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Hypothyroïdie

– Diagnostiquer une hypothyroïdie chez le nouveau-né, l'enfant et l'adulte

– Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

PHYSIOPATHOLOGIE

Synthèse des hormones thyroïdiennes

  • La TSH stimule biosynthèse hormonale via le récepteur transmembranaire du thyréocyte (appelé TSHR)
  • Permet la synthèse d'une prohormone qui est la thyroglobuline
  • Captation de l'iodure : il pénètre dans la cellule par le canal NIS (= symporteur de l'iodure)
  • Organification (par oxydation) des ions iodure par la thyroperoxydase (TPO) en présence d'H2O2
  • Recapture et protéolyse de la thyroglobuline stockée dans la colloïde
  • Libération dans la circulation : 20% de T3, 80% de T4 + la thyroglobuline
  • Fixation de l'iode sur la thyroglobuline au niveau de résidus tyrosyls (iodation) au pôle apical de la cellule thyroïdienne
  • Couplage de ces résidus tyrosyls précurseurs par la thyroperoxydase (condensation en monoiodotyrosine et en dioiodotyrosine › forme la trioiodotyrosine (T3) et la tétraiodotyrosine (T4), toujours fixés à la thyroglobuline stockée dans la colloïde)

Signes d'hypo-métabolisme en cas de déficit en hormones thyroïdiennes

  • Baisse de la consommation en O2 / baisse del thermogénèse = frilosité
  • Repos des récepteurs-bêta adrénergiques : bradycardie / faiblesse musculaire / constipation
  • Baisse des dépenses énergétiques = prise de poids modérée / frilosité

Myxœdème

  • infiltration cutanéo-phanérienne et muqueuse par des mucoprotéines
  • Physiopathologie mal comprise mais en partie liée à la baisse du métabolisme protéique

épidémiologie

  • Hypothyroïdie primaire : augmentation de la TSH (frustre ou patente selon le dosage de T4L)
  • Hypothyoïdie secondaire (centrale) : baisse de T4L et TSH basse ou normale (non adaptée) ou légèrement augmentée dans le cas d'une TSH immuno-réactive (dosable) mais biologiquement inactive › évoque une atteinte hypothalamique
  • Forme la + fréquente : touche 7,5% des femmes et 3% des hommes, 10% des sujets âgés
  • Prévalence élevée après 65 ans
  • Facteurs de risque : syndrome de Turner, trisomie 21, diabète de type 1.. / diagnostic le + souvent fait au stade d'hypothyroïdie frustre
  • Très rare : touche 0,005% de la population / concerne moins de 5% des hypothyroïdies

ORIENTATION DIAGNOSTIQUE

EXAMEN CLINIQUE

Diagnostic positif = syndrome d’insuffisance thyroïdienne

Signes d’HYPOMETABOLISME

  • signes généraux
  • signes cardio-vasculaires
  • signes digestifs
  • signes neuropsychologiques
  • signes gynéco/sexuels
  • Hypothermie / frilosité / perte de la sudation
  • Prise de poids (voire obésité) malgré anorexie
  • Bradycardie ± assourdissement des bruits du cœur
  • Hypotension artérielle seulement si forme évoluée
  • Constipation / disparition d'une diarrhée préexistante
  • Ralentissement physique : lenteur / asthénie / activités limitées
  • Ralentissement psychique : syndrome dépressif / troubles mnésiques
  • Troubles du comportement / syndrome démentiel (chez les patients âgés)
  • Diminution de la libido
  • Aménorrhée secondaire (par hyperprolactinémie), infertilité

Signes d’INFILTRATION (4)

  • Myxoedème

Remarque : myxoedème absent si insuffisance thyréotrope centrale

  • forme de « faux œdème » : dur / comblement des creux sus-claviculaires-axillaires
  • Visage : pâle / rond / bouffi = « faciès lunaire » / paupières gonflées
  • Membres : mains et pieds boudinés / syndrome du canal carpien
  • Infiltration muqueuse
  • Troubles cutanéo-phanériens
  • Langue = macroglossie, ronflements
  • Cordes vocales = voix rauque
  • Trompe d’eustache = hypoacousie
  • Muqueuse nasale = ronflements
  • Peau sèche, squameuse, froide / teint cireux (carotinodermie par baisse de transformation du carotène en vitamine A) / cheveux secs, cassants
  • Erythrocyanose des lèvres et des pommettes
  • Alopécie et dépilation diffuse (« queue de sourcil »)
  • Infiltration musculaire = syndrome myogène ± neurologique
  • Déficit moteur proximal (« marche dandinante »)
  • Myalgies / crampes ± pseudo-hypertrophie musculaire
  • Rarement : tendinite, arthralgie, neuropathie périphérique, syndrome cérébelleux

Particularités chez l'enfant : troubles du développement staturo-pubertaire

  • Retard de croissance staturo-pondéral : avec âge osseux inférieur à l'âge statural lui-même inférieur à l'âge civil
  • Retard mental / retard pubertaire

évaluation du retentissement / complications

  • Cardio-vasculaires : insuffisance coronaire (faire un électrocardiogramme ++) / péricardite
  • Neuropsychologiques : dépression / syndrome myogène / canal carpien
  • Endocriniennes : hyperprolactinémie secondaire (dysménorrhée / galactorrhée)
  • Hématologiques : syndrome anémique

Orientation étiologique

Interrogatoire

  • Rechercher antécédents auto-immuns (polyendocrinopathie auto-immune : association avec une insuffisance surrénale ++)
  • Rechercher une cause iatrogène : prise médicamenteuse / thyroïdectomie
  • Anamnèse : rechercher un épisode récent de thyrotoxicose

Examen physique

  • Palpation cervicale : rechercher et caractériser un goitre
  • Volume augmenté (évoque une thyroïdite Hashimoto) ou à peine palpable (évoque une thyroïdite atrophique)
  • Souvent goitre hétérogène, pseudo-nodulaire (auto-immun, Hashimoto)

Diagnostic différentiel avec une insuffisance thyréotrope

  • Rechercher un syndrome sécrétant (hyperprolactinémie ++)
  • Rechercher d’autres déficits anté-hypophysaires
  • Rechercher un syndrome tumoral : hypertension intracrânienne/ hémianopsie...

EXAMENS COMPLéMENTAIRES

Pour diagnostic POSITIF

  • En 1ère intention : dosage de la TSH seule
  • En 2nde intention : dosage de T4L
  • TSH augmentée (TSH > 5μg/L) = hypothyroïdie périphérique
  • si normale (rarement basse) = possible insuffisance thyréotrope centrale
  • Aucun intérêt de doser la T3L ou la thyroglobuline ou de test à la TRH
  • T4L diminuée = c'est une hypothyroïdie patente
  • T4L normale = c'est une hypothyroïdie frustre (= infra-clinique)

Pour évaluation du RETENTISSEMENT

  • NFS : anémie arégénérative normo ± macrocytaire
  • Ionogramme sanguin : hyponatrémie de dilution (hyperhydratation intracellulaire isolée par opsiruie)
  • Bilan lipidique : dyslipidémie = hypercholestérolémie ± hypertriglycéridémie (par baisse de dégradation des lipoprtéines)
  • Rechercher une maladie de Biermer en cas d'anémie macrocytaire (notamment si macrocytose persistant après le traitement de l'hypothyroïdie)

Ne faire de bilan lipidique au début de la prise en charge / à réaliser une fois le patient traité pour évaluation (sauf en cas d'hypothyroïdie frustre : un bilan lipidique altéré pourrait justifier d'un éventuel traitement)

  • Enzymes musculaires : syndrome myogène : augmentation des CPK ± augmentation de LDH-ASAT (+ aldolase augmentée)
  • ± troubles de la coagulation associés (défaut d'adhésivité des plaquettes, anomalies de l'hémostase)
  • Prolactine : hyper-prolactinémie secondaire (car la TRH stimule la prolactine) (rarement vue en pratique)
  • ± recherche d'insuffisance cardiaque (échographie cardiaque…), syndrome d'apnées obstructives du sommeil (polysomnographie)

Pour diagnostic éTIOLOGIQUE

  • Bilan immunologique : anticorps anti-TPO / anticorps TRAB / anticorps anti-thyroglobuline
  • Imagerie : échographie cervicale (scintigraphie inutile au contraire de l'hyperthyroïdie où elle est utile)

Pour bilan PRE-THéRAPEUTIQUE

ECG : Rechercher une insuffisance coronaire avant de débuter toute hormonothérapie substitutive

Remarques

« hypothyroïdie frustre »

Fréquent / patient asymptomatique ou pauci-symptomatique / découverte fortuite

avec TSH > 4 µg/L et T4L = normale (9-25 pmol/L)

devant une hypothyroïdie et hyperprolactinémie : 2 possibilités

  • Insuffisance thyréotrope : insuffisance antéhypophysaire sur adénome hypophysaire à prolactine ou hyperprolactinémie de déconnexion associée
  • Hypothyroïdie périphérique : hyperprolactinémie par rétrocontrôle positif de la T4 sur la TRH

Hypothyroïdie et goitre : évoquer

  • Thyroïdite lymphocytaire (Hashimoto, post-partum) / de Reidel / de De Quervain
  • Iatrogène : traitement médicamenteux, antithyroïdiens de synthèse
  • Atteinte congénitale : anomalie de l'hormonosynthèse
  • Carence en iode / infiltration métastatique

DIAGNOSTIC éTIOLOGIQUE

Thyroïdites auto-immunes = chroniques lymphocytaires (55% des cas)

Thyroïdite = 3 phases : thyrotoxicose › hypothyroïdie ± récupération ensuite

Thyroïdite de Hashimoto

Généralités

  • Maladie auto-immune : inhibition de la thyroperxodyase (TPO) par auto-anticorps anti-TPO

1ère cause d’hypothyroïdie en France

  • Risque évolutif de lymphome thyroïdien (moins de 1% des cas)Physiopathologie
  • Réaction auto-immune sur terrain génétique + facteurs environnementaux
  • Infiltration lymphocytaire du corps de la thyroïde › forme un goitre
  • Thyroïdite (± thyrotoxicose initiale) › évolue vers une atrophie donc une hypothyroïdie séquellaire

Clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Femme (9 femmes touchées pour 1 homme) / âge moyen = 40-60ans / possible aussi chez l'enfant !
  • Recherche antécédents personnels et familiaux de maladie auto-immune (notamment maladie de Basedow)
  • Toujours rechercher une surcharge iodée ou une cause iatrogène
  • GOITRE = irrégulier/ hétérogène/ diffus ± volumineux/ ferme/ indolore
  • Rechercher d’autres pathologies auto-immunes (insuffisance surrénale ++)
  • De progression lente / à un stade tardif : la thyroïde est non palpable
  • En cas de croissance rapide du goitre, avec une zone pseudo-nodulaire: évoquer un lymphome thyroïdien ++
  • Paraclinique
  • Bilan immunologique : anticorps anti-TPO positifs dans 95% des cas / anticorps anti-Tg (thyroglobuline) si anticorps anti-TPO négatifs
  • Echographie thyroïdienne : systématique
  • Scintigraphie : INUTILE (montrerait une fixation irrégulière « en damier »)
  • Goitre modéré / hypo-échogène / hétérogène (avec des zones hyperplasiques pseudo-nodulaires hyperéchogènes) / le volume thyroïdien total est ± augmenté
  • Vascularisation hétérogène avec accentuation de la lobulation (incisures créant une rétraction de parenchyme prédominant en face postérieure des lobes)
  • Avec images de pseudo-nodules hyperfixants trompeurs
  • Intérêt en cas de TSH basse : rarement on retrouve une phase de thyrotoxicose initiale › montre une fixation faible et hétérogène
  • TerrainRechercher d'autres atteintes auto-immunes : diabète de type 1 / vitiligo / insuffisance surrénale / insuffisance ovarienne / polyarthrite rhumatoïde / anémie de Biermer / maladie cœliaque… › évoquer une polyendocrinopathie auto-immune ++

Thyroïdite atrophique

Généralités

(= ex-myxœdème idiopathique) / 2 types d’inhibition auto-immune : Par anticorps anti-TPO (= thyroïdite de Hashimoto) ou anticorps anti-TSH-R bloquants (dits anticorps TRAB)

Clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique pas de goitre › thyroïde impalpable
  • Paraclinique
  • Souvent l'évolution d'une maladie de Hashimoto
  • Femme en post-ménopause +++ (âge de plus de 50ans)
  • Recherche de polyendocrinopathie auto-immune (antécédents personnels / familiaux) + recherche d'une surcharge iodée iatrogène
  • Bilan immunologique : anticorps anti-TPO (présents à taux faibles) ± TRAB en 2nde intention
  • Echographie thyroïdienne : hypoéchogène (pauvreté en colloïde, infiltrats) et hétérogène mais avec une atrophie (taille normale ou diminuée selon le stade)
  • Scintigraphie thyroïdienne : INUTILE

Thyroïdite du post-partum

Fréquente = touche 5% des grossesses / récidivant

  • Phase d’hyperthyroïdie vers les 2 mois après l'accouchement (passant ± inaperçue)
  • puis hypothyroïdie typique vers 3-6 mois
  • Goitre de petit volume / homogène / sans thrill / ferme
  • Récupération dans 70% des cas / hypothyroïdie séquellaire sinon
  • Souvent non diagnostiquée car les symptômes sont attribués à la grossesse

Thyroïdites non auto-immunes

Thyroïdite subaiguë de De Quervain (= granulomateuse)

  • Examen physique : thyroïde douloureuse, inflammatoire, granulomateuse
  • Histoire naturelle : destruction des follicules thyroïdiens (phase de thyrotoxicose initiale avec libération des hormones thyroïdiennes stockées dans la colloïde) puis survenue secondaire (environ 1 à 3 mois après) d'une hypothyroïdie (transitoire le + souvent)
  • Biologie : VS ou CRP augmentée à la phase aiguë

Thyroïdite sans anticorps

Tableau proche d'une thyroïdite auto-immune mais les anticorps sont absents Ø

Thyroïdites iatrogènes

  • A rechercher systématiquement à l’interrogatoire
  • Physiopathologie et clinique proche de la thyroïdite de De Quervain
  • Souvent "silencieuses" mas parfois douloureuses
  • Causes :
  • Médicamenteuse : typiquement avec un goitre
  • Post-chirurgie : post-thyroïdectomie totale ± subtotale
  • Post-iode 131 radioactif : fréquent = 50% d’hypothyroïdies séquellaires
  • Radiothérapie cervicale externe : pour Hodgkin ou cancer ORL par exemple
  • Amiodarone : par surcharge iodée = par effet Wolff-Chaikoff
  • Interféron = hypothyroïdie auto-immune retrouvée dans 30% des cas
  • Lithium (possiblement à l'origine d'un goitre euthyroïdien)
  • Anti-tyrosine kinase (thérapie anticancéreuse)
  • Produits de contraste iodés
  • Antithyroïdiens de synthèse (hypothyroïdie régressive à l'arrêt)
  • Pour l'iode 131 et la radiothérapie cervicale : l'hypothyroïdie survient parfois plusieurs années après : surveillance par dosage de TSH 1x/an

Autres causes

  • Thyroïdite infectieuse (parasitaire, bactérienne)
  • Thyroïdite de Reidel (thyroïdite fibreuse compliquant parfois un Hashmioto)

Carence en iode

Généralités

1ère cause d’hypothyroïdie dans le monde = « zones d’endémie goitreuse »

  • Devenue très rare en Europe (car iode dans le sel de cuisine)
  • Zones à risque : montagnes (Népal, Vosges, « crétin des Alpes ») et Afrique centrale

Clinique

  • Syndrome d’hypothyroïdie classique : hypométabolisme + infiltration
  • Goitre = ancien et homogène ± remaniements nodulaires

Paraclinique

Bilan thyroïdien = TSH augmentée / baisse de T4 plus prononcée que la baisse de T3 / iodurie des 24h diminuée

Hypothyroïdie congénitale

Maladie endocrinienne la plus fréquente de l’enfant (touche 1/3500 naissances)

étiologies

  • Dysgénésie thyroïdienne (80% des cas) = ectopie thyroïdienne / athyréose
  • Avec "glande en place" : hypoplasie de la thyroïde, goitre par troubles de l'hormonogenèse
  • Rarement : hypothyroïdie transitoire sur surcharge iodée maternelle (accouchement avec Bétadine..) / insuffisance antéhypophysaire

Diagnostic

  • Tableau clinique progressif dès les premiers jours de vie :
  • Dépistage obligatoire à J3 = test de Guthrie avec mesure de la TSH (donc ne dépiste que les hypothyroïdies primaires et pas les exceptionnelles formes centrales)
  • En cas d'hypothyroïdie sur surcharge iodée : l'échographie retrouve thyroïde en place ou une discrète augmentation de volume / scintigraphie à l'iode 123 : goitre modéré, hyperfixant en précoce, avec un test au perchlorate positif
  • Initialement ictère prolongé / constipation / hypotonie / pleurs rauques / difficultés à la succion / fontannelles larges (en postérieur ++) / hypothermie
  • En l'absence de traitement : retard psychomoteur profond (irréversible) / ostéodystrophie avec retard de croissance / retard statural (avec âge osseux inférieur à l'âge statural lui-même inférieur à l'âge chronologique)

  • Causes génétiques
  • Dysgénésie : la scintigraphie à l'iode 123 montre une absence de tissu de la bouche au médiastin en cas d'agénésie / elle retrouve un tissu de faible contraste en cas d'hypoplasie thyroïdienne / on observe une fixation localisée hors de la loge thyroïdienne en cas d'ectopie / en échographie : examen moins sensible, peut retrouver du tissu dystrophique (nodules, kystes) en cas d'hypoplasie
  • Troubles de l'hormonogenèse : la scintigraphie retrouve un goitre hyperfixant au temps précoce, avec diminution de la fixation en iode 123 après administration de perchlorate / en échographie : on observe un goitre eutopique ± volumineux

Syndrome de résistance généralisée aux hormones thyroïdiennes

Très rare / sans goitre / TSH, T4L & T3L élevées

Causes centrales d'hypothyroïdie

Toujours recherche d'autres déficits / faire une IRM hypophysaire

  • Clinique : pas de goitre (pas de stimulation du tissu thyroïdien par la TSH qui est effondrée) / pas d'infiltration myxœdémateuse
  • Paraclinique : diagnostic étiologique par IRM hypothalamo-hypophysaire
  • étiologies
  • Tumeur de la région sellaire (adénome, craniopharyngiome)
  • Selle turcique vide / arachnoïdocèle / apoplexie hypophysaire
  • Hypophysite lymphocytaire (en post-partum) / syndrome de Sheehan
  • Séquelles de chirurgie / antécédents de radiothérapie, méningite, traumatisme crânien
  • Pathologie infiltrative : hémochromatose… / génétique : déficit de l'ontogenèse pituitaire

Maladies infiltratives (rares)

Tuberculose / sarcoïdose / amylose / hémochromatose…

COMPLICATIONS

Complications de l’insuffisance thyroïdienne

Formes neuromusculaires (cf item 108)

  • Syndrome d'apnées obstructives du sommeil : ronflements / somnolence diurne / céphalées matinales / syndrome métabolique
  • Etat dépressif / syndrome confusionnel ou démence (chez le sujet âgé ++)
  • Myopathie proximale (CPK élevées)

Complications cardio-vasculaires

Insuffisance coronaire

  • Fréquente car même terrain : âge / dyslipidémie / hypertension artérielle
  • Souvent asymptomatique car baisse du débit cardiaque par hypométabolisme
  • A rechercher = ECG systématique devant toute hypothyroïdie
  • La coronaropathie est alors « démasquée » par l'hormothérapie substitutive

Péricardite myxœdémateuse

  • Rare / en général bien tolérée : asymptomatique
  • Rarement compliquée tamponnade s'il s'agit d'une forme évoluée
  • Diagnostic par échographie transthoracique / ± épanchement pleural ou péritonéal associé

Atteinte fonctionnelle

  • Modification de l'activité et du métabolisme du muscle cardiaque : baisse de fréquence cardiaque, baisse de la force contractile (baisse de l'action chronotrope et inotrope positive)
  • Insuffisance cardiaque et troubles du rythme ventriculaires rarement

Coma myxœdémateux

Exceptionnel désormais mais grave : 50% de mortalité…

Terrain

  • Typiquement chez une femme âgée non traitée +++ / avec une hypothyroïdie profonde / volontiers en hiver
  • Rechercher un facteur déclenchant = chute / chirurgie / infection / sédatif

Examen clinique

  • Signes généraux : hypothermie sévère / hyponatrémie sévère / bradypnée
  • Signes cardiologiques : bradycardie + hypotension artérielle (voire choc)
  • Signes neurologiques : syndrome confusionnel / convulsions / coma calme, hypotonique / réflexes ostéo-tendineux lents, décomposés / sans signe de localisation

Examens complémentaires

Aucun ne doit faire retarder le traitement : ECG / TSH – T4L en urgence

  • Anémie / hyponatrémie marquée (de dilution) / augmentation des CPK (rhabdomyolyse) / hypoglycémie
  • Electroencéphalogramme / ponction lombaire : retrouve une hyperprotéinorachie inconstante
  • + bilan infectieux : hémocultures + examen cytobactériologique des urines

Diagnostic différentiel

Devant hypothermie + hypotension : évoquer un choc septique

  • Myxœdème possiblement accompagné d'une insuffisance surrénale aiguë
  • Syndrome de basse T3 : en cas de pathologie grave et évolutive / baisse de T3 ± suivie de la baisse de T4-TSH selon la gravité

Pathologies auto-immunes associées : recherche de polyendocrinopathie

Rechercher une polyendocrinopathie devant toute hypothyroïdie (Hashimoto et atrophique notamment)

Polyendocrinopathie auto-immune de type 1 (rare) : de transmission autosomique récessivePolyendocrinopathie auto-immune de type 2 (fréquente) : de transmission autosomique dominante
Hypoparathyroïdie (80%) Insuffisance surrénale (70%) Candidose diffuse (70%) Alopécie (30%) Autres: Biermer, diabète, dysthyroïdieInsuffisance surrénale (100%) Dysthyroïdie (70%) Diabète de type 1 (50%) Vitiligo / Biermer / ovarite auto-immune Connectivites (lupus, polyaryhrite rhumatoïde, etc.)

Syndrome de Schmidt

  • Hypothyroïdie + insuffisance surrénale chronique auto-immune (dans le cadre d'une polyendocrinopathie auto-immune de type 2)
  • Recherche de signes d'insuffisance surrénale chronique devant toute hypothyroïdie : mélanodermie notamment

TRAITEMENT

Prise en charge

Ambulatoire hors complication / hospitalisation pour le sujet âgé ou coronarien

HORMONOTHERAPIE SUBSTITUTIVE ( opothérapie )

Indications

Hypothyroïdie patente de l’adulte

Indication formelle à une hormonothérapie substitutive

Hypothyroïdie infraclinique (« hypothyroïdie frustre »

  • TSH > 10 mUI/L et/ou anticorps anti-TPO positif  › hormonothérapie indiquée
  • A discuter si TSH < 10 mais présence d'anticorps, de signes cliniques, d'une hypercholestérolémie
  • TSH entre 4-10 et anticorps anti-TPO négatif / sans risque cardiovasculaire › TSH à 6 mois puis 1 fois par an

Si désir de grossesse  › traiter dès que TSH ≥ 3mUI/l 

Chez l’enfant

Urgence absolue / Lévothyrox® dès que possible

Modalités : hormones thyroïdiennes de synthèse

  • L-Thyroxine (L-T4 / Lévothyrox®) orale (+ forme buvable : L-Thyroxine® / forme intraveineuse en cas de coma myxoedémateux ou impossibilité à avaler)
  • Posologie = 1-1,5μg/kg/jour en général / en 1 prise le matin / à jeun / A VIE
  • Le traitement par T3 existe (seul : Cynomel® ou associé à de la T4 : Euthyral®) mais il n'existe que de rares indications

Objectif du traitement :

Évaluation sur la TSH seule ++

  • Norme : < 4 mUI/L / mais obtenue entre 0,5 et 2,5 mUI/L chez la majorité des sujets
  • En situation standard : objectif de TSH entre 0,5 et 2,5 mUI/L
  • En cas de coronaropathie non contrôlée, chez des sujets très âgés : ne pas avoir une TSH normale, la stabiliser autour de 10 mUI/L selon la tolérance / si coronaropathie, on traite d'abord les lésions puis on normalise la TSH
  • Chez une femme enceinte : objectif de TSH inférieure à 2,5 mUI/L

Objectifs en cas d'insuffisance thyréotrope

  • TSH effondrée dans tous les cas › Surveillance sur la T4L qui doit être dans le milieu ou le 1/ 3 supérieur de la normale + T3L dans la normale

Introduction et adaptation posologique

  • Posologie initiale de 1-1,5 µg / kg / jour (soit 50-150 µg/j) (sauf sujet coronarien ou de plus de 70 ans)
  • Sujet coronarien, à risque ou patient très âgé : posologie initiale de 12,5 à 25 µg/jour / augmentation progressive par paliers toutes les 2-3 semaines jusqu'à obtention de dose théoriquement efficace

Risque d'autant + élevé de démasquer une coronaropathie qu'hypothyroïdie profonde et ancienne

  • Surveillance adaptée au risque :
  • En cas de d'hypothyroïdie frustre : besoins inférieurs entre 25 et 75 µg/j
  • Education du patient âgé ou coronarien stable : consulter si douleurs thoraciques / ECG 1 fois par semaine chez le coronarien grave si possible
  • Patient coronarien récent ou non contrôlé : hospitalisation pour surveillance clinique + ECG 1 fois par jour durant l'instauration du traitement
  • Parfois bêtabloquants utilisés en association avec la lévothyroxine

Prévention du surdosage chronique car risques osseux et cardiovasculaire ++

Absorption de la L-thyroxine

Influencée par l'horaire de prise / la galénique / les interactions ± éventuelle malabsorption

Horaire de prise fixe / la galénique ne doit pas être modifiée une fois l'équilibre de TSH atteint / éviter les substances diminuant l'absorption : sulfate de fer, carbonate de calcium, hydroxyde d'aluminium, cholestyramine…

Métabolisme :

influencé par les interactions / la grossesse / l'âge

  • Grossesse (besoins augmentés de 30-50%) / âge (besoins diminuent)
  • Substances augmentant la clairance de la T4 : phénobarbital / carbamazépine / rifampicine / phénytoïne / sertraline / chloroquine… pilule estro-progestative (diminue la fraction libre de T4 par l'augmentation de la liaison à la TBG)

Hypothyroïdie néonatale

  • L-thyroxine à ≥ 10 µg/kg quotidiennement
  • Traitement précoce (en 12-15 jours après la naissance) : évite retard mental, troubles de croissance…

Toujours traiter insuffisance surrénalienne avant substitution T4 (risque d'insuffisance surrénale aiguë)

éducation du patient

  • éducation thérapeutique : le traitement est A VIE / ne jamais arrêter
  • Interactions médicamenteuses (pansements gastriques / inducteurs enzymatiques...)
  • Signes d’alarme et conduite à tenir en cas d’urgence / auto-surveillance
  • Contraception efficace / pas de procréation tant que pas d'équilibre de la thyroïde
  • Causes de déséquilibre de l'hypothyroïdie : défaut d'observance / posologie inadaptée / changement de galénique / prise de substance associée / malabsorption / grossesse
  • Port d’une carte d’hypothyroïdien (avec posologie de l'hormonothérapie)
  • Expliquer les signes annonçant une complication ou un mauvais équilibre, la conduite à tenir
  • Avertir sur l'automédication / thé, café à prendre à distance du médicament

Traitement des complications

Traitement des complications associées

  • Dyslipidémie : pas de traitement si correction après hormonothérapie
  • Anémie : supplémentation martiale + folates orales jusqu’à correction
  • Si sujet âgé coronarien : introduction ou majoration d’un traitement (bêtabloquants)

Coma myxœdémateux

Mise en condition

  • Urgence thérapeutique / pronostic vital engagé
  • Hospitalisation en réanimation / pose de voie veineuse périphérique / monitoring cardio-tensionnel / libération des voies aériennes supérieures

Traitement curatif en urgence

  • Hormonothérapie parentérale : L-Thyroxine en IVSE puis relais oral
  • Prévention d’une décompensation en insuffisance surrénale aiguë › discuter l'hydrocortisone en IVSE

Traitement symptomatique

  • Expansion volumique avec objectif de pression artérielle moyenne ≥ 65 mmHg
  • Rééquilibration hydro-électrolyique (hyponatrémie)
  • Réchauffement progressif externe
  • Oxygénothérapie pour saturation en oxygène supérieure à 95%

Traitement étiologique

  • Recherche et traitement du facteur déclenchant
  • Exemples : traitement d’une infection / arrêt de médicament / rechercher un infarctus du myocarde, une insuffisance cardiaque…c

Mesures associées

  • Prise en charge à 100% au titre des affections longue durée
  • Port d’une carte d’hypothyroïdien
  • Proposer adhésion à une association de malades

Surveillance

Clinique

  • Fréquence des consultations : médecin traitant 1 fois par an A VIE
  • Régression du syndrome d’hypothyroïdie / complications du traitement
  • Comorbidités auto-immunes (au moins cliniquement)

Paraclinique

TSH à +6-8 semaines après le début du traitement (ou 6-8 semaines après posologie efficace si traitement progressif)

Une fois l'objectif de TSH atteint : contrôle TSH à 6 mois puis 1 fois par an

Dysthyroïdie & grossesse

Peut survenir même chez une femme euthyroïdienne

Doser systématiquement la TSH chez la femme enceinte si facteurs de risque de dysthyroïdie

  • Antécédents personnels ou familiaux de dysthyroïdie, auto-immunité, de traitement à risque thyroïdien
  • Signes morphologiques : goitre, nodule thyroïdien / signes fonctionnels
  • Antécédents obstétricaux : infertilité, fausse couche, menace d'accouchement prématuré

Prévention d’une hypothyroïdie au cours de la grossesse

  • Les besoins en iode augmentent au cours de la grossesse / allaitement (à 200µg/jour) car utilisation des hormones thyroïdiennes de la mère par le fœtus
  • Carence iodée + stimulation de la thyroïde par hCG & TSH › entraîne une hyperplasie de la thyroïde (goitre) / parfois hypothyroïdie maternelle entraînant une hypothyroïdie fœtale
  • Conduite à tenir : dépister des carences en iode (enquête alimentaire) / dépister un goitre / supplémentation iodée et/ou mesures alimentaires

Hypothyroïdie lors de la grossesse

  • Si hypothyroïdie connue avant la grossesse
  • Si hypothyroïdie non connue : précocité du diagnostic et de la prise en charge
  • Préparer et programmer la grossesse / prise en charge multidisciplinaire
  • Grossesse nécessite une normalisation stricte de la TSH (< 2,5 mUI/l)
  • Augmentation posologique de 25-50% du traitement substitutif dès que la grossesse est connue
  • Objectif : obtenir une T4L normale et TSH dans la 1/2 inférieure de la normale
  • Surveillance de la TSH toutes les 4-6 semaines / objectif de TSH < 2,5
  • Surveillance régulière / allaitement possible
  • Diagnostic sur signes cliniques ou biologiques
  • Bilan étiologique / mise en place d'une hormonothérapie substitutive à dose supposée efficace d'emblée / objectif TSH < 2,5 le + rapidement possible

Dépistage de l'hypothyroïdie frustre

Population générale

Jamais de manière systématique : Dépistage ciblé

  • Femme de plus de 60 ans avec antécédents thyroïdiens
  • Présence d'anticorps antithyroïdiens
  • Antécédents de chirurgie ou d'irradiation thyroïdienne ou cervicale
  • Traitements à risque thyroïdien (amiodarone, lithium, interféron, autres cytokines)

Chez la femme enceinte

  • Signes cliniques évocateurs (goitre…)
  • Contexte auto-immun (diabète de type 1…)
  • Contexte thyroïdien ou familial : antécédents personnels ou familiaux de dysthyroïdie, intervention chirurgicale sur la thyroïde, notion d'élévation des anticorps antithyroïdiens
  • Probablement associée à une augmentation du risque d'hématome rétro-placentaire, de prématurité, de détresse respiratoire néonatale / mais pas d'altération des fonctions cognitives ou développement psychomoteur de l'enfant (différent de l'hypothyroïdie patente)

Fœtus

Pas de thyroïde fœtale fonctionnelle au 1e trimestre : le fœtus dépend de la mère pour développement du système nerveux central › ± entraîne des troubles du développement neuro-intellectuel (discuté) / hypotrophie

Biologie chez la femme enceinte non malade

  • A T1 : TSH diminuée et T4L normale ou légère augmentation physiologique
  • Puis : TSH redevient normale et T4L basse ou normale (toujours interpréter les 2)

– Diagnostiquer une hypothyroïdie chez le nouveau-né, l'enfant et l'adulte

– Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

PHYSIOPATHOLOGIE

Synthèse des hormones thyroïdiennes

  • La TSH stimule biosynthèse hormonale via le récepteur transmembranaire du thyréocyte (appelé TSHR)
  • Permet la synthèse d'une prohormone qui est la thyroglobuline
  • Captation de l'iodure : il pénètre dans la cellule par le canal NIS (= symporteur de l'iodure)
  • Organification (par oxydation) des ions iodure par la thyroperoxydase (TPO) en présence d'H2O2
  • Recapture et protéolyse de la thyroglobuline stockée dans la colloïde
  • Libération dans la circulation : 20% de T3, 80% de T4 + la thyroglobuline
  • Fixation de l'iode sur la thyroglobuline au niveau de résidus tyrosyls (iodation) au pôle apical de la cellule thyroïdienne
  • Couplage de ces résidus tyrosyls précurseurs par la thyroperoxydase (condensation en monoiodotyrosine et en dioiodotyrosine › forme la trioiodotyrosine (T3) et la tétraiodotyrosine (T4), toujours fixés à la thyroglobuline stockée dans la colloïde)

Signes d'hypo-métabolisme en cas de déficit en hormones thyroïdiennes

  • Baisse de la consommation en O2 / baisse del thermogénèse = frilosité
  • Repos des récepteurs-bêta adrénergiques : bradycardie / faiblesse musculaire / constipation
  • Baisse des dépenses énergétiques = prise de poids modérée / frilosité

Myxœdème

  • infiltration cutanéo-phanérienne et muqueuse par des mucoprotéines
  • Physiopathologie mal comprise mais en partie liée à la baisse du métabolisme protéique

épidémiologie

  • Hypothyroïdie primaire : augmentation de la TSH (frustre ou patente selon le dosage de T4L)
  • Hypothyoïdie secondaire (centrale) : baisse de T4L et TSH basse ou normale (non adaptée) ou légèrement augmentée dans le cas d'une TSH immuno-réactive (dosable) mais biologiquement inactive › évoque une atteinte hypothalamique
  • Forme la + fréquente : touche 7,5% des femmes et 3% des hommes, 10% des sujets âgés
  • Prévalence élevée après 65 ans
  • Facteurs de risque : syndrome de Turner, trisomie 21, diabète de type 1.. / diagnostic le + souvent fait au stade d'hypothyroïdie frustre
  • Très rare : touche 0,005% de la population / concerne moins de 5% des hypothyroïdies

ORIENTATION DIAGNOSTIQUE

EXAMEN CLINIQUE

Diagnostic positif = syndrome d’insuffisance thyroïdienne

Signes d’HYPOMETABOLISME

  • signes généraux
  • signes cardio-vasculaires
  • signes digestifs
  • signes neuropsychologiques
  • signes gynéco/sexuels
  • Hypothermie / frilosité / perte de la sudation
  • Prise de poids (voire obésité) malgré anorexie
  • Bradycardie ± assourdissement des bruits du cœur
  • Hypotension artérielle seulement si forme évoluée
  • Constipation / disparition d'une diarrhée préexistante
  • Ralentissement physique : lenteur / asthénie / activités limitées
  • Ralentissement psychique : syndrome dépressif / troubles mnésiques
  • Troubles du comportement / syndrome démentiel (chez les patients âgés)
  • Diminution de la libido
  • Aménorrhée secondaire (par hyperprolactinémie), infertilité

Signes d’INFILTRATION (4)

  • Myxoedème

Remarque : myxoedème absent si insuffisance thyréotrope centrale

  • forme de « faux œdème » : dur / comblement des creux sus-claviculaires-axillaires
  • Visage : pâle / rond / bouffi = « faciès lunaire » / paupières gonflées
  • Membres : mains et pieds boudinés / syndrome du canal carpien
  • Infiltration muqueuse
  • Troubles cutanéo-phanériens
  • Infiltration musculaire = syndrome myogène ± neurologique
  • Langue = macroglossie, ronflements
  • Cordes vocales = voix rauque
  • Trompe d’eustache = hypoacousie
  • Muqueuse nasale = ronflements
  • Peau sèche, squameuse, froide / teint cireux (carotinodermie par baisse de transformation du carotène en vitamine A) / cheveux secs, cassants
  • Erythrocyanose des lèvres et des pommettes
  • Alopécie et dépilation diffuse (« queue de sourcil »)
  • Déficit moteur proximal (« marche dandinante »)
  • Myalgies / crampes ± pseudo-hypertrophie musculaire
  • Rarement : tendinite, arthralgie, neuropathie périphérique, syndrome cérébelleux

Particularités chez l'enfant : troubles du développement staturo-pubertaire

  • Retard de croissance staturo-pondéral : avec âge osseux inférieur à l'âge statural lui-même inférieur à l'âge civil
  • Retard mental / retard pubertaire

évaluation du retentissement / complications

  • Cardio-vasculaires : insuffisance coronaire (faire un électrocardiogramme ++) / péricardite
  • Neuropsychologiques : dépression / syndrome myogène / canal carpien
  • Endocriniennes : hyperprolactinémie secondaire (dysménorrhée / galactorrhée)
  • Hématologiques : syndrome anémique

Orientation étiologique

Interrogatoire

  • Rechercher antécédents auto-immuns (polyendocrinopathie auto-immune : association avec une insuffisance surrénale ++)
  • Rechercher une cause iatrogène : prise médicamenteuse / thyroïdectomie
  • Anamnèse : rechercher un épisode récent de thyrotoxicose

Examen physique

  • Palpation cervicale : rechercher et caractériser un goitre
  • Volume augmenté (évoque une thyroïdite Hashimoto) ou à peine palpable (évoque une thyroïdite atrophique)
  • Souvent goitre hétérogène, pseudo-nodulaire (auto-immun, Hashimoto)

Diagnostic différentiel avec une insuffisance thyréotrope

  • Rechercher un syndrome sécrétant (hyperprolactinémie ++)
  • Rechercher d’autres déficits anté-hypophysaires
  • Rechercher un syndrome tumoral : hypertension intracrânienne/ hémianopsie...

EXAMENS COMPLéMENTAIRES

Pour diagnostic POSITIF

  • En 1ère intention : dosage de la TSH seule
  • En 2nde intention : dosage de T4L
  • TSH augmentée (TSH > 5μg/L) = hypothyroïdie périphérique
  • si normale (rarement basse) = possible insuffisance thyréotrope centrale
  • Aucun intérêt de doser la T3L ou la thyroglobuline ou de test à la TRH
  • T4L diminuée = c'est une hypothyroïdie patente
  • T4L normale = c'est une hypothyroïdie frustre (= infra-clinique)

Pour évaluation du RETENTISSEMENT

  • NFS : anémie arégénérative normo ± macrocytaire
  • Ionogramme sanguin : hyponatrémie de dilution (hyperhydratation intracellulaire isolée par opsiruie)
  • Bilan lipidique : dyslipidémie = hypercholestérolémie ± hypertriglycéridémie (par baisse de dégradation des lipoprtéines)
  • Rechercher une maladie de Biermer en cas d'anémie macrocytaire (notamment si macrocytose persistant après le traitement de l'hypothyroïdie)

Ne faire de bilan lipidique au début de la prise en charge / à réaliser une fois le patient traité pour évaluation (sauf en cas d'hypothyroïdie frustre : un bilan lipidique altéré pourrait justifier d'un éventuel traitement)

  • Enzymes musculaires : syndrome myogène : augmentation des CPK ± augmentation de LDH-ASAT (+ aldolase augmentée)
  • ± troubles de la coagulation associés (défaut d'adhésivité des plaquettes, anomalies de l'hémostase)
  • Prolactine : hyper-prolactinémie secondaire (car la TRH stimule la prolactine) (rarement vue en pratique)
  • ± recherche d'insuffisance cardiaque (échographie cardiaque…), syndrome d'apnées obstructives du sommeil (polysomnographie)

Pour diagnostic éTIOLOGIQUE

  • Bilan immunologique : anticorps anti-TPO / anticorps TRAB / anticorps anti-thyroglobuline
  • Imagerie : échographie cervicale (scintigraphie inutile au contraire de l'hyperthyroïdie où elle est utile)

Pour bilan PRE-THéRAPEUTIQUE

ECG : Rechercher une insuffisance coronaire avant de débuter toute hormonothérapie substitutive

Remarques

« hypothyroïdie frustre »

Fréquent / patient asymptomatique ou pauci-symptomatique / découverte fortuite

avec TSH > 4 µg/L et T4L = normale (9-25 pmol/L)

devant une hypothyroïdie et hyperprolactinémie : 2 possibilités

  • Insuffisance thyréotrope : insuffisance antéhypophysaire sur adénome hypophysaire à prolactine ou hyperprolactinémie de déconnexion associée
  • Hypothyroïdie périphérique : hyperprolactinémie par rétrocontrôle positif de la T4 sur la TRH

Hypothyroïdie et goitre : évoquer

  • Thyroïdite lymphocytaire (Hashimoto, post-partum) / de Reidel / de De Quervain
  • Iatrogène : traitement médicamenteux, antithyroïdiens de synthèse
  • Atteinte congénitale : anomalie de l'hormonosynthèse
  • Carence en iode / infiltration métastatique

DIAGNOSTIC éTIOLOGIQUE

Thyroïdites auto-immunes = chroniques lymphocytaires (55% des cas)

Thyroïdite = 3 phases : thyrotoxicose › hypothyroïdie ± récupération ensuite

Thyroïdite de Hashimoto

Généralités

  • Maladie auto-immune : inhibition de la thyroperxodyase (TPO) par auto-anticorps anti-TPO

1ère cause d’hypothyroïdie en France

  • Risque évolutif de lymphome thyroïdien (moins de 1% des cas)Physiopathologie
  • Réaction auto-immune sur terrain génétique + facteurs environnementaux
  • Infiltration lymphocytaire du corps de la thyroïde › forme un goitre
  • Thyroïdite (± thyrotoxicose initiale) › évolue vers une atrophie donc une hypothyroïdie séquellaire

Clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Femme (9 femmes touchées pour 1 homme) / âge moyen = 40-60ans / possible aussi chez l'enfant !
  • Recherche antécédents personnels et familiaux de maladie auto-immune (notamment maladie de Basedow)
  • Toujours rechercher une surcharge iodée ou une cause iatrogène
  • GOITRE = irrégulier/ hétérogène/ diffus ± volumineux/ ferme/ indolore
  • Rechercher d’autres pathologies auto-immunes (insuffisance surrénale ++)
  • De progression lente / à un stade tardif : la thyroïde est non palpable
  • En cas de croissance rapide du goitre, avec une zone pseudo-nodulaire: évoquer un lymphome thyroïdien ++
  • Paraclinique
  • Bilan immunologique : anticorps anti-TPO positifs dans 95% des cas / anticorps anti-Tg (thyroglobuline) si anticorps anti-TPO négatifs
  • Echographie thyroïdienne : systématique
  • Scintigraphie : INUTILE (montrerait une fixation irrégulière « en damier »)
  • Goitre modéré / hypo-échogène / hétérogène (avec des zones hyperplasiques pseudo-nodulaires hyperéchogènes) / le volume thyroïdien total est ± augmenté
  • Vascularisation hétérogène avec accentuation de la lobulation (incisures créant une rétraction de parenchyme prédominant en face postérieure des lobes)
  • Avec images de pseudo-nodules hyperfixants trompeurs
  • Intérêt en cas de TSH basse : rarement on retrouve une phase de thyrotoxicose initiale › montre une fixation faible et hétérogène
  • TerrainRechercher d'autres atteintes auto-immunes : diabète de type 1 / vitiligo / insuffisance surrénale / insuffisance ovarienne / polyarthrite rhumatoïde / anémie de Biermer / maladie cœliaque… › évoquer une polyendocrinopathie auto-immune ++

Thyroïdite atrophique

Généralités

(= ex-myxœdème idiopathique) / 2 types d’inhibition auto-immune : Par anticorps anti-TPO (= thyroïdite de Hashimoto) ou anticorps anti-TSH-R bloquants (dits anticorps TRAB)

Clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique pas de goitre › thyroïde impalpable
  • Paraclinique
  • Souvent l'évolution d'une maladie de Hashimoto
  • Femme en post-ménopause +++ (âge de plus de 50ans)
  • Recherche de polyendocrinopathie auto-immune (antécédents personnels / familiaux) + recherche d'une surcharge iodée iatrogène
  • Bilan immunologique : anticorps anti-TPO (présents à taux faibles) ± TRAB en 2nde intention
  • Echographie thyroïdienne : hypoéchogène (pauvreté en colloïde, infiltrats) et hétérogène mais avec une atrophie (taille normale ou diminuée selon le stade)
  • Scintigraphie thyroïdienne : INUTILE

Thyroïdite du post-partum

Fréquente = touche 5% des grossesses / récidivant

  • Phase d’hyperthyroïdie vers les 2 mois après l'accouchement (passant ± inaperçue)
  • puis hypothyroïdie typique vers 3-6 mois
  • Goitre de petit volume / homogène / sans thrill / ferme
  • Récupération dans 70% des cas / hypothyroïdie séquellaire sinon
  • Souvent non diagnostiquée car les symptômes sont attribués à la grossesse

Thyroïdites non auto-immunes

Thyroïdite subaiguë de De Quervain (= granulomateuse)

  • Examen physique : thyroïde douloureuse, inflammatoire, granulomateuse
  • Histoire naturelle : destruction des follicules thyroïdiens (phase de thyrotoxicose initiale avec libération des hormones thyroïdiennes stockées dans la colloïde) puis survenue secondaire (environ 1 à 3 mois après) d'une hypothyroïdie (transitoire le + souvent)
  • Biologie : VS ou CRP augmentée à la phase aiguë

Thyroïdite sans anticorps

Tableau proche d'une thyroïdite auto-immune mais les anticorps sont absents Ø

Thyroïdites iatrogènes

  • A rechercher systématiquement à l’interrogatoire
  • Physiopathologie et clinique proche de la thyroïdite de De Quervain
  • Souvent "silencieuses" mas parfois douloureuses
  • Causes :
  • Médicamenteuse : typiquement avec un goitre
  • Post-chirurgie : post-thyroïdectomie totale ± subtotale
  • Post-iode 131 radioactif : fréquent = 50% d’hypothyroïdies séquellaires
  • Radiothérapie cervicale externe : pour Hodgkin ou cancer ORL par exemple
  • Amiodarone : par surcharge iodée = par effet Wolff-Chaikoff
  • Interféron = hypothyroïdie auto-immune retrouvée dans 30% des cas
  • Lithium (possiblement à l'origine d'un goitre euthyroïdien)
  • Anti-tyrosine kinase (thérapie anticancéreuse)
  • Produits de contraste iodés
  • Antithyroïdiens de synthèse (hypothyroïdie régressive à l'arrêt)
  • Pour l'iode 131 et la radiothérapie cervicale : l'hypothyroïdie survient parfois plusieurs années après : surveillance par dosage de TSH 1x/an

Autres causes

  • Thyroïdite infectieuse (parasitaire, bactérienne)
  • Thyroïdite de Reidel (thyroïdite fibreuse compliquant parfois un Hashmioto)

Carence en iode

Généralités

1ère cause d’hypothyroïdie dans le monde = « zones d’endémie goitreuse »

  • Devenue très rare en Europe (car iode dans le sel de cuisine)
  • Zones à risque : montagnes (Népal, Vosges, « crétin des Alpes ») et Afrique centrale

Clinique

  • Syndrome d’hypothyroïdie classique : hypométabolisme + infiltration
  • Goitre = ancien et homogène ± remaniements nodulaires

Paraclinique

Bilan thyroïdien = TSH augmentée / baisse de T4 plus prononcée que la baisse de T3 / iodurie des 24h diminuée

Hypothyroïdie congénitale

Maladie endocrinienne la plus fréquente de l’enfant (touche 1/3500 naissances)

étiologies

  • Dysgénésie thyroïdienne (80% des cas) = ectopie thyroïdienne / athyréose
  • Avec "glande en place" : hypoplasie de la thyroïde, goitre par troubles de l'hormonogenèse
  • Rarement : hypothyroïdie transitoire sur surcharge iodée maternelle (accouchement avec Bétadine..) / insuffisance antéhypophysaire

Diagnostic

  • Tableau clinique progressif dès les premiers jours de vie :
  • Dépistage obligatoire à J3 = test de Guthrie avec mesure de la TSH (donc ne dépiste que les hypothyroïdies primaires et pas les exceptionnelles formes centrales)
  • En cas d'hypothyroïdie sur surcharge iodée : l'échographie retrouve thyroïde en place ou une discrète augmentation de volume / scintigraphie à l'iode 123 : goitre modéré, hyperfixant en précoce, avec un test au perchlorate positif
  • Initialement ictère prolongé / constipation / hypotonie / pleurs rauques / difficultés à la succion / fontannelles larges (en postérieur ++) / hypothermie
  • En l'absence de traitement : retard psychomoteur profond (irréversible) / ostéodystrophie avec retard de croissance / retard statural (avec âge osseux inférieur à l'âge statural lui-même inférieur à l'âge chronologique)

  • Causes génétiques
  • Dysgénésie : la scintigraphie à l'iode 123 montre une absence de tissu de la bouche au médiastin en cas d'agénésie / elle retrouve un tissu de faible contraste en cas d'hypoplasie thyroïdienne / on observe une fixation localisée hors de la loge thyroïdienne en cas d'ectopie / en échographie : examen moins sensible, peut retrouver du tissu dystrophique (nodules, kystes) en cas d'hypoplasie
  • Troubles de l'hormonogenèse : la scintigraphie retrouve un goitre hyperfixant au temps précoce, avec diminution de la fixation en iode 123 après administration de perchlorate / en échographie : on observe un goitre eutopique ± volumineux

Syndrome de résistance généralisée aux hormones thyroïdiennes

Très rare / sans goitre / TSH, T4L & T3L élevées

Causes centrales d'hypothyroïdie

Toujours recherche d'autres déficits / faire une IRM hypophysaire

  • Clinique : pas de goitre (pas de stimulation du tissu thyroïdien par la TSH qui est effondrée) / pas d'infiltration myxœdémateuse
  • Paraclinique : diagnostic étiologique par IRM hypothalamo-hypophysaire
  • étiologies
  • Tumeur de la région sellaire (adénome, craniopharyngiome)
  • Selle turcique vide / arachnoïdocèle / apoplexie hypophysaire
  • Hypophysite lymphocytaire (en post-partum) / syndrome de Sheehan
  • Séquelles de chirurgie / antécédents de radiothérapie, méningite, traumatisme crânien
  • Pathologie infiltrative : hémochromatose… / génétique : déficit de l'ontogenèse pituitaire

Maladies infiltratives (rares)

Tuberculose / sarcoïdose / amylose / hémochromatose…

COMPLICATIONS

Complications de l’insuffisance thyroïdienne

Formes neuromusculaires (cf item 108)

  • Syndrome d'apnées obstructives du sommeil : ronflements / somnolence diurne / céphalées matinales / syndrome métabolique
  • Etat dépressif / syndrome confusionnel ou démence (chez le sujet âgé ++)
  • Myopathie proximale (CPK élevées)

Complications cardio-vasculaires

Insuffisance coronaire

  • Fréquente car même terrain : âge / dyslipidémie / hypertension artérielle
  • Souvent asymptomatique car baisse du débit cardiaque par hypométabolisme
  • A rechercher = ECG systématique devant toute hypothyroïdie
  • La coronaropathie est alors « démasquée » par l'hormothérapie substitutive

Péricardite myxœdémateuse

  • Rare / en général bien tolérée : asymptomatique
  • Rarement compliquée tamponnade s'il s'agit d'une forme évoluée
  • Diagnostic par échographie transthoracique / ± épanchement pleural ou péritonéal associé

Atteinte fonctionnelle

  • Modification de l'activité et du métabolisme du muscle cardiaque : baisse de fréquence cardiaque, baisse de la force contractile (baisse de l'action chronotrope et inotrope positive)
  • Insuffisance cardiaque et troubles du rythme ventriculaires rarement

Coma myxœdémateux

Exceptionnel désormais mais grave : 50% de mortalité…

Terrain

  • Typiquement chez une femme âgée non traitée +++ / avec une hypothyroïdie profonde / volontiers en hiver
  • Rechercher un facteur déclenchant = chute / chirurgie / infection / sédatif

Examen clinique

  • Signes généraux : hypothermie sévère / hyponatrémie sévère / bradypnée
  • Signes cardiologiques : bradycardie + hypotension artérielle (voire choc)
  • Signes neurologiques : syndrome confusionnel / convulsions / coma calme, hypotonique / réflexes ostéo-tendineux lents, décomposés / sans signe de localisation

Examens complémentaires

Aucun ne doit faire retarder le traitement : ECG / TSH – T4L en urgence

  • Anémie / hyponatrémie marquée (de dilution) / augmentation des CPK (rhabdomyolyse) / hypoglycémie
  • Electroencéphalogramme / ponction lombaire : retrouve une hyperprotéinorachie inconstante
  • + bilan infectieux : hémocultures + examen cytobactériologique des urines

Diagnostic différentiel

Devant hypothermie + hypotension : évoquer un choc septique

  • Myxœdème possiblement accompagné d'une insuffisance surrénale aiguë
  • Syndrome de basse T3 : en cas de pathologie grave et évolutive / baisse de T3 ± suivie de la baisse de T4-TSH selon la gravité

Pathologies auto-immunes associées : recherche de polyendocrinopathie

Rechercher une polyendocrinopathie devant toute hypothyroïdie (Hashimoto et atrophique notamment)

Polyendocrinopathie auto-immune de type 1 (rare) : de transmission autosomique récessivePolyendocrinopathie auto-immune de type 2 (fréquente) : de transmission autosomique dominante
Hypoparathyroïdie (80%) Insuffisance surrénale (70%) Candidose diffuse (70%) Alopécie (30%) Autres: Biermer, diabète, dysthyroïdieInsuffisance surrénale (100%) Dysthyroïdie (70%) Diabète de type 1 (50%) Vitiligo / Biermer / ovarite auto-immune Connectivites (lupus, polyaryhrite rhumatoïde, etc.)

Syndrome de Schmidt

  • Hypothyroïdie + insuffisance surrénale chronique auto-immune (dans le cadre d'une polyendocrinopathie auto-immune de type 2)
  • Recherche de signes d'insuffisance surrénale chronique devant toute hypothyroïdie : mélanodermie notamment

TRAITEMENT

Prise en charge

Ambulatoire hors complication / hospitalisation pour le sujet âgé ou coronarien

HORMONOTHERAPIE SUBSTITUTIVE ( opothérapie )

Indications

Hypothyroïdie patente de l’adulte

Indication formelle à une hormonothérapie substitutive

Hypothyroïdie infraclinique (« hypothyroïdie frustre »

  • TSH > 10 mUI/L et/ou anticorps anti-TPO positif  › hormonothérapie indiquée
  • A discuter si TSH < 10 mais présence d'anticorps, de signes cliniques, d'une hypercholestérolémie
  • TSH entre 4-10 et anticorps anti-TPO négatif / sans risque cardiovasculaire › TSH à 6 mois puis 1 fois par an

Si désir de grossesse  › traiter dès que TSH ≥ 3mUI/l 

Chez l’enfant

Urgence absolue / Lévothyrox® dès que possible

Modalités : hormones thyroïdiennes de synthèse

  • L-Thyroxine (L-T4 / Lévothyrox®) orale (+ forme buvable : L-Thyroxine® / forme intraveineuse en cas de coma myxoedémateux ou impossibilité à avaler)
  • Posologie = 1-1,5μg/kg/jour en général / en 1 prise le matin / à jeun / A VIE
  • Le traitement par T3 existe (seul : Cynomel® ou associé à de la T4 : Euthyral®) mais il n'existe que de rares indications

Objectif du traitement :

Évaluation sur la TSH seule ++

  • Norme : < 4 mUI/L / mais obtenue entre 0,5 et 2,5 mUI/L chez la majorité des sujets
  • En situation standard : objectif de TSH entre 0,5 et 2,5 mUI/L
  • En cas de coronaropathie non contrôlée, chez des sujets très âgés : ne pas avoir une TSH normale, la stabiliser autour de 10 mUI/L selon la tolérance / si coronaropathie, on traite d'abord les lésions puis on normalise la TSH
  • Chez une femme enceinte : objectif de TSH inférieure à 2,5 mUI/L

Objectifs en cas d'insuffisance thyréotrope

  • TSH effondrée dans tous les cas › Surveillance sur la T4L qui doit être dans le milieu ou le 1/ 3 supérieur de la normale + T3L dans la normale

Introduction et adaptation posologique

  • Posologie initiale de 1-1,5 µg / kg / jour (soit 50-150 µg/j) (sauf sujet coronarien ou de plus de 70 ans)
  • Sujet coronarien, à risque ou patient très âgé : posologie initiale de 12,5 à 25 µg/jour / augmentation progressive par paliers toutes les 2-3 semaines jusqu'à obtention de dose théoriquement efficace

Risque d'autant + élevé de démasquer une coronaropathie qu'hypothyroïdie profonde et ancienne

  • Surveillance adaptée au risque :
  • En cas de d'hypothyroïdie frustre : besoins inférieurs entre 25 et 75 µg/j
  • Education du patient âgé ou coronarien stable : consulter si douleurs thoraciques / ECG 1 fois par semaine chez le coronarien grave si possible
  • Patient coronarien récent ou non contrôlé : hospitalisation pour surveillance clinique + ECG 1 fois par jour durant l'instauration du traitement
  • Parfois bêtabloquants utilisés en association avec la lévothyroxine

Prévention du surdosage chronique car risques osseux et cardiovasculaire ++

Absorption de la L-thyroxine

Influencée par l'horaire de prise / la galénique / les interactions ± éventuelle malabsorption

Horaire de prise fixe / la galénique ne doit pas être modifiée une fois l'équilibre de TSH atteint / éviter les substances diminuant l'absorption : sulfate de fer, carbonate de calcium, hydroxyde d'aluminium, cholestyramine…

Métabolisme :

influencé par les interactions / la grossesse / l'âge

  • Grossesse (besoins augmentés de 30-50%) / âge (besoins diminuent)
  • Substances augmentant la clairance de la T4 : phénobarbital / carbamazépine / rifampicine / phénytoïne / sertraline / chloroquine… pilule estro-progestative (diminue la fraction libre de T4 par l'augmentation de la liaison à la TBG)

Hypothyroïdie néonatale

  • L-thyroxine à ≥ 10 µg/kg quotidiennement
  • Traitement précoce (en 12-15 jours après la naissance) : évite retard mental, troubles de croissance…

Toujours traiter insuffisance surrénalienne avant substitution T4 (risque d'insuffisance surrénale aiguë)

éducation du patient

  • éducation thérapeutique : le traitement est A VIE / ne jamais arrêter
  • Interactions médicamenteuses (pansements gastriques / inducteurs enzymatiques...)
  • Signes d’alarme et conduite à tenir en cas d’urgence / auto-surveillance
  • Contraception efficace / pas de procréation tant que pas d'équilibre de la thyroïde
  • Causes de déséquilibre de l'hypothyroïdie : défaut d'observance / posologie inadaptée / changement de galénique / prise de substance associée / malabsorption / grossesse
  • Port d’une carte d’hypothyroïdien (avec posologie de l'hormonothérapie)
  • Expliquer les signes annonçant une complication ou un mauvais équilibre, la conduite à tenir
  • Avertir sur l'automédication / thé, café à prendre à distance du médicament

Traitement des complications

Traitement des complications associées

  • Dyslipidémie : pas de traitement si correction après hormonothérapie
  • Anémie : supplémentation martiale + folates orales jusqu’à correction
  • Si sujet âgé coronarien : introduction ou majoration d’un traitement (bêtabloquants)

Coma myxœdémateux

Mise en condition

  • Urgence thérapeutique / pronostic vital engagé
  • Hospitalisation en réanimation / pose de voie veineuse périphérique / monitoring cardio-tensionnel / libération des voies aériennes supérieures

Traitement curatif en urgence

  • Hormonothérapie parentérale : L-Thyroxine en IVSE puis relais oral
  • Prévention d’une décompensation en insuffisance surrénale aiguë › discuter l'hydrocortisone en IVSE

Traitement symptomatique

  • Expansion volumique avec objectif de pression artérielle moyenne ≥ 65 mmHg
  • Rééquilibration hydro-électrolyique (hyponatrémie)
  • Réchauffement progressif externe
  • Oxygénothérapie pour saturation en oxygène supérieure à 95%

Traitement étiologique

  • Recherche et traitement du facteur déclenchant
  • Exemples : traitement d’une infection / arrêt de médicament / rechercher un infarctus du myocarde, une insuffisance cardiaque…c

Mesures associées

  • Prise en charge à 100% au titre des affections longue durée
  • Port d’une carte d’hypothyroïdien
  • Proposer adhésion à une association de malades

Surveillance

Clinique

  • Fréquence des consultations : médecin traitant 1 fois par an A VIE
  • Régression du syndrome d’hypothyroïdie / complications du traitement
  • Comorbidités auto-immunes (au moins cliniquement)

Paraclinique

TSH à +6-8 semaines après le début du traitement (ou 6-8 semaines après posologie efficace si traitement progressif)

Une fois l'objectif de TSH atteint : contrôle TSH à 6 mois puis 1 fois par an

Dysthyroïdie & grossesse

Peut survenir même chez une femme euthyroïdienne

Doser systématiquement la TSH chez la femme enceinte si facteurs de risque de dysthyroïdie

  • Antécédents personnels ou familiaux de dysthyroïdie, auto-immunité, de traitement à risque thyroïdien
  • Signes morphologiques : goitre, nodule thyroïdien / signes fonctionnels
  • Antécédents obstétricaux : infertilité, fausse couche, menace d'accouchement prématuré

Prévention d’une hypothyroïdie au cours de la grossesse

  • Les besoins en iode augmentent au cours de la grossesse / allaitement (à 200µg/jour) car utilisation des hormones thyroïdiennes de la mère par le fœtus
  • Carence iodée + stimulation de la thyroïde par hCG & TSH › entraîne une hyperplasie de la thyroïde (goitre) / parfois hypothyroïdie maternelle entraînant une hypothyroïdie fœtale
  • Conduite à tenir : dépister des carences en iode (enquête alimentaire) / dépister un goitre / supplémentation iodée et/ou mesures alimentaires

Hypothyroïdie lors de la grossesse

  • Si hypothyroïdie connue avant la grossesse
  • Si hypothyroïdie non connue : précocité du diagnostic et de la prise en charge
  • Préparer et programmer la grossesse / prise en charge multidisciplinaire
  • Grossesse nécessite une normalisation stricte de la TSH (< 2,5 mUI/l)
  • Augmentation posologique de 25-50% du traitement substitutif dès que la grossesse est connue
  • Objectif : obtenir une T4L normale et TSH dans la 1/2 inférieure de la normale
  • Surveillance de la TSH toutes les 4-6 semaines / objectif de TSH < 2,5
  • Surveillance régulière / allaitement possible
  • Diagnostic sur signes cliniques ou biologiques
  • Bilan étiologique / mise en place d'une hormonothérapie substitutive à dose supposée efficace d'emblée / objectif TSH < 2,5 le + rapidement possible

Dépistage de l'hypothyroïdie frustre

Population générale

Jamais de manière systématique : Dépistage ciblé

  • Femme de plus de 60 ans avec antécédents thyroïdiens
  • Présence d'anticorps antithyroïdiens
  • Antécédents de chirurgie ou d'irradiation thyroïdienne ou cervicale
  • Traitements à risque thyroïdien (amiodarone, lithium, interféron, autres cytokines)

Chez la femme enceinte

  • Signes cliniques évocateurs (goitre…)
  • Contexte auto-immun (diabète de type 1…)
  • Contexte thyroïdien ou familial : antécédents personnels ou familiaux de dysthyroïdie, intervention chirurgicale sur la thyroïde, notion d'élévation des anticorps antithyroïdiens
  • Probablement associée à une augmentation du risque d'hématome rétro-placentaire, de prématurité, de détresse respiratoire néonatale / mais pas d'altération des fonctions cognitives ou développement psychomoteur de l'enfant (différent de l'hypothyroïdie patente)

Fœtus

Pas de thyroïde fœtale fonctionnelle au 1e trimestre : le fœtus dépend de la mère pour développement du système nerveux central › ± entraîne des troubles du développement neuro-intellectuel (discuté) / hypotrophie

Biologie chez la femme enceinte non malade

  • A T1 : TSH diminuée et T4L normale ou légère augmentation physiologique
  • Puis : TSH redevient normale et T4L basse ou normale (toujours interpréter les 2)