Retrouvez les fiches par Thématique ou par Unité d’enseignement Universitaire

Important

Seules les personnes ayant un compte et étant connectées peuvent proposer des modifications

Exanthème et érythrodermie de l'adulte et de l'enfant

EXANTHèMES

Définitions :

  • EXANTHÈME : Eruption cutanée d’apparition brutale, transitoire
  • 3 SOUS-GROUPES :
  • Erythème : rougeur transitoire de la peau due à une vasodilatation des vaisseaux cutanés superficiels (plus ou moins exsudation dermique donnant à l’érythème un caractère plus ou moins papuleux)
  • Purpura : ne s’efface pas à la vitro pression
  • Télangiectasies : topographie stable, intensité varie en fonction de la température

Principales causes :

  • INFECTIEUSE
  • MÉDICAMENTEUSE (toxidermie)

ARGUMENTS CAUSE VIRALE

  • Syndrome grippal
  • Contexte épidémique
  • Notion de contage
  • Fièvre
  • Enanthème
  • Présence adénopathie

ARGUMENTS CAUSE MEDICAMENTEUSE

  • Prurit
  • Polymorphisme de l’éruption
  • Eosinophilie sanguine
  • Introduction médicament dans les 5 – 14 jours avant éruption

Principales causes d’exanthèmes en fonction de l’aspect sémiologique

éRYTHèMES MORBILIFORMES

<strong>Causes infectieuses +++</strong>

  • VIRALES principalement :
  • BACTÉRIENNES PARFOIS
  • AUTRES
  • Mégalérythème épidémique (parvovirus B19)
  • Echovirus (9 et 16), arbovirus
  • Virus coxsackie
  • Rougeole (+++), Rubéole
  • MNI, CMV, hépatite virale, primo-infection VIH
  • Rickettsioses, mycoplasme, leptospirose, toxoplasmose, méningocoque…
  • Syndrome de Kawasaki
  • LED
  • Toxidermies : B-lactamines, sulfamides, anticomitiaux

éRYTHèMES ROSéOLIFORMES

  • EXANTHÈME SUBIT (HHV6 ou HHV7)
  • RUBÉOLE
  • Echovirus (9 et 16), arbovirus
  • Fièvre typhoïde
  • PRIMO-INFECTION VIH
  • SYPHILIS SECONDAIRE

éRYTHèEME SCARLATINIFORMES

<strong>Maladie infectieuses</strong>

  • Essentiellement BACTÉRIENNES :
  • VIROSES atypiques : MNI…
  • AUTRES
  • Scarlatine
  • Syndrome du choc toxique
  • Septicémie à staphylocoque, streptocoque
  • Toxidermies
  • Syndrome de Kawasaki

Diagnostics différentiels :

  • PURPURA
  • TÉLANGIECTASIES
  • URTICAIRES
  • Erythèmes VASOMOTEURS
  • Erythèmes de CAUSES EXOGÈNES :
  • ERYTHRODERMIE (atteinte universelle des téguments, caractère squameux, durée et association signes généraux)
  • Bouffées vasomotrices de la rosacée (érythème congestif du visage avec poussées favorisée par émotions, environnement, alimentation)
  • Erythème pudique du décolleté (chez les patients émotifs localisés au cou ou visage ne durant que qq minutes)
  • Piqûres d’insectes (érythème papuleux centré par point de piqûre)
  • Brûlure thermique ou caustique
  • Erythème phototoxique (limités aux territoires cutanés exposés à la lumière)

Causes infectieuses

EXANTHèMES MORBILLIFORMES

Maculopapuleux, pouvant confluer en plaques séparées par des espaces de peau saine. Surface douce, veloutée à la palpation

<strong>Causes : </strong>

  • MÉGALÉRYTHÈME ÉPIDÉMIQUE
  • ROUGEOLE
  • MONONUCLÉOSE INFECTIEUSE
  • FIÈVRE BOUTONNEUSE MÉDITERRANÉENNE
  • ENTÉROVIRUS (VIRUS COXSACKIE, ÉCHOVIRUS 9)
  • ADÉNOVIRUS
  • HÉPATITE B
  • Infections exotiques : FIÈVRE JAUNE, DENGUE
  • Autres : méningococcie, Mycoplasma pneumoniae, toxoplasmose…

EXANTHèMES ROSEOLIFORME

Macules rosées, pâles, bien séparées les unes des autres

<strong>Causes :</strong>

  • EXANTHÈME SUBIT
  • RUBÉOLE
  • PRIMO INFECTION VIH (ITEM 165)
  • SYPHILIS SECONDAIRE (ITEM 158)
  • Autres : FIÈVRE TYPHOÏDE (éruption fugace lenticulaire du tronc de la 2ème semaine d’un tableau fébrile bruyant), INFECTIONS VIRALES À ENTÉROVIRUS (échovirus, virus coxsackie, arbovirus…)

EXANTHèMES SCARLATINIFORME

Plaques diffuses rouge vif légèrement granités à la palpation, sans intervalle de peau saine, chauds ou cuisants, s’intensifiant dans les plis

Evolution possible vers desquamation secondaire

<strong>Causes : </strong>

  • SCARLATINE
  • SCARLATINE STAPHYLOCOCCIQUE (forme bénigne de choc toxique staphylococcique secondaire à la sécrétion d’une toxine TSST1 à partir d’un foyer bactérien staphylococcique)
  • SYNDROME DU CHOC TOXIQUE
  • SYNDROME DE KAWASAKI (adéno-cutanéo-muqueux)

Examens complémentaires

  • HÉMOCULTURES : si altération de l’état ou signes d’orientation (syndrome méningé, syndrome dysentérique)
  • NE PAS FAIRE DE PRÉLÈVEMENTS DE L’EXANTHÈME › seulement la clinique +++

<strong>ENFANT</strong>

Si suspicion :

  • Scarlatine : NFS (?), PRÉLÈVEMENT DE GORGE (streptatest)
  • Kawasaki : NFS-P, ÉCHOGRAPHIE TRANS-THORACIQUE

<strong>ADULTE</strong>

En l’absence d’étiologie évidente :

  • NFS, TPHA-VDRL, ANTIGÉNÉMIE P24, CHARGE VIRALE VIH, TESTS HÉPATIQUES, SÉRODIAGNOSTIC DE MNI

FEMME ENCEINTE

  • Sérologies SYPHILIS, TOXOPLASMOSE, RUBÉOLE, CMV, PARVOVIRUS B19

Traitement : en fonction de la cause (cf. exanthèmes fébriles de l’enfant en pédiatrie)

Toxidermie médicamenteuse

TOXIDERMIE : effets cutanés des médicaments administrés par voie interne

épidémiologie

  • FRÉQUENT +++ : 10% des patients hospitalisés, 1 à 3% des utilisateurs de médicaments d’usage courant
  • POTENTIELLEMENT GRAVE : 25 à 30% sont des toxidermies graves (mais trop rares pour être détectés avant AMM)
  • IL FAUT NOTIFIER À DES INSTANCES DE PHARMACOVIGILANCE ++++ les toxidermies GRAVES OU NON CONNUES (obligation légale)
  • 90% DES TOXIDERMIES SONT BÉNIGNES ! Les plus fréquentes sont les éruptions érythémateuses (40 à 60%) et les urticaires (20 à 30%)
  • Médicaments le plus souvent en cause : AINS, ANTICOMITIAUX, ANTIBIOTIQUES (B-LACTAMINES +++), SULFAMIDES, ANTIRÉTROVIRAUX

Types de manifestations

  • Effets IDIOSYNCRASIQUES (imprévisibles, à des doses thérapeutiques usuelles) ++++ majoritairement
  • Effets PHARMACOLOGIQUES OU TOXIQUES (alopécie des antimitotiques par exemple)

Diagnostic de toxidermie est un diagnostic de présomption : fondé sur un faisceau d’arguments, certitude absolue exceptionnelle. Conduite à tenir :

  • SI RÉACTION GRAVE ET URTICAIRE : contre indication à vie de l’utilisation ultérieure du médicament par écrit sur un document remis au malade
  • SI RÉACTION ÉRYTHÉMATEUSE BÉNIGNE : médicament peut être poursuivi sous surveillance si le bénéfice attendu du traitement le justifie
  • SI TOXIDERMIE GRAVE (DRESS syndrome, nécrolyse épidermique toxique) : arrêt immédiat en URGENCE du médicament incriminé !

Toxidermies bénignes

Toxidermies érythémateuses (exanthèmes maculopapuleux)

Eruption dans les 4 – 14 jours après début du traitement (« érythème du 9ème jour »)

TOPOGRAPHIE

  • TRONC ET RACINES DES MEMBRES
  • Extension possible pendant qq jours

ASPECT

Eruption polymorphe ++++

  • MACULES ISOLÉES (morbilliformes) à certains endroits
  • NAPPES SCARLATINIFORMES
  • PAPULES OU PLAQUES ŒDÉMATEUSES (avec parfois disposition arciforme)
  • PURPURA PÉTÉCHIAL SUR LES JAMBES (si érythème intense)

DUREE

< 1 semaine

SIGNES ASSOCIéS

  • Fièvre modérée ou ABSENTE
  • PRURIT ++++
  • ABSENCE D’ÉNANTHÈME (mais les lésions érythémateuses, parfois squameuses ou fissuraires, peuvent toucher le versant semi-muqueux des lèvres : chéilite)

éVOLUTION

Parfois fine desquamation

EXAMENS COMPLéMENTAIRES

Biopsie cutanée: nécrose kératinocytaire mais image non spécifique

Ne pas confondre avec éruption des maladies infectieuses (virales ou bactériennes toxiniques)

Chez l’enfant › majoritairement des infections virales // Chez l’adulte › majoritairement des toxidermies

Urticaire (Cf. item 183)

URTICAIRE IMMEDIATE

Papules mobiles et fugaces en quelques minutes à quelques heures (< 2h) après administration mdc

  • Signe une SENSIBILISATION PRÉALABLE
  • MÉCANISMES IMMUNOALLERGIQUES IGE DÉPENDANTS
  • › CONTRE INDICATION FORMELLE DU MÉDICAMENT ++++ (risque d’anaphylaxie)

Ne pas confondre avec urticaire lié aux propriétés pharmacologiques du médicament (activation des médiateurs de l’inflammation : AINS, pénicillines, codéine… +++)

  • Réactions INCONSTANTES
  • Début : PLUSIEURS JOURS APRÈS LA 1ÈRE PRISE
  • Apparaissent après : PLUSIEURS HEURES APRÈS LA PRISE DU MÉDICAMENT

URTICAIRE DU 7èME JOUR DE TRAITEMENT

Urticaire fixe. Si arthralgies associées : évoquer

  • UNE MALADIE SÉRIQUE (en réaction à l’injection de protéines étrangères – sérums ou vaccins)
  • OU « PSEUDO-MALADIE SÉRIQUES » : faisant le plus souvent suite à l’administration d’antibiotiques

Le diagnostic d’urticaire ne prête pas à confusion mais attention à ne pas trop le rattacher à une cause médicamenteuse +++++ (moins de 10% des causes d’urticaire aiguës)

Photosensibilité

Facilement reconnue :

  • ANAMNÈSE (dans les heures qui suivent exposition solaire)
  • LOCALISATION AUX ZONES DÉCOUVERTES PHOTODISTRIBUÉES

Deux variantes

<strong>PHOTOALLERGIE</strong>

Lésions d’eczéma débutant dans les zones photoexposées (pouvant s’étendre aux zones couvertes)

  • Parfois déclenchées par DES EXPOSITIONS SOLAIRES MINIMES
  • EXCEPTIONNELLEMENT PEUT PERSISTER APRÈS ARRÊT DU TRAITEMENT INDUCTEUR (photosensibilité persistante)

PHOTOTOXICITÉ

Dépend des doses de médicaments et des doses d’UVA

Tableaux cliniques possibles :

  • ERYTHÈME ACTINIQUE INTENSE (« super coup de soleil ») malgré exposition limitée
  • BULLES TENDUES DES MAINS OU DES JAMBES (« pseudo-porphyrie »)
  • DÉCOLLEMENT DISTAL DOULOUREUX DE LA TABLETTE DES ONGLES (onycholyse)

Autres causes possibles de photosensibilité

  • PHOTOSENSIBILITÉ « ENDOGÈNE » : métabolique (porphyrie), LED, idiopathiques (allergies solaires ou lucite)
  • PHOTOSENSIBILITÉ DE CONTACT (plante, parfum, topiques médicamenteux)

Si absence d’ATCD de réaction de photosensibilité : argument de poids pour une cause « exogène », médicamenteuse ou de contact ++++

Forme pathognomonique d’une toxidermie : l’érythème pigmenté fixe

  • Seule dermatose de CAUSE EXCLUSIVEMENT MÉDICAMENTEUSE +++++++
  • Rare en France
  • Médicaments responsables le plus souvent : paracétamol, AINS

Clinique

DéBUT

Dans les 48h suivant la prise de mdc inducteur

ASPECT

  • 1 À 10 PLAQUES ÉRYTHÉMATEUSES arrondies
  • Quelques CM DE DIAMÈTRE
  • Souvent DOULOUREUSES ET INFILTRÉES
  • Peuvent se RECOUVRIR D’UNE BULLE

TOPOGRAPHIE

  • ORGANES GÉNITAUX
  • LÈVRES

Atteinte muqueuse rarement multifocale

éVOLUTION

Lésions inflammatoires disparaissent en qq jours

Laissent tâches pigmentées brunes ou ardoisées

Si réintroduction mdc : récidive des lésions aux même sites très évocateur

Toxidermies graves

Signes de gravité à rechercher :

  • Diffusion de l’érythème
  • Infiltration des lésions (œdème du visage +++)
  • Fièvre élevée
  • Polyadénopathie
  • Douleurs cutanées ou muqueuses intenses
  • Erosions des muqueuses
  • Apparition d’un signe de Nikolsky
  • Purpura ou nécrose

Apparition d’un de ces marqueurs impose : arrêt du médicament et hospitalisation

Angioedème (Œdème de Quincke) et choc anaphylactique

Plusieurs mécanismes possibles

HISTAMINO-LIBéRATION PRéDOMINANTE

<strong>IGE DéPENDANTE</strong>

  • Spécifique
  • Risque de récidive au même médicament ou produit de formule chimique très proche

<strong>IGE INDéPENDANTE</strong>

  • Activation pharmacologique des médiateurs de l’inflammation INDÉPENDANTE D’IGE SPÉCIFIQUES › Réaction ANAPHYLACTOÏDE
  • RISQUE DE RÉCIDIVE AVEC L’ENSEMBLE DES PRODUITS DE MÊME EFFET PHARMACOLOGIQUE, même si FORMULES CHIMIQUES DIFFÉRENTES (réaction aux produits de contraste iodés hyperosmolaires)

Traitement en urgence quelque soit le mécanisme ! (cf. item 183)

ACCUMULATION D’AUTRES MéDIATEURS

  • ANGIœDèMES AUX IEC OU GLIPTINES : accumulation de BRADYKININE
  • ANGIœDèMES AUX AINS : accumulation de DÉRIVÉS ACIDE ARACHIDONIQUE (leucotriènes)

Toxidermies pustuleuses (pustulose exanthématique aiguë généralisée, PEAG)

Souvent prise à tord pour une infection grave

DéBUT

Eruption brutale, très fébrile

1 à 4 jours après introduction médicament inducteur (antibiotique +++)

ASPECT

  • ERYTHÈME EN NAPPE, SCARLATINIFORME
  • Se recouvre en quelques heures de NOMBREUSES PUSTULES AMICROBIENNES superficielles de PETITE TAILLE (< 2mm) à CONTENU LACTESCENT
  • Par endroit : confluence des pustules peut entrainer DÉTACHEMENT PARTIE SUPERFICIELLE (SOUS CORNÉE) DE L’ÉPIDERME

TOPOGRAPHIE

  • Sur les GRANDS PLIS (aine, aisselles…)
  • Atteinte des MUQUEUSES INCONSTANTE

SIGNES ASSOCIéES

  • FIÈVRE +++
  • ALTÉRATION DE L’ÉTAT GÉNÉRAL

éVOLUTION

Régression rapide à l’arrêt du médicament

Disparition des pustules en qq jours avec desquamation

  • NFS : hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles
  • BIOPSIE CUTANÉE : accumulation de polynucléaires neutrophiles dans la partie superficielle épiderme, réalisant des pustules sous cornée

DD : psoriasis pustuleux

  • Début moins brutal
  • Evolution plus prolongée
  • Aspects un peu différents à la biopsie cutanée
  • Antécédents de psoriasis

Syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse, ou syndrome DRESS

  • Survient PLUS TARDIVEMENT QUE LES TOXIDERMIES BANALES (2 – 8 SEMAINES)
  • RÉGRESSION LENTE (éruption peut durer plusieurs semaines)
  • Sujet à peau noire : RISQUE ACCRU ++++

A redouter devant toxidermie érythémateuse avec adénopathies, œdème du visage, lésions très étendues, fièvre élevée

ASPECT

  • ERUPTION ÉRYTHRODERMIQUE
  • INFILTRATION DE L’ÉRUPTION

SIGNES ASSOCIéS

  • FIÈVRE élevée +++
  • PRURIT SÉVÈRE
  • ŒDÈME DU VISAGE +++++++ : caractéristique
  • ADÉNOPATHIES DIFFUSES
  • ATTEINTES VISCÉRALES parfois graves (hépatite, pneumopathie interstitielle, néphropathie interstitielle, myocardite…)
  • RÉACTIVATION VIRUS DU GROUPE HERPÈS (CMV, EBV, HHV6, HHV7)
  • NFS : Hyperéosinophilie (> 1500/mm3) et souvent lymphocytose avec syndrome mononucléosique
  • BILAN HÉPATIQUE

<strong>Hospitalisation++</strong>

DD : autres causes d’érythrodermies, psoriasis, dermite de contact, lymphomes T épidermotropes (mycosis fongoïde et syndrome de Sezary)

  • Ecarté par NFS, biopsie cutanée et anamnèse

Syndromes hyperéosiphiliques secondaires : début moins aigu

Syndrome de Stevens-Johnson et de Lyell (nécrolyse épidermique toxique, NET)

  • Formes les PLUS GRAVES DES TOXIDERMIES ++++
  • CONTINUUM ENTRE LE SYNDROME DE STEVENS-JOHNSON ET SYNDROME DE LYELL-NET › actuellement distingués par surface de l’épiderme nécrosé (décollé ou décollable) : facteur pronostic majeur
  • Les MÊMES MDC SONT RESPONSABLES DE TOUS LES GRADES DE SÉVÉRITÉS
  • Evolution possible en qq jours D’UN SYNDROME DE STEVENS-JOHNSON À UN SYNDROME DE LYELL

DéBUT

Peu spécifique en 7 – 21 j par manifestations cutanéo-muqueuses :

  • Fièvre
  • Brûlures oculaires
  • Eruption érythémateuse douloureuse et non prurigineuse

PHASE D'éTAT CARACTERISTIQUE

<strong>En quelques heures à quelques jours</strong>

  • ÉROSIONS MUQUEUSES multifocales et BULLES CUTANÉES
  • SIGNE DE NIKOLSKY POSITIF : PEAU SAINE DÉCOLLABLE

<strong>SYNDROME DE STEVENS-JOHNSON</strong>

  • BULLES ET VÉSICULES DISSÉMINÉES distinctes et petite taille
  • ZONES DE DÉCOLLEMENT par confluence sont LIMITÉES

SYNDROME DE LYELL-NET

  • VASTES LAMBEAUX D’ÉPIDERME DÉCOLLÉS › derme à « nu » suintant, rouge vif
  • VASTES LAMBEAUX « DÉCOLLABLES » avec aspect de « linge mouillé »

SIGNES ASSOCIéS

  • FIÈVRE CONSTANTE
  • PROFONDE ALTÉRATION DE L’ÉTAT GÉNÉRAL
  • ATTEINTE VISCÉRALE possible : POLYPNÉE AVEC HYPOXÉMIE ( › nécrose de l’épithélium bronchique : très mauvais pronostic)
  • NFS, IONOGRAMME : LEUCOPÉNIE, TROUBLES HYDROÉLECTRIQUES (déperdition cutanée)
  • BIOPSIE CUTANÉE : ÉPIDERME NÉCROSÉ SUR TOUTE SON ÉPAISSEUR, se détachant d’un derme un peu modifié (discret infiltrat lymphocytaire)
  • IMMUNOFLUORESCENCE DIRECTE : NÉGATIVE
  • HOSPITALISATION++

<strong>Pronostic</strong>

  • Risque de mortalité élevé +++ : 20 – 25%
  • Réépidermisation survient en 10 – 30 JOURS
  • Séquelles fréquentes : TROUBLES PIGMENTATION ET CICATRICES MUQUEUSES (oculaires+++)

Diagnostic différentiel

DU SYNDROME DE STEVENS-JOHNSON

Erythème polymorphe majeur › Définition clinique

  • Lésions ÉRUPTIVES EN « COCARDES » OU « CIBLES » (3 zones concentriques avec centre inconstamment bulleux)
  • Distribution ACRALE : coudes, genoux, mains, pieds, visage
  • Fréquence des LÉSIONS ÉROSIVES MUQUEUSES (définissant l’érythème polymorphe majeur)
  • FRÉQUENCE DES RÉCIDIVES
  • Survient ++++ en RÉACTION HERPÈS RÉCURRENT (50 – 60% des cas) labial plus que génital
  • Autres causes : mycoplasma pneumoniae, ou autres… mais plus rare

DU SYNDROME DE LYELL

Epidermolyse staphylococcique (nourrisson, pas d’érosion des muqueuses, décollements sous cornés à l’histologie)

Dermatose bulleuse auto-immune (pas de nécrose de l’épiderme, dépôts d’Anticorps en immunofluorescence directe)

Brûlures (absence de lésion muqueuses, nécrose cutanée de profondeur variable)

Diagnostic de cause : « imputabilité »

Repose sur un faisceau d’arguments, mais aucun n’a de valeur absolue

Démarche d’imputabilité suivie en pharmacovigilance : degré d’imputabilité de chaque médicament pris par le patient est mesuré par score qui prend en compte :

  • DONNÉES CHRONOLOGIQUES
  • DONNÉES SÉMIOLOGIQUES

<strong>Nombreux pièges :</strong>

  • OMISSION de ce qui n’est pas considéré comme un médicament
  • Attribution par excès d’un événement à la prise d’un médicament en coïncidence

IMPUTABILITé CHRONOLOGIQUE

DéLAIS EVOCATEURS

Diffèrent selon le type de réaction

  • ASPECT CLINIQUE : ERUPTION ERYTHEMATEUSE
  • ASPECT CLINIQUE : URTICAIRE
  • ASPECT CLINIQUE : PHOTOSENSIBILITE
  • ASPECT CLINIQUE : ANAPHYLAXIE
  • ASPECT CLINIQUE : ERUPTIONS PUSTULEUSES
  • ASPECT CLINIQUE : DRESS
  • ASPECT CLINIQUE : SYNDROME DE STEVENS-JOHNSON ET LYELL-NET
  • Par des causes médicamenteuses : Enfant : 10 – 20%. Adulte : 50 - 70 %
  • Délai caractéristique : 4 – 14 jours
  • Risque vital : 0
  • Mdc inducteurs : Aminopénicillines, B-lactamines, antituberculeux, sels d’or, anticomitiaux
  • Par des causes médicamenteuses : < 10 %
  • Délai caractéristique : Minutes, heures
  • Risque vital : 0
  • Mdc inducteurs : Pénicillines, produits de contraste iodés
  • Par des causes médicamenteuses : Majoritaire (?)
  • Délai caractéristique : Tous délais après exposition solaire
  • Risque vital : < 1%
  • Mdc inducteurs : Cyclines, quinolones, phénothiazines, amiodarone, méladinine
  • Par des causes médicamenteuses : 30%
  • Délai caractéristique : Minutes
  • Risque vital : 5%
  • Mdc inducteurs : Curarisants, AINS, sérums et vaccins
  • Par des causes médicamenteuses : 70 – 90%
  • Délai caractéristique : < 4 jours
  • Risque vital : 2 – 5%
  • Mdc inducteurs : Aminopénicillines, pristinamycine, dilitiazem
  • Par des causes médicamenteuses : 70 – 90%
  • Délai caractéristique : 2 – 6 semaines
  • Risque vital : 5 – 10%
  • Mdc inducteurs : Anticomitiaux, sulfamides, IEC, minocycline, allopurinol
  • Par des causes médicamenteuses : 70 – 90%
  • Délai caractéristique : 7 – 21 jours
  • Risque vital : 20 – 25%
  • Mdc inducteurs : Sulfamides AB, anticomitiaux, AINS oxicams, allopurinol, névirapine

EVOLUTION

Facteurs de causalité :

  • Amélioration après arrêt du médicament
  • Aggravation après sa poursuite

RéINTRODUCTION

Ne pas le faire volontairement pour reproduire toxidermie

Mais si récidive après réintroduction de façon accidentelle ou antécédent analogue : imputabilité vraisemblable +++

IMPUTABILITé SéMIOLOGIQUE

Clinique caractéristique d’un accident médicamenteux ?

Peut être considéré comme acceptable pour syndrome de Stevens-Johnson et Lyell

FACTEURS FAVORISANTS

Leur présence augmente la probabilité que l’éruption soit d’origine médicamenteuse :

  • INFECTION PAR LE VIH +++++ (facteur de risque majeur de toxidermies bénignes ou graves)
  • MNI : tRAITEMENT PAR AMINOPÉNICILLINE entraine presque toujours éruption érythémateuse
  • SYNDROME D’HYPERSENSIBILITÉ MÉDICAMENTEUSE ASSOCIÉ À UNE RÉACTIVATION DE VIRUS DU GROUPE HERPÈS (CMV, HHV6, HHV7, EBV)

éLIMINATION DES AUTRES CAUSES

Si médicament indispensable au patient : on peut faire un bilan exhaustif

Dans les autres cas : ne rechercher que les seuls causes qui justifieraient un traitement spécifique

TESTS

Prick-tests : pour réactions d’hypersensibilité immédiate à la pénicilline ou aux curarisants à distance de l’épisode

IMPUTABILITé EXTRINSèQUE : NOTORIETé

Connaissance des médicaments qui sont les inducteurs les plus fréquents d’un type de réaction donnée (cf. tableau plus haut)

éRYTHRODERMIE

Reconnaître l’érythrodermie

  • ERYTHÈME : généralisé (> 90% des téguments), confluant, inflammatoire, plus violacé aux points déclives, intensité variable d’un jour à l’autre, apparition +/- brutale
  • DESQUAMATION CONSTANTE
  • PRURIT constant associé à une DYSRÉGULATION THERMIQUE importante (épisodes d’hypothermie et de fièvre)
  • ŒDÈME SOUVENT MARQUÉ DU VISAGE (il peut exister un ectropion)
  • PACHYDERMIE (mieux visible au niveau des plis › infiltration cellulaire spécifique)
  • Atteinte des muqueuses possible : CHÉILITE, CONJONCTIVITE, STOMATITE
  • Atteinte des phanères après quelques semaines :
  • EVOLUTION PROLONGÉE SUR DES SEMAINES OU PLUS
  • ALTÉRATION DE L’ÉTAT GÉNÉRAL AVEC FIÈVRE (+/- frissons confinant le malade au lit)
  • GANGLIONS de plusieurs centimètres, souples et mobiles
  • TROUBLES HYDROÉLECTRIQUES par déperdition hydroélectriques ET/OU PROTÉIQUE
  • Chute des cheveux, cils, sourcils
  • Ongles dystrophiques, de croissance ralentie, apparition d’une ligne de Beau voire chute de l’ongle

ATTENTION

- Simple éruption érythémato-squameuse ne peut être qualifiée d’érythrodermie sous prétexte que les éléments sont multiples et diffus › un exanthème, plus aigu, n’est pas associé à des troubles de la régulation thermique

- Aspect clinique de l’érythrodermie ne préjuge pas de sa cause

Rechercher l’étiologie en vue d’un éventuel traitement spécifique

Adulte

DERMATOSES

Causes les plus fréquentes d’érythrodermie

  • PSORIASIS +++
  • ECZÉMA +++
  • Lichen plan

Généralement on retrouve à l’interrogatoire la notion d’une dermatose préalable (érythrodermie exceptionnellement mode d’entrée dans la maladie)

RéACTIONS CUTANéES AUX MéDICAMENTS

Sels d’or, sulfamides antibactériens, anticomitiaux, allopurinol, béta-lactamines

Délai : 1 semaine après introduction médicament

Rechercher des critères de gravité pouvant faire évoquer un DRESS (réaction d’HS médicamenteuse) : œdème du visage, adénopathies cervicales, fièvre

Recherche : hyperéosinophilie, syndrome mononucléosique, cytolyse hépatique

HéMOPATHIES

Lymphome T cutané épidermotrope (Syndrome de Sézary ++)

  • ERYTHRODERMIE CHRONIQUE, infiltrée, prurigineuse
  • ADÉNOPATHIE
  • Ne font pas évoquer un lymphome, sont constantes dans les érythrodermies (lymphadénopathie dermopathique)
  • Mais si fermes, profondes, de grande taille : c’est plus évocateur d’un lymphome quand même

Ne pas hésiter à répéter les biopsies cutanées + faire biopsie ganglionnaire

  • Confirmation diagnostique par : HISTOLOGIE CUTANÉE, POSITIVITÉ DE LA RECHERCHE DE CELLULES DE SÉZARY DANS LE SANG ET MISE EN ÉVIDENCE DE LEUR CLONALITÉ,

D’autres hémopathies possibles

INFECTIONS

  • Primo-infection VIH
  • Gâle crouteuse chez le sujet âgé (80 ans)

Erythrodermie farineuse, croûteuse et hyperkératosique

<strong>Contagieuse ++++</strong>

  • Survient chez les PERSONNES ÂGÉES EN COLLECTIVITÉ OU IMMUNODÉPRIMÉ

AUTRES CAUSES

Idiopathique dans 10% des cas (surveillance régulière à la recherche d’une étiologie)

Enfant

MOINS DE 3 MOIS

ICHTYOSE

Erythrodermies congénitales ichtyosiformes : maladies héréditaires avec anomalies de la kératinisation (persiste à l’âge adulte)

  • Tableau à la naissance : BÉBÉ COLLODION

ÉPIDERMOLYSE STAPHYLOCOCCIQUE DU NOUVEAU-NÉ

Germe : staphylocoque sécréteur de toxines exfoliantes

  • Enfant D’ASPECT ÉBOUILLANTÉ + FIÈVRE ET ALTÉRATION DE L’ÉTAT GÉNÉRAL

Vaste décollement épidermique laissant à nu de grands placards rouges et suintants

Evolution sous traitement adapté favorable malgré risques de complications infectieuses et hydroélectriques

ÉRYTHRODERMIE DESQUAMATIVE DE LEINER-MOUSSOUS (RARE)

  • Succède dermatite SÉBORRHÉIQUE BIPOLAIRE
  • ETAT GÉNÉRAL CONSERVÉ, ÉVOLUTION BÉNIGNE

Peut s’intégrer : 1/3 des cas psoriasis, 1/3 des cas dermatite atopique, 1/3 des cas idiopathique

ÉRYTHRODERMIE DES DÉFICITS IMMUNITAIRES

Rare

PLUS DE 3 MOIS

  • COMME L’ADULTE
  • Fréquence importance : ÉRYTHRODERMIE SUR DERMATITE ATOPIQUE +++
  • Eventuellement : HISTIOCYTOSE LANGERHENSIENNe (maladie de Letterer-Siwe)

Apprécier la gravité immédiate et proposer une attitude thérapeutique symptomatique

Complications possibles :

  • TROUBLES HYDROÉLECTRIQUES
  • COMPLICATIONS DU DÉCUBITUS : DÉNUTRITION, ESCARRES, CACHEXIE
  • COMPLICATIONS INFECTIEUSES
  • Provoqués par vasodilatation cutanée, suintement, œdème, fièvre, desquamation
  • Peuvent provoquer décompensation cardiaque, respiratoire, ou rénale
  • Mortalité des patients atteints d’érythrodermie › 19%, principalement de complications infectieuses
  • Diagnostic difficile : hémocultures contaminées par les germes sur les lésions cutanées, sepsis difficile à diagnostiquer car érythrodermie en elle-même donne de la fièvre
  • Infections cutanées : à staphyloccoque, virus herpès, VZV
  • Infections générales : pneumopathie, septicémie

Prise en charge d’une érythrodermie

Hospitalisation en urgence

  • Urgence dermatologique plan thérapeutique & étiologique › HOSPITALISATION EN DERMATOLOGIE OU RÉANIMATION MÉDICALE

NFS, ionogramme, fonction rénale, fonction hépatique

But : évaluer gravité de la dermatose, rééquilibrer les troubles hydroélectriques et traiter éventuelles défaillances viscérales

Recherche étiologique

  • Interrogatoire : RECHERCHE ANTÉCÉDENTS, PRISE MÉDICAMENTEUSE, CONTEXTE INFECTIEUX
  • ARRÊTS ÉVENTUELS MÉDICAMENTS SUSPECTS

Biopsie cutanée : peut mettre en évidence signes histologiques spécifiques de la maladie responsable de l’érythrodermie. Mais majoritairement non spécifique. Doit être répétée en cas suspicion lymphome cutané T

Prélèvements bactériologiques multiples

Adaptation du traitement à la cause de l’érythrodermie Cf. chapitres correspondants

Traitement symptomatique

  • Réchauffement du malade : LIMITE LES PERTES CALORIQUES, HYPERCATABOLISME ET DÉNUTRITION
  • Formes graves : corticothérapie locale de niveau 1 (très forte) pour AMÉLIORATION SYMPTOMATIQUE RAPIDE

EXANTHèMES

Définitions :

  • EXANTHÈME : Eruption cutanée d’apparition brutale, transitoire
  • 3 SOUS-GROUPES :
  • Erythème : rougeur transitoire de la peau due à une vasodilatation des vaisseaux cutanés superficiels (plus ou moins exsudation dermique donnant à l’érythème un caractère plus ou moins papuleux)
  • Purpura : ne s’efface pas à la vitro pression
  • Télangiectasies : topographie stable, intensité varie en fonction de la température

Principales causes :

  • INFECTIEUSE
  • MÉDICAMENTEUSE (toxidermie)

ARGUMENTS CAUSE VIRALE

  • Syndrome grippal
  • Contexte épidémique
  • Notion de contage
  • Fièvre
  • Enanthème
  • Présence adénopathie

ARGUMENTS CAUSE MEDICAMENTEUSE

  • Prurit
  • Polymorphisme de l’éruption
  • Eosinophilie sanguine
  • Introduction médicament dans les 5 – 14 jours avant éruption

Principales causes d’exanthèmes en fonction de l’aspect sémiologique

éRYTHèMES MORBILIFORMES

<strong>Causes infectieuses +++</strong>

  • VIRALES principalement :
  • BACTÉRIENNES PARFOIS
  • AUTRES
  • Mégalérythème épidémique (parvovirus B19)
  • Echovirus (9 et 16), arbovirus
  • Virus coxsackie
  • Rougeole (+++), Rubéole
  • MNI, CMV, hépatite virale, primo-infection VIH
  • Rickettsioses, mycoplasme, leptospirose, toxoplasmose, méningocoque…
  • Syndrome de Kawasaki
  • LED
  • Toxidermies : B-lactamines, sulfamides, anticomitiaux

éRYTHèMES ROSéOLIFORMES

  • EXANTHÈME SUBIT (HHV6 ou HHV7)
  • RUBÉOLE
  • Echovirus (9 et 16), arbovirus
  • Fièvre typhoïde
  • PRIMO-INFECTION VIH
  • SYPHILIS SECONDAIRE

éRYTHèEME SCARLATINIFORMES

<strong>Maladie infectieuses</strong>

  • Essentiellement BACTÉRIENNES :
  • VIROSES atypiques : MNI…
  • AUTRES
  • Scarlatine
  • Syndrome du choc toxique
  • Septicémie à staphylocoque, streptocoque
  • Toxidermies
  • Syndrome de Kawasaki

Diagnostics différentiels :

  • PURPURA
  • TÉLANGIECTASIES
  • URTICAIRES
  • Erythèmes VASOMOTEURS
  • Erythèmes de CAUSES EXOGÈNES :
  • ERYTHRODERMIE (atteinte universelle des téguments, caractère squameux, durée et association signes généraux)
  • Bouffées vasomotrices de la rosacée (érythème congestif du visage avec poussées favorisée par émotions, environnement, alimentation)
  • Erythème pudique du décolleté (chez les patients émotifs localisés au cou ou visage ne durant que qq minutes)
  • Piqûres d’insectes (érythème papuleux centré par point de piqûre)
  • Brûlure thermique ou caustique
  • Erythème phototoxique (limités aux territoires cutanés exposés à la lumière)

Causes infectieuses

EXANTHèMES MORBILLIFORMES

Maculopapuleux, pouvant confluer en plaques séparées par des espaces de peau saine. Surface douce, veloutée à la palpation

<strong>Causes : </strong>

  • MÉGALÉRYTHÈME ÉPIDÉMIQUE
  • ROUGEOLE
  • MONONUCLÉOSE INFECTIEUSE
  • FIÈVRE BOUTONNEUSE MÉDITERRANÉENNE
  • ENTÉROVIRUS (VIRUS COXSACKIE, ÉCHOVIRUS 9)
  • ADÉNOVIRUS
  • HÉPATITE B
  • Infections exotiques : FIÈVRE JAUNE, DENGUE
  • Autres : méningococcie, Mycoplasma pneumoniae, toxoplasmose…

EXANTHèMES ROSEOLIFORME

Macules rosées, pâles, bien séparées les unes des autres

<strong>Causes :</strong>

  • EXANTHÈME SUBIT
  • RUBÉOLE
  • PRIMO INFECTION VIH (ITEM 165)
  • SYPHILIS SECONDAIRE (ITEM 158)
  • Autres : FIÈVRE TYPHOÏDE (éruption fugace lenticulaire du tronc de la 2ème semaine d’un tableau fébrile bruyant), INFECTIONS VIRALES À ENTÉROVIRUS (échovirus, virus coxsackie, arbovirus…)

EXANTHèMES SCARLATINIFORME

Plaques diffuses rouge vif légèrement granités à la palpation, sans intervalle de peau saine, chauds ou cuisants, s’intensifiant dans les plis

Evolution possible vers desquamation secondaire

<strong>Causes : </strong>

  • SCARLATINE
  • SCARLATINE STAPHYLOCOCCIQUE (forme bénigne de choc toxique staphylococcique secondaire à la sécrétion d’une toxine TSST1 à partir d’un foyer bactérien staphylococcique)
  • SYNDROME DU CHOC TOXIQUE
  • SYNDROME DE KAWASAKI (adéno-cutanéo-muqueux)

Examens complémentaires

  • HÉMOCULTURES : si altération de l’état ou signes d’orientation (syndrome méningé, syndrome dysentérique)
  • NE PAS FAIRE DE PRÉLÈVEMENTS DE L’EXANTHÈME › seulement la clinique +++

<strong>ENFANT</strong>

Si suspicion :

  • Scarlatine : NFS (?), PRÉLÈVEMENT DE GORGE (streptatest)
  • Kawasaki : NFS-P, ÉCHOGRAPHIE TRANS-THORACIQUE

<strong>ADULTE</strong>

En l’absence d’étiologie évidente :

  • NFS, TPHA-VDRL, ANTIGÉNÉMIE P24, CHARGE VIRALE VIH, TESTS HÉPATIQUES, SÉRODIAGNOSTIC DE MNI

FEMME ENCEINTE

  • Sérologies SYPHILIS, TOXOPLASMOSE, RUBÉOLE, CMV, PARVOVIRUS B19

Traitement : en fonction de la cause (cf. exanthèmes fébriles de l’enfant en pédiatrie)

Toxidermie médicamenteuse

TOXIDERMIE : effets cutanés des médicaments administrés par voie interne

épidémiologie

  • FRÉQUENT +++ : 10% des patients hospitalisés, 1 à 3% des utilisateurs de médicaments d’usage courant
  • POTENTIELLEMENT GRAVE : 25 à 30% sont des toxidermies graves (mais trop rares pour être détectés avant AMM)
  • IL FAUT NOTIFIER À DES INSTANCES DE PHARMACOVIGILANCE ++++ les toxidermies GRAVES OU NON CONNUES (obligation légale)
  • 90% DES TOXIDERMIES SONT BÉNIGNES ! Les plus fréquentes sont les éruptions érythémateuses (40 à 60%) et les urticaires (20 à 30%)
  • Médicaments le plus souvent en cause : AINS, ANTICOMITIAUX, ANTIBIOTIQUES (B-LACTAMINES +++), SULFAMIDES, ANTIRÉTROVIRAUX

Types de manifestations

  • Effets IDIOSYNCRASIQUES (imprévisibles, à des doses thérapeutiques usuelles) ++++ majoritairement
  • Effets PHARMACOLOGIQUES OU TOXIQUES (alopécie des antimitotiques par exemple)

Diagnostic de toxidermie est un diagnostic de présomption : fondé sur un faisceau d’arguments, certitude absolue exceptionnelle. Conduite à tenir :

  • SI RÉACTION GRAVE ET URTICAIRE : contre indication à vie de l’utilisation ultérieure du médicament par écrit sur un document remis au malade
  • SI RÉACTION ÉRYTHÉMATEUSE BÉNIGNE : médicament peut être poursuivi sous surveillance si le bénéfice attendu du traitement le justifie
  • SI TOXIDERMIE GRAVE (DRESS syndrome, nécrolyse épidermique toxique) : arrêt immédiat en URGENCE du médicament incriminé !

Toxidermies bénignes

Toxidermies érythémateuses (exanthèmes maculopapuleux)

Eruption dans les 4 – 14 jours après début du traitement (« érythème du 9ème jour »)

TOPOGRAPHIE

  • TRONC ET RACINES DES MEMBRES
  • Extension possible pendant qq jours

ASPECT

Eruption polymorphe ++++

  • MACULES ISOLÉES (morbilliformes) à certains endroits
  • NAPPES SCARLATINIFORMES
  • PAPULES OU PLAQUES ŒDÉMATEUSES (avec parfois disposition arciforme)
  • PURPURA PÉTÉCHIAL SUR LES JAMBES (si érythème intense)

DUREE

< 1 semaine

SIGNES ASSOCIéS

  • Fièvre modérée ou ABSENTE
  • PRURIT ++++
  • ABSENCE D’ÉNANTHÈME (mais les lésions érythémateuses, parfois squameuses ou fissuraires, peuvent toucher le versant semi-muqueux des lèvres : chéilite)

éVOLUTION

Parfois fine desquamation

EXAMENS COMPLéMENTAIRES

Biopsie cutanée: nécrose kératinocytaire mais image non spécifique

Ne pas confondre avec éruption des maladies infectieuses (virales ou bactériennes toxiniques)

Chez l’enfant › majoritairement des infections virales // Chez l’adulte › majoritairement des toxidermies

Urticaire (Cf. item 183)

URTICAIRE IMMEDIATE

Papules mobiles et fugaces en quelques minutes à quelques heures (< 2h) après administration mdc

  • Signe une SENSIBILISATION PRÉALABLE
  • MÉCANISMES IMMUNOALLERGIQUES IGE DÉPENDANTS
  • › CONTRE INDICATION FORMELLE DU MÉDICAMENT ++++ (risque d’anaphylaxie)

Ne pas confondre avec urticaire lié aux propriétés pharmacologiques du médicament (activation des médiateurs de l’inflammation : AINS, pénicillines, codéine… +++)

  • Réactions INCONSTANTES
  • Début : PLUSIEURS JOURS APRÈS LA 1ÈRE PRISE
  • Apparaissent après : PLUSIEURS HEURES APRÈS LA PRISE DU MÉDICAMENT

URTICAIRE DU 7èME JOUR DE TRAITEMENT

Urticaire fixe. Si arthralgies associées : évoquer

  • UNE MALADIE SÉRIQUE (en réaction à l’injection de protéines étrangères – sérums ou vaccins)
  • OU « PSEUDO-MALADIE SÉRIQUES » : faisant le plus souvent suite à l’administration d’antibiotiques

Le diagnostic d’urticaire ne prête pas à confusion mais attention à ne pas trop le rattacher à une cause médicamenteuse +++++ (moins de 10% des causes d’urticaire aiguës)

Photosensibilité

Facilement reconnue :

  • ANAMNÈSE (dans les heures qui suivent exposition solaire)
  • LOCALISATION AUX ZONES DÉCOUVERTES PHOTODISTRIBUÉES

Deux variantes

<strong>PHOTOALLERGIE</strong>

Lésions d’eczéma débutant dans les zones photoexposées (pouvant s’étendre aux zones couvertes)

  • Parfois déclenchées par DES EXPOSITIONS SOLAIRES MINIMES
  • EXCEPTIONNELLEMENT PEUT PERSISTER APRÈS ARRÊT DU TRAITEMENT INDUCTEUR (photosensibilité persistante)

PHOTOTOXICITÉ

Dépend des doses de médicaments et des doses d’UVA

Tableaux cliniques possibles :

  • ERYTHÈME ACTINIQUE INTENSE (« super coup de soleil ») malgré exposition limitée
  • BULLES TENDUES DES MAINS OU DES JAMBES (« pseudo-porphyrie »)
  • DÉCOLLEMENT DISTAL DOULOUREUX DE LA TABLETTE DES ONGLES (onycholyse)

Autres causes possibles de photosensibilité

  • PHOTOSENSIBILITÉ « ENDOGÈNE » : métabolique (porphyrie), LED, idiopathiques (allergies solaires ou lucite)
  • PHOTOSENSIBILITÉ DE CONTACT (plante, parfum, topiques médicamenteux)

Si absence d’ATCD de réaction de photosensibilité : argument de poids pour une cause « exogène », médicamenteuse ou de contact ++++

Forme pathognomonique d’une toxidermie : l’érythème pigmenté fixe

  • Seule dermatose de CAUSE EXCLUSIVEMENT MÉDICAMENTEUSE +++++++
  • Rare en France
  • Médicaments responsables le plus souvent : paracétamol, AINS

Clinique

DéBUT

Dans les 48h suivant la prise de mdc inducteur

ASPECT

  • 1 À 10 PLAQUES ÉRYTHÉMATEUSES arrondies
  • Quelques CM DE DIAMÈTRE
  • Souvent DOULOUREUSES ET INFILTRÉES
  • Peuvent se RECOUVRIR D’UNE BULLE

TOPOGRAPHIE

  • ORGANES GÉNITAUX
  • LÈVRES

Atteinte muqueuse rarement multifocale

éVOLUTION

Lésions inflammatoires disparaissent en qq jours

Laissent tâches pigmentées brunes ou ardoisées

Si réintroduction mdc : récidive des lésions aux même sites très évocateur

Toxidermies graves

Signes de gravité à rechercher :

  • Diffusion de l’érythème
  • Infiltration des lésions (œdème du visage +++)
  • Fièvre élevée
  • Polyadénopathie
  • Douleurs cutanées ou muqueuses intenses
  • Erosions des muqueuses
  • Apparition d’un signe de Nikolsky
  • Purpura ou nécrose

Apparition d’un de ces marqueurs impose : arrêt du médicament et hospitalisation

Angioedème (Œdème de Quincke) et choc anaphylactique

Plusieurs mécanismes possibles

HISTAMINO-LIBéRATION PRéDOMINANTE

<strong>IGE DéPENDANTE</strong>

  • Spécifique
  • Risque de récidive au même médicament ou produit de formule chimique très proche

<strong>IGE INDéPENDANTE</strong>

  • Activation pharmacologique des médiateurs de l’inflammation INDÉPENDANTE D’IGE SPÉCIFIQUES › Réaction ANAPHYLACTOÏDE
  • RISQUE DE RÉCIDIVE AVEC L’ENSEMBLE DES PRODUITS DE MÊME EFFET PHARMACOLOGIQUE, même si FORMULES CHIMIQUES DIFFÉRENTES (réaction aux produits de contraste iodés hyperosmolaires)

Traitement en urgence quelque soit le mécanisme ! (cf. item 183)

ACCUMULATION D’AUTRES MéDIATEURS

  • ANGIœDèMES AUX IEC OU GLIPTINES : accumulation de BRADYKININE
  • ANGIœDèMES AUX AINS : accumulation de DÉRIVÉS ACIDE ARACHIDONIQUE (leucotriènes)

Toxidermies pustuleuses (pustulose exanthématique aiguë généralisée, PEAG)

Souvent prise à tord pour une infection grave

DéBUT

Eruption brutale, très fébrile

1 à 4 jours après introduction médicament inducteur (antibiotique +++)

ASPECT

  • ERYTHÈME EN NAPPE, SCARLATINIFORME
  • Se recouvre en quelques heures de NOMBREUSES PUSTULES AMICROBIENNES superficielles de PETITE TAILLE (< 2mm) à CONTENU LACTESCENT
  • Par endroit : confluence des pustules peut entrainer DÉTACHEMENT PARTIE SUPERFICIELLE (SOUS CORNÉE) DE L’ÉPIDERME

TOPOGRAPHIE

  • Sur les GRANDS PLIS (aine, aisselles…)
  • Atteinte des MUQUEUSES INCONSTANTE

SIGNES ASSOCIéES

  • FIÈVRE +++
  • ALTÉRATION DE L’ÉTAT GÉNÉRAL

éVOLUTION

Régression rapide à l’arrêt du médicament

Disparition des pustules en qq jours avec desquamation

  • NFS : hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles
  • BIOPSIE CUTANÉE : accumulation de polynucléaires neutrophiles dans la partie superficielle épiderme, réalisant des pustules sous cornée

DD : psoriasis pustuleux

  • Début moins brutal
  • Evolution plus prolongée
  • Aspects un peu différents à la biopsie cutanée
  • Antécédents de psoriasis

Syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse, ou syndrome DRESS

  • Survient PLUS TARDIVEMENT QUE LES TOXIDERMIES BANALES (2 – 8 SEMAINES)
  • RÉGRESSION LENTE (éruption peut durer plusieurs semaines)
  • Sujet à peau noire : RISQUE ACCRU ++++

A redouter devant toxidermie érythémateuse avec adénopathies, œdème du visage, lésions très étendues, fièvre élevée

ASPECT

  • ERUPTION ÉRYTHRODERMIQUE
  • INFILTRATION DE L’ÉRUPTION

SIGNES ASSOCIéS

  • FIÈVRE élevée +++
  • PRURIT SÉVÈRE
  • ŒDÈME DU VISAGE +++++++ : caractéristique
  • ADÉNOPATHIES DIFFUSES
  • ATTEINTES VISCÉRALES parfois graves (hépatite, pneumopathie interstitielle, néphropathie interstitielle, myocardite…)
  • RÉACTIVATION VIRUS DU GROUPE HERPÈS (CMV, EBV, HHV6, HHV7)
  • NFS : Hyperéosinophilie (> 1500/mm3) et souvent lymphocytose avec syndrome mononucléosique
  • BILAN HÉPATIQUE

<strong>Hospitalisation++</strong>

DD : autres causes d’érythrodermies, psoriasis, dermite de contact, lymphomes T épidermotropes (mycosis fongoïde et syndrome de Sezary)

  • Ecarté par NFS, biopsie cutanée et anamnèse

Syndromes hyperéosiphiliques secondaires : début moins aigu

Syndrome de Stevens-Johnson et de Lyell (nécrolyse épidermique toxique, NET)

  • Formes les PLUS GRAVES DES TOXIDERMIES ++++
  • CONTINUUM ENTRE LE SYNDROME DE STEVENS-JOHNSON ET SYNDROME DE LYELL-NET › actuellement distingués par surface de l’épiderme nécrosé (décollé ou décollable) : facteur pronostic majeur
  • Les MÊMES MDC SONT RESPONSABLES DE TOUS LES GRADES DE SÉVÉRITÉS
  • Evolution possible en qq jours D’UN SYNDROME DE STEVENS-JOHNSON À UN SYNDROME DE LYELL

DéBUT

Peu spécifique en 7 – 21 j par manifestations cutanéo-muqueuses :

  • Fièvre
  • Brûlures oculaires
  • Eruption érythémateuse douloureuse et non prurigineuse

PHASE D'éTAT CARACTERISTIQUE

<strong>En quelques heures à quelques jours</strong>

  • ÉROSIONS MUQUEUSES multifocales et BULLES CUTANÉES
  • SIGNE DE NIKOLSKY POSITIF : PEAU SAINE DÉCOLLABLE

<strong>SYNDROME DE STEVENS-JOHNSON</strong>

  • BULLES ET VÉSICULES DISSÉMINÉES distinctes et petite taille
  • ZONES DE DÉCOLLEMENT par confluence sont LIMITÉES

SYNDROME DE LYELL-NET

  • VASTES LAMBEAUX D’ÉPIDERME DÉCOLLÉS › derme à « nu » suintant, rouge vif
  • VASTES LAMBEAUX « DÉCOLLABLES » avec aspect de « linge mouillé »

SIGNES ASSOCIéS

  • FIÈVRE CONSTANTE
  • PROFONDE ALTÉRATION DE L’ÉTAT GÉNÉRAL
  • ATTEINTE VISCÉRALE possible : POLYPNÉE AVEC HYPOXÉMIE ( › nécrose de l’épithélium bronchique : très mauvais pronostic)
  • NFS, IONOGRAMME : LEUCOPÉNIE, TROUBLES HYDROÉLECTRIQUES (déperdition cutanée)
  • BIOPSIE CUTANÉE : ÉPIDERME NÉCROSÉ SUR TOUTE SON ÉPAISSEUR, se détachant d’un derme un peu modifié (discret infiltrat lymphocytaire)
  • IMMUNOFLUORESCENCE DIRECTE : NÉGATIVE
  • HOSPITALISATION++

<strong>Pronostic</strong>

  • Risque de mortalité élevé +++ : 20 – 25%
  • Réépidermisation survient en 10 – 30 JOURS
  • Séquelles fréquentes : TROUBLES PIGMENTATION ET CICATRICES MUQUEUSES (oculaires+++)

Diagnostic différentiel

DU SYNDROME DE STEVENS-JOHNSON

Erythème polymorphe majeur › Définition clinique

  • Lésions ÉRUPTIVES EN « COCARDES » OU « CIBLES » (3 zones concentriques avec centre inconstamment bulleux)
  • Distribution ACRALE : coudes, genoux, mains, pieds, visage
  • Fréquence des LÉSIONS ÉROSIVES MUQUEUSES (définissant l’érythème polymorphe majeur)
  • FRÉQUENCE DES RÉCIDIVES
  • Survient ++++ en RÉACTION HERPÈS RÉCURRENT (50 – 60% des cas) labial plus que génital
  • Autres causes : mycoplasma pneumoniae, ou autres… mais plus rare

DU SYNDROME DE LYELL

Epidermolyse staphylococcique (nourrisson, pas d’érosion des muqueuses, décollements sous cornés à l’histologie)

Dermatose bulleuse auto-immune (pas de nécrose de l’épiderme, dépôts d’Anticorps en immunofluorescence directe)

Brûlures (absence de lésion muqueuses, nécrose cutanée de profondeur variable)

Diagnostic de cause : « imputabilité »

Repose sur un faisceau d’arguments, mais aucun n’a de valeur absolue

Démarche d’imputabilité suivie en pharmacovigilance : degré d’imputabilité de chaque médicament pris par le patient est mesuré par score qui prend en compte :

  • DONNÉES CHRONOLOGIQUES
  • DONNÉES SÉMIOLOGIQUES

<strong>Nombreux pièges :</strong>

  • OMISSION de ce qui n’est pas considéré comme un médicament
  • Attribution par excès d’un événement à la prise d’un médicament en coïncidence

IMPUTABILITé CHRONOLOGIQUE

DéLAIS EVOCATEURS

Diffèrent selon le type de réaction

  • ASPECT CLINIQUE : ERUPTION ERYTHEMATEUSE
  • ASPECT CLINIQUE : URTICAIRE
  • ASPECT CLINIQUE : PHOTOSENSIBILITE
  • ASPECT CLINIQUE : ANAPHYLAXIE
  • ASPECT CLINIQUE : ERUPTIONS PUSTULEUSES
  • ASPECT CLINIQUE : DRESS
  • ASPECT CLINIQUE : SYNDROME DE STEVENS-JOHNSON ET LYELL-NET
  • Par des causes médicamenteuses : Enfant : 10 – 20%. Adulte : 50 - 70 %
  • Délai caractéristique : 4 – 14 jours
  • Risque vital : 0
  • Mdc inducteurs : Aminopénicillines, B-lactamines, antituberculeux, sels d’or, anticomitiaux
  • Par des causes médicamenteuses : < 10 %
  • Délai caractéristique : Minutes, heures
  • Risque vital : 0
  • Mdc inducteurs : Pénicillines, produits de contraste iodés
  • Par des causes médicamenteuses : Majoritaire (?)
  • Délai caractéristique : Tous délais après exposition solaire
  • Risque vital : < 1%
  • Mdc inducteurs : Cyclines, quinolones, phénothiazines, amiodarone, méladinine
  • Par des causes médicamenteuses : 30%
  • Délai caractéristique : Minutes
  • Risque vital : 5%
  • Mdc inducteurs : Curarisants, AINS, sérums et vaccins
  • Par des causes médicamenteuses : 70 – 90%
  • Délai caractéristique : < 4 jours
  • Risque vital : 2 – 5%
  • Mdc inducteurs : Aminopénicillines, pristinamycine, dilitiazem
  • Par des causes médicamenteuses : 70 – 90%
  • Délai caractéristique : 2 – 6 semaines
  • Risque vital : 5 – 10%
  • Mdc inducteurs : Anticomitiaux, sulfamides, IEC, minocycline, allopurinol
  • Par des causes médicamenteuses : 70 – 90%
  • Délai caractéristique : 7 – 21 jours
  • Risque vital : 20 – 25%
  • Mdc inducteurs : Sulfamides AB, anticomitiaux, AINS oxicams, allopurinol, névirapine

EVOLUTION

Facteurs de causalité :

  • Amélioration après arrêt du médicament
  • Aggravation après sa poursuite

RéINTRODUCTION

Ne pas le faire volontairement pour reproduire toxidermie

Mais si récidive après réintroduction de façon accidentelle ou antécédent analogue : imputabilité vraisemblable +++

IMPUTABILITé SéMIOLOGIQUE

Clinique caractéristique d’un accident médicamenteux ?

Peut être considéré comme acceptable pour syndrome de Stevens-Johnson et Lyell

FACTEURS FAVORISANTS

Leur présence augmente la probabilité que l’éruption soit d’origine médicamenteuse :

  • INFECTION PAR LE VIH +++++ (facteur de risque majeur de toxidermies bénignes ou graves)
  • MNI : tRAITEMENT PAR AMINOPÉNICILLINE entraine presque toujours éruption érythémateuse
  • SYNDROME D’HYPERSENSIBILITÉ MÉDICAMENTEUSE ASSOCIÉ À UNE RÉACTIVATION DE VIRUS DU GROUPE HERPÈS (CMV, HHV6, HHV7, EBV)

éLIMINATION DES AUTRES CAUSES

Si médicament indispensable au patient : on peut faire un bilan exhaustif

Dans les autres cas : ne rechercher que les seuls causes qui justifieraient un traitement spécifique

TESTS

Prick-tests : pour réactions d’hypersensibilité immédiate à la pénicilline ou aux curarisants à distance de l’épisode

IMPUTABILITé EXTRINSèQUE : NOTORIETé

Connaissance des médicaments qui sont les inducteurs les plus fréquents d’un type de réaction donnée (cf. tableau plus haut)

éRYTHRODERMIE

Reconnaître l’érythrodermie

  • ERYTHÈME : généralisé (> 90% des téguments), confluant, inflammatoire, plus violacé aux points déclives, intensité variable d’un jour à l’autre, apparition +/- brutale
  • DESQUAMATION CONSTANTE
  • PRURIT constant associé à une DYSRÉGULATION THERMIQUE importante (épisodes d’hypothermie et de fièvre)
  • ŒDÈME SOUVENT MARQUÉ DU VISAGE (il peut exister un ectropion)
  • PACHYDERMIE (mieux visible au niveau des plis › infiltration cellulaire spécifique)
  • Atteinte des muqueuses possible : CHÉILITE, CONJONCTIVITE, STOMATITE
  • Atteinte des phanères après quelques semaines :
  • EVOLUTION PROLONGÉE SUR DES SEMAINES OU PLUS
  • ALTÉRATION DE L’ÉTAT GÉNÉRAL AVEC FIÈVRE (+/- frissons confinant le malade au lit)
  • GANGLIONS de plusieurs centimètres, souples et mobiles
  • TROUBLES HYDROÉLECTRIQUES par déperdition hydroélectriques ET/OU PROTÉIQUE
  • Chute des cheveux, cils, sourcils
  • Ongles dystrophiques, de croissance ralentie, apparition d’une ligne de Beau voire chute de l’ongle

ATTENTION

- Simple éruption érythémato-squameuse ne peut être qualifiée d’érythrodermie sous prétexte que les éléments sont multiples et diffus › un exanthème, plus aigu, n’est pas associé à des troubles de la régulation thermique

- Aspect clinique de l’érythrodermie ne préjuge pas de sa cause

Rechercher l’étiologie en vue d’un éventuel traitement spécifique

Adulte

DERMATOSES

Causes les plus fréquentes d’érythrodermie

  • PSORIASIS +++
  • ECZÉMA +++
  • Lichen plan

Généralement on retrouve à l’interrogatoire la notion d’une dermatose préalable (érythrodermie exceptionnellement mode d’entrée dans la maladie)

RéACTIONS CUTANéES AUX MéDICAMENTS

Sels d’or, sulfamides antibactériens, anticomitiaux, allopurinol, béta-lactamines

Délai : 1 semaine après introduction médicament

Rechercher des critères de gravité pouvant faire évoquer un DRESS (réaction d’HS médicamenteuse) : œdème du visage, adénopathies cervicales, fièvre

Recherche : hyperéosinophilie, syndrome mononucléosique, cytolyse hépatique

HéMOPATHIES

Lymphome T cutané épidermotrope (Syndrome de Sézary ++)

  • ERYTHRODERMIE CHRONIQUE, infiltrée, prurigineuse
  • ADÉNOPATHIE
  • Ne font pas évoquer un lymphome, sont constantes dans les érythrodermies (lymphadénopathie dermopathique)
  • Mais si fermes, profondes, de grande taille : c’est plus évocateur d’un lymphome quand même

Ne pas hésiter à répéter les biopsies cutanées + faire biopsie ganglionnaire

  • Confirmation diagnostique par : HISTOLOGIE CUTANÉE, POSITIVITÉ DE LA RECHERCHE DE CELLULES DE SÉZARY DANS LE SANG ET MISE EN ÉVIDENCE DE LEUR CLONALITÉ,

D’autres hémopathies possibles

INFECTIONS

  • Primo-infection VIH
  • Gâle crouteuse chez le sujet âgé (80 ans)

Erythrodermie farineuse, croûteuse et hyperkératosique

<strong>Contagieuse ++++</strong>

  • Survient chez les PERSONNES ÂGÉES EN COLLECTIVITÉ OU IMMUNODÉPRIMÉ

AUTRES CAUSES

Idiopathique dans 10% des cas (surveillance régulière à la recherche d’une étiologie)

Enfant

MOINS DE 3 MOIS

ICHTYOSE

Erythrodermies congénitales ichtyosiformes : maladies héréditaires avec anomalies de la kératinisation (persiste à l’âge adulte)

  • Tableau à la naissance : BÉBÉ COLLODION

ÉPIDERMOLYSE STAPHYLOCOCCIQUE DU NOUVEAU-NÉ

Germe : staphylocoque sécréteur de toxines exfoliantes

  • Enfant D’ASPECT ÉBOUILLANTÉ + FIÈVRE ET ALTÉRATION DE L’ÉTAT GÉNÉRAL

Vaste décollement épidermique laissant à nu de grands placards rouges et suintants

Evolution sous traitement adapté favorable malgré risques de complications infectieuses et hydroélectriques

ÉRYTHRODERMIE DESQUAMATIVE DE LEINER-MOUSSOUS (RARE)

  • Succède dermatite SÉBORRHÉIQUE BIPOLAIRE
  • ETAT GÉNÉRAL CONSERVÉ, ÉVOLUTION BÉNIGNE

Peut s’intégrer : 1/3 des cas psoriasis, 1/3 des cas dermatite atopique, 1/3 des cas idiopathique

ÉRYTHRODERMIE DES DÉFICITS IMMUNITAIRES

Rare

PLUS DE 3 MOIS

  • COMME L’ADULTE
  • Fréquence importance : ÉRYTHRODERMIE SUR DERMATITE ATOPIQUE +++
  • Eventuellement : HISTIOCYTOSE LANGERHENSIENNe (maladie de Letterer-Siwe)

Apprécier la gravité immédiate et proposer une attitude thérapeutique symptomatique

Complications possibles :

  • TROUBLES HYDROÉLECTRIQUES
  • COMPLICATIONS DU DÉCUBITUS : DÉNUTRITION, ESCARRES, CACHEXIE
  • COMPLICATIONS INFECTIEUSES
  • Provoqués par vasodilatation cutanée, suintement, œdème, fièvre, desquamation
  • Peuvent provoquer décompensation cardiaque, respiratoire, ou rénale
  • Mortalité des patients atteints d’érythrodermie › 19%, principalement de complications infectieuses
  • Diagnostic difficile : hémocultures contaminées par les germes sur les lésions cutanées, sepsis difficile à diagnostiquer car érythrodermie en elle-même donne de la fièvre
  • Infections cutanées : à staphyloccoque, virus herpès, VZV
  • Infections générales : pneumopathie, septicémie

Prise en charge d’une érythrodermie

Hospitalisation en urgence

  • Urgence dermatologique plan thérapeutique & étiologique › HOSPITALISATION EN DERMATOLOGIE OU RÉANIMATION MÉDICALE

NFS, ionogramme, fonction rénale, fonction hépatique

But : évaluer gravité de la dermatose, rééquilibrer les troubles hydroélectriques et traiter éventuelles défaillances viscérales

Recherche étiologique

  • Interrogatoire : RECHERCHE ANTÉCÉDENTS, PRISE MÉDICAMENTEUSE, CONTEXTE INFECTIEUX
  • ARRÊTS ÉVENTUELS MÉDICAMENTS SUSPECTS

Biopsie cutanée : peut mettre en évidence signes histologiques spécifiques de la maladie responsable de l’érythrodermie. Mais majoritairement non spécifique. Doit être répétée en cas suspicion lymphome cutané T

Prélèvements bactériologiques multiples

Adaptation du traitement à la cause de l’érythrodermie Cf. chapitres correspondants

Traitement symptomatique

  • Réchauffement du malade : LIMITE LES PERTES CALORIQUES, HYPERCATABOLISME ET DÉNUTRITION
  • Formes graves : corticothérapie locale de niveau 1 (très forte) pour AMÉLIORATION SYMPTOMATIQUE RAPIDE