- Psychiatrie
- UE 11
- Item 347
Important
Agitation et délire aiguë
Généralités
- Agitation et délire aigu sont deux syndromes différents +++
- AGITATION = Excès d’activité motrice IMPRODUCTIVE ET STEREOTYPEE ; associée à un état de tension intérieure et parfois à des conduites auto/hétéro agressives
Demande de soins émane le plus souvent de la famille ou des forces de l’ordre intervenues à domicile ou sur la voie publique
- 10 – 15% des consultations psychiatriques aux urgences
TOUTE AGITATION EST DE CAUSE ORGANIQUE OU TOXIQUE JUSQU’A PREUVE DE CONTRAIRE +++
REMARQUE
AGITATION ≠ HYPERACTIVITE
- Hyperactivité = orienté vers un but
AGITATION ≠ AKATHISIE (nécessité impérieuse de se déplacer, bouger les jambes…)
AGITATION ≠ DELIRE AIGU
- Une agitation aiguë peut ne pas être délirante
- Un délire aigu peut ne pas être agité
AGITATION ≠ CONFUSION
- Une agitation peut ne pas être confuse
- Une confusion peut ne pas être agitée
Étiologies
ÉTIOLOGIES TOXIQUES
INTOXICATION AIGUË
- Alcool +++++
- Médicaments (corticoïdes, L Dopa, anti paludéens)
- Drogues (opiacés, psychostimulants, hallucinogènes)
- Gaz (monoxyde de carbone +++) / Métaux (plomb, mercure)
SYNDROME DE SEVRAGE : alcool ++++ / opiacés / benzodiazépines
ÉTIOLOGIES ORGANIQUES
- METABOLIQUES : HYPOGLCEMIE +++ / hypercalcémie ++ / déshydratation
- NEUROLOGIQUES : trauma crânien +++ / Hématome sous dural ou extra dural / HTIC / méningite
- ENDOCRINIENNES : thyrotoxicose +++ / insuffisance surrénalienne aiguë / acido-cétose
- INFECTIEUSES : VIH / Paludisme
- TOUT DOULEUR AIGUË : colique hépatique / néphrétique / occlusion
- CHEZ LE SUJET AGE : éliminer le fécalome +++++ et la rétention urinaire aiguë +++++
ETIOLOGIES PSYCHIATRIQUES
- TROUBLES PSYCHOTIQUES : décompensation
- TROUBLES DE L’HUMEUR : accès maniaque +++ / épisode dépressif caractérisé agité (mélancolie anxieuses)
- TROUBLES ANXIEUX : attaque de panique +++ (ou autre)
- TROUBLES DE LA PERSONNALITE : personnalité labile (antisociale ou boderline)
Diagnostic
EXAMEN CLINIQUE
INTERROGATOIRE
- ANTECEDENTS = psychiatriques ? (Décompensation aiguë d’une pathologie sous jacente) / Médicaux (neurologiques, infectieux, endocrieniens) / addictions ?
- CIRCONSTANCES DE SURVENUE = brutal / progressif ? (n’oriente pas vers la même étiologie) / facteur déclenchant
SEMIOLOGIE DE L’ETAT D’AGITATION
- Etat de tension intérieure
- Activité motrice STEREOTYPEE ET IMPRODUCTIVE
- Tension psychique = Cris / propos / irritabilité / anxiété
- Parfois pas de retentissement comportemental › sidération anxieuse / sidération comportementale
- Sujet marche de long en large / impossibilité de tenir en place / frottement des mains / tiraillement de ses vêtements / incapacité de rester assis
- Gestes répétitifs sans utilité ni but apparent
RECHERCHE DE SIGNES DE GRAVITE
C’est la priorité devant un état d’agitation ++++
- SYNDROME CONFUSIONNEL (= perturbation de la conscience + modifications cognitives, altération de la mémoire, désorientation temporo spatiale, perturbations du langage et des perceptions)
- DESHYDRATATION SEVERE, AUTRES TROUBLES HYDROELECTRIQUES
- SEPSIS, CHOC CARDIOVASCULAIRE, DETRESSE RESPIRATOIRE AIGUË
- Durée courte et FLUCTUANT ++
RECHERCHE DE SYMPTOMES NON PSYCHIATRIQUES ASSOCIES
Toujours éliminer cause non psychiatrique ++++
Examen physique à la recherche :
- Origine neurologique (myosis, mydriase, signes de localisation, syndrome méningé…)
- Origine métabolique ou endocrinienne (déshydratation, tachycardie, globe urinaire++, fécalome…)
- Origine infectieuse (dyspnée, cyanose, symptômes méningés…)
RECHERCHE DE SYMPTOMES PSYCHIATRIQUES ASSOCIES = ENTRETIEN PSYCHIATRIQUE
- Symptomatologie thymique (dépressive, maniaque)
- Symptomatologie psychotique (idées délirantes, hallucinations)
- Symptomatologie anxieuse
- Evaluer risque suicidaire
EXAMENS COMPLEMENTAIRES
- DIAGNOSTIC POSITIF = AUCUN, il est clinique
- DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE =
- BILAN PRE THERAPEUTIQUE
- BILAN BIOLOGIQUE SYSTEMATIQUE = glycémie / ionogramme / calcémie ++++ / hémogramme / NFS-P
- En fonction du contexte :
- ALCOOLEMIE +/- dosage urinaire des toxiques
- PONCTION LOMBAIRE, TDM CEREBRALE, EEG
- ECBU, GOUTTE EPAISSE, RADIO DU THORAX
- TSH
- BILAN HEPATIQUE, FONCTION RENALE
- ECG (si administration neuroleptique sédatif) // HEMOSTASE (si injection IM)
ORIENTATION ETIOLOGIQUE EN FONCTION DE L’AGE ET DU CONTEXTE DE SURVENUE
Chez le sujet âgé
Causes les plus FREQUENTES MEDICALES NON PSYCHIATRIQUES A ELIMINER EN URGENCE +++ = Iatrogénie médicamenteuse, trouble hydroélectrique ou métabolique, cause neurologique +++++
- IATROGENIE MEDICAMENTEUSE :
- TROUBLE HYDROELECTRIQUE +++ (hypercalcémie +++, dysnatrémie)
- PATHOLOGIE ENDOCRINIENNE (hyperthyroïdie)
- PATHOLOGIE METABOLIQUE (Hypoglycémie)
- PATHOLOGIE NEUROLOGIQUE (AVC, hématome intra crânien, tumeur, crise convulsive, démence…)
- AUTRES :
- Psychotropes › Benzodiazépines (à l’initiation du traitement ou au sevrage brutal) / antidépresseurs
- Corticoïdes / Dopaminergiques / Anticholinergiques / Antipaludéens / Isoniazide / interféron…
- Infection (urinaire, pulmonaire)
- Globe vésical ou fécalome
- Intoxication alcoolique aiguë ou sevrage
- Intoxication au monoxyde d’azote
- EP, IDM
PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE (agitation est rarement un symptôme inaugural d’un trouble psychiatrique chez une personne âgée)
- EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE avec agitation anxieuse (associé ou non à des symptômes psychotiques)
- EPISODE MANIAQUE OU HYPOMANIAQUE (trouble bipolaire ou induit par les anti dépresseurs)
- ATTAQUE DE PANIQUE ISOLEE ou dans le cadre d’un trouble panique
- TROUBLE DELIRANT à type de jalousie ou de persécution
Chez le sujet jeune
Eliminer en 1ERE INTENTION UN ÉTIOLOGIE TOXIQUE, IATROGENE OU INFECTIEUSE
- TOXIQUE › intoxication ou sevrage (alcool, cannabis, hallucinogènes, psychostimulants)
- IATROGENIE MEDICAMENTEUSE (anti dépresseurs, corticoïdes, benzodiazépines, antipaludéens)
- INFECTIEUSES (méningoencéphalite herpétique, neuropaludisme)
- Autres :
- Pathologie métabolique (hypoglycémie) ou endocrinienne (hyperthyroïdie)
- Intoxication au monoxyde d’azote / Crise convulsive / AVC / EP…
UNE FOIS CES PATHOLOGIES ELIMINEES ON PEUT ENVISAGER :
PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE (agitation est symptôme totalement aspécifique +++++)
- ATTAQUE DE PANIQUE
- EPISODE MANIAQUE OU HYPOMANIAQUE dans le cadre d’un trouble bipolaire, de l’initiation d’un traitement par anti dépresseur, ou contexte de post partum
- TROUBLE PSYCHOTIQUE BREF
- TROUBLE PSYCHOTIQUE CHRONIQUE DEBUTANT
- CRISE CLASTIQUE dans le cadre d’un trouble de la personnalité (surtout histrionique / état limite / antsociale) = diagnostic d’élimination ++++ (on ne peut pas faire en urgence le diagnostic de trouble de la personnalité)
Sujet ayant des ATCD psychiatriques
Même démarche étiologique +++++ ELIMINATION DES CAUSES TOXIQUES ET MEDICALES
UNE FOIS ELIMINEES ; PENSER
- DECOMPENSATION D’UN TROUBLE PSYCHIATRIQUE
- CAUSE IATROGENE
- Virage manique ou hypomaniaque à l’instauration traitement antidépresseur
- Syndrome sérotoninergique suite à l’instauration traitement antidépresseur
- Effet paradoxal des benzodiazépines
- Syndrome extra pyramidal des antipsychotiques (dyskinésie aiguë ou akathisie)
- Syndrome confusionnel induit par les psychotropes à action anticholinergique
CAT DEVANT UNE AGITATION
- CARACTERISER L’AGITATION
- RECHERCHER DES SIGNES DE GRAVITE
- ELIMINER EN 1ERE INTENTION UNE ÉTIOLOGIE MEDICALE NON PSYCHIATRIQUE
- RECHERCHE DE L’ETIOLOGIE EN FONCTION DE L’AGE ET DES ANTECEDENTS PSYCHIATRIQUES DU PATIENT
- PRISE EN CHARGE PSYCHIATRIQUE
Prise en charge d’un état d’agitation
MISE EN CONDITION
- Urgence médicale +++ = hospitalisation avec consentement du patient si possible
- Eviter le suraccident › EVALUATION DU RISQUE SUICIDAIRE ET D’HETEROAGRESSIVITE ++++ A FAIRE SYSTEMATIQUEMENT
DIMENSION RELATIONNELLE
- Isoler le patient / mettre au calme / climat d’empathie / chambre éclairée
- Eviter le passage à l’acte auto ou hétéro agressif (enlever les objets dangereux)
- Contention chimique ou physique ne peut s’envisager qu’après échec de la dimension relationnelle du traitement ++++
- Mesures de contention doit être évitées au maximum (contention physique peut aggraver un syndrome confusionnel) / si indispensable › doit être de courte durée
DIMENSION CHIMIOTHERAPEUTIQUE = TRAITEMENT MEDICAMENTEUX SEDATIF
- Si agitation modérée anxieuse ou alcoolique = BENZODIAZEPINES OU HYDROXYZINE (ATARAX)
- Si agitation sévère ou délirante = NEUROLEPTIQUE SEDATIF (cyamémazine, loxapine, lévomépromazine per-os ou intra-musculaire)
- Si une pathologie psychiatrique est retrouvée à l’origine du trouble › instauration d’un traitement adapté au trouble de manière différée après un bilan pré thérapeutique +++
- Contre-indications +++ = myasthénie, insuffisance respiratoire
- Modalités = per os +++ / IM (préférer alors hydroxyzine (ATRAX) car mauvaise biodisponibilité)
- Contre-indications +++ = Syndrome du QT long (faire un ECG ++), glaucome à angle fermé, adénome de la prostate
- Monothérapie à privilégier
SURVEILLANCE
Efficacité et tolérance des sédatifs
Si contention = évaluer régulièrement la nécessité
MESURES ASSOCIEES (PAS DANS LE COLLEGE)
- Prévention du DT = hydratation B1-B6-PP
- Prévention du risque suicidaire et auto agression
- Si contention > 24h = HBPM à dose préventive
DELIRE AIGU
CONDUITE A TENIR DEVANT UN DELIRE AIGU
AIGU : APPARITION < 1 MOIS
CARACTERISER L’IDEE DELIRANTE
MSTAR
- MECANISME : Mode d’élaboration et d’organisation des idées délirantes › 4 types
- SYSTEMATISATION : Organisation et cohérence dans les idées délirantes
- THEME : catégorie des idées délirantes (persécution / mysticisme / mégalomanie / ruine)
- ADHESION : Degré de conviction attaché à ces idées
- RETENTISSEMENT EMOTIONNEL ET COMPORTEMENTAL : Niveau d’anxiété / risque suicidaire / risque de passage à l’acte hétéro agressif/ dangerosité pour soi même et autrui peut être la conséquence directe des idées délirantes
- Interprétatif › attribution d’un sens erroné à un fait réel
- Hallucinatoire › construction d’une idée délirante à partir d’une hallucination
- Intuitif › idée fausse admise sans vérification ni raisonnement logique en dehors de toute donnée objective ou sensorielle
- Imaginatif › fabulation ou invention où l’imagination est au 1er plan et où le sujet y joue un rôle central
- Non systématisées › Non cohérentes et sans logique = « paranoïdes »
- Systématisées › Thème unique = « paranoïaques »
- Inébranlable, inaccessible au raisonnement et aux critiques › Adhésion « totale »
- Patient en mesure de critiquer son délire › Adhésion « partielle »
Recherche de symptômes psychiatriques associés :
- Hallucinations (cénesthésiques, olfactives, acoustico-verbales…)
- Syndrome de désorganisation
- Symptomatologie thymique
RECHERCHER UNE ETIOLOGIE NON PSYCHIATRIQUE
Chez le sujet âgé
- IATROGENIE MEDICAMENTEUSE : cortocoïdes, benzodiazépines, anti dépresseurs
- TROUBLE HYDROELECTRIQUE +++ : hypercalcémie +++ / déshydratation
- PATHOLOGIE NEUROLOGIQUE (AVC, hématome intra crânien, tumeur, crise convulsive, démence…)
- INFECTION
- GLOBE VESICAL OU FECALOME
Chez l’adulte jeune
Rechercher en priorité ++
- CAUSE TOXIQUE (intoxication ou sevrage) : alcool +++ / drogues (opiacés, hallucinogènes, psychostimulants) / monoxyde de carbone / plomb
- IATROGENE : corticoïdes / L Dopa / anti paludéens
- INFECTIEUSE : VIH / paludisme
- METABOLIQUE OU ENDOCRINIENNE : hypoglycémie, hyperthyroïdie, hypercalcémie
SI PAS D’ETIOLOGIE MEDICALE NON PSYCHIATRIQUE RETROUVEE
SI ASSOCIATION DE SYMPTOMES THYMIQUES
- TROUBLE BIPOLAIRE OU VIRAGE MANIAQUE à l’instauration d’un traitement antidépresseur = Episode maniaque ou mixte avec caractéristiques psychotiques
- EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE
- Idées délirantes à thème mégalomaniaque ou de persécution ++
- Accélération (excitation psychomotrice, logorrhée) et diminution du besoin du sommeil
- Thèmes des idées délirantes : culpabilité, ruine, hypochondrie
- Ralentissement psychomoteur
SI ASSOCIATION D’AUTRES SYMPTOMES PSYCHOTIQUES (HALLUCINATIONS, SYNDROME DE DESORGANISATION, SYNDROME NEGATIF)
- TROUBLE PSYCHOTIQUE BREF = bouffée délirante aiguë
- TROUBLE PSYCHOTIQUE CHRONIQUE DEBUTANT OU NON DIAGNOSTIQUE
- PSYCHOSE PUERPERALE = symptômes psychotiques dans le post partum (recherche également des symptômes thymiques)
- Durée : entre 1 jour et 1 mois
- Signes fonctionnels : hallucinations, idées délirantes, désorganisation du discours et du comportement
- Signes évoluent depuis
- Si < 6 mois : trouble schizophréniforme
- Si > 6 mois : schizophrénie ou trouble schizoaffectif
- Si > 1 mois : trouble délirant
PRISE EN CHARGE PSYCHIATRIQUE
MEME PRISE EN CHARGE QUE L’ETAT D’AGITATION
MISE EN CONDITION
- Urgence médicale +++ = hospitalisation avec consentement du patient si possible
- Eviter le suraccident › EVALUATION DU RISQUE SUICIDAIRE ET D’HETEROAGRESSIVITE ++++ A FAIRE SYSTEMATIQUEMENT
DIMENSION RELATIONNELLE
- Isoler le patient / mettre au calme / climat d’empathie / chambre éclairée
- Eviter le passage à l’acte auto ou hétéro agressif (enlever les objets dangereux)
- Contention chimique ou physique ne peut s’envisager qu’après échec de la dimension relationnelle du traitement ++++
- Mesures de contention doit être évitées au maximum (contention physique peut aggraver un syndrome confusionnel) / si indispensable › doit être de courte durée
DIMENSION CHIMIOTHERAPEUTIQUE = TRAITEMENT MEDICAMENTEUX SEDATIF
- Si agitation modérée anxieuse ou alcoolique = BENZODIAZEPINES OU HYDROXYZINE (ATARAX)
- Contre-indications +++ = myasthénie, insuffisance respiratoire
- Modalités = per os +++ / intra-musculaire (préférer alors hydroxyzine (ATRAX) car mauvaise biodisponibilité)
- Si agitation sévère ou délirante = NEUROLEPTIQUE SEDATIF (cyamémazine, loxapine, lévomépromazine per-os ou intra-musculaire)
- Contre-indications +++ = Syndrome du QT long (faire un ECG ++), glaucome à angle fermé, adénome de la prostate
- Monothérapie à privilégier
FACTEURS PRONOSTIC
Bon pronostic
- Aigu
- Brutal
- Richesse du délire +++++
Mauvais pronostic
- Antécédents de troubles psychiatriques dans la famille
- Situation difficile pré morbide
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Généralités
- Agitation et délire aigu sont deux syndromes différents +++
- AGITATION = Excès d’activité motrice IMPRODUCTIVE ET STEREOTYPEE ; associée à un état de tension intérieure et parfois à des conduites auto/hétéro agressives
Demande de soins émane le plus souvent de la famille ou des forces de l’ordre intervenues à domicile ou sur la voie publique
- 10 – 15% des consultations psychiatriques aux urgences
TOUTE AGITATION EST DE CAUSE ORGANIQUE OU TOXIQUE JUSQU’A PREUVE DE CONTRAIRE +++
REMARQUE
AGITATION ≠ HYPERACTIVITE
- Hyperactivité = orienté vers un but
AGITATION ≠ AKATHISIE (nécessité impérieuse de se déplacer, bouger les jambes…)
AGITATION ≠ DELIRE AIGU
- Une agitation aiguë peut ne pas être délirante
- Un délire aigu peut ne pas être agité
AGITATION ≠ CONFUSION
- Une agitation peut ne pas être confuse
- Une confusion peut ne pas être agitée
Étiologies
ÉTIOLOGIES TOXIQUES
INTOXICATION AIGUË
- Alcool +++++
- Médicaments (corticoïdes, L Dopa, anti paludéens)
- Drogues (opiacés, psychostimulants, hallucinogènes)
- Gaz (monoxyde de carbone +++) / Métaux (plomb, mercure)
SYNDROME DE SEVRAGE : alcool ++++ / opiacés / benzodiazépines
ÉTIOLOGIES ORGANIQUES
- METABOLIQUES : HYPOGLCEMIE +++ / hypercalcémie ++ / déshydratation
- NEUROLOGIQUES : trauma crânien +++ / Hématome sous dural ou extra dural / HTIC / méningite
- ENDOCRINIENNES : thyrotoxicose +++ / insuffisance surrénalienne aiguë / acido-cétose
- INFECTIEUSES : VIH / Paludisme
- TOUT DOULEUR AIGUË : colique hépatique / néphrétique / occlusion
- CHEZ LE SUJET AGE : éliminer le fécalome +++++ et la rétention urinaire aiguë +++++
ETIOLOGIES PSYCHIATRIQUES
- TROUBLES PSYCHOTIQUES : décompensation
- TROUBLES DE L’HUMEUR : accès maniaque +++ / épisode dépressif caractérisé agité (mélancolie anxieuses)
- TROUBLES ANXIEUX : attaque de panique +++ (ou autre)
- TROUBLES DE LA PERSONNALITE : personnalité labile (antisociale ou boderline)
Diagnostic
EXAMEN CLINIQUE
INTERROGATOIRE
- ANTECEDENTS = psychiatriques ? (Décompensation aiguë d’une pathologie sous jacente) / Médicaux (neurologiques, infectieux, endocrieniens) / addictions ?
- CIRCONSTANCES DE SURVENUE = brutal / progressif ? (n’oriente pas vers la même étiologie) / facteur déclenchant
SEMIOLOGIE DE L’ETAT D’AGITATION
- Etat de tension intérieure
- Activité motrice STEREOTYPEE ET IMPRODUCTIVE
- Tension psychique = Cris / propos / irritabilité / anxiété
- Parfois pas de retentissement comportemental › sidération anxieuse / sidération comportementale
- Sujet marche de long en large / impossibilité de tenir en place / frottement des mains / tiraillement de ses vêtements / incapacité de rester assis
- Gestes répétitifs sans utilité ni but apparent
RECHERCHE DE SIGNES DE GRAVITE
C’est la priorité devant un état d’agitation ++++
- SYNDROME CONFUSIONNEL (= perturbation de la conscience + modifications cognitives, altération de la mémoire, désorientation temporo spatiale, perturbations du langage et des perceptions)
- DESHYDRATATION SEVERE, AUTRES TROUBLES HYDROELECTRIQUES
- SEPSIS, CHOC CARDIOVASCULAIRE, DETRESSE RESPIRATOIRE AIGUË
- Durée courte et FLUCTUANT ++
RECHERCHE DE SYMPTOMES NON PSYCHIATRIQUES ASSOCIES
Toujours éliminer cause non psychiatrique ++++
Examen physique à la recherche :
- Origine neurologique (myosis, mydriase, signes de localisation, syndrome méningé…)
- Origine métabolique ou endocrinienne (déshydratation, tachycardie, globe urinaire++, fécalome…)
- Origine infectieuse (dyspnée, cyanose, symptômes méningés…)
RECHERCHE DE SYMPTOMES PSYCHIATRIQUES ASSOCIES = ENTRETIEN PSYCHIATRIQUE
- Symptomatologie thymique (dépressive, maniaque)
- Symptomatologie psychotique (idées délirantes, hallucinations)
- Symptomatologie anxieuse
- Evaluer risque suicidaire
EXAMENS COMPLEMENTAIRES
- DIAGNOSTIC POSITIF = AUCUN, il est clinique
- DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE =
- BILAN PRE THERAPEUTIQUE
- BILAN BIOLOGIQUE SYSTEMATIQUE = glycémie / ionogramme / calcémie ++++ / hémogramme / NFS-P
- En fonction du contexte :
- ALCOOLEMIE +/- dosage urinaire des toxiques
- PONCTION LOMBAIRE, TDM CEREBRALE, EEG
- ECBU, GOUTTE EPAISSE, RADIO DU THORAX
- TSH
- BILAN HEPATIQUE, FONCTION RENALE
- ECG (si administration neuroleptique sédatif) // HEMOSTASE (si injection IM)
ORIENTATION ETIOLOGIQUE EN FONCTION DE L’AGE ET DU CONTEXTE DE SURVENUE
Chez le sujet âgé
Causes les plus FREQUENTES MEDICALES NON PSYCHIATRIQUES A ELIMINER EN URGENCE +++ = Iatrogénie médicamenteuse, trouble hydroélectrique ou métabolique, cause neurologique +++++
- IATROGENIE MEDICAMENTEUSE :
- TROUBLE HYDROELECTRIQUE +++ (hypercalcémie +++, dysnatrémie)
- PATHOLOGIE ENDOCRINIENNE (hyperthyroïdie)
- PATHOLOGIE METABOLIQUE (Hypoglycémie)
- PATHOLOGIE NEUROLOGIQUE (AVC, hématome intra crânien, tumeur, crise convulsive, démence…)
- AUTRES :
- Psychotropes › Benzodiazépines (à l’initiation du traitement ou au sevrage brutal) / antidépresseurs
- Corticoïdes / Dopaminergiques / Anticholinergiques / Antipaludéens / Isoniazide / interféron…
- Infection (urinaire, pulmonaire)
- Globe vésical ou fécalome
- Intoxication alcoolique aiguë ou sevrage
- Intoxication au monoxyde d’azote
- EP, IDM
PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE (agitation est rarement un symptôme inaugural d’un trouble psychiatrique chez une personne âgée)
- EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE avec agitation anxieuse (associé ou non à des symptômes psychotiques)
- EPISODE MANIAQUE OU HYPOMANIAQUE (trouble bipolaire ou induit par les anti dépresseurs)
- ATTAQUE DE PANIQUE ISOLEE ou dans le cadre d’un trouble panique
- TROUBLE DELIRANT à type de jalousie ou de persécution
Chez le sujet jeune
Eliminer en 1ERE INTENTION UN ÉTIOLOGIE TOXIQUE, IATROGENE OU INFECTIEUSE
- TOXIQUE › intoxication ou sevrage (alcool, cannabis, hallucinogènes, psychostimulants)
- IATROGENIE MEDICAMENTEUSE (anti dépresseurs, corticoïdes, benzodiazépines, antipaludéens)
- INFECTIEUSES (méningoencéphalite herpétique, neuropaludisme)
- Autres :
- Pathologie métabolique (hypoglycémie) ou endocrinienne (hyperthyroïdie)
- Intoxication au monoxyde d’azote / Crise convulsive / AVC / EP…
UNE FOIS CES PATHOLOGIES ELIMINEES ON PEUT ENVISAGER :
PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE (agitation est symptôme totalement aspécifique +++++)
- ATTAQUE DE PANIQUE
- EPISODE MANIAQUE OU HYPOMANIAQUE dans le cadre d’un trouble bipolaire, de l’initiation d’un traitement par anti dépresseur, ou contexte de post partum
- TROUBLE PSYCHOTIQUE BREF
- TROUBLE PSYCHOTIQUE CHRONIQUE DEBUTANT
- CRISE CLASTIQUE dans le cadre d’un trouble de la personnalité (surtout histrionique / état limite / antsociale) = diagnostic d’élimination ++++ (on ne peut pas faire en urgence le diagnostic de trouble de la personnalité)
Sujet ayant des ATCD psychiatriques
Même démarche étiologique +++++ ELIMINATION DES CAUSES TOXIQUES ET MEDICALES
UNE FOIS ELIMINEES ; PENSER
- DECOMPENSATION D’UN TROUBLE PSYCHIATRIQUE
- CAUSE IATROGENE
- Virage manique ou hypomaniaque à l’instauration traitement antidépresseur
- Syndrome sérotoninergique suite à l’instauration traitement antidépresseur
- Effet paradoxal des benzodiazépines
- Syndrome extra pyramidal des antipsychotiques (dyskinésie aiguë ou akathisie)
- Syndrome confusionnel induit par les psychotropes à action anticholinergique
CAT DEVANT UNE AGITATION
- CARACTERISER L’AGITATION
- RECHERCHER DES SIGNES DE GRAVITE
- ELIMINER EN 1ERE INTENTION UNE ÉTIOLOGIE MEDICALE NON PSYCHIATRIQUE
- RECHERCHE DE L’ETIOLOGIE EN FONCTION DE L’AGE ET DES ANTECEDENTS PSYCHIATRIQUES DU PATIENT
- PRISE EN CHARGE PSYCHIATRIQUE
Prise en charge d’un état d’agitation
MISE EN CONDITION
- Urgence médicale +++ = hospitalisation avec consentement du patient si possible
- Eviter le suraccident › EVALUATION DU RISQUE SUICIDAIRE ET D’HETEROAGRESSIVITE ++++ A FAIRE SYSTEMATIQUEMENT
DIMENSION RELATIONNELLE
- Isoler le patient / mettre au calme / climat d’empathie / chambre éclairée
- Eviter le passage à l’acte auto ou hétéro agressif (enlever les objets dangereux)
- Contention chimique ou physique ne peut s’envisager qu’après échec de la dimension relationnelle du traitement ++++
- Mesures de contention doit être évitées au maximum (contention physique peut aggraver un syndrome confusionnel) / si indispensable › doit être de courte durée
DIMENSION CHIMIOTHERAPEUTIQUE = TRAITEMENT MEDICAMENTEUX SEDATIF
- Si agitation modérée anxieuse ou alcoolique = BENZODIAZEPINES OU HYDROXYZINE (ATARAX)
- Si agitation sévère ou délirante = NEUROLEPTIQUE SEDATIF (cyamémazine, loxapine, lévomépromazine per-os ou intra-musculaire)
- Si une pathologie psychiatrique est retrouvée à l’origine du trouble › instauration d’un traitement adapté au trouble de manière différée après un bilan pré thérapeutique +++
- Contre-indications +++ = myasthénie, insuffisance respiratoire
- Modalités = per os +++ / IM (préférer alors hydroxyzine (ATRAX) car mauvaise biodisponibilité)
- Contre-indications +++ = Syndrome du QT long (faire un ECG ++), glaucome à angle fermé, adénome de la prostate
- Monothérapie à privilégier
SURVEILLANCE
Efficacité et tolérance des sédatifs
Si contention = évaluer régulièrement la nécessité
MESURES ASSOCIEES (PAS DANS LE COLLEGE)
- Prévention du DT = hydratation B1-B6-PP
- Prévention du risque suicidaire et auto agression
- Si contention > 24h = HBPM à dose préventive
DELIRE AIGU
CONDUITE A TENIR DEVANT UN DELIRE AIGU
AIGU : APPARITION < 1 MOIS
CARACTERISER L’IDEE DELIRANTE
MSTAR
- MECANISME : Mode d’élaboration et d’organisation des idées délirantes › 4 types
- SYSTEMATISATION : Organisation et cohérence dans les idées délirantes
- THEME : catégorie des idées délirantes (persécution / mysticisme / mégalomanie / ruine)
- ADHESION : Degré de conviction attaché à ces idées
- RETENTISSEMENT EMOTIONNEL ET COMPORTEMENTAL : Niveau d’anxiété / risque suicidaire / risque de passage à l’acte hétéro agressif/ dangerosité pour soi même et autrui peut être la conséquence directe des idées délirantes
- Interprétatif › attribution d’un sens erroné à un fait réel
- Hallucinatoire › construction d’une idée délirante à partir d’une hallucination
- Intuitif › idée fausse admise sans vérification ni raisonnement logique en dehors de toute donnée objective ou sensorielle
- Imaginatif › fabulation ou invention où l’imagination est au 1er plan et où le sujet y joue un rôle central
- Non systématisées › Non cohérentes et sans logique = « paranoïdes »
- Systématisées › Thème unique = « paranoïaques »
- Inébranlable, inaccessible au raisonnement et aux critiques › Adhésion « totale »
- Patient en mesure de critiquer son délire › Adhésion « partielle »
Recherche de symptômes psychiatriques associés :
- Hallucinations (cénesthésiques, olfactives, acoustico-verbales…)
- Syndrome de désorganisation
- Symptomatologie thymique
RECHERCHER UNE ETIOLOGIE NON PSYCHIATRIQUE
Chez le sujet âgé
- IATROGENIE MEDICAMENTEUSE : cortocoïdes, benzodiazépines, anti dépresseurs
- TROUBLE HYDROELECTRIQUE +++ : hypercalcémie +++ / déshydratation
- PATHOLOGIE NEUROLOGIQUE (AVC, hématome intra crânien, tumeur, crise convulsive, démence…)
- INFECTION
- GLOBE VESICAL OU FECALOME
Chez l’adulte jeune
Rechercher en priorité ++
- CAUSE TOXIQUE (intoxication ou sevrage) : alcool +++ / drogues (opiacés, hallucinogènes, psychostimulants) / monoxyde de carbone / plomb
- IATROGENE : corticoïdes / L Dopa / anti paludéens
- INFECTIEUSE : VIH / paludisme
- METABOLIQUE OU ENDOCRINIENNE : hypoglycémie, hyperthyroïdie, hypercalcémie
SI PAS D’ETIOLOGIE MEDICALE NON PSYCHIATRIQUE RETROUVEE
SI ASSOCIATION DE SYMPTOMES THYMIQUES
- TROUBLE BIPOLAIRE OU VIRAGE MANIAQUE à l’instauration d’un traitement antidépresseur = Episode maniaque ou mixte avec caractéristiques psychotiques
- EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE
- Idées délirantes à thème mégalomaniaque ou de persécution ++
- Accélération (excitation psychomotrice, logorrhée) et diminution du besoin du sommeil
- Thèmes des idées délirantes : culpabilité, ruine, hypochondrie
- Ralentissement psychomoteur
SI ASSOCIATION D’AUTRES SYMPTOMES PSYCHOTIQUES (HALLUCINATIONS, SYNDROME DE DESORGANISATION, SYNDROME NEGATIF)
- TROUBLE PSYCHOTIQUE BREF = bouffée délirante aiguë
- TROUBLE PSYCHOTIQUE CHRONIQUE DEBUTANT OU NON DIAGNOSTIQUE
- PSYCHOSE PUERPERALE = symptômes psychotiques dans le post partum (recherche également des symptômes thymiques)
- Durée : entre 1 jour et 1 mois
- Signes fonctionnels : hallucinations, idées délirantes, désorganisation du discours et du comportement
- Signes évoluent depuis
- Si < 6 mois : trouble schizophréniforme
- Si > 6 mois : schizophrénie ou trouble schizoaffectif
- Si > 1 mois : trouble délirant
PRISE EN CHARGE PSYCHIATRIQUE
MEME PRISE EN CHARGE QUE L’ETAT D’AGITATION
MISE EN CONDITION
- Urgence médicale +++ = hospitalisation avec consentement du patient si possible
- Eviter le suraccident › EVALUATION DU RISQUE SUICIDAIRE ET D’HETEROAGRESSIVITE ++++ A FAIRE SYSTEMATIQUEMENT
DIMENSION RELATIONNELLE
- Isoler le patient / mettre au calme / climat d’empathie / chambre éclairée
- Eviter le passage à l’acte auto ou hétéro agressif (enlever les objets dangereux)
- Contention chimique ou physique ne peut s’envisager qu’après échec de la dimension relationnelle du traitement ++++
- Mesures de contention doit être évitées au maximum (contention physique peut aggraver un syndrome confusionnel) / si indispensable › doit être de courte durée
DIMENSION CHIMIOTHERAPEUTIQUE = TRAITEMENT MEDICAMENTEUX SEDATIF
- Si agitation modérée anxieuse ou alcoolique = BENZODIAZEPINES OU HYDROXYZINE (ATARAX)
- Si agitation sévère ou délirante = NEUROLEPTIQUE SEDATIF (cyamémazine, loxapine, lévomépromazine per-os ou intra-musculaire)
- Contre-indications +++ = myasthénie, insuffisance respiratoire
- Modalités = per os +++ / intra-musculaire (préférer alors hydroxyzine (ATRAX) car mauvaise biodisponibilité)
- Contre-indications +++ = Syndrome du QT long (faire un ECG ++), glaucome à angle fermé, adénome de la prostate
- Monothérapie à privilégier
FACTEURS PRONOSTIC
Bon pronostic
- Aigu
- Brutal
- Richesse du délire +++++
Mauvais pronostic
- Antécédents de troubles psychiatriques dans la famille
- Situation difficile pré morbide