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Deuil normal et pathologique

DEUIL NORMAL

Correspond aux réactions EMOTIONNELLES, COGNITIVES, FONCTIONNELLES, COMPORTEMENTALES & SOCIOCULTURELLES face à la perte d’un proche (parent, épouse, ami)

  • Le plus fréquent: épouse qui perd son compagnon vieux
  • Dans 70% des cas en institution sanitaire

Pas simplement une douleur morale, PROCESSUS COMPLEXE : nécessité d’évolution vers l’apaisement et une réorganisation pour traverser la difficulté existentielle (=résilience)

  • EVITER L’EVOLUTION VERS L’EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE+++

ETAPES DU DEUIL

PHASE DE CHOC (« DETRESSE »)

  • ETAT DE SIDÉRATION AFFECTIVE / ABATTEMENT
  • Durée : QUELQUES HEURES À QUELQUES JOURS

Prise de conscience progressive du caractère permanent de la perte entraîne…

DECHARGE EMOTIONNELLE

  • TRISTESSE, COLÈRE, DÉSESPOIR, CULPABILITÉ… / COMPORTE SOUVENT DES SYMPTÔMES DÉPRESSIFS

› Détermine l’évolution soit vers un état fonctionnel (phase 3) / soit vers un deuil pathologique (si stagnation)

  • Durée : QUELQUES SEMAINES À 1 AN

Risque d’EDC+++ jusqu’à…

REORGANISATION ET ACCEPTATION

  • ADAPTATION À VIE QUOTIDIENNE INVESTIE À NOUVEAU (mais différemment)
  • Durée : à partir 6 MOIS - 1 AN

PROCESSUS CORRESPOND A UNE CERTAINE DYNAMIQUE, PEUT PARFOIS ETRE LONG ET PAR MOMENT RESSEMBLER A EDC

CONSEQUENCES SUR LA SPHERE BIO-PSYCHO-SOCIALE

BIOLOGIQUE

Fragilisation / DECOMPENSATION DE PATHOLOGIES PRE-EXISTANTES OU APPARITION DE NOUVEAUX TROUBLES

  • Douleurs, troubles digestifs, fatigue, troubles du sommeil
  • RISQUE+++ DE PATHOLOGIE ISCHÉMIQUE dans les suites d’un deuil (surtout chez les personnes âgées)

PSYCHOLOGIQUE

FORTE REACTIVITE EMOTIONNELLE

  • ETAT DE CHOC ET DE SOUFFRANCE (envahissant et constant au début / puis vagues induites par souvenirs du défunt)
  • Qui s’entremêle avec des PENSÉES POSITIVES (=vécues parfois avec culpabilité) / FAVORISENT+++ le processus

STRATEGIES D’ADAPTATION

  • POSITIVES : acceptation perte / redéfinition de la perte dans un sens positif / rationalisation de la mort / humour › permet de se protéger
  • NÉGATIVES : alcool / évitement / recherche d’isolement › accentue le sentiment de tristesse – désespoir

INTEGRATION DU CARACTERE EFFECTIF ET IRREVERSIBLE DE LA MORT

Manifestation psychiques possibles : rêves du défunt / sentiment de présence / impression d’entretenir une discussion avec le défunt

A MESURE DE L’ADAPTATION EN INTEGRANT LE DECES DU PROCHE : VECU EMOTIONNEL MOINS INTENSE

CHANGEMENT DE PERSPECTIVES POSSIBLES : + D’AUTONOMIE ET D’INDEPENDANCE / NOUVEAUX OBJECTIFS EXISTENTIELS

SOCIAL

  • EXACERBATION DE CONFLITS / APAISEMENT DE BLESSURES ANCIENNES
  • MODIFICATION DES RELATIONS FAMILIALES :
  • FAMILLE ET AMIS = soutient important QUI FAVORISE LE PROCESSUS DE DEUIL / permettent d’exprimer sa souffrance et de la partager
  • MILIEU SOCIO CULTUREL = influence le processus de deuil (rituels++) + changements dans les relations socio-affectives
  • Enfants peuvent mimer l’attitude du parent décédé, en rassurant l’autre parent
  • Evitements dans le couple à l’occasion de la perte d’un enfant
  • Mais parfois évitent la personne endeuillée quelques temps car ils se sentent submerger par sa souffrance
  • Tendance à l’isolement (plutôt dans les sociétés occidentales)
  • Regroupement de la communauté

Pendant phase tardive de deuil et d’intégration = nouvelles relations sociales (remariages fréquents dans les 2 ans après perte du conjoint / hommes++)

DEUIL CHEZ ENFANT/ADOLESCENT

  • Réaction INITIALE MODÉRÉE / EFFETS COMPLETS PLUS TARDIFS
  • SENTIMENTS : moins de tristesse / plus de colère, peur de l’abandon, troubles du comportement / hostilité contre le défunt ou le parent survivant (qui pourrait l’abandonner aussi) / régression dans les acquisitions
  • CARACTERISTIQUES DEPENDENT : âge / personnalité / niveau de développement / relation avec le défunt / expériences passées de deuils
  • Expriment leurs sentiments+++ dans des jeux liés à la mort

Risque complications psychiatriques++ : trouble anxieux / épisode dépressif caractérisé (Plus de risque de trouble psychiatrique, notamment dépressif, à l’âge adulte si endeuillé dans l’enfance)

ENVIRONNEMENT SOCIO-AFFECTIF CRUCIAL+++ : encourager l’enfant à exprimer ses sentiments et inquiétudes / réponses simples & claires

DEUIL CHEZ LA PERSONNE AGEE

Facteurs++ pouvant compliquer le deuil : vieillesse = fragilité médicale (non psy) cognitive et sociale / deuils de + en + fréquents avec la vieillesse

  • Période de réorganisation plus longue (++ si isolement socio-affectif, comorbidités somatiques et psychiatriques)

La vieillesse n’est pas en soi un risque de deuil pathologique MAIS ils sont plus exposés au risque d’épisode dépressif caractérisé et au risque suicidaire (hommes / plus ils vieillissent++++)

S’ils sont bien entourés = pas plus de difficultés

SUJETS AGES PARTICULIEREMENT EXPOSES AU RISQUE :

  • Risque épisode dépressif caractérisé
  • Risque de suicide (++ si on avance en âge / être un homme)

› Le deuil normal dure environ 2 – 3 mois

Dans certains cas le deuil peut se compliquer :

  • NON ÉVOLUTION PROCESSUS DE DEUIL vers PHASE DE RÉORGANISATION (altérations comportementales, émotionnelles, cognitifs avec limitation du fonctionnement social) = DEUIL PATHOLOGIQUE, COMPLIQUE, PROLONGE, OU COMPLEXE PERSISTANT
  • TROUBLE PSYCHIATRIQUE = EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE ASSOCIE A UN RISQUE SUICIDAIRE

DEUIL PATHOLOGIQUE

DEUIL COMPLIQUE PERSISTANT

Deuil pathologique (ou deuil compliqué persistant) : persistance de symptômes psychiques sévères et invalidants avec incapacité fonctionnelle importante

  • >12 MOIS CHEZ L’ADULTE
  • >6 MOIS CHEZ L’ENFANT

LE DEUIL SE COMPLIQUE DE : troubles du comportement / émotionnels / cognitifs / limite du fonctionnement social / épisode dépressif caractérisé pendant la période de deuil

SYMPTOMES : nostalgie / ruminations envahissantes associée à une détresse intense / perturbations dans les relations sociales et dans sa propre existence

Critères symptomatiques du deuil complexe persistant

Au moins 1 symptôme parmi les 4 suivants

  • Fort DESIR/BESOIN PERSISTANT concernant le défunt
  • PLAINTE INTENSE ET DOULEUR EMOTIONNELLE en réponse à la mort
  • PREOCCUPATION à propos du DEFUNT
  • Préoccupation à propos des CIRCONSTANCES DU DECES

Au moins 6 symptômes parmi les 12 suivants

  • DIFFICULTE marquée à ACCEPTER LE DECES
  • INCREDULITE OU TORPEUR EMOTIONNELLE à propos de la perte
  • DIFFICULTES CAUSEES PAR le rappel de SOUVENIRS POSITIFS concernant le défunt
  • AMERTUME OU COLERE en lien avec la perte
  • EVALUATION INADAPTEE DE SOI–MEME par rapport au défunt ou à son décès (auto accusation)
  • EVITEMENT EXCESSIF DE ce qui rappelle la perte
  • DESIR DE MOURIR afin d’être avec le défunt
  • DIFFICULTES A FAIRE CONFIANCE à d’autres individus depuis le décès
  • Sentiment de SOLITUDE ou d’être DETACHE DES AUTRES depuis le décès
  • Sentiment que la VIE N’A PLUS DE SENS OU est VIDE de sens sans le défunt, ou la croyance que l’on ne peut pas fonctionner sans le défunt
  • CONFUSION AU SUJET DE SON ROLE DANS LA VIE, ou sentiment de perte d’une partie de son identité
  • DIFFICULTE OU RETICENCE A MAINTENIR DES INTERETS depuis la perte ou à se projeter dans le futur

EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE

  • LE DEUIL EST L’UN DES FACTEURS DE STRESS LE PLUS À RISQUE D’ÉPISODE DÉPRESSIF CARACTÉRISÉ +++
  • ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX ET PERSONNELS DE TROUBLES PSYCHIATRIQUES, DE L’HUMEUR++
  • EPISODE DÉPRESSIF CARACTÉRISÉ AU COURS DU DEUIL EST SIMILAIRE À UN ÉPISODE DÉPRESSIF CARACTÉRISÉ HORS DEUIL : au niveau clinique / pronostic (durée, comorbidité, réponse aux traitement)
Deuil normalEDC
Affect prédominant : SENTIMENT DE VIDE ET DE PERTEAffect prédominant : HUMEUR DEPRESSIVE PERSISTANTE ET INCAPACITE A ANTICIPER DES MOMENTS DE PLAISIR ET DE JOIE
Réactions émotionnelles vives DECLENCHEES PAR DES SOUVENIRS DU DEFUNT / diminuent en intensité avec le tempsHumeur DEPRESSIVE QUASI-CONSTANTE, non déclenchée uniquement par les souvenirs du défunt
Périodes D’AFFECTS POSITIFS PRESENTSTRISTESSE ET EMOTIONS NEGATIVES PERSISTANTES
Tendance à la RUMINATION DES SOUVENIRS DU DEFUNTTendance aux pensées PESSIMISTE ET A L’AUTODEPRECIATION
ESTIME DE SOI PRESERVEEFAIBLE ESTIME DE SOI, avec sentiment de dégout de soi et d’inutilité
Idée de suicide : pour « REJOINDRE » LE DEFUNTIdée de suicide : associée à un SENTIMENT D’INUTILITE, DE NE PAS MERITER DE VIVRE, INCAPACITE DE FAIRE FACE A LA SOUFFRANCE

Commun aux deux : tristesse de l’humeur & repli social

Différences : deuil on a encore des pensées positives / plus fluctuant

Sujets veufs

  • EDC à 1 mois : 30%
  • EDC à 7 mois : 25%
  • EDC entre 1 et 2 ans : 15%

90% des personnes endeuillées ressentent une « souffrance intense » dans les 2 mois › 20% ont un réel EDC

RISQUE SUICIDE

  • Fortement augmenté, dans LES QUELQUES JOURS SUIVANT LE DÉCÈS+++ (« aller rejoindre le défunt »)
  • Lors de la 1ère semaine du deuil : X50 CHEZ L’HOMME // X10 CHEZ LA FEMME

AUTRES TABLEAUX PSYCHIATRIQUES DU DEUIL COMPLIQUE

  • TROUBLE DE STRESS POST TRAUMATIQUE surtout si conditions aiguës du décès
  • DECOMPENSATION DE TOUT TROUBLE PSYCHIATRIQUE PRE REXISTANT (comorbidités addictives)
  • SYMPTOMES ANXIEUX (trouble anxieux généralisé++)

ACCOMPAGNEMENT DE LA PERSONNE EN DEUIL

PLAINTES ADRESSEES AU MEDECIN

  • INSOMNIE / SOMMEIL DE MAUVAISE QUALITÉ
  • ANOREXIE (perte du plaisir, perte du désir)
  • EPUISEMENT PHYSIQUE (efforts extrêmes et contradictoires de se remémorer la vie d’avant)
  • RALENTISSEMENT DE LA PENSÉE / DIMINUTION DE L’ATTENTION ET DE LA CONCENTRATION
  • DOULEUR MORALE PLUS QUE TRISTESSE / humeur sombre de l’endeuillé

MEDICALISATION DU DEUIL ?

Le deuil n’est pas pathologique en soi

  • RISQUE DU SUR-MEDICALISATION DU DEUIL : prescription excessive de psychotropes (anti-dépresseurs) / bien faire la différence entre deuil et ses complications possibles

Mais toute personne endeuillé doit/peut bénéficier des évaluations et prises en charge

CONSULTATION MEDICALE DE LA PERSONNE ENDEUILLEE

  • Accompagnement par ECOUTE EMPATHIQUE
  • Identifier et expliquer les ETAPES DU PROCESSUS NORMAL DU DEUIL
  • Expliquer L’IMPACT DU DEUIL BIOPSYCHOSOCIAL (évolution vers réorganisation)
  • Identifier un éventuel DEUIL PATHOLOGIQUE : recherche facteurs de risque / attitudes favorisantes
  • Identifier un éventuel EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE (ou autre pathologie psychiatrique – Trouble anxieux généralisé++) : cherche facteurs de risque / attitudes favorisantes (antécédents++)
  • Rechercher et évaluer un risque de PASSAGE A L’ACTE SUICIDAIRE
  • REALISER UN EXAMEN SOMATIQUE : CARDIOVASCULAIRE++
  • Insister sur l’importance de PARTAGER SA SOUFFRANCE AVEC AMIS/FAMILLE
  • Décès : mort soudaine, inattendue, violente ou par suicide, génération plus jeune…
  • Endeuillé : femme, âge jeune, antécédent psychiatrique, répétition de deuil, relation d’attachement avec défunt

SI DEUIL PATHOLOGIQUE : suivi régulier / orientation vers prise en charge spécialisée si nécessaire

SI EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE MAJEUR : bien s’assurer que les symptômes se distinguent d’un deuil normal / évaluation / prise en charge identique à épisode dépressif caractérisé (prendre en charge le risque suicidaire++)

SURVEILLANCE DU DEUIL NORMAL

  • RISQUE DE DÉCOMPENSATION/APPARITION DE PATHOLOGIES MÉDICALES PSYCHIATRIQUES ET NON-PSYCHIATRIQUES
  • Identification PHASE DU DEUIL ou en est le patient (lui rappeler que ça va passer)

La plupart des deuils : pas de prise en charge médicale (++ si épisode dépressif caractérisé / deuil pathologique)

ACCOMPAGNEMENT DANS LES SITUATIONS A RISQUE

LE MEDECIN DOIT POUVOIR

  • Identifier et surveiller un processus de deuil normal
  • Identifier un deuil complexe persistant
  • Evaluer le risque suicidaire

SITUATIONS A RISQUE D’EVOLUTION VERS DEUIL PATHOLOGIQUE

Difficulté persistante à accepter la mort

  • Interprétations négatives de la mort
  • Hyper-investissement des activités en lien avec le défunt (ranger ses affaires)
  • Comportements d’évitement persistants

FDR

  • Nature de la relation avec le défunt
  • Antécédents de troubles de l’humeur et troubles anxieux
  • Certains types de personnalité (dépendantes++)
  • Certaines circonstances de la mort (soudaine / inattendue / violente)
  • Absence du patient au moment du décès / corps non retrouvé

IL FAUT

  • ASSURER UN SUIVI REGULIER
  • IDENTIFIER LES ATTITUDES DELETERES
  • SUGGERER DES STRATEGIES D’ADAPTATION (ne pas rester seul / partager sa souffrance)
  • PROPOSER PRISE EN CHARGE PSYCHIATRIQUE SI LES SYMPTOMES PERSISTENT

PEC DES COMPLICATIONS DU DEUIL

DEUIL COMPLIQUE PERSISTANT

  • Antidépresseurs inefficaces ++++
  • PSYCHOTHERAPIES CIBLEES SUR LE DEUIL PATHOLOGIQUE++ : THERAPIE COGNITIVO-COMPORTEMENTALE +++

EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE & COMPLICATIONS PSYCHIATRIQUES DU DEUIL

  • NE PAS SOUS-ESTIMER LES SYMPTÔMES EN FAVEUR D’UN ÉPISODE DÉPRESSIF CARACTÉRISÉ sous prétexte qu’ils apparaissent au cours d’une période stressante
  • PRISE EN CHARGE IDENTIQUE des troubles psychiatrique au cours et en dehors du deuil

RECHERCHE CRITERES DE GRAVITE ET RISQUE SUICIDAIRE++++

EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE LEGER : information du patient / soutien psychologique / surveillance rapprochée

EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE MODEREE OU SEVERE : psychothérapie ciblée et/ou traitement AD discutés

  • ANTIDÉPRESSEURS++ SI : Antécédent d’épisode dépressif caractérisé / idées suicidaires / ralentissement psychomoteur / sentiment de culpabilité marqué / retentissement fonctionnel sévère
  • ILS N’ENTRAVENT PAS LE PROCESSUS DE DEUIL++

DEUIL ET MORTALITE

  • Mortalité cardio-vasculaire x 2 dans la première année de veuvage
  • Si perte d’un enfant : mortalité x2 pour les pères / x4 pour les mères (perdure jusqu’à 30 ans après perte)
  • Alcool, tabac, prise de risque