- Maladies infectieuses
- UE 6
- Item 173
Important
Diarrhées infectieuses de l'adulte et de l'enfant
- Connaître les principaux agents infectieuses causes de diarrhée
- Reconnaître les signes de gravité d'une diarrhée infectieuse
- Connaître les indications et savoir interpréter les résultats d'un examen bactério, viro et parasitologique des selles
- Connaître les principes des traitements des diarrhées infectieuses
- Connaître les principaux de prévention de la toxi-infection alimentaire et savoir la diagnostiquer
- Connaître les principes de la conduite à tenir en cas de toxi-infection alimentaire familiale ou collective
Généralités
Définitions
Diarrhée aiguë : ≥ 3 selles liquides ou molles /jour depuis moins de 2 semaines (OMS)
Diarrhée prolongée : ≥ 3 selles liquides ou molles / jour depuis > 2 semaines et < 1 mois
Diarrhée chronique : débit fécal moyen > 300g/j (ou ≥3 selles/j) depuis au moins 1 mois
Epidémiologie
Environ 1 épisode digestif aigu (diarrhée-vomissement) par an par habitant
Très fréquent : 5% de la population consulte chaque année pour une diarrhée aiguë ne cédant pas dans les 24h/ hémorragique dans 1% des cas/ régression spontanée en moins de 3 jours / arrêt travail dans 1/3 des cas
Pic épidémique en décembre-janvier (virales ++) et légèrement en été (bactérien ++)
Etiologie virale à 40% des cas (prescription inutile et coûteuse d'antibiotiques) / alimentaire
Potentiellement grave si immunodéprimé / 1ère cause de mortalité infantile dans les pays en voie de développement
Physiopathologie
Germe entéro-toxinogène : stimule la sécrétion d’eau/électrolyte
Syndrome cholériforme (diarrhée dite "sécrétoire")
Germe entéro-invasif : ulcération de la muqueuse intestinale
Syndrome dysentérique (diarrhée dite « lésionnelle »)
Etiologies
Diarrhées infectieuses (+++)
Etiologies des diarrhées DYSENTERIQUES
Germe (8) | Terrain / mode de transmission |
CMV, herpétique | Immunodépression (VIH) +++ |
Klebsiella oxytoca | Colite hémorragique post-antibiotique |
Amibiase | Parasite / retour de voyage / non fébrile |
Shigella | Contamination oro-fécale +++ (enfants...) |
Yersinia enterolitica | Par viande de porc |
Campylobacter | Par viande, lait |
Salmonella | Produits laitiers non pasteurisés / œufs crus / poulet |
E. Coli | Par viande de bœuf mal cuite (E. Coli entéro-hémorragique) / risque de syndrome hémolytique et urémique |
« C’est le Klebs de mon ami, quand y chie ça colle » |
Etiologies des diarrhées CHOLERIFORMES
Virus +++
Rotavirus / norovirus / adénovirus (75% des cas dans les pays développés)
Surtout chez l’enfant (gastro-entérite virale): syndrome "gastro-entéritique"
Transmission interhumaine / contagiosité élevée / test latex dans les selles
Bactéries
E. coli Entéro-Toxinogène ("turista" du voyageur) / choléra
Toujours évoquer fièvre typhoïde si retour de voyage (PMZ)
Staphylocoque aureus / Clostridium perfrigens (toxi-infections alimentaires collectives : cf item 175)
Parasites : amibiase / cryptosporidium (chez l'immunodéprimé)
Diarrhées non infectieuses
A évoquer systématiquement (car traitement spécifique disponible en général)
- Diarrhée médicamenteuse : sur ANTIBIOTIQUES (cholériforme bénigne)
- Toxiques : champignons, végétaux vénéneux, poissons (ciguatera..)
- Colite ischémique / Diarrhée allergique ou histaminique
- Intoxication aux métaux lourds (récipient métallique de mauvaise qualité)
- Début d’une diarrhée chronique (par exemple : 1e poussée de maladie inflammatoire chronique de l'intestin)
- Penser à déclarer / consulter le centre de pharmacovigilance
- Se déclare parfois jusqu'à 2 mois après le début du traitement
- Médicaments en cause : antibiotiques / antimitotiques / bêtabloquants, inhibiteurs de l'enzyme de conversion, digitaline / AINS, colchicine / antiacides avec sels de magnésium, prostaglandines, olsalazine / biguanides, statines / laxatifs / veino-toniques / sertraline / colchicine / ticlopidine / orlistat / ascarbose..
Diagnostic
Examen clinique
Interrogatoire
- Terrain : à risque : immunodépression / comorbidités / valvulopathie…
- Prise: aliments récents/ antibiothérapie récente ++ (dans les 2 mois)/ tout nouveau médicament
- Anamnèse : contexte épidémique (toxi-infections alimentaires) / notion de voyage récent (notamment moins de 3 mois : penser au paludisme ++)
- Signes fonctionnels
- Caractériser la diarrhée (définie par une émission de selles > 300 g/j)
- Rechercher des signes associés
- Mode d’installation / fréquence / consistance des selles
- Présence de glaires, pus ± sang (évoquent une lésion organique)
- Syndrome rectal (épreintes, ténesme, faux besoins)
- Douleurs abdominales / rectorragie
- Fièvre, frissons/ vomissements / asthénie/ arthralgies
Examen physique
- Prise des constantes : température / pesée / tension artérielle / fréquence cardiaque / fréquence respiratoire / saturation en O2
- Examen abdominal : rechercher masse / défense / toucher rectal / orifices herniaires
- Rechercher des signes de gravité +++
- Signes d'orientation étiologique (rarement)
- Terrain à risque (immunodéprimé / drépanocytaire/ valvulopathie/ nourrisson) › risque de sepsis important
- Syndrome dysentérique (diarrhée sanglante)
- Sepsis : fièvre > 39ºC / frissons / splénomégalie...
- Déshydratation : d'autant + intense que diarrhée liquide et vomissements empêchent la réhydratation orale / surtout chez les sujets à risque (nourrissons, vieux..)
- Colectasie (= dilatation colique, météorisme ++) / perforation colique
- Retour d'un pays d'endémie palustre : rechercher paludisme / typhoïde
- Déshydratation extracellulaire : hypotension orthostatique, tachycardie, pli cutané, peau sèche, hypotonie des globes
- Déshydratation intracellulaire: soif ++/ sécheresses des muqueuses / signes neurologiques (confusion..)
- Signes de choc (hypovolémique : collapsus, marbrures...)
- Sur colite grave / hypokaliémie / prise de lopéramide contre-indiquée
- Diagnostic : au TDM, colon transverse > 8 cm ou caecum > 10 cm
- Compliations : péritonite aiguë bactérienne par perforation / occlusion
- Sensibilité voire défense en fosse iliaque droite : inflammation iléo-colique droite
- Météorisme permanent et douloureux : dilatation colique aiguë
- Signes extra-digestifs (éruption cutanée, signes articulaires…)
Formes cliniques
Syndrome Cholériforme
Mécanisme entéro-toxinique : sécrétion active électrolytes & eau via toxines / pas d'invasion
Atteinte du grêle ++
Diarrhée hydrique abondante "eau de riz" / peu fébrile (sauf choléra)
Douleurs modérées
Vomissements fréquents
Complication = déshydratation extracellulaire rapide selon terrain
Syndrome Dysentérique
Mécanisme entéro-invasif
Atteinte du colon ++
Diarrhée glairo-sanglante, afécale
Fièvre franche (absence en cas d'amoebose) ± sepsis
Parfois hors selle (évacuation afécale) = colon distal ++
Douleurs violentes / coliques en cadre
Syndrome rectal: épreintes, ténesme
Complication = sepsis ± hémorragie digestive basse/péritonite
Remarque : en pratique la distinction cholériforme / dysentérique est peu valable
Parfois germe invasif responsable de syndrome cholériforme / parfois mixte
Gastro-entérite = syndrome « gastro-entéritique » (forme entéro-invasive)
- Lié à atteinte gastro-intestinale: virus détruit bordure en brosse entérocytaire
- Pénétration infectieuse dans les tissus lymphoïdes sous-muqueux + mésentériques / multiplication au sein des macrophages › réaction inflammatoire / intestin grêle ++
- Diarrhée liquidienne mais peu abondante, selles peu nombreuses
- Douleurs abdominales diffuses / fièvre modérée à 38°C ± nausées, vomissements
- Syndrome pseudo-grippal (fébricule): arthralgies, signes d'infection des voies aéro-digestives supérieures, céphalées
- Résolution spontanée en 1-3 jours dans la majorité des cas/ contexte épidémique
- Risque de déshydratation uniquement aux âges extrêmes / mauvais état
- + risque de translocation bactérienne (chez l'immunodéprimé ou drépanocytaire)
- Diarrhée de la gastro-entérite virale ++ / salmonella / ± yersinia
Examens complémentaires
Indication d’un bilan paraclinique
Non indiqué si ++
Diarrhée cholériforme – gastro-entérite aiguë / sur terrain sain / sans signe de gravité / évoluant depuis moins de 3 jours
La grande majorité des cas +++
Bilan indiqué si (4)
Syndrome dysentérique (ou diarrhée hémorragique)
Diarrhée de durée > 3 jours (quel que soit le syndrome) malgré le traitement médical
Terrain/anamnèse: immunodéprimé/ retour de voyage/ contexte collectif..
Signes de gravité cliniques : déshydratation majeure / fièvre > 39°C, signes de sepsis…
Remarque : en cas diarrhée sous antibiotique
Diarrhée liquidienne sans fièvre sous antibiotique très fréquente
Ne nécessite aucun examen / mais il faut la distinguer de la colite pseudomembraneuse post-antibiothérapie ++ (infra)
Bilan de 1e intention si indiqué (4)
Coprocultures (examen bactériologique des selles)
Examen direct : pour recherche de leucocytes/ d'hématies (si mécanisme invasif)
Mise en culture sur milieux spécifiques (yersinia / campylobacter / shigella / salmonella) / recherche d'E. coli O127:H7 en cas de diarrhée hémorragique / à répéter si négative et persistance de la diarrhée
Escherichia coli non typés / Staphylocoques aureus / Candida albicans : non pathogènes sur une coproculture
Avec recherche des toxines A & B de Clostridium difficile (si antibiothérapie ++)
- A préciser spécifiquement / présence de la bactérie non suffisante : confirmer le caractère toxinogène (PCR ou détection de toxines)
- Indications : antibiothérapie récente (moins de 3 mois) ou en cours/ diarrhée sous chimiothérapie
Recherche de virus : diagnostic rapide par immunochromatographie (rotavirus, norovirus, adénovirus) / pas disponible en médecine de ville
- Indications : épidémies en collectivité / diarrhée chez l'immunodéprimé
Examen parasitologique des selles (EPS)
3 prélèvements sur 10 jours / examen direct sur selles fraîches
Systématique si diarrhée dysentérique / si voyage / si VIH / diarrhée durant + de 7 jours
Répétée si négativité initiale / en cas de retour de zone d'endémie : ajouter Giardia intestinalis, Entamoeba histolytica, helminthes / chez l'immunodéprimé : préciser recherche de Cryptosporidium, microsporidies, isosporidies / recherche de Cryptosporidium parvum devant une diarrhée aqueuse de l'immunocompétent
Evaluation du retentissement
NFS-CRP : recherche d'un syndrome inflammatoire
Ionogramme-créatinine-urée : en cas de déshydratation
Hémocultures : à faire si patient fébrile
TDM abdominale : seulement si suspicion de complication… (péritonite...)
Recto-sigmoïdoscopie ± coloscopie
Systématique si syndrome dysentérique / diarrhée sanglante / signes de colite
Secondairement si diarrhée persistante après un 1e bilan négatif / en cas d'immunodépression associée
Réalisation de biopsies pour examens bactériologique et anatomo-pathologique (recherche d'étiologie)
Faire une iléo-coloscopie avec biopsie si négative
Traitement
Prise en charge
Critères d'hospitalisation
Age de moins 3 mois / présence de comorbidité décompensée
Vomissements avec réhydratation impossible / troubles de la vigilance
Déshydratation de plus du 8% du poids / collapsus / signes de sepsis grave
Diarrhée fébrile au retour de zone d'endémie palustre/ isolement, critères sociaux (inobservance prévisible…) / colectasie
Traitement d’une diarrhée aiguë liquidienne sans signe de gravité
Prise en charge
En ambulatoire si bien supportée / repos au lit
Isolement entérique : hygiène des mains et des toilettes
Arrêt d’une antibiothérapie éventuelle si possible
Traitement symptomatique +++
Mesures hygiéno-diététiques ++
Hydratation per os (par petits volumes rapprochés) : eau (coca + sel)
Voie intraveineuse si déshydratation de plus de 8% du poids du corps / vomissements importants / signes de gravité
- Modalités : 50% de pertes volumiques perfusées les 6 premières heures puis autre moitié pour les 18h restantes
Réalimentation précoce : régime sans résidu (riz / pâtes) / sel + glucose
Hygiène si gastro-entérite virale : lavage des mains / éviter contacts
Chez sujet âgé: solution de réhydratation oral possible en alternance avec eau/ arrêt lors de la régression de la diarrhée
Anti-diarrhéiques
Ralentisseurs du transit = lopéramide (Imodium®)
- Dérivé des opiacés / antisécrétoire + ralentisseur du transit
Contre-indication formelle en cas de syndrome dysentérique
Anti-sécrétoire = racécadotril (Tiorfan®) ou acétorphan
- Inhibiteur d’enképhalinase
- À préférer en cas de diarrhée infectieuse
Topiques adsorbants = diosmectite (Smecta®)
- "Pansements digestifs" / innocuité mais moins efficaces
- A prendre à distance des autres médicaments (2h)
- Posologie : 1 sachet matin, midi et soir en dehors des repas
Traitement symptomatique associé selon les cas
Antiémétique / antispasmodique / antalgique/antipyrétique…
Antibiothérapie
Indications : limitées +++
Si terrain fragile (immunodéprimé, valvulopathie)
Et examens bactériologiques (coprocultures) positifs
Ou diarrhée cholériforme sévère (choléra, turista)
Mesures associées : DECLARATION
Déclaration obligatoire à l'Agence Régionale de Santé en cas de : toxi-infections alimentaires collectives / choléra / typhoïde
Déclaration au Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales (CLIN) si infection nosocomiale (notamment à Clostridium difficile ++)
Déclaration à la pharmacovigilance si diarrhée post-antibiothérapie
Surveillance
Auto-surveillance par le patient si diarrhée cholériforme non compliquée
Education du patient : consulter si pas d’amélioration à J3 +++
- Mesures d'hygiène : lavage des mains, désinfection des toilettes…
- En cas de persistance à 1 semaine des symptômes : avis spécialisé (début de maladie inflammatoire chronique de l'intestin, maladie cœliaque…)
- Plusieurs épisodes de diarrhée aiguë/an : demander un avis spécialisé, évoquer un déficit immunitaire dans ce cas
Traitement d’une diarrhée aiguë dysentérique ou avec signes de gravité
Prise en charge
Hospitalisation systématique +++
Isolement entérique : hygiène des mains et des toilettes
Pose de voie veineuse périphérique + repos strict au lit
Maintien à jeun si sepsis sévère, choc septique / risque chirurgical à court terme / vomissements incoercibles malgré un traitement antiémétique associé
Traitement symptomatique
Rééquilibration hydro-électrolytique en IV : selon ionogramme / hydrique (perte de poids) + sodée (perte de 50 mmol de sodium par litre perdu dans les selles) ± potassique (en cas de diarrhée profuse, vomissements associés) ± alcaline (si acidose métabolique)
Stabilisation hémodynamique si choc (septique ou hypovolémique)
Contre-indication des ralentisseurs du transit si mécanisme invasif : car augmente le risque de colectasie/ péritonite
Traitement étiologique = antibiothérapie
Probabiliste / en urgence / parentérale / active sur les bacilles gram négatifs et les anaérobies
D'autant + efficace qu'administré dans les premières 48h
Ciprofloxacine ou azithromycine 1g /j sur 3-7 jours puis adaptation secondaire à l'antibiogramme
Si séjour en zone endémique d'amibiase : ajouter métronidazole
Ciblée après documentation microbiologique
- Salmonellose sévère/ shigellose : fluoroquinolones sur 3-5 jours (ou C3G injectable si traitement oral impossible ou résistance aux fluoro-quinolones) / en alternative : cotrimoxazole, azithromycine
- Yersinia : fluoroquinolones (ciprofloxacine) 7 jours / en alternative : doxycycline, cotrimoxazole
- Campylobacter jejuni : azithromycine 1 jour forte dose ou 5 jours à dose normale/ en alternative: fluoroquinolones 5 jours
- Vibrio cholerae : doxycycline 300 mg dose unique / en alternative: fluoro-quinolones 5 jours
Remarque : en cas de diarrhée à salmonella non typhii
- Pas d’antibiothérapie nécessaire en général (sauf signes de gravité
- Car pas d’effet et évolution le plus souvent spontanément favorable
En cas de colectasie : scanner abdominal ± traitement chirurgical en urgence (péritonite, occlusion)
Mesures associées
Déclaration obligatoire à l'Agence Régionale de Santé en cas de : toxi-infections alimentaires collectives / choléra / typhoïde
Déclaration au Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales (CLIN) si infection nosocomiale (notamment à Clostridium difficile ++)
Déclaration à la pharmacovigilance si diarrhée post-antibiothérapie
Surveillance
Clinique +++ : hydratation / température / signes de sepsis
Paraclinique: NFS / ± coprocultures de contrôle à la fin du traitement
Cas particuliers à connaître
Diarrhée aiguë à Clostridium difficile = colite pseudomembraneuse
Généralités
1ère cause de diarrhée nosocomiale (2nde = salmonelle)
Germe : souche toxinogène de Clostridium difficile (bacille Gram +: sécrète des toxines A et B)
A évoquer devant toute diarrhée post-antibiothérapie ++
Physiopathologie : destruction de la flore normale par l'antibiotique
Transmission interhumaine possible › diarrhée nosocomiale
Diagnostic
Interrogatoire
Prise d'antibiotiques : C3G, clindamycine, quinolones ++ (pas les aminosides par voie IV)
Possible également dans les jours suivant une chimiothérapie ++ (même en l'absence d'antibiothérapie)
Clinique
Diarrhée survenant sous ou à la suite de toute antibiothérapie (jusqu’à +8 semaines)
Signes généraux : fièvre / altération de l'état général / douleur abdominale ± complication aiguë
Paraclinique
« Coprocultures » (en pratique, pas une culture mais un ELISA)
- Recherche de toxines A et B de Clostridium Difficile dans les selles
- Coprocultures standard
Recto-sigmoïdoscopie : recherche des « pseudo-membranes »
- › dépôts blanchâtres adhérents sur une muqueuse purpurique
Diagnostics différentiels
Diarrhées liquidiennes bénignes post-antibiotiques / colite à Klebsiella oxytoca
Complications
Déshydratation extracellulaire et acidose métabolique à trou anionique normal (perte de HCO3-)
Translocation bactérienne avec bactériémie ± sepsis sévère
Iléus / colectasie / perforation (et donc péritonite) / rectorragies
Récidives (dans environ 20% des cas) : éducation du patient sur l'usage des antibiotiques +++
Traitement
Mise en condition : isolement entérique / précautions de contact
Traitement étiologique : arrêt immédiat de l'antibiotiques en cours / pas de guérison possible sans arrêt du médicament incriminé
Antibiotiques utilisables : métronidazole (Flagyl®) per os pendant 10 jours / vancomycine per os sinon si résistance, 2e récidive, contre-indication ou d'emblée si patient grave (insuffisance rénale aiguë, température > 38,5°C, hyperleucocytose > 150 G/L) / fidaxomicine
Traitement chirurgical : colectomie en urgence si échec et menace du pronostic vital
Traitement préventif : Ultralevure® (Saccharomyces boulardii) réduit le risque de récidives / fidaxomicine permet moins de rechute que la vancomycine / dans des formes multi-récidivantes : envisager une transplantation de flore
Mesure associées : déclaration au Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales si nosocomial / déclaration à la pharmacovigilance
Fièvre typhoïde (HP)
Généralités
Germe : bactérie (bacille gram négatif) : salmonella enterica typhi ou paratyphi (A, B, C)
Transmission : oro-fécale (hygiène / alimentation ++) / réservoir humain exclusif
Physiopathologie : franchissement intestin sans lésion / libération d'endotoxines
Pays : Asie / Afrique / Maghreb / Amérique du Sud › notion de voyage +++
Diagnostic
Clinique
- Incubation : 1 à 2 semaines / patient asymptomatique
- Phase d’invasion (dite "1e septénaire »)
- Phase d’état (dite « 2nd septénaire »)
- Fièvre / frisson / céphalée frontale / douleurs abdominales / myalgies
- Dissociation pouls-température (bradycardie paradoxale, rare)
- Sensibilité à la palpation abdominale ± hépato-splénomégalie
- Diarrhée cholériforme (dans 2/3 des cas) / fétide / aspect de « jus de melon »
- Obnubilation ("tuphos") / splénomégalie / douleurs abdominales / exanthème lenticulaire du tronc / fièvre en plateau à 39-40°C
- Angine de Duguet (ulcération du voile du palais 10%)
- Tuphos : inversion du rythme nycthéméral, prostrations, obnubilation
Paraclinique
Hémocultures et coprocultures (sur milieu spécifique sensibilité de plus de 70%)
NFS-CRP (syndrome inflammatoire, leucopénie) / bilan hépatique (hépatite cytolytique)
Remarque : sérodiagnostic de Widal et Félix : technique classique mais peu utile car beaucoup de faux positifs et de faux négatifs
Complications (10-15% des cas)
Digestives : péritonite / perforation / angiocholite / déshydratation extracellulaire / hémorragie digestive
Hématogènes (chez asplénique ++) : ostéite / cholécystite...
Toxiniques : hépatite / myocardite / méningite / coagulation intra-vasculaire disséminée / coma / décès (< 1%)
Traitement
Mise en condition
- Hospitalisation / en urgence/ en médecine
Isolement entérique (gant / surblouse...)
Antibiothérapie
- Fluoroquinolones (ciprofloxacine) orales durée : 3-5 jours
- ou C3G (ceftriaxone) en IV ++ pour 7 jours si enfant/signes de gravité
Traitement symptomatique
- Réhydratation parentérale (NaCl 0.9% IV) / antipyrétique (paracétamol IV)
Mesures associées
Déclaration obligatoire à l'Agence Régionale de Santé
- Education du patient / dépistage (coprocultures) ± traitement des sujets contact
- Vaccin : 60% d'efficacité, contre Typhi et Paratyphi C / rappel tous les 3 ans
Surveillance
- Clinique + coproculture de contrôle pour dépister des patients porteurs chroniques
Diarrhée sur terrains particuliers
Diarrhée post-antibiothérapie
Diarrhée "banale"
Diarrhée fréquente post-antibiotique (par altération du métabolisme du microbiote)
Diarrhée bénigne, peu sévère, cédant à l'arrêt du traitement (et n'est pas une allergie) après 3-5 jours / absence de fièvre / diarrhée induite par dysbiose (baisse de la fermentation du microbiote du côlon)
Diarrhée à Clostridium difficile
Colite hémorragique post-antibiotique
Diarrhée aiguë hémorragique sous traitement antibiotique › rechercher Klebsiella oxytoca
Survient dans les 1e jours de traitement par bêta-lactamines ou pristinamycine
Recherche de Klebsiella oxytoca par ensemencement sur milieu sélectif
Coloscopie : montre des lésions segmentaires muqueuses hémorragiques
Traitement : en général arrêt de l'antibiotique suffit / quinolones sinon
Remarque : parfois autre pathogène (Salmonella…) inducteur de diarrhée sous antibiotique par désordre écologique du microbiote intestinal
Diarrhée aiguë chez l'immunodéprimé / VIH avec CD4 < 200/mm3
Evoquer : protozoose (Cryptosporidium, Microsporidia...) / mycobactérie atypique (Mycobacterium avium) / colite à CMV (à partir de moins de 100 CD4/mm3 / diagnostic par charge virale du CMV dans le sérum et sur endoscopie colique + biopsies : retrouve des inclusions virales)
Contexte de rectite / rapports sexuels anaux
Etiologies: diarrhée à HSV/ Chlamydia/ gonocoque/ Treponema pallidum
Paraclinique : écouvillonnage et/ou biopsies rectales / sérologies
Chez les sujets âgés de plus de 75 ans
Risque d'accident de déshydratation durant diarrhée ++
Entraînent à moyen terme des hypoperfusions & des déshydratations extracellulaires à 8-10 jours (la diarrhée a souvent déjà disparu)
Possibles formes graves de colites à C. difficile (nouveau variant du germe + agressif, endémique en Amérique et apparu en Europe)
Diarrhée nosocomiale
Survenant au moins 3 jours après admission du patient à l'hôpital
Facteurs de risque : âge / antibiothérapie / présence d'un voisin de chambre / durée de séjour
Germes : Clostridium difficile ++ / salmonelles / virus / parasites (Giardia)
Prévention : respect hygiène (lavage mains avec solution hydro-alcoolique) / veille permanente / déclenchement d'enquêtes microbiologiques explicatives / mesures d'intervention si besoin
Diarrhée résolutive en moins de 24 heures
- "Indigestion"
- Allergie alimentaire (signes d'allergie : urticaire...) / fausse allergie alimentaire (aliments riches en histamine : thon, chocolat)
- Toxi-infections alimentaires collectives / maldigestion des hydrates de carbone / stress...
- Intoxication par les champignons
- Anamnèse : repas trop copieux et trop arrosé = diarrhée par surcharge osmotique ou accélération du transit par l'alcool
- Survenue précoce (moins de 6h): forme bénigne
- Survenue retardée (plus de 10h): évoquer l'amanite phalloïde
Autres diarrhées au retour de voyage
Orientation diagnostique
- Absence de fièvre / pas de dysentérie / régression en 2-4 jours : turista
- Diarrhée fébrile non spécifique : typhoïde / paludisme
- Diarrhée fébrile + dysentérie (glairo-sanglante): shigelles / campylobacter / salmonelles
- Diarrhée persistante / absence de fièvre : giardiose / amoebose
- Diarrhée post-antibiothérapie : Cl. difficile
Salmonelloses non typhiques
Germe : bacille Gram négatif / 1e étiologie de toxi-infection collective +++
Clinique : tableau de diarrhée dysentérique (mais en réalité peu sanglante)
Paraclinique : confirmation par coproculture (milieu spécifique)
Evolution : spontanément favorable en moins de 7 jours
Traitement : symptomatique ± antibiothérapie par fluoroquinolones sur terrain fragile
Choléra
- Germe : bacille Gram (+) : vibrio cholerae / toxine cholérique (action in situ)
- Transmission : oro-fécale : interhumaine ou hydrique / dans les pays en voie de développement ++
- Clinique
- Paraclinique
- Diarrhée liquidienne très abondante / « eau de riz »
- Vomissements continus = déshydratation rapide et sévère
- Peu ou pas de douleur abdominale / patient apyrétique
- Coprocultures (milieu spécifique ou anticorps sur selles)
- Traitement
- Hospitalisation avec isolement contact
- Réhydratation entérale (NaCl 0.9% en IVL)
- Antibiothérapie : doxycycline 1 jour en 1e intention / ou traitement par fluoroquinolones
Déclaration obligatoire à l'Agence Régionale de Santé
« Turista »
- Germe : Escherichia coli entéro-toxinogène / via sécrétion de toxine (thermostable ou labile)
- Clinique
- Traitement : traitement symptomatique / mesures de prévention ++
- Diarrhée liquidienne modérée (2-4 fois par jour)
- Peu ou pas de signes généraux / Spontanément régressive en 4-7 jours
Paludisme
A évoquer devant toute diarrhée au retour de voyage
Si notion de voyage, faire un frottis-goutte épaisse ++
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- Connaître les principaux agents infectieuses causes de diarrhée
- Reconnaître les signes de gravité d'une diarrhée infectieuse
- Connaître les indications et savoir interpréter les résultats d'un examen bactério, viro et parasitologique des selles
- Connaître les principes des traitements des diarrhées infectieuses
- Connaître les principaux de prévention de la toxi-infection alimentaire et savoir la diagnostiquer
- Connaître les principes de la conduite à tenir en cas de toxi-infection alimentaire familiale ou collective
Généralités
Définitions
Diarrhée aiguë : ≥ 3 selles liquides ou molles /jour depuis moins de 2 semaines (OMS)
Diarrhée prolongée : ≥ 3 selles liquides ou molles / jour depuis > 2 semaines et < 1 mois
Diarrhée chronique : débit fécal moyen > 300g/j (ou ≥3 selles/j) depuis au moins 1 mois
Epidémiologie
Environ 1 épisode digestif aigu (diarrhée-vomissement) par an par habitant
Très fréquent : 5% de la population consulte chaque année pour une diarrhée aiguë ne cédant pas dans les 24h/ hémorragique dans 1% des cas/ régression spontanée en moins de 3 jours / arrêt travail dans 1/3 des cas
Pic épidémique en décembre-janvier (virales ++) et légèrement en été (bactérien ++)
Etiologie virale à 40% des cas (prescription inutile et coûteuse d'antibiotiques) / alimentaire
Potentiellement grave si immunodéprimé / 1ère cause de mortalité infantile dans les pays en voie de développement
Physiopathologie
Germe entéro-toxinogène : stimule la sécrétion d’eau/électrolyte
Syndrome cholériforme (diarrhée dite "sécrétoire")
Germe entéro-invasif : ulcération de la muqueuse intestinale
Syndrome dysentérique (diarrhée dite « lésionnelle »)
Etiologies
Diarrhées infectieuses (+++)
Etiologies des diarrhées DYSENTERIQUES
Germe (8) | Terrain / mode de transmission |
CMV, herpétique | Immunodépression (VIH) +++ |
Klebsiella oxytoca | Colite hémorragique post-antibiotique |
Amibiase | Parasite / retour de voyage / non fébrile |
Shigella | Contamination oro-fécale +++ (enfants...) |
Yersinia enterolitica | Par viande de porc |
Campylobacter | Par viande, lait |
Salmonella | Produits laitiers non pasteurisés / œufs crus / poulet |
E. Coli | Par viande de bœuf mal cuite (E. Coli entéro-hémorragique) / risque de syndrome hémolytique et urémique |
« C’est le Klebs de mon ami, quand y chie ça colle » |
Etiologies des diarrhées CHOLERIFORMES
Virus +++
Rotavirus / norovirus / adénovirus (75% des cas dans les pays développés)
Surtout chez l’enfant (gastro-entérite virale): syndrome "gastro-entéritique"
Transmission interhumaine / contagiosité élevée / test latex dans les selles
Bactéries
E. coli Entéro-Toxinogène ("turista" du voyageur) / choléra
Toujours évoquer fièvre typhoïde si retour de voyage (PMZ)
Staphylocoque aureus / Clostridium perfrigens (toxi-infections alimentaires collectives : cf item 175)
Parasites : amibiase / cryptosporidium (chez l'immunodéprimé)
Diarrhées non infectieuses
A évoquer systématiquement (car traitement spécifique disponible en général)
- Diarrhée médicamenteuse : sur ANTIBIOTIQUES (cholériforme bénigne)
- Toxiques : champignons, végétaux vénéneux, poissons (ciguatera..)
- Colite ischémique / Diarrhée allergique ou histaminique
- Intoxication aux métaux lourds (récipient métallique de mauvaise qualité)
- Début d’une diarrhée chronique (par exemple : 1e poussée de maladie inflammatoire chronique de l'intestin)
- Penser à déclarer / consulter le centre de pharmacovigilance
- Se déclare parfois jusqu'à 2 mois après le début du traitement
- Médicaments en cause : antibiotiques / antimitotiques / bêtabloquants, inhibiteurs de l'enzyme de conversion, digitaline / AINS, colchicine / antiacides avec sels de magnésium, prostaglandines, olsalazine / biguanides, statines / laxatifs / veino-toniques / sertraline / colchicine / ticlopidine / orlistat / ascarbose..
Diagnostic
Examen clinique
Interrogatoire
- Terrain : à risque : immunodépression / comorbidités / valvulopathie…
- Prise: aliments récents/ antibiothérapie récente ++ (dans les 2 mois)/ tout nouveau médicament
- Anamnèse : contexte épidémique (toxi-infections alimentaires) / notion de voyage récent (notamment moins de 3 mois : penser au paludisme ++)
- Signes fonctionnels
- Caractériser la diarrhée (définie par une émission de selles > 300 g/j)
- Rechercher des signes associés
- Mode d’installation / fréquence / consistance des selles
- Présence de glaires, pus ± sang (évoquent une lésion organique)
- Syndrome rectal (épreintes, ténesme, faux besoins)
- Douleurs abdominales / rectorragie
- Fièvre, frissons/ vomissements / asthénie/ arthralgies
Examen physique
- Prise des constantes : température / pesée / tension artérielle / fréquence cardiaque / fréquence respiratoire / saturation en O2
- Examen abdominal : rechercher masse / défense / toucher rectal / orifices herniaires
- Rechercher des signes de gravité +++
- Signes d'orientation étiologique (rarement)
- Terrain à risque (immunodéprimé / drépanocytaire/ valvulopathie/ nourrisson) › risque de sepsis important
- Syndrome dysentérique (diarrhée sanglante)
- Sepsis : fièvre > 39ºC / frissons / splénomégalie...
- Déshydratation : d'autant + intense que diarrhée liquide et vomissements empêchent la réhydratation orale / surtout chez les sujets à risque (nourrissons, vieux..)
- Colectasie (= dilatation colique, météorisme ++) / perforation colique
- Retour d'un pays d'endémie palustre : rechercher paludisme / typhoïde
- Déshydratation extracellulaire : hypotension orthostatique, tachycardie, pli cutané, peau sèche, hypotonie des globes
- Déshydratation intracellulaire: soif ++/ sécheresses des muqueuses / signes neurologiques (confusion..)
- Signes de choc (hypovolémique : collapsus, marbrures...)
- Sur colite grave / hypokaliémie / prise de lopéramide contre-indiquée
- Diagnostic : au TDM, colon transverse > 8 cm ou caecum > 10 cm
- Compliations : péritonite aiguë bactérienne par perforation / occlusion
- Sensibilité voire défense en fosse iliaque droite : inflammation iléo-colique droite
- Météorisme permanent et douloureux : dilatation colique aiguë
- Signes extra-digestifs (éruption cutanée, signes articulaires…)
Formes cliniques
Syndrome Cholériforme
Mécanisme entéro-toxinique : sécrétion active électrolytes & eau via toxines / pas d'invasion
Atteinte du grêle ++
Diarrhée hydrique abondante "eau de riz" / peu fébrile (sauf choléra)
Douleurs modérées
Vomissements fréquents
Complication = déshydratation extracellulaire rapide selon terrain
Syndrome Dysentérique
Mécanisme entéro-invasif
Atteinte du colon ++
Diarrhée glairo-sanglante, afécale
Fièvre franche (absence en cas d'amoebose) ± sepsis
Parfois hors selle (évacuation afécale) = colon distal ++
Douleurs violentes / coliques en cadre
Syndrome rectal: épreintes, ténesme
Complication = sepsis ± hémorragie digestive basse/péritonite
Remarque : en pratique la distinction cholériforme / dysentérique est peu valable
Parfois germe invasif responsable de syndrome cholériforme / parfois mixte
Gastro-entérite = syndrome « gastro-entéritique » (forme entéro-invasive)
- Lié à atteinte gastro-intestinale: virus détruit bordure en brosse entérocytaire
- Pénétration infectieuse dans les tissus lymphoïdes sous-muqueux + mésentériques / multiplication au sein des macrophages › réaction inflammatoire / intestin grêle ++
- Diarrhée liquidienne mais peu abondante, selles peu nombreuses
- Douleurs abdominales diffuses / fièvre modérée à 38°C ± nausées, vomissements
- Syndrome pseudo-grippal (fébricule): arthralgies, signes d'infection des voies aéro-digestives supérieures, céphalées
- Résolution spontanée en 1-3 jours dans la majorité des cas/ contexte épidémique
- Risque de déshydratation uniquement aux âges extrêmes / mauvais état
- + risque de translocation bactérienne (chez l'immunodéprimé ou drépanocytaire)
- Diarrhée de la gastro-entérite virale ++ / salmonella / ± yersinia
Examens complémentaires
Indication d’un bilan paraclinique
Non indiqué si ++
Diarrhée cholériforme – gastro-entérite aiguë / sur terrain sain / sans signe de gravité / évoluant depuis moins de 3 jours
La grande majorité des cas +++
Bilan indiqué si (4)
Syndrome dysentérique (ou diarrhée hémorragique)
Diarrhée de durée > 3 jours (quel que soit le syndrome) malgré le traitement médical
Terrain/anamnèse: immunodéprimé/ retour de voyage/ contexte collectif..
Signes de gravité cliniques : déshydratation majeure / fièvre > 39°C, signes de sepsis…
Remarque : en cas diarrhée sous antibiotique
Diarrhée liquidienne sans fièvre sous antibiotique très fréquente
Ne nécessite aucun examen / mais il faut la distinguer de la colite pseudomembraneuse post-antibiothérapie ++ (infra)
Bilan de 1e intention si indiqué (4)
Coprocultures (examen bactériologique des selles)
Examen direct : pour recherche de leucocytes/ d'hématies (si mécanisme invasif)
Mise en culture sur milieux spécifiques (yersinia / campylobacter / shigella / salmonella) / recherche d'E. coli O127:H7 en cas de diarrhée hémorragique / à répéter si négative et persistance de la diarrhée
Escherichia coli non typés / Staphylocoques aureus / Candida albicans : non pathogènes sur une coproculture
Avec recherche des toxines A & B de Clostridium difficile (si antibiothérapie ++)
- A préciser spécifiquement / présence de la bactérie non suffisante : confirmer le caractère toxinogène (PCR ou détection de toxines)
- Indications : antibiothérapie récente (moins de 3 mois) ou en cours/ diarrhée sous chimiothérapie
Recherche de virus : diagnostic rapide par immunochromatographie (rotavirus, norovirus, adénovirus) / pas disponible en médecine de ville
- Indications : épidémies en collectivité / diarrhée chez l'immunodéprimé
Examen parasitologique des selles (EPS)
3 prélèvements sur 10 jours / examen direct sur selles fraîches
Systématique si diarrhée dysentérique / si voyage / si VIH / diarrhée durant + de 7 jours
Répétée si négativité initiale / en cas de retour de zone d'endémie : ajouter Giardia intestinalis, Entamoeba histolytica, helminthes / chez l'immunodéprimé : préciser recherche de Cryptosporidium, microsporidies, isosporidies / recherche de Cryptosporidium parvum devant une diarrhée aqueuse de l'immunocompétent
Evaluation du retentissement
NFS-CRP : recherche d'un syndrome inflammatoire
Ionogramme-créatinine-urée : en cas de déshydratation
Hémocultures : à faire si patient fébrile
TDM abdominale : seulement si suspicion de complication… (péritonite...)
Recto-sigmoïdoscopie ± coloscopie
Systématique si syndrome dysentérique / diarrhée sanglante / signes de colite
Secondairement si diarrhée persistante après un 1e bilan négatif / en cas d'immunodépression associée
Réalisation de biopsies pour examens bactériologique et anatomo-pathologique (recherche d'étiologie)
Faire une iléo-coloscopie avec biopsie si négative
Traitement
Prise en charge
Critères d'hospitalisation
Age de moins 3 mois / présence de comorbidité décompensée
Vomissements avec réhydratation impossible / troubles de la vigilance
Déshydratation de plus du 8% du poids / collapsus / signes de sepsis grave
Diarrhée fébrile au retour de zone d'endémie palustre/ isolement, critères sociaux (inobservance prévisible…) / colectasie
Traitement d’une diarrhée aiguë liquidienne sans signe de gravité
Prise en charge
En ambulatoire si bien supportée / repos au lit
Isolement entérique : hygiène des mains et des toilettes
Arrêt d’une antibiothérapie éventuelle si possible
Traitement symptomatique +++
Mesures hygiéno-diététiques ++
Hydratation per os (par petits volumes rapprochés) : eau (coca + sel)
Voie intraveineuse si déshydratation de plus de 8% du poids du corps / vomissements importants / signes de gravité
- Modalités : 50% de pertes volumiques perfusées les 6 premières heures puis autre moitié pour les 18h restantes
Réalimentation précoce : régime sans résidu (riz / pâtes) / sel + glucose
Hygiène si gastro-entérite virale : lavage des mains / éviter contacts
Chez sujet âgé: solution de réhydratation oral possible en alternance avec eau/ arrêt lors de la régression de la diarrhée
Anti-diarrhéiques
Ralentisseurs du transit = lopéramide (Imodium®)
- Dérivé des opiacés / antisécrétoire + ralentisseur du transit
Contre-indication formelle en cas de syndrome dysentérique
Anti-sécrétoire = racécadotril (Tiorfan®) ou acétorphan
- Inhibiteur d’enképhalinase
- À préférer en cas de diarrhée infectieuse
Topiques adsorbants = diosmectite (Smecta®)
- "Pansements digestifs" / innocuité mais moins efficaces
- A prendre à distance des autres médicaments (2h)
- Posologie : 1 sachet matin, midi et soir en dehors des repas
Traitement symptomatique associé selon les cas
Antiémétique / antispasmodique / antalgique/antipyrétique…
Antibiothérapie
Indications : limitées +++
Si terrain fragile (immunodéprimé, valvulopathie)
Et examens bactériologiques (coprocultures) positifs
Ou diarrhée cholériforme sévère (choléra, turista)
Mesures associées : DECLARATION
Déclaration obligatoire à l'Agence Régionale de Santé en cas de : toxi-infections alimentaires collectives / choléra / typhoïde
Déclaration au Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales (CLIN) si infection nosocomiale (notamment à Clostridium difficile ++)
Déclaration à la pharmacovigilance si diarrhée post-antibiothérapie
Surveillance
Auto-surveillance par le patient si diarrhée cholériforme non compliquée
Education du patient : consulter si pas d’amélioration à J3 +++
- Mesures d'hygiène : lavage des mains, désinfection des toilettes…
- En cas de persistance à 1 semaine des symptômes : avis spécialisé (début de maladie inflammatoire chronique de l'intestin, maladie cœliaque…)
- Plusieurs épisodes de diarrhée aiguë/an : demander un avis spécialisé, évoquer un déficit immunitaire dans ce cas
Traitement d’une diarrhée aiguë dysentérique ou avec signes de gravité
Prise en charge
Hospitalisation systématique +++
Isolement entérique : hygiène des mains et des toilettes
Pose de voie veineuse périphérique + repos strict au lit
Maintien à jeun si sepsis sévère, choc septique / risque chirurgical à court terme / vomissements incoercibles malgré un traitement antiémétique associé
Traitement symptomatique
Rééquilibration hydro-électrolytique en IV : selon ionogramme / hydrique (perte de poids) + sodée (perte de 50 mmol de sodium par litre perdu dans les selles) ± potassique (en cas de diarrhée profuse, vomissements associés) ± alcaline (si acidose métabolique)
Stabilisation hémodynamique si choc (septique ou hypovolémique)
Contre-indication des ralentisseurs du transit si mécanisme invasif : car augmente le risque de colectasie/ péritonite
Traitement étiologique = antibiothérapie
Probabiliste / en urgence / parentérale / active sur les bacilles gram négatifs et les anaérobies
D'autant + efficace qu'administré dans les premières 48h
Ciprofloxacine ou azithromycine 1g /j sur 3-7 jours puis adaptation secondaire à l'antibiogramme
Si séjour en zone endémique d'amibiase : ajouter métronidazole
Ciblée après documentation microbiologique
- Salmonellose sévère/ shigellose : fluoroquinolones sur 3-5 jours (ou C3G injectable si traitement oral impossible ou résistance aux fluoro-quinolones) / en alternative : cotrimoxazole, azithromycine
- Yersinia : fluoroquinolones (ciprofloxacine) 7 jours / en alternative : doxycycline, cotrimoxazole
- Campylobacter jejuni : azithromycine 1 jour forte dose ou 5 jours à dose normale/ en alternative: fluoroquinolones 5 jours
- Vibrio cholerae : doxycycline 300 mg dose unique / en alternative: fluoro-quinolones 5 jours
Remarque : en cas de diarrhée à salmonella non typhii
- Pas d’antibiothérapie nécessaire en général (sauf signes de gravité
- Car pas d’effet et évolution le plus souvent spontanément favorable
En cas de colectasie : scanner abdominal ± traitement chirurgical en urgence (péritonite, occlusion)
Mesures associées
Déclaration obligatoire à l'Agence Régionale de Santé en cas de : toxi-infections alimentaires collectives / choléra / typhoïde
Déclaration au Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales (CLIN) si infection nosocomiale (notamment à Clostridium difficile ++)
Déclaration à la pharmacovigilance si diarrhée post-antibiothérapie
Surveillance
Clinique +++ : hydratation / température / signes de sepsis
Paraclinique: NFS / ± coprocultures de contrôle à la fin du traitement
Cas particuliers à connaître
Diarrhée aiguë à Clostridium difficile = colite pseudomembraneuse
Généralités
1ère cause de diarrhée nosocomiale (2nde = salmonelle)
Germe : souche toxinogène de Clostridium difficile (bacille Gram +: sécrète des toxines A et B)
A évoquer devant toute diarrhée post-antibiothérapie ++
Physiopathologie : destruction de la flore normale par l'antibiotique
Transmission interhumaine possible › diarrhée nosocomiale
Diagnostic
Interrogatoire
Prise d'antibiotiques : C3G, clindamycine, quinolones ++ (pas les aminosides par voie IV)
Possible également dans les jours suivant une chimiothérapie ++ (même en l'absence d'antibiothérapie)
Clinique
Diarrhée survenant sous ou à la suite de toute antibiothérapie (jusqu’à +8 semaines)
Signes généraux : fièvre / altération de l'état général / douleur abdominale ± complication aiguë
Paraclinique
« Coprocultures » (en pratique, pas une culture mais un ELISA)
- Recherche de toxines A et B de Clostridium Difficile dans les selles
- Coprocultures standard
Recto-sigmoïdoscopie : recherche des « pseudo-membranes »
- › dépôts blanchâtres adhérents sur une muqueuse purpurique
Diagnostics différentiels
Diarrhées liquidiennes bénignes post-antibiotiques / colite à Klebsiella oxytoca
Complications
Déshydratation extracellulaire et acidose métabolique à trou anionique normal (perte de HCO3-)
Translocation bactérienne avec bactériémie ± sepsis sévère
Iléus / colectasie / perforation (et donc péritonite) / rectorragies
Récidives (dans environ 20% des cas) : éducation du patient sur l'usage des antibiotiques +++
Traitement
Mise en condition : isolement entérique / précautions de contact
Traitement étiologique : arrêt immédiat de l'antibiotiques en cours / pas de guérison possible sans arrêt du médicament incriminé
Antibiotiques utilisables : métronidazole (Flagyl®) per os pendant 10 jours / vancomycine per os sinon si résistance, 2e récidive, contre-indication ou d'emblée si patient grave (insuffisance rénale aiguë, température > 38,5°C, hyperleucocytose > 150 G/L) / fidaxomicine
Traitement chirurgical : colectomie en urgence si échec et menace du pronostic vital
Traitement préventif : Ultralevure® (Saccharomyces boulardii) réduit le risque de récidives / fidaxomicine permet moins de rechute que la vancomycine / dans des formes multi-récidivantes : envisager une transplantation de flore
Mesure associées : déclaration au Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales si nosocomial / déclaration à la pharmacovigilance
Fièvre typhoïde (HP)
Généralités
Germe : bactérie (bacille gram négatif) : salmonella enterica typhi ou paratyphi (A, B, C)
Transmission : oro-fécale (hygiène / alimentation ++) / réservoir humain exclusif
Physiopathologie : franchissement intestin sans lésion / libération d'endotoxines
Pays : Asie / Afrique / Maghreb / Amérique du Sud › notion de voyage +++
Diagnostic
Clinique
- Incubation : 1 à 2 semaines / patient asymptomatique
- Phase d’invasion (dite "1e septénaire »)
- Phase d’état (dite « 2nd septénaire »)
- Fièvre / frisson / céphalée frontale / douleurs abdominales / myalgies
- Dissociation pouls-température (bradycardie paradoxale, rare)
- Sensibilité à la palpation abdominale ± hépato-splénomégalie
- Diarrhée cholériforme (dans 2/3 des cas) / fétide / aspect de « jus de melon »
- Obnubilation ("tuphos") / splénomégalie / douleurs abdominales / exanthème lenticulaire du tronc / fièvre en plateau à 39-40°C
- Angine de Duguet (ulcération du voile du palais 10%)
- Tuphos : inversion du rythme nycthéméral, prostrations, obnubilation
Paraclinique
Hémocultures et coprocultures (sur milieu spécifique sensibilité de plus de 70%)
NFS-CRP (syndrome inflammatoire, leucopénie) / bilan hépatique (hépatite cytolytique)
Remarque : sérodiagnostic de Widal et Félix : technique classique mais peu utile car beaucoup de faux positifs et de faux négatifs
Complications (10-15% des cas)
Digestives : péritonite / perforation / angiocholite / déshydratation extracellulaire / hémorragie digestive
Hématogènes (chez asplénique ++) : ostéite / cholécystite...
Toxiniques : hépatite / myocardite / méningite / coagulation intra-vasculaire disséminée / coma / décès (< 1%)
Traitement
Mise en condition
- Hospitalisation / en urgence/ en médecine
Isolement entérique (gant / surblouse...)
Antibiothérapie
- Fluoroquinolones (ciprofloxacine) orales durée : 3-5 jours
- ou C3G (ceftriaxone) en IV ++ pour 7 jours si enfant/signes de gravité
Traitement symptomatique
- Réhydratation parentérale (NaCl 0.9% IV) / antipyrétique (paracétamol IV)
Mesures associées
Déclaration obligatoire à l'Agence Régionale de Santé
- Education du patient / dépistage (coprocultures) ± traitement des sujets contact
- Vaccin : 60% d'efficacité, contre Typhi et Paratyphi C / rappel tous les 3 ans
Surveillance
- Clinique + coproculture de contrôle pour dépister des patients porteurs chroniques
Diarrhée sur terrains particuliers
Diarrhée post-antibiothérapie
Diarrhée "banale"
Diarrhée fréquente post-antibiotique (par altération du métabolisme du microbiote)
Diarrhée bénigne, peu sévère, cédant à l'arrêt du traitement (et n'est pas une allergie) après 3-5 jours / absence de fièvre / diarrhée induite par dysbiose (baisse de la fermentation du microbiote du côlon)
Diarrhée à Clostridium difficile
Colite hémorragique post-antibiotique
Diarrhée aiguë hémorragique sous traitement antibiotique › rechercher Klebsiella oxytoca
Survient dans les 1e jours de traitement par bêta-lactamines ou pristinamycine
Recherche de Klebsiella oxytoca par ensemencement sur milieu sélectif
Coloscopie : montre des lésions segmentaires muqueuses hémorragiques
Traitement : en général arrêt de l'antibiotique suffit / quinolones sinon
Remarque : parfois autre pathogène (Salmonella…) inducteur de diarrhée sous antibiotique par désordre écologique du microbiote intestinal
Diarrhée aiguë chez l'immunodéprimé / VIH avec CD4 < 200/mm3
Evoquer : protozoose (Cryptosporidium, Microsporidia...) / mycobactérie atypique (Mycobacterium avium) / colite à CMV (à partir de moins de 100 CD4/mm3 / diagnostic par charge virale du CMV dans le sérum et sur endoscopie colique + biopsies : retrouve des inclusions virales)
Contexte de rectite / rapports sexuels anaux
Etiologies: diarrhée à HSV/ Chlamydia/ gonocoque/ Treponema pallidum
Paraclinique : écouvillonnage et/ou biopsies rectales / sérologies
Chez les sujets âgés de plus de 75 ans
Risque d'accident de déshydratation durant diarrhée ++
Entraînent à moyen terme des hypoperfusions & des déshydratations extracellulaires à 8-10 jours (la diarrhée a souvent déjà disparu)
Possibles formes graves de colites à C. difficile (nouveau variant du germe + agressif, endémique en Amérique et apparu en Europe)
Diarrhée nosocomiale
Survenant au moins 3 jours après admission du patient à l'hôpital
Facteurs de risque : âge / antibiothérapie / présence d'un voisin de chambre / durée de séjour
Germes : Clostridium difficile ++ / salmonelles / virus / parasites (Giardia)
Prévention : respect hygiène (lavage mains avec solution hydro-alcoolique) / veille permanente / déclenchement d'enquêtes microbiologiques explicatives / mesures d'intervention si besoin
Diarrhée résolutive en moins de 24 heures
- "Indigestion"
- Allergie alimentaire (signes d'allergie : urticaire...) / fausse allergie alimentaire (aliments riches en histamine : thon, chocolat)
- Toxi-infections alimentaires collectives / maldigestion des hydrates de carbone / stress...
- Intoxication par les champignons
- Anamnèse : repas trop copieux et trop arrosé = diarrhée par surcharge osmotique ou accélération du transit par l'alcool
- Survenue précoce (moins de 6h): forme bénigne
- Survenue retardée (plus de 10h): évoquer l'amanite phalloïde
Autres diarrhées au retour de voyage
Orientation diagnostique
- Absence de fièvre / pas de dysentérie / régression en 2-4 jours : turista
- Diarrhée fébrile non spécifique : typhoïde / paludisme
- Diarrhée fébrile + dysentérie (glairo-sanglante): shigelles / campylobacter / salmonelles
- Diarrhée persistante / absence de fièvre : giardiose / amoebose
- Diarrhée post-antibiothérapie : Cl. difficile
Salmonelloses non typhiques
Germe : bacille Gram négatif / 1e étiologie de toxi-infection collective +++
Clinique : tableau de diarrhée dysentérique (mais en réalité peu sanglante)
Paraclinique : confirmation par coproculture (milieu spécifique)
Evolution : spontanément favorable en moins de 7 jours
Traitement : symptomatique ± antibiothérapie par fluoroquinolones sur terrain fragile
Choléra
- Germe : bacille Gram (+) : vibrio cholerae / toxine cholérique (action in situ)
- Transmission : oro-fécale : interhumaine ou hydrique / dans les pays en voie de développement ++
- Clinique
- Paraclinique
- Diarrhée liquidienne très abondante / « eau de riz »
- Vomissements continus = déshydratation rapide et sévère
- Peu ou pas de douleur abdominale / patient apyrétique
- Coprocultures (milieu spécifique ou anticorps sur selles)
- Traitement
- Hospitalisation avec isolement contact
- Réhydratation entérale (NaCl 0.9% en IVL)
- Antibiothérapie : doxycycline 1 jour en 1e intention / ou traitement par fluoroquinolones
Déclaration obligatoire à l'Agence Régionale de Santé
« Turista »
- Germe : Escherichia coli entéro-toxinogène / via sécrétion de toxine (thermostable ou labile)
- Clinique
- Traitement : traitement symptomatique / mesures de prévention ++
- Diarrhée liquidienne modérée (2-4 fois par jour)
- Peu ou pas de signes généraux / Spontanément régressive en 4-7 jours
Paludisme
A évoquer devant toute diarrhée au retour de voyage
Si notion de voyage, faire un frottis-goutte épaisse ++