- Endoc-nutrition
- UE 8
- Item 238
Important
Hypoglycémie chez l'adulte et l'enfant
Diagnostiquer une hypoglycémie
Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge
Définition
Hypoglycémie (triade de Whipple)
- Constatation simultanée de signes neuroglucopéniques et d’une glycémie basse
- Correction des symptômes lors de la correction de la glycémie (après resucrage)
- En pratique, valeurs seuils (mais ne suffisent pas au diagnostic positif !)
- Chez le non-diabétique : glycémie ≤ 0.50 g/L (2.8 mM) (et en présence de signes neuroglucopéniques avec toute glycémie entre 0,50 et 0,65 g/L)
- Chez le diabétique : glycémie ≤ 0.60 g/L (3.3 mmM)
- Chez le nouveau-né : glycémie ≤ 0.40 g/L au cours des 48h premières h de vie
En effet la glycémie physiologique d'une femme après 72 heures de jeûne peut arriver à 0,30 g/L donc dépend du contexte et de la clinique
- Hypoglycémie sévère se définit par une hypoglycémie nécessitant l'intervention d'un tiers pour la corriger
Physiopathologie
Régulation de la glycémie
- Objectifs de régulation : 0,6-0,9 g/L à jeun / 1,2 à 1,3 g/L après les repas
- Insuline : principal facteur hypoglycémiant (augmente après les repas, diminue après le jeûne)
- Facteurs de croissance de type IGF-1, IGF-2 : ils présentent un effet hypoglycémiant seulement pour des concentrations très élevées (à doses pharmacologiques, ou tumorales)
- Hormones à effet hyperglycémiant : glucagon / hormone de croissance (GH) / catécholamines / cortisol / ± somatostatine
Mécanismes de l'hypoglycémie
- Sécrétion inappropriée d'insuline
- Défaut de sécrétion d'hormones hyperglycémiantes (GH, cortisol)
- Déficit de néoglucogenèse (insuffisance hépatocellulaire, insuffisance rénale chronique sévère) ou déficit en substrat (cachexie)
- Régulation : par le glucagon, adrénaline, GH qui sont sécrétées si la glycémie devient inférieure à 0,65 g/L / le cortisol est sécrété si la glycémie est inférieure à 0,60 g/L / les 1e symptômes apparaissent dès que la glycémie descend en-dessous de 0,55 g/L et les troubles cognitifs dès que la glycémie descend en-deçà de 0,35 g/L
- En cas d'hypoglycémies répétées (chez le diabétique surtout) : les seuils de sécrétion des hormones de contre-régulation sont alors abaissés, avec des symptômes neurovégétatifs retardés et des symptômes neurologiques au 1e plan
étiologies
Hypoglycémies fonctionnelles : postprandiales
Idiopathiques
- Chez un sujet anxieux / en post-prandial tardif (après 3-4 heures) de repas riche en glucides simples ou d'index glycémique élevé / signes adrénergiques / rarement inférieure à 0,6g/L
- Mais validité du diagnostic remis en cause, souvent confondu avec malaise vagal
- Prise en charge : mesures hygiéno-diététiques avec baisse des glucides à index glycémique élevé + fractionnement des repas
En post-chirurgie digestive = dumping syndrome
- Intervention accélérant la vidange gastrique (entraîne une absorption rapide des nutriments / avec pic d'insuline précoce)
- Exemples : gastrectomie / gastro-entérostomie / gastro-jéjunostomie/ by-pass
Hypoglycémies IATROGENES et TOXIQUES
Alcool +++
Doser systématiquement la glycémie chez un sujet alcoolique avec des troubles de conscience ++
Traitement antidiabétique +++
- Insulinothérapie et antidiabétiques oraux : pour les molécules insulinosécrétrices (sulfamides+++, glinides)
- Rechercher une prise cachée de médicaments (mise en évidence à l'épreuve de jeûne, au dosage sulfamide-glinide…)
- Rechercher une interaction médicamenteuse ++ (inhibiteurs enzymatiques)
- Surdosage de sulfamides hypoglycémiants sur insuffisance rénale – insuffisance hépatique avec baisse des apports alimentaires
- Intoxication médicamenteuse volontaire (à l'insuline ++)
Quinine et dérivés (fluoroquinolones, anti-arythmiques quinidiniques...)
- Dérivés de l'artémisine (Artémether-luméfantrine = Riamet®) / gatifloxacine…
- A toujours évoquer en priorité devant troubles neurologiques dans un paludisme traité (en effet l'hypoglycémie toxique est + fréquente que le neuro-paludisme)
Bétabloquants (à forte dose)
Par inhibition adrénergique : inhibition de la glycogénolyse et de la lipolyse
Masquent le syndrome neuro-végétatif : syndrome neuroglucopénie comme seuls signes de l'hypoglycémie
Autres
- Salicylés à forte dose (chez l’enfant ++) / dextropropoxyphène / D-pénicillamine
- Pentamidine / indométacine / glucagon / cibenzoline
- Indométacine / inhibiteurs de la mono-amine oxydase…
- Autres toxiques : Mort au rat / fruit de l’Ackee d’Afrique ou de Jamaïque
Hypoglycémies ORGANIQUES
Les plus rares mais aussi les plus graves
Avec hyperinsulinisme
- Insulinome
- Hyperinsulinisme du nouveau-né, né de mère diabétique
- Hyperinsulinisme post-bypass gastrique (!! Mécanisme différent du dumping syndrome)
- Nésidioblastose (hyperplasie des cellules bêta de Langerhans : très rare)
- Tumeur volumineuse sécrétant de l'IGF-2
- Hypoglycémie auto-immune : anticorps anti-insuline relâchant l’insuline la nuit / contexte auto-immun ou syndrome paranéoplasique du myélome
- Adénome des cellules bêta de Langerhans (bénin dans 90% des cas)
- Cause la + fréquente d’hypoglycémie organique
Sans hyperinsulinisme
- Déficit en cortisol : insuffisance surrénale (périphérique) ou corticotrope (central)
- Panhypopituarisme / insuffisance somatotrope (la GH est hyperglycémiante)
- Insuffisance hépatocellulaire sévère : risque d'hypoglycémie si le TP est inférieur à 30% (forme sévère) ± associé à une encéphalopathie hépatique (en réanimation surtout ++)
- Déficit de néoglucogenèse : insuffisance rénale chronique sévère ou terminale/ insuffisance hépatique aiguë / intoxication alcoolique chronique (± aiguë) / carence d'apport (anorexie, malnutrition) / sepsis sévère (sur accès palustre ++)/ acidose lactique/ anomalies de la néoglucogenèse (glycogénoses)
Cas particulier : causes d'hypoglycémies chez le diabétique
- Jeune prolongé avec mauvaise adaptation du traitement / erreur diététique
- Retard d'alimentation par rapport à la prise du traitement
- Erreur de dose-d'injection d'insuline
- Activité physique prévue ou non / alcool
- Nouveau traitement ou arrêt d'un traitement (fréquentes à l'introduction de corticoïdes)
- Souvent pas de cause claire identifiée
- Hypoglycémies d'autant + fréquentes que le patient est proche des objectifs (HbA1c < 7%)
- Et/ou existence de comorbidités : insuffisance rénale / insuffisance hépatocellulaire / neuropathie végétative & gastroparésie / âge / diabète très déséquilibré depuis plusieurs mois...
Diagnostic positif
Dogme
- Tout trouble de la vigilance ou signe neurologique doit faire rechercher une hypoglycémie
- DEXTRO au moindre doute ++++
Examen clinique
Syndrome neuro-végétatif
Souvent pris en défaut ou confondu avec malaise vagal : signes peu discriminants pour le diagnostic
Signes adrénergiques (6)
- Sont liés à la synthèse de catécholamines pour la compensation de l’hypoglycémie / signes brutaux, favorisés par le jeûne et l'exercice
- Sueurs / pâleur / tremblements / moiteur / nausées
- Anxiété / irritabilité / sensation de chaleur
- Palpitations / tachycardie (voire angor)
Ce syndrome peut être absent si
- Neuropathie végétative du diabétique (+++) / Prise de bêta-bloquants
- Hypoglycémies à répétition (« insensibilisation »)
Remarque: jamais de signes neurologiques
Syndrome neuro-glucopénique
Glucopénie cérébrale: perte de compensation efficace
Tableau neurologique polymorphe +++
- Signes généraux : céphalées / asthénie intense / sensation de froid
- Irritabilité / signes psychiatriques / fatigue inhabituelle/ faim douloureuse
- Signes ophtalmoplégiques : diplopie / vision trouble / troubles de l'accommodation
- Signes sensitivo-moteurs : hémiplégie transitoire / paresthésies péribuccales
- Troubles de la concentration / troubles de l’élocution / syndrome confusionnel ± coma / crise comitiale généralisée ou focale
- Syndrome cérébelleux / troubles du comportement
- Signes généralement similaires d'un épisode à l'autre chez un même patient
Coma hypoglycémique (score de Glasgow inférieur ou égal à 8)
- Installation souvent brutale / parfois progressive
- Sueurs profuses / signe de Babinski bilatéral
- Coma « agité » ± crises comitiales
- Pas de signes de localisation +++
- Mais signes d'irritation pyramidale souvent
- Signes d’hypothermie
Réversibilité rapide après resucrage
Examens complémentaires
- Glycémie capillaire en 1ère intention
- Glycémie veineuse : pour confirmation
- Résultat L0 : signe une glycémie inférieure à 0,1 g/L
- Résultat HI : très en faveur d'une hyperglycémie ++ (mais possible interférence si prise de vitamine C à forte dose)
- Hypoglycémie si glycémie < 0.5g/L (< 2.8mM)
Diagnostics différentiels
- Malaise vagal : bradycardie, glycémie normale ++
- Attaque de panique : glycémie normale ++
Traitement / conduite à tenir
Si syndrome neuro-végétatif isolé
Patient calme et conscient › Prise en charge ambulatoire
- Resucrage per os : sucre ou boisson sucrée : 15 grammes de glucides par voie orale d'index glycémique élevé (3 morceaux de sucre (15g)) immédiatement
- Favoriser les aliments liquides et froids pour une meilleure efficacité
- Puis glucide à index glycémique faible : sucre lent : pain ++ (prévention d’une récidive)
Si syndrome neuro-glucopénique
Patient conscient mais confus / agité ou signe neurologique
Mise en condition
- Urgence thérapeutique / libération des voies aériennes et position latérale de sécurité si troubles de la conscience
- Arrêt des médicaments sauf insuline du diabétique : adaptation
- Prélèvement veineux en urgence pour glycémie + peptide C
Administration de glucose
- Injection 2 ampoules 50mL G30 en intraveineuse directe (10 mL de G30 : 3 g de glucose)
- Puis perfusion G10 en intraveineuse lente › Maintenir la glycémie autour de 1.5 – 2g/L
- Chez le nourrisson : G10% 2 mL/kg / chez l'enfant : 5 grammes de sucre administrés par 20 kilogrammes de poids
Administration de glucagon : 1-2mg en sous-cutanée ou intramusculaire
En pratique
- Glucagon surtout si G30 intraveineux direct impossible (pas de voie veineuse disponible) / stimule la glycogénolyse
- Si patient agité / possible au domicile (intramusculaire faite par la famille)
Glucagon contre indiqué (inefficace) si :
- Hypoglycémie alcoolique ou sur insuffisance hépatocellulaire (pas de glycogène = inutile)
- Hypoglycémie sous antidiabétiques oraux (effet insulino-sécréteur initial du glucagon)
- Glycogénose, hypoglycémie au jeûne prolongé
Surveillance
Glycémie capillaire horaire / arrêt des facteurs favorisants si possible
Si patient inconscient - coma hypoglycémique
Mise en condition
- Hospitalisation en réanimation / URGENCE vitale / pose de voie veineuse périphérique
- Mise en position latérale de sécurité + libération des voies aériennes supérieures (canule de Guedel)
- Prélèvement veineux en urgence pour glycémie + peptide C
Administration de glucose
Contre-indication au resucrage oral (risque de fausse route)
Injection d'1 ampoule de 30-50mL G30 en intraveineux direct (G10 2 mL/kg chez le nourrisson / G30 10 mL pour 20 kg de poids chez l'enfant / G30 10-30 mL chez l'adolescent)
Administration de glucagon
- Si abord veineux impossible (convulsion) ou dans l'attente des secours
- 1-2mg en intramusculaire ou sous-cutanée (ou 0,3 mg/kg chez le nouveau-né)
- Respect des contre-indications (traitement par antidiabétiques oraux…)
Surveillance
Glycémie capillaire horaire / arrêt des facteurs favorisants si possible
Diagnostic et traitement étiologique
éducation du patient
- Pas d’automédication (AINS)
- Auto-surveillance glycémique / auto-adaptation de l’insuline
- Conduite à tenir en cas de signes de malaise hypoglycémique
Reprendre le traitement antidiabétique
- Diminuer la dose de sulfamides ou d’insuline
Remarque : Si hypoglycémie sous insuline : NE PAS arrêter l’insuline › Poursuite avec adaptation posologique / car risque d’acidose
Diagnostic étiologique
Seulement après resucrage : ne doit jamais retarder le traitement
1. Interrogatoire
› Éliminer une étiologie iatrogène ou toxique
- Alcool à toujours évoquer ± dosage alcoolémie si doute
- Diabète / si oui: rechercher insulinothérapie ou sulfamides/ heure du repas
- Prise médicamenteuse : bêtabloquants / quinine / potentialisateurs des sulfamides...
2. Si hypoglycémie non iatrogène
Fonctionnel ou organique ? (démarche moins utile depuis la remise en cause des hypoglycémies fonctionnelles)
Rechercher des antécédents personnels et familiaux
- Adénome hypophysaire / insuffisance hépatocellulaire / insuffisance surrénale ou corticotrope/ néoplasie endocrine multiple de type 1 ou 2…
- Si suspicion d’insuffisance surrénale : test au Synacthène avant épreuve de jeune
Bilan biologique simple
- Elimine les causes organiques sans hyperinsulinisme
- Bilan hépatique, rénal, bilan hormonal (recherche d'insuffisance surrénale), albumine
Orientation clinique
Hypoglycémie fonctionnelle | Hypoglycémie organique | |
---|---|---|
Terrain | Terrain anxieux Hypoglycémies anciennes | Prise de poids récente Rechercher de néoplasie endocrine multiple |
Survenue | Post-prandial tardif Jamais pendant le jeune | Après un effort A jeun ++ (fin de nuit ou saut repas) |
Clinique | Syndrome neuro-végétatif Jamais de syndrome neuro-glucopénique | Syndrome neuro-végétatif Syndrome neuro-glucopénique voire coma d’emblée possible La triade de Whipple est évocatrice d’une cause organique |
Glycémie | Lors du malaise › normale ou un peu diminuée à jeun › normale | Lors du malaise › fortement diminuée à jeun › diminuée |
Epreuve de jeune = confirmation étiologique +++
Modalités pratiques (3×2)
Maintenir le patient à jeun pendant 72 heures (eau autorisée)
- Mise en condition
- Bilan biologique
- Surveillance
- Hospitalisation en endocrinologie
- Pose de voie veineuse périphérique avec G10 prêt à être perfusé
- Au début puis 1 fois toutes les 4 heures / si malaise ou dextro < 0.5g/L
- Glycémie veineuse / insulinémie / peptide C (reflet de la synthèse endogène)
- Clinique + glycémie capillaire régulière (horaire)
- ARRET si neuroglucopénie ou glycémie < 0.40 g/L
Résultats
épreuve de jeune
- Clinique : bien supportéeBilan insulinique adapté : Insulinémie et Pep C effondrés
- Clinique : MAL supportéeBilan insulinique non adapté
- HypoG fonctionnelle
- HypoG organique
- Insulinémie et peptide C augmentés — Dosage Sulfamides | Hypogycémiants sg + urines • Si Positif › Prise cachée de SH • Si Negatif › Faire echo-endo pancréatique +/- TDM ou IRM Abdo › INSULINOME
- Insulinémie augmente mais Peptide C diminue — Prise cachée d'insuline
En cas d'insulinome avéré
Généralités
- 1e cause tumorale même si reste rare (moins de 5 cas pour 1 million d'habitants)
- Souvent insulinome isolé / dans 5% des cas : s'inscrit dans une néoplasie endocrine multiple de type 1 (volontiers multiple)
- Maligne dans 10% des cas (le seul argument formel de malignité d'un insulinome est la présence de métastases)
- Petite taille : 90% de moins de 2 cm et 30% de moins de 1 cm (diagnostic topographique ± difficile)
Clinique
- Episodes d'hypoglycémies parfois très épisodiques / adulte jeune
- Signes de neuro-glucopénie peu marqués / signes adrénergiques au 1e plan
- Diagnostic souvent retardé / épisodes glycémiques + volontiers à jeun ou à l'effort / prise de poids chez 30% des patients (resucrage des épisodes)
- A l'épreuve de jeûne : retrouve une hypoglycémie avec insulinémie et peptide C augmentés ou non diminués (+ absence de sulfamides dans le sang / corps cétoniques non augmentés)
- Devant triade de Whipple + glycémie inférieure à 0,45 g/L simultanée avec une insulinémie ≥ 3 mUI/l et peptide C ≥ 0,6 ng/L › confirme le diagnostic d'hypoglycémie par sécrétion inappropriée d'insuline (en l'absence de prise de sulfamide)
Examens complémentaires
- Echo-endoscopie pancréatique / TDM coupes fines / IRM abdominale
- Octréoscanner (TDM abdominale + scintigraphie à la somatostatine : intérêt dans le diagnostic uniquement si positif / n'élimine pas le diagnostic si négatif)
- Scintigraphie des récepteurs du GLP-1 : intéressant en contexte néoplasie endocrinienne multiple (pas disponible en France actuellement)
- Petit nodule, plutôt dans les ilots (donc plutôt situé dans le corps ou la queue du pancréas) / doit toujours être fait en préopératoire pour ne pas manquer des tumeurs multiples
- Si échec : dosage étagé de l’insuline dans les veines efférentes du pancréas
- Sinon : recours à la chirurgie (exploration chirurgicale par cœlioscopie ou laparotomie)
- Rechercher une néoplasie endocrinienne multiple ou un autre cadre pathologique (± dépistage familial)
Traitement
- Exérèse chirurgicale : énucléation simple ou pancréatectomie gauche ou duodéno-pancréatectomie totale
- Diazoxide (traitement médical en 1e intention)
- Analogues de la somatostatine (à réponse inconstante, ± aggravation des épisodes d'hypoglycémie) ou inhibiteurs de mTOR (everolimus), ou en cas d'échec ou de non-opérabilité
Autre cause d'augmentation de l'insuline et du peptide C = hypoglycémie auto-immune (très rare)
En cas de nésidioblastose : tableau similaire mais hypoglycémie survenant plutôt après les repas
Si suspicion de prise cachée
Prise cachée de sulfamides hypoglycémiants
- Contexte médical / hypoglycémie organique
- Epreuve de jeune mal tolérée et bilan insulinique = mêmes caractéristiques que l'insulinome
- Diagnostic positif : doser les sulfamides hypoglycémiants dans le sang + les urines avant bilan de l’insulinome
Prise cachée d’insuline
- Contexte médical / hypoglycémie organique / parfois traces d’injection
- Epreuve de jeune : mal tolérée, glycémie effondrée, insulinémie élevé, peptide C effondré (pas de production endogène !) et pro-insuline basse
Démarche chez le nourrisson et l'enfant
Examen clinique
Circonstances de survenue
Age/ contexte pathologique particulier / au jeûne court ou long, épisode unique ou récidives..
Orientation spécifique
- Carence en glycogène ou en substrat pour la néoglucogenèse : on retrouve alors une dénutrition sévère, une insuffisance hépatique sévère aiguë ou chronique
- Certaines tumeurs, septicémie : par augmentation de la consommation de glucose
- Tubulopathie de Fanconi-Bickel : fuite urinaire massive de glucose
- Insuffisance surrénalienne, déficit de la bêta-oxydation des acides gras : défaillance multi-viscérale
Examen paraclinique
Glycémie veineuse
Systématique / résultat ne doit pas retarder le resucrage
Au moment de l'hypoglycémie (avant resucrage)
- GH, cortisol, insuline, peptide-C
- Test au glucagon si hypoglycémie au jeûne court
Au plus proche de l'hypoglycémie (juste après resucrage)
- Lactate, ionogramme sanguin / 3-hydroxy-butyrate / IGF-1
- Profil des acylcarnitines plasmatiques (recherche un déficit de la bêta-oxydation des acides gras)
- Dosage de toxiques et médicaments selon le contexte
- Uricémie / triglycérides / transaminases / CPK
- Bandelette urinaire : recherche de cétonurie, glycosurie
- Chromatographie des acides organiques urinaires
Explorations + poussées en 2e intention
- Réalisées en services spécialisés (endocrino-pédiatrie ou métabolisque)
- En cas d'hypoglycémie au jeûne long
- En cas d'hypoglycémie au jeûne court
- Si bilan métabolique normal après un jeûne physiologique (cortisol, profil des acylcarnithines plasmatiques) › l'épreuve de jeûne est réalisable
- Durée adaptée à l'âge (maximum 24 heures)
- Dosage insuline / peptide C / cortisol / GH / profil des acylcarnithines plasmatiques / lactatémie / 3OH-butyrate / chromatographie des acides organiques urinaires pendant le jeûne ± durant l'hypoglycémie
- Cycle glycémie-lactate avant et après chaque repas et/ou une hyperglycémie provoquée par voie orale
Orientation étiologique
Hypoglycémie au jeûne court
- Evoque un hyperinsulinisme ou une glycogénose (ou panhypopituitarisme)
- Test au glucagon : 1 mg de glucagon sous-cutanée avec contrôle de la glycémie à 5, 10, 15 et 30 minutes / test positif si augmentation de la glycémie > 30 mg/dL (› signe un excès d'insuline), sinon test négatif › signe une glycogénose (surtout si hépatomégalie associée)
Hypoglycémie au jeûne long
- Evoque un déficit hormonal, un défaut de néoglucogenèse, un déficit de la bêta-oxydation des acides gras
- Cétose : si absence de cétose au jeûne long › Anormal (› oriente vers un déficit de la bêta-oxydation des acides gras) / cétose présente fortement aussi dans le déficit de néoglucogenèse
- Lactate : s'ils sont très augmentés au moment de l'hypoglycémie c'est le signe d'une anomalie primaire (déficit en fructose 1,6-bisphosphatase, glycogénose de type I) ou secondaire (déficit de la bêta-oxydation des acides gras) de la néoglucogenèse
- Selon la quantité de glucose nécessaire pour corriger l'hypoglycémie : s'il y a nécessité d'apports supra-physiologiques de glucose : implique l'excès d'un facteur hypoglycémiant
Hyperinsulinisme congénital
- Dysfonction primaire de la cellule bêta du pancréas : sécrétion inappropriée d'insuline en hypoglycémie
- Primaire (hyperinsulinisme congénital isolé) ou s'inscrivant dans un cadre syndromique (syndrome de Beckwith-Wiedemann, syndrome de Kabuki…)
à différencier d'un hyperinsulinisme transitoire à la naissance d'un enfant de mère diabétique mal équilibrée ou sur souffrance fœtale
- Hypoglycémies possibles à tout âge / parfois hypoglycémies sévères récidivantes dès les premières heures de vie ± convulsions, coma
- La glycémie doit être normalisée rapidement pour éviter des complications neurologiques (retard séquellaire chez 30% des patients)
- Si le diagnostic est fait après l'âge de 4 ans : évoquer un insulinome (même s'il exceptionnel chez l'enfant)
- Diagnostic positif
- Traitement
- Evoqué devant : hypoglycémies récurrentes sans cétose / insulinémie inadaptée au moment de l'hypoglycémie / ponctuellement corrigées par test au glucagon / besoin d'apports très élevés de glucose pour éviter rechute d'hypoglycémie
- Selon les antécédents familiaux de diabète monogénique (MODY) ou hypoglycémie, dosage d'ammoniémie, profil des acylcarnitines plasmatiques, chromatographie des acides urinaires › oriente recherche génétique
- Apports glucosés suffisants (oraux ou intraveineux) ± glucagon (ponctuel ou continu)
- Suivi au long cours par service spécialisé des maladies métaboliques
Déficit de la bêta-oxydation des acides gras
- Bêta-oxydation des acides gras : consiste en la dégradation des acides gras en substrats pour alimenter le cycle de Krebs (› ATP)
- Si déficit enzymatique : hypoglycémie en situation de catabolisme (infection, chirurgie) ou de jeûne prolongé, non compensée par la cétose
- Métabolisme énergétique cérébral : est soutenu par le glucose et les corps cétoniques / donc risque de séquelles cérébrales dans cette pathologie (± pronostic vital en jeu par atteinte multiple)
- évoquer le diagnostic rapidement pour améliorer le pronostic et éviter les récidives
- Diagnostic
- Prise en charge
- Hypoglycémie (unique, profonde) sans cétose, survenant au jeûne prolongé ou à la naissance ou lors d'une situation de catabolisme
- Autres atteintes aiguës : rhabdomyolyse aiguë parfois massive / insuffisance hépatocellulaire (± syndrome de Reye : cytolyse hépatique sans cholestase, hyperammonémie, troubles de la conscience) / trouble du rythme cardiaque, cardiomyopathie dilatée
- Diagnostic biochimique : profil des acylcarnitines plasmatiques (avec l'aide d'un spécialiste métabolicien) ± études enzymatiques, génétiques si besoin
- Urgente / probabiliste en l'attente des résultats biochimiques (= profil des acylcarnithines pour le diagnostic positif)
- Symptomatique : hyperhydratation si rhabdomyolyse…
- Spécifique : perfusion de solution glucosée pour débit glucidique important (10 mg/kg/minute chez un nouveau-né, 6mg/kg/minute chez l'enfant) / perfusion IV continue de L-carnitine 150 mg/kg/24h (favorise l'excrétion urinaire des acides gras anormalement accumulés)
- Suivi au long cours par service spécialisé des maladies métaboliques
Diagnostiquer une hypoglycémie
Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge
Définition
Hypoglycémie (triade de Whipple)
- Constatation simultanée de signes neuroglucopéniques et d’une glycémie basse
- Correction des symptômes lors de la correction de la glycémie (après resucrage)
- En pratique, valeurs seuils (mais ne suffisent pas au diagnostic positif !)
- Chez le non-diabétique : glycémie ≤ 0.50 g/L (2.8 mM) (et en présence de signes neuroglucopéniques avec toute glycémie entre 0,50 et 0,65 g/L)
- Chez le diabétique : glycémie ≤ 0.60 g/L (3.3 mmM)
- Chez le nouveau-né : glycémie ≤ 0.40 g/L au cours des 48h premières h de vie
En effet la glycémie physiologique d'une femme après 72 heures de jeûne peut arriver à 0,30 g/L donc dépend du contexte et de la clinique
- Hypoglycémie sévère se définit par une hypoglycémie nécessitant l'intervention d'un tiers pour la corriger
Physiopathologie
Régulation de la glycémie
- Objectifs de régulation : 0,6-0,9 g/L à jeun / 1,2 à 1,3 g/L après les repas
- Insuline : principal facteur hypoglycémiant (augmente après les repas, diminue après le jeûne)
- Facteurs de croissance de type IGF-1, IGF-2 : ils présentent un effet hypoglycémiant seulement pour des concentrations très élevées (à doses pharmacologiques, ou tumorales)
- Hormones à effet hyperglycémiant : glucagon / hormone de croissance (GH) / catécholamines / cortisol / ± somatostatine
Mécanismes de l'hypoglycémie
- Sécrétion inappropriée d'insuline
- Défaut de sécrétion d'hormones hyperglycémiantes (GH, cortisol)
- Déficit de néoglucogenèse (insuffisance hépatocellulaire, insuffisance rénale chronique sévère) ou déficit en substrat (cachexie)
- Régulation : par le glucagon, adrénaline, GH qui sont sécrétées si la glycémie devient inférieure à 0,65 g/L / le cortisol est sécrété si la glycémie est inférieure à 0,60 g/L / les 1e symptômes apparaissent dès que la glycémie descend en-dessous de 0,55 g/L et les troubles cognitifs dès que la glycémie descend en-deçà de 0,35 g/L
- En cas d'hypoglycémies répétées (chez le diabétique surtout) : les seuils de sécrétion des hormones de contre-régulation sont alors abaissés, avec des symptômes neurovégétatifs retardés et des symptômes neurologiques au 1e plan
étiologies
Hypoglycémies fonctionnelles : postprandiales
Idiopathiques
- Chez un sujet anxieux / en post-prandial tardif (après 3-4 heures) de repas riche en glucides simples ou d'index glycémique élevé / signes adrénergiques / rarement inférieure à 0,6g/L
- Mais validité du diagnostic remis en cause, souvent confondu avec malaise vagal
- Prise en charge : mesures hygiéno-diététiques avec baisse des glucides à index glycémique élevé + fractionnement des repas
En post-chirurgie digestive = dumping syndrome
- Intervention accélérant la vidange gastrique (entraîne une absorption rapide des nutriments / avec pic d'insuline précoce)
- Exemples : gastrectomie / gastro-entérostomie / gastro-jéjunostomie/ by-pass
Hypoglycémies IATROGENES et TOXIQUES
Alcool +++
Doser systématiquement la glycémie chez un sujet alcoolique avec des troubles de conscience ++
Traitement antidiabétique +++
- Insulinothérapie et antidiabétiques oraux : pour les molécules insulinosécrétrices (sulfamides+++, glinides)
- Rechercher une prise cachée de médicaments (mise en évidence à l'épreuve de jeûne, au dosage sulfamide-glinide…)
- Rechercher une interaction médicamenteuse ++ (inhibiteurs enzymatiques)
- Surdosage de sulfamides hypoglycémiants sur insuffisance rénale – insuffisance hépatique avec baisse des apports alimentaires
- Intoxication médicamenteuse volontaire (à l'insuline ++)
Quinine et dérivés (fluoroquinolones, anti-arythmiques quinidiniques...)
- Dérivés de l'artémisine (Artémether-luméfantrine = Riamet®) / gatifloxacine…
- A toujours évoquer en priorité devant troubles neurologiques dans un paludisme traité (en effet l'hypoglycémie toxique est + fréquente que le neuro-paludisme)
Bétabloquants (à forte dose)
Par inhibition adrénergique : inhibition de la glycogénolyse et de la lipolyse
Masquent le syndrome neuro-végétatif : syndrome neuroglucopénie comme seuls signes de l'hypoglycémie
Autres
- Salicylés à forte dose (chez l’enfant ++) / dextropropoxyphène / D-pénicillamine
- Pentamidine / indométacine / glucagon / cibenzoline
- Indométacine / inhibiteurs de la mono-amine oxydase…
- Autres toxiques : Mort au rat / fruit de l’Ackee d’Afrique ou de Jamaïque
Hypoglycémies ORGANIQUES
Les plus rares mais aussi les plus graves
Avec hyperinsulinisme
- Insulinome
- Hyperinsulinisme du nouveau-né, né de mère diabétique
- Hyperinsulinisme post-bypass gastrique (!! Mécanisme différent du dumping syndrome)
- Nésidioblastose (hyperplasie des cellules bêta de Langerhans : très rare)
- Tumeur volumineuse sécrétant de l'IGF-2
- Hypoglycémie auto-immune : anticorps anti-insuline relâchant l’insuline la nuit / contexte auto-immun ou syndrome paranéoplasique du myélome
- Adénome des cellules bêta de Langerhans (bénin dans 90% des cas)
- Cause la + fréquente d’hypoglycémie organique
Sans hyperinsulinisme
- Déficit en cortisol : insuffisance surrénale (périphérique) ou corticotrope (central)
- Panhypopituarisme / insuffisance somatotrope (la GH est hyperglycémiante)
- Insuffisance hépatocellulaire sévère : risque d'hypoglycémie si le TP est inférieur à 30% (forme sévère) ± associé à une encéphalopathie hépatique (en réanimation surtout ++)
- Déficit de néoglucogenèse : insuffisance rénale chronique sévère ou terminale/ insuffisance hépatique aiguë / intoxication alcoolique chronique (± aiguë) / carence d'apport (anorexie, malnutrition) / sepsis sévère (sur accès palustre ++)/ acidose lactique/ anomalies de la néoglucogenèse (glycogénoses)
Cas particulier : causes d'hypoglycémies chez le diabétique
- Jeune prolongé avec mauvaise adaptation du traitement / erreur diététique
- Retard d'alimentation par rapport à la prise du traitement
- Erreur de dose-d'injection d'insuline
- Activité physique prévue ou non / alcool
- Nouveau traitement ou arrêt d'un traitement (fréquentes à l'introduction de corticoïdes)
- Souvent pas de cause claire identifiée
- Hypoglycémies d'autant + fréquentes que le patient est proche des objectifs (HbA1c < 7%)
- Et/ou existence de comorbidités : insuffisance rénale / insuffisance hépatocellulaire / neuropathie végétative & gastroparésie / âge / diabète très déséquilibré depuis plusieurs mois...
Diagnostic positif
Dogme
- Tout trouble de la vigilance ou signe neurologique doit faire rechercher une hypoglycémie
- DEXTRO au moindre doute ++++
Examen clinique
Syndrome neuro-végétatif
Souvent pris en défaut ou confondu avec malaise vagal : signes peu discriminants pour le diagnostic
Signes adrénergiques (6)
- Sont liés à la synthèse de catécholamines pour la compensation de l’hypoglycémie / signes brutaux, favorisés par le jeûne et l'exercice
- Sueurs / pâleur / tremblements / moiteur / nausées
- Anxiété / irritabilité / sensation de chaleur
- Palpitations / tachycardie (voire angor)
Ce syndrome peut être absent si
- Neuropathie végétative du diabétique (+++) / Prise de bêta-bloquants
- Hypoglycémies à répétition (« insensibilisation »)
Remarque: jamais de signes neurologiques
Syndrome neuro-glucopénique
Glucopénie cérébrale: perte de compensation efficace
Tableau neurologique polymorphe +++
- Signes généraux : céphalées / asthénie intense / sensation de froid
- Irritabilité / signes psychiatriques / fatigue inhabituelle/ faim douloureuse
- Signes ophtalmoplégiques : diplopie / vision trouble / troubles de l'accommodation
- Signes sensitivo-moteurs : hémiplégie transitoire / paresthésies péribuccales
- Troubles de la concentration / troubles de l’élocution / syndrome confusionnel ± coma / crise comitiale généralisée ou focale
- Syndrome cérébelleux / troubles du comportement
- Signes généralement similaires d'un épisode à l'autre chez un même patient
Coma hypoglycémique (score de Glasgow inférieur ou égal à 8)
- Installation souvent brutale / parfois progressive
- Sueurs profuses / signe de Babinski bilatéral
- Coma « agité » ± crises comitiales
- Pas de signes de localisation +++
- Mais signes d'irritation pyramidale souvent
- Signes d’hypothermie
Réversibilité rapide après resucrage
Examens complémentaires
- Glycémie capillaire en 1ère intention
- Glycémie veineuse : pour confirmation
- Résultat L0 : signe une glycémie inférieure à 0,1 g/L
- Résultat HI : très en faveur d'une hyperglycémie ++ (mais possible interférence si prise de vitamine C à forte dose)
- Hypoglycémie si glycémie < 0.5g/L (< 2.8mM)
Diagnostics différentiels
- Malaise vagal : bradycardie, glycémie normale ++
- Attaque de panique : glycémie normale ++
Traitement / conduite à tenir
Si syndrome neuro-végétatif isolé
Patient calme et conscient › Prise en charge ambulatoire
- Resucrage per os : sucre ou boisson sucrée : 15 grammes de glucides par voie orale d'index glycémique élevé (3 morceaux de sucre (15g)) immédiatement
- Favoriser les aliments liquides et froids pour une meilleure efficacité
- Puis glucide à index glycémique faible : sucre lent : pain ++ (prévention d’une récidive)
Si syndrome neuro-glucopénique
Patient conscient mais confus / agité ou signe neurologique
Mise en condition
- Urgence thérapeutique / libération des voies aériennes et position latérale de sécurité si troubles de la conscience
- Arrêt des médicaments sauf insuline du diabétique : adaptation
- Prélèvement veineux en urgence pour glycémie + peptide C
Administration de glucose
- Injection 2 ampoules 50mL G30 en intraveineuse directe (10 mL de G30 : 3 g de glucose)
- Puis perfusion G10 en intraveineuse lente › Maintenir la glycémie autour de 1.5 – 2g/L
- Chez le nourrisson : G10% 2 mL/kg / chez l'enfant : 5 grammes de sucre administrés par 20 kilogrammes de poids
Administration de glucagon : 1-2mg en sous-cutanée ou intramusculaire
En pratique
- Glucagon surtout si G30 intraveineux direct impossible (pas de voie veineuse disponible) / stimule la glycogénolyse
- Si patient agité / possible au domicile (intramusculaire faite par la famille)
Glucagon contre indiqué (inefficace) si :
- Hypoglycémie alcoolique ou sur insuffisance hépatocellulaire (pas de glycogène = inutile)
- Hypoglycémie sous antidiabétiques oraux (effet insulino-sécréteur initial du glucagon)
- Glycogénose, hypoglycémie au jeûne prolongé
Surveillance
Glycémie capillaire horaire / arrêt des facteurs favorisants si possible
Si patient inconscient - coma hypoglycémique
Mise en condition
- Hospitalisation en réanimation / URGENCE vitale / pose de voie veineuse périphérique
- Mise en position latérale de sécurité + libération des voies aériennes supérieures (canule de Guedel)
- Prélèvement veineux en urgence pour glycémie + peptide C
Administration de glucose
Contre-indication au resucrage oral (risque de fausse route)
Injection d'1 ampoule de 30-50mL G30 en intraveineux direct (G10 2 mL/kg chez le nourrisson / G30 10 mL pour 20 kg de poids chez l'enfant / G30 10-30 mL chez l'adolescent)
Administration de glucagon
- Si abord veineux impossible (convulsion) ou dans l'attente des secours
- 1-2mg en intramusculaire ou sous-cutanée (ou 0,3 mg/kg chez le nouveau-né)
- Respect des contre-indications (traitement par antidiabétiques oraux…)
Surveillance
Glycémie capillaire horaire / arrêt des facteurs favorisants si possible
Diagnostic et traitement étiologique
éducation du patient
- Pas d’automédication (AINS)
- Auto-surveillance glycémique / auto-adaptation de l’insuline
- Conduite à tenir en cas de signes de malaise hypoglycémique
Reprendre le traitement antidiabétique
- Diminuer la dose de sulfamides ou d’insuline
Remarque : Si hypoglycémie sous insuline : NE PAS arrêter l’insuline › Poursuite avec adaptation posologique / car risque d’acidose
Diagnostic étiologique
Seulement après resucrage : ne doit jamais retarder le traitement
1. Interrogatoire
› Éliminer une étiologie iatrogène ou toxique
- Alcool à toujours évoquer ± dosage alcoolémie si doute
- Diabète / si oui: rechercher insulinothérapie ou sulfamides/ heure du repas
- Prise médicamenteuse : bêtabloquants / quinine / potentialisateurs des sulfamides...
2. Si hypoglycémie non iatrogène
Fonctionnel ou organique ? (démarche moins utile depuis la remise en cause des hypoglycémies fonctionnelles)
Rechercher des antécédents personnels et familiaux
- Adénome hypophysaire / insuffisance hépatocellulaire / insuffisance surrénale ou corticotrope/ néoplasie endocrine multiple de type 1 ou 2…
- Si suspicion d’insuffisance surrénale : test au Synacthène avant épreuve de jeune
Bilan biologique simple
- Elimine les causes organiques sans hyperinsulinisme
- Bilan hépatique, rénal, bilan hormonal (recherche d'insuffisance surrénale), albumine
Orientation clinique
Hypoglycémie fonctionnelle | Hypoglycémie organique | |
---|---|---|
Terrain | Terrain anxieux Hypoglycémies anciennes | Prise de poids récente Rechercher de néoplasie endocrine multiple |
Survenue | Post-prandial tardif Jamais pendant le jeune | Après un effort A jeun ++ (fin de nuit ou saut repas) |
Clinique | Syndrome neuro-végétatif Jamais de syndrome neuro-glucopénique | Syndrome neuro-végétatif Syndrome neuro-glucopénique voire coma d’emblée possible La triade de Whipple est évocatrice d’une cause organique |
Glycémie | Lors du malaise › normale ou un peu diminuée à jeun › normale | Lors du malaise › fortement diminuée à jeun › diminuée |
Epreuve de jeune = confirmation étiologique +++
Modalités pratiques (3×2)
Maintenir le patient à jeun pendant 72 heures (eau autorisée)
- Mise en condition
- Bilan biologique
- Surveillance
- Hospitalisation en endocrinologie
- Pose de voie veineuse périphérique avec G10 prêt à être perfusé
- Au début puis 1 fois toutes les 4 heures / si malaise ou dextro < 0.5g/L
- Glycémie veineuse / insulinémie / peptide C (reflet de la synthèse endogène)
- Clinique + glycémie capillaire régulière (horaire)
- ARRET si neuroglucopénie ou glycémie < 0.40 g/L
Résultats
épreuve de jeune
- Clinique : bien supportéeBilan insulinique adapté : Insulinémie et Pep C effondrés
- Clinique : MAL supportéeBilan insulinique non adapté
- HypoG fonctionnelle
- HypoG organique
- Insulinémie et peptide C augmentés — Dosage Sulfamides | Hypogycémiants sg + urines • Si Positif › Prise cachée de SH • Si Negatif › Faire echo-endo pancréatique +/- TDM ou IRM Abdo › INSULINOME
- Insulinémie augmente mais Peptide C diminue — Prise cachée d'insuline
En cas d'insulinome avéré
Généralités
- 1e cause tumorale même si reste rare (moins de 5 cas pour 1 million d'habitants)
- Souvent insulinome isolé / dans 5% des cas : s'inscrit dans une néoplasie endocrine multiple de type 1 (volontiers multiple)
- Maligne dans 10% des cas (le seul argument formel de malignité d'un insulinome est la présence de métastases)
- Petite taille : 90% de moins de 2 cm et 30% de moins de 1 cm (diagnostic topographique ± difficile)
Clinique
- Episodes d'hypoglycémies parfois très épisodiques / adulte jeune
- Signes de neuro-glucopénie peu marqués / signes adrénergiques au 1e plan
- Diagnostic souvent retardé / épisodes glycémiques + volontiers à jeun ou à l'effort / prise de poids chez 30% des patients (resucrage des épisodes)
- A l'épreuve de jeûne : retrouve une hypoglycémie avec insulinémie et peptide C augmentés ou non diminués (+ absence de sulfamides dans le sang / corps cétoniques non augmentés)
- Devant triade de Whipple + glycémie inférieure à 0,45 g/L simultanée avec une insulinémie ≥ 3 mUI/l et peptide C ≥ 0,6 ng/L › confirme le diagnostic d'hypoglycémie par sécrétion inappropriée d'insuline (en l'absence de prise de sulfamide)
Examens complémentaires
- Echo-endoscopie pancréatique / TDM coupes fines / IRM abdominale
- Octréoscanner (TDM abdominale + scintigraphie à la somatostatine : intérêt dans le diagnostic uniquement si positif / n'élimine pas le diagnostic si négatif)
- Scintigraphie des récepteurs du GLP-1 : intéressant en contexte néoplasie endocrinienne multiple (pas disponible en France actuellement)
- Petit nodule, plutôt dans les ilots (donc plutôt situé dans le corps ou la queue du pancréas) / doit toujours être fait en préopératoire pour ne pas manquer des tumeurs multiples
- Si échec : dosage étagé de l’insuline dans les veines efférentes du pancréas
- Sinon : recours à la chirurgie (exploration chirurgicale par cœlioscopie ou laparotomie)
- Rechercher une néoplasie endocrinienne multiple ou un autre cadre pathologique (± dépistage familial)
Traitement
- Exérèse chirurgicale : énucléation simple ou pancréatectomie gauche ou duodéno-pancréatectomie totale
- Diazoxide (traitement médical en 1e intention)
- Analogues de la somatostatine (à réponse inconstante, ± aggravation des épisodes d'hypoglycémie) ou inhibiteurs de mTOR (everolimus), ou en cas d'échec ou de non-opérabilité
Autre cause d'augmentation de l'insuline et du peptide C = hypoglycémie auto-immune (très rare)
En cas de nésidioblastose : tableau similaire mais hypoglycémie survenant plutôt après les repas
Si suspicion de prise cachée
Prise cachée de sulfamides hypoglycémiants
- Contexte médical / hypoglycémie organique
- Epreuve de jeune mal tolérée et bilan insulinique = mêmes caractéristiques que l'insulinome
- Diagnostic positif : doser les sulfamides hypoglycémiants dans le sang + les urines avant bilan de l’insulinome
Prise cachée d’insuline
- Contexte médical / hypoglycémie organique / parfois traces d’injection
- Epreuve de jeune : mal tolérée, glycémie effondrée, insulinémie élevé, peptide C effondré (pas de production endogène !) et pro-insuline basse
Démarche chez le nourrisson et l'enfant
Examen clinique
Circonstances de survenue
Age/ contexte pathologique particulier / au jeûne court ou long, épisode unique ou récidives..
Orientation spécifique
- Carence en glycogène ou en substrat pour la néoglucogenèse : on retrouve alors une dénutrition sévère, une insuffisance hépatique sévère aiguë ou chronique
- Certaines tumeurs, septicémie : par augmentation de la consommation de glucose
- Tubulopathie de Fanconi-Bickel : fuite urinaire massive de glucose
- Insuffisance surrénalienne, déficit de la bêta-oxydation des acides gras : défaillance multi-viscérale
Examen paraclinique
Glycémie veineuse
Systématique / résultat ne doit pas retarder le resucrage
Au moment de l'hypoglycémie (avant resucrage)
- GH, cortisol, insuline, peptide-C
- Test au glucagon si hypoglycémie au jeûne court
Au plus proche de l'hypoglycémie (juste après resucrage)
- Lactate, ionogramme sanguin / 3-hydroxy-butyrate / IGF-1
- Profil des acylcarnitines plasmatiques (recherche un déficit de la bêta-oxydation des acides gras)
- Dosage de toxiques et médicaments selon le contexte
- Uricémie / triglycérides / transaminases / CPK
- Bandelette urinaire : recherche de cétonurie, glycosurie
- Chromatographie des acides organiques urinaires
Explorations + poussées en 2e intention
- Réalisées en services spécialisés (endocrino-pédiatrie ou métabolisque)
- En cas d'hypoglycémie au jeûne long
- En cas d'hypoglycémie au jeûne court
- Si bilan métabolique normal après un jeûne physiologique (cortisol, profil des acylcarnithines plasmatiques) › l'épreuve de jeûne est réalisable
- Durée adaptée à l'âge (maximum 24 heures)
- Dosage insuline / peptide C / cortisol / GH / profil des acylcarnithines plasmatiques / lactatémie / 3OH-butyrate / chromatographie des acides organiques urinaires pendant le jeûne ± durant l'hypoglycémie
- Cycle glycémie-lactate avant et après chaque repas et/ou une hyperglycémie provoquée par voie orale
Orientation étiologique
Hypoglycémie au jeûne court
- Evoque un hyperinsulinisme ou une glycogénose (ou panhypopituitarisme)
- Test au glucagon : 1 mg de glucagon sous-cutanée avec contrôle de la glycémie à 5, 10, 15 et 30 minutes / test positif si augmentation de la glycémie > 30 mg/dL (› signe un excès d'insuline), sinon test négatif › signe une glycogénose (surtout si hépatomégalie associée)
Hypoglycémie au jeûne long
- Evoque un déficit hormonal, un défaut de néoglucogenèse, un déficit de la bêta-oxydation des acides gras
- Cétose : si absence de cétose au jeûne long › Anormal (› oriente vers un déficit de la bêta-oxydation des acides gras) / cétose présente fortement aussi dans le déficit de néoglucogenèse
- Lactate : s'ils sont très augmentés au moment de l'hypoglycémie c'est le signe d'une anomalie primaire (déficit en fructose 1,6-bisphosphatase, glycogénose de type I) ou secondaire (déficit de la bêta-oxydation des acides gras) de la néoglucogenèse
- Selon la quantité de glucose nécessaire pour corriger l'hypoglycémie : s'il y a nécessité d'apports supra-physiologiques de glucose : implique l'excès d'un facteur hypoglycémiant
Hyperinsulinisme congénital
- Dysfonction primaire de la cellule bêta du pancréas : sécrétion inappropriée d'insuline en hypoglycémie
- Primaire (hyperinsulinisme congénital isolé) ou s'inscrivant dans un cadre syndromique (syndrome de Beckwith-Wiedemann, syndrome de Kabuki…)
à différencier d'un hyperinsulinisme transitoire à la naissance d'un enfant de mère diabétique mal équilibrée ou sur souffrance fœtale
- Hypoglycémies possibles à tout âge / parfois hypoglycémies sévères récidivantes dès les premières heures de vie ± convulsions, coma
- La glycémie doit être normalisée rapidement pour éviter des complications neurologiques (retard séquellaire chez 30% des patients)
- Si le diagnostic est fait après l'âge de 4 ans : évoquer un insulinome (même s'il exceptionnel chez l'enfant)
- Diagnostic positif
- Traitement
- Evoqué devant : hypoglycémies récurrentes sans cétose / insulinémie inadaptée au moment de l'hypoglycémie / ponctuellement corrigées par test au glucagon / besoin d'apports très élevés de glucose pour éviter rechute d'hypoglycémie
- Selon les antécédents familiaux de diabète monogénique (MODY) ou hypoglycémie, dosage d'ammoniémie, profil des acylcarnitines plasmatiques, chromatographie des acides urinaires › oriente recherche génétique
- Apports glucosés suffisants (oraux ou intraveineux) ± glucagon (ponctuel ou continu)
- Suivi au long cours par service spécialisé des maladies métaboliques
Déficit de la bêta-oxydation des acides gras
- Bêta-oxydation des acides gras : consiste en la dégradation des acides gras en substrats pour alimenter le cycle de Krebs (› ATP)
- Si déficit enzymatique : hypoglycémie en situation de catabolisme (infection, chirurgie) ou de jeûne prolongé, non compensée par la cétose
- Métabolisme énergétique cérébral : est soutenu par le glucose et les corps cétoniques / donc risque de séquelles cérébrales dans cette pathologie (± pronostic vital en jeu par atteinte multiple)
- évoquer le diagnostic rapidement pour améliorer le pronostic et éviter les récidives
- Diagnostic
- Prise en charge
- Hypoglycémie (unique, profonde) sans cétose, survenant au jeûne prolongé ou à la naissance ou lors d'une situation de catabolisme
- Autres atteintes aiguës : rhabdomyolyse aiguë parfois massive / insuffisance hépatocellulaire (± syndrome de Reye : cytolyse hépatique sans cholestase, hyperammonémie, troubles de la conscience) / trouble du rythme cardiaque, cardiomyopathie dilatée
- Diagnostic biochimique : profil des acylcarnitines plasmatiques (avec l'aide d'un spécialiste métabolicien) ± études enzymatiques, génétiques si besoin
- Urgente / probabiliste en l'attente des résultats biochimiques (= profil des acylcarnithines pour le diagnostic positif)
- Symptomatique : hyperhydratation si rhabdomyolyse…
- Spécifique : perfusion de solution glucosée pour débit glucidique important (10 mg/kg/minute chez un nouveau-né, 6mg/kg/minute chez l'enfant) / perfusion IV continue de L-carnitine 150 mg/kg/24h (favorise l'excrétion urinaire des acides gras anormalement accumulés)
- Suivi au long cours par service spécialisé des maladies métaboliques