risque de dégradation de la fonction rénale
  • Abcès : complication rare / diagnostic par TDM / drainage percutané ou chirurgical / antibiothérapie prolongée
  • Pyélonéphrite emphysémateuse : présence de gaz dans le rein au TDM / terrain : diabète, immunodéprimé.. / le traitement antibiotique est + prolongé
  • Discuter drainage chirurgical ou en radio interventionnelle / pronostic rénal engagé (risque de néphrectomie)
  • Pyélonéphrite xanthogranulomateuse : rare, diagnostic histologique
  • Inflammation subaiguë souvent due à une obstruction / formes focales pseudo-tumorales ou diffuses
  • ECBU stérile dans 50% des cas / destruction progressive du rein

Traitement

Prise en charge

  • Critères d’hospitalisation
  • Signes de gravité (voir plus haut)
  • Pyélonéphrite hyperalgique / doute diagnostique
  • Vomissements rendant impossible un traitement per os
  • Conditions socio-économiques défavorables
  • Observance du traitement difficile
  • Décompensation de comorbidités

Antibiothérapie

Modalités : probabiliste avec adaptation secondaire / voie orale si possible

  • A bonne diffusion rénale (donc pas de fosfomycine-trométamol / de nitrofurantoïne / de pivmécillinam)
  • Amikacine : utilisée dans la pyélonéphrite grave / bactéricidie rapide / synergie avec β-lactamines / élargit le spectre (notamment aux entérobactéries à bêta-lactamases à spectre étendu ++)

Si pyélonéphrite simple ambulatoire

  • Modalités
  • Molécules
  • Si contre-indication ou allergie aux C3G/fluoroquinolones : traitement par aminoside (amikacine, gentamicine, tobramycine) ou aztréonam
  • Antibiothérapie probabiliste après l'ECBU
  • 1ère intention : fluoroquinolones (ofloxacine, ciprofloxacine, lévofloxacine) par voie orale si pas de traitement par fluoroquinolones dans les 6 derniers mois
  • 2ème intention : C3G parentérale (céfotaxime, ceftriaxone)

Si pyélonéphrite à risque de complication

  • Modalités
  • Molécules
  • Si contre-indication ou allergie C3G/fluoroquinolones: traitement par un aminoside (amikacine, gentamicine, tobramycine) ou aztréonam
  • Antibiothérapie probabiliste après ECBU
  • 1ère intention : C3G parentérale si hospitalisation
  • 2ème intention : fluoroquinolones sauf traitement par des fluoroquinolones dans les 6 derniers mois

Pyélonéphrite grave

  • Cas général
  • Sepsis grave ou geste urologique et [antécédent d’infection urinaire ou colonisation à EBLSE dans les 6 derniers mois]
  • Choc septique et facteur de risque d’EBLSE
  • 1ère intention : C3G intraveineuse + amikacine
  • Si allergie : aztréonam + amikacine
  • 1ère intention : carbapénème (imipénème, méropénème) + amikacine
  • Si allergie : aztréonam + amikacine
  • 1ère intention : carbapénème + amikacine
  • Si allergie : aztréonam + amikacine
  • Note : facteurs de risque d’entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre étendu
  • Infection urinaire ou colonisation à EBLSE dans les 6 mois
  • Antibiothérapie par Augmentin / pipéracilline-tazobactam / C2G / C3G / fluoroquinolones pendant les 6 derniers mois
  • Voyage récent en zone d’endémie EBLSE
  • Hospitalisation il y a moins de 3 mois
  • Vie en établissement de long séjour

Adaptation secondaire

  • Antibiotiques à privilégier dans l’ordre
  • Durées
  • Cas général : amoxicilline > Augmentin > fluoroquinolones > céfixime > cotrimoxazole
  • Pyélonéphrite grave : arrêt des carbapénèmes dès que possible / pas de relais per os si la gravité persiste / relais classique PO sinon
  • Pyélonéphrite simple : 7 jours si fluoroquinolone ou bêtalactamine parentérale / 10-14 jour dans les autres cas
  • Pyélonéphrite à risque de complication : 10-14 jours
  • Pyélonéphrite grave : 10-14 jours
  • Si aminosides nécessaires durant tout le traitement : 5-7 jours

Traitement symptomatique

  • Rééquilibration hydroélectrique : adaptée au ionogramme / per os ou IV selon la clinique
  • Antalgiques-antipyrétiques : paracétamol per os ou IV
  • Selon le contexte : antiémétiques / antispasmodique

Dérivation des urines

  • Indication: dilatation des cavités pyélo-calicielles à l’échographie
  • Modalités
  • Chez la femme : drainage par sonde urétérale
  • Chez l’homme ou après échec chez la femme : néphrostomie percutanée

Mesures associées

Mesures classiques de toute infection urinaire

Surveillance

  • Clinique : consultation à J3
  • ECBU de contrôle
  • Fièvre à 72h d'antibiothérapie efficace : ECBU + uroscanner quel que soit le grade de la pyélonéphrite
  • Indispensable si prise en charge ambulatoire
  • Adaptation secondaire à l’antibiogramme
  • Pas recommandé si évolution favorable

Prostatite aiguë / infections urinaires masculines

Généralités

Définition

  • Infection du parenchyme prostatique
  • Fréquente : 20-50% des hommes au cours de leur vie

Physiopathologie

  • Contamination
  • Germes
  • Facteurs favorisants
  • Par voie ascendante le plus souvent
  • Rarement par voie hématogène
  • Urinaires : entérobactéries
  • Infections sexuellement transmissibles (rarement) : Chlamydia / gonocoque
  • Hypertrophie bénigne de la prostate : favorise la stase et donc la colonisation
  • Autres : âge > 50 ans / antécédents personnels / lithiase / sténose urétrale

Diagnostic

Examen clinique

Interrogatoire

  • Terrain : hypertrophie bénigne de prostate connue / antécédents d’infections urinaires
  • Signes fonctionnels
  • Signes urinaires
  • Signes associés
  • Signes irritatifs : brûlures / pollakiurie / impériosités
  • Signes obstructifs : dysurie / jet faible
  • Fièvre élevée de survenue brutale / sueurs / douleur pelvienne / syndrome rectal

Examen physique

  • Signe positif : toucher rectal
  • Evaluation du retentissement
  • Douleur exquise
  • Volume augmenté / régulière / chaude / tendue
  • Recherche d'une rétention aiguë d'urines ++
  • Bourse chaude, rouge, douloureuse en cas d'orchi-épididymite…
  • Recherche de signes de gravité

Tableaux atypiques

  • Forme peu ou pas fébrile / toucher rectal normal
  • Tableau de cystite / tableau de pyélonéphrite…

Examens complémentaires

Pour diagnostic positif

  • BU / ECBU : systématiques (BU : bonne valeur prédictive positive donc la faire mais le diagnostic est fait sur l'ECBU)
  • Aucun examen clinique ni paraclinique ne permet d'éliminer l'infection prostatique : toujours prendre en compte cette possibilité dans la prise en charge d'une infection urinaire de l'homme ++

Pour recherche de complications

  • Echographie des voies urinaires par voie sus-pubienne
  • Objectif : recherche d’un obstacle sur les voies urinaires
  • Indications : douleur lombaire / suspicion de rétention aiguë d'urines / antécédents de lithiase / sepsis grave, à faire dans les 24h
  • Pas d'échographie endo-rectale en phase aiguë car très douloureuse
  • IRM prostatique (échographie endorectale à défaut / uro-TDM si les autres sont non disponibles)
  • Objectif : recherche d’un abcès prostatique
  • Indication : en cas d'évolution défavorable à 72 heures

Pour évaluation du retentissement

  • NFS-CRP : hyperleucocytose / syndrome inflammatoire
  • Hémocultures : systématiques dès que température ≥ 38,5 °C
  • Ionogramme-urée-créatinine : recherche d'une insuffisance rénale aiguë / troubles hydroélectriques

Pour diagnostic étiologiqu

  • Indications
  • Modalités (à distance)
  • 2ème épisode
  • Suspicion d’uropathie (notamment après 50 ans)
  • Echographie des voies urinaires : recherche d’un résidu post-mictionnel
  • Orientation vers une consultation d’urologie / débit-métrie urinaire

Complications

Aiguës

  • Rétention aiguë d’urine
  • Abcès prostatique : signes infectieux persistants à 48h / zone fluctuante très douloureuse au toucher rectal
  • (Orchi-)épididymite
  • Bactériémie et ses complications

Chroniques

  • Récidives
  • Prostatite chronique : poussées aiguës / fibrome du parenchyme avec nodules ± calcifiés où les antibiotiques pénètrent difficilement

Traitement

Critères d’hospitalisation

  • Idem que les critères de la pyélonéphrite +
  • Rétention aiguë d’urines
  • Immunodépression profonde

Antibiothérapie

Pharmacocinétique

  • Antibiotiques à bonne diffusion prostatique
  • Antibiotiques à diffusion insuffisante (à ne pas utiliser)
  • Antibiotiques possible si antibiogramme concordant : amoxicilline / C3G IV
  • Fluoroquinolones : à privilégier +++
  • Cotrimoxazole
  • Céfixime
  • Augmentin
  • Fosfomycine-trométamol / Nitrofurantoïne

En probabiliste

  • Sepsis grave / choc septique / indication de drainage
  • Rétention aiguë d'urines / immunodépression profonde
  • Fièvre / mauvaise tolérance des signes fonctionnels urinaires
  • Autres cas
  • Même schéma que la pyélonéphrite grave
  • Même schéma que la pyélonéphrite à risque de complication en hospitalisation (antibiothérapie probabiliste)
  • Même schéma que la pyélonéphrite à risque de complication en ambulatoire (antibiothérapie probabiliste)
  • Différer le traitement jusqu’à l’antibiogramme

Adaptation secondaire

  • Molécules
  • Durée
  • 1ère intention : fluoroquinolones ou cotrimoxazole à privilégier si souche sensible
  • 2ème intention si souche non sensible ou contre-indication : amoxicilline / C3G parentérales / sur avis spécialisé
  • 14 jours : cas général
  • 21 jours à discuter si :
  • Uropathie sous-jacente non corrigée par l’antibiothérapie
  • Lithiase urinaire / immunodépression profonde
  • Molécule autre que fluoroquinolone ou cotrimoxazole

Traitement symptomatique

  • Rééquilibration hydroélectrique : selon ionogramme / IV ou per os
  • Antalgiques-antipyrétiques : paracétamol IV ou per os
  • α-bloquant : si dysurie sévère

Traitement des complications

  • Rétention aiguë d’urine (au choix)
  • Abcès prostatique
  • En cas de prostatite iatrogène post-biopsies de prostate
  • Sondage vésical (pas de contre-indication formelle malgré la prostatite)
  • Drainage des urines en urgence par cathétérisme sus-pubien
  • Antibiothérapie souvent suffisante
  • Discuter drainage chirurgical si persistance
  • Bi-antibiothérapie IV probabiliste associant C3G IV + aminoside (car sélection des germes par antibio-prophylaxie avec les fluoroquinolones)

Mesures associées

  • Celles des infections urinaires ou des infections sexuellement transmissibles selon le cas
  • Traitement préventif lors de biopsies prostatiques transrectales ± certains gestes endoscopiques par voie urétrale rétrograde

Surveillance

  • Clinique : réévaluation indispensable à J3 si prise en charge ambulatoire
  • ECBU de contrôle : seulement si évolution défavorable à 72 heures
  • + examen d'imagerie prostatique dans ce cas (par IRM prostatique / échographie endo-rectale >> TDM)
  • Causes d'échec du traitement : antibiothérapie inadaptée (molécule inappropriée, durée de traitement trop courte) / non-prise en charge d'un trouble urologique sous-jacent

Particularités chez le sujet âgé

Généralités

Epidémiologie

  • 2ème cause d’infection après les infections respiratoires
  • Colonisation très fréquente / augmente avec l'âge

Physiopathologie

  • Germes
  • Facteurs favorisants
  • E. coli < 50% des cas
  • Plus de bactéries à Gram Positif
  • Taux de résistance élevés
  • Apports hydriques insuffisants
  • Pathologie prostatique
  • Ménopause
  • Incontinence / sondage à demeure
  • Vessie neurologique / alitement
  • Anticholinergiques

Diagnostic

Examen clinique

  • Tableau atypique chez le > 75 ans ou > 65 ans fragile (> 3 critères de Fried)
  • Signes urinaires : ± absents / si présents, pas forcément rattachables à une infection urinaire / douleur abdominale plutôt que pelvienne
  • Signes extra-urinaires fréquents : syndrome confusionnel / perte d’autonomie / chutes / décompensation d'organes…
  • Signes évocateurs plutôt si modification de signes déjà présents : pollakiurie, incontinence…

Bandelette urinaire / examen cytobactériologique des urines

  • 1/3 de contamination des prélèvements
  • Colonisations fréquentes
  • Leucocyturie non spécifique d’une infection chez le vieux

Complications + fréquentes

  • Infectieuses (abcès) / déshydratation / perte d'autonomie
  • Décompensation de comorbidités

Prise en charge

  • Comme l'infection urinaire à risque de complication si fragile ou > 75 ans
  • Adapter les traitements à la clairance de la créatinine

INFECTIONS URINAIRES CHEZ L'ENFANT

Généralités

Définitions

Cystite récidivantes: ≥ 3 épisodes de cystites / an

Reflux vésico-urétéral: fréquent chez le nourrisson/enfant

  • Primitif : anomalie congénitale de la jonction urétéro-vésicale
  • Secondaire : par augmentation de la pression vésicale (trouble mictionnel sur hyperactivité vésicale fonctionnelle le plus souvent : associe des fuites urinaires, des urgences mictionnelles, une dysurie et une miction en deux temps / favorisé par la rétention stercorale ou la prise de mauvaises habitudes mictionnelles), souvent reflux vésico-urétéral de faible grade
  • Facteur de transmission haute de la colonisation / toute pyélonéphrite de l'enfant est à priori reliée à un reflux vésico-urétéral, intermittent ou permanent (possible pyélonéphrite sans reflux vésico-urétéral sur E. coli uropathogènes très adhésifs)
  • Puis croissance avec maturation du fonctionnement vésico-sphinctérien (reflux vésico-urétéral fonctionnel) + allongement du trajet intramural (système antireflux naturel) de l'uretère (reflux vésico-urétéral organique) › disparition spontanée vers 1 an le plus souvent

Physiopathologie de l'infection

  • Colonisation ascendante par des germes digestifs le plus souvent (rarement il s'agit d'une pyélonéphrite hématogène)
  • Mécanisme ascendant favorisé par adhésivité bactérienne à l'épithélium des parois des voies urinaires de certains E. coli (uropathogènes) du fait de la présence de pili (adhésines bactériennes ayant une structure microfibrillaire capable de se fixer à des récepteurs glycoprotéiques)
  • Facteurs favorisants
  • Chez le nourrisson: couche / immaturité vésicale / prépuce étroit
  • Chez l’enfant: troubles mictionnels / vulvite / rétention stercorale / oxyurose / hygiène
  • Anomalie fonctionnelle (dysfonctionnement vésico-sphinctérien) ou organique (lésion anatomique, congénitale ou acquise)

Epidémiologie

  • Infection urinaire fréquente en pédiatrie : concerne 1% des enfants < 2 ans
  • Dépistage des uropathies anténatal : diminution de l'incidence, parfois antibioprophylaxie possible
  • Premiers mois : chez le garçon +++ / puis filles > garçons ensuite
  • < 1 an : pyélonéphrite dans 95% des cas ( & pyélonéphrite : constitue 10% des fièvres isolées)

Etiologies

  • E. Coli +++ (80%) / Proteus mirabilis (10%, germe favorisant les lithiases)
  • Rarement: entérocoques / klebsielles
  • Très rares pyélonéphrites fongiques chez le nourrisson / cystites virale du jeune enfant et interstitielle de l'enfant plus âgé
  • Résistances bactériennes
  • 50% d'E. coli résistants à l'amoxicilline / 20-30% au cotrimoxazole
  • E. coli BLSE (bêtalactamases à spectre étendu) : en augmentation mais moins de 10% en 2014

Diagnostic

Examen clinique

Terrain

  • Rechercher antécédents d'infections urinaires +++ (et nombre d'épisodes/an)
  • Rechercher des facteurs favorisants d’infection urinaire / existence d'uropathie

L’hypothèse d’une infection urinaire doit être systématiquement évoquée devant

  • Toute fièvre chez un nourrisson de moins de 3 mois
  • Une fièvre isolée (sans point d’appel) depuis plus de 4 jours quel que soit l’âge
  • Des symptômes aspécifiques ou trompeurs : altération de l'état général, troubles digestifs…

Tableau de cystite

  • Terrain : enfant (rarement le nourrisson) / filles de plus de 3 ans ++
  • Signes généraux : APYRETIQUE (ou fébricule < 38,5°C) / pas d’altération de l'état général
  • Douleurs : abdomino-pelviennes / fosses lombaires indolores
  • Signes urinaires intenses : brûlures mictionnelles (ou pleurs lors des urines) / impériosités / pollakiurie / dysurie / douleurs hypogastriques / hématurie macroscopique / fuites urinaires (tableau souvent pauvre chez le nourrisson)
  • Bandelette urinaire = hématurie ++ / protéinurie +

Tableau de pyélonéphrite aiguë

  • Terrain: à tout âge / infection urinaire chez le nourrisson = pyélonéphrite ++ (nouveau-né : rechercher anomalies de la région périnéale : hypospadias, épispadias, malposition anale...)
  • Signes généraux : fièvre élevée (température > 39°C) / altération de l'état général / vérifier tolérance
  • Douleurs : abdominales ++ / lombaire (ébranlement des fosses lombaires)
  • Signes urinaires : peu marqués en général (surtout si très jeune)
  • Signes associés : ictère cholestatique fréquent chez nourrisson
  • Tableaux spécifiques :
  • Bandelette urinaire = hématurie + / protéinurie ++
  • Nouveau-né : syndrome infectieux, troubles digestifs ± ictère / déshydratation aiguë + troubles ioniques ± insuffisance rénale aiguë (si atteinte bilatérale) / à toujours évoquer (sauf contexte d'infection materno-fœtale)
  • Nourrisson : fièvre inexpliquée + troubles hémodynamiques + douleurs abdominales
  • Grand enfant : fièvre élevée, frissons, douleurs abdominales ou lombaires ± signes fonctionnels urinaires (pollakiurie, mictions impérieuses, fuites d'urines)
  • Signes atypiques : douleur abdominale vague / asthénie / fièvre isolée / vomissements..
  • Chez le <3 mois : tableau souvent trompeur / germes spécifiques / risque de septicémie et d'essaimage méningé ++

Critères de gravité d'une pyélonéphrite chez l'enfant

  • Facteurs de risque de complication
  • Facteurs de sévérité
  • 1 seul de ces critères justifie l'hospitalisation + traitement probabiliste
  • Age < 3 mois / uropathie sous-jacente / immunodépression
  • Lithiase (cause ou conséquence de l'infection urinaire)
  • Sepsis (fièvre mal tolérée, troubles hémodynamiques)
  • Signes de déshydratation / altération de l'état général

Devant une cystite récidivante : rechercher des facteurs favorisants

Fuites urinaires diurnes / encoprésie-constipation / jet anormal

Résultats de la bandelette urinaire

  • Moins sensible si âge < 3 mois / qualité du recueil essentielle ++
  • Techniques de recueil : (objectif : éviter contamination par flore commensale)
  • Résultats :
  • Prélèvement par collecteur adhésif (avec désinfection soigneuse et temps de pose ≤ 30 min) le + souvent utilisé, mais résultats médiocres et valeur prédictive positive d'infection urinaire faible (intérêt lorsque suspicion d'infection urinaire forte : leucocytes + nitrites en grande quantité)
  • Prélèvement d'urines en milieu de jet : à privilégier ++ / difficile chez petite fille
  • Cathétérisme urétral "aller-retour" par sonde souple : bonne méthode chez le < 2 ans (fille surtout) en intra-hospitalier pour éviter contamination périnéale
  • Ponction sus-pubienne échoguidée : indications très limitées
  • Détecte leucocytes (si > 10⁴) et nitrites (pour Escherichia coli, Klebsielle, Proteus Mirabilis)
  • Si négatif : valeur prédictive négative = 97% donc élimine quasiment l'infection (sauf chez l'enfant de moins de 1-3 mois) / causes de faux négatifs :
  • Leucocytes : leucopénie
  • Nitrites : pas de nitrate réductase (entérocoque) / alimentation pauvre en nitrates (allaitement maternel exclusif) / urine ayant séjourné trop peu de temps dans la vessie (pollakiurie, sonde à demeure)

Examens complémentaires

Pour diagnostic positif = ECBU +++

Indications

  • Systématique devant toute fièvre chez le nouveau-né ou nourrisson < 3 mois
  • Seulement si bandelette urinaire positive chez le nourrisson > 3 mois et l'enfant

Modalités (4)

  • Examen direct : effectué dans un délai ≤ 1 heure
  • Culture : systématique
  • Quantifie leucocyturie / caractérise bactérie (morphologie, Gram)
  • Coloration de Gram oriente (bacilles négatifs : Escherichia coli / cocci gram positif : entérocoque)
  • Identifie l'espèce bactérienne (24h) / quantification, antibiogramme (48h)
  • Plusieurs espèces bactériennes retrouvées : signe une contamination le + souvent › répéter l'examen dans de meilleurs conditions (examen du milieu de jet, sondage)

Résultat : infection urinaire si associe :

  • Bactériurie > 10⁵ UFC/ml (sur collecteur ou milieu de jet / 104 sur cathétérisme vésical)
  • Leucocyturie > 10⁴/ml = significative (Elle peut être absente chez le nouveau-né)

Remarques sur l’interprétation

  • L’absence de leucocyturie et de bactérie à l’examen direct des urines a une excellente valeur prédictive négative proche de 100% et permet d’éliminer une infection urinaire
  • Absence de leucocyturie : valeur prédictive négative d'environ 97% pour éliminer l'infection urinaire
  • Causes de leucocyturie sans germes (valeur prédictive positive d'infection urinaire si isolée : moins de 50%)
  • Causes de bactériurie sans leucocyturie
  • Infection urinaire décapitée / maladie inflammatoire (Kawasaki)
  • Infection génitales (vulvovaginite / posthite)
  • Pyélonéphrite et cystite d'origine non bactérienne
  • Contamination du prélèvement / Infection urinaire débutante
  • Colonisation urinaire (bactériurie asymptomatique)

Pour évaluation du retentissement

  • Autres examens : indiqués uniquement en cas de pyélonéphrite (cystite : faire juste ECBU)
  • NFS-CRP-PCT / urée-ionogramme-créatinine : systématiques si pyélonéphrite
  • Hémocultures : systématique si nourrisson < 3 mois ou sepsis
  • Ponction lombaire : largement indiquée si âge < 6 semaines (± tout enfant de moins de 3 mois) car risque de méningite associée ++ à la pyélonéphrite à hémocultures positives
  • CRP normal après 24-48h d'évolution : doit faire remettre en question une éventuelle pyélonéphrite
  • Positives dans 30% des cas si âge < 1 mois / 15% si âgé entre 1-2 mois / 5% si âgé entre 2 et 3 mois

Pour diagnostic étiologique = rechercher une uropathie

  • Echographie rénale et des voies urinaires
  • Cystographie rétrograde et mictionnelle
  • Indiquée si infections urinaires récidivantes, hypoplasie, dysplasie rénale
  • ± indiquée sur tout épisode de pyélonéphrite (mais l'échographie anténatale élimine normalement déjà une uropathie grave..)
  • Pyélonéphrite : on retrouve des reins oedématiés / augmentation du volume rénal / épaississement des parois pyéliques (signe spécifique mais inconstant) / recherche de dilatation pyélo-calicielle +++
  • Cystite : échographie indiquée si épisodes récidivants
  • Peut retrouver des signes de reflux vésico-urétéral / uropathie obstructive / exceptionnellement : abcès, lithiase, tumeur
  • Mais une échographie normale n'élimine pas le diagnostic de pyélonéphrite
  • Indiquée si anomalies échographiques ou épisodes répétés de pyélonéphrite en dehors de contexte évident d'instabilité vésicale / non systématique / pas sur un 1e épisode sauf autres arguments d'uropathie

À distance (≥ 3 semaines) de l’infection : ECBU stérile indispensable

  • Objective un reflux vésico-urétéral (et détermine le grade)
  • Autres examens
  • Scintigraphie rénale au DMSA / uro-TDM/IRM : ne sont pas indiqués en pratique courante chez l'enfant

Evolution

Pyélonéphrites récidivantes

  • A partir du 3e épisode de pyélonéphrite
  • Risque : cicatrices parenchymateuses, protéinurie, hypertension artérielle, réduction néphronique…
  • ± recherche d'anomalie fonctionnelle ou organique au 1e épisode de pyélonéphrite par échographie (examen proposé mais non systématique…)
  • Cystographie : proposée si pyélonéphrites récidivantes (généralement normale ou reflux vésico-urétéral faible)

Cystites récidivantes

  • A partir du 3e épisode de cystite
  • Dysfonctionnement vésico-sphinctérien › rétention stercorale › infection (et auto-entretien) / échographie nécessaire mais n'objective souvent qu'un simple épaississement de la paroi vésicale (compression vésicale par le contenu rectal)

Pronostic

  • Lié aux risques d'apparition de cicatrices parenchymateuses
  • Peuvent induire protéinurie / hypertension artérielle / réduction néphronique
  • Surtout en cas de pyélonéphrites répétées, traitées tardivement, avec une antibiothérapie inadaptée

Traitement

Prise en charge

  • Traitement ambulatoire en cas de cystite ou pyélonéphrite sans signe de gravité
  • Critères d’hospitalisation devant une pyélonéphrite
  • Nourrisson < 3 mois : systématique
  • Signes de gravité clinique (cf supra)
  • Risque de non-observance ou d'accès difficile à un traitement rapide

Traitement symptomatique

  • Antipyrétique : paracétamol 60mg/kg/J en 4 prises orales
  • Réhydratation : si perte de poids / solution de réhydratation orale : 1 sachet-200ml / fractionné / à volonté / encourager mictions régulières et fréquentes si enfant en âge de comprendre

Antibiothérapie

Cystite simple

ECBU systématique pour une cystite du nourrisson/ de l'enfant

  • Cotrimoxazole (Bactrim® oral) en 2 prises sans dépasser la dose adulte
  • Ou Céfixime (Oroken®) 8 mg/kg/j en 2 prises : ± réservée aux souches résistantes au cotrimoxazole
  • Ou Augmentin® (excellente concentration urinaire, efficace y compris pour les BLSE) : 80 mg/kg/j (< 3 g/j) en 3 prises
  • Durée totale de 5 jours / pas de traitement antibiotique minute validé chez l'enfant

Pyélonéphrite aiguë

Objectifs

  • Eviter dissémination bactérienne / limiter risque de cicatrices rénales
  • Probabiliste initialement puis adaptée au choix de l'antibiogramme

Traitement d’attaque (SPILF 14)

Pyélonéphrite hospitalière: ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection IV sur 30 minutes (< 2g au total) ou céfotaxime 50 mg/kg/8h IV (sans dépasser 6g / à privilégier car moins d'impact écologique) + amikacine 30 mg/kg/j en 1 injection IV sur 30 minutes

Chez l'enfant de moins de 1 mois: ne pas administrer de ceftriaxone avec du calcium (risque de précipitation)

Enfant de plus 3 mois consultant aux urgences sans nécessité d'hospitalisation :

  • Si traitement IV envisagé pendant 2-4 jours : amikacine 30 mg/kg/j en 1 injection sur 30 min ou ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection sur 30 min (total < 2g)
  • Si traitement intramusculaire envisagé : ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection (total < 2g)
  • Traitement oral (nécessite toutes les conditions suivantes : âge de plus de 3 mois + fièvre d'installation récente + absence d'altération de l'état général + absence d'antécédent d'infection urinaire ou d'uropathie + pas d'antibiothérapie récente): céfixime 4 mg/kg toutes les 12h

Enfant de plus 3 mois consultant au cabinet médical sans nécessité d'hospitalisation :

  • Traitement par voie intramusculaire : ceftriaxone 50 mg/kg/j en 1 injection (total < 2g)
  • Traitement oral (mêmes critères : âge de plus de 3 mois + fièvre d'installation récente + absence d'altération de l'état général + absence d'antécédent d'infection urinaire ou d'uropathie + pas d'antibiothérapie récente) : céfixime 4 mg/kg toutes les 12h

Relais oral : dans tous les cas à 48h (et adaptée aux résultats de l'ECBU)

Par ordre de préférence : amoxicilline (sauf pour Escherichia coli) > cotrimoxazole > céfixime (AMM après 6 mois mais fait plus tôt en pratique) > ciprofloxacine (après la fin de la croissance / si souche non résistante à l'acide nalidixique) > Augmentin + céfixime (si céfixime résistant mais CMI < 1 mg/L) > aminosides, pipéracilline-tazobactam.. / pour durée totale d'environ 10 jours

Remarques

  • Si Escherichia coli sensible à l'Augmentin à l'antibiogramme : ne pas l'utiliser (concentrations minimales inhibitrices toujours élevées)
  • Allergie aux bêta-lactamines : utiliser un aminoside monothérapie IV seul
  • Infection urinaire à entérocoque : antibiothérapie par amoxicilline ± aminoside
  • A l'avenir : traitement par aminoside intramusculaire seul pour toute pyélonéphrite ? Possible si couvre les BLSE (amikacine ++), n'induit pas de résistance (par rapport aux C3G)
  • Risque d'augmentation des pyélonéphrites à entérobactéries multi-résistantes BLSE (résistance à toutes bêta-lactamines sauf les carbapénèmes / mais souches à carbapénémases apparues récemment également donc le traitement par carbapénème non recommandé)

En cas d’allergie aux bêta-lactamines

Hospitalisation + aminosides seuls 48h puis relais cotrimoxazole oral

En cas d'infection urinaire récidivante

Cystite récidivante

  • Si infections urinaires répétées : antibioprophylaxie parfois indiquée (modalités : comme les pyélonéphrites récidivantes)
  • Mesures associées : prise en charge de la rétention stercorale (laxatifs osmotiques) ± dysfonctionnement vésico-sphinctérien par un traitement anticholinergique (Ditropan®) ++

Pyélonéphrite récidivante

  • Traitement des facteurs favorisants ++
  • Antibioprophylaxie (pour diminuer la fréquence et limiter les lésions rénales) peut être proposée mais efficacité discutée :
  • Laxatifs osmotiques si rétention stercorale
  • Anticholinergiques (oxybutynine) si instabilité vésicale
  • Rééducation vésico-sphinctérienne (si trouble urinaire plus complexe)
  • Modalités : cotrimoxazole sur quelques mois ou jusqu'à suppression des couches si propreté des selles non acquise / faible dose (au 1/3 de la posologie curative) en 1 fois au coucher

Mesures associées

  • CARNET DE SANTE +++
  • Education des parents : mesures d’hygiène / informations sur signes nécessitant consultation en urgence
  • Traitement d’une constipation associée

Surveillance

  • Clinique : consultation de contrôle à +48H systématique si pyélonéphrite ambulatoire (recherche de fièvre, de signes fonctionnels urinaires, faire une bandelette urinaire si fièvre…) / fièvre-tolérance
  • Paraclinique : ECBU de contrôle dans la pyélonéphrite à 48-72h si évolution inhabituelle ou résistance à l'antibiothérapie initiale / échographie en l'absence d'argument bactériologique pour un échec du traitement (recherche de complications : abcès rénal…)
  • Risque à long terme des pyélonéphrites discuté : infection urinaire dans l'enfance pourrait augmenter le risque de pyélonéphrite gravidique / risque d'hypertension artérielle, micro-albuminurie, insuffisance rénale chronique en cas de reflux vésico-urétéral dans l'enfance (par cicatrices rénales)
  • Conseils généraux de lutte contre facteurs de risque cardio-vasculaire / éviter excès de sel-protéines / mesure de la pression artérielle régulière

Uropathies de l'enfant

Indications à une exploration spécialisée

  • Mictions très nombreuses avec fuites urinaires / mauvais jet urinaire (goutte à goutte…)
  • Infections urinaires à répétition / anomalies de l'échographie rénale

Reflux vésico-urétéral ++

  • Uropathie malformative la + fréquente de l'enfant = anomalie de la jonction urétéro-vésicale, qui ne peut s'opposer au reflux de l'urine de la vessie vers l'uretère
  • Fréquent (50% des infections urinaires) / filles > garçons (sex ratio x5)
REFLUX VESICO-URETERAL FONCTIONNELREFLUX VESICO-URETERAL MALFORMATIF
Fréquence++++
AgeEnfantNouveau-né, nourrisson
SexeFille ++Garçon ++
RévélationPyélonéphrites (souvent répétées)Pyélonéphrites (ou de diagnostic anténatal)
Troubles mictionnelsTrès fréquentsPeu
RefluxIntermittentPermanent
EchographieSouvent normale ++Souvent anormale ++
Grade (cystographie)Faible (0-2)Elevé (3-5)
Jonction urétéro-vésicaleNormaleAnormale
Risque rénal+ (faible)+++ (élevé)
AntibioprophylaxieSouvent indiquéePeu indiquée
Traitement chirurgicalJamaisA discuter

Exploration par cystographie : réalisée après pose d'une sonde vésicale

Evolution

  • Disparition spontanée (maturation anatomique) dans la majorité des reflux vésico-urétéraux fonctionnels
  • Pyélonéphrite chronique : infection urinaire asymptomatique › risque de cicatrices rénales ++
  • A terme : risque de néphropathie de reflux (néphropathie tubulo-interstitielle) puis insuffisance rénale terminale

Traitement

Indications chirurgicales controversées : surtout pour pyélonéphrites répétées sur reflux vésico-urétéral malformatif de grade élevé

  • Modalités : chirurgie anti-reflux de Cohen, traitement endoscopique : réimplantation urétéro-vésicale par abord direct ou injection sous-méatique d'une substance inerte créant un socle sur lequel vient s'appuyer sur l'uretère pour s'opposer au reflux
  • Mais pas d'influence sur le risque de cicatrices parenchymateuses ou d'hypertension artérielle / insuffisance rénale chronique au long cours (mais baisse le risque de récidives de pyélonéphrite)
  • Sinon traitement conservateur / ± circoncision pour diminuer le risque de récidive

Autres anomalies urétéro-vésicales

Mégauretère primitif (non refluant) : dilatation urétéro-pyélo-calicielle sus-jacente à un obstacle significatif au niveau de la jonction urétéro-vésicale

  • Echographie : dilatation uretère généralement > 10-15 mm (+ dilatation des cavités pyélo-calicielles)
  • Cystographie : élimine un reflux vésico-urétéral de haut grade, vérifie l'urètre chez le garçon
  • Infection urinaire dans ce contexte souvent difficile à traiter / faire une dérivation urinaire externe par néphrostomie ou interne par sonde double J parfois nécessaire / scintigraphie 2-3 semaines après l'infection urianire évalue le retentissement et oriente la prise en charge
  • Traitement : néphro-urétérectomie si rein dilaté non fonctionnel ou très altéré
  • Autres cas : réimplantation vésico-urétérale + modelage urétéral après résection de la partie terminale de l'uretère chez le plus de 1 an généralement, à distance d'une infection urinaire
  • Chez le nourrisson : drainage temporaire par JJ (idéalement posée sous cystoscopie), évite la réimplantation dans 70% des cas
  • Circoncision chez le garçon : diminue le risque de récidive d'infection urinaire en supprimant le réservoir bactérien préputial

Urétérocèles : dilatation pseudo-kystique de l'uretère terminal en portion sous-muqueuse

  • Différentes formes anatomiques : urétérocèle ectopique ou extra-vésical sur duplication urétérale = la + fréquente (60%) / chez la fille > garçon (sex-ratio x 4) / bilatéral dans 10% des cas
  • Dépistage anténatal généralement : kyste intra-vésical / à la naissance, se révèle par une infection urinaire fébrile / très rarement diagnostic sur une masse lombaire secondaire à la dilatation du calice supérieur, une rétention aiguë d'urines par obstruction du col vésical…
  • Echographie : permet d'apprécier la taille de l'urétérocèle = image kystique dans la vessie à parois généralement fines et régulières / dilatation des voies excrétrices d'amont / état du parenchyme rénal (généralement dysplasique)
  • Cystographie rétrograde : précise l'anatomie / recherche de reflux vésico-urétéral dans l'uretère polaire inférieur / si dilatation importante ou obstacle à la vidange vésicale avec menace sur parenchyme fonctionnel : réaliser une décompression endoscopique (sous anesthésie générale, par perforation par sonde bug bee ou section déclive à lame froide)
  • Autres examens :
  • Pour enfant asymptomatique sans retentissement : traitement conservateur
  • Sinon : traitement chirurgical (surtout si antécédents d'infections urinaires ++)
  • Urétérocèle sur système simple + rare (toujours orthotopique) ± obstructive, dilatation urétéro-pyélo-calicielle ± lésions rénales de dysplasie
  • Echographie à 1 mois postopératoire ± cystrographie (recherche d'un reflux vésico-urétéral dans l'uretère polaire supérieur)
  • Scintigraphie (fonction du pôle supérieur du rein dupliqué)
  • Modalités : selon la fonction du pôle supérieur, néphrectomie partielle / ablation de l'urétérocèle, reconstruction du trigone et réimplantation urétéro-vésicale des 2 uretères sinon / anastomoses pyélo-pyéliques ou pyélo-urétérales ± hautes aussi faisables

Autres uropathies

Syndrome de jonction pyélo-urétérale

  • Dilatation isolée du bassinet et des calices sans dilatation des uretères
  • Risque de complications : infection urinaire fébrile avec dilatation majeure du bassinet (> 30-40mm) ou sepsis mal contrôlé, indique un drainage urinaire (néphrostomie per-cutanée ou double J)
  • Scintigraphie: 2-3 semaines post-néphrostomie pour évaluer fonction des 2 reins
  • Rechercher d'artère polaire inférieure possiblement responsable de l'obstacle chez le grand enfant
  • Prise en charge
  • Si rein dilaté non fonctionnel (ou < 5-10% de fonction) : proposer une néphrectomie
  • Sinon résection anastomose de la jonction pyélo-urétérale ± pyéloplastie
  • Suivi échographique ++

Anomalies vésico-urétrales

  • Valves de l'urètre postérieur (VUP) : uniquement chez le garçon
  • Autres uropathies (atrésies de l'urètre, mégalourètre, sinus uro-génitaux) : exceptionnelles
  • Diagnostic échographie anténatal ++ (rares formes vues + tardivement sur infection urinaire fébrile)
  • Echographie : dilatation urétéro-pyélo-calicielle uni ou bilatérale / vessie à parois épaissies ± diverticule / dilatation de l'urètre postérieur en amont des valves
  • Cystographie : confirme le diagnostic (paroi irrégulière de la vessie multi-diverticules / disparité de calibre entre uretère postérieur et uretère bulbaire)
  • Urgence médico-chirurgicale : sonde urétrale mise en place jusqu'au geste chirurgical de résection / si échec : cathéter sus-pubien posé sous anesthésie locale
  • Suivi chirurgical + néphrologique (pression artérielle, créatinine, suivi écho…)
  • Bilan biologique : recherche de troubles hydro-électrolytiques
  • Traitement chirurgical avec résection endoscopique des valves par résecteur pédiatrique ou section lame froide / drainage laissé en place généralement 48h
  • Autres techniques chirurgicales : électrode gainée bug-bee / laser YAG..