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Dyspnée aiguë et chronique

  • Diagnostiquer une dyspnée aigue et chronique.
  • Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge.

Généralités

Définitions

Dyspnée = perception subjective d’une gêne respiratoire ou d’essoufflement par le patient, pour une activité n'entraînant normalement aucune gêne

On distingue: dyspnée aiguë (< 2 semaines) et dyspnée chronique (> 1 mois)

Physiopathologie

Inspiration normale

Commande respiratoire automatique (tronc cérébral) ou volontaire (cortex moteur)

Muscles dilatateurs du pharynx (voies aériennes supérieures) / muscles inspiratoires de la partie supérieure du thorax (stabilise la paroi thoracique) / autres muscles inspiratoires (dont diaphragme ++)

Pression négative dans le thorax : permet inspiration

Concept de dissociation neuro-mécanique: perception d’une inadéquation entre

Le degré d’activation des structures cérébrales de contrôle (tronc cérébral ++)

Les réafférences en rapport avec les mouvements respiratoires effectués

La dyspnée dépend donc de 3 principaux facteurs :

Pression intra thoracique (mécanorécepteurs)

Contenu artériel en oxygène (chémorécepteurs carotidiens)

pH sanguin (chémorécepteurs du LCR)

Anatomie et fonctionnement du larynx

Musculature laryngée

Extrinsèques : paires et symétriques / muscles supra et infra-hyoïdiens

Intrinsèques : muscles cricothyroïdiens / crico-aryténoïdiens postérieurs & latéraux, thyro-aryténoïdiens, inter-aryténoïdien (seul muscle impair) / cricoarythénoïdiens ouvrent les cordes vocales seuls (abducteur)/ crico-thyroïdiens : tenseurs des cordes vocales / les autres : fermeture des cordes vocales (adducteurs)

Innervation du larynx

  • XII (grand hypoglosse) : muscles extrinsèques
  • X (vague) : muscles intrinsèques innervés par 2 branches :
  • Nerf laryngé supérieur : = nerf laryngé cranial / fonction sensitivomotrice / nait du X juste en arrière de la bifurcation carotidienne, moteur pour le cricothyroïdien (rameau externe) + sensitif pour muqueuse de la partie glotto-sous-glottique du larynx (rameau interne)
  • Nerf récurrent : fonction motrice pure = nerf laryngé inférieur (caudal)/ trajet ascendant depuis le défilé cervico-thoracique à droite (sous artère sous-clavière) et thorax à gauche (sous crosse aortique)

Découpage anatomique du larynx, de haut en bas :

Vestibule laryngé : ventricules laryngés + bandes ventriculaires (fausses cordes vocales) + épiglotte

Plan glottique : comprend les 2 cordes vocales + l'espace entre elles

Sous-glotte : se poursuit en bas avec la trachée cervicale

Fonctions du larynx

  • Protection des voies aériennes lors de la déglutition : fermeture et ascension du larynx lors de la déglutition protège les voies et oriente le bol alimentaire vers bouche œsophagienne / épiglotte plaquée sur la partie haute du larynx
  • Ventilation : passage de l'air à travers l'espace glottique / cordes vocales en abduction à l'inspiration (ouvre larynx) puis se rapprochent à l'expiration (via muscles adducteurs) / larynx permet maintien d'une pression sous-glottique importante en cas d'effort à glotte fermée
  • Phonation : muqueuse des cordes vocales vibre sous l'effet de l'air expulsé / varie selon tension et longueur des cordes vocales, sous contrôle du crico-thyroïdien + thyro-aryténoïdien
  • Variations du son selon : intensité (pression sous-glottique) / fréquence du son (variation de fréquence de vibration des cordes vocales) / timbre de voix (selon position des cordes vocales : abduction ou adduction)

Orientation diagnostique

Examen clinique

Interrogatoire

Terrain: antécédent pneumo (asthme / BPCO) / cardiaques / profession (amiante)

Prises: médicaments (opiacés dont antitussifs) / toxiques: tabac +++

Anamnèse: ancienneté / mode de survenue / facteur déclenchant / voyage

Signes fonctionnels

Caractériser la dyspnée +++

  • Durée: aiguë (< 2 semaines) ou chronique (> 4S)
  • Rythme: bradypnée (FR < 12/min) ou polypnée (FR > 20/min)
  • Temps: dyspnée inspiratoire / expiratoire / aux deux temps
  • Circonstances: dyspnée d’effort / de repos / orthopnée / platypnée (debout) / antépnée (en avant : diaphragme, obésité)
  • Intensité : classification NYHA/ MRC
  • Inspiratoire avec cornage : pathologie des voies supérieures
  • Wheezing : pathologie des bronches
  • Facteurs: déclenchant, calmants/ diurne, nocturne (asthme, OAP ++)
  • Amplitude:
  • Rechercher des signes associés
  • Dyspnée de Kussmaül
  • De Cheynes-Stokes : cycles respiratoire anarchique avec accélération et amplification puis décélération jusqu’à une pause (insuffisance cardiaque évoluée, affections neurologiques sévères)
  • Dyspnée à rythme lent comportant 4 temps : inspiration profonde / pause / expiration / pause
  • acidose métabolique = mécanisme de compensation par hyperventilation alvéolaire et hypocapnie
  • Généraux : fièvre/ AEG (asthénie, anorexie, amaigrissement)
  • Bruits respiratoires: cornage / stridor / Wheezing
  • Cardiaques : douleur thoracique, palpitations, œdème des membres inférieurs, turgescence jugulaire (signes d'insuffisance cardiaque droite)
  • Autres : hémorragie (hématémèse/ rectorragie/ méléna)

Examen physique

Prise des constantes: FR-SpO2 / PA-FC / température

Examen respiratoire

  • Inspection : volume courant (hypo-hyperpnée) / FR (tachy-bradypnée)
  • Percussion : tympanisme / matité pulmonaire
  • Palpation : augmentation ou réduction des vibrations vocales
  • Auscultation : crépitants/ sibilants/ râles bronchiques/ murmure vésiculaire

Rechercher de signes de détresse respiratoire +++

  • Signes de lutte: tirage / ailes du nez / épuisement (balancement thoraco-abdominal / gasps)/ respiration abdominale paradoxale / polypnée (> 30/min) ou bradypnée (< 10/min)
  • Signes d’hypoxémie: cyanose / extrémités pâles et froides/ anxiété
  • Signes d’hypercapnie: sueurs/ HTA / céphalées/ asterixis/ agitation
  • Débit expiratoire de pointe: systématique en cas de dyspnée obstructive (asthme ++)
  • Signes d'insuffisance cardiaque droite aiguë : TJ / signe de Harzer

Evaluation du retentissement: signes de gravité

  • Circulatoires: collapsus / signes de choc (marbrures)
  • Neurologiques: troubles de conscience: encéphalopathie
  • Septiques: sepsis / choc septique
  • Réponse: non amélioration sous O2 à fort débit +++

Orientation étiologique clinique

  • Recherche de crépitant : en foyer = pneumonie / bilatéraux = OAP, SDRA
  • Recherche de signes d’insuffisance cardiaque: gauche et/ou droite
  • Examen cutanée : recherche pâleur
  • Examen des aires ganglionnaires
  • Hippocratisme digital, thrombose veineuse pulmonaire, pneumothorax…

En pratique, distinguer +++

- dyspnée obstructive: bradypnée avec signes de lutte

- dyspnée non obstructive: polypnée sans signes de lutte

Examens complémentaires

Principaux examens complémentaires devant une dyspnée aiguë (5+1)

  • Radiographie thorax face: orientation étiologique
  • Gaz du sang artériels +++ : retentissement de la dyspnée
  • ECG de repos: recherche de signe de surcharge droite
  • Ionogramme-créatinine-glycémie: recherche acidose métabolique
  • NFS: recherche polyglobulie / anémie
  • Marqueurs biologiques +++
  • BNP: insuffisance cardiaque peu probable si < 100 pg/mL (ou NT-pro-BNP < 450 pg/mL avant 50A, < 900 pg/mL de 50-75A, < 1800 pg/mL après 75A)
  • D-Dimères: élimine une embolie pulmonaire si < 500ng/ml

Examens selon orientation étiologique

  • EFR : en cas de dyspnée chronique, distingue troubles obstructif et restrictif
  • Echographie cardiaque: si suspicion d'OAP / EP massive / choc
  • Angio-TDM thoracique / scintigraphie ventilation-perfusion… si suspicion d'EP
  • Examen laryngé : laryngoscopie indirecte, endoscopie directe ± TDM/IRM
  • Troponine: recherche un infarctus du myocarde / si terrain à risque ++

Quantification de l’intensité de la dyspnée

Classification MRC : pathologies respiratoires uniquement (≈ échelle de Sadoul)

Echelle de dyspnée du Medical Research Council modifiée (MMRC) :
Stade 0 : dyspnée pour des efforts soutenus (montée 2 étages)
Stade 1 : dyspnée lors de la marche rapide ou en pente
Stade 2 : dyspnée à la marche sur terrain plat en suivant quelqu’un de son âge
Stade 3 : dyspnée obligeant à s’arrêter pour reprendre son souffle après quelques minutes ou une centaine de mètres sur terrain plat.
Stade 4 : dyspnée au moindre effort

Classification NYHA

Classification de la New York Heart Association
Stade 1 : Aucune limitation d’activité. Dyspnée à des efforts physiques inhabituels
Stade 2 : Dyspnée pour des activités normales pour l’âge (montée ≥ 2 étages par les escaliers, marche rapide ou en côte)
Stade 3 : Dyspnée pour activités peu intenses de vie courante (marche en terrain plat)
Stade 4 : Dyspnée de repos ou efforts minimes (s'habiller…)

Questionnaires récents : MDP… retentissement, angoisse, inconfort liés à la dyspnée

Echelle visuelle analogique (EVA)

Dyspnée de Borg : dyspnée aiguë, ou après réalisation d’un test de marche de 6 min

EvaluationIntensité de la sensation
0Nulle
0.5Très, très légère (à peine perceptible)
1Très légère
2Légère
3Modérée
4Un peu forte
5Forte
6
7Très forte
8
9Très, très forte
10Maximale

Diagnostic étiologique

Dyspnée aigue

Dyspnée inspiratoire ou aux 2 temps : bradypnée ++

Origine laryngée : inspiratoire

  • Avec stridor (= sus-glottique): laryngomalacie / épiglottite / corps étranger
  • Avec cornage (= sous-glottique): laryngite / hémangiome / corps étranger
  • Œdème laryngé (brûlure caustique, œdème de Quincke)

Origine trachéale

  • Corps étranger trachéal
  • Trachéite aiguë
  • Granulome trachéal : contexte post-intubation
  • Tumeur trachéale : contexte d’intoxication tabagique

Dyspnée expiratoire

Avec râles sibilants

  • Avec sibilants isolés: asthme (si réversible) / BPCO (sinon)
  • Avec sibilants + crépitant: OAP ++ / rétrécissement mitral
  • Pseudo-asthme cardiaque : forme d'OAP avec orthopnée + sibiliants (± crépitants)

Dyspnée expiratoire / aux 2 temps :

Avec râles crépitants

  • Insuffisance cardiaque gauche : OAP cardiogénique +++
  • OAP lésionnel : SDRA
  • Pneumopathie infectieuse aiguës / d’hypersensibilité
  • Pneumopathie médicamenteuse aiguës
  • Hémorragie intra-alvéolaires : vascularites

Avec asymétrie auscultatoire : abolition du murmure vésiculaire

  • Crise d’asthme aiguë grave
  • Pneumothorax/ épanchement pleural
  • Atélectasie aiguë (corps étranger…)
  • Paralysie diaphragmatique
  • Traumatismes thoraciques

Avec auscultation pulmonaire normale

  • Embolie pulmonaire
  • Par défaut d’oxygénation (TaO2 = Qc x SaO2 x Hb)
  • Par hyperventilation compensatrice (Kussmaül)
  • Par défaut de la commande nerveuse (hypoventilation)
  • Autres causes
  • Effet shunt généralement à la gazométrie
  • Sur dysfonction cardiaque (↓ Qc) : insuffisance ventriculaire gauche +++ / insuffisance coronaire / péricardite / fibrillation atriale, troubles du rythme / tamponnade/ sepsis sévère
  • Sur modification de Hb (↓ Hb) : Toutes les étiologies d’anémie: cf item 209 : hémorragies, hémolyses… / intoxication cyanure
  • Intoxication au CO / aux nitrates
  • Sur acidose métabolique (pour éliminer le CO2)
  • à trou anionique augmenté: acidocétose / lactique / lyse
  • à trou anionique normal: diarrhée (perte de HCO3-) / rénal (NTI, IRA)
  • Intoxication: morphiniques / barbituriques...
  • Neurologiques: myasthénie / Guillain-Barré / AVC
  • Déconditionnement physique / hyperthermie
  • Dyspnée psychogène ++ (= spasmophilie): diagnostic d’élimination
  • Fracture costale

Dyspnée chronique

Dyspnée inspiratoire : obstruction de la filière laryngo-trachéale

  • Extrinsèque : paralysie bilatérale laryngée (tumeur compressive, adénopathie, goitre, arc vasculaire anormal, iatrogène après chirurgie)
  • Pariétale : tumeur (bénigne, ou cancer)/ granulome
  • Intrinsèque : corps étranger chronique, sténose laryngée, œdème laryngé

Dyspnée expiratoire ou aux 2 temps

Avec sibilants

Asthme / BPCO / insuffisance cardiaque

Avec crépitants

Insuffisance cardiaque / pneumopathie interstitielle diffuse

Avec asymétrie auscultatoire

  • Emphysème pulmonaire
  • Epanchement pleural bilatéral
  • Paralysie phrénique

Avec auscultation pulmonaire normale

  • Anémie chronique / sulfhémoglobinémie, méthémoglobinémie, intox. CO
  • Acidose métabolique
  • Hypertension pulmonaire primaire et secondaire : pression pulmonaire artérielle moyenne ≥ 25mmHg sur KT droit
  • Insuffisance cardiaque globale
  • Péricardite chronique constrictive
  • Pathologies neuromusculaires : myopathie, myasthénie, séquelle d’AVC
  • Pathologise pariétales : déformations thoraciques (cyphoscoliose sévère, obésité morbide)
  • Psychogène: diagnostic d’élimination ++ (contexte, alcalose respiratoire..)

Dyspnée laryngée

Définition

Bradypnée inspiratoire avec rétrécissement de la filière laryngée / + souvent aiguë chez l'enfant car larynx proportionnellement beaucoup + petit que chez l'adulte

Nouveau-né

Laryngomalacie : stridor laryngé congénital, absence de rigidité du larynx, régression à partir de 6 mois

Autres : malformation ou tumeur congénitale, paralysie laryngée bilatérale

Nourrisson < 6 mois

Angiome sous-glottique : régression après un an, traitement par propranolol

Enfant > 6 mois

Laryngite striduleuse : accompagné par rhinopharyngite, cornage

Epiglottite : - fréquent car lié à Haemophilus, dysphagie, signes généraux, urgence

Laryngite sous-glottique : la plus fréquente, œdème viral ± toux, dysphonie

Spasme laryngé / corps étranger : dyspnée brutale

Adulte

  • Plutôt chronique / ± précédée de dysphonie
  • Terrain alcool-tabac / antécédent de cancer des VADS / traitement chirurgical récent / traumatisme laryngé / contage infectieux
  • Clinique : rechercher adénopathies / examen des VADS (nasofibroscopie ++)
  • Paraclinique : pan-endoscopie ORL sous AG / ± TDM-IRM pour tumeur-sténose
  • Cancer laryngé ou pharyngo-laryngé
  • Œdème laryngé (post-radique ++)
  • Précédée par dysphonie ± longue, voire dysphagie, adénopathies cervicales, douleurs
  • Parfois à distance de l'irradiation / dyspnée de survenue progressive
  • Exceptionnellement post-piqûre / brûlure par caustique / œdème angio-neurotique congénital / très rare sarcoïdose laryngée (œdème de la margelle laryngée)
  • Laryngoscopie retrouve : œdème diffus avec rétrécissement de la filière glottique ou œdème localisé au niveau des aryténoïdes et épiglotte
  • Endoscopie : confirme le diagnostic / permet réduction de l'œdème (laser avec cloutage ou résection muqueuse hypertrophique..)
  • Sténose laryngée post-traumatique
  • Paralysie laryngée bilatérale
  • Tumeurs bénignes du larynx : rarement dyspnéisantes / souvent précédées de longue dysphonie / laryngoscopie : pseudo-myxome (laryngite hypertrophique œdémateuse secondaire au tabac) ou lésion sous-muqueuse dure de type chondrome ou papillomatose laryngée obstructive (framboisé, bourgeonnant)
  • Intérêt de la TDM cervico-thoracique injectée
  • Sur traumatisme externe avec fracture du larynx mal traitée (dyspnée très rapide = signe de gravité ++)
  • Le + souvent sur traumatisme interne iatrogène après intubation en urgence, prolongée, traumatisante ou après trachéotomie
  • Laryngoscopie : sténose glottique ou atteinte crico-arythénoïdienne bilatérale avec immobilité laryngée bilatérale
  • TDM cervical + endoscopie permet le traitement (dilatation trachéale, parage des sténoses émergentes) / trachéotomie si décompensation respiratoire (informer le patient)
  • Contexte viral ou central avec paralysie bilatérale (syndrome de Gerhardt)
  • IIre à processus tumoral des 2 nerfs laryngés inférieurs (thyroïde, œsophage, médiastin) / souvent iatrogènes après chirurgie ayant lésé les nerfs laryngés inférieurs ou le X (chirurgie thyroïdienne, œsophagienne ou vasculaire)
  • Dyspnée inspiratoire avec conservation de la voix / risques de fausses routes/ examen laryngé: 2 cordes vocales immobiles en adduction, sans lésion pariétale

Traitement général chez l’enfant : hospitalisation si sévère, recherche d’un reflux gastro-œsophagien (facteur aggravant)

Forme aiguë : position ½ assise / humidification et réchauffement de l'air / oxygénothérapie / corticothérapie IV puis relais PO / aérosols avec corticoïdes + adrénaline (type Bompard)

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  • Diagnostiquer une dyspnée aigue et chronique.
  • Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge.

Généralités

Définitions

Dyspnée = perception subjective d’une gêne respiratoire ou d’essoufflement par le patient, pour une activité n'entraînant normalement aucune gêne

On distingue: dyspnée aiguë (< 2 semaines) et dyspnée chronique (> 1 mois)

Physiopathologie

Inspiration normale

Commande respiratoire automatique (tronc cérébral) ou volontaire (cortex moteur)

Muscles dilatateurs du pharynx (voies aériennes supérieures) / muscles inspiratoires de la partie supérieure du thorax (stabilise la paroi thoracique) / autres muscles inspiratoires (dont diaphragme ++)

Pression négative dans le thorax : permet inspiration

Concept de dissociation neuro-mécanique: perception d’une inadéquation entre

Le degré d’activation des structures cérébrales de contrôle (tronc cérébral ++)

Les réafférences en rapport avec les mouvements respiratoires effectués

La dyspnée dépend donc de 3 principaux facteurs :

Pression intra thoracique (mécanorécepteurs)

Contenu artériel en oxygène (chémorécepteurs carotidiens)

pH sanguin (chémorécepteurs du LCR)

Anatomie et fonctionnement du larynx

Musculature laryngée

Extrinsèques : paires et symétriques / muscles supra et infra-hyoïdiens

Intrinsèques : muscles cricothyroïdiens / crico-aryténoïdiens postérieurs & latéraux, thyro-aryténoïdiens, inter-aryténoïdien (seul muscle impair) / cricoarythénoïdiens ouvrent les cordes vocales seuls (abducteur)/ crico-thyroïdiens : tenseurs des cordes vocales / les autres : fermeture des cordes vocales (adducteurs)

Innervation du larynx

  • XII (grand hypoglosse) : muscles extrinsèques
  • X (vague) : muscles intrinsèques innervés par 2 branches :
  • Nerf laryngé supérieur : = nerf laryngé cranial / fonction sensitivomotrice / nait du X juste en arrière de la bifurcation carotidienne, moteur pour le cricothyroïdien (rameau externe) + sensitif pour muqueuse de la partie glotto-sous-glottique du larynx (rameau interne)
  • Nerf récurrent : fonction motrice pure = nerf laryngé inférieur (caudal)/ trajet ascendant depuis le défilé cervico-thoracique à droite (sous artère sous-clavière) et thorax à gauche (sous crosse aortique)

Découpage anatomique du larynx, de haut en bas :

Vestibule laryngé : ventricules laryngés + bandes ventriculaires (fausses cordes vocales) + épiglotte

Plan glottique : comprend les 2 cordes vocales + l'espace entre elles

Sous-glotte : se poursuit en bas avec la trachée cervicale

Fonctions du larynx

  • Protection des voies aériennes lors de la déglutition : fermeture et ascension du larynx lors de la déglutition protège les voies et oriente le bol alimentaire vers bouche œsophagienne / épiglotte plaquée sur la partie haute du larynx
  • Ventilation : passage de l'air à travers l'espace glottique / cordes vocales en abduction à l'inspiration (ouvre larynx) puis se rapprochent à l'expiration (via muscles adducteurs) / larynx permet maintien d'une pression sous-glottique importante en cas d'effort à glotte fermée
  • Phonation : muqueuse des cordes vocales vibre sous l'effet de l'air expulsé / varie selon tension et longueur des cordes vocales, sous contrôle du crico-thyroïdien + thyro-aryténoïdien
  • Variations du son selon : intensité (pression sous-glottique) / fréquence du son (variation de fréquence de vibration des cordes vocales) / timbre de voix (selon position des cordes vocales : abduction ou adduction)

Orientation diagnostique

Examen clinique

Interrogatoire

Terrain: antécédent pneumo (asthme / BPCO) / cardiaques / profession (amiante)

Prises: médicaments (opiacés dont antitussifs) / toxiques: tabac +++

Anamnèse: ancienneté / mode de survenue / facteur déclenchant / voyage

Signes fonctionnels

Caractériser la dyspnée +++

  • Durée: aiguë (< 2 semaines) ou chronique (> 4S)
  • Rythme: bradypnée (FR < 12/min) ou polypnée (FR > 20/min)
  • Temps: dyspnée inspiratoire / expiratoire / aux deux temps
  • Circonstances: dyspnée d’effort / de repos / orthopnée / platypnée (debout) / antépnée (en avant : diaphragme, obésité)
  • Intensité : classification NYHA/ MRC
  • Facteurs: déclenchant, calmants/ diurne, nocturne (asthme, OAP ++)
  • Amplitude:
  • Rechercher des signes associés
  • Inspiratoire avec cornage : pathologie des voies supérieures
  • Wheezing : pathologie des bronches
  • Dyspnée de Kussmaül
  • De Cheynes-Stokes : cycles respiratoire anarchique avec accélération et amplification puis décélération jusqu’à une pause (insuffisance cardiaque évoluée, affections neurologiques sévères)
  • Dyspnée à rythme lent comportant 4 temps : inspiration profonde / pause / expiration / pause
  • acidose métabolique = mécanisme de compensation par hyperventilation alvéolaire et hypocapnie
  • Généraux : fièvre/ AEG (asthénie, anorexie, amaigrissement)
  • Bruits respiratoires: cornage / stridor / Wheezing
  • Cardiaques : douleur thoracique, palpitations, œdème des membres inférieurs, turgescence jugulaire (signes d'insuffisance cardiaque droite)
  • Autres : hémorragie (hématémèse/ rectorragie/ méléna)

Examen physique

Prise des constantes: FR-SpO2 / PA-FC / température

Examen respiratoire

  • Inspection : volume courant (hypo-hyperpnée) / FR (tachy-bradypnée)
  • Percussion : tympanisme / matité pulmonaire
  • Palpation : augmentation ou réduction des vibrations vocales
  • Auscultation : crépitants/ sibilants/ râles bronchiques/ murmure vésiculaire

Rechercher de signes de détresse respiratoire +++

  • Signes de lutte: tirage / ailes du nez / épuisement (balancement thoraco-abdominal / gasps)/ respiration abdominale paradoxale / polypnée (> 30/min) ou bradypnée (< 10/min)
  • Signes d’hypoxémie: cyanose / extrémités pâles et froides/ anxiété
  • Signes d’hypercapnie: sueurs/ HTA / céphalées/ asterixis/ agitation
  • Débit expiratoire de pointe: systématique en cas de dyspnée obstructive (asthme ++)
  • Signes d'insuffisance cardiaque droite aiguë : TJ / signe de Harzer

Evaluation du retentissement: signes de gravité

  • Circulatoires: collapsus / signes de choc (marbrures)
  • Neurologiques: troubles de conscience: encéphalopathie
  • Septiques: sepsis / choc septique
  • Réponse: non amélioration sous O2 à fort débit +++

Orientation étiologique clinique

  • Recherche de crépitant : en foyer = pneumonie / bilatéraux = OAP, SDRA
  • Recherche de signes d’insuffisance cardiaque: gauche et/ou droite
  • Examen cutanée : recherche pâleur
  • Examen des aires ganglionnaires
  • Hippocratisme digital, thrombose veineuse pulmonaire, pneumothorax…

En pratique, distinguer +++

- dyspnée obstructive: bradypnée avec signes de lutte

- dyspnée non obstructive: polypnée sans signes de lutte

Examens complémentaires

Principaux examens complémentaires devant une dyspnée aiguë (5+1)

  • Radiographie thorax face: orientation étiologique
  • Gaz du sang artériels +++ : retentissement de la dyspnée
  • ECG de repos: recherche de signe de surcharge droite
  • Ionogramme-créatinine-glycémie: recherche acidose métabolique
  • NFS: recherche polyglobulie / anémie
  • Marqueurs biologiques +++
  • BNP: insuffisance cardiaque peu probable si < 100 pg/mL (ou NT-pro-BNP < 450 pg/mL avant 50A, < 900 pg/mL de 50-75A, < 1800 pg/mL après 75A)
  • D-Dimères: élimine une embolie pulmonaire si < 500ng/ml

Examens selon orientation étiologique

  • EFR : en cas de dyspnée chronique, distingue troubles obstructif et restrictif
  • Echographie cardiaque: si suspicion d'OAP / EP massive / choc
  • Angio-TDM thoracique / scintigraphie ventilation-perfusion… si suspicion d'EP
  • Examen laryngé : laryngoscopie indirecte, endoscopie directe ± TDM/IRM
  • Troponine: recherche un infarctus du myocarde / si terrain à risque ++

Quantification de l’intensité de la dyspnée

Classification MRC : pathologies respiratoires uniquement (≈ échelle de Sadoul)

Echelle de dyspnée du Medical Research Council modifiée (MMRC) :
Stade 0 : dyspnée pour des efforts soutenus (montée 2 étages)
Stade 1 : dyspnée lors de la marche rapide ou en pente
Stade 2 : dyspnée à la marche sur terrain plat en suivant quelqu’un de son âge
Stade 3 : dyspnée obligeant à s’arrêter pour reprendre son souffle après quelques minutes ou une centaine de mètres sur terrain plat.
Stade 4 : dyspnée au moindre effort

Classification NYHA

Classification de la New York Heart Association
Stade 1 : Aucune limitation d’activité. Dyspnée à des efforts physiques inhabituels
Stade 2 : Dyspnée pour des activités normales pour l’âge (montée ≥ 2 étages par les escaliers, marche rapide ou en côte)
Stade 3 : Dyspnée pour activités peu intenses de vie courante (marche en terrain plat)
Stade 4 : Dyspnée de repos ou efforts minimes (s'habiller…)

Questionnaires récents : MDP… retentissement, angoisse, inconfort liés à la dyspnée

Echelle visuelle analogique (EVA)

Dyspnée de Borg : dyspnée aiguë, ou après réalisation d’un test de marche de 6 min

EvaluationIntensité de la sensation
0Nulle
0.5Très, très légère (à peine perceptible)
1Très légère
2Légère
3Modérée
4Un peu forte
5Forte
6
7Très forte
8
9Très, très forte
10Maximale

Diagnostic étiologique

Dyspnée aigue

Dyspnée inspiratoire ou aux 2 temps : bradypnée ++

Origine laryngée : inspiratoire

  • Avec stridor (= sus-glottique): laryngomalacie / épiglottite / corps étranger
  • Avec cornage (= sous-glottique): laryngite / hémangiome / corps étranger
  • Œdème laryngé (brûlure caustique, œdème de Quincke)

Origine trachéale

  • Corps étranger trachéal
  • Trachéite aiguë
  • Granulome trachéal : contexte post-intubation
  • Tumeur trachéale : contexte d’intoxication tabagique

Dyspnée expiratoire

Avec râles sibilants

  • Avec sibilants isolés: asthme (si réversible) / BPCO (sinon)
  • Avec sibilants + crépitant: OAP ++ / rétrécissement mitral
  • Pseudo-asthme cardiaque : forme d'OAP avec orthopnée + sibiliants (± crépitants)

Dyspnée expiratoire / aux 2 temps :

Avec râles crépitants

  • Insuffisance cardiaque gauche : OAP cardiogénique +++
  • OAP lésionnel : SDRA
  • Pneumopathie infectieuse aiguës / d’hypersensibilité
  • Pneumopathie médicamenteuse aiguës
  • Hémorragie intra-alvéolaires : vascularites

Avec asymétrie auscultatoire : abolition du murmure vésiculaire

  • Crise d’asthme aiguë grave
  • Pneumothorax/ épanchement pleural
  • Atélectasie aiguë (corps étranger…)
  • Paralysie diaphragmatique
  • Traumatismes thoraciques

Avec auscultation pulmonaire normale

  • Embolie pulmonaire
  • Par défaut d’oxygénation (TaO2 = Qc x SaO2 x Hb)
  • Par hyperventilation compensatrice (Kussmaül)
  • Par défaut de la commande nerveuse (hypoventilation)
  • Autres causes
  • Effet shunt généralement à la gazométrie
  • Sur dysfonction cardiaque (↓ Qc) : insuffisance ventriculaire gauche +++ / insuffisance coronaire / péricardite / fibrillation atriale, troubles du rythme / tamponnade/ sepsis sévère
  • Sur modification de Hb (↓ Hb) : Toutes les étiologies d’anémie: cf item 209 : hémorragies, hémolyses… / intoxication cyanure
  • Intoxication au CO / aux nitrates
  • Sur acidose métabolique (pour éliminer le CO2)
  • à trou anionique augmenté: acidocétose / lactique / lyse
  • à trou anionique normal: diarrhée (perte de HCO3-) / rénal (NTI, IRA)
  • Intoxication: morphiniques / barbituriques...
  • Neurologiques: myasthénie / Guillain-Barré / AVC
  • Déconditionnement physique / hyperthermie
  • Dyspnée psychogène ++ (= spasmophilie): diagnostic d’élimination
  • Fracture costale

Dyspnée chronique

Dyspnée inspiratoire : obstruction de la filière laryngo-trachéale

  • Extrinsèque : paralysie bilatérale laryngée (tumeur compressive, adénopathie, goitre, arc vasculaire anormal, iatrogène après chirurgie)
  • Pariétale : tumeur (bénigne, ou cancer)/ granulome
  • Intrinsèque : corps étranger chronique, sténose laryngée, œdème laryngé

Dyspnée expiratoire ou aux 2 temps

Avec sibilants

Asthme / BPCO / insuffisance cardiaque

Avec crépitants

Insuffisance cardiaque / pneumopathie interstitielle diffuse

Avec asymétrie auscultatoire

  • Emphysème pulmonaire
  • Epanchement pleural bilatéral
  • Paralysie phrénique

Avec auscultation pulmonaire normale

  • Anémie chronique / sulfhémoglobinémie, méthémoglobinémie, intox. CO
  • Acidose métabolique
  • Hypertension pulmonaire primaire et secondaire : pression pulmonaire artérielle moyenne ≥ 25mmHg sur KT droit
  • Insuffisance cardiaque globale
  • Péricardite chronique constrictive
  • Pathologies neuromusculaires : myopathie, myasthénie, séquelle d’AVC
  • Pathologise pariétales : déformations thoraciques (cyphoscoliose sévère, obésité morbide)
  • Psychogène: diagnostic d’élimination ++ (contexte, alcalose respiratoire..)

Dyspnée laryngée

Définition

Bradypnée inspiratoire avec rétrécissement de la filière laryngée / + souvent aiguë chez l'enfant car larynx proportionnellement beaucoup + petit que chez l'adulte

Nouveau-né

Laryngomalacie : stridor laryngé congénital, absence de rigidité du larynx, régression à partir de 6 mois

Autres : malformation ou tumeur congénitale, paralysie laryngée bilatérale

Nourrisson < 6 mois

Angiome sous-glottique : régression après un an, traitement par propranolol

Enfant > 6 mois

Laryngite striduleuse : accompagné par rhinopharyngite, cornage

Epiglottite : - fréquent car lié à Haemophilus, dysphagie, signes généraux, urgence

Laryngite sous-glottique : la plus fréquente, œdème viral ± toux, dysphonie

Spasme laryngé / corps étranger : dyspnée brutale

Adulte

  • Plutôt chronique / ± précédée de dysphonie
  • Terrain alcool-tabac / antécédent de cancer des VADS / traitement chirurgical récent / traumatisme laryngé / contage infectieux
  • Clinique : rechercher adénopathies / examen des VADS (nasofibroscopie ++)
  • Paraclinique : pan-endoscopie ORL sous AG / ± TDM-IRM pour tumeur-sténose
  • Cancer laryngé ou pharyngo-laryngé
  • Œdème laryngé (post-radique ++)
  • Sténose laryngée post-traumatique
  • Paralysie laryngée bilatérale
  • Tumeurs bénignes du larynx : rarement dyspnéisantes / souvent précédées de longue dysphonie / laryngoscopie : pseudo-myxome (laryngite hypertrophique œdémateuse secondaire au tabac) ou lésion sous-muqueuse dure de type chondrome ou papillomatose laryngée obstructive (framboisé, bourgeonnant)
  • Intérêt de la TDM cervico-thoracique injectée
  • Précédée par dysphonie ± longue, voire dysphagie, adénopathies cervicales, douleurs
  • Parfois à distance de l'irradiation / dyspnée de survenue progressive
  • Exceptionnellement post-piqûre / brûlure par caustique / œdème angio-neurotique congénital / très rare sarcoïdose laryngée (œdème de la margelle laryngée)
  • Laryngoscopie retrouve : œdème diffus avec rétrécissement de la filière glottique ou œdème localisé au niveau des aryténoïdes et épiglotte
  • Endoscopie : confirme le diagnostic / permet réduction de l'œdème (laser avec cloutage ou résection muqueuse hypertrophique..)
  • Sur traumatisme externe avec fracture du larynx mal traitée (dyspnée très rapide = signe de gravité ++)
  • Le + souvent sur traumatisme interne iatrogène après intubation en urgence, prolongée, traumatisante ou après trachéotomie
  • Laryngoscopie : sténose glottique ou atteinte crico-arythénoïdienne bilatérale avec immobilité laryngée bilatérale
  • TDM cervical + endoscopie permet le traitement (dilatation trachéale, parage des sténoses émergentes) / trachéotomie si décompensation respiratoire (informer le patient)
  • Contexte viral ou central avec paralysie bilatérale (syndrome de Gerhardt)
  • IIre à processus tumoral des 2 nerfs laryngés inférieurs (thyroïde, œsophage, médiastin) / souvent iatrogènes après chirurgie ayant lésé les nerfs laryngés inférieurs ou le X (chirurgie thyroïdienne, œsophagienne ou vasculaire)
  • Dyspnée inspiratoire avec conservation de la voix / risques de fausses routes/ examen laryngé: 2 cordes vocales immobiles en adduction, sans lésion pariétale

Traitement général chez l’enfant : hospitalisation si sévère, recherche d’un reflux gastro-œsophagien (facteur aggravant)

Forme aiguë : position ½ assise / humidification et réchauffement de l'air / oxygénothérapie / corticothérapie IV puis relais PO / aérosols avec corticoïdes + adrénaline (type Bompard)