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Important

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Hyperthyroïdie

  • Diagnostiquer une hyperthyroïdie
  • Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Généralités

Synthèse des hormones thyroïdiennes

Production

  • Captation de l’iodure : via transporteur spécifique (NIS, Na/I-symporteur)
  • Organification de l'iodure par la thyroperoxydase
  • Biosynthèse des hormones dans la cavité colloïde des vésicules thyroïdiennes à partir de l'iodure et thyroglobuline
  • Oxydation : formation des iodotyrosines sous l’effet de la thryopéroxydase (TPO) : monoiodotyrosine et diiodotyrosine
  • Couplage : monoiodotyrosine + diiodotyrosine = T3 / diiodotyrosine + diiodotyrosine = T4
  • Désiodation : effectuée par la monodéiodase / T4L transformée en T3L au niveau du foie et du muscle strié essentiellement
  • La synthèse se fait sous l'influence de la thyroperoxydase / en présence d'H2O2, la synthèse se fait par le système NADPH oxydase Duox-2
  • T4 : constitue la majorité de la production / ½ vie de 4 jours / production à l'équilibre obtenue 5-6 semaines après modification de l'apport ou de la production

Régulation

  • Au niveau de l’axe hypothalamo-hypophysaire
  • Au niveau de la thyroperoxydase
  • Inhibition : rétrocontrôle négatif si excès de T3
  • Stimulation : si insuffisance de T3
  • Stimulation : TSH
  • Inhibition : excès d’iode (effet « Wolff-Chaïkov ») / antithyroïdiens de synthèse
  • Au niveau de la monodéiodase
  • Inhibition : corticoïdes / bêtabloquants / amiodarone

Remarques

  • T4L : pro-hormone
  • T3L : hormone active
  • Thyroglobuline : marqueur de la synthèse endogène des hormones

Action des hormones thyroïdiennes

Rôle principal : stimulation du métabolisme

  • Augmentation de la production d'énergie / augmentation de la thermogénèse
  • Augmentation de la consommation d’O2 avec élévation du métabolisme de base (augmentation de la synthèse des enzymes mitochondriales)
  • Cardiovasculaire : vasodilatation / augmentation de la contractilité et de la fréquence cardiaque / baisse des résistances périphériques, hausse du débit cardiaque
  • Augmentation du remodelage osseux au profit de l'ostéoclasie / baisse de la transcription des gènes de la TSH (rétrocontrôle négatif)
  • Stimulation de la glycolyse et de la néoglucogenèse, augmentation de la glycémie / stimulation de la lipolyse

Chez le nouveau-né

  • Maturation du système nerveux central
  • Ossification / croissance

Définitions

  • Hyperthyroïdie : ensemble des troubles liés à l'hyperfonctionnement de la thyroïde
  • Thyrotoxicose : conséquence de l'excès d’hormones thyroïdiennes circulantes (d'origine endogène ou exogène)
  • Prévalence : élevée, dépend des pays (de 0,2 à 1,9%)
  • Sex-ratio : touche 7 femmes pour 1 homme
  • En Europe, les causes les + fréquentes par ordre décroissant sont : Basedow > goitre multi-nodulaire toxique > adénome toxique

Diagnostic

Examen clinique

Diagnostic positif : syndrome de thyrotoxicose

  • Signes cardiovasculaires
  • Signes neuro-psychologiques
  • Signes digestifs
  • Signes locomoteurs / cutanés / divers
  • L'intensité des signes dépend du degré de thyorotoxicose, de la durée et du terrain
  • Par fréquence dans les symptômes on retrouve : troubles cardiovasculaires > troubles neuropsychiques > thermophobie > amaigrissement > autres
  • Troubles du rythme : tachycardie sinusale, exagérée aux efforts-émotions, persiste au repos / palpitations / ± dyspnée d'effort
  • Eréthisme : bruits du cœur d'intensité augmentée / parfois souffle systolique de débit / pouls vibrant / augmentation de la pression artérielle systolique
  • Tremblements fin et régulier des extrémités (manœuvre "du serment")
  • Agitation psychomotrice, nervosité excessive, labilité de l'humeur
  • Troubles anxio-dépressifs, fatigue générale
  • Troubles du sommeil
  • Amaigrissement souvent rapide et important, malgré une polyphagie
  • Rarement suivi d'une prise paradoxale de poids lorsque la polyphagie "dépasse" l'hyper-catabolisme
  • Augmentation de la fréquence des selles jusqu'à diarrhée motrice
  • Polydipsie (par augmentation de la production de chaleur)
  • Thermophobie / chaleur cutanée / hypersudation / mains moites
  • Amyotrophie proximale (signe du tabouret)
  • Ostéoporose
  • Rétraction de la paupière supérieure découvrant l'iris, avec asynergie oculo-palpébrale (d'innervation sympathique) / rarement visible hors Basedow
  • Rarement gynécomastie chez l'homme / troubles des règles chez la femme / fertilité généralement conservée

Orientation étiologique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Terrain : recherche d'antécédents auto-immuns personnels et familiaux
  • Anamnèse : prise médicamenteuse / antécédent viral récent
  • Palpation cervicale : recherche d’un goitre / d’un nodule
  • Examen ophtalmologique : recherche d’une ophtalmopathie

Examens complémentaires

Pour diagnostic positif

  • 1ère intention : TSH seule
  • 2ème intention : T4L ± T3L
  • Diminuée voire effondrée
  • Exceptionnellement augmentée si adénome thyréotrope
  • T4L augmentée (sauf hyperthyroïdie à T3 seule élevée) / permettent d'apprécier l'intensité de la thyrotoxicose
  • A demander en 2e intention selon résultat de TSH et contexte clinique
  • On parle d'hyperthyroïdie fruste si les T3-T4 sont normales

Pour évaluation du retentissement

  • ECG ± échographie transthoracique : recherche de troubles du rythme / d’un angor
  • NFS-plaquettes : leuconeutropénie, lymphocytose relative
  • Glycémie : hyperglycémie modérée ou aggravation d'un diabète associé
  • Bilan hépatique : cytolyse / cholestase anictérique
  • Bilan phosphocalcique : hypercalcémie modérée / hyperphosphorémie
  • Ostéodensitométrie : si hyperthyroïdie ancienne non traitée / si facteurs de risque

Pour diagnostic étiologique

  • Bilan immunologique : dosage des TRAK
  • Imagerie : échographie thyroïdienne ± scintigraphie à l’I¹²³

Pour bilan pré-thérapeutique

  • Pré-ATS
  • Pré-I¹²³ ou I¹³¹ : hCG plasmatiques
  • Bilan hépatique
  • hCG plasmatiques / NFS

Diagnostic étiologique

Maladie de Basedow

Généralités

  • 1e cause d'hyperthyroïdie (touche jusqu'à 1,9% des femmes et 0,4% des hommes) / survient sur terrain génétiquement prédisposé
  • Hyperthyroïdie : production d’anticorps anti-TSH-récepteurs : TRAK, ils ont un effet qui simule celui de la TSH
  • Ophtalmopathie
  • Présente chez 50% des malades, surtout les fumeurs
  • Liée à l'inflammation des muscles orbitaires (myosite), des tissus péri-oculaires et de la graisse rétro-orbitaire

Examen clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Dermopathie (myxoedème prétibial)
  • Terrain : femme de 20 à 40 ans / sex-ratio : touche 7 femmes pour 1 homme / 1 % de la population atteinte
  • Antécédents : recherche de maladies auto-immunes personnelles et familiales
  • Recherche d’un facteur déclenchant : stress / surcharge iodée / puberté / ménopause
  • Palpation cervicale : goitre basedowien
  • Diffus / homogène / élastique / non compressif / mobile
  • Vasculaire (souffle systolique à l’auscultation)
  • ± frémissement à la palpation (thrill)
  • Exceptionnelle / mêmes mécanismes que l'orbitopathie / spécifique du Basedow
  • Forme un "placard" rouge, surélevé, induré de la face antérieure des jambes ± des chevilles

Ophtalmopathe dysthyroïdienne

Généralités

  • Étiologies
  • Anamnèse
  • Classification : NOSPECS
  • Liée à une maladie de Basedow dans 85 à 90 % des cas
  • Rarement possible dans les thyroïdites lymphocytaires (Hashimoto) ou d'autres maladies auto-immunes
  • Parfois en même temps que l’hyperthyroïdie
  • Parfois au décours / parfois de quelques mois à quelques années avant
  • Sans relation avec le degré de thyrotoxicose, mais liée à la présence d'anticorps anti-récepteurs de la TSH (TRAK)
  • Chaque lettre correspond à une atteinte cotée de 0 à C

Signes cliniques

  • Signes palpébraux
  • Atteinte des tissus mous
  • Exophtalmie
  • Troubles oculomoteurs
  • Atteintes cornéennes
  • Neuropathie optique
  • Signes de gravité (constitue la forme maligne)
  • Rétraction palpébrale supérieure
  • Asynergie oculopalpébrale lors du regard vers le bas
  • Œdème et rougeur des paupières (pouvant masquer l'exophtalmie)
  • Hyperhémie conjonctivale, larmoiement, picotements, photophobie / chémosis
  • Définition : protrusion supérieure à 20 mm à l’exophtalmètre de Hertel
  • Topographie : généralement bilatérale et asymétrique / rarement unilatérale
  • Caractéristiques hors complication : axile / non pulsatile / réductible si non compliqué / indolore
  • Mécanisme : par œdème puis fibrose musculaire
  • Muscles atteints : droit inférieur ++ / puis le droit médial
  • Manifestations : diplopie verticale ou oblique / d'intensité variable
  • Kératite ponctuée superficielle : banale
  • Ulcères cornéens : stade supérieur de gravité
  • Perforation cornéenne : gravité ++
  • Généralités : rare / extrêmement grave / cécité possible
  • Mécanisme : compression du nerf optique
  • Manifestations : altérations du champ visuel
  • Exophtalmie importante, non réductible, avec inocclusion palpébrale (risque d'ulcération cornéenne)
  • Paralysie complète d'un ou plusieurs muscles (fausse paralysie par rétraction musculaire)
  • Atteinte du nerf optique par compression à l'apex orbitaire ++ (baisse d'acuité visuelle) = neuropathie optique
  • Hypertonie oculaire avec souffrance papillaire due à la compression du globe par les muscles rétractés

Évolution

Favorable / évolue par poussées & périodes de rémission

Imagerie : TDM ou résonance magnétique nucléaire

  • Diagnostic positif
  • Recherche de complications
  • Mesure de l’index oculo-orbitaire / degré de protrusion
  • Augmentation du compartiment graisseux orbitaire / hypertrophie des muscles et de la graisse rétro-orbitaires
  • Stade œdémateux : épaississement des muscles oculomoteurs
  • Stade de fibrose : muscles filiformes et rétractés
  • Compression du nerf optique et caractère évolutif (hypersignal en IRM)

Diagnostic différentiel

  • Cellulite orbitaire : par infection bactérienne
  • Fistules artériocaverneuses : exophtalmie pulsatile (dilatation des veines épisclérales en tête de méduse)
  • Causes tumorales : gliome du II / adénome de la glande lacrymale / lymphomes
  • Orbitopathies inflammatoires chroniques idiopathiques

Examens complémentaires

  • Bilan immunologique : dosage des TRAK
  • Imagerie
  • Bilan ophtalmologique
  • A visée diagnostique : signent une maladie de Basedow si positifs
  • Titre initial élevé : pas d'intérêt pronostique / sans intérêt pour suivre l'évolution en cours de traitement (HAS)
  • Visée pronostique : prédictifs de rechute si élevés en fin de traitement (mais leur disparition n'affirme pas la guérison)
  • Echographie : goitre diffus / hypoéchogène / hypervascularisé
  • Scintigraphie : hyperfixation diffuse et homogène / non indispensable si forme typique
  • Systématique devant toute maladie de Basedow

Autres hyperthyroïdies auto-immunes

Physiopathologie

  • Généralement dû à une mutation somatique activatrice du récepteur de la TSH
  • Avec hypersécrétion d’hormones par une tumeur bénigne
  • Rétrocontrôle de la TSH, freine l’activité du parenchyme sain
  • Nodules sécrétants : ils touchent plutôt les sujets âgés / entraînent un syndrome de thyrotoxicose pur, sans atteinte oculaire

Examen clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Terrain : sujet âgé, 40 à 60 ans
  • Prises : recherche d’une surcharge iodée
  • Thyrotoxicose : ± fruste / signes cardiovasculaires prépondérants
  • Nodule : unique / allure bénigne / plein / régulier

Examens complémentaires

  • Immunologie : TRAK négatifs
  • Imagerie
  • Echographie
  • Scintigraphie thyroïdienne
  • Nodule plein hypervascularisé, tissulaire ou partiellement kystique
  • Hyperfixation localisée
  • Extinction du parenchyme sain (en "drapeau japonais")

Goitre multi-hétéro-nodulaire toxique

Physiopathologie

  • Evolution naturelle des goitres multi-nodulaires anciens
  • Multiplication préférentielle de cellules hyperactives au sein d’un goitre ancien / le reste de la thyroïde est inhibée

Examen clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Prises : recherche systématique de surcharge iodée (possible facteur déclenchant)
  • Goitre : multi-nodulaire / hétérogène

Examens complémentaires

  • Bilan immunologique : TRAK négatifs
  • Imagerie
  • Echographie
  • Scintigraphie : alternance de
  • Goitre multi-nodulaire
  • Zones nodulaires hyperfixantes chaudes
  • Zones de parenchyme sain éteintes froides
  • Image en damier

Hyperthyroïdies iatrogènes

Iode

  • Produits de contraste iodés / amiodarone (15% des patients / survient jusqu'à un an après la fin du traitement)…
  • Mécanismes :
  • Remarque : profil hormonal habituel sous amiodarone : T4L élevée (par inhibition de désiodation de la T4) mais T3, TSH = normales
  • Type I (fonctionnelle)
  • Type II (lésionnelle)
  • Effet de l'apport brutal d'iode sur une pathologie nodulaire préexistante
  • Echographie : thyroïde dystrophique, hypervascularisée à l'échographie
  • Scintigraphie : zones de fixation
  • Prévention : éviter médicaments iodés et produits de contraste chez patients porteurs de goitres nodulaires
  • Effet toxique de l'iode sur les thyréocytes, lyse des cellules, thyroïdite
  • Aspect clinique ± normal
  • Echographie : glande hypoéchogène homogène
  • Scintigraphie : absence totale de toute fixation (blanche)
  • Bilan thyroïdien indispensable avant début du traitement ++

Hormones thyroïdiennes

  • Tableau de thyrototoxicose "factice" par apport exogène d'hormones thyroïdiennes (but d'amaigrissement…) : typiquement chez un professionnel de santé
  • Arguments diagnostiques
  • Absence de dystrophie thyroïdienne (pas de goitre)
  • Scintigraphie : blanche (absence de fixation)
  • Thyroglobuline : effondrée (= freinage de la glande)

Interféron ++

  • Interféron α surtout mais aussi β / fréquentes : 5-40% des patients
  • Surtout chez des patients prédisposés, porteurs d'anticorps antithyroïdiens
  • Généralement sous forme de thyroïdite :
  • ± phase d'hyperthyroïdie puis hypothyroïdie
  • Parfois sous forme de Basedow avec TRAK positifs
  • Ne disparaissent pas toujours après traitement

Thyroïdite subaiguë de De Quervain

Physiopathologie

  • Mécanisme
  • Evolution (qui est vraie pour toutes les thyroïdites)
  • Réaction immune post-virale / atteint généralement toute la glande mais parfois localisée
  • Forme parfois atténuée par aspirine et autres anti-inflammatoires
  • Phase 1 : lyse des cellules thyroïdiennes, thyrotoxicose transitoire
  • Phase 2 : hypothyroïdie
  • Phase 3 : récupération complète en 2-3 mois en cas de De Quervain

Examen clinique

  • Anamnèse : antécédent d’infection virale récente, syndrome grippal
  • Fébricule : persiste alors que l’infection initiale est guérie
  • Goitre : ferme / douloureux

Examens complémentaires

  • Biologie
  • Imagerie
  • VS-CRP / NFS : syndrome inflammatoire marqué
  • TSH : diminuée ou augmentée selon la phase
  • Thyroglobuline : augmentée car libérée par la lyse des cellules
  • Echographie : globalement hypoéchogène
  • Scintigraphie : blanche

Remarque : causes de scintigraphie blanche

- Thyroïdite du post-partum / iatrogène / factice / de Quervain

Autres causes

Thyrotoxicose gestationnelle transitoire

  • 2% des grossesses / par effet stimulant de l'hCG sur le récepteur de la TSH
  • Signes au 1e trimestre : nervosité excessive / tachycardie / absence de prise de poids
  • Formes sévères : vomissements (hyperemesis gravidarium) / régression spontanée en 2e partie de grossesse
  • Passe souvent inaperçue / rarement thyrotoxicose importante, nécessitant un traitement transitoire et prudent
  • Anticorps anti-récepteurs de la TSH négatifs (le différencie du Basedow)

Divers

  • Mutation activatrices germinales du récepteurs de la TSH (contexte familial)
  • Métastases massives sécrétantes d'un cancer thyroïdien vésiculaire différencié
  • Tumeurs placentaires (môles hydatiformes) ou testiculaires sécrétant de l'hCG
  • Causes de thyrotoxicose avec TSH inadaptée (normale ou élevée)
  • Syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes (mutation du récepteur bêta aux hormones thyroïdiennes)
  • Adénome hypophysaire sécrétant de la TSH (très rare)

Selon le terrain

Chez l'enfant

  • Rares cas génétiques : mutation activatrice du récepteur de la TSH / syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes
  • Le + souvent : maladie de Basedow
  • Soit néonatale (passage transplacentaire des anticorps maternels / qui disparaissent en 3 mois) / soit acquise
  • Clinique : avance staturale et de la maturation osseuse avec signes d'hyperactivité très invalidants pour la scolarité + ophtalmopathie

Chez la femme enceinte

  • Non exceptionnelle : thyrotoxicose gestationnelle (2% des grossesses) ou maladie de Basedow (0,2% des grossesse)
  • Risques :
  • Hyperthyroïdie : pas une contre-indication à la grossesse mais la prévoir si possible et surveillance en milieu spécialisé (échographie fœtale spécifique…)
  • Passage trans-placentaire d'anticorps : risque d'hyperthyroïdie fœtale et néonatale (ou si caractère bloquant des anticorps : risque d'hypothyroïdie)
  • Risque de goitre et/ou d'hypothyroïdie par passage transplacentaire des antithyroïdiens de synthèse, les utiliser à la + faible posologie possible s'ils sont nécessaires
  • Les anticorps peuvent persister malgré un traitement radical par chirurgie ou iode 131 : à rechercher même en cas de maladie apparemment guérie

Chez le sujet âgé

  • Possible thyrotoxicose à bas bruit avec altération de l'état général, fonte musculaire sévère, cachexie, insuffisance cardiaque…
  • Risque de troubles du rythme et/ou d'insuffisance cardiaque même si thyrotoxicose minime
  • Causes les + fréquentes : goitre multinodulaire toxique, adénome toxique

Complications

Complications de la thyrotoxicose

Complications de la thyrotoxicose

  • Parfois révélatrices / parfois graves / surtout les sujets fragiles (âgés, avec un comorbidité cardiaque)
  • Troubles du rythme supra-ventriculaires
  • Insuffisance cardiaque
  • Insuffisance coronaire (aggravée ou révélée)
  • Fibrillation atriale : l'hyperthyroïdie en est la 1e cause extracardiaque (risque de 30% chez sujets âgés) / rechercher les complications associées
  • Flutter : plus rare mais possible (ou tachysystolie)
  • Généralités : à débit élevé ou normal / prédominance droite / généralement associée à une fibrillation atriale
  • Signes d’appel : résistance aux traitements classiques de l’insuffisance cardiaque
  • Si cardiopathie ischémique sous-jacente du fait de l'augmentation du débit cardiaque et de la consommation en O2 myocardique

Ostéo-articulaires

  • Ostéoporose : risque majoré chez la femme ménopausée / prédomine au niveau du rachis / par effet ostéoclastique des hormones thyroïdiennes
  • Musculaires : chez la personne âgée, peut confiner à un état grabataire, aggravés par la dénutrition

Psychiatriques

  • Troubles de l’humeur : épisode dépressif caractérisé
  • Manie / troubles psychotiques à type de délire

Selon le terrain

Décompensation de pathologies sous-jacentes

Crise aiguë thyrotoxique

Facteurs déclenchants

  • Traitement radical chez un patient non euthyroïdien
  • Tout évènement intercurrent

Examen clinique

  • Fièvre : hyperthermie majeure > 40°C
  • Déshydratation majeure : sur sueurs / diarrhées / vomissements
  • Signes cardiologiques : tachycardie > 150 bpm / fibrillation atriale fréquente
  • Signes neurologiques : tremblements / agitation / confusion / coma

Examens complémentaires

  • Pour évaluation du retentissement
  • Pour diagnostic étiologique
  • NFS / TP-TCA / ionogramme-urée-créatinine / ECG / gaz du sang
  • Recherche d’un syndrome coronarien aigu : ECG ± troponine
  • Bilan infectieux : examen cytobactériologique des urines / radiographie thoracique / hémocultures

Décompensation œdémateuse maligne d’une ophtalmopathie

Facteurs de risque

  • Tabagisme
  • Traitement radical sur orbitopathie active

Signes de gravité signant l’exophtalmie grave

  • Taille > 25 mm
  • Non réductible
  • Douloureuse

Complications

  • Risque infectieux : kératites / ulcérations cornéennes / endophtalmie
  • Risque neurologique : paralysie oculomotrice / neuropathie optique

Traitement

Mise en condition

  • Ambulatoire : absence de complication la plupart du temps
  • Hospitalisation : situations urgentes
  • Crise aiguë thyrotoxique
  • Cardiothyréose chez une personne âgée ou atteinte de maladie cardiaque
  • Orbitopathie maligne / forme cachectisante du vieillard
  • Maladie de Basedow évolutive chez une femme enceinte

Traitement symptomatique

Généralités

  • Systématique quelle que soit l’étiologie
  • Jusqu’à disparition des symptômes

Modalités

  • Repos ± arrêt de travail : diminuent le stress
  • Bêtabloquants : préférer les non cardiosélectifs (propranolol)
  • Benzodiazépines : visée sédative / réduisent l’anxiété et l’hyperactivité sympathique
  • Contraceptifs : contraception efficace quelle qu’elle soit
  • Action sur la tachycardie, les tremblements
  • Posologie de 60 à 160 mg par 24 heures
  • Inhibe modérément la conversion de T4 en T3 par action inhibitrice sur la désiodase de type 1

Traitement médicamenteux : antithyroïdiens de synthèse

Mode d’action

  • Bloquent l’organification de l’iode / inhibent la transformation des iodotyrosines par la thyroperoxydase
  • Action en 10-15 jours (car ne bloque pas la libération des hormones thyroïdiennes déjà synthétisées)
  • Pour le propylthiouracile : inhibe modérément la désiodase de type 1 et la conversion de T4 en T3
  • Action purement suspensive

Molécules

  • Méthimazole et apparentés : carbimazole (30-60 mg/j) / méthimazole (+ puissante)
  • Thiouraciles : propylthiouracile (300-600 mg/jour) / benzylthiouracile (2x moins – puissante que le propylthiouracile)
  • Pendant 4-6 semaines puis doses diminuées et adaptées selon la clinique et biologique
  • ± T4L associée selon schéma "blocage et substitution" sauf chez la femme enceinte

Contre-indications

  • Insuffisance hépatique
  • Hémopathies préexistantes sévères
  • Grossesse (choisir le propylthiouracile dans ce cas)

Effets secondaires

  • Allergies cutanées (une allergie croisée entre les différents antithyroïdiens de synthèse est possible)
  • Hépatite cholestatique (pour le carbimazole) / cytolytique (pour le propylthiouracile : forme + grave)
  • Hypothyroïdie si surdosage
  • Neutropénie
  • Agranulocytose iatrogène immuno-allergique (0,1%, grave)

Education spécifique : NFS en URGENCE en cas de fièvre

Traitements radicaux

Thyroïdectomie totale

  • Contre-indications spécifiques
  • Effets secondaires
  • Modalités
  • Patient non anesthésiable ou non opérable
  • Liés à la chirurgie : œdème ou hématome compressif / infection locale
  • Liés à la localisation : lésion des nerfs récurrents / lésion des parathyroïdes (risque minime mais non nul)
  • Thyroïdectomie totale si Basedow après préparation par antithyroïdiens de synthèse pdt 2-3 mois (évite une crise toxique en postopératoire)
  • Thyroïdectomie totale si goitre multi-nodulaire toxique ± après préparation médicale courte si besoin (pas de risque de crise toxique)
  • Lobectomie du côté de la lésion si adénome toxique ± après préparation médicale courte si besoin
  • Education : information sur la technique chirurgicale / les effets secondaires
  • Avant la chirurgie : supplémentation en vitamine D / traitement médical de la thyrotoxicose

Iode radioactif (ira-thérapie)

  • Technique
  • Contre-indications spécifiques
  • Modalités
  • Administration d’une dose faible d’iode 131 qui détruit le parenchyme hyperfixant / délai d'action de 1-2 mois (parfois + long)
  • Traitement simple (pas d'hospitalisation) / sans danger (pas de risque génétique ou de cancérisation secondaire démontré)
  • Grossesse / allaitement / orbitopathie sévère non contrôlée
  • Arrêt des antithyroïdiens de synthèse 8 jours avant l'administration d'iode / délai retardé de 1-2 mois (± 2e dose faite à 6-12 mois)
  • Après le traitement : contraception au moins 6 mois

Stratégie thérapeutique

Maladie de Basedow

Rationnel

  • Pas de traitement curatif agissant sur les causes
  • Après traitement par antithyroïdiens de synthèse : rechute dans 40-60% des cas (survient surtout la 1e année)
  • Thyroïdectomie : hypothyroïdie définitive
  • Radio-iode : hypothyroïdie en quelques années dans plus de 50% des cas / risque d'aggravation de l'orbitopathie, prévenu par corticothérapie

Stratégie

  • Traitement médical : pendant 1-2 ans à doses d'attaque
  • Si rechute : traitement radical (chirurgie si gros goitre / radio-iode : chez le sujet âgé, en cas de récidive après thyroïdectomie mais de + en + utilisé)
  • Surveillance prolongée : récidives ou hypothyroïdies parfois des années après l'épisode initial
  • Puis : soit baisse des doses selon résultats / soit maintien de fortes doses + T4 pour compenser une hypothyroïdie iatrogène

Goitre multi-hétéro-nodulaire toxique / adénome toxique

  • Thyrotoxicose : ± traitement par antithyroïdiens de synthèse pendant 2 à 3 mois pour euthyroïdie
  • Traitement radical : systématique, d'emblée ou après antithyroïdiens de synthèse
  • Mesures associées : traitement des complications / surveillance à vie

Thyroïdite

  • Traitement symptomatique
  • Mesures associées : surveillance à long terme
  • AINS / corticothérapie 1-2 mg/kg si formes importantes / avec doses de charge puis décroissance sur 2 à 3 mois

Surcharge iodée

  • Thyrotoxicose : antithyroïdiens de synthèse (plutôt pour le type 1) ou corticoïdes (plutôt pour le type 2) selon les équipes
  • Mesures associées : arrêt de la substance incriminée (pas d'efficacité prouvée de l'arrêt) / gestion avec le cardiologue si cordarone

Traitement des complications

Cardiothyréose

Troubles du rythme

  • Traitement de l’hyperthyroïdie
  • Traitement symptomatique
  • Symptomatique + antithyroïdiens de synthèse / traitement radical ensuite
  • Possibilité de choisir un bêtabloquant cardiosélectif
  • Pas de cardioversion tant que l'hyperthroïdie persiste

Insuffisance coronaire

  • Traitement de l’hyperthyroïdie
  • Traitement symptomatique
  • Symptomatique + antithyroïdiens de synthèse
  • Traitement radical ensuite
  • La présence d’une cause ne dispense pas du bilan et place le patient en prévention secondaire
  • Bêtabloquants efficaces car débit normal ou élevé / surveiller la tolérance myocardique

Insuffisance cardiaque

  • Traitement de l’hyperthyroïdie
  • Traitement symptomatique
  • Symptomatique + antithyroïdiens de synthèse + traitement radical

Orbitopathie dysthyroïdienne

Mesures générales

  • Contre-indication relative au traitement radical car risque de décompensation (surtout iode ++)
  • Possible si obligatoire sous couverture corticoïde
  • Dans tous les cas : arrêt du tabac
  • Diminution de la tension intraoculaire si élevée / collyre pour lubrification cornéenne
  • Mesures de protection : collyres protecteurs / verres teintés / dormir avec tête surélevée / prismes si diplopie

Forme active compliquée

  • URGENCE
  • Traitement local
  • Traitement spécifique
  • Corticothérapie : 1-1,5 mg/kg/jour ± bolus de méthylprednisone IV 2 mg/jour sur 3 jours au début si formes sévères
  • Radiothérapie rétro-oculaire : dans les cas cortico-résistants
  • Chirurgie : décompression oculaire ou chirurgie des muscles oculomoteurs ou chirurgie palpébrale (± associées si besoin)

Crise aiguë thyrotoxique

  • Mise en condition
  • Traitement spécifique
  • Traitement symptomatique
  • Traitement étiologique
  • URGENCE ULTIME
  • Hospitalisation en réanimation / soins intensifs
  • Bêtabloquants : propranolol IV
  • Antithyroïdiens de synthèse : per os ou à la sonde naso-gastrique
  • Lugol : per os ou à la sonde naso-gastrique après 24 heures d'antithyroïdiens de synthèse (inhibiteur des sécrétions d'hormones thyroïdiennes)
  • Sédatifs : benzodiazépines / neuroleptiques
  • Corticothérapie : en intraveineux / par bolus / voire échanges plasmatiques
  • Oxygénothérapie ± intubation orotrachéale
  • Antipyrétiques
  • Réhydratation hydro-électrique
  • Antibiothérapie si facteur déclenchant infectieux

Chez la femme enceinte

Généralités

  • Surveillance en milieu spécialisé : équilibre entre hyperthyroïdie maternelle et hypothyroïdie fœtale iatrogène
  • Suivi obstétrical et endocrinologique rapproché et en alternance

Thyrotoxicose gestationnelle transitoire

Repos au calme ± bêtabloquants en attente de régression spontanée

Maladie de Basedow

  • Les antithyroïdiens de synthèse passent la barrière placentaire / thyroïde fœtale fonctionnelle à partir de la 20e semaine
  • Propranolol autorisé
  • Formes mineures : repos, surveillance étroite (rémission spontanée au milieu de grossesse le + souvent)
  • Formes + sévères : antithyroïdiens de synthèse à faible dose avec objectif de T4L à limite supérieure de la normale
  • Formes graves : thyroïdectomie possible dès le 2e trimestre après préparation médicale / exceptionnellement indiquée
  • Surveillance
  • Après l'accouchement
  • Propylthiouracile généralement préférée au néo-mercazole (rares aplasies du scalp, malformations œsophagiennes et des choanes avec néo-mercazole)
  • De la mère: dosage TSH-T4L + dosage des anticorps (1 fois toutes les 3 semaines)
  • Fœtale par échographie (hyperthyroïdie fœtale : augmentation de la fréquence cardiaque, goitre, avance de maturation osseuse) par passage d'anticorps ou goitre fœtal par passage d'antithyroïdiens de synthèse
  • Surveillance de la mère : risque de rebond de l'hyperthyroïdie
  • Surveillance du nouveau-né : thyrotoxicose néonatale ou hypothyroïdie iatrogène
  • Antithyroïdiens de synthèse sécrétés dans le lait (pour le propylthiouracile moins que le néomercazole) mais à faibles doses : allaitement possible, après avis spécialisé

Mesure associée

ALD 100%

Surveillance

Si traitement médical seul

Efficacité

  • Clinique : régression des signes cliniques
  • Paraclinique
  • Sous antithyroïdiens de synthèse : T4 libre (ou T3L si hyperthyroïdie à T3) à la 4e semaine (TSH longtemps basse par inertie thyréotrope)
  • Après obtention de l'euthyroïdie : TSH / T4L 1 fois tous les 3-4 mois pendant la durée du traitement

Tolérance

  • NFS
  • Rythme
  • Si agranulocytose
  • Tous les 10 jours pendant 2 mois
  • NFS si fièvre, signes pharyngés sous antithyroïdiens de synthèse
  • Puis tous les 3 mois
  • Polynucléaires à moins de 1G/L : arrêt des antithyroïdiens de synthèse / surveillance de la NFS
  • Polynucléaires à moins de 0,5 G/L : hospitalisation urgente en milieu hospitalisé / arrêt définitif des antithyroïdiens de synthèse / antibiothérapie large / surveillance de la NFS

Si traitement radical : surveillance de la tolérance

  • TSH / T3L / T4L : surveillance régulière
  • Puis tous les 3 mois pendant 1 an / puis TSH seule 1 fois par an

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  • Diagnostiquer une hyperthyroïdie
  • Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Généralités

Synthèse des hormones thyroïdiennes

Production

  • Captation de l’iodure : via transporteur spécifique (NIS, Na/I-symporteur)
  • Organification de l'iodure par la thyroperoxydase
  • Biosynthèse des hormones dans la cavité colloïde des vésicules thyroïdiennes à partir de l'iodure et thyroglobuline
  • Oxydation : formation des iodotyrosines sous l’effet de la thryopéroxydase (TPO) : monoiodotyrosine et diiodotyrosine
  • Couplage : monoiodotyrosine + diiodotyrosine = T3 / diiodotyrosine + diiodotyrosine = T4
  • Désiodation : effectuée par la monodéiodase / T4L transformée en T3L au niveau du foie et du muscle strié essentiellement
  • La synthèse se fait sous l'influence de la thyroperoxydase / en présence d'H2O2, la synthèse se fait par le système NADPH oxydase Duox-2
  • T4 : constitue la majorité de la production / ½ vie de 4 jours / production à l'équilibre obtenue 5-6 semaines après modification de l'apport ou de la production

Régulation

  • Au niveau de l’axe hypothalamo-hypophysaire
  • Au niveau de la thyroperoxydase
  • Inhibition : rétrocontrôle négatif si excès de T3
  • Stimulation : si insuffisance de T3
  • Stimulation : TSH
  • Inhibition : excès d’iode (effet « Wolff-Chaïkov ») / antithyroïdiens de synthèse
  • Au niveau de la monodéiodase
  • Inhibition : corticoïdes / bêtabloquants / amiodarone

Remarques

  • T4L : pro-hormone
  • T3L : hormone active
  • Thyroglobuline : marqueur de la synthèse endogène des hormones

Action des hormones thyroïdiennes

Rôle principal : stimulation du métabolisme

  • Augmentation de la production d'énergie / augmentation de la thermogénèse
  • Augmentation de la consommation d’O2 avec élévation du métabolisme de base (augmentation de la synthèse des enzymes mitochondriales)
  • Cardiovasculaire : vasodilatation / augmentation de la contractilité et de la fréquence cardiaque / baisse des résistances périphériques, hausse du débit cardiaque
  • Augmentation du remodelage osseux au profit de l'ostéoclasie / baisse de la transcription des gènes de la TSH (rétrocontrôle négatif)
  • Stimulation de la glycolyse et de la néoglucogenèse, augmentation de la glycémie / stimulation de la lipolyse

Chez le nouveau-né

  • Maturation du système nerveux central
  • Ossification / croissance

Définitions

  • Hyperthyroïdie : ensemble des troubles liés à l'hyperfonctionnement de la thyroïde
  • Thyrotoxicose : conséquence de l'excès d’hormones thyroïdiennes circulantes (d'origine endogène ou exogène)
  • Prévalence : élevée, dépend des pays (de 0,2 à 1,9%)
  • Sex-ratio : touche 7 femmes pour 1 homme
  • En Europe, les causes les + fréquentes par ordre décroissant sont : Basedow > goitre multi-nodulaire toxique > adénome toxique

Diagnostic

Examen clinique

Diagnostic positif : syndrome de thyrotoxicose

  • Signes cardiovasculaires
  • Signes neuro-psychologiques
  • Signes digestifs
  • Signes locomoteurs / cutanés / divers
  • L'intensité des signes dépend du degré de thyorotoxicose, de la durée et du terrain
  • Par fréquence dans les symptômes on retrouve : troubles cardiovasculaires > troubles neuropsychiques > thermophobie > amaigrissement > autres
  • Troubles du rythme : tachycardie sinusale, exagérée aux efforts-émotions, persiste au repos / palpitations / ± dyspnée d'effort
  • Eréthisme : bruits du cœur d'intensité augmentée / parfois souffle systolique de débit / pouls vibrant / augmentation de la pression artérielle systolique
  • Tremblements fin et régulier des extrémités (manœuvre "du serment")
  • Agitation psychomotrice, nervosité excessive, labilité de l'humeur
  • Troubles anxio-dépressifs, fatigue générale
  • Troubles du sommeil
  • Amaigrissement souvent rapide et important, malgré une polyphagie
  • Rarement suivi d'une prise paradoxale de poids lorsque la polyphagie "dépasse" l'hyper-catabolisme
  • Augmentation de la fréquence des selles jusqu'à diarrhée motrice
  • Polydipsie (par augmentation de la production de chaleur)
  • Thermophobie / chaleur cutanée / hypersudation / mains moites
  • Amyotrophie proximale (signe du tabouret)
  • Ostéoporose
  • Rétraction de la paupière supérieure découvrant l'iris, avec asynergie oculo-palpébrale (d'innervation sympathique) / rarement visible hors Basedow
  • Rarement gynécomastie chez l'homme / troubles des règles chez la femme / fertilité généralement conservée

Orientation étiologique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Terrain : recherche d'antécédents auto-immuns personnels et familiaux
  • Anamnèse : prise médicamenteuse / antécédent viral récent
  • Palpation cervicale : recherche d’un goitre / d’un nodule
  • Examen ophtalmologique : recherche d’une ophtalmopathie

Examens complémentaires

Pour diagnostic positif

  • 1ère intention : TSH seule
  • 2ème intention : T4L ± T3L
  • Diminuée voire effondrée
  • Exceptionnellement augmentée si adénome thyréotrope
  • T4L augmentée (sauf hyperthyroïdie à T3 seule élevée) / permettent d'apprécier l'intensité de la thyrotoxicose
  • A demander en 2e intention selon résultat de TSH et contexte clinique
  • On parle d'hyperthyroïdie fruste si les T3-T4 sont normales

Pour évaluation du retentissement

  • ECG ± échographie transthoracique : recherche de troubles du rythme / d’un angor
  • NFS-plaquettes : leuconeutropénie, lymphocytose relative
  • Glycémie : hyperglycémie modérée ou aggravation d'un diabète associé
  • Bilan hépatique : cytolyse / cholestase anictérique
  • Bilan phosphocalcique : hypercalcémie modérée / hyperphosphorémie
  • Ostéodensitométrie : si hyperthyroïdie ancienne non traitée / si facteurs de risque

Pour diagnostic étiologique

  • Bilan immunologique : dosage des TRAK
  • Imagerie : échographie thyroïdienne ± scintigraphie à l’I¹²³

Pour bilan pré-thérapeutique

  • Pré-ATS
  • Pré-I¹²³ ou I¹³¹ : hCG plasmatiques
  • Bilan hépatique
  • hCG plasmatiques / NFS

Diagnostic étiologique

Maladie de Basedow

Généralités

  • 1e cause d'hyperthyroïdie (touche jusqu'à 1,9% des femmes et 0,4% des hommes) / survient sur terrain génétiquement prédisposé
  • Hyperthyroïdie : production d’anticorps anti-TSH-récepteurs : TRAK, ils ont un effet qui simule celui de la TSH
  • Ophtalmopathie
  • Présente chez 50% des malades, surtout les fumeurs
  • Liée à l'inflammation des muscles orbitaires (myosite), des tissus péri-oculaires et de la graisse rétro-orbitaire

Examen clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Dermopathie (myxoedème prétibial)
  • Terrain : femme de 20 à 40 ans / sex-ratio : touche 7 femmes pour 1 homme / 1 % de la population atteinte
  • Antécédents : recherche de maladies auto-immunes personnelles et familiales
  • Recherche d’un facteur déclenchant : stress / surcharge iodée / puberté / ménopause
  • Palpation cervicale : goitre basedowien
  • Diffus / homogène / élastique / non compressif / mobile
  • Vasculaire (souffle systolique à l’auscultation)
  • ± frémissement à la palpation (thrill)
  • Exceptionnelle / mêmes mécanismes que l'orbitopathie / spécifique du Basedow
  • Forme un "placard" rouge, surélevé, induré de la face antérieure des jambes ± des chevilles

Ophtalmopathe dysthyroïdienne

Généralités

  • Étiologies
  • Anamnèse
  • Classification : NOSPECS
  • Liée à une maladie de Basedow dans 85 à 90 % des cas
  • Rarement possible dans les thyroïdites lymphocytaires (Hashimoto) ou d'autres maladies auto-immunes
  • Parfois en même temps que l’hyperthyroïdie
  • Parfois au décours / parfois de quelques mois à quelques années avant
  • Sans relation avec le degré de thyrotoxicose, mais liée à la présence d'anticorps anti-récepteurs de la TSH (TRAK)
  • Chaque lettre correspond à une atteinte cotée de 0 à C

Signes cliniques

  • Signes palpébraux
  • Atteinte des tissus mous
  • Exophtalmie
  • Troubles oculomoteurs
  • Atteintes cornéennes
  • Neuropathie optique
  • Signes de gravité (constitue la forme maligne)
  • Rétraction palpébrale supérieure
  • Asynergie oculopalpébrale lors du regard vers le bas
  • Œdème et rougeur des paupières (pouvant masquer l'exophtalmie)
  • Hyperhémie conjonctivale, larmoiement, picotements, photophobie / chémosis
  • Définition : protrusion supérieure à 20 mm à l’exophtalmètre de Hertel
  • Topographie : généralement bilatérale et asymétrique / rarement unilatérale
  • Caractéristiques hors complication : axile / non pulsatile / réductible si non compliqué / indolore
  • Mécanisme : par œdème puis fibrose musculaire
  • Muscles atteints : droit inférieur ++ / puis le droit médial
  • Manifestations : diplopie verticale ou oblique / d'intensité variable
  • Kératite ponctuée superficielle : banale
  • Ulcères cornéens : stade supérieur de gravité
  • Perforation cornéenne : gravité ++
  • Généralités : rare / extrêmement grave / cécité possible
  • Mécanisme : compression du nerf optique
  • Manifestations : altérations du champ visuel
  • Exophtalmie importante, non réductible, avec inocclusion palpébrale (risque d'ulcération cornéenne)
  • Paralysie complète d'un ou plusieurs muscles (fausse paralysie par rétraction musculaire)
  • Atteinte du nerf optique par compression à l'apex orbitaire ++ (baisse d'acuité visuelle) = neuropathie optique
  • Hypertonie oculaire avec souffrance papillaire due à la compression du globe par les muscles rétractés

Évolution

Favorable / évolue par poussées & périodes de rémission

Imagerie : TDM ou résonance magnétique nucléaire

  • Diagnostic positif
  • Recherche de complications
  • Mesure de l’index oculo-orbitaire / degré de protrusion
  • Augmentation du compartiment graisseux orbitaire / hypertrophie des muscles et de la graisse rétro-orbitaires
  • Stade œdémateux : épaississement des muscles oculomoteurs
  • Stade de fibrose : muscles filiformes et rétractés
  • Compression du nerf optique et caractère évolutif (hypersignal en IRM)

Diagnostic différentiel

  • Cellulite orbitaire : par infection bactérienne
  • Fistules artériocaverneuses : exophtalmie pulsatile (dilatation des veines épisclérales en tête de méduse)
  • Causes tumorales : gliome du II / adénome de la glande lacrymale / lymphomes
  • Orbitopathies inflammatoires chroniques idiopathiques

Examens complémentaires

  • Bilan immunologique : dosage des TRAK
  • Imagerie
  • Bilan ophtalmologique
  • A visée diagnostique : signent une maladie de Basedow si positifs
  • Titre initial élevé : pas d'intérêt pronostique / sans intérêt pour suivre l'évolution en cours de traitement (HAS)
  • Visée pronostique : prédictifs de rechute si élevés en fin de traitement (mais leur disparition n'affirme pas la guérison)
  • Echographie : goitre diffus / hypoéchogène / hypervascularisé
  • Scintigraphie : hyperfixation diffuse et homogène / non indispensable si forme typique
  • Systématique devant toute maladie de Basedow

Autres hyperthyroïdies auto-immunes

Physiopathologie

  • Généralement dû à une mutation somatique activatrice du récepteur de la TSH
  • Avec hypersécrétion d’hormones par une tumeur bénigne
  • Rétrocontrôle de la TSH, freine l’activité du parenchyme sain
  • Nodules sécrétants : ils touchent plutôt les sujets âgés / entraînent un syndrome de thyrotoxicose pur, sans atteinte oculaire

Examen clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Terrain : sujet âgé, 40 à 60 ans
  • Prises : recherche d’une surcharge iodée
  • Thyrotoxicose : ± fruste / signes cardiovasculaires prépondérants
  • Nodule : unique / allure bénigne / plein / régulier

Examens complémentaires

  • Immunologie : TRAK négatifs
  • Imagerie
  • Echographie
  • Scintigraphie thyroïdienne
  • Nodule plein hypervascularisé, tissulaire ou partiellement kystique
  • Hyperfixation localisée
  • Extinction du parenchyme sain (en "drapeau japonais")

Goitre multi-hétéro-nodulaire toxique

Physiopathologie

  • Evolution naturelle des goitres multi-nodulaires anciens
  • Multiplication préférentielle de cellules hyperactives au sein d’un goitre ancien / le reste de la thyroïde est inhibée

Examen clinique

  • Interrogatoire
  • Examen physique
  • Prises : recherche systématique de surcharge iodée (possible facteur déclenchant)
  • Goitre : multi-nodulaire / hétérogène

Examens complémentaires

  • Bilan immunologique : TRAK négatifs
  • Imagerie
  • Echographie
  • Scintigraphie : alternance de
  • Goitre multi-nodulaire
  • Zones nodulaires hyperfixantes chaudes
  • Zones de parenchyme sain éteintes froides
  • Image en damier

Hyperthyroïdies iatrogènes

Iode

  • Produits de contraste iodés / amiodarone (15% des patients / survient jusqu'à un an après la fin du traitement)…
  • Mécanismes :
  • Remarque : profil hormonal habituel sous amiodarone : T4L élevée (par inhibition de désiodation de la T4) mais T3, TSH = normales
  • Type I (fonctionnelle)
  • Type II (lésionnelle)
  • Effet de l'apport brutal d'iode sur une pathologie nodulaire préexistante
  • Echographie : thyroïde dystrophique, hypervascularisée à l'échographie
  • Scintigraphie : zones de fixation
  • Prévention : éviter médicaments iodés et produits de contraste chez patients porteurs de goitres nodulaires
  • Effet toxique de l'iode sur les thyréocytes, lyse des cellules, thyroïdite
  • Aspect clinique ± normal
  • Echographie : glande hypoéchogène homogène
  • Scintigraphie : absence totale de toute fixation (blanche)
  • Bilan thyroïdien indispensable avant début du traitement ++

Hormones thyroïdiennes

  • Tableau de thyrototoxicose "factice" par apport exogène d'hormones thyroïdiennes (but d'amaigrissement…) : typiquement chez un professionnel de santé
  • Arguments diagnostiques
  • Absence de dystrophie thyroïdienne (pas de goitre)
  • Scintigraphie : blanche (absence de fixation)
  • Thyroglobuline : effondrée (= freinage de la glande)

Interféron ++

  • Interféron α surtout mais aussi β / fréquentes : 5-40% des patients
  • Surtout chez des patients prédisposés, porteurs d'anticorps antithyroïdiens
  • Généralement sous forme de thyroïdite :
  • ± phase d'hyperthyroïdie puis hypothyroïdie
  • Parfois sous forme de Basedow avec TRAK positifs
  • Ne disparaissent pas toujours après traitement

Thyroïdite subaiguë de De Quervain

Physiopathologie

  • Mécanisme
  • Evolution (qui est vraie pour toutes les thyroïdites)
  • Réaction immune post-virale / atteint généralement toute la glande mais parfois localisée
  • Forme parfois atténuée par aspirine et autres anti-inflammatoires
  • Phase 1 : lyse des cellules thyroïdiennes, thyrotoxicose transitoire
  • Phase 2 : hypothyroïdie
  • Phase 3 : récupération complète en 2-3 mois en cas de De Quervain

Examen clinique

  • Anamnèse : antécédent d’infection virale récente, syndrome grippal
  • Fébricule : persiste alors que l’infection initiale est guérie
  • Goitre : ferme / douloureux

Examens complémentaires

  • Biologie
  • Imagerie
  • VS-CRP / NFS : syndrome inflammatoire marqué
  • TSH : diminuée ou augmentée selon la phase
  • Thyroglobuline : augmentée car libérée par la lyse des cellules
  • Echographie : globalement hypoéchogène
  • Scintigraphie : blanche

Remarque : causes de scintigraphie blanche

- Thyroïdite du post-partum / iatrogène / factice / de Quervain

Autres causes

Thyrotoxicose gestationnelle transitoire

  • 2% des grossesses / par effet stimulant de l'hCG sur le récepteur de la TSH
  • Signes au 1e trimestre : nervosité excessive / tachycardie / absence de prise de poids
  • Formes sévères : vomissements (hyperemesis gravidarium) / régression spontanée en 2e partie de grossesse
  • Passe souvent inaperçue / rarement thyrotoxicose importante, nécessitant un traitement transitoire et prudent
  • Anticorps anti-récepteurs de la TSH négatifs (le différencie du Basedow)

Divers

  • Mutation activatrices germinales du récepteurs de la TSH (contexte familial)
  • Métastases massives sécrétantes d'un cancer thyroïdien vésiculaire différencié
  • Tumeurs placentaires (môles hydatiformes) ou testiculaires sécrétant de l'hCG
  • Causes de thyrotoxicose avec TSH inadaptée (normale ou élevée)
  • Syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes (mutation du récepteur bêta aux hormones thyroïdiennes)
  • Adénome hypophysaire sécrétant de la TSH (très rare)

Selon le terrain

Chez l'enfant

  • Rares cas génétiques : mutation activatrice du récepteur de la TSH / syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes
  • Le + souvent : maladie de Basedow
  • Soit néonatale (passage transplacentaire des anticorps maternels / qui disparaissent en 3 mois) / soit acquise
  • Clinique : avance staturale et de la maturation osseuse avec signes d'hyperactivité très invalidants pour la scolarité + ophtalmopathie

Chez la femme enceinte

  • Non exceptionnelle : thyrotoxicose gestationnelle (2% des grossesses) ou maladie de Basedow (0,2% des grossesse)
  • Risques :
  • Hyperthyroïdie : pas une contre-indication à la grossesse mais la prévoir si possible et surveillance en milieu spécialisé (échographie fœtale spécifique…)
  • Passage trans-placentaire d'anticorps : risque d'hyperthyroïdie fœtale et néonatale (ou si caractère bloquant des anticorps : risque d'hypothyroïdie)
  • Risque de goitre et/ou d'hypothyroïdie par passage transplacentaire des antithyroïdiens de synthèse, les utiliser à la + faible posologie possible s'ils sont nécessaires
  • Les anticorps peuvent persister malgré un traitement radical par chirurgie ou iode 131 : à rechercher même en cas de maladie apparemment guérie

Chez le sujet âgé

  • Possible thyrotoxicose à bas bruit avec altération de l'état général, fonte musculaire sévère, cachexie, insuffisance cardiaque…
  • Risque de troubles du rythme et/ou d'insuffisance cardiaque même si thyrotoxicose minime
  • Causes les + fréquentes : goitre multinodulaire toxique, adénome toxique

Complications

Complications de la thyrotoxicose

Complications de la thyrotoxicose

  • Parfois révélatrices / parfois graves / surtout les sujets fragiles (âgés, avec un comorbidité cardiaque)
  • Troubles du rythme supra-ventriculaires
  • Insuffisance cardiaque
  • Insuffisance coronaire (aggravée ou révélée)
  • Fibrillation atriale : l'hyperthyroïdie en est la 1e cause extracardiaque (risque de 30% chez sujets âgés) / rechercher les complications associées
  • Flutter : plus rare mais possible (ou tachysystolie)
  • Généralités : à débit élevé ou normal / prédominance droite / généralement associée à une fibrillation atriale
  • Signes d’appel : résistance aux traitements classiques de l’insuffisance cardiaque
  • Si cardiopathie ischémique sous-jacente du fait de l'augmentation du débit cardiaque et de la consommation en O2 myocardique

Ostéo-articulaires

  • Ostéoporose : risque majoré chez la femme ménopausée / prédomine au niveau du rachis / par effet ostéoclastique des hormones thyroïdiennes
  • Musculaires : chez la personne âgée, peut confiner à un état grabataire, aggravés par la dénutrition

Psychiatriques

  • Troubles de l’humeur : épisode dépressif caractérisé
  • Manie / troubles psychotiques à type de délire

Selon le terrain

Décompensation de pathologies sous-jacentes

Crise aiguë thyrotoxique

Facteurs déclenchants

  • Traitement radical chez un patient non euthyroïdien
  • Tout évènement intercurrent

Examen clinique

  • Fièvre : hyperthermie majeure > 40°C
  • Déshydratation majeure : sur sueurs / diarrhées / vomissements
  • Signes cardiologiques : tachycardie > 150 bpm / fibrillation atriale fréquente
  • Signes neurologiques : tremblements / agitation / confusion / coma

Examens complémentaires

  • Pour évaluation du retentissement
  • Pour diagnostic étiologique
  • NFS / TP-TCA / ionogramme-urée-créatinine / ECG / gaz du sang
  • Recherche d’un syndrome coronarien aigu : ECG ± troponine
  • Bilan infectieux : examen cytobactériologique des urines / radiographie thoracique / hémocultures

Décompensation œdémateuse maligne d’une ophtalmopathie

Facteurs de risque

  • Tabagisme
  • Traitement radical sur orbitopathie active

Signes de gravité signant l’exophtalmie grave

  • Taille > 25 mm
  • Non réductible
  • Douloureuse

Complications

  • Risque infectieux : kératites / ulcérations cornéennes / endophtalmie
  • Risque neurologique : paralysie oculomotrice / neuropathie optique

Traitement

Mise en condition

  • Ambulatoire : absence de complication la plupart du temps
  • Hospitalisation : situations urgentes
  • Crise aiguë thyrotoxique
  • Cardiothyréose chez une personne âgée ou atteinte de maladie cardiaque
  • Orbitopathie maligne / forme cachectisante du vieillard
  • Maladie de Basedow évolutive chez une femme enceinte

Traitement symptomatique

Généralités

  • Systématique quelle que soit l’étiologie
  • Jusqu’à disparition des symptômes

Modalités

  • Repos ± arrêt de travail : diminuent le stress
  • Bêtabloquants : préférer les non cardiosélectifs (propranolol)
  • Benzodiazépines : visée sédative / réduisent l’anxiété et l’hyperactivité sympathique
  • Contraceptifs : contraception efficace quelle qu’elle soit
  • Action sur la tachycardie, les tremblements
  • Posologie de 60 à 160 mg par 24 heures
  • Inhibe modérément la conversion de T4 en T3 par action inhibitrice sur la désiodase de type 1

Traitement médicamenteux : antithyroïdiens de synthèse

Mode d’action

  • Bloquent l’organification de l’iode / inhibent la transformation des iodotyrosines par la thyroperoxydase
  • Action en 10-15 jours (car ne bloque pas la libération des hormones thyroïdiennes déjà synthétisées)
  • Pour le propylthiouracile : inhibe modérément la désiodase de type 1 et la conversion de T4 en T3
  • Action purement suspensive

Molécules

  • Méthimazole et apparentés : carbimazole (30-60 mg/j) / méthimazole (+ puissante)
  • Thiouraciles : propylthiouracile (300-600 mg/jour) / benzylthiouracile (2x moins – puissante que le propylthiouracile)
  • Pendant 4-6 semaines puis doses diminuées et adaptées selon la clinique et biologique
  • ± T4L associée selon schéma "blocage et substitution" sauf chez la femme enceinte

Contre-indications

  • Insuffisance hépatique
  • Hémopathies préexistantes sévères
  • Grossesse (choisir le propylthiouracile dans ce cas)

Effets secondaires

  • Allergies cutanées (une allergie croisée entre les différents antithyroïdiens de synthèse est possible)
  • Hépatite cholestatique (pour le carbimazole) / cytolytique (pour le propylthiouracile : forme + grave)
  • Hypothyroïdie si surdosage
  • Neutropénie
  • Agranulocytose iatrogène immuno-allergique (0,1%, grave)

Education spécifique : NFS en URGENCE en cas de fièvre

Traitements radicaux

Thyroïdectomie totale

  • Contre-indications spécifiques
  • Effets secondaires
  • Modalités
  • Patient non anesthésiable ou non opérable
  • Liés à la chirurgie : œdème ou hématome compressif / infection locale
  • Liés à la localisation : lésion des nerfs récurrents / lésion des parathyroïdes (risque minime mais non nul)
  • Thyroïdectomie totale si Basedow après préparation par antithyroïdiens de synthèse pdt 2-3 mois (évite une crise toxique en postopératoire)
  • Thyroïdectomie totale si goitre multi-nodulaire toxique ± après préparation médicale courte si besoin (pas de risque de crise toxique)
  • Lobectomie du côté de la lésion si adénome toxique ± après préparation médicale courte si besoin
  • Education : information sur la technique chirurgicale / les effets secondaires
  • Avant la chirurgie : supplémentation en vitamine D / traitement médical de la thyrotoxicose

Iode radioactif (ira-thérapie)

  • Technique
  • Contre-indications spécifiques
  • Modalités
  • Administration d’une dose faible d’iode 131 qui détruit le parenchyme hyperfixant / délai d'action de 1-2 mois (parfois + long)
  • Traitement simple (pas d'hospitalisation) / sans danger (pas de risque génétique ou de cancérisation secondaire démontré)
  • Grossesse / allaitement / orbitopathie sévère non contrôlée
  • Arrêt des antithyroïdiens de synthèse 8 jours avant l'administration d'iode / délai retardé de 1-2 mois (± 2e dose faite à 6-12 mois)
  • Après le traitement : contraception au moins 6 mois

Stratégie thérapeutique

Maladie de Basedow

Rationnel

  • Pas de traitement curatif agissant sur les causes
  • Après traitement par antithyroïdiens de synthèse : rechute dans 40-60% des cas (survient surtout la 1e année)
  • Thyroïdectomie : hypothyroïdie définitive
  • Radio-iode : hypothyroïdie en quelques années dans plus de 50% des cas / risque d'aggravation de l'orbitopathie, prévenu par corticothérapie

Stratégie

  • Traitement médical : pendant 1-2 ans à doses d'attaque
  • Si rechute : traitement radical (chirurgie si gros goitre / radio-iode : chez le sujet âgé, en cas de récidive après thyroïdectomie mais de + en + utilisé)
  • Surveillance prolongée : récidives ou hypothyroïdies parfois des années après l'épisode initial
  • Puis : soit baisse des doses selon résultats / soit maintien de fortes doses + T4 pour compenser une hypothyroïdie iatrogène

Goitre multi-hétéro-nodulaire toxique / adénome toxique

  • Thyrotoxicose : ± traitement par antithyroïdiens de synthèse pendant 2 à 3 mois pour euthyroïdie
  • Traitement radical : systématique, d'emblée ou après antithyroïdiens de synthèse
  • Mesures associées : traitement des complications / surveillance à vie

Thyroïdite

  • Traitement symptomatique
  • Mesures associées : surveillance à long terme
  • AINS / corticothérapie 1-2 mg/kg si formes importantes / avec doses de charge puis décroissance sur 2 à 3 mois

Surcharge iodée

  • Thyrotoxicose : antithyroïdiens de synthèse (plutôt pour le type 1) ou corticoïdes (plutôt pour le type 2) selon les équipes
  • Mesures associées : arrêt de la substance incriminée (pas d'efficacité prouvée de l'arrêt) / gestion avec le cardiologue si cordarone

Traitement des complications

Cardiothyréose

Troubles du rythme

  • Traitement de l’hyperthyroïdie
  • Traitement symptomatique
  • Symptomatique + antithyroïdiens de synthèse / traitement radical ensuite
  • Possibilité de choisir un bêtabloquant cardiosélectif
  • Pas de cardioversion tant que l'hyperthroïdie persiste

Insuffisance coronaire

  • Traitement de l’hyperthyroïdie
  • Traitement symptomatique
  • Symptomatique + antithyroïdiens de synthèse
  • Traitement radical ensuite
  • La présence d’une cause ne dispense pas du bilan et place le patient en prévention secondaire
  • Bêtabloquants efficaces car débit normal ou élevé / surveiller la tolérance myocardique

Insuffisance cardiaque

  • Traitement de l’hyperthyroïdie
  • Traitement symptomatique
  • Symptomatique + antithyroïdiens de synthèse + traitement radical

Orbitopathie dysthyroïdienne

Mesures générales

  • Contre-indication relative au traitement radical car risque de décompensation (surtout iode ++)
  • Possible si obligatoire sous couverture corticoïde
  • Dans tous les cas : arrêt du tabac
  • Diminution de la tension intraoculaire si élevée / collyre pour lubrification cornéenne
  • Mesures de protection : collyres protecteurs / verres teintés / dormir avec tête surélevée / prismes si diplopie

Forme active compliquée

  • URGENCE
  • Traitement local
  • Traitement spécifique
  • Corticothérapie : 1-1,5 mg/kg/jour ± bolus de méthylprednisone IV 2 mg/jour sur 3 jours au début si formes sévères
  • Radiothérapie rétro-oculaire : dans les cas cortico-résistants
  • Chirurgie : décompression oculaire ou chirurgie des muscles oculomoteurs ou chirurgie palpébrale (± associées si besoin)

Crise aiguë thyrotoxique

  • Mise en condition
  • Traitement spécifique
  • Traitement symptomatique
  • Traitement étiologique
  • URGENCE ULTIME
  • Hospitalisation en réanimation / soins intensifs
  • Bêtabloquants : propranolol IV
  • Antithyroïdiens de synthèse : per os ou à la sonde naso-gastrique
  • Lugol : per os ou à la sonde naso-gastrique après 24 heures d'antithyroïdiens de synthèse (inhibiteur des sécrétions d'hormones thyroïdiennes)
  • Sédatifs : benzodiazépines / neuroleptiques
  • Corticothérapie : en intraveineux / par bolus / voire échanges plasmatiques
  • Oxygénothérapie ± intubation orotrachéale
  • Antipyrétiques
  • Réhydratation hydro-électrique
  • Antibiothérapie si facteur déclenchant infectieux

Chez la femme enceinte

Généralités

  • Surveillance en milieu spécialisé : équilibre entre hyperthyroïdie maternelle et hypothyroïdie fœtale iatrogène
  • Suivi obstétrical et endocrinologique rapproché et en alternance

Thyrotoxicose gestationnelle transitoire

Repos au calme ± bêtabloquants en attente de régression spontanée

Maladie de Basedow

  • Les antithyroïdiens de synthèse passent la barrière placentaire / thyroïde fœtale fonctionnelle à partir de la 20e semaine
  • Propranolol autorisé
  • Formes mineures : repos, surveillance étroite (rémission spontanée au milieu de grossesse le + souvent)
  • Formes + sévères : antithyroïdiens de synthèse à faible dose avec objectif de T4L à limite supérieure de la normale
  • Formes graves : thyroïdectomie possible dès le 2e trimestre après préparation médicale / exceptionnellement indiquée
  • Surveillance
  • Après l'accouchement
  • Propylthiouracile généralement préférée au néo-mercazole (rares aplasies du scalp, malformations œsophagiennes et des choanes avec néo-mercazole)
  • De la mère: dosage TSH-T4L + dosage des anticorps (1 fois toutes les 3 semaines)
  • Fœtale par échographie (hyperthyroïdie fœtale : augmentation de la fréquence cardiaque, goitre, avance de maturation osseuse) par passage d'anticorps ou goitre fœtal par passage d'antithyroïdiens de synthèse
  • Surveillance de la mère : risque de rebond de l'hyperthyroïdie
  • Surveillance du nouveau-né : thyrotoxicose néonatale ou hypothyroïdie iatrogène
  • Antithyroïdiens de synthèse sécrétés dans le lait (pour le propylthiouracile moins que le néomercazole) mais à faibles doses : allaitement possible, après avis spécialisé

Mesure associée

ALD 100%

Surveillance

Si traitement médical seul

Efficacité

  • Clinique : régression des signes cliniques
  • Paraclinique
  • Sous antithyroïdiens de synthèse : T4 libre (ou T3L si hyperthyroïdie à T3) à la 4e semaine (TSH longtemps basse par inertie thyréotrope)
  • Après obtention de l'euthyroïdie : TSH / T4L 1 fois tous les 3-4 mois pendant la durée du traitement

Tolérance

  • NFS
  • Rythme
  • Si agranulocytose
  • Tous les 10 jours pendant 2 mois
  • NFS si fièvre, signes pharyngés sous antithyroïdiens de synthèse
  • Puis tous les 3 mois
  • Polynucléaires à moins de 1G/L : arrêt des antithyroïdiens de synthèse / surveillance de la NFS
  • Polynucléaires à moins de 0,5 G/L : hospitalisation urgente en milieu hospitalisé / arrêt définitif des antithyroïdiens de synthèse / antibiothérapie large / surveillance de la NFS

Si traitement radical : surveillance de la tolérance

  • TSH / T3L / T4L : surveillance régulière
  • Puis tous les 3 mois pendant 1 an / puis TSH seule 1 fois par an