- Neuro. et Neurochir.
- UE 11
- Item 337
Important
Hémorragie méningée
Généralités
DÉFINITION : extravasation de sang dans les espaces sous-arachnoïdiens en l’absence de traumatisme
Femmes +++ / 55 ans
Incidence : 7 – 9 pour 100 000
Grave ++++ : mortalité de 50% et dépendance fonctionnelle chez 1/3 des survivants
- MAUVAIS PRONOSTIC À CAUSE : risque resaignement si absence traitement de l’anévrisme et vasospasme artériel
- GRAVITÉ DÉTERMINÉE PAR : extension parenchymateuse et dans les ventricules (+/- aussi lésions ischémiques retardées causées par mauvaise perfusion cérébrale)
Urgence diagnostique et thérapeutique ++++++
Signes cliniques
- CÉPHALÉE « EXPLOSIVE » BRUTALE +++++++++++ « en coup de tonnerre » (parfois modérée mais toujours brutale)
- PERTE DE CONNAISSANCE INITIALE avec récupération rapide
- COMA D’EMBLÉE OU MORT SUBITE (inondation massive des ESA)
- SYNDROME CONFUSIONNEL, crise épileptique généralisée, état de mal
- SYNDROME MÉNINGÉ
- SIGNES NEUROLOGIQUES sans valeur localisatrice
- ANOMALIES DU FO
- DÉFICITS NEUROLOGIQUES FOCAUX
- SIGNES VÉGÉTATIFS SYSTÉMIQUES (dans les 24h)
- Si patient migraineux, rechercher caractère brutal et inhabituel de la céphalée
- Raideur méningée (Kernig : jambes / Brudsinsky : tête)
- Photophobie / Phonophobie
- Vomissements en jet ou nausées
- Signes pyramidaux : Babinsky bilatéral, ROT vifs
- Paralysie du VI
- Hémorragies vitréennes ou rétiniennes (syndrome de Terson)
- Œdème papillaire bilatéral (HTIC)
- Paralysie intrinsèque (pupille) et extrinsèque (muscles oculomoteurs) du III › anévrisme de la carotide interne dans sa portion supraclinoïdienne +++++
- Autres témoignant diffusion intra parenchymateuse de l’hémorragie
- Hémianopsie, aphasie, hémiparésie › anévrisme de l’artère cérébrale moyenne
- Paraparésie, mutisme, syndrome frontal › hématome frontobasal (anévrisme artère communicante antérieure ou artère péricalleuse)
- Bradycardie / tachycardie
- Choc avec OAP et insuffisance cardiaque aiguë (orage catécholaminergique)
- Instabilité tensionnelle (hypertension sévère phase aiguë)
- Modifications repolarisation à l’ECG (mime IDM)
Ouverture des yeux | Réponse motrice | Réponse verbale |
---|---|---|
1 – Nulle 2 – A la douleur 3 – A la demande 4 – Spontanée | 1 – Nulle 2 – Extension stéréotypée (rigidité décérébrée) 3 – Flexion stéréotypée (rigidité de décortication) 4 – Retrait à la douleur 5 – Chasse à la douleur 6 – Aux ordres | 1 – Nulle 2 – Incompréhensible 3 – Inappropriée 4 – Confuse 5 – Normale |
Hyperthermie retardée (38 – 38,5°C)
Score clinique WFNS (score pronostic)
Grade WFNS | Glasgow | Déficit moteur |
---|---|---|
Grade I | 15 | Absent |
Grade II | 14-13 | Absent |
Grade III | 14-13 | Présent |
Grade IV | 12-7 | Présent ou absent |
Grade V | 6-3 | Présent ou absent |
Examens complémentaires
Pour confirmation diagnostique
TDM cérébral sans injection +++++++
EN URGENCE : LE 1ER EXAMEN !!!!!
- POSITIF DANS 95% DES CAS LE 1ER JOUR (puis décroissance liée à la résorption du sang extravasé par la circulation du LCS)
- AFFIRMATION DIAGNOSTIQUE : hyperdensité spontanée dans les espaces sous arachnoïdiens
- Localisation de l’anévrisme : hémorragie + importante, parfois visualisation de ses parois calcifiées
- Montre les complications précoces
- TDM peut être normal ++++ n’élimine pas le diagnostic d’HSA
- Parfois peut montrer hémorragie intra-ventriculaire isolée, hématome intra-parenchymateux isolé ou hématome sous dural aigu dans HSA associée
- Citernes de la base
- Vallées sylviennes
- Scissure interhémisphérique
- HSA corticales doivent faire évoquer une étiologie autre qu’anévrismale (anévrisme à la base du cerveau)
- Hématome intra-parenchymateux
- Rupture intra-ventriculaire
- Ischémie cérébrale
- Hydrocéphalie aiguë
- Œdème cérébral
Grade de Fisher
Score radiologique (prenant en compte importance de l’HSA, existence d’une hémorragie intraventriculaire/intraparenchymateuse)
Corrélé à la survenue d’un vasospasme artériel ++++
1. Absence de sang
2. Dépôts < 1 mm d’épaisseur
3. Dépôts > 1 mm d’épaisseur
4. Hématome parenchymateux ou hémorragie intra-ventriculaire
IRM cérébrale
INDICATIONS (surtout si TDM normal) :
- Suspicion de diagnostic différentiel
- Hémorragie vue tardivement (meilleure sensibilité pour voir le sang)
Ponction lombaire
JAMAIS D’EMBLEE
INDICATION : scanner Fisher 1 (parfois possible dans les hémorragies de faible importance)
- Si réalisée > 6h après TDM normal : permet d’exclure avec certitude une HSA si normale
- Si réalisée > 12h après début céphalée : permet d’exclure le diagnostic d’HSA si normale
CONTRE INDICATION : si hémorragie responsable d’un effet de masse +++++++++ (risque d’engagement)
Modalités de réalisation
LCS DANS L’HSAAspect macroscopique : Liquide uniformément rouge, incoagulable dans les 3 tubes
Pression d’ouverture : Pression LCS élevée
Examen cytologique (comptage GR et GB) : - Rapport érythrocytes/leucocytes > à celui du sang (103)- Leucocytose comme dans le sang puis prédominance lymphocytaire
Examen biochimique standard (glycorrachie et protéinorachie) : —
Examen surnageant en spectrophotométrie après centrifugation : Surnageant xanthochromique après centrifugation (présence de pigments sanguins : oxyhémoglobine, bilirubine, méthémoglobine, ferritine)
Examen bactériologique direct avec mise en culture : Rares cas où HSA secondaire à un anévrisme mycotique
LCS EN CAS DE PL TRAUMATIQUEAspect macroscopique : Liquide coagulable de moins en moins sanglant
Pression d’ouverture : Pression d’ouverture normale
Examen cytologique (comptage GR et GB) : Rapport érythrocytes/leucocytes comparable à celui du sang
Examen biochimique standard (glycorrachie et protéinorachie) : —
Examen surnageant en spectrophotométrie après centrifugation : Surnageant clair après centrifugation avec absence de pigments sanguins
Examen bactériologique direct avec mise en culture : Rares cas où HSA secondaire à un anévrisme mycotique
visée étiologique
AngioTDM
Examen de 1ère intention !!! Réalisé immédiatement après le TDM sans injection
- Précise le collet de l’anévrisme par rapport aux structures adjacentes
- Prise de décision thérapeutique : traitement endovasculaire ou neurochirurgical
- Spécificité et sensibilité proche 100% si anévrisme > 2 mm
Angiographie cérébrale conventionnelle
- Examen de référence (mais on ne le fait pas si on arrive à se débrouiller avec angioTDM)
- Injection sélective des 6 axes vasculaires (artères carotides internes, vertébrales et carotides externes)
- RÉSULTATS
- Parfois normale › refaire à J8 en cas d’HSA vraie (anévrisme peut être non visualisé car thrombosé ou opacifié par un vasospasme)
- Confirme présence anévrisme artériel, taille, localisation et rapports avec les axes vasculaires de proximité
- Diagnostic d’autres anévrismes artériels non rompus (20% des patients avec HSA ont des anévrismes multiples)
- Diagnostic vasospasme des artères cérébrales
- Diagnostic autre MAV
Autres
- Hémocultures (suspicion anévrisme mycotique, complication rare des endocardites infectieuses › dilatation anévrismale des artères cérébrales d’origine infectieuse)
- Recherche d’une affection congénitale en fonction du contexte
- Bilan pré opératoire : NFS-P, TP-TCA, groupe Rh, ionogramme, urée, créatinine, glycémie, ECG, radio de thorax
Prise en charge et traitement
Mise en condition
- Transfert médicalisé en milieu de réanimation ou de soins intensifs / neurochirurgical
- Prise en charge des défaillances d’organe si besoin (oxygénothérapie, ventilation, hémodynamique)
- Scope, monitoring de la PA, Sp02
BUT DU TRAITEMENT :
- Lutter contre la douleur du syndrome méningé aigu
- Supprimer la cause du saignement
- Prévenir et traiter les complications éventuelles
Traitement de l’HSA
- INTUBATION / VENTILATION si : coma, troubles de la vigilance, choc cardiogénique ou détresse respiratoire
- REPOS STRICT avec isolement neurosensoriel
- ARRÊT DES APPORTS PAR VOIE ORALE
- VOIE VEINEUSE (normovolémie souhaitable)
- +/- SONDE NASO GASTRIQUE (contre indication si HTIC) : discutée en cas de troubles de la vigilance
- TRAITEMENT DE LA DOULEUR : paracétamol (AINS et salicylés sont contre indiqués +++++++)
- CONTRÔLE RIGOUREUX PA (éviter les pics d’hypertension et toute chute brutale de la PA)
- ANTIÉMÉTIQUES
- IPP : prévention ulcères de stress
- NIMODIPINE +++++++ (Inhibiteur calcique : prévention vasospasme artériel) PO ou IV adapté à la PA (surveillance rapprochée pour éviter toute baisse de la PA)
- COMPRESSION PNEUMATIQUE puis HÉPARINE (prévention TVP)
- +/- ANTIÉPILEPTIQUES : uniquement en cas de crise
- EVALUATION D’UNE HYDROCÉPHALIE ET/OU HTIC
SURVEILLANCE
- Toutes les heures : pouls, PA, conscience
- Toutes les 8h : température
- Régulièrement : examen neurologique
Prévention du resaignement
TRAITEMENT PRÉCOCE DE L’ANÉVRISME INTRACRÂNIEN : dans les 24 – 48h ++++++
PEUT ÊTRE RETARDÉ (au delà 2ème semaine) si :
- Troubles de la conscience
- Troubles neurovégétatifs sévères
- Spasme artériel
Traitement de l’anévrisme
TRAITEMENT CHIRURGICAL / TRAITEMENT ENDOVASCULAIRE OU EMBOLISATION
- Clip au niveau du collet de l’anévrisme
- Evacuation d’un hématome : si hémorragie intraparenchymateuse avec effet de masse
- Dérivation ventriculaire externe : si HTIC ou hydrocéphalie (avec ou sans hémorragie intraventriculaire)
CRANIECTOMIE : si traitement d’une HTIC ou effet de masse sans vouloir aller en intraparenchymateux 1ère intention !!! (moindre morbidité)
SOUS AG (après artériographie diagnostique)Microcathéter dans l’anévrisme › relargage de spires de platine à mémoire de forme et libération contrôlée › thrombose de la poche et exclusion de l’anévrisme de la circulation artérielle
Décision thérapeutique prise en RCP +++++ (neurochirurgiens, neuroradiologues interventionnels)
Complications
Aiguës
- Hydrocéphalie aiguë obstructiveBlocage de l’écoulement du LCR par caillots de sang
- Secondaire à une inondation ventriculaire ++++
CLINIQUE
peut être asymptomatique ou provoquer des troubles de la vigilance / coma
TRAITEMENT
dérivation ventriculaire externe (avant geste d’embolisation car nécessite parfois traitement hypocoagulant qui peut exposer à des complications hémorragiques au cours de la mise en place du cathéter de dérivation)
- Sevrage sous 2 – 3 semaines (risque infectieux +++)
- Si impossibilité de sevrage ou hydrocéphalie chronique : dérivation interne
- Alternative si patient conscient : PL soustractive
HTIC +/ ENGAGEMENT ++++
Par association : hydrocéphalie / hématome / œdème cérébral
Risques
- Engagement (sous-falcoriel, temporal, cérébelleux)
- Baisse de la perfusion cérébrale à l’origine de nouvelles lésions ischémiques (adaptation de la PA en fonction P° intra crânienne)
Traitement :
mannitol (surveillance tensionnelle et électrolytique stricte) +/- craniectomie
- Lésions cérébrales associéesCrises comitiales voire état de mal
- Hématome intra-parenchymateux
- AVC ischémique par vasospasme aigu
DÉCÈS : Plus de 50% des cas si GCS < 6< 10% si GCS > 13
Subaiguës
- RÉCIDIVE HÉMORRAGIQUE PRÉCOCE +++Peut survenir à tout moment tant que l’anévrisme n’est pas traité (mortalité 40%)
- RISQUE DE RESAIGNEMENT : 30 – 40% dans les 24h qui suivent rupture (revient à 3% à 1 mois)
- HÉMORRAGIE + SÉVÈRE
- VASOSPASME CÉRÉBRALPrévention par nimodipine ++++
- PHYSIOPATHOLOGIE : vasoconstriction sévère et prolongée liée à la présence de sang dans les espaces extra-vasculaires (peut causer des lésions histologiques parfois irréversibles)
- 50% au cours des anévrismes rompus
- Entre 4 – 10 jours
- DURÉE : 2 – 3 semaines
A ÉVOQUER SYSTÉMATIQUEMENT DEVANT :
- Signes neurologiques focaux (ischémie)
- Troubles de la conscience / céphalées
Examens complémentaires
- DOPPLER TRANS-CRÂNIEN QUOTIDIEN : augmentation des vitesses circulatoires
- ANGIOGRAPHIE CÉRÉBRALE : permet confirmer diagnostic
Complications non neurologiquesHyponatrémie ++++ (aggrave l’œdème cérébral !!!) par SIADH
Hyperthermie
Complication de la réanimation (pneumopathie, ulcère…)
Trouble de la repolarisation cardiaque (orage catécholaminergique)
Convulsions
Chroniques
HYDROCÉPHALIE À PRESSION NORMALE
Physiopathologie : troubles de la résorption du LCS IIR au feutrage des granulations de Pacchioni
Triade clinique :
- Troubles de la marche (marche à petits pas)
- Troubles de sphincters
- Troubles cognitifs
Récidive hémorragique
Car anévrismes multiples (intérêt de l’angiographie pour les dépister)
- DÉFICIT NEUROLOGIQUE SÉQUELLAIRESi AVC ischémique ou hémorragique associé (hémiplégie, héminégligence…)
- RISQUE D’ÉPILEPSIE SÉQUELLAIRE
- TROUBLES COGNITIFS
- ANOSMIE (anévrisme de la communicante antérieure)
Causes et facteurs de risque
Facteurs de risque
Acquis modifiables qui augmentent risque de rupture | Tabac HTA Alcool |
Congénitaux non modifiables | ATCD familiaux au 1er degré d’une HSA anévrismale (risque majoré si 2 membres ou + apparentés au 1er degré) Affections héréditaires du TC : |
Facteurs propresà l’anévrisme | Taille(faible risque si < 6 – 10 mm) Localisation (circulation postérieure › risque majoré !) |
Causes
Anévrisme rompu +++++++++
85% DES CAS
Histologie :
Anomalie pariétale avec
- Disparation de la média
- Fragmentation de la lame élastique interne avec perte de parallélisme des parois artérielles
Localisation
- 90% font moins de 10 mm et sont au niveau de la circulation antérieure : communicante antérieure (40%) / carotide interne (30%) / artère cérébrale moyenne (20%)
- 10 % : système vertébro-basilaire
Hémorragie sous-arachnoïdienne sans cause périmésencéphalique
10% des cas
Centrée sur la citerne située en avant du mésencéphale avec ou sans extension à l’origine des vallées sylviennes
- Diagnostic d’exclusion (examen angiographique indispensable +++)
- Si l’examen angiographique est négatif on peut ne pas répéter l’examen et retenir le diagnostic (contrairement aux HAS plus abondantes qui nécessitent un recontrôle)
- Complications très rares et évolution généralement favorable
Autres
Lésion non inflammatoire des artères cérébrales
- MAV › peut augmenter de taille sous influence tabac, HTA, facteurs hémodynamiques ++++
- Fistule durale
- Thrombophlébite cérébrale
- Angiopathie amyloïde
- Syndrome de vasoconstriction réversible : céphalées en coup de tonnerre + vasoC des artères cérébrales réversible en 1 – 3 mois + complications hémorragiques/ischémiques
- Dissection artérielle
- Maladie de Moyamoya
Lésions inflammatoires des artères cérébrales
- Vascularites cérébrales (infectieuses ou non)
- Anévrisme mycotique
Lésions médullaires
- MAV
- Cavernome
- Autre tumeur médullaire
Tumeurs
- Apoplexie pituitaire
- Myxome cardiaque
- Neurinome, méningiome, hémangioblastome, gliome, mélanome
Coagulopathie acquise ou constitutionnelle
Toxiques
Pronostic
Défavorable +++++ même si amélioré au cours des dernières années10 – 20% MEURENT AVANT D’ARRIVER À L’HÔPITAL
Parmi les patients vivants pris en charge à l’hôpital :
- 25 – 40 % : décèdent (3/4 dans la 1ère semaine)
- 35 – 55 % : indépendants
- 5 – 20 % : dépendants
MORTALITÉ GLOBALE : 40 – 50% (avec diminution au fil des années)
1/3 retrouvent vie normale
Facteurs déterminant de l’apparition de complications telles que hydrocéphalie et vasospasme
- ABONDANCE DE L’HÉMORRAGIE INITIALE
- DIFFUSION ÉVENTUELLE DANS LE PARENCHYME ET/OU LES ESPACES INTRAVENTRICULAIRES
Facteurs de mauvais pronostic
- AGE (> 70 ans)
- Consommation alcool importante
- Taille et localisation de l’anévrisme
- Anévrisme non accessible à la chirurgie ou radiologie interventionnelle
- HTIC initiale
- Troubles de la conscience initiaux sévères
- Déficit neurologique
- Survenue resaignement précoce (avant exclusion de l’anévrisme) ou vasospasme cérébral
- Importance du volume de l’hémorragie