- Endoc-nutrition
- UE 8
- Item 240
Important
Seules les personnes ayant un compte et étant connectées peuvent proposer des modifications
Hyperthyroïdie
- Diagnostiquer une hyperthyroïdie
- Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
Généralités
Synthèse des hormones thyroïdiennes
Production
- Captation de l’iodure : via transporteur spécifique (NIS, Na/I-symporteur)
- Organification de l'iodure par la thyroperoxydase
- Biosynthèse des hormones dans la cavité colloïde des vésicules thyroïdiennes à partir de l'iodure et thyroglobuline
- Oxydation : formation des iodotyrosines sous l’effet de la thryopéroxydase (TPO) : monoiodotyrosine et diiodotyrosine
- Couplage : monoiodotyrosine + diiodotyrosine = T3 / diiodotyrosine + diiodotyrosine = T4
- Désiodation : effectuée par la monodéiodase / T4L transformée en T3L au niveau du foie et du muscle strié essentiellement
- La synthèse se fait sous l'influence de la thyroperoxydase / en présence d'H2O2, la synthèse se fait par le système NADPH oxydase Duox-2
- T4 : constitue la majorité de la production / ½ vie de 4 jours / production à l'équilibre obtenue 5-6 semaines après modification de l'apport ou de la production
Régulation
- Au niveau de l’axe hypothalamo-hypophysaire
- Au niveau de la thyroperoxydase
- Inhibition : rétrocontrôle négatif si excès de T3
- Stimulation : si insuffisance de T3
- Stimulation : TSH
- Inhibition : excès d’iode (effet « Wolff-Chaïkov ») / antithyroïdiens de synthèse
- Au niveau de la monodéiodase
- Inhibition : corticoïdes / bêtabloquants / amiodarone
Remarques
- T4L : pro-hormone
- T3L : hormone active
- Thyroglobuline : marqueur de la synthèse endogène des hormones
Action des hormones thyroïdiennes
Rôle principal : stimulation du métabolisme
- Augmentation de la production d'énergie / augmentation de la thermogénèse
- Augmentation de la consommation d’O2 avec élévation du métabolisme de base (augmentation de la synthèse des enzymes mitochondriales)
- Cardiovasculaire : vasodilatation / augmentation de la contractilité et de la fréquence cardiaque / baisse des résistances périphériques, hausse du débit cardiaque
- Augmentation du remodelage osseux au profit de l'ostéoclasie / baisse de la transcription des gènes de la TSH (rétrocontrôle négatif)
- Stimulation de la glycolyse et de la néoglucogenèse, augmentation de la glycémie / stimulation de la lipolyse
Chez le nouveau-né
- Maturation du système nerveux central
- Ossification / croissance
Définitions
- Hyperthyroïdie : ensemble des troubles liés à l'hyperfonctionnement de la thyroïde
- Thyrotoxicose : conséquence de l'excès d’hormones thyroïdiennes circulantes (d'origine endogène ou exogène)
- Prévalence : élevée, dépend des pays (de 0,2 à 1,9%)
- Sex-ratio : touche 7 femmes pour 1 homme
- En Europe, les causes les + fréquentes par ordre décroissant sont : Basedow > goitre multi-nodulaire toxique > adénome toxique
Diagnostic
Examen clinique
Diagnostic positif : syndrome de thyrotoxicose
- Signes cardiovasculaires
- Signes neuro-psychologiques
- Signes digestifs
- Signes locomoteurs / cutanés / divers
- L'intensité des signes dépend du degré de thyorotoxicose, de la durée et du terrain
- Par fréquence dans les symptômes on retrouve : troubles cardiovasculaires > troubles neuropsychiques > thermophobie > amaigrissement > autres
- Troubles du rythme : tachycardie sinusale, exagérée aux efforts-émotions, persiste au repos / palpitations / ± dyspnée d'effort
- Eréthisme : bruits du cœur d'intensité augmentée / parfois souffle systolique de débit / pouls vibrant / augmentation de la pression artérielle systolique
- Tremblements fin et régulier des extrémités (manœuvre "du serment")
- Agitation psychomotrice, nervosité excessive, labilité de l'humeur
- Troubles anxio-dépressifs, fatigue générale
- Troubles du sommeil
- Amaigrissement souvent rapide et important, malgré une polyphagie
- Rarement suivi d'une prise paradoxale de poids lorsque la polyphagie "dépasse" l'hyper-catabolisme
- Augmentation de la fréquence des selles jusqu'à diarrhée motrice
- Polydipsie (par augmentation de la production de chaleur)
- Thermophobie / chaleur cutanée / hypersudation / mains moites
- Amyotrophie proximale (signe du tabouret)
- Ostéoporose
- Rétraction de la paupière supérieure découvrant l'iris, avec asynergie oculo-palpébrale (d'innervation sympathique) / rarement visible hors Basedow
- Rarement gynécomastie chez l'homme / troubles des règles chez la femme / fertilité généralement conservée
Orientation étiologique
- Interrogatoire
- Examen physique
- Terrain : recherche d'antécédents auto-immuns personnels et familiaux
- Anamnèse : prise médicamenteuse / antécédent viral récent
- Palpation cervicale : recherche d’un goitre / d’un nodule
- Examen ophtalmologique : recherche d’une ophtalmopathie
Examens complémentaires
Pour diagnostic positif
- 1ère intention : TSH seule
- 2ème intention : T4L ± T3L
- Diminuée voire effondrée
- Exceptionnellement augmentée si adénome thyréotrope
- T4L augmentée (sauf hyperthyroïdie à T3 seule élevée) / permettent d'apprécier l'intensité de la thyrotoxicose
- A demander en 2e intention selon résultat de TSH et contexte clinique
- On parle d'hyperthyroïdie fruste si les T3-T4 sont normales
Pour évaluation du retentissement
- ECG ± échographie transthoracique : recherche de troubles du rythme / d’un angor
- NFS-plaquettes : leuconeutropénie, lymphocytose relative
- Glycémie : hyperglycémie modérée ou aggravation d'un diabète associé
- Bilan hépatique : cytolyse / cholestase anictérique
- Bilan phosphocalcique : hypercalcémie modérée / hyperphosphorémie
- Ostéodensitométrie : si hyperthyroïdie ancienne non traitée / si facteurs de risque
Pour diagnostic étiologique
- Bilan immunologique : dosage des TRAK
- Imagerie : échographie thyroïdienne ± scintigraphie à l’I¹²³
Pour bilan pré-thérapeutique
- Pré-ATS
- Pré-I¹²³ ou I¹³¹ : hCG plasmatiques
- Bilan hépatique
- hCG plasmatiques / NFS
Diagnostic étiologique
Maladie de Basedow
Généralités
- 1e cause d'hyperthyroïdie (touche jusqu'à 1,9% des femmes et 0,4% des hommes) / survient sur terrain génétiquement prédisposé
- Hyperthyroïdie : production d’anticorps anti-TSH-récepteurs : TRAK, ils ont un effet qui simule celui de la TSH
- Ophtalmopathie
- Présente chez 50% des malades, surtout les fumeurs
- Liée à l'inflammation des muscles orbitaires (myosite), des tissus péri-oculaires et de la graisse rétro-orbitaire
Examen clinique
- Interrogatoire
- Examen physique
- Dermopathie (myxoedème prétibial)
- Terrain : femme de 20 à 40 ans / sex-ratio : touche 7 femmes pour 1 homme / 1 % de la population atteinte
- Antécédents : recherche de maladies auto-immunes personnelles et familiales
- Recherche d’un facteur déclenchant : stress / surcharge iodée / puberté / ménopause
- Palpation cervicale : goitre basedowien
- Diffus / homogène / élastique / non compressif / mobile
- Vasculaire (souffle systolique à l’auscultation)
- ± frémissement à la palpation (thrill)
- Exceptionnelle / mêmes mécanismes que l'orbitopathie / spécifique du Basedow
- Forme un "placard" rouge, surélevé, induré de la face antérieure des jambes ± des chevilles
Ophtalmopathe dysthyroïdienne
Généralités
- Étiologies
- Anamnèse
- Classification : NOSPECS
- Liée à une maladie de Basedow dans 85 à 90 % des cas
- Rarement possible dans les thyroïdites lymphocytaires (Hashimoto) ou d'autres maladies auto-immunes
- Parfois en même temps que l’hyperthyroïdie
- Parfois au décours / parfois de quelques mois à quelques années avant
- Sans relation avec le degré de thyrotoxicose, mais liée à la présence d'anticorps anti-récepteurs de la TSH (TRAK)
- Chaque lettre correspond à une atteinte cotée de 0 à C
Signes cliniques
- Signes palpébraux
- Atteinte des tissus mous
- Exophtalmie
- Troubles oculomoteurs
- Atteintes cornéennes
- Neuropathie optique
- Signes de gravité (constitue la forme maligne)
- Rétraction palpébrale supérieure
- Asynergie oculopalpébrale lors du regard vers le bas
- Œdème et rougeur des paupières (pouvant masquer l'exophtalmie)
- Hyperhémie conjonctivale, larmoiement, picotements, photophobie / chémosis
- Définition : protrusion supérieure à 20 mm à l’exophtalmètre de Hertel
- Topographie : généralement bilatérale et asymétrique / rarement unilatérale
- Caractéristiques hors complication : axile / non pulsatile / réductible si non compliqué / indolore
- Mécanisme : par œdème puis fibrose musculaire
- Muscles atteints : droit inférieur ++ / puis le droit médial
- Manifestations : diplopie verticale ou oblique / d'intensité variable
- Kératite ponctuée superficielle : banale
- Ulcères cornéens : stade supérieur de gravité
- Perforation cornéenne : gravité ++
- Généralités : rare / extrêmement grave / cécité possible
- Mécanisme : compression du nerf optique
- Manifestations : altérations du champ visuel
- Exophtalmie importante, non réductible, avec inocclusion palpébrale (risque d'ulcération cornéenne)
- Paralysie complète d'un ou plusieurs muscles (fausse paralysie par rétraction musculaire)
- Atteinte du nerf optique par compression à l'apex orbitaire ++ (baisse d'acuité visuelle) = neuropathie optique
- Hypertonie oculaire avec souffrance papillaire due à la compression du globe par les muscles rétractés
Évolution
Favorable / évolue par poussées & périodes de rémission
Imagerie : TDM ou résonance magnétique nucléaire
- Diagnostic positif
- Recherche de complications
- Mesure de l’index oculo-orbitaire / degré de protrusion
- Augmentation du compartiment graisseux orbitaire / hypertrophie des muscles et de la graisse rétro-orbitaires
- Stade œdémateux : épaississement des muscles oculomoteurs
- Stade de fibrose : muscles filiformes et rétractés
- Compression du nerf optique et caractère évolutif (hypersignal en IRM)
Diagnostic différentiel
- Cellulite orbitaire : par infection bactérienne
- Fistules artériocaverneuses : exophtalmie pulsatile (dilatation des veines épisclérales en tête de méduse)
- Causes tumorales : gliome du II / adénome de la glande lacrymale / lymphomes
- Orbitopathies inflammatoires chroniques idiopathiques
Examens complémentaires
- Bilan immunologique : dosage des TRAK
- Imagerie
- Bilan ophtalmologique
- A visée diagnostique : signent une maladie de Basedow si positifs
- Titre initial élevé : pas d'intérêt pronostique / sans intérêt pour suivre l'évolution en cours de traitement (HAS)
- Visée pronostique : prédictifs de rechute si élevés en fin de traitement (mais leur disparition n'affirme pas la guérison)
- Echographie : goitre diffus / hypoéchogène / hypervascularisé
- Scintigraphie : hyperfixation diffuse et homogène / non indispensable si forme typique
- Systématique devant toute maladie de Basedow
Autres hyperthyroïdies auto-immunes
Physiopathologie
- Généralement dû à une mutation somatique activatrice du récepteur de la TSH
- Avec hypersécrétion d’hormones par une tumeur bénigne
- Rétrocontrôle de la TSH, freine l’activité du parenchyme sain
- Nodules sécrétants : ils touchent plutôt les sujets âgés / entraînent un syndrome de thyrotoxicose pur, sans atteinte oculaire
Examen clinique
- Interrogatoire
- Examen physique
- Terrain : sujet âgé, 40 à 60 ans
- Prises : recherche d’une surcharge iodée
- Thyrotoxicose : ± fruste / signes cardiovasculaires prépondérants
- Nodule : unique / allure bénigne / plein / régulier
Examens complémentaires
- Immunologie : TRAK négatifs
- Imagerie
- Echographie
- Scintigraphie thyroïdienne
- Nodule plein hypervascularisé, tissulaire ou partiellement kystique
- Hyperfixation localisée
- Extinction du parenchyme sain (en "drapeau japonais")
Goitre multi-hétéro-nodulaire toxique
Physiopathologie
- Evolution naturelle des goitres multi-nodulaires anciens
- Multiplication préférentielle de cellules hyperactives au sein d’un goitre ancien / le reste de la thyroïde est inhibée
Examen clinique
- Interrogatoire
- Examen physique
- Prises : recherche systématique de surcharge iodée (possible facteur déclenchant)
- Goitre : multi-nodulaire / hétérogène
Examens complémentaires
- Bilan immunologique : TRAK négatifs
- Imagerie
- Echographie
- Scintigraphie : alternance de
- Goitre multi-nodulaire
- Zones nodulaires hyperfixantes chaudes
- Zones de parenchyme sain éteintes froides
- Image en damier
Hyperthyroïdies iatrogènes
Iode
- Produits de contraste iodés / amiodarone (15% des patients / survient jusqu'à un an après la fin du traitement)…
- Mécanismes :
- Remarque : profil hormonal habituel sous amiodarone : T4L élevée (par inhibition de désiodation de la T4) mais T3, TSH = normales
- Type I (fonctionnelle)
- Type II (lésionnelle)
- Effet de l'apport brutal d'iode sur une pathologie nodulaire préexistante
- Echographie : thyroïde dystrophique, hypervascularisée à l'échographie
- Scintigraphie : zones de fixation
- Prévention : éviter médicaments iodés et produits de contraste chez patients porteurs de goitres nodulaires
- Effet toxique de l'iode sur les thyréocytes, lyse des cellules, thyroïdite
- Aspect clinique ± normal
- Echographie : glande hypoéchogène homogène
- Scintigraphie : absence totale de toute fixation (blanche)
- Bilan thyroïdien indispensable avant début du traitement ++
Hormones thyroïdiennes
- Tableau de thyrototoxicose "factice" par apport exogène d'hormones thyroïdiennes (but d'amaigrissement…) : typiquement chez un professionnel de santé
- Arguments diagnostiques
- Absence de dystrophie thyroïdienne (pas de goitre)
- Scintigraphie : blanche (absence de fixation)
- Thyroglobuline : effondrée (= freinage de la glande)
Interféron ++
- Interféron α surtout mais aussi β / fréquentes : 5-40% des patients
- Surtout chez des patients prédisposés, porteurs d'anticorps antithyroïdiens
- Généralement sous forme de thyroïdite :
- ± phase d'hyperthyroïdie puis hypothyroïdie
- Parfois sous forme de Basedow avec TRAK positifs
- Ne disparaissent pas toujours après traitement
Thyroïdite subaiguë de De Quervain
Physiopathologie
- Mécanisme
- Evolution (qui est vraie pour toutes les thyroïdites)
- Réaction immune post-virale / atteint généralement toute la glande mais parfois localisée
- Forme parfois atténuée par aspirine et autres anti-inflammatoires
- Phase 1 : lyse des cellules thyroïdiennes, thyrotoxicose transitoire
- Phase 2 : hypothyroïdie
- Phase 3 : récupération complète en 2-3 mois en cas de De Quervain
Examen clinique
- Anamnèse : antécédent d’infection virale récente, syndrome grippal
- Fébricule : persiste alors que l’infection initiale est guérie
- Goitre : ferme / douloureux
Examens complémentaires
- Biologie
- Imagerie
- VS-CRP / NFS : syndrome inflammatoire marqué
- TSH : diminuée ou augmentée selon la phase
- Thyroglobuline : augmentée car libérée par la lyse des cellules
- Echographie : globalement hypoéchogène
- Scintigraphie : blanche
Remarque : causes de scintigraphie blanche
- Thyroïdite du post-partum / iatrogène / factice / de Quervain
Autres causes
Thyrotoxicose gestationnelle transitoire
- 2% des grossesses / par effet stimulant de l'hCG sur le récepteur de la TSH
- Signes au 1e trimestre : nervosité excessive / tachycardie / absence de prise de poids
- Formes sévères : vomissements (hyperemesis gravidarium) / régression spontanée en 2e partie de grossesse
- Passe souvent inaperçue / rarement thyrotoxicose importante, nécessitant un traitement transitoire et prudent
- Anticorps anti-récepteurs de la TSH négatifs (le différencie du Basedow)
Divers
- Mutation activatrices germinales du récepteurs de la TSH (contexte familial)
- Métastases massives sécrétantes d'un cancer thyroïdien vésiculaire différencié
- Tumeurs placentaires (môles hydatiformes) ou testiculaires sécrétant de l'hCG
- Causes de thyrotoxicose avec TSH inadaptée (normale ou élevée)
- Syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes (mutation du récepteur bêta aux hormones thyroïdiennes)
- Adénome hypophysaire sécrétant de la TSH (très rare)
Selon le terrain
Chez l'enfant
- Rares cas génétiques : mutation activatrice du récepteur de la TSH / syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes
- Le + souvent : maladie de Basedow
- Soit néonatale (passage transplacentaire des anticorps maternels / qui disparaissent en 3 mois) / soit acquise
- Clinique : avance staturale et de la maturation osseuse avec signes d'hyperactivité très invalidants pour la scolarité + ophtalmopathie
Chez la femme enceinte
- Non exceptionnelle : thyrotoxicose gestationnelle (2% des grossesses) ou maladie de Basedow (0,2% des grossesse)
- Risques :
- Hyperthyroïdie : pas une contre-indication à la grossesse mais la prévoir si possible et surveillance en milieu spécialisé (échographie fœtale spécifique…)
- Passage trans-placentaire d'anticorps : risque d'hyperthyroïdie fœtale et néonatale (ou si caractère bloquant des anticorps : risque d'hypothyroïdie)
- Risque de goitre et/ou d'hypothyroïdie par passage transplacentaire des antithyroïdiens de synthèse, les utiliser à la + faible posologie possible s'ils sont nécessaires
- Les anticorps peuvent persister malgré un traitement radical par chirurgie ou iode 131 : à rechercher même en cas de maladie apparemment guérie
Chez le sujet âgé
- Possible thyrotoxicose à bas bruit avec altération de l'état général, fonte musculaire sévère, cachexie, insuffisance cardiaque…
- Risque de troubles du rythme et/ou d'insuffisance cardiaque même si thyrotoxicose minime
- Causes les + fréquentes : goitre multinodulaire toxique, adénome toxique
Complications
Complications de la thyrotoxicose
Complications de la thyrotoxicose
- Parfois révélatrices / parfois graves / surtout les sujets fragiles (âgés, avec un comorbidité cardiaque)
- Troubles du rythme supra-ventriculaires
- Insuffisance cardiaque
- Insuffisance coronaire (aggravée ou révélée)
- Fibrillation atriale : l'hyperthyroïdie en est la 1e cause extracardiaque (risque de 30% chez sujets âgés) / rechercher les complications associées
- Flutter : plus rare mais possible (ou tachysystolie)
- Généralités : à débit élevé ou normal / prédominance droite / généralement associée à une fibrillation atriale
- Signes d’appel : résistance aux traitements classiques de l’insuffisance cardiaque
- Si cardiopathie ischémique sous-jacente du fait de l'augmentation du débit cardiaque et de la consommation en O2 myocardique
Ostéo-articulaires
- Ostéoporose : risque majoré chez la femme ménopausée / prédomine au niveau du rachis / par effet ostéoclastique des hormones thyroïdiennes
- Musculaires : chez la personne âgée, peut confiner à un état grabataire, aggravés par la dénutrition
Psychiatriques
- Troubles de l’humeur : épisode dépressif caractérisé
- Manie / troubles psychotiques à type de délire
Selon le terrain
Décompensation de pathologies sous-jacentes
Crise aiguë thyrotoxique
Facteurs déclenchants
- Traitement radical chez un patient non euthyroïdien
- Tout évènement intercurrent
Examen clinique
- Fièvre : hyperthermie majeure > 40°C
- Déshydratation majeure : sur sueurs / diarrhées / vomissements
- Signes cardiologiques : tachycardie > 150 bpm / fibrillation atriale fréquente
- Signes neurologiques : tremblements / agitation / confusion / coma
Examens complémentaires
- Pour évaluation du retentissement
- Pour diagnostic étiologique
- NFS / TP-TCA / ionogramme-urée-créatinine / ECG / gaz du sang
- Recherche d’un syndrome coronarien aigu : ECG ± troponine
- Bilan infectieux : examen cytobactériologique des urines / radiographie thoracique / hémocultures
Décompensation œdémateuse maligne d’une ophtalmopathie
Facteurs de risque
- Tabagisme
- Traitement radical sur orbitopathie active
Signes de gravité signant l’exophtalmie grave
- Taille > 25 mm
- Non réductible
- Douloureuse
Complications
- Risque infectieux : kératites / ulcérations cornéennes / endophtalmie
- Risque neurologique : paralysie oculomotrice / neuropathie optique
Traitement
Mise en condition
- Ambulatoire : absence de complication la plupart du temps
- Hospitalisation : situations urgentes
- Crise aiguë thyrotoxique
- Cardiothyréose chez une personne âgée ou atteinte de maladie cardiaque
- Orbitopathie maligne / forme cachectisante du vieillard
- Maladie de Basedow évolutive chez une femme enceinte
Traitement symptomatique
Généralités
- Systématique quelle que soit l’étiologie
- Jusqu’à disparition des symptômes
Modalités
- Repos ± arrêt de travail : diminuent le stress
- Bêtabloquants : préférer les non cardiosélectifs (propranolol)
- Benzodiazépines : visée sédative / réduisent l’anxiété et l’hyperactivité sympathique
- Contraceptifs : contraception efficace quelle qu’elle soit
- Action sur la tachycardie, les tremblements
- Posologie de 60 à 160 mg par 24 heures
- Inhibe modérément la conversion de T4 en T3 par action inhibitrice sur la désiodase de type 1
Traitement médicamenteux : antithyroïdiens de synthèse
Mode d’action
- Bloquent l’organification de l’iode / inhibent la transformation des iodotyrosines par la thyroperoxydase
- Action en 10-15 jours (car ne bloque pas la libération des hormones thyroïdiennes déjà synthétisées)
- Pour le propylthiouracile : inhibe modérément la désiodase de type 1 et la conversion de T4 en T3
- Action purement suspensive
Molécules
- Méthimazole et apparentés : carbimazole (30-60 mg/j) / méthimazole (+ puissante)
- Thiouraciles : propylthiouracile (300-600 mg/jour) / benzylthiouracile (2x moins – puissante que le propylthiouracile)
- Pendant 4-6 semaines puis doses diminuées et adaptées selon la clinique et biologique
- ± T4L associée selon schéma "blocage et substitution" sauf chez la femme enceinte
Contre-indications
- Insuffisance hépatique
- Hémopathies préexistantes sévères
- Grossesse (choisir le propylthiouracile dans ce cas)
Effets secondaires
- Allergies cutanées (une allergie croisée entre les différents antithyroïdiens de synthèse est possible)
- Hépatite cholestatique (pour le carbimazole) / cytolytique (pour le propylthiouracile : forme + grave)
- Hypothyroïdie si surdosage
- Neutropénie
- Agranulocytose iatrogène immuno-allergique (0,1%, grave)
Education spécifique : NFS en URGENCE en cas de fièvre
Traitements radicaux
Thyroïdectomie totale
- Contre-indications spécifiques
- Effets secondaires
- Modalités
- Patient non anesthésiable ou non opérable
- Liés à la chirurgie : œdème ou hématome compressif / infection locale
- Liés à la localisation : lésion des nerfs récurrents / lésion des parathyroïdes (risque minime mais non nul)
- Thyroïdectomie totale si Basedow après préparation par antithyroïdiens de synthèse pdt 2-3 mois (évite une crise toxique en postopératoire)
- Thyroïdectomie totale si goitre multi-nodulaire toxique ± après préparation médicale courte si besoin (pas de risque de crise toxique)
- Lobectomie du côté de la lésion si adénome toxique ± après préparation médicale courte si besoin
- Education : information sur la technique chirurgicale / les effets secondaires
- Avant la chirurgie : supplémentation en vitamine D / traitement médical de la thyrotoxicose
Iode radioactif (ira-thérapie)
- Technique
- Contre-indications spécifiques
- Modalités
- Administration d’une dose faible d’iode 131 qui détruit le parenchyme hyperfixant / délai d'action de 1-2 mois (parfois + long)
- Traitement simple (pas d'hospitalisation) / sans danger (pas de risque génétique ou de cancérisation secondaire démontré)
- Grossesse / allaitement / orbitopathie sévère non contrôlée
- Arrêt des antithyroïdiens de synthèse 8 jours avant l'administration d'iode / délai retardé de 1-2 mois (± 2e dose faite à 6-12 mois)
- Après le traitement : contraception au moins 6 mois
Stratégie thérapeutique
Maladie de Basedow
Rationnel
- Pas de traitement curatif agissant sur les causes
- Après traitement par antithyroïdiens de synthèse : rechute dans 40-60% des cas (survient surtout la 1e année)
- Thyroïdectomie : hypothyroïdie définitive
- Radio-iode : hypothyroïdie en quelques années dans plus de 50% des cas / risque d'aggravation de l'orbitopathie, prévenu par corticothérapie
Stratégie
- Traitement médical : pendant 1-2 ans à doses d'attaque
- Si rechute : traitement radical (chirurgie si gros goitre / radio-iode : chez le sujet âgé, en cas de récidive après thyroïdectomie mais de + en + utilisé)
- Surveillance prolongée : récidives ou hypothyroïdies parfois des années après l'épisode initial
- Puis : soit baisse des doses selon résultats / soit maintien de fortes doses + T4 pour compenser une hypothyroïdie iatrogène
Goitre multi-hétéro-nodulaire toxique / adénome toxique
- Thyrotoxicose : ± traitement par antithyroïdiens de synthèse pendant 2 à 3 mois pour euthyroïdie
- Traitement radical : systématique, d'emblée ou après antithyroïdiens de synthèse
- Mesures associées : traitement des complications / surveillance à vie
Thyroïdite
- Traitement symptomatique
- Mesures associées : surveillance à long terme
- AINS / corticothérapie 1-2 mg/kg si formes importantes / avec doses de charge puis décroissance sur 2 à 3 mois
Surcharge iodée
- Thyrotoxicose : antithyroïdiens de synthèse (plutôt pour le type 1) ou corticoïdes (plutôt pour le type 2) selon les équipes
- Mesures associées : arrêt de la substance incriminée (pas d'efficacité prouvée de l'arrêt) / gestion avec le cardiologue si cordarone
Traitement des complications
Cardiothyréose
Troubles du rythme
- Traitement de l’hyperthyroïdie
- Traitement symptomatique
- Symptomatique + antithyroïdiens de synthèse / traitement radical ensuite
- Possibilité de choisir un bêtabloquant cardiosélectif
- Pas de cardioversion tant que l'hyperthroïdie persiste
Insuffisance coronaire
- Traitement de l’hyperthyroïdie
- Traitement symptomatique
- Symptomatique + antithyroïdiens de synthèse
- Traitement radical ensuite
- La présence d’une cause ne dispense pas du bilan et place le patient en prévention secondaire
- Bêtabloquants efficaces car débit normal ou élevé / surveiller la tolérance myocardique
Insuffisance cardiaque
- Traitement de l’hyperthyroïdie
- Traitement symptomatique
- Symptomatique + antithyroïdiens de synthèse + traitement radical
Orbitopathie dysthyroïdienne
Mesures générales
- Contre-indication relative au traitement radical car risque de décompensation (surtout iode ++)
- Possible si obligatoire sous couverture corticoïde
- Dans tous les cas : arrêt du tabac
- Diminution de la tension intraoculaire si élevée / collyre pour lubrification cornéenne
- Mesures de protection : collyres protecteurs / verres teintés / dormir avec tête surélevée / prismes si diplopie
Forme active compliquée
- URGENCE
- Traitement local
- Traitement spécifique
- Corticothérapie : 1-1,5 mg/kg/jour ± bolus de méthylprednisone IV 2 mg/jour sur 3 jours au début si formes sévères
- Radiothérapie rétro-oculaire : dans les cas cortico-résistants
- Chirurgie : décompression oculaire ou chirurgie des muscles oculomoteurs ou chirurgie palpébrale (± associées si besoin)
Crise aiguë thyrotoxique
- Mise en condition
- Traitement spécifique
- Traitement symptomatique
- Traitement étiologique
- URGENCE ULTIME
- Hospitalisation en réanimation / soins intensifs
- Bêtabloquants : propranolol IV
- Antithyroïdiens de synthèse : per os ou à la sonde naso-gastrique
- Lugol : per os ou à la sonde naso-gastrique après 24 heures d'antithyroïdiens de synthèse (inhibiteur des sécrétions d'hormones thyroïdiennes)
- Sédatifs : benzodiazépines / neuroleptiques
- Corticothérapie : en intraveineux / par bolus / voire échanges plasmatiques
- Oxygénothérapie ± intubation orotrachéale
- Antipyrétiques
- Réhydratation hydro-électrique
- Antibiothérapie si facteur déclenchant infectieux
Chez la femme enceinte
Généralités
- Surveillance en milieu spécialisé : équilibre entre hyperthyroïdie maternelle et hypothyroïdie fœtale iatrogène
- Suivi obstétrical et endocrinologique rapproché et en alternance
Thyrotoxicose gestationnelle transitoire
Repos au calme ± bêtabloquants en attente de régression spontanée
Maladie de Basedow
- Les antithyroïdiens de synthèse passent la barrière placentaire / thyroïde fœtale fonctionnelle à partir de la 20e semaine
- Propranolol autorisé
- Formes mineures : repos, surveillance étroite (rémission spontanée au milieu de grossesse le + souvent)
- Formes + sévères : antithyroïdiens de synthèse à faible dose avec objectif de T4L à limite supérieure de la normale
- Formes graves : thyroïdectomie possible dès le 2e trimestre après préparation médicale / exceptionnellement indiquée
- Surveillance
- Après l'accouchement
- Propylthiouracile généralement préférée au néo-mercazole (rares aplasies du scalp, malformations œsophagiennes et des choanes avec néo-mercazole)
- De la mère: dosage TSH-T4L + dosage des anticorps (1 fois toutes les 3 semaines)
- Fœtale par échographie (hyperthyroïdie fœtale : augmentation de la fréquence cardiaque, goitre, avance de maturation osseuse) par passage d'anticorps ou goitre fœtal par passage d'antithyroïdiens de synthèse
- Surveillance de la mère : risque de rebond de l'hyperthyroïdie
- Surveillance du nouveau-né : thyrotoxicose néonatale ou hypothyroïdie iatrogène
- Antithyroïdiens de synthèse sécrétés dans le lait (pour le propylthiouracile moins que le néomercazole) mais à faibles doses : allaitement possible, après avis spécialisé
Mesure associée
ALD 100%
Surveillance
Si traitement médical seul
Efficacité
- Clinique : régression des signes cliniques
- Paraclinique
- Sous antithyroïdiens de synthèse : T4 libre (ou T3L si hyperthyroïdie à T3) à la 4e semaine (TSH longtemps basse par inertie thyréotrope)
- Après obtention de l'euthyroïdie : TSH / T4L 1 fois tous les 3-4 mois pendant la durée du traitement
Tolérance
- NFS
- Rythme
- Si agranulocytose
- Tous les 10 jours pendant 2 mois
- NFS si fièvre, signes pharyngés sous antithyroïdiens de synthèse
- Puis tous les 3 mois
- Polynucléaires à moins de 1G/L : arrêt des antithyroïdiens de synthèse / surveillance de la NFS
- Polynucléaires à moins de 0,5 G/L : hospitalisation urgente en milieu hospitalisé / arrêt définitif des antithyroïdiens de synthèse / antibiothérapie large / surveillance de la NFS
Si traitement radical : surveillance de la tolérance
- TSH / T3L / T4L : surveillance régulière
- Puis tous les 3 mois pendant 1 an / puis TSH seule 1 fois par an
Renforcez votre apprentissage au quotidien avec les ressources audio de l’application ECNA.
- Diagnostiquer une hyperthyroïdie
- Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
Généralités
Synthèse des hormones thyroïdiennes
Production
- Captation de l’iodure : via transporteur spécifique (NIS, Na/I-symporteur)
- Organification de l'iodure par la thyroperoxydase
- Biosynthèse des hormones dans la cavité colloïde des vésicules thyroïdiennes à partir de l'iodure et thyroglobuline
- Oxydation : formation des iodotyrosines sous l’effet de la thryopéroxydase (TPO) : monoiodotyrosine et diiodotyrosine
- Couplage : monoiodotyrosine + diiodotyrosine = T3 / diiodotyrosine + diiodotyrosine = T4
- Désiodation : effectuée par la monodéiodase / T4L transformée en T3L au niveau du foie et du muscle strié essentiellement
- La synthèse se fait sous l'influence de la thyroperoxydase / en présence d'H2O2, la synthèse se fait par le système NADPH oxydase Duox-2
- T4 : constitue la majorité de la production / ½ vie de 4 jours / production à l'équilibre obtenue 5-6 semaines après modification de l'apport ou de la production
Régulation
- Au niveau de l’axe hypothalamo-hypophysaire
- Au niveau de la thyroperoxydase
- Inhibition : rétrocontrôle négatif si excès de T3
- Stimulation : si insuffisance de T3
- Stimulation : TSH
- Inhibition : excès d’iode (effet « Wolff-Chaïkov ») / antithyroïdiens de synthèse
- Au niveau de la monodéiodase
- Inhibition : corticoïdes / bêtabloquants / amiodarone
Remarques
- T4L : pro-hormone
- T3L : hormone active
- Thyroglobuline : marqueur de la synthèse endogène des hormones
Action des hormones thyroïdiennes
Rôle principal : stimulation du métabolisme
- Augmentation de la production d'énergie / augmentation de la thermogénèse
- Augmentation de la consommation d’O2 avec élévation du métabolisme de base (augmentation de la synthèse des enzymes mitochondriales)
- Cardiovasculaire : vasodilatation / augmentation de la contractilité et de la fréquence cardiaque / baisse des résistances périphériques, hausse du débit cardiaque
- Augmentation du remodelage osseux au profit de l'ostéoclasie / baisse de la transcription des gènes de la TSH (rétrocontrôle négatif)
- Stimulation de la glycolyse et de la néoglucogenèse, augmentation de la glycémie / stimulation de la lipolyse
Chez le nouveau-né
- Maturation du système nerveux central
- Ossification / croissance
Définitions
- Hyperthyroïdie : ensemble des troubles liés à l'hyperfonctionnement de la thyroïde
- Thyrotoxicose : conséquence de l'excès d’hormones thyroïdiennes circulantes (d'origine endogène ou exogène)
- Prévalence : élevée, dépend des pays (de 0,2 à 1,9%)
- Sex-ratio : touche 7 femmes pour 1 homme
- En Europe, les causes les + fréquentes par ordre décroissant sont : Basedow > goitre multi-nodulaire toxique > adénome toxique
Diagnostic
Examen clinique
Diagnostic positif : syndrome de thyrotoxicose
- Signes cardiovasculaires
- Signes neuro-psychologiques
- Signes digestifs
- Signes locomoteurs / cutanés / divers
- L'intensité des signes dépend du degré de thyorotoxicose, de la durée et du terrain
- Par fréquence dans les symptômes on retrouve : troubles cardiovasculaires > troubles neuropsychiques > thermophobie > amaigrissement > autres
- Troubles du rythme : tachycardie sinusale, exagérée aux efforts-émotions, persiste au repos / palpitations / ± dyspnée d'effort
- Eréthisme : bruits du cœur d'intensité augmentée / parfois souffle systolique de débit / pouls vibrant / augmentation de la pression artérielle systolique
- Tremblements fin et régulier des extrémités (manœuvre "du serment")
- Agitation psychomotrice, nervosité excessive, labilité de l'humeur
- Troubles anxio-dépressifs, fatigue générale
- Troubles du sommeil
- Amaigrissement souvent rapide et important, malgré une polyphagie
- Rarement suivi d'une prise paradoxale de poids lorsque la polyphagie "dépasse" l'hyper-catabolisme
- Augmentation de la fréquence des selles jusqu'à diarrhée motrice
- Polydipsie (par augmentation de la production de chaleur)
- Thermophobie / chaleur cutanée / hypersudation / mains moites
- Amyotrophie proximale (signe du tabouret)
- Ostéoporose
- Rétraction de la paupière supérieure découvrant l'iris, avec asynergie oculo-palpébrale (d'innervation sympathique) / rarement visible hors Basedow
- Rarement gynécomastie chez l'homme / troubles des règles chez la femme / fertilité généralement conservée
Orientation étiologique
- Interrogatoire
- Examen physique
- Terrain : recherche d'antécédents auto-immuns personnels et familiaux
- Anamnèse : prise médicamenteuse / antécédent viral récent
- Palpation cervicale : recherche d’un goitre / d’un nodule
- Examen ophtalmologique : recherche d’une ophtalmopathie
Examens complémentaires
Pour diagnostic positif
- 1ère intention : TSH seule
- 2ème intention : T4L ± T3L
- Diminuée voire effondrée
- Exceptionnellement augmentée si adénome thyréotrope
- T4L augmentée (sauf hyperthyroïdie à T3 seule élevée) / permettent d'apprécier l'intensité de la thyrotoxicose
- A demander en 2e intention selon résultat de TSH et contexte clinique
- On parle d'hyperthyroïdie fruste si les T3-T4 sont normales
Pour évaluation du retentissement
- ECG ± échographie transthoracique : recherche de troubles du rythme / d’un angor
- NFS-plaquettes : leuconeutropénie, lymphocytose relative
- Glycémie : hyperglycémie modérée ou aggravation d'un diabète associé
- Bilan hépatique : cytolyse / cholestase anictérique
- Bilan phosphocalcique : hypercalcémie modérée / hyperphosphorémie
- Ostéodensitométrie : si hyperthyroïdie ancienne non traitée / si facteurs de risque
Pour diagnostic étiologique
- Bilan immunologique : dosage des TRAK
- Imagerie : échographie thyroïdienne ± scintigraphie à l’I¹²³
Pour bilan pré-thérapeutique
- Pré-ATS
- Pré-I¹²³ ou I¹³¹ : hCG plasmatiques
- Bilan hépatique
- hCG plasmatiques / NFS
Diagnostic étiologique
Maladie de Basedow
Généralités
- 1e cause d'hyperthyroïdie (touche jusqu'à 1,9% des femmes et 0,4% des hommes) / survient sur terrain génétiquement prédisposé
- Hyperthyroïdie : production d’anticorps anti-TSH-récepteurs : TRAK, ils ont un effet qui simule celui de la TSH
- Ophtalmopathie
- Présente chez 50% des malades, surtout les fumeurs
- Liée à l'inflammation des muscles orbitaires (myosite), des tissus péri-oculaires et de la graisse rétro-orbitaire
Examen clinique
- Interrogatoire
- Examen physique
- Dermopathie (myxoedème prétibial)
- Terrain : femme de 20 à 40 ans / sex-ratio : touche 7 femmes pour 1 homme / 1 % de la population atteinte
- Antécédents : recherche de maladies auto-immunes personnelles et familiales
- Recherche d’un facteur déclenchant : stress / surcharge iodée / puberté / ménopause
- Palpation cervicale : goitre basedowien
- Diffus / homogène / élastique / non compressif / mobile
- Vasculaire (souffle systolique à l’auscultation)
- ± frémissement à la palpation (thrill)
- Exceptionnelle / mêmes mécanismes que l'orbitopathie / spécifique du Basedow
- Forme un "placard" rouge, surélevé, induré de la face antérieure des jambes ± des chevilles
Ophtalmopathe dysthyroïdienne
Généralités
- Étiologies
- Anamnèse
- Classification : NOSPECS
- Liée à une maladie de Basedow dans 85 à 90 % des cas
- Rarement possible dans les thyroïdites lymphocytaires (Hashimoto) ou d'autres maladies auto-immunes
- Parfois en même temps que l’hyperthyroïdie
- Parfois au décours / parfois de quelques mois à quelques années avant
- Sans relation avec le degré de thyrotoxicose, mais liée à la présence d'anticorps anti-récepteurs de la TSH (TRAK)
- Chaque lettre correspond à une atteinte cotée de 0 à C
Signes cliniques
- Signes palpébraux
- Atteinte des tissus mous
- Exophtalmie
- Troubles oculomoteurs
- Atteintes cornéennes
- Neuropathie optique
- Signes de gravité (constitue la forme maligne)
- Rétraction palpébrale supérieure
- Asynergie oculopalpébrale lors du regard vers le bas
- Œdème et rougeur des paupières (pouvant masquer l'exophtalmie)
- Hyperhémie conjonctivale, larmoiement, picotements, photophobie / chémosis
- Définition : protrusion supérieure à 20 mm à l’exophtalmètre de Hertel
- Topographie : généralement bilatérale et asymétrique / rarement unilatérale
- Caractéristiques hors complication : axile / non pulsatile / réductible si non compliqué / indolore
- Mécanisme : par œdème puis fibrose musculaire
- Muscles atteints : droit inférieur ++ / puis le droit médial
- Manifestations : diplopie verticale ou oblique / d'intensité variable
- Kératite ponctuée superficielle : banale
- Ulcères cornéens : stade supérieur de gravité
- Perforation cornéenne : gravité ++
- Généralités : rare / extrêmement grave / cécité possible
- Mécanisme : compression du nerf optique
- Manifestations : altérations du champ visuel
- Exophtalmie importante, non réductible, avec inocclusion palpébrale (risque d'ulcération cornéenne)
- Paralysie complète d'un ou plusieurs muscles (fausse paralysie par rétraction musculaire)
- Atteinte du nerf optique par compression à l'apex orbitaire ++ (baisse d'acuité visuelle) = neuropathie optique
- Hypertonie oculaire avec souffrance papillaire due à la compression du globe par les muscles rétractés
Évolution
Favorable / évolue par poussées & périodes de rémission
Imagerie : TDM ou résonance magnétique nucléaire
- Diagnostic positif
- Recherche de complications
- Mesure de l’index oculo-orbitaire / degré de protrusion
- Augmentation du compartiment graisseux orbitaire / hypertrophie des muscles et de la graisse rétro-orbitaires
- Stade œdémateux : épaississement des muscles oculomoteurs
- Stade de fibrose : muscles filiformes et rétractés
- Compression du nerf optique et caractère évolutif (hypersignal en IRM)
Diagnostic différentiel
- Cellulite orbitaire : par infection bactérienne
- Fistules artériocaverneuses : exophtalmie pulsatile (dilatation des veines épisclérales en tête de méduse)
- Causes tumorales : gliome du II / adénome de la glande lacrymale / lymphomes
- Orbitopathies inflammatoires chroniques idiopathiques
Examens complémentaires
- Bilan immunologique : dosage des TRAK
- Imagerie
- Bilan ophtalmologique
- A visée diagnostique : signent une maladie de Basedow si positifs
- Titre initial élevé : pas d'intérêt pronostique / sans intérêt pour suivre l'évolution en cours de traitement (HAS)
- Visée pronostique : prédictifs de rechute si élevés en fin de traitement (mais leur disparition n'affirme pas la guérison)
- Echographie : goitre diffus / hypoéchogène / hypervascularisé
- Scintigraphie : hyperfixation diffuse et homogène / non indispensable si forme typique
- Systématique devant toute maladie de Basedow
Autres hyperthyroïdies auto-immunes
Physiopathologie
- Généralement dû à une mutation somatique activatrice du récepteur de la TSH
- Avec hypersécrétion d’hormones par une tumeur bénigne
- Rétrocontrôle de la TSH, freine l’activité du parenchyme sain
- Nodules sécrétants : ils touchent plutôt les sujets âgés / entraînent un syndrome de thyrotoxicose pur, sans atteinte oculaire
Examen clinique
- Interrogatoire
- Examen physique
- Terrain : sujet âgé, 40 à 60 ans
- Prises : recherche d’une surcharge iodée
- Thyrotoxicose : ± fruste / signes cardiovasculaires prépondérants
- Nodule : unique / allure bénigne / plein / régulier
Examens complémentaires
- Immunologie : TRAK négatifs
- Imagerie
- Echographie
- Scintigraphie thyroïdienne
- Nodule plein hypervascularisé, tissulaire ou partiellement kystique
- Hyperfixation localisée
- Extinction du parenchyme sain (en "drapeau japonais")
Goitre multi-hétéro-nodulaire toxique
Physiopathologie
- Evolution naturelle des goitres multi-nodulaires anciens
- Multiplication préférentielle de cellules hyperactives au sein d’un goitre ancien / le reste de la thyroïde est inhibée
Examen clinique
- Interrogatoire
- Examen physique
- Prises : recherche systématique de surcharge iodée (possible facteur déclenchant)
- Goitre : multi-nodulaire / hétérogène
Examens complémentaires
- Bilan immunologique : TRAK négatifs
- Imagerie
- Echographie
- Scintigraphie : alternance de
- Goitre multi-nodulaire
- Zones nodulaires hyperfixantes chaudes
- Zones de parenchyme sain éteintes froides
- Image en damier
Hyperthyroïdies iatrogènes
Iode
- Produits de contraste iodés / amiodarone (15% des patients / survient jusqu'à un an après la fin du traitement)…
- Mécanismes :
- Remarque : profil hormonal habituel sous amiodarone : T4L élevée (par inhibition de désiodation de la T4) mais T3, TSH = normales
- Type I (fonctionnelle)
- Type II (lésionnelle)
- Effet de l'apport brutal d'iode sur une pathologie nodulaire préexistante
- Echographie : thyroïde dystrophique, hypervascularisée à l'échographie
- Scintigraphie : zones de fixation
- Prévention : éviter médicaments iodés et produits de contraste chez patients porteurs de goitres nodulaires
- Effet toxique de l'iode sur les thyréocytes, lyse des cellules, thyroïdite
- Aspect clinique ± normal
- Echographie : glande hypoéchogène homogène
- Scintigraphie : absence totale de toute fixation (blanche)
- Bilan thyroïdien indispensable avant début du traitement ++
Hormones thyroïdiennes
- Tableau de thyrototoxicose "factice" par apport exogène d'hormones thyroïdiennes (but d'amaigrissement…) : typiquement chez un professionnel de santé
- Arguments diagnostiques
- Absence de dystrophie thyroïdienne (pas de goitre)
- Scintigraphie : blanche (absence de fixation)
- Thyroglobuline : effondrée (= freinage de la glande)
Interféron ++
- Interféron α surtout mais aussi β / fréquentes : 5-40% des patients
- Surtout chez des patients prédisposés, porteurs d'anticorps antithyroïdiens
- Généralement sous forme de thyroïdite :
- ± phase d'hyperthyroïdie puis hypothyroïdie
- Parfois sous forme de Basedow avec TRAK positifs
- Ne disparaissent pas toujours après traitement
Thyroïdite subaiguë de De Quervain
Physiopathologie
- Mécanisme
- Evolution (qui est vraie pour toutes les thyroïdites)
- Réaction immune post-virale / atteint généralement toute la glande mais parfois localisée
- Forme parfois atténuée par aspirine et autres anti-inflammatoires
- Phase 1 : lyse des cellules thyroïdiennes, thyrotoxicose transitoire
- Phase 2 : hypothyroïdie
- Phase 3 : récupération complète en 2-3 mois en cas de De Quervain
Examen clinique
- Anamnèse : antécédent d’infection virale récente, syndrome grippal
- Fébricule : persiste alors que l’infection initiale est guérie
- Goitre : ferme / douloureux
Examens complémentaires
- Biologie
- Imagerie
- VS-CRP / NFS : syndrome inflammatoire marqué
- TSH : diminuée ou augmentée selon la phase
- Thyroglobuline : augmentée car libérée par la lyse des cellules
- Echographie : globalement hypoéchogène
- Scintigraphie : blanche
Remarque : causes de scintigraphie blanche
- Thyroïdite du post-partum / iatrogène / factice / de Quervain
Autres causes
Thyrotoxicose gestationnelle transitoire
- 2% des grossesses / par effet stimulant de l'hCG sur le récepteur de la TSH
- Signes au 1e trimestre : nervosité excessive / tachycardie / absence de prise de poids
- Formes sévères : vomissements (hyperemesis gravidarium) / régression spontanée en 2e partie de grossesse
- Passe souvent inaperçue / rarement thyrotoxicose importante, nécessitant un traitement transitoire et prudent
- Anticorps anti-récepteurs de la TSH négatifs (le différencie du Basedow)
Divers
- Mutation activatrices germinales du récepteurs de la TSH (contexte familial)
- Métastases massives sécrétantes d'un cancer thyroïdien vésiculaire différencié
- Tumeurs placentaires (môles hydatiformes) ou testiculaires sécrétant de l'hCG
- Causes de thyrotoxicose avec TSH inadaptée (normale ou élevée)
- Syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes (mutation du récepteur bêta aux hormones thyroïdiennes)
- Adénome hypophysaire sécrétant de la TSH (très rare)
Selon le terrain
Chez l'enfant
- Rares cas génétiques : mutation activatrice du récepteur de la TSH / syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes
- Le + souvent : maladie de Basedow
- Soit néonatale (passage transplacentaire des anticorps maternels / qui disparaissent en 3 mois) / soit acquise
- Clinique : avance staturale et de la maturation osseuse avec signes d'hyperactivité très invalidants pour la scolarité + ophtalmopathie
Chez la femme enceinte
- Non exceptionnelle : thyrotoxicose gestationnelle (2% des grossesses) ou maladie de Basedow (0,2% des grossesse)
- Risques :
- Hyperthyroïdie : pas une contre-indication à la grossesse mais la prévoir si possible et surveillance en milieu spécialisé (échographie fœtale spécifique…)
- Passage trans-placentaire d'anticorps : risque d'hyperthyroïdie fœtale et néonatale (ou si caractère bloquant des anticorps : risque d'hypothyroïdie)
- Risque de goitre et/ou d'hypothyroïdie par passage transplacentaire des antithyroïdiens de synthèse, les utiliser à la + faible posologie possible s'ils sont nécessaires
- Les anticorps peuvent persister malgré un traitement radical par chirurgie ou iode 131 : à rechercher même en cas de maladie apparemment guérie
Chez le sujet âgé
- Possible thyrotoxicose à bas bruit avec altération de l'état général, fonte musculaire sévère, cachexie, insuffisance cardiaque…
- Risque de troubles du rythme et/ou d'insuffisance cardiaque même si thyrotoxicose minime
- Causes les + fréquentes : goitre multinodulaire toxique, adénome toxique
Complications
Complications de la thyrotoxicose
Complications de la thyrotoxicose
- Parfois révélatrices / parfois graves / surtout les sujets fragiles (âgés, avec un comorbidité cardiaque)
- Troubles du rythme supra-ventriculaires
- Insuffisance cardiaque
- Insuffisance coronaire (aggravée ou révélée)
- Fibrillation atriale : l'hyperthyroïdie en est la 1e cause extracardiaque (risque de 30% chez sujets âgés) / rechercher les complications associées
- Flutter : plus rare mais possible (ou tachysystolie)
- Généralités : à débit élevé ou normal / prédominance droite / généralement associée à une fibrillation atriale
- Signes d’appel : résistance aux traitements classiques de l’insuffisance cardiaque
- Si cardiopathie ischémique sous-jacente du fait de l'augmentation du débit cardiaque et de la consommation en O2 myocardique
Ostéo-articulaires
- Ostéoporose : risque majoré chez la femme ménopausée / prédomine au niveau du rachis / par effet ostéoclastique des hormones thyroïdiennes
- Musculaires : chez la personne âgée, peut confiner à un état grabataire, aggravés par la dénutrition
Psychiatriques
- Troubles de l’humeur : épisode dépressif caractérisé
- Manie / troubles psychotiques à type de délire
Selon le terrain
Décompensation de pathologies sous-jacentes
Crise aiguë thyrotoxique
Facteurs déclenchants
- Traitement radical chez un patient non euthyroïdien
- Tout évènement intercurrent
Examen clinique
- Fièvre : hyperthermie majeure > 40°C
- Déshydratation majeure : sur sueurs / diarrhées / vomissements
- Signes cardiologiques : tachycardie > 150 bpm / fibrillation atriale fréquente
- Signes neurologiques : tremblements / agitation / confusion / coma
Examens complémentaires
- Pour évaluation du retentissement
- Pour diagnostic étiologique
- NFS / TP-TCA / ionogramme-urée-créatinine / ECG / gaz du sang
- Recherche d’un syndrome coronarien aigu : ECG ± troponine
- Bilan infectieux : examen cytobactériologique des urines / radiographie thoracique / hémocultures
Décompensation œdémateuse maligne d’une ophtalmopathie
Facteurs de risque
- Tabagisme
- Traitement radical sur orbitopathie active
Signes de gravité signant l’exophtalmie grave
- Taille > 25 mm
- Non réductible
- Douloureuse
Complications
- Risque infectieux : kératites / ulcérations cornéennes / endophtalmie
- Risque neurologique : paralysie oculomotrice / neuropathie optique
Traitement
Mise en condition
- Ambulatoire : absence de complication la plupart du temps
- Hospitalisation : situations urgentes
- Crise aiguë thyrotoxique
- Cardiothyréose chez une personne âgée ou atteinte de maladie cardiaque
- Orbitopathie maligne / forme cachectisante du vieillard
- Maladie de Basedow évolutive chez une femme enceinte
Traitement symptomatique
Généralités
- Systématique quelle que soit l’étiologie
- Jusqu’à disparition des symptômes
Modalités
- Repos ± arrêt de travail : diminuent le stress
- Bêtabloquants : préférer les non cardiosélectifs (propranolol)
- Benzodiazépines : visée sédative / réduisent l’anxiété et l’hyperactivité sympathique
- Contraceptifs : contraception efficace quelle qu’elle soit
- Action sur la tachycardie, les tremblements
- Posologie de 60 à 160 mg par 24 heures
- Inhibe modérément la conversion de T4 en T3 par action inhibitrice sur la désiodase de type 1
Traitement médicamenteux : antithyroïdiens de synthèse
Mode d’action
- Bloquent l’organification de l’iode / inhibent la transformation des iodotyrosines par la thyroperoxydase
- Action en 10-15 jours (car ne bloque pas la libération des hormones thyroïdiennes déjà synthétisées)
- Pour le propylthiouracile : inhibe modérément la désiodase de type 1 et la conversion de T4 en T3
- Action purement suspensive
Molécules
- Méthimazole et apparentés : carbimazole (30-60 mg/j) / méthimazole (+ puissante)
- Thiouraciles : propylthiouracile (300-600 mg/jour) / benzylthiouracile (2x moins – puissante que le propylthiouracile)
- Pendant 4-6 semaines puis doses diminuées et adaptées selon la clinique et biologique
- ± T4L associée selon schéma "blocage et substitution" sauf chez la femme enceinte
Contre-indications
- Insuffisance hépatique
- Hémopathies préexistantes sévères
- Grossesse (choisir le propylthiouracile dans ce cas)
Effets secondaires
- Allergies cutanées (une allergie croisée entre les différents antithyroïdiens de synthèse est possible)
- Hépatite cholestatique (pour le carbimazole) / cytolytique (pour le propylthiouracile : forme + grave)
- Hypothyroïdie si surdosage
- Neutropénie
- Agranulocytose iatrogène immuno-allergique (0,1%, grave)
Education spécifique : NFS en URGENCE en cas de fièvre
Traitements radicaux
Thyroïdectomie totale
- Contre-indications spécifiques
- Effets secondaires
- Modalités
- Patient non anesthésiable ou non opérable
- Liés à la chirurgie : œdème ou hématome compressif / infection locale
- Liés à la localisation : lésion des nerfs récurrents / lésion des parathyroïdes (risque minime mais non nul)
- Thyroïdectomie totale si Basedow après préparation par antithyroïdiens de synthèse pdt 2-3 mois (évite une crise toxique en postopératoire)
- Thyroïdectomie totale si goitre multi-nodulaire toxique ± après préparation médicale courte si besoin (pas de risque de crise toxique)
- Lobectomie du côté de la lésion si adénome toxique ± après préparation médicale courte si besoin
- Education : information sur la technique chirurgicale / les effets secondaires
- Avant la chirurgie : supplémentation en vitamine D / traitement médical de la thyrotoxicose
Iode radioactif (ira-thérapie)
- Technique
- Contre-indications spécifiques
- Modalités
- Administration d’une dose faible d’iode 131 qui détruit le parenchyme hyperfixant / délai d'action de 1-2 mois (parfois + long)
- Traitement simple (pas d'hospitalisation) / sans danger (pas de risque génétique ou de cancérisation secondaire démontré)
- Grossesse / allaitement / orbitopathie sévère non contrôlée
- Arrêt des antithyroïdiens de synthèse 8 jours avant l'administration d'iode / délai retardé de 1-2 mois (± 2e dose faite à 6-12 mois)
- Après le traitement : contraception au moins 6 mois
Stratégie thérapeutique
Maladie de Basedow
Rationnel
- Pas de traitement curatif agissant sur les causes
- Après traitement par antithyroïdiens de synthèse : rechute dans 40-60% des cas (survient surtout la 1e année)
- Thyroïdectomie : hypothyroïdie définitive
- Radio-iode : hypothyroïdie en quelques années dans plus de 50% des cas / risque d'aggravation de l'orbitopathie, prévenu par corticothérapie
Stratégie
- Traitement médical : pendant 1-2 ans à doses d'attaque
- Si rechute : traitement radical (chirurgie si gros goitre / radio-iode : chez le sujet âgé, en cas de récidive après thyroïdectomie mais de + en + utilisé)
- Surveillance prolongée : récidives ou hypothyroïdies parfois des années après l'épisode initial
- Puis : soit baisse des doses selon résultats / soit maintien de fortes doses + T4 pour compenser une hypothyroïdie iatrogène
Goitre multi-hétéro-nodulaire toxique / adénome toxique
- Thyrotoxicose : ± traitement par antithyroïdiens de synthèse pendant 2 à 3 mois pour euthyroïdie
- Traitement radical : systématique, d'emblée ou après antithyroïdiens de synthèse
- Mesures associées : traitement des complications / surveillance à vie
Thyroïdite
- Traitement symptomatique
- Mesures associées : surveillance à long terme
- AINS / corticothérapie 1-2 mg/kg si formes importantes / avec doses de charge puis décroissance sur 2 à 3 mois
Surcharge iodée
- Thyrotoxicose : antithyroïdiens de synthèse (plutôt pour le type 1) ou corticoïdes (plutôt pour le type 2) selon les équipes
- Mesures associées : arrêt de la substance incriminée (pas d'efficacité prouvée de l'arrêt) / gestion avec le cardiologue si cordarone
Traitement des complications
Cardiothyréose
Troubles du rythme
- Traitement de l’hyperthyroïdie
- Traitement symptomatique
- Symptomatique + antithyroïdiens de synthèse / traitement radical ensuite
- Possibilité de choisir un bêtabloquant cardiosélectif
- Pas de cardioversion tant que l'hyperthroïdie persiste
Insuffisance coronaire
- Traitement de l’hyperthyroïdie
- Traitement symptomatique
- Symptomatique + antithyroïdiens de synthèse
- Traitement radical ensuite
- La présence d’une cause ne dispense pas du bilan et place le patient en prévention secondaire
- Bêtabloquants efficaces car débit normal ou élevé / surveiller la tolérance myocardique
Insuffisance cardiaque
- Traitement de l’hyperthyroïdie
- Traitement symptomatique
- Symptomatique + antithyroïdiens de synthèse + traitement radical
Orbitopathie dysthyroïdienne
Mesures générales
- Contre-indication relative au traitement radical car risque de décompensation (surtout iode ++)
- Possible si obligatoire sous couverture corticoïde
- Dans tous les cas : arrêt du tabac
- Diminution de la tension intraoculaire si élevée / collyre pour lubrification cornéenne
- Mesures de protection : collyres protecteurs / verres teintés / dormir avec tête surélevée / prismes si diplopie
Forme active compliquée
- URGENCE
- Traitement local
- Traitement spécifique
- Corticothérapie : 1-1,5 mg/kg/jour ± bolus de méthylprednisone IV 2 mg/jour sur 3 jours au début si formes sévères
- Radiothérapie rétro-oculaire : dans les cas cortico-résistants
- Chirurgie : décompression oculaire ou chirurgie des muscles oculomoteurs ou chirurgie palpébrale (± associées si besoin)
Crise aiguë thyrotoxique
- Mise en condition
- Traitement spécifique
- Traitement symptomatique
- Traitement étiologique
- URGENCE ULTIME
- Hospitalisation en réanimation / soins intensifs
- Bêtabloquants : propranolol IV
- Antithyroïdiens de synthèse : per os ou à la sonde naso-gastrique
- Lugol : per os ou à la sonde naso-gastrique après 24 heures d'antithyroïdiens de synthèse (inhibiteur des sécrétions d'hormones thyroïdiennes)
- Sédatifs : benzodiazépines / neuroleptiques
- Corticothérapie : en intraveineux / par bolus / voire échanges plasmatiques
- Oxygénothérapie ± intubation orotrachéale
- Antipyrétiques
- Réhydratation hydro-électrique
- Antibiothérapie si facteur déclenchant infectieux
Chez la femme enceinte
Généralités
- Surveillance en milieu spécialisé : équilibre entre hyperthyroïdie maternelle et hypothyroïdie fœtale iatrogène
- Suivi obstétrical et endocrinologique rapproché et en alternance
Thyrotoxicose gestationnelle transitoire
Repos au calme ± bêtabloquants en attente de régression spontanée
Maladie de Basedow
- Les antithyroïdiens de synthèse passent la barrière placentaire / thyroïde fœtale fonctionnelle à partir de la 20e semaine
- Propranolol autorisé
- Formes mineures : repos, surveillance étroite (rémission spontanée au milieu de grossesse le + souvent)
- Formes + sévères : antithyroïdiens de synthèse à faible dose avec objectif de T4L à limite supérieure de la normale
- Formes graves : thyroïdectomie possible dès le 2e trimestre après préparation médicale / exceptionnellement indiquée
- Surveillance
- Après l'accouchement
- Propylthiouracile généralement préférée au néo-mercazole (rares aplasies du scalp, malformations œsophagiennes et des choanes avec néo-mercazole)
- De la mère: dosage TSH-T4L + dosage des anticorps (1 fois toutes les 3 semaines)
- Fœtale par échographie (hyperthyroïdie fœtale : augmentation de la fréquence cardiaque, goitre, avance de maturation osseuse) par passage d'anticorps ou goitre fœtal par passage d'antithyroïdiens de synthèse
- Surveillance de la mère : risque de rebond de l'hyperthyroïdie
- Surveillance du nouveau-né : thyrotoxicose néonatale ou hypothyroïdie iatrogène
- Antithyroïdiens de synthèse sécrétés dans le lait (pour le propylthiouracile moins que le néomercazole) mais à faibles doses : allaitement possible, après avis spécialisé
Mesure associée
ALD 100%
Surveillance
Si traitement médical seul
Efficacité
- Clinique : régression des signes cliniques
- Paraclinique
- Sous antithyroïdiens de synthèse : T4 libre (ou T3L si hyperthyroïdie à T3) à la 4e semaine (TSH longtemps basse par inertie thyréotrope)
- Après obtention de l'euthyroïdie : TSH / T4L 1 fois tous les 3-4 mois pendant la durée du traitement
Tolérance
- NFS
- Rythme
- Si agranulocytose
- Tous les 10 jours pendant 2 mois
- NFS si fièvre, signes pharyngés sous antithyroïdiens de synthèse
- Puis tous les 3 mois
- Polynucléaires à moins de 1G/L : arrêt des antithyroïdiens de synthèse / surveillance de la NFS
- Polynucléaires à moins de 0,5 G/L : hospitalisation urgente en milieu hospitalisé / arrêt définitif des antithyroïdiens de synthèse / antibiothérapie large / surveillance de la NFS
Si traitement radical : surveillance de la tolérance
- TSH / T3L / T4L : surveillance régulière
- Puis tous les 3 mois pendant 1 an / puis TSH seule 1 fois par an